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Message  Ludjana Mer 11 Aoû 2010, 17:21

Voici la seconde partie du drame Orlshae, suite de la première pièce.



    Acte I, scène I: Les ronces du dehors



Le salon de la demeure Orlshae. Charmayne est au piano, Ysmène buvant un thé. Lison entre, tenant quelques parchemins roulés.

Lison :_ Dame Ysmène, vous avez reçu courrier.
Une femme aux cheveux blancs, pourtant jeune, nommée Ysmène :_ Comme c'est charmant. Montre-moi donc.
Lison, lui tendant les feuillets :_ Tenez, Dame, les voici.
Ysmène, les ouvrant, avant de les parcourir du regard :_ Une histoire ! Comme c'est charmant.
Charmayne, relevant un visage boudeur :_ Vous la liriez ?
Ysmène :_ Oh, mais bien sûr. Attends que je prenne le ton. Accompagne moi au piano !

La dame aux cheveux blancs se lève, lisant rapidement, alors que la jeune fille cherche ses gammes.

Ysmène :_ C'est un récit qui a été conté. Je vais le lire comme rapporté. Voyons, c'était une voix d'homme...

Ysmène s'éclaircit la gorge, avant de prendre une pose plus rude, une main dans le dos, l'autre tenant les feuillets.

Ysmène :_ Cette histoire que je vais partager, c'était celle qu'une mère contait à son garçon, lorsqu'il avait été bien sage, et qu'il était encore en vie. C'est une historette à ne pas prendre comme vérité, mais comme un conte léger. D'une mère à son fils. Il y a bien longtemps, disait-elle, le Bois de la Pénombre n'était pas si épais, et on voyait parfois le grand radieux soleil descendre embrasser l'herbe que foulaient les hommes. En ce temps là, il y avait déjà des familles et des clans, des rivalités et des drames, des hommes, enfin.
Charmayne, cherchant une teinte de note plus sombre :_ Voilà qui est approprié.
Ysmène, penchant la tête :_ Les hommes sont mauvais, disait-elle, et tu n'échappes pas à la règle. Il y en avait un autre, en ce temps là, jeune comme toi, beau comme toi, mais un peu plus brave sans doute. Sa famille était l'une de celles qui étaient florissantes, le soleil venait caresser son front, il était choyé. Comme tous les enfants, il vint un temps où il devint ingrat et quitta les siens, prenant quelques unes de leurs richesses, et comme il était trop aimé, on le laissa partir à ses découvertes, laissa là sa fiancée et sa mère seules.
Lison :_ Le goujat !
Ysmène :_ Il allait d'une ville à l'autre, s'émerveillant et se lassant tour à tour, pour finir par traverser la mer, fort de ses appétits de découverte et de voyage. Il oublia les siens, oublia de leur donner des nouvelles, oublia jusqu'à leurs noms. Il trouva une région, dont beauté des paysages l'enivra plus longtemps que d'autres, et il s'éprit des trésors et des secrets, passant, seul, dans les ruines et les souvenirs ça et là d'une gloire passée. Jusqu'à apercevoir ce qui perça net son coeur.
Charmayne, avec un sourire entendu :_ Une étrangère !
Ysmène, rendant un sourire pointu :_ Ce n'était pas une femme, ce n'était pas une ruine, bien qu'elle tenait des deux. C'était une Naga. Bien sûr, bien sûr, elle avait la beauté et la grâce, elle était au bain, dépourvue de servants ou de gardes, et, ne doutant de rien, il mis l'épée au clair, s'avança vers elle. « Toi, dit-il, toi, je te veux et je te prendrai, pas un cri; je ne voudrais pas t'abîmer, ma belle. »
Lison :_ Qu'est-ce qu'une naga ?
Charmayne :_ Oh, une sorte d'horreur serpentine.
