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Message  Néadhora Mer 11 Nov 2009, 10:56

[Je vous propose ici un mini-roman qui s'apparente un peu à la biographie de ma personnage. Soyez prévenus d'avance que c'est long (compter 11 chapitres comme celui là). Théoriquement, c'est lisible, j'ai essayé de corriger le maximum de fautes d'orthographe (mais comme vous l'avez sans doute remarqué, ce n'est pas mon fort, même si je fais des efforts...). Je posterai un chapitre par jour.

EDIT : N'hésitez pas a me laisser des commentaires, je suis en train de réécrire certains chapitres, modifier d'autres etc. Ça m'aidera]




Chapitre 1 : La rencontre

La lumière étincelante des chandelles, disposées un peu partout faisait presque oublier l'obscurité de la nuit. Un banquet, comme il y en avait tant à Lune d'Argent. La pièce étaient ornée sur tous les murs de teintures finement brodées et de tableaux. Les hôtes discutaient bruyamment, riaient, se querellaient et se gavaient de différents hors-d'œuvres qui abondaient sur les grandes tables. Un elfe au fond de l'imposant rez-de-chaussée, discutait avec trois autres personnes. Il se tourna vers le reste de la salle en agitant du bras en direction du groupe d'officiers des forestiers. C'était visiblement leur chef.

-Tiens, venez-là Elenaar. Il faut que je vous présente quelqu'un, lança-t-il.
-Bien sûr, général.

L'elfe qui avait répondu était d'âge moyen, les cheveux longs, châtains et tressés. Il était de stature moyenne, un type banal, en somme.

-Vous avez encore du mal à vous détendre et profiter de cette splendide réception ?
-C'est que je ne suis pas friand des soirées, ces temps-ci, vous savez...
-Allons, cela va faire presque 7 ans, Elenaar... Il serait temps de faire le deuil.
-Si c'était aussi simple, général, se lamenta l'homme, avec une expression de mélancolie au fond du regard.
-Allons, prenez donc un verre et changez-vous les idées, il faut que je vous présente quelqu'un.

L'elfe joignit les gestes à la parole et en proposa un à Elenaar qui semblait hésiter à accepter. Davantage pour ne pas froisser son supérieur que par conviction, il la saisit puis prit une gorgée.

-Allez, venez... Vous connaissez Dendris Aubétoile ?
-Hum... Non, général.
-C'est lui qui donne cette superbe réception.
-Oh...

Les deux forestiers se frayèrent un chemin à travers la foule de convives puis se trouvèrent face à un imposant escalier décoré à la manière du reste de la salle : les rambardes nacrées d'or, un tapis d'un bleu profond. Elenaar sembla hésiter un instant à l'emprunter, en regardant ses bottes puis suivi son général. Tous deux débouchèrent sur une salle encore plus richement ornée à l'etage.

-C'est une des familles les plus nobles de la ville, vous savez. Ils donnent souvent des réceptions et des bals comme celui-ci.
-Je ne me sens pas vraiment à l'aise, dans ce genre d'endroit...
-Allons bon. Enfin je dois vous expliquer une petite chose avant que l'on n'aille le rencontrer.
-Ah ?
-Oui, il faut absolument éviter un sujet de conversation, avec lui.
-Lequel ?
-Les enfants, ou tout ce qui attrait aux héritiers.
-Pardon ?
-Il parait qu'il a quelques soucis à ce niveau là...
-Il n'arrive pas à concevoir un héritier ?
-Il n'arrive pas tout court...
-Oh...

Le général toussota un instant, gêné puis reprit.

-Il parait que c'est une malédiction... m'enfin...
-Ou peut-être est-ce simplement qu'il n'aime pas sa femme...
-En parlant de sa femme...

Le général fit un signe de la main puis une elfe s'approcha. Il fit une courbette puis lui baisa la main.

-Mes respects, Dame Aubétoile.
-Fyra, vous pouvez m'appeler Fyra, répondit-elle en souriant. Et qui est votre charmant ami à vos côtés ?

Le "charmant ami" en question était resté bouche bée devant la quel'dorei. Fyra Aubétoile avait effectivement un charme certain : un visage fin, des formes plutôt généreuse, une chevelure rousse coiffée par un grand bandeau bleu incrusté de diverses gemmes, une robe dont le prix aurait fait frémir n'importe quel nain et divers bijoux.

-Oh, c'est Elenaar Chantesoleil, l'un de mes officiers.
-En... Enchanté, balbutia-t-il.
-De même, répondit-elle, toujours souriante. Vous cherchez Dendris ?
-Exact, annonça le général. Nous voulions le remercier d'avoir invité notre contingent à cette réception.
-Venez, fit-elle en prenant la tête.

Les deux forestiers suivirent Fyra, traversant la vaste salle. Elenaar, qui devenait aussi rouge qu'une tomate termina son verre d'une traite puis en reprit un à un serveur qui passait par là.

-Dendris ? Tu as des invités qui veulent te parler, annonça-t-elle sèchement.
-Oh, je vous écoute, messieurs.
-Oh, ce n'est rien, répondit le Général. Nous voulions simplement vous remercier de votre invitation en mon nom et celui de mes hommes.
-Ce n'est rien, ce n'est rien. Une simple petite chose pour vous remercier de nous protéger de ces vils trolls. Vous accomplissez tous les jours des sacrifices...
-Ce sont hélas les désagréments du métier... Les pertes font partie des règles de la gu...

Le bruit du verre qui se brise en tombant par terre. Mais le verre n'était pas à terre. Il était encore dans la main ensanglantée d'Elenaar, qui l'avait broyé en le serrant, visiblement en proie à une lutte interne pour garder son sang froid.

-Excusez-le, fit le général. Il a perdu sa femme voici quelques années dans une embuscade des trolls. La douleur est encore vive...
-Un accident tragique... Toutes mes condoléances. Puis-je vous offrir un autre verre ?

Elenaar tourna le dos sans répondre puis repartit vers le rez-de-chaussée. Fyra jeta un regard plein de reproches à son mari puis le suivit en bas tandis que les deux hommes restants reprirent leur conversation sur les trolls.

Elenaar s'était assis sur les marches, à l'extérieur de la maison, contemplant les jardins éclairés par les faibles lueurs de la lune. Fyra s'assit à côté de lui, une coupe d'alcool à la main puis prit une gorgée, ne disant mot. Tous deux demeurèrent silencieux quelques minutes.

-Je suis désolée pour votre femme...
-Cela fait 7 ans, déjà.
-Vous l'aimiez, cela ne fait aucun doute.

Il fixa le sol un instant, essuyant la larme qui perlait le long de son visage. Fyra lui tendit une coupe de vin dont il se saisit. Elle laissa échapper un long soupire.

-Qu'avez vous, Dame ?
-Rien, fit-elle. Je me disais juste que ma vie aurait pu être différente...
-Pardon ? répondit-il, interloqué.
-Je n'aime pas mon mari. Il n'est pas assez sensible... trop superficiel, murmura-t-elle en s'assurant que personne d'autre ne pourrait entendre.
-Pourquoi l'avoir épousé, alors ?

L'elfe ricana un instant.

-La pression familiale, continua-t-elle. Vous savez, quand on nait avec un titre, la famille a déjà prévu qui vous allez épousé avant même que vous ne sachiez parler.
-C'est triste.
-Oui.
-Et votre mari vous aime-t-il ?
-Je n'en sais rien. Il ne voit en moi qu'un moyen d'avoir un héritier.
-Et l'héritier ne vient pas...
-En fait... Nous n'avons jamais... Enfin, nous faisons chambre à part. La simple perspective qu'il me touche me répugne au plus haut point.
-Je comprends.
-Maintenant, le seul fait d'aborder le sujet d'un héritier dans la conversation suffit à le faire sortir de ses galons. Je suis une magistrice, pas une simple fille à engrosser, mince à la fin !
-Pourquoi ne pas le quitter ?

Elle éclata de rire. Un rire jaune, même.

-Si seulement c'était aussi simple. je ne peux pas renier mon milieu aussi aisément... Tout comme vous ne pouvez oublier votre femme.
-Certes...

Il continuèrent de discuter plusieurs heures durant, puis lorsque la fête toucha à sa fin, que les invités bien imbibés avaient rejoint leurs chambres d'hôtes ou un coin de la salle où dormir à défaut de pouvoir monter les marches, ils allèrent vers la suite de Fyra.

Après avoir verrouillé la porte pour signifier qu'ils ne souhaitaient pas être dérangés, ils rejoignirent la chambre. Le bruissement des draps et des respirations entrecoupées fit place, à l'aube, à l'image de deux amants paisiblement endormis, blottis l'un contre l'autre, comme trahison de leurs ébats passionnés de la veille.

Mais cette soirée ne resterait pas sans conséquences...
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Message  Néadhora Sam 14 Nov 2009, 11:20

Chapitre 2 : Un imprévu

Le soleil était déjà haut dans le ciel, et une belle matinée ensoleillée s'annonçait dans le Bois des Chants éternels. Les splendides jardins du domaine des Aubétoile étaient caressés par une légère brise matinale et fraîche.

