[Alliance - Criminelle] Les Fossoyeurs

Coraille Jeu 14 Mar 2024, 21:37

[RP]

Comment naît une histoire de haine ? A quel moment un cœur candide se laisse-t-il immergé par la détestation, le fiel et la violence ? Où se situe ce point de rupture brutale, ce chavirement du destin, quand une vie bascule irrémédiablement vers la fureur et le feu de la vengeance ? La genèse des Fossoyeurs est ainsi, où la rage d’un seul emporte celle de tous les autres.

Cette quête pour une justice galvaudée cache pourtant une vérité bien moins reluisante. L’affaire des Fossoyeurs, c’est aussi celle du trafic et des magouilles, des règlements de compte, des meurtres déguisés et des braquages, du sang qui coule entre les pavés de la capitale pour satisfaire les bourses et les égos.

Voici arrivée dans le Royaume une clique avide et brutale. Ceux qui s’en revendiquent cachent leurs motivations intrinsèques, se mentent et dissimulent leurs intentions. Mais chacun d’entre eux a les dents qui rayent le parquet et c’est avec ces crocs effilés qu’ils sont prêts à décrocher les deux lunes des nuits d’Azeroth. Toi dont les poches sont alourdies par de jolies piécettes en or, gare aux Fossoyeurs ! Ils auront tôt fait de creuser ta tombe.

Peut-être du fait de la fascination morbide de leur fondatrice pour les cimetières et les caveaux poussiéreux, les membres du gang ont pour tradition de se faire tatouer un symbole reflétant leur position hiérarchique dans le groupe.

Rangs

Le surnom sordide des Déterrés leur vient du rite d’initiation auquel ils doivent survivre pour gagner la permission de rejoindre la bande. Fraîchement recrutés dans l’organisation, ils doivent faire leurs preuves et gagner la confiance des autres malfrats. Ils sont souvent chargés des tâches les plus ingrates et ne récoltent en échange qu’une part bien mince du fruit des rapines des Fossoyeurs. Plus dérangeant encore : ils semblent tout bonnement ne pas exister pour la Veuve, qui ne s’adresse jamais directement à eux, ni ne leur adresse un regard. Les Déterrés sont encore entre deux mondes et doivent se peindre de sang et de méfaits pour que leur cheffe les voit enfin. Pour symboliser l’épreuve qu’ils ont dû traverser le jour de leur intégration, les recrues se font tatouer des pelles, des pioches, des lombrics ou encore des mains aux ongles noirs

-

Les Pleureuses composent l’essentiel des effectifs. Ce sont des malfrats, des repris de justice, des escrocs et des meurtriers en fuite, ou peut-être simplement des aventuriers peu scrupuleux. Toujours est-il qu’ils se battent pour l’or et font office d’hommes de main et d’exécutant pour les gros bonnets de l’organisation. On peut les reconnaître aux larmes ou aux yeux qui marquent leur peau : sur la joue ou dans le cou pour les plus téméraires d’entre eux, ailleurs pour les plus discrets.

Montez d’un cran sur l’échelle de la coterie et vous trouverez les Endeuillés : les cadres de l’organisation. Pour la plupart des vétérans du monde du crime ou des agent de confiance de la Veuve, ils remplissent le rôle d’officiers qui relaient les ordres et s’assurent que ces derniers soient exécutés à la lettre. Leur tatouage distinctif est un cercueil, personnalisé selon leurs envies, qui vient s’ajouter à la marque de la Pleureuse.

On raconte que la Veuve ne prend aucune décision sans consulter le Croque-Mort, son véritable bras droit au sein du gang. En l'absence de la cheffe, c'est ce sinistre personnage qui la représente en force et en autorité, et personne n'ose discuter ses directives sauf à prendre le risque de manger les pissenlits par la racine dans l'heure. D'après les bruits qui courent dans la planque, le Croque-Mort porterait, quelque part sur son corps, une gigantesque faucheuse gravée sur la peau. C'est sa signature, et le signe de sa loyauté inconditionnelle envers les Fossoyeurs.

[HRP]

🪦 C’est quoi.
Les Fossoyeurs sont un gang de malfrats d'alignement neutre/mauvais dont la volonté est de développer des intrigues et des events sur le thème du monde du crime, dans une vision hostile et relativement low-fantasy du monde de WoW. Ce RP se veut crédible et mature dans les thèmes abordés, mais aussi ludique et surtout créateur d'émotions et de plaisir. La bande est dirigée par la Veuve, et j'interprète le maître de jeu pour son intrigue principale.

🪦 C’est où.
La planque des Fossoyeurs se trouve à Hurlevent mais les intrigues et les events peuvent nous mener un peu partout, principalement dans le Royaume et les provinces limitrophes.

🪦 Pour qui.
Pas de restriction sur les races et les origines des personnages. Logique est cependant maîtresse de vertu. Nous jouons à 90% des humains, issus des strates les plus modestes de la société ou tombés en disgrâce. Des escrocs à la petite semaine, des truands, des bizarres et des revanchards aux moyens d’action limités. Interrogez-vous sur la pertinence d’incarner un être millénaire au sein d’une bande de scélérats aux moralités discutables. Quant au joueur derrière ... C'est simple il suffit d'être sympathique, mature, motivé et enthousiaste ! L'importance du fairplay et de la communication est également primordiale, surtout dans un contexte de RP malfrat.

🪦 Comment ça joue.
Pour des raisons d’équilibre, les combats durant les events se jouent au rand sur la base d'un système de règles simples. Votre personnage disposera d’une fiche avec compétences et techniques qui lui permettront de briller là où il faut. Également de se ramasser honteusement s’il est en déveine.
La mort de vos personnages n’est - a priori - pas imposée. Ils peuvent néanmoins être blessés, mutilés et malmenés sévèrement !

🪦 Comment ça recrute.
En rp, à travers notamment le canal Discord
https://discord.gg/t9tpEXkq
du 🪝 Vieux Fred. N'hésitez cependant pas à nous contacter directement en jeu [Coraille] ou sur le Discord, de manière HRP, si vous souhaitez plus d'informations.

Camille Chat Dim 05 Mai 2024, 22:43

Spoiler:

Yes, this is the ghetto.

Zozinzi s’étire de tout son long, les fesses levées et la queue bien droite. Il baille largement après cette bonne sieste au soleil d’avril, juché sur des ballots de laine au bout de quai. Ses yeux dorés clignent mollement le temps de se réveiller, puis il lustre nonchalamment la belle fourrure noire de son épaule en quelques coups de langue bien râpeuse. Quel bonheur d’être un chat du Port !

Quoi rêver de mieux que cet endroit ? Là-bas, dans la ville-haute, tout est trop propre et trop calme, alors qu’ici-bas se cache le paradis des matous de gouttière. Les rats sont gras, les gargotiers balancent leurs déchets à même le pavé, les pêcheurs trop occupés à s’engueuler sur un bout de jetée pour s’apercevoir qu’on leur chipe une prise. On y fait bombance, bataille et romance avec les autres félins qui, comme Zozinzi, rôdent dans les allées de ce quartier sulfureux. Le Port est le royaume de ces fauves discrets et opportunistes, de véritables agents au service de l’indolence farouche et du plaisir facile.

La vie à hauteur de chat des docks ressemble à une marée de bottes trouées et d’espadrilles qui vont et viennent sans relâche des gigantesques navires aux quais encombrés. Un monde de caisses et de barils empilés, comme autant de montagnes à gravir pour profiter d’une vue saisissante sur ces géants qui suent et s’affairent, jouent aux cartes et s’embrouillent, mangent en faisant du bruit et se grattent les fesses pour se sentir les doigts. C’est voir les nuées de mouettes qu’on se plait à effrayer, le bleu vif des tabards qui patrouillent, les petits de la misère qui parfois vous grattent derrière les oreilles et parfois vous jettent des pierres.

Pour la truffe humide, c’est un univers d’odeurs toutes aussi attrayantes les unes que les autres : la fumée des boui-boui et la viscère de poisson pas frais, les tissus salés des voiles des vaisseaux qui arrivent d’on ne sait où et qui reparte ailleurs encore, les fragrances exotiques des cargaisons venues de loin : là des épices des Îles du Sud, ici le parfum minéral d’une caisse de lingot, oh, et là, la douce senteur des soies de Pandarie, indiquant un parfait nid où piquer un roupillon de monarque.

