La fin d'un mentor.
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La fin d'un mentor.
"Il nous ont trahit. Ils nous ont laissé pour compte. Ils nous ont volé nos vies, eux pour qui vous avons fait couler sang et sueur. Un jour viendra où ils regretteront leur ingratitude. Oui, mes frères, nous leur ferons payer. La confrérie vaincra !"
Dans un tonnerre d'acclamations, l'homme masqué de rouge se retire. Celui que nous nommerons Edwin, victime d'un monde corrompu et ingrat, regagne ses quartiers alors que tous s'activent sur ce qu'ils appellent "Le grand projet". Le bois, le métal, les odeurs de peinture fraiche et de poudre. Les travaux avancent et tous se réjouissent devant la fin imminente des préparatifs.
Le caïd entre dans sa cabine et se laisse tomber sur son lit grinçant, s'enfonçant sans peine dans un matelas rudimentaire, simple sac de toile bourré de paille. Dans le coin de la pièce, un jeune homme semble hypnotisé par une large feuille de papier déroulée sur un bureau.
Alors... petit malfrat. Encore en train d'étudier ce fichu plan ?
Tu crois qu'il viendra ?
De quoi ?
Ce jour que tu promet.
Le mentor se redresse lentement et parcourt les quelques mètres qui le séparent de son apprenti, Il pose chacune de ses mains gantées sur les épaules du jeune homme.
Pense-tu réellement que j'oserais manquer à ma parole ?
… euh non, non.
Tu étais jeune à l'époque mais je refuse de croire que nous avons fait tout cela sans recevoir ce qui nous était du. Je ne te répéterai pas une nouvelle fois les faits ni les circonstances de la mort de ton père. Nous avions un accord et ils n'ont pas tenu paroles. Alors faute de l'avoir honnêtement... nous leur prendrons de force et avec quelques intérêts de surcroit. Ils nous doivent au moins ça. Eux qui ne voulaient pas nous donner leur or, nous allons maintenant leur prendre leur sang. Il ne s'agit pas de paiement mais d'une vengeance, une vendetta dont la noblesse pourrie de ce royaume ne se remettra jamais.
Sans rien ajouter l'homme masqué retire ses mains pour les poser sur ce qui semble représenter des rues, des places, des bâtiments.
Tous ces traits, ces dessins, sont les représentations de ce que nos mains ont reconstruit après la guerre. Tout ce travail, ces efforts. Autant de gâchis. Aucun de nous ne pardonnera jamais le vol dont nous avons été victimes. Vol qui nous réduit à vivre aujourd'hui dans ces galeries autrefois peuplées d'ogres. Regarde bien ces traits et tâche de les retenir car nombre sont morts pour permettre d'ériger une telle ville. Symbole d'une égalité violée et d'une justice de gros sous. Corrompue et rongée comme un vieux trognon de pomme rempli de vers. Et c'est bien ce symbole de cette si grandiose alliance que notre grand projet mettra à bas.
Le jeune homme écoute une fois de plus cette amertume déversée par celui qui sculpta hors d'un enfant ce qu'il est aujourd'hui. Devenu un mentor, presque un ami, il fait bouillir par ses paroles la haine profonde qui marque son cœur pour ce monde qui fit de lui un orphelin.
Un homme vêtu de noir et masqué de rouge surgit alors dans la cabine avec un air embarrassé.
Patron, un groupe de personnes a pénétré dans les mines, on pensait pouvoir les retenir mais rien n'y fait ils sont nombreux.
Bon sang et où sont-ils à présent ?
L'homme n'a pas le temps de répondre que dehors retentit une explosion assourdissante.
Dites à Smith de les écraser s'il parviennent au quais.
Bien chef.
Le subordonné disparaît alors que deux autres entrent dans la cabine. Un prend directement la parole.
Ils ont fait sauter la porte blindée avec un de nos propres canons. Nous pensons qu'ils viennent pour toi.
D'accord, un peu d'animation envoyée par Roidemantel pour nous divertir un peu. Restez ici avec moi pour me protéger.
Oui, patron.