-Dame Aubétoile ? Ça ne va pas ?

La servante se tenait là, hésitante. Devant elle se trouvait Fyra Aubétoile, accoudée contre une colonne du jardin, à côté d'un arbre.

-Je... je crois, oui... C'est...

Elle stoppa net, prise de nausée.

-Je vais nettoyer cela, laissez, fit la servante. Vous avez dû prendre froid et attraper mal.
-C'est certain, répondit Fyra qui tentait de reprendre une allure convenable.

Pourtant, elle savait bien que cela n'avait rien à voir avec une quelconque maladie. Cela faisait quelques semaines, déjà, depuis la soirée où elle avait rencontré Elenaar. Elle se souvenait encore de son réveil au petit matin, blottie contre son amant. Elle souriait, et pour la première fois depuis son mariage, elle se sentait bien.

Mais ce signe du destin changeait grandement la donne. Elle ne savait pas comment réagir. À la fois heureuse et paniquée à l'idée que la nouvelle se répande. Comment préserver les apparences ? Comment faire en sorte que son mari ne se doute de rien ? Comment ferait-elle pour l'élever ?

Les questions fusaient dans sa tête tandis que la servante l'observait, l'air intriguée. Fyra n'avait pas remarqué que pendant qu'elle se posait toutes ses questions, un sourire béat s'était dessiné sur son visage.

-Peux-tu aller me chercher une étoffe et un verre de vin, s'il te plait, demanda-t-elle.
-Bien sur Madame, répondit la servante avant de se précipiter vers le manoir.

Fyra restait là, pensive. La servante revint rapidement avec une étoffe un verre de vin.

-Merci, dit Fyra en prenant l'étoffe avant de s'essuyer.
-Ce n'est rien Madame, répondit la servante, n'osant pas poser une question qui lui brûlait les lèvres.
-Qu'y-a-t-il ?
-Je... Je me demandais si... ce sera un garçon, avoua-t-elle en rougissant.

Fyra resta bouche bée quelques instants, choquée d'avoir été percée à jour aussi rapidement.

-De quoi parles-tu ?
-Il est rare de voir une femme vomir puis rester avec une sourire sur le visage, comme sur un nuage, vous savez... Cela n'arrive que dans une situation précise.
-Je suppose...
-Mais vous devriez vous réjouir ! Souhaitez-vous que j'aille quérir Messire Aubétoile, demanda-t-elle. Il sera heureux d'apprendre qu'après tout ce temps il...
-Non, surtout pas, coupa Fyra.
-Mais... Oh.
-Il ne doit rien savoir de cela. Rien, je te l'interdis. Tout cela dois rester secret. Tu sais garder un secret, n'est-ce pas ?
-Oui, Madame.
-Bien.

Le soir venu, une silhouette encapuchonnée sortit furtivement du domaine. Elle se faufila jusqu'aux écuries puis monta un faucon-pérégrin. Après quelques instants, la monture et son cavalier s'étaient enfoncés dans les bois.

Une heure plus tard, dans une garnison de forestiers proche de la frontière trolle...

-Messire Chantesoleil, demanda un des forestiers.
-Qu'y a-t-il ?
-Une dame souhaite vous parler, continua-t-il. Elle vient d'arriver au camp. J'étais en train de monter la garde, quand elle m'a demandé d'aller venir vous chercher.
-Bien, ne la faisons pas attendre, répondit Elenaar.

Les deux forestiers allèrent à la rencontre de la mystérieuse inconnue, continuant de discuter en chemin.

-Elle t'a dit ce qu'elle voulait, demanda Elenaar.
-Non, elle a juste dit qu'elle avait fait du chemin, qu'elle voulait vous parler, et que c'était urgent.
-Mmh... Et à quoi ressemblait-elle ?
-Et bien... Elle portait une robe qui doit représenter plusieurs mois de salaires, rousse, un bandeau dans les cheveux et...
-Fyra, dit-il en regardant en direction de la jeune femme surveillée par deux gardes.
-Bonsoir, fit-elle, souriante.
-Laissez-là passer, ordonna Elenaar. Je m'en occupe.

Les gardes s'exécutèrent puis la laissèrent passer. Elenaar hésita sur la façon de la saluer devant les autres, puis opta pour un baise-main.

-Que me vaut l'honneur de votre visite, ma Dame ?
-Je dois vous entretenir en privé, rétorqua-t-elle, toujours souriante.
-Bien, suivez-moi, alors, répondit Elenaar.

Tous deux partirent en direction des loges des officiers tandis que les gardes reprirent leur postes, sans doute un peu déçus de ne pas avoir pu satisfaire leur curiosité.

Peu après, ils étaient dans la loge des officiers.

-Bien, que voulais-tu me dire, demanda l'officier en baissant la voix.
-Elenaar... Je suis enceinte, répondit-elle.

Un silence glacial s'établit. Après quelques secondes, Elenaar prit la parole, se voulant rassurant.

-Mais c'est fantastique !
-Ne sois pas idiot, rétorqua Fyra.
-Non, je suis sérieux.
-Qu'allons-nous faire ?
-Partir tous les deux, annonça Elenaar fièrement.
-Ne dis pas de sottises...
-Bon... Quitter ton mari ?
-Ma famille ne supportera jamais que je le quitte pour... un roturier. Aussi gradé fut-il.
-Au diable ta famille ! Cet enfant est une chance unique !
-Je ne peux pas. Je suis magistrice, j'ai des responsabilités autres que ma vie sentimentale, répondit-elle en sanglotant.
-Fyra... Pourquoi devrais-tu rester avec quelqu'un que tu n'aimes pas ? Ce n'est pas ta famille qui commande ta vie !
-Je ne peux pas...

Fyra était en sanglots. Elle ne voulait pas abandonner son enfant, ni quitter son milieu. Pourtant les deux ne pourraient pas aller ensemble. Elenaar cherchait à l'aider, élaborant rapidement des idées dans sa tête. Après quelques minutes, un lourd silence se fit. C'est Fyra qui le brisa.

-Je pourrais... Faire croire à Dendris que c'est son enfant.
-Il ne t'a jamais touché, tu as dit, répondit Elenaar.
-Je pourrais faire un effort dès ce soir...

Il lui lança un regard hautement désapprobateur en guise de réponse.

-S'il sait compter, il verra qu'il y a anguille sous roche, fit-il, très calmement.
-Tu as mieux à proposer, demanda-t-elle, en l'implorant du regard.
-Je suis désolé, Fyra... Tu vas devoir faire un choix très difficile. Mais je ne peux pas le faire à ta place, annonça-t-il avec un air sinistre.
-Aide-moi, je t'en supplie, sanglota Fyra.

Il s'approcha et l'enlaça avec tendresse avant de lui murmurer à l'oreille.

-Je t'aime et tu le sais. Si je le pouvais, je le ferai.
-Je ne peux pas...
-Il le faut.

Ils continuèrent à discuter presque toute la nuit. À l'aube, Fyra repartit vers son domaine sur sa monture, tandis qu'Elenaar resta plusieurs heures à contempler tristement le bois. Elle avait fait son choix, et ce n'était pas celui qu'il aurait espéré.
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Message  Néadhora Dim 15 Nov 2009, 18:24

[Ce chapitre est sans doute le plus raté de tous. Je voulais le réécrire, mais avec le boulot qui arrive, je doute d'avoir le temps. Donc je vous le mets.]


Chapitre 3 : Une naissance

Les vagues colossales venaient se fracasser sur le rivage. Le ponton était déjà détruit par la fureur des éléments. La tempête frappait avec violence la petite bourgade d'Austrivage. Pourtant, dans les remous du vent de l'océan déchainé, on pouvait entendre des voix dans l'une des petites maisons.

-Poussez !

La femme qui avait parlé était une humaine, âgée d'environ quarante ans, la peau déjà ridée par une vie de labeur dans les champs et la dureté d'une vie à la campagne. Autour d'elle s'affairaient encore deux personnes. Le centre de leur attention n'était autre que Fyra, en train d'accoucher. La jeune femme semblait à bout de souffle et les souvenirs s'enchainaient dans sa tête.


* * *

-Où vas-tu ?
-J'ai une mission très importante à faire à Dalaran. Je serai de retour d'ici quelques mois, s'écria Fyra.
-Quelques mois, répondit Dendris, interloqué.
-Bien sûr. J'ai été chargée d'instruire une classe aux arts de la magie.
-Et tu ne peux pas utiliser ta magie pour te téléporter ici ?
-Je t'ai déjà dit, tout ça... Arrêtes de faire comme si tu ne savais pas.
-Bien. Je suppose que je ne te ferai pas changer d'avis. Obstinée, vas, annonça-t-il en soupirant

Fyra lui fit un sourire et pour la première fois depuis son mariage embrassa Dendris. Ce dernier paru définitivement surpris des agissements de sa femme.