Et là où le Port n’est, pour ses habitants bipèdes, qu’entraves et difficultés, pour le matou prétentieux il est le havre même de la liberté. J’ai faim ? Voici. Je veux dormir ? Voilà. Alors oui, parfois, il faut tout de même se montrer prudent. Zozinzi faillit se faire croquer plus d’une fois, tenez, par ce chien galeux là-bas par exemple ! Les géants sur deux pattes sniffent de longues traces de poudre blanche qu'ils appellent "l'eau-bénite", et la bave coule. Le sang coule aussi, parfois, quant au clair des lunes un couteau tranchant sort d’une poche et vient trouer quelqu’un. C’est à ça que notre petit héros reconnait les points de fuite : l’odeur métallique et bien ferreuse du sang. A peine renifle-t-il l’effluve que le chat noir prend la poudre d’escampette, laissant derrière lui les géants des quais qui règlent leurs affaires. Après tout, ça ne le regarde pas, à Zozinzi. Il n’est qu’un chat. Alors c’est l’esprit tranquille qu’il prend la première bouche d’égout pour retrouver le calme, et s’endormir en rêvant déjà de sa prochaine escapade nocturne sur les toits de Hurlevent.

Spoiler:

Camille Chat Jeu 16 Mai 2024, 09:51

Spoiler:

You wish you never ever met her at all. She’s a man-eater.

Les Fossoyeurs sont des Fossoyeuses. Des femmes de violence et de détermination, des voleuses, des tueuses, des criminelles en puissance. Elles sont la somme de vies fracturées, de destins déchirés par les affres d’une vie sur laquelle la revanche à prendre vaut tout l’or du monde. Rien ne fait reculer cette meute de louves émaciées lorsque leurs regards se vissent sur leur proie. Gare à qui tombe entre leurs griffes car les Fossoyeuses ne connaissent ni la pitié ni le pardon. Leur règne est celui de la rage et elles sont reines où leurs bottes de poussière se posent. Tapies dans les égouts de la capitale, les fauves se préparent déjà à leur prochaine sortie.

Lucia di Montalieri observe les coutures de son joli minois dans les fêlures d’un miroir volé. Elle recolle délicatement sa mouche d’aristo au-dessus de ses lèvres et fixe son reflet avec une expression interdite. A la ceinture de l’alteracienne luisent les couteaux qui vidèrent bien des orbites. Les mains noires de suie d’Alix montent et démontent un fusil pour la millième fois peut-être, nettoyant chaque pièce de l’engin de mort pour qu’il crache ce soir des balles qui ne manqueront par leur cible. Ziiiing ziiiing fait la pierre à aiguiser qui passe sur le fil des hachoirs : Kiera et sa larme tatouée sur la joue veillent toutes deux aux préparatifs de la Citerne, et rien n’échappe au regard inflexible de la fille du Boucher de Boralus. Rien, pas même la silhouette voilée dans la pénombre de la planque, quelques pas plus loin. Grignotée par des murmures connus d’elle seule, Roslyn rumine de sombres pensées, tenant les genoux contre sa poitrine. L’Ombre est un monstre aux doigts crochus qui ronge cet esprit comme un lent cancer, le rendant chaque jour plus vicieux.

Assise sur une caisse de marchandise de contrebande, la frêle Idina jongle avec une lame d’une main et caresse la fourrure noire de Zozinzi de l’autre. Le chat ronronne et ploie sous la paume, mais dans ses yeux dorés scintille la même avarice que dans ceux de sa bienfaitrice à l’allure si trompeuse de fillette. Aux pieds de cette dernière, la pauvre Captive rapièce un foulard de malfrat, collier au cou et chaînes aux poignets. Qui est-elle ? Quel est son nom ? Personne ne le sait, car personne ne s’en soucie. La femme est une louve pour la femme. Et quelle louve sinon la Sainte de Fer, Valoria Steele, qui fut la plus grande fierté et la pire honte des armées de l’Alliance ? Son visage est un masque d’acier au milieu duquel brûlent deux charbons ardents : l’un pour la haine, l’autre pour le carnage. Elle n’attend que de pouvoir faire couler le sang.

Au fond de la canalisation puante, trois ombres montent la garde devant un rideau déchiré. Patiente, Phoenix claque des doigts en rythme, faisant naître une flammèche qui éclaire son visage brûlé et son œil mort. Face à elle, la mystérieuse Billie aux boucles d’ébène et Mina dont le berceau fût le pavé sale de la capitale. Cette orpheline des rues joue avec ses dagues avant de bondir nerveusement en même temps que la toile tâchée derrière elle se soulève d’un coup. Toutes lèvent la tête : la Veuve, la plus folle de la clique, surgit de sa tanière. Son regard borgne brille de tous les maux d’Azeroth, son sourire est élargi par la drogue et les substances qui battent dans ses veines. Elle est la cheffe de cette meute prédatrice et l’air autour d’elle distille la peur et la démence. L’esprit malade et la vengeance brûlante, la Veuve est en symbiose avec ses compagnes. Une langue passe sur son sourire carnassier et elle dégaine ses sabres d’un coup sec.

Le signal est donné. La chasse commence. Petits agneaux, rentrez dans vos bergeries ! Les louves sont de sortie.

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Camille Chat Lun 27 Mai 2024, 22:03

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It's a bad man's world.

La jeune femme divaguait sur le sol poussiéreux de cette grange de la Marche de l’Ouest, perdue au milieu de nulle part. Le sang coulait de son nez et rougissait ses yeux tant elle avait reniflé d’eau-bénite.

Elle était seule. Entièrement seule. Personne n’était là pour l’entendre caqueter comme un fantôme dément, rire aux éclats, pleurer soudainement et hurler en dégainant ses sabres. Parfois elle attrapait un des deux crânes qui lui tenaient lieu de compagnie et elle s’accroupissait pour une discussion hallucinée avec lui, éclairée par la seule lumière diffuse que faisaient les deux lunes d’Azeroth à travers un trou dans la toiture.

Coraille, rendue folle par la drogue et la malédiction, n’était plus qu’une coquille vide, ses pas la faisaient tourner en rond dans le bâtiment en ruine. De la terrifiante chef de gang qu’elle fut, il ne restait rien. La Veuve était morte. Vive la nouvelle Veuve.

Camille Chat Mer 05 Juin 2024, 21:42

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Un vaste albatros accompagne le navire en volant à sa hauteur, tribord toute. Ce prince des nuées qui hante la tempête et se rit de l’archer plane tranquillement par-dessus la crête des vagues du Grand Océan, agité par la même houle qui gonfle les voiles de son galion de compagnon. Sur le pont de ce dernier, les matelots du Ronae s’affairent sans panique. Ils ferlent une voile, embraquent des cordages et veillent au grain, s’acquittant des tâches qui leurs sont propres avec la quiétude des hommes de métier voguant sur mer calme. Au gouvernail, Merlin mène son bâtiment d’une seule main, serein. Le soleil tombe lentement, loin derrière l’invisible Kalimdor et la scène est belle. Les lumières se font mordorées, les cieux se colorent de roses et d’oranges, les nuages s’ourlent d’or. Le tableau est digne des meilleurs peintres d’Azeroth et notre ami l’albatros pousse un coup de trompette joyeux.

Profitant de cette vue merveilleuse, qui pourrait se douter que la cale du vaisseau regorge de meurtriers et de pillards ? Oui, vous avez bien lu ! Car si le Ronae vogue ainsi vers le Nord toutes voiles dehors, c’est qu’il transporte les terribles Fossoyeurs et le fruit de leurs rapines. Croupissant dans les entrailles du navire, jouant aux dés, vomissant dans un saut ou prenant l’air sur le pont, les sbires tatoués de la Veuve voyagent vers une nouvelle vie de méfaits loin de Hurlevent, de ses Bleus et de tous les ennemis qu’ils s’y sont fait. Derrière eux la Citerne, oubliés les égouts puants et les courses-poursuites dans les rues de la capitale ! C’est vers la promesse d’or et de violence qu’ils naviguent, encore couverts du sang qu’ils viennent de faire couler après leur razzia sur la côte de Pandarie.

Leurs poches sont lourdes de lames et de rancœurs, leurs trognes marquées par les affres d’une existence dévolue à l’égoïsme, l’appât du gain et l’impiété. Échaudés par leur longue fuite et le massacre qu’ils viennent d’accomplir, ces ante-enfants de chœur rongent leur frein avec l’impatience des lésés et des malcontents. Même Zozinzi, le matou de malheur qui les accompagne partout, attend son heure en rôdant dans les méandres de la cargaison, décimant les rats qui s’y trouvent sans même les manger.