Ysmène :_ Elle se tourna vers lui, sans sembler surprise, et sourit. Au regard de l'homme, il était aisé de comprendre ses mots et sa volonté. Elle s'avança vers lui sans peur, passant ses longs doigts sur ses écailles formant toute la parure de son visage, et lui dit. « Qui me frappe, s'en blâme. Sois hardi, mais point trop hardi... » Tous les mots qu'elle savait dans son langage. Et lui caressa la joue, avant de le griffer. Il peina à comprendre, jusqu'à ce qu'elle lui pointe des ruines englouties d'une main sévère, et il saisit qu'elle réclamait un prix pour sa chair. Plein de morgue et d'orgueil, il s'y lança, se retournant maintes fois pour constater qu'elle l'attendait, le veillait du regard, il abandonna son armure et tout doute qui lui étaient trop lourds, et plongea dans l'onde.
Charmayne :_ C'est bien curieux ! Qui vous l'envoie ?
Ysmène, imperturbable :_ Bien sûr, il croisa le fer avec l'ivoire de crocs envieux, trancha maintes têtes à plus d'une hydre, manqua de souffle et s'effraya plusieurs fois des spectres qu'il trouvait, mais une voix lui parvenait à chaque mouvement de recul. « Sois hardi, mais point trop hardi... » Alors, galvanisé, il retournait, fouillait. Plusieurs fois le soleil vint s'éteindre et mourir dans la mer pour renaître, plusieurs fois il guettait, et vit qu'elle l'attendait toujours.
Lison, se frottant les bras :_ Ah ! J'en frissonne.
Ysmène :_ Plusieurs fois, il ramena des trésors, qu'elle rejetait encore, et il revenait à l'onde avec une aigreur et une impatience qui gommait sa peur. Il allait toujours plus loin, toujours plus longtemps, jusqu'à finir par découvrir, sous une ruine profonde, un petit coin d'air. Abrité du soleil et de lumière si longtemps, l'air lui fit l'effet d'un feu à le respirer, et il peina à y voir, jusqu'à percer les ténèbres, et trouver enfin. Dans ces ruines-là, les richesses s'étaient flétries, les peintures s'étaient ternies, les statues brisées. Mais poussait, là, malgré tout, une plante aux milles épines, à l'unique fleur, sombre et aux pétales délicats et diaphanes, exactement comme les écailles de sa convoitée. Avide, il trancha les ronces, prit l'unique fleur dans sa main dénudée, qui planta profondément ses épines à sa paume.
Charmayne, avec un sourire fin :_ Voilà qui devient clair...
Ysmène :_ Ignorant la douleur, il revint à sa Naga, présente dans le soir tombé, et il la trouvait encore plus belle, le désir enflammé. Son visage s'illumina de joie et de fureur à voir plante et sang mêlés, elle lui prit avec délicatesse, lapa sa paume avec tendresse, le pressa contre lui. Et lui souffla. « Sois hardi, mais point trop hardi... » La nuit fit leur alors qu'il la faisait sienne, et elle lui souriait alors que le jour commençait à se faire. Les rayons de l'astre aimé lui touchèrent le front, et il lui sembla s'en brûler, comme si le feu de l'air d'en bas revenait se venger.
Lison :_ Oh ! Quelle femme de peu de vertu !
Ysmène :_ Il se redressa, vivement, chercha l'ombre pour s'y terrer. Un regard à sa paume, pour y voir, horrifié, les ronces qui avaient commencé à y croître. Elle lui souriait toujours, et il se souvint soudain des siens, de sa famille, de celle qu'il avait promis d'épouser. Il s'enfuit dans la souffrance et l'horreur, et dans le vent résonnait son rire, et sa voix. « Sois hardi, mais point trop hardi... »
Charmayne, applaudissant brièvement :_ De peu, ou de trop !
Ysmène :_ Cette mère disait alors à son fils, vois-tu, il ne faut blesser les femmes pour convoiter des étrangères, et les ronces autour de la demeure sont là pour rappeler que s'il y a des pointes en une maison, elles sont plus tendres que les épines d'une femme d'ailleurs... S'il revint chez lui, ce qu'il devint ensuite, l'histoire ne le dit pas. Et je n'en dirai pas davantage. Mais l'ombre est profonde, dans les Bois ainsi nommés. Soyez hardis, mais point trop hardis...
Lison :_ Ah ! Quelle histoire ! J'ai des cuivres à briquer.
Charmayne :_ Y a-t-il un nom à la missive ?
Ysmène, s'approchant du feu :_ Allons, allons, vous l'avez deviné.