-Ne t'en fais pas, tu ne regretteras pas mon retour, dans quelques mois, lui murmura-t-elle à l'oreille.

Toujours surpris, le visage de Dendris devint aussi rouge qu'une pivoine.

-Je.. Je... oui, je t'attendrais impatiemment, balbutia-t-il.
-Je n'en doute pas, s'écria-t-elle avec un clin d'œil.
-Madame, vos affaires sont prêtes, il faudrait que nous partions tout de suite, si nous voulons arriver avant la nuit, fit la servante qui les avait rejoints.
-Bien.

Les deux dames s'inclinèrent puis partirent vers le fiacre, tandis que Dendris essayait de reprendre une couleur normale. Il les regarda disparaître au loin dans les bois puis retourna vers le manoir.

-Madame, sauf mon respect, je trouve que mentir de la sorte à Messire votre mari est particulièrement cruel de votre part, fit la servante.
-L'avoir comme mari est bien plus cruel, croyez-moi. Certains mariages d'argent se font sans problème. Chacun des deux conjoints vit sa vie.
-Et ce n'est pas votre cas ?
-Non. Dendris appartient à la classe de ceux qui considèrent que ceux qui ont payé ont tous les droits. Je ne suis pas une prostituée.
-Je comprends, Madame. Toutes mes excuses.


* * *

-Allez-y encore ! Je vois sa tête, annonça la sage-femme.
-Courage Fyra, continua Elenaar.
-Madame, vous y êtes presque, renchérit la servante.

Fyra hurlait de toutes ses forces tandis qu'elle faisait son possible pour mettre son enfant au monde, mais les paroles qu'elle entendait autour d'elle étaient comme lointaines. Elle se remémorait les moments passés a Dalaran, la vie simple qu'elle avait mené depuis qu'elle avait quitté Quel'Thalas. peut-être était-ce finalement plus simple de tourner le dos à son milieu et de fuir. Mais c'était trop tard, la décision avait déjà été prise et tout avait été planifié.

-Allez y, poussez une dernière fois, fit la sage-femme.

Un hurlement d'efforts mêlé de douleurs se fit entendre malgré le vacarme de la tempête qui grondait dehors. L'instant suivant, on entendit un petit pleurs aigu.

-C'est une fille, annonça la sage-femme. Un peu maigrichonne, mais elle a l'air en parfaite santé.
-Une... fille, fit Fyra, exténuée.
-Il va falloir lui trouver un nom, répondit Elenaar, dont les larmes avaient déjà perlé le long des joues.
-Néadhora, répondit-elle.
-C'est un joli nom.

La sage femme coupa le cordon puis lui apporta l'enfant tandis qu'elle laissa la mère reprendre son souffle. Il la prit dans ses bras et regarda la petite mèche rousse qu'elle avait déjà.

-Et bien, Néadhora Chantesoleil, tu es le portrait craché de ta mère. Bienvenue parmi nous, dit-il en riant tandis que la petite ne cessait de pleurer.

Lorsqu'il la mit dans les bras de sa mère, les pleurs cessèrent subitement, comme apaisée. La sage-femme et la servante sortirent toutes deux de la pièce, laissant les deux parents seuls. Après une quinzaine de minutes, Elenaar sortit à son tour. Il fixa quelques instant la lueur des faibles bougies qui éclairaient le petite maisonnée, puis finit par rompre le silence.

-Nous partirons quand la tempête sera calmée, annonça-t-il.
-Déjà ? Ce n'est pas raisonnable pour le petite, répondit la servante.
-Ne vous en faites pas, j'ai une de mes subalternes qui a eu un enfant il y a peu. Elle pourra s'en occuper.
-Pas tant qu'elle sera pas sevrée, fit la sage-femme.
-Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre, coupa-t-il sèchement.
-Au moins attendre quelques semaines, que la mère et la fille se remettent, s'écria la servante.

Elenaar semblait réfléchir, l'air sombre. Après quelques minutes, il reprit.

-Deux semaines. Pas une de plus. Je reviendrai peu avant, puis nous partirons vers Quel'Thalas.
-Bien, répondit la servante.
-Nous ferons le voyage ensemble jusqu'à la croisée de Corin, puis on se sépareras lors du croisement entre la route de Stratholme et celle de Quel'Thalas. Fyra demandera à Dendris de l'attendre à Stratholme.
-Pour quelle raison ?
-Elle en trouvera une, répondit-il. Pendant ce temps, j'irai avec la petite en Quel'Thalas, comme convenu... Mon fils ainé pourra s'occuper d'elle pour que je rentre à la garnison sans éveiller les soupçons.

Il regarda le volet clos de la fenêtre, une expression sinistre sur le visage tandis que les trombes d'eaux qui se déversaient depuis le ciel déchaîné faisaient un vacarme assourdissant.

Lorsque la tempête se calma, à l'aube, Elenaar enfourcha sa monture et partit. Fyra et sa servante rédigèrent une lettre à l'attention de son mari pour l'inviter à la rejoindre à Stratholme deux semaines plus tard. Elle prépara plusieurs objets à remettre à sa fille, pour lui tenir compagnie et montrer qu'elle n'a jamais vraiment voulu l'abandonner : son bandeau, bleu incrusté de divers diamants, un épais grimoire, où elle inscrivit des recettes d'alchimie et quelques incantations, ainsi qu'un pendentif, constitué d'une chaine longue et fine en argent, et d'une petite améthyste sur laquelle étaient gravée une rune.

Ces trois présents seraient tout ce que conserverait Néadhora de sa mère.
Néadhora
Néadhora


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Message  Néadhora Dim 15 Nov 2009, 23:50

Chapitre 4 : Une enfance banale... Ou presque

Le soleil était déjà haut dans le ciel. Le vent frais soufflait doucement dans le feuillage des arbres, le bois comme toujours bercé par l'éternel printemps de Quel'Thalas. Les elfes avaient ensorcelés le bois des chants éternels il y a longtemps pour bénéficier constamment de cette période de l'année, et faire une démonstration de leur emprise sur la nature.

-Freyir ! Il va être l'heure, n'oublie pas que nous déjeunons chez les Aubétoile, ce midi !
-Oui, ne t'en fais pas !
-Penses également à t'occuper de ta sœur pour l'habiller, je vais faire un passage rapide à la garnison.
-Ne t'en fais pas, je m'en occupe.

Sur le côté de la maisonnée, un elfe se tenait là, immobile, la flèche encochée à la corde de son arc. Il ne bougeait pas, concentré sur le contrôle de sa respiration pour viser sa cible. A environ 50 pas se trouvait sa cible, un pantin composé de bout de bois et de morceau de paille. Il ferma un instant les yeux, puis on perçoit le bruit de la flèche qui siffle dans l'air puis vient se ficher dans le mannequin.

-Youhouuuu, je l'ai eu, hurla-t-il. T'as vu ça, Néa' ?
-Bravo, grand frère, répondit l'intéressée.
-Tu vas bientôt pouvoir intégrer l'académie des forestiers, fit Elenaar.

L'elfe était monté sur son destrier et regardait son fils avec fierté. Freyir était un elfe âgé d'une cinquantaine d'années, les cheveux longs et châtains, de la même couleur que son père, attachés en queue de cheval. À côté de lui se tenait une fillette coiffée de deux nattes rousses et tressées soigneusement et terminées pas un ruban rose noué. Une frimousse pleine d'innocence, en somme.

-Je reviens vite, j'ai quelques ordres à donner aux soldats en garde, dit Elenaar. Occupes-toi de préparer ta sœur pour ce soir.
-Ne t'en fais pas, je t'ai dit que je m'en occupais, répondit Freyir.
-je peux m'habiller toute seule, je suis grande, fit Néadhora en boudant.

Tous deux la regardèrent en riant.

-Mais oui, tu es grande. Sauf que ce midi, on va pas n'importe où. Il faudra pas mettre n'importe quelle robe, répondit Elenaar.
-Bon, d'accord...
-Tu seras belle comme un cœur, ne t'en fais pas, clôtura-t-il en l'embrassant sur le front. Je reviens vite. Et surveilles ton frère, qu'il ne fasse pas trop de zèle et oublie l'heure, hein.
-Oui, papa, répondit-elle en riant, tandis que son père s'éloignait dans les bois sur sa monture.

Dès qu'Elenaar fut suffisamment loin, Freyir recommença son entrainement à l'arc. Il encocha une flèche et prépara le tir.

-Dis grand frère ?
-Oui ?
-À l'école, tout le monde a une maman. Pourquoi en j'en ai pas, moi ?

L'instant suivant, un son retentit : la flèche avait raté sa cible et s'était fichée dans le mur.

-Manqué.
-Tu sais, hein dis ?
-Ce sont des choses qui arrivent.
-Mais pourquoi moi j'en ai pas ?
-Tu en as une, comme tout le monde. Comme moi aussi. Simplement qu'elle n'est plus là.
-Hein ? Mais alors, où elle est ?