Leurs quêtes personnelles ? Sortir de la misère, se venger, vivre la camaraderie des truands, infliger la souffrance pour le seul plaisir de pouvoir le faire … Qu’importe. Si les Fossoyeurs sont portés par un autre sentiment que ceux du vice, c’est bien par l’espoir de trouver refuge et de reprendre leur méchant labeur plus fort, plus loin, plus cruellement.

A la proue du navire, la nouvelle Veuve observe l’horizon qui brûle de mille feux. Elle sait quel monde se cache là-bas, entre chien et loup. Après tout, n’est-elle pas la fille du Boucher de Boralus ?

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Spoiler:

Camille Chat Jeu 20 Juin 2024, 10:26

La grenade roule sous les caisses de légumes et BRAAAAAOOOUM l’étal explose dans une pluie de planches éclatées et de débris de choux. Les cris retentissent, on appelle au feu quand une pile de caisses d’embrase de flammes vertes ! Des débardeurs en équipe de nuit fuient le quartier en se jetant dans les venelles encombrées de charrettes et de marchandises, un pauvre commerçant rend son dernier souffle la main encore sur son livre de comptes. Dans la taverne du Bloc de Sel on a retourné les tables pour s’en faire des remparts, on se recroqueville derrière les comptoirs. Le sang noir tâche la boue de la place et la jetée de l’ancien Arsenal Corsandre. Depuis le grand entrepôt du fond, une fumée noire retombe sur des cadavres de mafieux, la porte coulissante fermant à peine coincée par un bras. Les malfrats qui se livraient bataille dans le Chantier Naval s’éparpillent comme une volée de moineau et galopent en tous sens, tirant leurs morts et leurs blessés avec eux. Pour cause ! Les sifflets du Guet hurlent depuis Mèchehumide et le Panier à Crabes ! V’là les condés qui bouclent le quartier et leur officier pousse déjà un lourd destrier blanc sur la place, la colonne de Verts derrière lui. Le tabard de l’Amirauté vient pour tabasser, attiré par les alertes et les détonations des armes à feu. C’est la débandade ! On court à droite, on court à gauche, on se planque dans une caisse de morue séchée ou un tas de tapis, entre deux arbres ou dans une ruelle qui pue la pisse. Ça matraque sec à la lueur des flammes devant lesquelles cabrent cet énorme cheval et l’officier qui tient son bicorne à plume. Les fuyards se cachent et escaladent, montent sur un toit ! Mais dans les dernières fumées de la nuit, une silhouette fine se dresse en bord de poutre et jette à bas deux Fossoyeurs qui grimpaient à toute allure. Le Guet se referme sur eux, fait pleuvoir ses mandales comme les pals d’un moulin fou et emporte tout ce beau monde en zonzon.

Un calme tout relatif retombe sur le Chantier Naval et chacun sait qu’il ne durera pas, car le feu vient d’être mis aux poudres et Boralus est plus chargée qu’une sainte-barbe.

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Camille Chat Lun 01 Juil 2024, 16:41

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L’argent des deux lunes d’Azeroth tombe de la nuit tirassienne pour faire briller la sueur de ce vaste torse en tension. La toison bouclée des épaules d’Herghbert perle du fruit du labeur à mesure que ses muscles roulent comme une mécanique bien huilée des Titans. Deux énormes mains bardées de veines enfoncent cette pelle dans la terre meuble de Tiragarde et lui en arrachent la chair en un torrent de boue noire qui retombe au pied de la vieille pierre tombale. Perchée sur cette dernière, un gnome à crête et aux pupilles dilatées fait scintiller son grillz de requin à la lueur des lanternes, tout sourire amphétaminé qu’il est. Les fluides de Kope sont des cocktails corrosifs capables de griller la moindre sangsue. Une telle étrangeté médicale n’est pas sans attiser la convoitise du Docteur Levi C. Strauss qui analyse le petit golem de drogue depuis la sécurité de ses verres fumés. L’ancien toubib de la Division Pénitentiaire formule ses hypothèses en silence, impatient de pouvoir les vérifier seringue et bistouri en main.

Sur cette colline se trouve un pin mort. Adossé contre le tronc que le poids de son armure fait presque ployer, Allan Barclay surveille les alentours d’un air mauvais. De sbire de la Corsandre à celui de la Veuve il n’y à qu’un pas et le guerrier-forteresse l’a fait sans hésiter, écrasant tout état d’âme sous le poids de son soleret. Sur l’autre face du tronc, dans les souvenirs douloureux et les trahisons, un regard brûlant de haine scrute Passegué non loin. C’est celui du Chevalier de Rien : Virgil de Lesath. Au feu les nobles principes, rompus les voeux valeureux. Il ne reste plus qu’un esprit déchu dans les atours passés du nec plus ultra. Et à leurs pieds, Twinkle le borgne de Gnomeregan plante son oeil unique dans la lunette d’un mousquet de sa création. Si quelque chose bouge sur la route en contrebas, ce quelque chose sera troué avant même qu’il s’en rende compte. Ce fidèle des premiers jours envoie la mort plus vite et loin que quiconque.

Qu’est-ce qui luit là-bas, de l’autre côté du cimetière isolé ? Une torche ? Des braises mal éteintes ? Non, c’est la barbe rougeoyante d’un fils de Ragnaros. Melkorin Noir-Pied, nain sagace et tordu, attend les mains croisées que la messe ne commence. Mais quelque chose de malsain vibre dans ses yeux verts-de-fel. Cachés dans l’ombre géante du sombrefer pourtant trapu, Jeannot et Radec s’avancent. Le premier envoie son nez devant lui, l’appendice ayant senti toutes les terres du monde quand son propriétaire portait le tabard à la dague noire de Rétribution. Quelle déchéance … Le second, natif de Lordaeron la Moissonnée, marche avec sur lui l’odeur de la bête et l’oeil vif du compagnon. Ils trainent un corps avec eux, un corps rompu et encapuchonné qui ne produit que des « mh-mmmh-mmmmh » étouffés en aspirant le tissu de sa cagoule par la bouche tandis qu’il meurt de panique.

En bordure du chapelet des tristes tombes, deux silhouettes observent Boralus assoupie sous leur colline, cette poissonnière aux canaux malodorants qui étend ses quartiers devant eux comme un putain de Mèchehumide ouvre les cuisses. La brise marine fait voler la cape de Nicholas Dawley. Le gilnéen cogite et ses pensées accoucheront de bien des pleurs lorsqu’elles se transformeront en ordres. A ses côtés, deux têtes plus bas, le terrible Bradan Fash balaye lui aussi la cité du regard. Ses yeux de braise n’y voient qu’un vaste enclos à bétail, sa poigne d’esclavagiste n’attend que de se refermer sur ces bêtes de somme. Les cajoler, les chérir, les accomplir dans l’ouvrage : voilà ses louables intentions. L’imposant crochet à sa ceinture est là pour rappeler à tous que leurs corps sont des outils comme le sont le marteau et le burin.

Le bruit sourd d’un sac de chairs tremblantes et d’os larmoyants qu’on jette dans la fosse. Un sifflement. Les Fossoyeurs ces forts gaillards sont des hommes de peu de mots au service d’une femme tout aussi peu bavarde. Armés de leurs seules amies les pelles, ils murmurent leur sombre chanson en choeur tandis que le bel humus retrouve son lit, un nouvel amant sous la couette.

Les Fossoyeurs te font visite
Mange la terre, mange la terre
Ils te curent les orbites
Tu pleureras des vers
Mange la terre mange la terre

Spoiler:

Camille Chat Mar 16 Juil 2024, 11:01

Spoiler:

Les cieux sont oranges, les nuages roses, la mer flamboyante sous le coucher de soleil. La houle soulève des crêtes dorées qui viennent s’étaler mollement sur les plages tropicales de Strangleronce. Les feuilles des palmiers s’agitent en rythme et des perroquets font tourner leurs plumes brillantes d’émeraude au-dessus des cordages de la Baie-du-Butin. Les Mers du Sud sont une fête parfois cruelle mais ce soir elles ne sont qu’une aquarelle de pure félicité.

Un beau tableau qu’un point noir à l’horizon vient peu à peu tâcher en grossissant à vue d’œil dans cet or à la limite indissociable entre mer et ciel. L’accompagnant, un vacarme de moteur et derrière lui une longue traînée de fumée noire qui tousse et crache depuis le pot d’échappement. Il vole, droit et lourd, et les mouettes s’écartent sur le passage de cet engin aérien dont les hélices tranchent l’air trop vite pour que l’œil nu puisse les dissocier.