La flambée reprend un cran plus vive quand on y jette les papiers, Charmayne laissant filtrer un petit rire avant d'en revenir à son piano, l'autre à son thé.


Dernière édition par Liucia le Mer 11 Aoû 2010, 17:22, édité 1 fois
Ludjana
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Message  Ludjana Mer 11 Aoû 2010, 17:24


    Acte I, scène II: Quelques secrets




Les caveaux Orlshae. Les chevaliers sont tous là, parmi les jouets cassés, du sang au sol, venant d'un cadavre démembré. Des livres tâchés de rouge. Les murs sont gravés de messages, des crochets pendent du plafond, ils sont seuls.



Kiera, contemplant les crochets :_ Quoi de plus horrible que de priver sa progéniture d'un corps parfait ? Nous n'avons plus de vivants dans nos pattes, autant continuer à fouiller les autres salles.
L'humaine non-morte :_ J'allais le proposer.
Chrysaline :_ Sans Tonton ?
Kiera :_ Sans l'humain, oui. Un boulet parmi tant d'autres.
Kédira :_ Et si on se perd ?
Kiera :_ Nous avons l'éternité devant nous. Sélia, Krilleb, ouvrez la marche.
Kédira :_ Mouais...

Ils passent les portes ensanglantées alors, trouvant devant eux un couloir de crypte. De l'eau au sol clapote sur leurs pas, sur les côtés, en guise de portes, des pierres carrées fermant les tombes de caveau, des noms gravés sur elles. Le couloir a l'air interminable, ils avancent encore et encore, alors que l'eau monte. Chance reprend Chrysaline en ses bras, Kiera lisant les noms sur les plaques: Leizen Alrun. Nolmë Salossë. Ainsi qu'une longue liste. Lorsque l'eau leur parvient à la taille, Kiera fait un geste.

Kiera :_ Un instant. Je n'aime pas ça.
L'humaine non morte, désignée comme Sélia :_ Qu'est-ce que tu crains ?
Kiera :_ Je crains un piège bien plus subtil et dangereux que l'eau.
Kédira :_ Un crocilisque ?
Kiera :_ Je me passerai de ton humour.
Chrysaline, chantonnant :_ Cinq, cinq, cinq ont tourné...
Kiera :_ Continuons pour un temps au moins.
Sélia :_ Jusqu'à quelle hauteur ?

Ils progressent encore. Chance met Chrysaline sur ses épaules, tandis que l'eau monte jusqu'au cou de Sélia. Le sol semble irrégulier. Kiera goute l'eau, puis semble mâcher quelque chose ensuite, avec un froncement de sourcils.

Kiera :_ Un endroit étroit, pas d'espace pour se battre, facilement encerclables...
Kédira :_ C'est moi... Ou il y a du courant ?
Sélia :_ Je me demande plus qu'est-ce qui le cause.
Kiera :_ Kédira, avance à reculon pour surveiller nos arrières, nous allons le savoir à un moment ou un autre. Krilleb, lames au clair.

Un silence méfiant s'installe, brisé des clapotis de l'eau, jusqu'à ce que soudain, des mains s'élèvent hors de l'onde, les tirant tous brutalement sous la surface. Des lueurs indiquent qu'en dessous, les runes des Chevaliers se font jour, des lames s'ébatent. En vain. Ils sont entrainés par le courant et les mains. L'eau noire devient plus claire à mesure qu'ils sont entrainés, jusqu'à une chute d'eau...

C'est une cascade artificielle, venant de ce qui semble être l'atrium d'un palais. Le bassin dans lequel ils sont tous tombés est carré, plutôt grand, cerné de statues versant de l'eau. Profond d'un petit mètre, il est d'eau claire. Ils se redressent, plus ou moins péniblement, et regardent autour d'eux. Les murs sont gravés de bas reliefs, le bassin encadré des statues toutes défigurées avec rage et de colonnes droites. Et surtout, il n'y a aucune porte. Le courant de la cascade faiblit. Le ciel, dans l'ouverture au plafond, est d'un noir uni. Un corps de plus qu'eux flotte dans l'eau limpide.