Les deux personnes se placent de part et d'autre de la porte, prêtes à frapper tandis que le Caïd se tourne vers sont protégé avec un air fier trahissant sa tension. Il toise le jeune homme un instant puis baisse les yeux.
Ton père est mort en travaillant pour moi et je ne v...
Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que l'élève s'est déjà armé, il se tient droit, près à se battre et son regard ne laisse rien paraître si ce n'est qu'une envie pressante d'en découdre. Vancleef rit légèrement à la vue du garçon qui revêt la réplique de sa propre armure puis parle calmement.
On dirait presque un vrai. Mais il te manque quelque chose.
Le garçon s'examine puis retourne un regard interrogateur vers le brigand en face de lui.
Ton masque.
Le jeune pâlit, cherchant désespérément après son étoffe rouge qu'il ne trouve pas.
Je... je ne l'ai pas.
Alors tu ne te battras pas.
Mais je veux t'aider, je suis prêt !
Tu m'aideras... mais en attendant, cache toi et ne sors que quand je t'appellerai.
Le vieux s'approche, se penche à l'oreille et murmure une phrase unique à l'oreille de la petite racaille. Lui, ne répond rien et se contente de rapidement rouler la carte sur le bureau, de la fourrer dans son plastron avant d'ouvrir une trappe dans le plancher avant de s'y glisser.
N'oublies pas ce que je t'ai dis.
L'apprenti acquiesce et disparaît en refermant l'entrée de la cache. Edwin pousse du pied un tapis, recouvrant la trappe. Il se retourne ensuite et plisse les yeux comme s'il s'attendait à quelque chose.
Deux hommes entrent soudainement dans la pièce. Un d'eux crie.
Smith est mort, ils l'ont mis en pièces, il arrivent !
Le Caïd Défias reste de marbre, il tente de prendre la parole mais la porte de la cabine saute dans un éclair de feu. La fumée qui remplit la pièce coule lentement sur le sol alors que le mentor se tient toujours debout. Il ouvre la bouche enfin.
Approchez, chiens ! Mais sachez une chose ! La confrérie vaincra quoi que vous fassiez ! Car notre cause est juste !
Sous le plancher, peu de choses sont perceptibles, les bruits des nombreux pas, le choc des armes, les cris, la douleur et la rage d'un homme qui vécu dans la colère. Après un long moment de chaos, le silence. Les pas reprennent mais ils sont calmes à présent, l'élève sourit d'avance, attendant qu'on l'appelle par son nom. Pas de bruit, un calme plat règne dans la pièce alors qu'un fin filet de sang s'écoule à travers les planches fermant la cache.
La peur le prend, il pousse pour sortir mais quelque chose repose sur la trappe. Après un effort certain, il parvient enfin à sortir de son trou pour découvrir les lieux qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt dans une nouvelle version. Celle du bois roussi par les flammes et des meubles brisés dans l'affrontement. Il distingue dans la fumée restée tenace quatre masses aux sols. Il s'agit des quatre gardes du corps qui servaient son maître.
Ses tripes se tordent sous la peur et il redoute presque de se retourner pour savoir ce qui pesait sur l'entrée de la cache. Il ferme les yeux et pivote sur lui même. La petite frappe baisse la tête et finit par ouvrir ses paupières, fixant le corps de son mentor. Il s'approche alors lentement d'un air perdu, ne sachant pas quoi faire réellement hormis s'agenouiller à coté de la dépouille décapitée. Ne reste du grand homme que son foulard rouge baignant dans une marre de sang.
Son visage se tord alors dans une moue triste et haineuse, son sang bouillonne, ses yeux s'embrasent d'une rage affamée de vengeance. Son regard se durcit finalement cadenassant ses émotions dans une indifférence qu'on lui a apprit à revêtir. Le jeune homme ramasse le foulard et sort de la pièce poings et dents serrés.
Il perçoit vaguement le paysage d'un carnage. Il ne fait pas réellement attention au spectacle qui l'entoure et se souvient des mots murmurés à son oreille. Les derniers mots qui lui semblent à présent si remplis de sens. Ses mains tremblantes s'emparent du tissu rouge encore taché du sang de son ami, de son mentor. Il le noue sur son visage et prend la direction de la sortie des mines. Dans sa tête, une voix résonne.