L’hydrogyrocoptère se pose dans les eaux du port gobelin et y glisse porté par sa vitesse comme un gros pélican à l’amerrissage. La manœuvre est parfaite et la machine désormais lente et veule flotte toute seule jusqu’au quai où elle s’amarre entre un chalutier et une caraque des Ecumeurs des Flots Noirs. Quatre individus peu recommandables en sortent. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Ils disparaissent rapidement dans les allées de la ville en bois flotté. La pilote, alors, relève ses lunettes sur son beanie de marin et pose le pied sur les planches de la jetée.

C’est Marcelle Reine ! Cette jeune femme intrépide et son foulard blanc. Mains de cambouis et cœur sans peur. On dit qu’elle veut être la première couvrir la ligne Hurlevent-Cabestan en traversant le Grand Océan d’une seule traite. Pas de portail magique, pas de dragon, pas de griffon infatigable, pas de triche, non ! Pour cet exploit, juste cette bonne vieille machine réformée de Monique, le moteur à explosion, ses talents de mécano et une bonne dose de folie. Des jours de vol en solitaire au-dessus des flots déchainés, loin de toute aide et de tout compagnon, à la merci des périls que les cieux et les mers d’Azeroth peuvent bien lui envoyer. Voilà le rêve dingue de Marcelle, pilote à l’âme de champion. C’est à cette prouesse qu’elle pense jour et nuit, et là encore en buvant un verre de rhum à la Lanterne Rouge en attendant ses commanditaires.

Ces derniers finissent par sortir des ombres une fois leurs affaires terminées et tout le monde retourne à l’engin. Monique la machine se sépare lentement du quai et s’avance sur la baie puis Marcelle met les gaz ! Et ce drôle d’oiseau de bois et de fer arrache sa lourde carlingue des flots presque à la verticale avec le vacarme d’une canonnière de l’Alliance. Deux-trois bonds dans l’air, quelques frayeurs et ça décolle à la poursuite du soleil qui a disparu à l’Ouest depuis longtemps.

Hurlevent-Cabestan, c’est pas pour demain.

Spoiler:

Camille Chat Lun 29 Juil 2024, 19:24

Spoiler:

Vous êtes un chat de gouttière au pelage noir et aux yeux d’or. Vous ignorez votre nom mais ici tout le monde vous appelle Zozinzi. Né d’un père borgne et d’une mère sans queue, vous vîtes le jour sous un bidon d’huile de palme de la Baie-du-Butin. Votre vie de chaton était faite de puces, de bastons contre les mouettes et de longues siestes au soleil des Mers du Sud. Votre patronyme d’origine trolle ? Il vous vient de Zul’Amba le sorcier-docteur farfelu dont vous hantiez la hutte entre les têtes réduites et les idoles vaudou. De cette époque, votre truffe se rappelle l’odeur entêtante des encens interdis et la caresse fantasmagorique des Loas.

Puis vinrent les Fossoyeurs. Débarqués à la Baie avec fracas, repartis aussitôt dans le même barouf, ils furent peut-être surpris de vous trouver dans leurs bagages troués. Ils vous adoptèrent rapidement, ou plutôt l’inverse : ces bipèdes agités vous amusaient terriblement et vous les fîtes vôtres. Partout où ils allaient, odeurs piquantes de la poudre à canon, métallique du sang, terreuse des tombes fraîches. Et toujours, des cachettes et des rats gras ! Ajoutez à cela quelques gratouilles ou une place dans un hamac et vous obtenez un chat heureux.

Le temps a passé, les aventures aussi. Vous voilà aujourd’hui leur mascotte, leur mot de passe, leur grigri porte-bonheur. Vous avez même votre place attitrée, là dans la niche à bois collée à la cheminée. Rôdant dans les bas-quartiers de Boralus, vous êtes leur vigie, non ! leur étendard. Partout où vos coussinets se posent, vous dites aux autres matous « Tu es ici sur le territoire des Fossoyeurs. » Toujours dans les pattes de la Veuve ou ronronnant aux oreilles de ceux qui savent vous écouter, vous miaulez vos prophéties facétieuses et vos envies de sardines fraîches. Certains vous détestent et vous font déguerpir de la Manu en crachant quand ils vous voient. D’autres vous adorent, vous cajolent et vous couvrent de cadeaux. Tenez, prenez ce joli collier par exemple : un ruban de soie de Pandarie auquel pend, en guise de médaillon, un petit écrin de cristal contenant une âme emprisonnée ! Quelle offrande est-ce là, sinon celle faite à un dieu ?

Vous vous rappelez un proverbe entendu Chez Fanny, aux tables de cette gargote en plein air accrochée au port de Hurlevent que vous fréquentiez autrefois : « chat qui dort n’attrape rats ». AH ! L’humour des bipèdes. Pourquoi se fatiguer ? Vous ne chassez que pour le plaisir, pour le sport ! Et le reste de votre temps, vous le passez à observer vos Fossoyeurs de compagnie se démener, s’exciter, se lamenter, saigner, se battre ! Et mourir, parfois. Oh, voilà qui est amusant pour un matou de gouttière de votre acabit. Dans un même soir, ils démolissent et construisent, détruisent et créent, tuent et font l’amour. Ils explosent de vie et de contradictions, regorgent de rêves et d’envies de meurtre. Ils sont le tableau vivant de ce que le monde des créatures à deux pattes produit de pire et de meilleur : la vaste mascarade d’une existence vide de sens dans laquelle on danse les yeux fermés avant de rendre son dernier soupir dans la pure indifférence.

Panier à Crabes, Mèchehumide, Marché des Alizées, Rescapés et Squales, eaugures et Gardes de Hurlevent, Gaëlt Valdoran et autres Fanny rêvées … Tous ces noms sonnent creux pour vous, Zozinzi, le roi des secrets et des nuits. L’essentiel, c’est que les Fossoyeurs se battent et se débattent. Mais surtout, oui surtout, qu’ils vous amusent.

[Alliance - Criminelle] Les Fossoyeurs Zozinzi_2_by_moreldhel_dhvads8-414w-2x.png?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOjdlMGQxODg5ODIyNjQzNzNhNWYwZDQxNWVhMGQyNmUwIiwiaXNzIjoidXJuOmFwcDo3ZTBkMTg4OTgyMjY0MzczYTVmMGQ0MTVlYTBkMjZlMCIsIm9iaiI6W1t7ImhlaWdodCI6Ijw9MTEzMiIsInBhdGgiOiJcL2ZcL2UwNmRkNzBhLTkwMTUtNDlhYS1iYWNiLTk1ZTIwZjViODQwM1wvZGh2YWRzOC1lNTNjN2E4OS00ZmM0LTRhODAtYWQyMS00OTk4ZTc5NDBiMDcucG5nIiwid2lkdGgiOiI8PTgwMCJ9XV0sImF1ZCI6WyJ1cm46c2VydmljZTppbWFnZS5vcGVyYXRpb25zIl19

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Camille Chat Lun 05 Aoû 2024, 11:29

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♪Bien que ces vaches de bourgeois,
Les appellent des filles de joie,
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent,
C’est pas tous les jours qu’elles rigo-oh-leuh.♫

Phillibin Sète était un troubadour itinérant qui poussait la chansonnette pour quelques pièces dans les tavernes du Royaume et d’ailleurs. Lui et son vieux luth étaient bien connus sur le Port de Hurlevent où le barde effronté ne manquait jamais de s’arrêter pour égailler un peu le public bourru des marins et des débardeurs. Il était ce soir là Chez Fanny, grattant les cordes de son fidèle compagnon en inspirant ses paroles des prostitué(e)s syphilitiques de la Castafiore à quelques pas de là.

♫Y a des clients, y’a des salauds,
Qui se trempent jamais dans l’eau.
Faut pourtant qu’elles les cajolent,
Faut pourtant qu’elles les cajo-oh-leuh.♪

Le troquet de plein air était bondé. Les grouillots de Madame Fanny couraient à droite à gauche en s’engueulant pour envoyer à tour de bras pintes de bière tiède, soupes de crabe et patates au graillon. Chez Fanny on buvait sa peine, on s’envoyait des baffes dans le dos et on s’esclaffait, on tapait le carton et on gueulait en jouant aux dés, oui. Mais surtout on bavassait, on tcharrait, on palabrait et on jasait, oui on taillait le bout de gras. Fumée de pipe et du four encombré, odeurs de sueur et d’huile sale, boucan de guinguette et chats de gouttière slalomant sous les tables à l’affût d’une tête de sardine : c’était ça Chez Fanny, le cœur battant des bas-quartiers de la capitale.