Kiera, après s'être relevée :_ Je doute qu'un vivant survive à pareil voyage. Ce qui veut dire que cet humain n'est surement jamais venu ici, ou du moins, par ce passage.
Sélia :_ Nous faisons fausse route, il faut faire demi tour, on ne trouvera rien ici...
Kédira, penché vers le corps flottant, celui d'une toute jeune fille :_ Et une vie en moins... Une.
Sélia :_ Si aucun vivant ne peut venir ici...

Chance reprend Chrysaline en ses bras, cette dernière semblant avoir été secouée. Il la recoiffe, tandis que les autres dames s'intéressent au corps, hormi Kédira qui sort du bassin pour longer les murs. Le corps est retourné, dévoilant un visage ravagé, ainsi que le bas ventre. Elle semble avoir été rouée de coups. Kiera enlace un temps le corps, appuyant des mains sur son dos et son buste, avant de déclarer.

Kiera :_ Elle ne s'est pas noyée. Alors comment a-t-elle pu arriver là ?
Kédira :_ On l'a jetée ?
Sélia :_ Vu son état...
Kiera :_ Son corps se serait rempli. Fouillez partout, murs, sol, plafond.
Sélia, sortant du bassin à son tour :_ J'ai vaguement l'impression qu'on va tomber sur ce qui lui a fait ça...
Kiera :_ Alors nous lui arracherons ses secrets avant de l'éliminer, Sélia.
Sélia :_ J'ai vu ça avec l'araignée...
Kiera :_ Je me demande si...

Chrysaline se penche sur le cadavre à son tour, alors que Chance approche. Krilleb reste au bord du bassin, droite et immobile, tandis que les autres suivent les bas reliefs, les décryptant. Kiera commence à incanter, et le corps en ses bras se secoue brutalement de spasmes. Sélia se retourne, Chance incante à son tour, posant Chrysaline qui se met à chanter. Le corps se secoue encore, puis se débat, avant de pousser un long hurlement de douleur, et de s'immobiliser. Kiera sourit alors largement, caressant la chevelure du petit cadavre.

Kiera :_ Chhht. Prends quelques instants pour prendre conscience de ton nouveau toi. Nous avons tout le temps. L'éternité, même. Et ces recherches ? Ah, et dire que j'ai utilisé tout mon fil pour une ingrate de vivante...
Chance, remettant de l'ordre dans les cheveux du cadavre recroquevillé :_ Nous en prendrons grand soin.
Kiera :_ Maintenant... Raconte nous.
L'enfant morte, entre ses sanglots :_ 'Est-'e 'e 'ou a'ez 'ait ?
Kiera, se tournant vers les autres :_ Qu'a-t-elle dit ?
Kédira :_ Qu'est-ce qu'on a fait, je dirais.
Kiera, revenant à l'enfant :_ Ah. Nous t'avons trouvée ici, privée de tout mouvement. Et... Quand un chevalier espère très fort, en canalisant son pouvoir... Il donne naissance.

L'enfant morte pousse alors un grand cri d'effroi et de douleur, tandis que Kiera sourit. Chance la fait s'assoir, Chrysaline fouille dans les replis de son armure. Les autres chevaliers sont immobiles, observant. Chrysaline finit par extirper une poupée faite d'assemblages hétéroclites et la tend à l'enfant, qui la prend contre elle, se balançant d'avant en arrière.

Kiera :_ Je t'ai posé une question, j'aimerai que tu y répondes.
L'enfant morte :_ 'A'a... 'A'a... Il 'a êt' en 'olè'e...
Kiera :_ Mais ton père se tient juste ici, à mes côtés.

Chance hoche la tête, avant de se pencher vers l'enfant qui a un mouvement de recul, saisissant son visage entre ses mains fermement. Il incante, elle se débat en hurlant de douleur, les chairs du visage se referment avec un bruit écoeurant. Kiera se détourne pour sortir du bassin.