Freyir prit sa demi-sœur par la main puis l'emmena de l'autre côté de la maison, devant une pierre gravée d'inscriptions en thalassien.

-Mais je sais pas lire, protesta Néadhora.
-Ce n'est pas grave, rassura Freyir.
-Il y a écrit quoi dessus ?
-Le nom de ma mère.
-Oh, elle est là, ta maman ?

Il acquiesça d'un petit mouvement de la tête.

-Elle repose ici.
-Elle est fatiguée ?
-Non, non... Elle est morte.
-Et ma maman à moi, elle est morte aussi ?
-Non, la tienne n'a simplement pas pu te garder. Mais c'est juste pour te montrer qu'on peut très bien grandir sans avoir de maman, fit-il en se forçant à faire un sourire réconfortant à sa sœur.
-Tu m'abandonneras pas, toi, hein, dis...
-Je ne t'abandonnerai jamais, Néa, répondit-il avec une voix rassurante. Jamais.

Il resta quelques instants, le regard déterminé, puis se releva et passa sa main sur les cheveux de sa sœur.

-Allez, viens, on va choisir ta robe.
-D'accord.

Tous deux allèrent vers la maison, profitant de la délicate brise de la fin de matinée. Là, ils choisirent une robe pour Néadhora et s'attelèrent à être irréprochables dans leur présentation.

-Ton col il est mal mis, fit Néadhora en sautillant.
-Rhaaa, c'est bon, ça va... J'aime pas les déjeuners avec le gratin.
-Le gratin ?
-Oui, les grandes maisons nobles.
-Pourquoi tu y vas alors ?

Les enfants ont la fâcheuse manie de poser les questions qui irritent. Freyir hésita dans sa réponse. Lui dire que c'était l'occasion pour sa mère de la voir grandir n'était pas une bonne idée. Et puis, ce n'était pas à lui de lui dire. Il fallait attendre qu'elle soit en âge de l'entendre.

-Pour faire plaisir à père. Et puis Madame Aubétoile t'aime bien, tu sais.
-Oui, hihi, elle me fait plein de cadeaux quand je la voit.
-Elle aime beaucoup les enfants.
-Pourquoi elle en a pas, alors ?

La porte claqua. Ce fut la diversion idéale pour Freyir qui évita la question.

-Tiens, tu as entendu, demanda-t-il.
-Oui, papa est rentré, répondit-elle en allant voir vers l'entrée.
-Allez, vite, on va être en retard, s'écria son père, qui s'impatientait déjà.

Tous trois s'enfoncèrent dans les bois en direction du manoir de la famille Aubétoile.
Néadhora
Néadhora


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Message  Néadhora Dim 15 Nov 2009, 23:52

Après une vingtaine de minutes de marche dans le bois, Elenaar et ses enfants se trouvèrent face à l'imposante demeure. Ils avancèrent dans le superbe jardin, voyant le paysagiste s'occuper de tailler quelques arbres pour leur donner une forme élégante.

-Ah, vous voilà enfin, fit Dendris, accompagné de son épouse. Nous allions finir par passer à table sans vous.
-Toutes mes excuses, répondit Elenaar, je devais passer au camp des forestiers pour régler quelques détails... Les trolls se sont assez agressifs ces derniers temps.
-Vous m'en direz tant.

Ils firent les salutations, comme le veut l'usage puis se dirigèrent vers une grande table à l'extérieur du manoir. Là, on leur proposa différents alcools et on les invita à s'assoir : le repas allait commencer.

-Et bien, te voilà devenu un beau jeune homme, Freyir, lança Fyra en souriant.
-Merci, Madame Aubétoile.
-Je t'ai déjà dit de m'appeler Fyra, il me semble.
-Pardonnez moi, Madame Fyra.

Elle soupira un instant. Le « Madame Fyra » était sans doute un peu lourd à son oreille, alors qu'elle cherchait surtout à mettre en confiance.

-Alors, tu vas bientôt suivre les traces de ton père ?
-Oh, oui, je suis inscrit à l'académie, déjà. Dès que j'aurai l'âge de la majorité, je pourrai y entrer, répondit-il.
-Et c'est pour quand ?
-Un an encore.
-Je vois. 59 ans, c'est l'âge où l'on est encore jeune et insouciant. Et toi, Néadhora, ça te fais quel âge, dis moi ?
-13 ans et demi, répondit fièrement l'intéressée.
-Oh, déjà ? Que le temps passe vite, fit-elle.

Elle jeta un petit regard triste à Elenaar, trop occupé à discuter avec Dendris au sujet de la menace trolle pour le remarquer. Freyir le vit, mais ne dit rien.

-Pourquoi vous pleurez, demanda Néa.
-Oh, ce n'est rien, le pollen, répondit Fyra en essuyant rapidement la larme qui perlait sur sa joue. Si vous voulez bien m'excuser...

Elle se leva et sorti de table. Peu après son mari prit la parole, comme s'il voulait éclairer la situation.

-Vous savez, elle adore les enfants.
-Je l'avais déjà remarqué, répondit Freyir.
-Malheureusement, elle ne peut pas en avoir, continua Dendris. Je vais devoir me résigner à changer de femme si je veux un jour avoir un héritier, je crains.
-Je ne comprends pas, fit Elenaar.
-Et bien, nous avons essayé d'en avoir un depuis plus de dix ans. Il semblerait que la pauvre fille ne puisse pas donner la vie.

Elenaar et son fils froncèrent les sourcils, s'adressant un regard en coin. Ce fut Néadhora, qui ne semblait pas tout comprendre qui poursuivit.

-Pourquoi elle peut pas avoir d'enfant Fyra ?
-Et bien, cela arrive parfois, répondit Dendris. Cela me chagrine le premier. Fyra est une très jolie femme, mais malheureusement, j'ai besoin d'un héritier.
-Que voulez-vous dire, demanda Elenaar.
-Je suis en train de recevoir différentes mères potentielles. Elle se contenteront de mettre au monde mon héritier. Et nous pourrons continuer de l'élever avec Fyra.
-Je vois.
-Ce n'est pas évident, vous savez, trouver une lignée de la même noblesse qu'elle et qui accepte. Ces gens là ne sont pas très sensibles aux propositions d'argent.

Elenaar n'écoutait déjà plus. Il regardait en direction de la chambre de Fyra. Plus de dix ans sans voir d'héritier, sachant qu'elle avait déjà pu enfanter. Peut être le problème venait-il de Dendris. Mais cette hypothèse fut rapidement éliminée l'année suivante, lorsque Dendris eut enfin son héritier grâce aux services d'une baronne dont la famille avait dilapidé le patrimoine.

Ce fut quelques années plus tard qu'il comprit, en feuilletant par hasard le grimoire qu'elle destinait à sa fille une fois qu'elle aurait atteint la majorité. Une potion, qui d'après le descriptif devait être prise quelques heures avant l'acte sexuel. L'effet était une altération de la mémoire et une impossibilité que l'acte aboutisse. Cela lui apparaissait désormais comme une évidence, elle prenait une sorte de drogue pour ne pas avoir à endurer cela. Il arracha la page avec rage, maudissant ce porc de Dendris.
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Message  Néadhora Mar 17 Nov 2009, 10:17

[Attention, chapitre glauque. J'ai joué pas mal sur le sous entendu pour limiter]

Chapitre 5 : La Rupture

Le soleil baissait dans le ciel, et le crépuscule pointait déjà à l'horizon, sur une plage de Quel'Danas. Néadhora était allée avec un groupe d'amies de son académie dans une petite promenade sur l'île pour approcher le Puits Solaire. Elle et ses camarades étaient ensuite allées se baigner dans l'océan. C'est ainsi l'image de trois jeunes elfes barbotant dans l'eau sur un fond de soleil couchant qu'observait attentivement un individu, dissimulé derrière des buissons.

Néadhora avait maintenant 35 ans, ce n'était plus véritablement une enfant, mais pas encore tout à fait une adolescente. Ses formes ne femme n'étaient pas encore réellement développées. Ses petites nattes rousses délicatement tressées lui donnait un air d'innocence toute juvénile.

-Je parie que je nage plus loin que toi, fit l'une des elfes.
-Pfeuh, je parie que je fais mieux, s'écria Néadhora.
-On fait la course, surenchérit la troisième.
-Chiche, répondit Néadhora.

Les trois jeunes elfes s'élancèrent donc à l'assaut des vagues dans le but évident de compétition. Au bouts de quelques minutes, c'était Néadhora qui était en tête, ayant pris une large avance sur les deux autres. L'une d'elle s'arrêta, acceptant la défaite. La seconde l'imita quand elle sentit qu'elle s'était trop éloignée du rivage. Elle cria :

-Néaaaaaaa ! Reviens, c'est bon, tu as gagné !
-Haha, je vous avais dit, répondit-elle, triomphante.