♪Elles leur font la courte échelle,
Pour les monter au septième ciel.
Les sous, croyez-pas qu’elles les volent.
Croyez-pas qu’elles les vo-oh-leuh.♫

Tenez, là par exemple ! Une ferronnière et un poissonnier du coin s’affrontent à la belote arathie en ergotant sur une rumeur qu’ils ont entendue. « Le Vieux Fred, tu le connaissais toi ? Le Marteau-Hardi qui traînait ici. Bah ouais. Bah tu connais pô la dernière ? On dit qu’après son tour en zonzon on lui a tiré la tête pour l’envoyer à ses copain d’Boralus. Quoi ? Mais non pauvre mule ! C’peut pô être un coup des Bleus, on dit qu’ils l’ont marqué pis qu’ils l’ont dégagé à la frontière. Pis pourquoi qu’ils z’auraient fait ça d’abord. Non non, à c’qu’on dit c’est parce qu’il devait une belle bourse à une aristo du coin, même si l’Dédé y disait qu’hier c’était un coup monté. Mais quoi ? Mais ma parole t’es vraiment con comme un gnoll. Et en plus tu joues avec le cul : belotte, rebelotte. Allez aboule la piécette. »

♫Bien qu’toute la vie elle fassent l’amour,
Qu’elles se marient vingt fois par jour,
La noce est jamais pour leur fiole,
La noce est jamais pour leur fio-oh-leuh.♪

Et ici ? Accoudés à la pauvre planche qui sert de zinc à la gargote, un Garde hors-service et une charpentière du chantier naval voisin discutaillent. « Tu sais pas ce que j’ai entendu ? Les Fossoyeurs, ouais. D’après les informations qu’j’ai pu récupérer à la caserne, y z’ont ouvert un bordel dans leur quartier à Boralus. Ouais : « la Moule Fraîche ». AH ! Ca fait envie … Non mais sans déconner, c’est quoi ce nom de merde. Vraiment des pouilleux ceux-là, mais ils ont l’air bien installés maintenant. Mieux qu’ils l’étaient ici en tous cas ! Ils étaient dans les égouts ces cons, haharr. J’te dis pas l’odeur dans les geôles quand on en a chopé trois d’un coup la dernière fois. De quoi ? Qu’est-ce qu’on leur fait si on les revoit traîner ici ? Oh tu sais, nous on les aime pas trop bien non … Ils viendront alourdir les potences. »

♪Il s’en fallait de peu mon cher,
Que cette putain ne fût ta mère,
Cette putain dont tu rigoles,
Cette putain dont tu rigo-oh-leuh.♫

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Camille Chat Dim 11 Aoû 2024, 10:20

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Prieuré de la Sainte-Trinité, montagnes de la Forêt d’Elwynn

L’encensoir suspendu aux voûtes de la chapelle se balance si lourdement qu’il manque de souffler les bougies vacillantes sur son passage. Tel un contrepoids muré dans le silence, un prêtre tire sur la chaîne verticale au rythme des chœurs qui résonnent des salles de prière avoisinantes. Des trainées de fumée roulent dans le sillage de l’outil liturgique, emplissant les lieux d’une odeur crayeuse de sainteté.

La Haute-Vicaire Théodora est agenouillée en position de prière sur le carrelage de la chapelle, les mains fermées sur son chapelet. Son visage porte les marques de celle qui a saigné pour la Lumière, son regard d’azur tranchant est pointé droit devant elle dans la contemplation la plus pieuse qui soit. Elle est baignée par le miroitement diffus que font les rayons du soleil en traversant les vitraux du lieu, d’austères fresques à la gloire des élus qui donnèrent leur vie pour que triomphent le Respect, la Ténacité, la Compassion.

Un moine anxieux sort des ombres derrière elle, gravissant les quelques marches qui montent sur l’autel pour s’agenouiller à son tour sous l’encensoir menaçant et ses torrents de brume sacrée. « Haute-Vicaire … Pardonnez-moi de vous importuner en pleine dévotion, Votre Éminence. Une missive urgente en provenance de la Cathédrale, à votre adresse. » dit-il en s’écrasant presque sur le ventre par servilité.

La paladine agite les lèvres, prononçant les dernières strophes de son cantique sans qu’un mot n’effleure, puis se redresse en faisant crisser sa lourde armure de plaque consacrée. Des parchemins de prière pendent de sa cuirasse et de ses épaulières, fixés par des sceaux de cire bleue. Elle se signe du L et se retourne d’un mouvement vif, saisissant l’enveloppe tendue pour en briser le cachet et lire le contenu d’un air sévère. Le moine à ses pieds ose à peine lever les yeux, admire ce parangon de droiture, cette guerrière de la Lumière, l’héroïne de ses rêves les plus fervents. Théodora quitte la chapelle sans lui accorder ni un mot ni un regard, jetant la lettre lue dans le brasero le plus proche.

Le pas lourd de la Haute-Vicaire résonne dans les couloirs du prieuré, le fracas du métal qu’elle porte l’accompagnant comme un bastion mouvant. Les portes des alcôves défilent jusqu’à ce qu’elle débouche sur le petit cloître de l’aile Est, à l’extrémité de l’édifice montagneux. La paroi escarpée et les hautes colonnades jettent ce jardin dans l’ombre que seule chasse une présence iridescente assise au centre. Un sancteforge médite seul, vêtu d’une robe de prêtre en tissus chatoyants qui le recouvrent intégralement, comme son voile empêche de voir son visage. Seule la Marque des Naaru ceint son front et repousse l’obscurité du cloître comme un flambeau de Lumière dans les ténèbres. Il s’agit de Baahasuur le Mutique, anachorète de son peuple qui fît vœu de silence en ressortant d’Antorus, le Trône Ardent. Le sancteforge se relève lentement en entendant les solerets de la Haute-Vicaire frapper le sol derrière lui. Théodora s’arrête devant l’être centenaire, le vétéran de trois mondes.

« Baahasuur, ô Baahasuur. N’avons-nous pas voué nos vies à la défense des préceptes de la Lumière ? » Baahasuur incline la tête, le visage masqué par son voile de maille dorée. « N’avons-nous pas juré de protéger les faibles, de vaincre le Mal où qu’il se trouve, de porter le triomphe de la justice sur l’injustice ? » Le draeneï oint, Lumière faite matière, hoche à nouveau la tête. Son halo brille plus fort. « Il est temps pour nous d’honorer nos serments, Baahasuur, mon frère. Sur l’île de Kul’Tiras, la corruption rampe. Les peuples s’y perdent dans les ténèbres de l’ignorance et de l’impiété. C’est là qu’Elle nous envoie faire de sa volonté notre quête. Lux vult. »

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Camille Chat Sam 07 Sep 2024, 21:27

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L’hydrogyrocoptère file à toute allure au-dessus de la mer de nuages. Là-bas, loin en dessous, l’orage gronde. Mais à cette altitude le soleil tape fort et la machine à la carlingue tressautante fonce plein gaz comme un gros bourdon crachant une double queue de fumée noire.

A son bord, des criminels, des tueurs, des étrangleurs d’enfants, des voleurs de grands-mères : des Fossoyeurs. Marcelle la pilote, lunettes d’aviateur sur le nez et foulard blanc volant derrière elle. Marcus Deibler le bourreau et ses outils de boucher, Allan Barclay le colosse qui plombe le poids en charge de l’engin avec son armure de plaque et de chitine, Roxanne Prescott la démoniste qui peste contre les bourrasques l’empêchant de noircir son éternel carnet de notes. Ils reviennent d’une énième mission pour la Veuve avec pour preuve, à leurs pieds, un sac bien poisseux contenant une tête fraîchement tranchée. Accrochés comme ils le peuvent sur cette machine surpeuplée, ils se protègent tant bien que mal des rafales cinglantes qui hurlent à leurs oreilles. Yeux plissés, mines patibulaires, croûtes de sang séché et ongles noirs. Les Fossoyeurs volants n’ont pas fière allure et la mine plutôt sombre.

Tirer la gueule, ils le peuvent. Certes, en quatre mois leur territoire de Boralus s’est étendu d’un ancien atelier de salage de morue en l’entièreté du Panier à Crabes. Oui, c’est vrai, ils sont de plus en plus nombreux, toujours mieux équipés, engrangent l’expérience et les cicatrices. Assurément, leurs affaires décollent enfin : le quartier général d’un gang rival est devenu une maison close sous leur contrôle pendant que ses anciens occupants servent de quatre-heure aux clampants de Tiragarde. Bien sûr, leur coopération avec les politicards véreux du coin se fait toujours plus étroite !