Kiera :_ Il n'y a rien ?
Krilleb :_ Si, j'ai de beaux sabots.
Kiera :_ Les murs ont tous la même épaisseur ? En chaque endroit ?
Krilleb :_ Va vérifier si ça t'intéresse tant que ça.
Kiera, ricanant :_ Tout ce que tu voudras, chérie...

Sélia teste les murs du pommeau de son arme, jusqu'à arriver au mur nord où elle s'attarde, avant de donner un violent coup de poing dans une partie de celui ci. L'enfant morte finit par s'apaiser un peu, prostrée de terreur dans les bras de son « père » Chance. Kiera revient vers eux.

Kédira :_ Laisse Sélia, je le fais... Ca va me défouler un peu.
Kiera :_ Mon enfant, je ne souhaite qu'une chose venant de toi. Dis-moi comment tu es arrivée ici, et pourquoi.
L'enfant morte :_ … Papa était en colère... Je... Je veux dire... L'autre. Papa.
Kiera, tandis que Kédira lève sa hache et l'abat sur le mur :_ Continue.
L'enfant morte :_ Il était très en colère. Il m'a dit que... J'avais fait des choses mauvaises... C'était pas ma faute !
Sélia, alors que l'acharnement de Kédira parvient à créer une brèche :_ Bien.
L'enfant morte :_ Ens.. Suite... Il... Il m'a dit qu'il allait me sauver... Et... Quand j'me suis réveillée... J'étais dans ma fête. Ma jolie fête d'anniversaire... Avec mes chevaux...
Kiera :_ Ah, l'enfant de notre première rencontre... A croire que, finalement, tu n'étais pas qu'une simple illusion.
L'enfant morte, recommençant à sangloter :_ Et après.. J'étais encore à ma fête. Et ensuite... J'étais toujours à ma fête. Et là.. Je.. Me suis... Réveillée ici...
Kédira, alors que Sélia tente de mettre la main dans l'interstice :_ Tu veux que j'ouvre plus ?
L'enfant morte :_ Juste avant ma fête, maman est... Je veux dire, l'autre maman... On l'a enterrée, et... J'ai entendu...
Kiera :_ Entendu quoi ?
L'enfant morte :_ Entendu quelqu'un m'appeler...
Kiera :_ Qui t'a appelée ?
L'enfant morte :_ Je... Je crois que c'était maman... Alors j'y suis allée... Et pa... L'autre papa... Il était vraiment furieux !
Kiera :_ Ton père se fait-il appeler autrement que « papa » parfois ?
L'enfant morte :_ Oui, tout le monde l'appelle « mon Oncle »...
Chrysaline :_ Tonton oui !
Kiera :_ Il en sera vert de rage.
Chance, vers l'enfant :_ Ca sera notre secret.

Kiera sourit lentement, alors que les coups de hache de Kédira finissent par avoir raison du mur. Une lumière vive en jaillit, tombant très net dans la salle. Sélia recule avec un grognement de douleur, un bras en protection. Au sol, là où la lumière éclaire, on distingue des traces de sang qui étaient jusque là invisibles. Kédira tend la main, se faisant brûler à son tour.

Kiera :_ Qu'est-ce que... Recule ! Mais, comment de la lumière peut-elle se trouver ici ? Comme seules sorties, une cascade infranchissable, ou une source de Lumière... Le tout dans un endroit étrange avec comme seul indice l'ancienne progéniture de ce qui osait se faire appeler un guide.
Kédira :_ L'eau ne monte pas, donc il y a une sortie...
Chance :_ Si ce royaume fluctue comme il l'a été mentionné, il doit y avoir un autre biais.
Kiera :_ Alors où file toute cette eau ?
Kédira :_ Allez, je me dévoue pour chercher la sortie d'eau...
Chrysaline, après une longue réflexion :_ Maman est là aussi ?

L'eau clapote soudain alors qu'un bruit sourd, très lourd, parvient de la pièce illuminée. Tous s'immobilisent.

Kiera :_ Que ..?
Kédira :_ Ah, ça me plait, ce bruit...
L'enfant morte, paniquée :_ Le géant ! C'est le géant !
Kiera :_ Quel géant ?
Sélia, désignant l'un des bas reliefs :_ Celui-là.