Tandis que ses deux compères retournèrent vers le rivage, la jeune elfe réalisa qu'elle avait parcouru une distance certaine, et que le courant marin se faisait fort. Fatiguée par sa performance, elle n'arrivait plus à lutter et se faisait emporter. Ses deux amis commencèrent à s'impatienter, puis réalisèrent en voyant leur amie en difficulté. Elles appelèrent à l'aide, mais personne ne les entendait. Personne, sauf une silhouette sombre dissimulée dans les buissons.

Rapidement, l'elfe se remit debout et se précipita sur la plage, auprès des deux petites. L'homme était d'âge mûr, les cheveux courts d'un blond étincelant, le visage rude, et un petit bouc taillé.

-Elle va se noyer, fit l'une d'elle en sanglotant.
-Je vais l'aider, le courant n'est pas très fort, par ici, répondit-il en ôtant sa chemise.

Il fonça aussi vite qu'il le put en direction de la jeune fille en difficulté. Elle semblait de plus en plus épuisée à lutter et menaçait de perdre connaissance d'un instant à l'autre. Il réussit finalement à parvenir jusqu'à elle et la ramena sur le rivage.

La petite Néadhora était épuisée, mais elle allait bien. Ses yeux étaient entre-ouverts mais elle murmura un « Merci ».

-Merci Monsieur, vous êtes un vrai héros, s'exclama la première
-Oui, poursuivit la seconde.
-Ce n'est rien, répondit-il avec un sourire rassurant.
-Il faut qu'on l'emmène au bateau, sinon elle va le rater pour rentrer à Lune d'Argent, reprit la seconde.
-Allez prendre votre bateau, je la ramènerai moi-même à Lune d'Argent, fit-il.

Les deux jeunes elfes lui firent confiance et allèrent prendre le bateau pour rentrer à Lune d'Argent. Le mystérieux bienfaiteur resta ainsi seul avec Néadhora. Il la ramena en Quel'Thalas, mais elle ne retrouva pas tout de suite ses proches. Il la ramena dans une petite maison, la jeune elfe s'étant paisiblement endormie pendant le voyage, exténuée de toutes ces émotions et confiante envers son sauveur. Dans ses songes, elle pensait à un mystérieux chevalier, venu secourir une demoiselle en détresse, comme on le voit dans les comptes pour enfants. Était-elle tombée amoureuse de lui ?

Un frisson glacial la parcourra. Elle avait froid. Elle ouvrit les yeux. L'homme se tenait là face à elle, souriant.

-Enfin réveillée, fit-il. Rassures-toi, je ne te veux aucun mal.

Instinctivement, elle voulu crier. Mais aucun son ne sortit, sa respiration était devenue frénétique et empêchait tout son de sortir.

-Calmes-toi... Je suis ton ami. Je t'ai sauvée, tu te souviens ? Tu as failli te noyer.

Elle se rappela, la plage, la fatigue. Et le mystérieux elfe qui l'avait sauvée. Elle se sentit soudain soulagée, sa respiration s'apaisa. Elle regarda autour d'elle.

-Pourquoi je suis ici ?
-Je t'ai amenée chez moi, répondit l'elfe. Je ne savais pas où tu habitais...
-J'ai froid...
-Tu es encore en maillot de bain. Veux-tu que j'aille te chercher une couverture ?
-Je... Je veux rentrer chez moi, pleurnicha-t-elle.
-Tu rentreras chez toi, n'aie crainte, répondit-il, en allant chercher une couverture.

Un sourire malsain s'était dessiné sur son visage tandis qu'il tournait le dos.

« Oui, tu retourneras chez toi. Mais pas tout de suite... »


* * *

Plusieurs jours avaient passés. Combien, elle ne le savait pas. Une semaine ? Peut être plus. Néadhora passa sa main su sa nuque, la douleur était toujours vivace. Une brûlure au fer rouge, marquée comme du bétail. Elle lui appartenait. Elle était sa chose.

Des bruits de pas se firent entendre. Elle savait que c'était lui. Elle savait ce qu'il allait faire, une fois encore, ce soir. Elle avait beaucoup pleuré, après la première fois, mais maintenant, les larmes ne coulaient plus sur son visage. Elle n'en avait plus à donner. Était-ce ça, l'amour ?

Les pensées fusaient dans la tête de la jeune elfe. La porte s'ouvrit, et l'homme s'approcha, fatalement vers Néadhora, chacun de ses pas étant comme une note du glas. Il disait qu'il ne lui voulait pas de mal. Pourtant, elle souffrait lorsqu'il s'introduisait dans son être, souillant son innocence, profanant son intimité. Elle souffrait, mais elle était résignée. Ce soir encore, il recommença...


* * *


Les premiers rayons de l'aube percèrent dans la petite pièce. Des voix, au dehors. Néadhora tendit l'oreille.

-Une petite fille rousse, âgée d'à peine 35 ans, ça ne vous dit rien ?
-Hum, non.
-Pourtant ses amies affirment que vous l'avez sortie de l'eau en Quel'Danas, lorsqu'elle avait failli se noyer.
-Les enfants racontent souvent des mensonges, soldat.
-C'est vrai. Mais c'est la seule piste que nous ayons. C'est la fille de mon supérieur, alors vous comprenez qu'il souhaite qu'on ne néglige aucune piste...
-Je comprends.
-Pouvons-nous jeter un œil à votre maison ?
-Si je l'avais enlevée, vous pensiez que je serais assez idiot pour la garder dans ma maison ?
-C'est vrai... Excusez-m...

« Aidez-moi, je vous en supplie ! »

Néadhora avait crié de toutes ses forces. La voix caractéristique et sur-aigüe de la jeune fille avait percé depuis la maison.

-Qu'est-ce que c'est que ça ?

Le forestier se précipita vers la maison. Il se retourna pour adresser un regard à son interlocuteur.

-Malédiction ! Gardes, il essaie de s'enfuir par les l'ouest !

Effectivement, l'homme courrait à toute jambes pour s'enfuir. Les soldats restés en retrait s'élancèrent à sa poursuite, tandis que le forestier défonça la porte de la maison. Il entra, et vit la petite Néadhora blottie dans un coin de la pièce, complètement nue. À la fois choqué et en colère il l'enveloppa dans une couverture puis l'emmena dehors. Elle n'avait pas lutté, ni prononcé le moindre mot, comme en état de choc.

-Alors, vous l'avez eu, fit-il à un soldat qui revenait.
-Non sergent, il nous a échappé.
-Malédiction...
-C'est la petite du commandant, demanda le soldat.
-Il semblerait. Ramenons-la au camp.

Néadhora retrouva son père et son frère le soir venu, mais elle ne prononça aucune parole, plongée dans un profond mutisme. Malgré tous les efforts de sa famille, plus rien ne la faisait réagir, elle restait traumatisée. Cela dura plusieurs semaines interminables.


* * *


Les rayons de l'aube éclairaient la chambre de Néadhora. Elle s'éveillait doucement, se retournant pour tenter de se rendormir. Elle sentit quelque chose d'humide le long de sa cuisse. Elle repensait aux cauchemars qu'elle ne cessait de faire depuis son enlèvement. Du sang. Elle regarda sa main, puis les longs draps fins en soie, souillés d'une petite tâche rouge.

Paniquée, elle regarda autour d'elle, à la recherche de l'homme qui l'avait tant faite souffrir. Rien. La pièce était complètement vide. Elle réalisa qu'elle n'était pas blessée. Elle devenait femme et son corps le lui faisait comprendre. Elle n'était plus une petite fille obéissante et naïve. Elle ne devait plus subir, dorénavant, elle dirigerait. Dorénavant, elle serait maîtresse de son destin...
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Message  Néadhora Mar 17 Nov 2009, 21:45

Chapitre 6 : Mondaine

L'aube commençait tout juste à succéder à la nuit. Les premiers rayons de soleil éclairaient faiblement la pièce. Néadhora ouvrit les yeux puis se leva de son lit, s'enveloppant dans le long draps de soie. C'était devenue une femme plutôt séduisante, les traits fins, la silhouette svelte et des formes généreuses. Elle s'approcha de son armoire, quand un léger grognement se fit entendre. Elle tourna la tête un bref instant pour observer l'elfe qui se tenait de l'autre côté du lit. Il semblait paisiblement endormi, mais venait d'être privé de sa couverture.

Une fois encore, elle avait bu trop de vin la veille et n'était pas rentrée seule. Elle soupira un bref instant puis laissa tomber le drap sur le sol, continuant nue vers son armoire. Après avoir enfilé une robe à la hâte et cherché ses parures dans la boîte à bijoux, elle ramassa le drap et l'envoya en boule sur son compagnon de la veille.

-Tu ne restes pas pour déjeuner, annonça-t-elle sèchement.

Elle s'assit devant le grand miroir et commença à se coiffer tandis qu'il émergeait de ses songes. L'elfe aux cheveux bruns et courts se mit à sourire bêtement quelques instants.