Mais être un Fossoyeur, c’est avoir toujours les crocs, être constamment mécontent, éternellement insatisfait. La Veuve et ses sbires continuent de vivre chichement sous la férule de plus gros poissons qu’eux qui leur dictent la pluie et le beau temps. Obligés de courber l’échine, ils doivent faire équipe avec ceux à qui ils veulent arracher la peau du dos. Et les menaces ne manquent pas à Boralus : cliques rivales, hommes du Guet, eaugures mabouls, le Conseil Restreint et ses machinations … Et maintenant, le pire ! Des Lumineux azimutés qui se prennent pour le poing de la Justice ! Non, vraiment, les Fossoyeurs n’ont pas de quoi se réjouir.

Et pourtant l’un d’entre eux au moins semble passer un moment tout à fait délicieux. Kope, le gnome camé jusqu’à la moelle, véritable élémentaire de substances illicites, est perché sur l’un des patins du gyro, les pieds dans le vide. La vitesse du vent plaque sa crête blanche en arrière, ses pupilles sont plus dilatées qu’une femme en couches et il offre au ciel vide un gros sourire dévoilant son grillz chromé en dents de requin. Il est là physiquement mais le délire qui clapote dans sa cervelle grillée l’a déjà emmené bien loin …

_______________________________

[HRP]
Hello tout le monde !

• Comme vous pouvez le lire ici : lien, les Fossoyeurs sont toujours là en force malgré la trêve estivale et la sortie de l’extension. Nous fêtons même nos 6 mois ! L’occasion de rappeler que ce projet se veut ouvert et communautaire. Ainsi si vous souhaitez jouer avec (ou contre) les Fossoyeurs à Boralus ou ailleurs n’hésitez pas à me mp pour en discuter : collaborateurs, alliés de circonstance, commanditaires, chasseurs de prime, autorités ou gangs rivaux … les possibilités sont nombreuses. Vous pouvez aussi faire circuler les invitations vers ce serveur sans problème pour que nous soyons plus nombreux à profiter et contribuer aux rumeurs RP publiques et aux canaux HRP dans la convivialité, la bienveillance et le respect.

• Nous rouvrons le recrutement pour 5 ou 6 places. Si vous souhaitez jouer un Fossoyeurs, postez un texte de prise de contact sur notre Discord (lien d'invitation ci-dessous).

À noter que nous n’acceptons plus de candidatures de mages/sorciers/démonistes/lanceurs de sorts pour le moment. À noter également que notre soir d’event hebdo est le **mercredi soir** et qu’un minimum de présence et d’implication est demandé.

• Nous recrutons également des MJs (qui peuvent aussi être des joueurs dans le groupe) alors n’hésitez pas à m’envoyer un mp si vous êtes tentés par la conception et/ou la direction d’events et de trames.

• Afin de laisser à tous le temps de profiter pleinement de l’extension et de finaliser nos potentiels recrutements à venir, la trame principale des Fossoyeurs ne reprendra que le mercredi 2 octobre.

À bientôt en jeu ou sur Discord (lien : https://discord.gg/uvZWCV57)

[Alliance - Criminelle] Les Fossoyeurs Fossoyeurs_groupe_by_moreldhel_di4kl3o-pre.jpg?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOjdlMGQxODg5ODIyNjQzNzNhNWYwZDQxNWVhMGQyNmUwIiwiaXNzIjoidXJuOmFwcDo3ZTBkMTg4OTgyMjY0MzczYTVmMGQ0MTVlYTBkMjZlMCIsIm9iaiI6W1t7ImhlaWdodCI6Ijw9NzIwIiwicGF0aCI6IlwvZlwvZTA2ZGQ3MGEtOTAxNS00OWFhLWJhY2ItOTVlMjBmNWI4NDAzXC9kaTRrbDNvLTIwZjVmZjQ0LWM3YjUtNDU0OC1hNjFhLTM2ZjIyODAyNzM5Zi5qcGciLCJ3aWR0aCI6Ijw9MTI4MCJ9XV0sImF1ZCI6WyJ1cm46c2VydmljZTppbWFnZS5vcGVyYXRpb25zIl19

Camille Chat Mar 17 Sep 2024, 18:32

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Aaaaaah, les îles de l’Écho. Il y fait beau, il y fait chaud. L’archipel aux eaux turquoise est le foyer des trolls Sombrelance, peuple des tropiques, des jungles et des sables rouges dont le mode de vie évolue autour de la vénération des esprits et de la pratique du vaudou. Ses sorciers-docteurs et ses chasseurs des ombres se font les interprètes des Loas depuis bien avant que Sen’Jin n’émigre depuis les ruines de l’Empire Gurubashi et que Zul’Dazar ne réitère son hégémonie sur les nations trolles d’Azeroth.

Il y a un atoll, à quelques encablures au large de la chaîne d’îles. Là, au milieu des cocotiers écrasés par un soleil de plomb, se trouve la hutte de Madam’ Mandulah. Envoûtements, malédictions, sorcelleries et prophéties : Madam’ Mandulah elle fait tout, oh oui ! On dit que malgré son grand âge et sa patte folle elle danse la nuit avec les Loas au rythme de son tambour en peau de marin kultirassien. Son cuir tanné par le soleil est plus ridé que la hure d’un kodo, elle n’a plus de dents ni de défenses et porte un foulard d’étoffe noué sur la tête lui faisant une formidable couronne pleine de nœuds impossibles. L’échine pliée en deux par le poids des années, elle est pourtant d’une vivacité rare et son regard brille de malice. Toujours elle fume ses herbes médicinales avec une longue pipe taillée dans une queue de raie-manta. On la dit mère, grand-mère ou arrière-grand-mère de tout le monde ici, si bien qu’enfants et adultes la surnomment « Grande-Mama Mandulah ».

Tous les habitants des îles de l’Écho la connaissent et la craignent. La connaissent parce que Madam’ Mandulah, grande gardienne des traditions de son peuple, a reçu des générations incalculables de trollillons sur les nattes de sa hutte, qui venaient en pirogue et l’écoutaient religieusement, assis en tailleurs entre les masques tiki, les fétiches vaudou et la fumée de pipe, tandis qu’elle leur racontait les histoires des anciens et les légendes millénaires des trolls des jungles. La craignent parce chacune de ces générations a tremblé en se transmettant la rumeur selon laquelle quiconque ne l’écoutait pas quand elle faisait la leçon finissait transformé en crapaud ou en makrura !

Alors voilà ce qu’on les attendait s’exclamer, comme leurs parents et les parents de ces derniers avant eux, quand Madam’ Mandulah demandait « Et le vieux BWOMsamdi, ah ? Vous croyez qu’on peut ruser avec BWOMsamdi ? Qu’on peut se jouer des PUISSANTS Loa ? Ahein ?! »

« NON MADAM’. »

« Et maintenant, tu vas voir que si, ha ! Grande-MAMA Mandulah, elle vous a raconté l’histoire de Zozinzi et Krag’wa, ahein ?! »

« NON MADAM’. » Ils mentaient, mais ils ne voulaient pas être changés en asticot.

« Krag’wa le COLOSSAL, le Terrib’ ! Krag’wa le roi de toutes les grenouilles et de tous les crapauds il était dans sa mare tranquillement en train de dormir. Et là il se réveille il voit quoi, ahein ?! Il voit une forme énoooooorme. GIGANTESQUE, ah ouais. Et il entend le vilain matou Zozinzi : « Hé, Krag’wa. Moi Zozinzi, le maître des nuits secrètes et des TOMBEAUX, je suis encore plus COLOSSAL que toi, ah ouais. Regard’ moi, ahein. Comme je suis grand. Comme je suis gros. Comme je suis haut. Si tu sais êt’ plus GROS que Zozinzi encore, je te donne mon crâne. Si tu sais pas, Zozinzi il prend ton crâne ! » Krag’wa il est pas content, nooooon non. »

Les petits trolls l’écoutent, captivés. Ils ont entendu cette histoire vingt fois mais ils semblent revoir les Loas s’agiter dans les gesticulations de Madam’ Mandulah comme si la scène se déroulait devant eux.