Chrysaline berce l'enfant éplorée, alors que Selia coupe une mèche de ses cheveux pour la jeter dans l'onde, suivant son chemin dans l'eau. Kédira, elle, dégaine, souriante. Krilleb bouge enfin pour poser une main sur sa lame gauche.

Kiera :_ L'idée d'affronter un géant ne me dérange pas, mais s'il entre, il élargira l'ouverture, et donc la quantité de lumière...
Chance, dégainant à son tour, et confiant l'enfant morte à la gnome :_ Miaë, c'est Chrysaline, c'est ta tante maintenant.

Sélia, suivant sa mèche, parvient entre deux des statues vers le sud de la salle, s'agenouille et fouille. Elle frôle quelque chose qu'elle retire, et alors que les chevaliers font face au mur qui s'effrite, toute la salle s'ébranle. La sphère, dans la main de Sélia, pulse, le décor perd ses couleurs, chatoie, se fane aussitôt. Certains tombent à terre, surpris. L'humaine non-morte la repose à son socle, et tout redevient comme quelques secondes auparavant. La chose énorme derrière le mur l'attaque, hurle des imprécations à la lumière. Les injures fusent, on hurle en désordre à Sélia de recommencer, après une hésitation, elle le fait.

La sphère illumine la pièce de nouveau, et là où sa lumière tombe, les murs deviennent boyau de grotte, ce qui semblait être une illusion s'estompe. Dans les tremblements de la pièce, certains sont projetés vers la Lumière, Kédira est gravement brulée avant que l'énergie ne soit trop faible. Les cris du géant se font distordus, puis s'évanouissent. Ils sont dans une grotte semblable à celle dans laquelle ils avaient été piégés, mais sans plus de courant ni de présence. Ils se redressent dans l'onde, non plus seuls, mais accompagnés de l'enfant nue et morte. Le silence se fait, un instant.


Sélia :_ Et maintenant ?
Kiera, avant de se pencher vers Kédira :_ Maintenant, nous nous occupons de notre Soeur blessée avant toute chose. Peux-tu te tenir debout ? Peux-tu te battre ?
Kédira, portant la main à son visage défait et brûlé :_ ...Non.
Kiera :_ Contraignant.

Ils parcourent l'endroit, cherchant sans espoir, avant de se rendre à l'évidence qu'il n'y a plus rien à trouver ou provoquer.

Kiera :_ Nous sommes coincés ici. J'ignore même si les runes d'os fonctionnent.
L'enfant morte :_ Je... Connais ici...
Kiera :_ Alors tu as toute notre attention.
L'enfant morte :_ Vous... cherchez quoi ?...
Kiera :_ La Source.
L'enfant morte :_ La source ? La source de quoi ? Il y a plein d'eau ici...
Kiera :_ Connais-tu cette salle avec ces toutes poupées de chair ?
L'enfant morte :_ Ah, beuh, oui. C'est dégueu.
Kiera :_ Sais-tu qui en est l'artisan ?
L'enfant morte :_ Ah, voui... La dame derrière l'araignée.
Kiera :_ C'est une référence étrange à l'animal que nous avons abattu, ou une personne à part, mon enfant ?
L'enfant morte :_ Vous l'avez tuée ? Hé bien... Il y a trois dames, et un monsieur, ici. Il y a la dame qui m'avait appelée, la dame derrière l'araignée, et la dame lointaine.
Kiera :_ La dame derrière l'araignée, où peut-on la trouver ?
L'enfant morte :_ Je, euh...
Chrysaline, sur un air de comptine :_ Vertu, Mémoire, Sagesse.
Kiera :_ Les deux autres, où sont-elles ?
L'enfant morte :_ Ca dépend des rêves, ma... Mère.
Kiera :_ Sagesse est celle qui créée tous ces enfants ?
L'enfant morte :_ Vertu a beaucoup d'enfants. Sagesse les éduque. Mémoire les compte et les dispose.
Kiera, souriante :_ La Mère, le Professeur, et le Roi.
L'enfant morte :_ Pis y'a le Géant. L'Errant.
Kiera :_ Et que fait-il avec elles ?
L'enfant morte :_ C'est que... Qu'il est pas avec elles. Il les chasse. Il les veut pas.
Kiera :_ Il sert la Lumière, c'est bien ça ? Une sorte de contre-pouvoir pour maintenir un certain équilibre.
L'enfant morte :_ Pis y'a la dame qui fait les poupées... Elle est venue, y'a pas longtemps.
Kiera :_ Une quatrième dame ?
L'enfant morte :_ Non, m... Mère. C'est une qu'est pas d'ici. Elle est venue les voir. Échanger des choses.
Kiera :_ Je vois... Où peux-tu nous conduire, à partir d'ici ?
L'enfant morte :_ Un peu partout, si je retrouve...
Kiera :_ Je désire ardemment rencontrer Sagesse, comprends-tu ?
L'enfant morte :_ Oui... Mère.
Kiera :_ Tu es une bonne fille.