-Inutile de demander, c'était minable si tu veux tout savoir, coupa Néadhora.
-Hein ?
-Tu as une heure pour rentrer chez toi, avant que mon père ne se lève, poursuivit-elle en continuant de se coiffer.
-Ah ouais, je vois, répondit-il, vexé.
-Tes affaires sont dans un coin.

L'elfe se leva doucement, puis se dirigea vers ses vêtements, restés en boule au pied du lit. Il commença à se rhabiller. Néadhora termina de coiffer ses longs cheveux rougeoyants puis mis son bandeau, bleu incrustés de divers gemmes, ainsi que son collier en argent. Les deux étaient les objets que sa mère avait voulu qu'on lui remette pour ses 45 ans, et elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux.

Elle se regarda un instant dans le miroir, satisfaite du reflet qu'elle en percevait. Elle se retourna vers son amant d'un soir, laissant échapper un soupir avant de sortir de la chambre, le laissant seul à rassembler ses affaires.

-Salope, murmura-t-il.

Néadhora descendit les escaliers et se dirigea vers la cuisine. Son frère était déjà levé, comme à son habitude très matinal.

-Tu te lèves toujours aussi tôt quand tu es en permission, demanda-t-elle.
-Et oui... J'y suis habitué, que veux tu, répondit-il en riant. Et toi, encore une soirée trop arrosée ?
-Bah, je n'ai pas la gueule de bois, donc je suppose que non, fit-elle en haussant les épaules.

Freyir regarda un instant vers les escaliers, attiré par un bruit de pas.

-Je me disais bien, ça m'étonnait que Père soit si matinal, dit-il en riant. Vous prendrez bien le déjeuner avec nous, non ?
-Non, il ne reste pas, coupa sèchement Néadhora.

L'elfe lança un regard plein de mépris vers elle puis sortit sans dire mot.

-Encore un que tu as maltraité, demanda Freyir.
-Pas spécialement.
-Que lui as-tu dit ?
-Que sa performance avait été minable et qu'il ne restait pas pour déjeuner.
-Tu es toujours aussi douce, au réveil...

Elle haussa les épaules en guise de réponse. Leur attention fut bientôt reportée vers des bruits de pas dans les escaliers.

-Ne me dis pas que...
-Hein ? Non mais ça va pas ?!
-Bonjour les enfants, fit Elenaar en s'étirant. De quoi parliez vous ?
-De rien, répondit Néadhora, énervée.
-Rien de grave, assura Freyir en riant.
-Tiens, Néadhora, tu sais que dans quelques semaines c'est le grand jour.
-Mes soixante ans ? Oui, je sais.
-À ce sujet, je t'ai trouvé un baron de très bonne fréquentation. J'aimerais beaucoup que tu le rencontres, sa famille est d'accord pour des fiançailles.
-Hors de question, répondit l'intéressée.
-Allons, c'est une opportunité unique ! Et puis de toute façon, j'ai déjà donné mon consentement.
-J'ai dit « HORS DE QUESTION », hurla-t-elle en frappant du poing sur la table.

La tension était devenue presque palpable. La jeune femme n'en démordait pas et monta dans sa chambre en pestant.

-Je sais plus comment faire, avec elle, fit Elenaar en soupirant.
-Bah. La crise d'adolescence, sans doute, répondit Freyir.
-Elle va avoir 60 ans, c'est plus une adolescente, maintenant.
-Ça lui passera...
-Ce mariage est une aubaine. Elle ne va pas rester à se tourner les pouces toute la journée comme ça avec ses fêtes mondaines stupides toute sa vie !
-Si ça lui plait, tu sais...
-Hors de question. Elle fera quelque chose de sa vie. Et si elle ne veut pas épouser ce baron, elle devra trouver autre chose.


Quelques semaines plus tard, on organisa une grande fête pour la majorité de Néadhora. Tandis que les convives festoyait, Elenaar discutait avec un couple d'elfes richement vêtus.

-Vous n'imaginez pas mon désarroi, dit Elenaar. Je pensais que ce mariage se ferait facilement.
-Oh, ce n'est pas de vôtre faute. Votre fille est pleine de charme... Malheureusement notre fils n'y était pas sensible, répondit la femme.
-Quelle honte, se lamenta l'homme
-Je suppose que cela ne se commande pas, cher baron.
-Mais enfin, vous ne comprenez pas ?! C'est notre fils unique, poursuivit le baron. Et il préfère les hommes...Qu'est-ce que l'on va pouvoir faire de lui, maintenant...
-Je comprends tout à fait... En fait, je me posais même question de ma fille... Je ne sais pas ce que je vais en faire...

La fête se poursuivit, jusque tard dans la nuit. Une fête de plus...
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Message  Néadhora Mer 18 Nov 2009, 18:44

le Chapitre 7 : Une élève studieuse... Ou pas

La journée était clémente, une douce brise venait souffler doucement dans le feuillage des arbres du bois des chants éternels. Néadhora marchait sur le petit sentier, l'air satisfaite. Elle avait dans ses mains un petit sac de cuir rouge et se dirigeait vers la demeure familiale. Le soleil commençait à décliner, déjà, et le début de soirée ne tarderait plus. Elle rentra tranquillement dans la maison et vit son père, assis dans la salle à manger, en train de lire divers parchemins.

-Asto're, fit-elle.
-Bonsoir, répondit Elenaar.
-Dis, j'aurais besoin d'un peu d'argent, la semaine prochaine. J'ai presque tout dépensé aujourd'hui chez le couturier. Tiens, d'ailleurs, regarde la jolie robe que j'ai faite faire sur mesure.

Joignant les gestes à la parole, elle sortit de son sac une robe à la découpe particulièrement provocante. Visiblement, le prix n'était pas du à la quantité de tissu utilisé pour confectionner la dite robe. Mais son père ne regardait même pas, toujours plongé dans son parchemin. D'un air las, il répondit.

-Non, tu n'aurais plus rien. Ça suffit, maintenant.
-Uh ?
-Tu vas bientôt avoir 70 ans, Néa'. Il serait sérieusement temps que tu te trouve une voix dans la vie. Je ne vais subvenir à tes besoins indéfiniment.
-Mais ?
-Dans un mois, tu te débrouilles comme tu veux, mais tu as quitté la maison. Prends exemple sur ton frère, il a réussi à faire quelque chose, lui !
-Oui, mais lui, il a toujours été doué pour tirer à l'arc.
-Et bien tâches de trouver quelque chose pour quoi tu es douée, alors.

Elle marqua une pause, comme un instant de réflexion. Quelque chose pour laquelle elle était douée. Elle passa en revue différentes activités, comme goûter différents vins, participer à des défilés de mode ou encore concevoir des vêtements. Après une discussion plutôt houleuse avec son père, son choix se porta sur la magie.

-La magie, demanda Elenaar. Tu es sûre de toi ?
-Tu as pas dit que ma mère était une magistrice ?
-Si bien sûr, mais...
-Bien, alors je dois être douée dans ce domaine, non ?
-Si c'était aussi simple...
-Tu peux tout simplement me dire de qui il s'agit, aussi, j'irai lui poser la question moi-même.
-Bon. Je vais t'inscrire à Dalaran. Nous verrons bien.
-Parfait, répondit Néadhora, sur un ton victorieux.

Quelques semaines plus tard, elle était en route pour la ville des mages. Le fiacre qui l'amenait s'arrêta en périphérie de la vie. De nombreuses maisons étaient bâties autour et les grandes tours d'architecture elfique étaient flanquées un peu partout vers le centre ville. Le contraste entre les styles humains et elfes l'intriguait et elle prit un certain temps pour observer la ville en descendant du fiacre.

-Ça a l'air sympathique, ici, fit-elle en portant son attention sur une boutique de robes de mages. Bien, j'y vais alors.

Elle s'éloigna du carrosse qui repartit peu après et se dirigea vers le centre ville, lisant le parchemin d'instruction sur le lieu où elle devait aller. N'ayant pas un excellent sens de l'orientation, elle finit naturellement par s'égarer et ne réussit à rejoindre sa destination que grâce à l'aide de quelques passants, avec une demi-heure de retard.

Des centaines de personnes étaient rassemblées sur des bancs. Face à eux, un homme, perché sur une estrade faisait de grands gestes en criant son discours. Elle s'approcha et s'assit sur un des bancs du fond, satisfaite de ne pas être arrivée trop tard. Soudain, les gens se levèrent et applaudirent. Elle les imita plus par politesse que par conviction puis suivi la masse grouillante et jacassante en attendant les appels.

Au bout d'une dizaine de minutes, elle menaçait de s'endormir debout, s'ennuyant profondément.

« Dégonnar de Fortâme »

L'humain qui était à coté d'elle leva la main puis se dirigea vers l'homme indiqué. Elle fut étonnée en entendant le nom de voir qu'il s'agissait d'un des plus jeunes de l'assistance, âgé d'une quinzaine d'années.