« Alors Krag’wa, fier, VANITEUX, vexé, il fait quoi, ahein ? Il aspire l’air, fort fooooooort. Il aspire il aspire, il gonfle il gonfle. Il grossit, pour être plus GROS encore que Zozinzi … ou plutôt que l’ombre de Zozinzi, héhéhéhé. Il gonfle il gonfle et là PAF » Les trollillons sursautent en chœur. « Il ECLATE. Il EXPLOSE. Krag’wa il CRAQUE comme un poisson-pics ! Zozinzi il rigole il sort de sa cachette, le méchant chat. En fait il est tout PETIT. Mais il avait mis DEUX étoiles derrière lui pour grossir beaucoup son ombre. Krag’wa il est COLOSSAL mais il est pas bien malin et alors il a perdu son crâne et Zozinzi il a joué avec loooongtemps loooooongtemps avant de le remettre dans la mare pour que Krag’wa pas content il revienne. Héhéhéhé. Alors, ahein ? Alors mes petits CAMELEONS. On dit quoi à Zozinzi quand il dit de faire des bêtises ? On lui dit quoi, ahein ? On lui dit OUI ? Ou on lui dit NON ? »

« NON MADAM’. »

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Camille Chat Lun 30 Sep 2024, 10:46

Vous le connaissez ce sentiment, n’est-ce pas ? Mais si, bien sûr ! La chaleur dans la poitrine, les jambes fébriles d’excitation, ce sourire irrésistible qui s’accroche à vos joues, les papillons dans le ventre et la tête dans les nuages ! L’insouciance qui efface tous les tracas, ce bonheur simple qui fait oublier les épreuves de la veille et du lendemain. Ah voilà, vous voyez maintenant ? Oui, c’est ça ! L’amour.

Dan était amoureux, oh oui il l’était. Amoureux de Tomas, un marin de la lointaine Hurlevent. Mais l’amour n’a pas de frontières de quelque nature que ce soit et Dan, qui était un pauvre débardeur du port de Boralus, attendait avec impatience chaque passage kultirassien de la Pervenche, gros navire marchand qui opérait sa liaison hebdomadaire entre les royaumes humains, charriant biens et voyageurs dans un sens comme dans l’autre et au sein de l’équipage duquel travaillait Tomas. Une semaine. Sept jours. C’était cette éternité épouvantable que Dan devait attendre pour voir l’objet de ses rêves les plus fous, celui qui faisait battre la chamade à son cœur. Et quand ENFIN il voyait ces voiles pourtant communes mais qu’il aurait pu reconnaître entre mille, notre jeune tâcheron sentait ses pieds quitter les planches des docks et son esprit atterrir sur un coussin d’allégresse.

Mais seulement, voilà ! Dan était timide et n’avait jamais osé avouer ses sentiments à Tomas. Ils se connaissaient pourtant, et passaient souvent les permissions à terre du marin à faire le tour des tavernes du Marché des Alizées avec le reste de la bande ou -ce que Dan chérissait plus que tout- à se promener tous les deux le long du Grand Mur au petit matin, parlant de tout et de rien avant que Tomas n’embarque à nouveau sur la Pervenche. Se croyaient-ils simplement amis ? Dan priait la Mer des Marées, la Lumière, Elune et tous les Loas pour que ce ne soit pas le cas. Il espérait plus que tout que Tomas partage secrètement ses sentiments et il se promettait, en son for intérieur, de trouver un jour le courage de lui avouer l’amour profond qu’il lui vouait.

Et ce jour était arrivé ! Dan s’était décidé. Les mains de notre débardeur amouraché, rendues calleuses par le labeur, étaient plus moites qu’un drap de Chantorage. Il ne savait pas si c’était l’excitation ou l’anxiété qui faisaient claquer ses genoux en voyant la Pervenche s’amarrer à quai dans le port de Boralus mais quand il aperçut Tomas là-haut sur le pont, toute crainte s’évanoui. Ils se saluèrent d’un signe de la main, la passerelle s’abaissa et l’équipage mis pied à terre. Déjà les grues et les porteurs s’affairaient autour d’eux mais Dan ne voyait que lui, tout le reste était flou et insignifiant. Tomas sourit en le voyant et s’avança vers lui pour lui donner une franche accolade.

« Alors mon canard ! Je t’ai pas trop manqué ? » lui lança le marin en rigolant.
« Si ! Enfin comme d’hab quoi, enfin on se faisait un peu chier ici sans la bande là, on vous attendait pour aller boire un coup quoi. D’ailleurs ce soir y’a une soirée à la Moule Fraîche, on pensait aller y faire un tour avec les gars t’en dis quoi. Et pis y’a Gus qui parlait de faire … » Putain Dan. Allez. On y va ! Ça va le faire. Dis-lui. Il souffle, se concentre, son menton tremble un peu et Tomas le regarde avec un air curieux et un petit sourire en coin, comme s’il savait ce qui allait se passer et que ça lui allait très bien. Par la Mère des Marées, qu’il est beau. « Et je … enfin. Tomas. Faut que j’te dise un truc. Ca fait un moment que j’y pense … Enfin que je voulais te le dire. Alors voilà. Pfouh. Je te le dis. Tomas : je t’… »

[Alliance - Criminelle] Les Fossoyeurs F33d261d3acd713b37f035eee988513f

L’explosion pulvérisa la Pervenche et manqua de coucher les navires amarrés à ses côtés. Les vitres éclatèrent à vingt toises à la ronde tandis que tout le Marché des Alizées tremblait comme sous l’effet d’un séisme soudain. Une stupeur pétrifiée retomba sur le port en même temps que les éclats de bois et de voiles enflammées. Puis se furent les cris de détresse, les lamentations des blessés, le ronflement des incendies qui se déclaraient, les cloches d’alarme qui sonnaient dans toute la ville, les bottes des hommes du Guet qui claquaient sur le pavé et tous les traumatismes de la Quatrième Guerre qui remontaient d’un coup avec leurs souvenirs effroyables de mort et de destruction. Le port fut évacué dans un chaos total tandis qu’on tâchait de maîtriser les flammes qui prenaient les toitures et les bateaux amarrés. L’enquête rapportera plus tard qu’un chargement d’explosifs dans la cale de la Pervenche avait été mis à feu. Négligence ? Accident ? Attentat ? Le capitaine du navire -disparu dans la fournaise- était connu des services de l’Amirauté pour ses activités de contrebande en collaboration avec les gangs qui contrôlaient le Marché des Alizées et les quais de Hurlevent, et les premiers témoins de la catastrophe rapportaient des reflets iridescents de bleu et de doré au moment de la déflagration, orientant les investigateurs vers l’utilisation d’azérite dont le commerce et la possession étaient pourtant illégales à Kul’Tiras comme dans la plupart des territoires de l’Alliance.

Dan n’était plus qu’un corps disloqué dont les membres formaient des angles improbables après avoir été projeté par le souffle de l’explosion pour s’écraser brutalement contre une façade à l’autre bout de l’embarcadère. De Tomas, dos au navire quand celui-ci avait éclaté, il ne restait à peu près rien sinon un œil qui traînait sur le pavé avant de se faire écraser sous les bottes des secouristes pressés, œil qui faisait autrefois partie de l’entier regard déchaînant les passions d’un cœur épris.

Spoiler:

Camille Chat Lun 14 Oct 2024, 16:22

Ils sont douze malfrats attablés dans cet entrepôt sordide de Mèchehumide. Douze ordures qui battent le carton en attendant la livraison promise. Soudain bruit de verre brisé, une fenêtre éclate, ils sautent tous de leur chaise tandis qu’un étrange objet rond et troué roule sous leur table et se met à feu pchiiiiiiiiii en produisant une fumée âcre. Ils se mettent à tousser, se tiennent la poitrine, saisissent leurs armes tandis que les premiers ordres fusent. « Ces enculés de Fossoyeurs ! »

BRAM Entrée fracassante des-dits enculés quand Zheng le pandaren et le gros Allan défoncent la porte et la claquent ouverte, laissant les Fossoyeurs jaillir autour d’eux pour se répandre dans l’entrepôt. Mêlée générale ! Idina cloue la main d’un enfoiré sur la table avant qu’il ne saisisse l’arbalète qui y trainait et PAM Nic lui troue la tronche avec un coup de pistolet à bout portant. Juste derrière Herghert le Gros Salopard éparpille façon puzzle avec une rafale de sa Grosse Corsandre quant un maillet vient lui trouver la tempe et l’envoie dans les étoiles. Katya Sokolov glisse alors au sol au milieu des tirs et de la bastonnade pour tchac lui planter une seringue dans le cou dont les veines se gonflent à éclater. À moitié sous la table le Dr. Levi et Kathreen la Fada se la donnent avec une épaisse kultirassienne quand Marcus saute dans le tas et vient terminer ça d’un vilain coup de hacheCRAC à fendre la caboche. Galahaad déchire des bides au fond de la salle, regardant tomber les tripes comme des anguilles huileuses en pourléchant ses babines de worgen. Melkorin fouille dans les pans de sa robe et sort une pierre qu’il transforme en missile gangrenflammé, dos à dos avec la Mère Benzimar qui craque des os avec son marteau. Mais au moment de lâcher son sort un mafieu lui saute dessus couteaux tirés ! Pour être subitement arrêté dans sa course PAF par un poing démoniaque sorti d’un portail taille réduite à hauteur de sa sale gueule : Roxanne Prescott n’est jamais loin.