Le crépuscule d'un homme voit naitre l'aube d'un autre, Oracio.
Dans un tonnerre d'acclamations, l'homme masqué de rouge se retire. Celui que nous nommerons Edwin, victime d'un monde corrompu et ingrat, regagne ses quartiers alors que tous s'activent sur ce qu'ils appellent "Le grand projet". Le bois, le métal, les odeurs de peinture fraiche et de poudre. Les travaux avancent et tous se réjouissent devant la fin imminente des préparatifs.
Le caïd entre dans sa cabine et se laisse tomber sur son lit grinçant, s'enfonçant sans peine dans un matelas rudimentaire, simple sac de toile bourré de paille. Dans le coin de la pièce, un jeune homme semble hypnotisé par une large feuille de papier déroulée sur un bureau.
Alors... petit malfrat. Encore en train d'étudier ce fichu plan ?
Tu crois qu'il viendra ?
De quoi ?
Ce jour que tu promet.
Le mentor se redresse lentement et parcourt les quelques mètres qui le séparent de son apprenti, Il pose chacune de ses mains gantées sur les épaules du jeune homme.
Pense-tu réellement que j'oserais manquer à ma parole ?
… euh non, non.
Tu étais jeune à l'époque mais je refuse de croire que nous avons fait tout cela sans recevoir ce qui nous était du. Je ne te répéterai pas une nouvelle fois les faits ni les circonstances de la mort de ton père. Nous avions un accord et ils n'ont pas tenu paroles. Alors faute de l'avoir honnêtement... nous leur prendrons de force et avec quelques intérêts de surcroit. Ils nous doivent au moins ça. Eux qui ne voulaient pas nous donner leur or, nous allons maintenant leur prendre leur sang. Il ne s'agit pas de paiement mais d'une vengeance, une vendetta dont la noblesse pourrie de ce royaume ne se remettra jamais.
Sans rien ajouter l'homme masqué retire ses mains pour les poser sur ce qui semble représenter des rues, des places, des bâtiments.
Tous ces traits, ces dessins, sont les représentations de ce que nos mains ont reconstruit après la guerre. Tout ce travail, ces efforts. Autant de gâchis. Aucun de nous ne pardonnera jamais le vol dont nous avons été victimes. Vol qui nous réduit à vivre aujourd'hui dans ces galeries autrefois peuplées d'ogres. Regarde bien ces traits et tâche de les retenir car nombre sont morts pour permettre d'ériger une telle ville. Symbole d'une égalité violée et d'une justice de gros sous. Corrompue et rongée comme un vieux trognon de pomme rempli de vers. Et c'est bien ce symbole de cette si grandiose alliance que notre grand projet mettra à bas.
Le jeune homme écoute une fois de plus cette amertume déversée par celui qui sculpta hors d'un enfant ce qu'il est aujourd'hui. Devenu un mentor, presque un ami, il fait bouillir par ses paroles la haine profonde qui marque son cœur pour ce monde qui fit de lui un orphelin.
Un homme vêtu de noir et masqué de rouge surgit alors dans la cabine avec un air embarrassé.
Patron, un groupe de personnes a pénétré dans les mines, on pensait pouvoir les retenir mais rien n'y fait ils sont nombreux.
Bon sang et où sont-ils à présent ?
L'homme n'a pas le temps de répondre que dehors retentit une explosion assourdissante.
Dites à Smith de les écraser s'il parviennent au quais.
Bien chef.
Le subordonné disparaît alors que deux autres entrent dans la cabine. Un prend directement la parole.
Ils ont fait sauter la porte blindée avec un de nos propres canons. Nous pensons qu'ils viennent pour toi.
D'accord, un peu d'animation envoyée par Roidemantel pour nous divertir un peu. Restez ici avec moi pour me protéger.
Oui, patron.
Les deux personnes se placent de part et d'autre de la porte, prêtes à frapper tandis que le Caïd se tourne vers sont protégé avec un air fier trahissant sa tension. Il toise le jeune homme un instant puis baisse les yeux.
Ton père est mort en travaillant pour moi et je ne v...
Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que l'élève s'est déjà armé, il se tient droit, près à se battre et son regard ne laisse rien paraître si ce n'est qu'une envie pressante d'en découdre. Vancleef rit légèrement à la vue du garçon qui revêt la réplique de sa propre armure puis parle calmement.
On dirait presque un vrai. Mais il te manque quelque chose.
Le garçon s'examine puis retourne un regard interrogateur vers le brigand en face de lui.
Ton masque.
Le jeune pâlit, cherchant désespérément après son étoffe rouge qu'il ne trouve pas.
Je... je ne l'ai pas.
Alors tu ne te battras pas.
Mais je veux t'aider, je suis prêt !
Tu m'aideras... mais en attendant, cache toi et ne sors que quand je t'appellerai.
Le vieux s'approche, se penche à l'oreille et murmure une phrase unique à l'oreille de la petite racaille. Lui, ne répond rien et se contente de rapidement rouler la carte sur le bureau, de la fourrer dans son plastron avant d'ouvrir une trappe dans le plancher avant de s'y glisser.
N'oublies pas ce que je t'ai dis.
L'apprenti acquiesce et disparaît en refermant l'entrée de la cache. Edwin pousse du pied un tapis, recouvrant la trappe. Il se retourne ensuite et plisse les yeux comme s'il s'attendait à quelque chose.
Deux hommes entrent soudainement dans la pièce. Un d'eux crie.
Smith est mort, ils l'ont mis en pièces, il arrivent !
Le Caïd Défias reste de marbre, il tente de prendre la parole mais la porte de la cabine saute dans un éclair de feu. La fumée qui remplit la pièce coule lentement sur le sol alors que le mentor se tient toujours debout. Il ouvre la bouche enfin.
Approchez, chiens ! Mais sachez une chose ! La confrérie vaincra quoi que vous fassiez ! Car notre cause est juste !
Sous le plancher, peu de choses sont perceptibles, les bruits des nombreux pas, le choc des armes, les cris, la douleur et la rage d'un homme qui vécu dans la colère. Après un long moment de chaos, le silence. Les pas reprennent mais ils sont calmes à présent, l'élève sourit d'avance, attendant qu'on l'appelle par son nom. Pas de bruit, un calme plat règne dans la pièce alors qu'un fin filet de sang s'écoule à travers les planches fermant la cache.
La peur le prend, il pousse pour sortir mais quelque chose repose sur la trappe. Après un effort certain, il parvient enfin à sortir de son trou pour découvrir les lieux qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt dans une nouvelle version. Celle du bois roussi par les flammes et des meubles brisés dans l'affrontement. Il distingue dans la fumée restée tenace quatre masses aux sols. Il s'agit des quatre gardes du corps qui servaient son maître.
Ses tripes se tordent sous la peur et il redoute presque de se retourner pour savoir ce qui pesait sur l'entrée de la cache. Il ferme les yeux et pivote sur lui même. La petite frappe baisse la tête et finit par ouvrir ses paupières, fixant le corps de son mentor. Il s'approche alors lentement d'un air perdu, ne sachant pas quoi faire réellement hormis s'agenouiller à coté de la dépouille décapitée. Ne reste du grand homme que son foulard rouge baignant dans une marre de sang.
Son visage se tord alors dans une moue triste et haineuse, son sang bouillonne, ses yeux s'embrasent d'une rage affamée de vengeance. Son regard se durcit finalement cadenassant ses émotions dans une indifférence qu'on lui a apprit à revêtir. Le jeune homme ramasse le foulard et sort de la pièce poings et dents serrés.
Il perçoit vaguement le paysage d'un carnage. Il ne fait pas réellement attention au spectacle qui l'entoure et se souvient des mots murmurés à son oreille. Les derniers mots qui lui semblent à présent si remplis de sens. Ses mains tremblantes s'emparent du tissu rouge encore taché du sang de son ami, de son mentor. Il le noue sur son visage et prend la direction de la sortie des mines. Dans sa tête, une voix résonne.
Le crépuscule d'un homme voit naitre l'aube d'un autre, Oracio.
Oracio Caldéri- Personnages Joués : Sanguine
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