« Néadhora Chantesoleil »

On venait de l'appeler. Elle leva la main puis suivit les traces de l'humain précédent, mesurant chacun de ses pas et exagérant bien le déhanché de sa démarche. Un humain, plutôt âgé se tenait légèrement à l'écart du reste de la promotion. Quand les appels furent terminés, il se dirigea devant le groupe puis prit la parole.

-Bien, pour commencer, je m'appelle Nordal McKerney, et je serai votre professeur d'abjuration tout au long de cette année. Je vais vous diriger vers les chambres, vous avez de la chance, cette année, elle seront individuelles. Nous avons eu quelques ennuis avec les dortoirs, l'année passée. Notez que vous conserverez cette chambre jusqu'à la fin de vos études, alors retenez-la bien.

L'homme prit la tête et de dirigea vers un imposant bâtiment. Le groupe le suivit bien vite. Après une vingtaine de minutes pour attribuer les premières chambres, il ne restait plus que deux élèves à caser.

-Bien Dégonnar, voilà ta chambre, fit Nordal en déverrouillant la porte. Et ceci sera ta clef. Ne la perds pas.
-Oui, messire, répondit-il en prenant la clef que lui tendait le professeur.
-Néadhora, vous serez ici, juste à côté. Voilà votre clef.
-Merci, fit l'intéressée sur un ton las.
-Bien, tout le monde est logé. Nous vous laissons libres pour le reste de la journée. Les cours commenceront demain à l'aube. Profitez-en pour faire connaissance.

La promotion se regroupa donc et firent connaissance. Les mois suivants passèrent rapidement, les cours démarrant à un rythme très soutenu. Un certain nombre abandonnèrent en cours d'année. D'autres ne prenaient pas cela au sérieux.


* * *


Le soleil était au zénith, la douce chaleur de midi frappait sur la tête de Dégonnar, assis dans une plaine. Devant lui, une serviette à carreaux était étendue sur l'herbe, diverses victuailles posées dessus. Il leva les yeux, fixant l'horizon, en direction de Moulin de Tarren. Soudain, il sursauta, une voix venait de s'élever de derrière lui.

-Désolée pour le retard, fit Néadhora.
-Ce n'est rien, je viens d'arriver, répondit Dégonnar en se retournant.

Il marqua une courte de pause en voyant un autre humain, âgé d'une vingtaine d'années. Depuis quelques mois qu'il la connaissait, il la voyant très souvent accompagnée et ne fut pas surpris.

-Encore un nouvel ami à toi, fit-il.
-Pas vraiment. Il me donne des cours de langue, le commun n'est pas facile à apprendre. Je manquais beaucoup de pratique avant de venir ici, répondit-elle en ricanant.

L'intéressé toussa, visiblement gêné. Néadhora avait une manière bien à elle de pratiquer les langues étrangères.

-Donc c'est pour cela que tu as encore séché le cours d'abjuration, ce matin...
-Il fallait bien que je m'exerce un peu, fit-elle avec un sourire narquois.
-Euh... Oui oui, il faut beaucoup pratiquer pour faire des progrès, ajouta l'homme qui devenait rouge comme une pivoine.
-Mouais, rétorqua Dégonnar, n'ayant pas l'air convaincu. Enfin bref, j'avais pas prévu à manger pour trois...
-Oh, mais c'est pas grave, il ne reste pas, répondit Néadhora avec un grand sourire.
-Hein ? On était pas cen...
-Tu ne restes pas, coupa-t-elle avec un regard lourd de sens. Je te rejoindrai plus tard. Tu devrais te dépêcher pour aller acheter un déjeuner en ville.

L'homme s'éloigna, un peu vexé. Quand il fut assez loin, Dégonnar reprit.

-Je lui donne pas longtemps, lui.
-Oui, il est un peu lourd, par moments.
-Déjà que les autres excèdent rarement une semaine...
-Dis donc, ma vie sentimentale ne regarde que moi.
-Pardon, balbutia-t-il, confus. Je... j'ai pris quelques notes pendant le cours, ce matin, si tu veux y jeter un oeil... Les professeurs t'ont a l'œil, tu devrais faire attention à ne pas rater les cours trop souvent, quand même...
-Pfffff... S'ils étaient moins barbants, leurs cours, aussi...
-Ce serait dommage qu'ils te renvoient.
-Moui... Je jetterai un œil plus tard.

Après avoir résumé rapidement le cours sur l'invocation d'un croissant, ils mangèrent un morceau, avant de repartir à Dalaran pour des travaux pratiques sur l'éclair de givre.

Les mois passèrent, Néadhora n'était pas des plus assidues aux cours, mais elle arrivait malgré tout à se débrouiller grâce à l'aide de son voisin de chambre. Au fil du temps, ils devinrent même de vrais amis.


Dernière édition par Néadhora le Mer 18 Nov 2009, 21:43, édité 1 fois
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Message  Néadhora Mer 18 Nov 2009, 21:43

[Désolée pour la boulette, trompée de chapitre ><'. j'édite le message précédant pour vous mettre le 7. Vous aurez eu un chapitre bonus, j'suis pas gentille, hein ? Quoi tout le monde s'en fous Surprised]

Chapitre 8 : Le retour

Le vent glacial soufflait en trombes dans les arbres dénudés de Hautebrande. C'était une journée d'hiver banale et ensoleillée. La petite bourgade de moulin de Tarren s'éveillait doucement rythme du cri matinal d'un coq quelque peu zélé. Une petite charrue était attelée à ses mulets, tandis qu'un homme était en train de charger des affaires dedans. À ses côtés, une elfe, aux longs cheveux rougeoyants trainant dans le vent, l'encourageait.

-C'est gentil de m'aider à charger toutes ces affaires. J'en ai accumulé, des choses en huit ans, fit-elle.
-C'est normal, Néa. Tu vas pas me dire que tu aurais pu soulever ça toi-même, répondit l'humain.
-J'avoue.
-Tu n'as rien oublié ?
-Non, c'est bon, j'ai tout.
-C'est vraiment dommage...
-Plait-il ?
-Qu'ils t'aient renvoyée.
-Ah... Bah, soit-disant que je faisais honte à ma race toute entière.
-Mouais. Tu étais pas en tête de liste, mais quand même.
-Bah le professeur d'enchantements m'a fait une avance pour gonfler mes notes, tu sais... Donc après mon refus, tu penses bien qu'il ne s'est pas gêné pour m'enfoncer devant le conseil.
-Hein ? Mais quel connard !
-Surveilles ton langage, Dégonnar. On appelle ça un homme, ni plus, ni moins, fit-elle en esquissant un sourire narquois.
-Je te rappelle que j'en suis un.
-Ah ?
-Hin hin, très drôle, répondit l'intéresse, avec un air vexé.

Néadhora éclata de rire quelques instants. Elle reprit son sérieux en voyant Dégonnar les yeux humides.

-Tu vas me manquer, dit-il.
-Rhooo... Tu vas pas me faire ce coup-là, quand même. Allez, tu trouveras bien une autre voisine de chambre à aider de temps à autre.

Elle lui tapa un coup dans le dos, puis déplissa sa robe.

-Tu vas me manquer aussi, fit-elle en l'embrassant sur la joue.
-Fais attention, sur la route, il y a des brigands, ces derniers temps.
-Ne t'en fais pas. Ce ne sont qu'un couple de paysans qui vont vendre leur vin à Lune d'Argent. Ils ont accepté de me prendre avec eux pour avoir moins de soucis pour entrer en Quel'Thalas. Tu sais bien que les humains ne sont pas toujours bien accueillis, par les miens. Surtout depuis qu'il y a une partie des forêts qui ont été incendiées par les orcs, il y a quelques années.
-Je sais, je sais... Enfin là où ils sont, ils n'embêteront plus personne.
-Ce serait dommage qu'ils s'évadent de Fort-de-Durn.
-Aucune chance. Le seigneur Landenoire est très vigilant à ce sujet.
-Mouais. Bref... Encore merci pour ton aide, je crois qu'ils commencent à s'impatienter, reprit Néadhora en désignant le couple de fermiers d'un geste de tête.
-Je te laisse alors. Prends soin de toi.
-Ne t'inquiète pas pour ça.

Néadhora monta avec quelques difficultés dans la charrue, puisque la robe longue et les talons n'étaient pas vraiment des atouts pour ce genre d'exercice, puis le couple de fermiers prirent place pour conduire l'attelage. Dégonnar resta quelques minutes à les regarder s'éloigner lentement, inspirant les dernières fragrances du parfum de l'elfe.

Après plusieurs jours de voyage, La haute-elfe rentra chez elle. Son père l'attendait, assis dans la salle à manger, en train de regarder un parchemin.

-Bonsoir, père, fit-elle d'une voix étonnamment timide, presque hésitante.
-Bonsoir.
-Je...
-Tu es revenue, oui, coupa son père. J'ai reçu la lettre de ton renvoi depuis Dalaran.
-Bien.
-Je suis extrêmement déçu, tu sais...
-Je sais.