Un marcheur du vide traverse le chaos ambiant et sluuuurp aspire ennemis et mobilier en distribuant des bourres-pifs sous les ordre d’une petite Abby juchée sur ses épaules d’ombre molle, le tout sous les éclats de rire hystérique de Kope le gnome qui se poêle en poignardant une orbite à répétition sans même regarder sa victime. Derrière lui, splotch Syrielle retire sa lame d’un cadavre en le bloquant avec le pied et pose ses yeux laiteux sur sa prochaine cible. Cette dernière, constatant le massacre, cherche à fuir par la porte du fond qu’elle ouvre à la volée pour oh merde se retrouver face au Croque-Mort esclavagiste, au sombrefer incendiaire : Bradan Fash. VFRRROOOOU Le flot infernal jaillit du lance-flamme et transforme la fuyarde en torche humaine dans un bruit atroce.

Le calme retombe aussi brutalement qu’il a été rompu et la Veuve entre sur les lieux du carnage dans l’odeur de tripaille et de chair brûlée. La livraison arrive, oui, et elle sera pour les Fossoyeurs.

Spoiler:

Camille Chat Sam 19 Oct 2024, 16:45

♫Vin qui pétille, femme gentille
Sous des baisers brûlants d'amour
Plaisir, bataille, vive la canaille
Je bois, je chante et je tue tour à tour♪

Le Panier à Crabes fourmille d'activité : on accroche des fanions de marine et des rubans colorés en travers des rues, les tavernes locales font le plein de boissons et les vendeurs à la sauvette commencent à s'installer en s'engueulant pour réserver les meilleurs emplacements. Les troubadours, musiciens et saltimbanques viennent de toute Kul'Tiras, espérant faire leur pièce dans les festivités à venir. Là, un vieux langoustier joue déjà de l'accordéon et les habitants qui passent devant lui poussent la chanssonette.

♪Vivre d'orgie est ma seule espérance
Le seul bonheur que j'ai su conquérir
C'est sur les flots qu'j'ai passé mon enfance
C'est sur les flots qu'un forban doit mourir♫

Et pour cause ! C'est demain soir la Fête de l'Oursin ! Les embruns se rafraîchissent, l'automne est bien installé et la saison bat son plein. "L'or violet" est tiré de ses casiers par des mains corrodés de sel et viendra demain soir s'étaler sur tous les plateaux du Panier à Crabes. C'est une fête populaire, boudée par les aristocrates mais particulièrement appréciée des habitants du quartier, pêcheurs pauvres, ouvriers et humbles gens. On les ouvrira par douzaines, avec le ciseau et le couteau, pour se gorger de leurs gonades oranges à la saveur si douce et iodée. Et pour faire descendre ces délices on se mouillera le gosier avec des bières de la Rade ou avec ce petit vin blanc de Chantorage qui râcle le palais mais qui fait tourner la tête et chanter les cœurs !

♫Peut-être qu'au mât d'une barque étrangère
Mon corps un jour servira d'étendard
Et tout mon sang rougira la galère
Aujourd'hui fête et demain le bazar♪

Alors OUI, les impôts écrasent le petit peuple. Certes, Boralus est secouée par le trouble et la guerre entre bandes rivales. Il est vrai, on craint chaque jour que le pavé ne se tâche de sang plus encore. Mais être kultirassien, c'est se tenir droit dans la tempête, c'est ne pas laisser les rafales et les vagues vous abattre, c'est porter haut sa pugnacité rustique, sa tradition maritime et son esprit fêtard. Alors NON ! Ni le Conseil Restreint, ni les malfrats, ni le Guet et ni les bourgeois n'empêcheront demain cette oursinade et les bas-quartiers résonneront des vivas, des chansons paillardes et des éclats populaires. N'en déplaisent à ces fort distingués Messieurs Dames du Donjon ! HOY-HO !

♪Allons esclave, allons debout mon brave
Buvons le vin et la vie à grands pots
Aujourd'hui fête et puis demain peut-être
Ma tête ira s'engloutir dans les flots♫

Spoiler:

Camille Chat Ven 22 Nov 2024, 00:30

"Pffffff, tu me gaves … vas voir ailleurs si j'y suis."

Marcelle n'en pensait rien. Son monde s'était éclairé depuis qu'elle avait rencontré Argon. Oubliée la ligne Hurlevent-Cabestan aux manettes du gyro, sa marotte pourtant tenace ! Le ménestrel était devenu tout ce qui comptait à ses yeux.

La pilote avait défendu son quartier pendant la bataille du Panier à Crabes, comme tous les Fossoyeurs. Elle y avait laissé une jambe, amputée juste en dessous du genou, et s'était retrouvée allitée deux semaines dans un lit miteux du Dispensaire ORSON FARELL. Déjà pas bien sympathique comme personne, Marcelle en était devenue sombre et amère. Elle claudiquait maintenant dans le coin montée sur ses béquilles dont elle apprenait encore à se servir, jetant des regards noirs à quiconque avait le malheur de s'adresser à elle, fumant clope sur clope, tout à fait acarîatre.

Et puis elle avait fait la connaissance d'Argon tandis qu'elle broyait du noir comme à son habitude, toute seule sur un bout de ponton donnant sur les canaux. Plutôt, le beau gosse qui passait par là l'avait aidée à se remettre sur ses trois pattes après qu'elle se soit cassée la gueule en faisant glisser l'un de ses appuis sur une fiente de mouette. Elle lui aurait bien éclaté les noix avec sa béquille, la Marcelle, tant elle ne pouvait supporter qu'on l'aide, et par là-même qu'on la voit pour ce qu'elle était désormais : une infirme. Mais alors son regard furieux croisa celui, rieur, d'Argon. Et c'était tout.

Et ils s'étaient revus sur ce ponton sordide non loin de la Manu. Plusieurs fois. Au début par un faux hasard, puis après sur véritable rendez-vous. Ils échangeaient des cigarettes dans les premiers temps, puis bientôt des mots doux, et peu après -comment souvent dans ces cas- quelques baisers. C'était une unijambiste garçonne aux ongles noirs de cambouis et membre d'un des pires gangs de la ville. Et pourtant, il n'avait pas peur d'elle. Il n'était pas dégouté par son moignon. Au contraire, il le lui chatouillait parfois en riant et elle faisait mine de pester alors qu'elle adorait leurs jeux. Et la nuit, quand le Panier à Crabes dormait, Marcelle laissait tomber sa tête sur l'épaule de l'artiste tandis que ce dernier grattait quelques airs sur sa mandoline, toujours espiègle.

"Tu sais c'que j'aime chez les femmes ?" minaude, l'air de rien, le troubadour à l'œil polisson.

"Si c'est leurs beaux mollets galbés, j'suis en veine tiens." grogne l'as du volant.

"Non, c'est les genoux. Et ça, t'en as deux, chanceuse. Enfin c'est moi le chanceux … Tu sais, j'les aime tes genoux."

"Pfff t'es con … arrête tes âneries." rétorque-t-elle en retenant un rire, lui collant un coup de poing sans volonté dans le creux de l'estomac.

"Mais si, j'te jure, crois moi. Je m'en fous que t'as une guibole en moins, tant que t'as ces deux-là …"

Et ils rient tous les deux en regardant l'eau croupie des canaux tandis qu'Argon commence à improviser un air.

♫J'en ai connu des jolies filles
Dix fois plus belles que toi
J'en ai connu avec des corps parfaits
Qui ne m'ont jamais fait l'effet
Que tu me fais, me fais, me fait, me aïe
Dès que tu t'assieds, j'suis fait, oh, j'aime, j'aime, j'aime♪

♪Ah-ah, j'aime tes genoux
Et par dessus tout,
Ah oui, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime
J'aime tes genoux
Le reste, je m'en fous♫

♫Tes petits seins se tiennent bien
Le bas de ton dos est juste comme il faut
Mais tout ça me laisse froid
M'intéresse pas
Le reste non plus, car c'est du déjà-vu
Ça ne fait que me gêner
Ça m'empêche de me concentrer
Je te dis♪

♪J'aime, j'aime, j'aime, ah, aïe
J'aime tes genoux
Et rien que tes genoux
Ah-, ah (oh-oh) j'aime, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime, j'aime
J'aime tes genoux
Le reste, je m'en fous♫

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