Elle se dirigea vers les escaliers puis monta les marches pour regagner son ancienne chambre. Son père resta immobile sans dire mot. Elle retrouva ses affaires, telles qu'elle les avait laissées huit ans plus tôt. Elle s'approcha de l'épais grimoire resté sur sa table de nuit. Le grimoire que lui avait destiné sa mère pour ses 45 ans. À Dalaran, elle ne s'était démarquée que dans une seule matière, l'alchimie.

Ce livre contenait bon nombre de formules de potions rédigées par sa mère. Elle l'ouvrit, passa ses longs doigts fins sur les pages, contempla l'écriture soignée et ferme des pages. Le seul indice en sa possession sur ses origines. Elle tourna les pages, puis passa son doigt sur un morceau arraché. Pourquoi cette page avait-elle été arrachée ? Et par qui ? Elle n'était jamais parvenue à répondre à ces questions.

Elle reposa le grimoire puis s'allongea sur son lit. Le silence. Pourtant, en tendant l'oreille, elle savait que le silence n'était pas complet. En bas, un homme pleurait. Un homme déçu.
Néadhora
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Message  Néadhora Ven 20 Nov 2009, 13:04

Chapitre 9 : Le Fléau

Une douce brise soufflait doucement dans le feuillage des arbres des bois de Quel'Thalas. La journée semblait avoir été calme, et le début de soirée ne tarderait plus guère longtemps. Quelques elfes marchaient paisiblement sur le chemin, aux abords de la cité de Lune d'Argent. Certains rentraient à la cité, après une journée de labeur dans les bois, d'autres, au contraire, rentraient dans les petits villages alentours après une journée de travail dans la capitale.

Néadhora était assise derrière le comptoir d'une petite échoppe de la ville, en train de lire un parchemin. Un homme entra discrètement dans la boutique, portant un uniforme de forestiers. Il semblait très anxieux et hésitant, la posture particulièrement désinvolte de la jeune femme le mit encore plus mal à l'aise : les jambes croisées, portant une jupe particulièrement courte et des bottes hautes. Cela faisait 8 ans qu'elle avait arrêté ses études de la magie à Dalaran, et elle avait pris un certain nombre d'habitudes depuis qu'elle faisait carrière dans la vente de potions en tout genre. Il toussota légèrement pour la faire détacher les yeux de son parchemin.

-Puis-je vous aider, demanda Néadhora.
-Euh... O-oui, je cherche messire Ventaurore.
-Il est parti chercher des plantes, il devrait rentrer d'ici une petite demi-heure. Vous voulez que je lui transmette un message ?
-Ah... Euh... Non... Enfin si...
-Je peux peut être le remplacer. Mmh... Laissez-moi deviner. Vous cherchez une potion contre le stress ?
-Ah, euh... Non pas du tout.
-Oh, je crois que j'ai compris, fit-elle en souriant.

Elle se leva, puis prit une fiole dans un placard. Elle adressa un sourire narquois à son interlocuteur puis posa la fiole sur la table, avant de prendre un parchemin.

-Donc, reprit-elle. Vous préparez un repas romantique, et vous prenez cette potion pendant. Au bout d'une heure, vous serez prêt pour partir au septième ciel avec votre amie.
-Hein ? N-non non... Je... Je ne suis pas là pour ça...

L'homme était devenu rouge comme une pivoine et s'enfonçait dans des balbutiements au sujet du fait qu'il était célibataire. Néadhora rangea la fiole puis l'interrompit.

-Donc, que voulez-vous ?
-Euh... Il... Il me faut des potions de soins.
-Ah... Vous vous êtes blessé en faisant du bricolage ?
-N-non... Il... Il m'en faut en grande quantité, répondit le forestier en jetant un regard anxieux derrière lui.
-Qu'entendez-vous par grande quantité ?
-Il m'en faudrait cinq caisses.

La jeune femme marqua un temps d'arrêt, comme s'interrogeant sur l'utilité d'autant de potions. Cela faisait maintenant trois jours qu'elle n'avait pas revu ni son frère, ni son père. Elle pensait jusqu'alors à un exercice, comme ils avaient l'habitude de faire, mais la demande d'une telle quantité de potions de soins ne lui présageait rien de bon augure.

-Mmh, je pense qu'on peut vous préparer cela pour la fin de semaine prochaine.
-Nous en avons besoin maintenant !
-Mais nous n'avons pas assez de plantes pour en fabriquer autant !
-Faites-en le plus possible et le plus vite possible, continua-t-il en jetant de nouveau un regard plein d'anxiété derrière lui.
-Bien... Je vais en préparer autant que possible. Je dois avoir de quoi faire 1 caisse et demi. Mais... Dites-moi ce qui se passe, ici. Depuis ce matin, on voit des régiments entiers de forestiers défiler au pas de course, ici. Les trolls ont mené une attaque ?
-Pas les trolls, non...

Au loin, un son de cloches retentit. Les cloches d'alerte des villages alentours.

-Ils sont déjà là, se lamenta l'homme.
-Par la lumière du Soleil ! Qui « ils » ?
-Les morts-vivants...

Les cloches avaient déjà cessé, mais maintenant, on entendait des cris. Des cris de panique. Bientôt, ils virent passer une foule de civils s'enfuir en hurlant. Néadhora resta comme figée, prise de stupeur, comme se trouvant face à une situation surréaliste tandis que l'homme se lamentait. Après quelques minutes, elle émergea.

-Il ne faut pas rester ici.
-C'est trop tard, répondit l'homme.

Effectivement, on entendait déjà des sons étranges, provenant de créatures décharnées et monstrueuses devant les portes du centre de la ville. Le Fléau avait foncé en ligne de droite vers le puits solaire, mais quelques groupes de morts-vivants s'attelaient à semer la terreur aux alentours. Des cris retentirent dans le quartier Ouest de la ville. En regardant dehors, tous deux virent un groupe de morts vivants traverser l'allée Point-du-Jour et certaines de ces créatures se dirigeaient vers eux.

-Fermez la porte, ordonna Néadhora.
-C'est trop tard, se lamenta l'homme. Ils nous ont vus.

L'homme resta comme pétrifié devant les deux goules qui se ruaient vers lui. Néadhora sauta par-dessus le comptoir et verrouilla l'entrée. Elle s'appuya contre la porte pour reprendre sa respiration qui était devenue frénétique sous l'effet de la peur. Elle resta quelques secondes, jusqu'à ce que les goules essayèrent d'enfoncer la porte.

-C'est trop tard... Nous allons tous mourir, pleurnicha l'homme.

Néadhora s'était terrée dans un coin de la pièce, recroquevillée, tandis que les jalons de porte menaçaient de céder à n'importe quel moment. Les assauts se firent de plus en plus violents, puis cessèrent.

Après quelques secondes, les deux elfes regardèrent autour d'eux. Soudain, un nouveau coup beaucoup plus puissant vint à bout de la porte. Les goules avaient pris de l'élan pour enfoncer la porte et cette technique s'étaient révélée payante. Elles se ruèrent sur l'elfe qui se tenait devant eux, plantant leurs griffes et mordant la chair. Néadhora rassembla tant bien que mal ses esprits puis se précipita vers la sortie, escaladant à la hâte les débris de la porte. La première goule, trop occupée avec son repas ne réagit pas, mais la seconde l'agrippa à la jambe.

L'elfe se débattit et lui donna un coup de pied de son autre jambe. Curieusement, malgré les maigres capacités physiques de la jeune femme, la goule lâcha prise : le talon de sa botte s'était enfoncé dans l'œil de la créature et l'avait désorientée. Sentant son entrave se relâcher, l'elfe se précipita vers la sortie de la ville, courant aussi vite qu'elle pu malgré les entailles profondes de sa jambe.

Une fois sortie de la ville, le terrible spectacle de désolation la marqua. Les bois qu'elle avait connus et dans lesquels elle avait grandit étaient comme méconnaissables, la terre elle-même semblait souffrir d'un mal, tandis qu'un gigantesque fossé nauséabond et grouillant de créatures pestiférées s'était creusé. Au milieux des morts-vivants, un chevalier en armure sur son destrier, arborant une épée aux reflets bleutés. Elle prit les jambes à son cou et se dirigea vers le Mouillage des Voiles du soleil puis se cacha dans une des caisses entreposées sur les quais.

Elle resta là, cachée, pendant plusieurs heures, plusieurs jours, peut être. Jusqu'à ce que la faim et la soif ne la pousse à sortir. Elle erra plusieurs heures parmi les ruines, puis fut recueillie par un groupe de soldats menés par Kael'Thas en personne. Elle pu enfin manger, boire et dormir. Elle apprit la mort d'Anasterian Haut-Soleil, et les ravages qu'avait causé le Fléau au puits solaire, dont les eaux étaient à présent corrompues par l'essence des restes de Kel'thuzad. Elle commença comme tout le monde, à se sentir comme léthargique. Au début, elle avait pensé à sa sous alimentation et au traumatisme de l'attaque. Pourtant, la raison était toute autre.
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