L'enfant baisse l'oeil, avant de se tourner, et d'entamer l'escalade d'un pan de mur couvert de racines. Suivie des chevaliers plus lourds, mais plus forts. Ils s'enfoncent de nouveau dans l'ombre, avant de retrouver la pierre. La voix de la petite, un peu éraillée maintenant, faisant un écho lointain alors qu'elle chantonne un air entêtant.
Ludjana
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Message  Ludjana Mer 11 Aoû 2010, 17:31


    Acte I, scène III: Le fruit de la connaissance



Les chevaliers et l'enfant morte sont au devant d'un petit coin de caveau où siègent quelques plaques couvrant des tombes creusées dans les parois. La petite cherche, gênée de sa nudité, avant de se pencher sur l'une des stelles, et de l'essuyer de sa main, murmurant d'un ton appris par coeur.

L'enfant morte, lisant :_ Sagesse se cherche dans l'interrogation... « Je ne suis qu'un murmure, pourtant, tu me connais. Nul n'entend sauf toi, je suis dans le secret. Je te guide et je te frappe, dans l'adversité et dans la joie. Je suis en tous et en personne. Dis mon nom, tu passeras. »
Kédira :_ … Conscience.

Une porte de dessine sur le mur, avant de s'entrouvrir sans un bruit. Un certain silence circonspect s'installe, et est brisé d'un :

Kiera :_ Hé bien.
Sélia :_ Bien vu.
L'enfant morte :_ Elle est par là...

Chacun passe la porte. Ils découvrent une sorte de salle de classe, un peu petite, un peu idéalisée, aux couleurs passées. Des livres sont bien rangés dans une bibliothèques, d'autres sont disposés, un par table d'écolier. Au tableau noir, des formules très complexes. Sept tables, avec chacune sa plume et son encrier. Cinq fenêtres, dont trois ouvertes, laissant filtrer un vent glacé venant d'un paysage de montagnes enneigées. Une horloge cliquète au mur, tournant à l'envers.

Kiera :_ Par éduquer, je ne pensais pas qu'il fallait te prendre au pied de la lettre... Elle n'est pas ici, ou bien sa présence nous est voilée ?
Kédira, peinant à ouvrir son seul oeil :_ Où... On est...
Chance :_ Elle se montre à ceux qui la cherchent, je suppose.
Sélia :_ Une sorte de salle de classe. Que sommes-nous sensés trouver ici ?
Kiera, feuilletant un livre :_ L'une des trois dames. La seule digne d'intérêt, enfin, je suppose. Car je ne demande qu'à apprendre ses secrets.

Kiera va auprès d'une fenêtre, admirant pensivement le paysage, alors que Chrysaline file au tableau, s'armant d'une craie. L'enfant, elle, se terre timidement dans un coin, tandis que Chance approche de la bibliothèque, retirant un gantelet pour feuilleter un livre à son tour.

Kédira :_ Elle veut peut être qu'on l'attende simplement...
Kiera :_ Nous ne venons pas à elle comme des êtres inférieurs.
Kédira :_ Je me le sens en ce moment...
Kiera :_ Tu as joué de malchance. Nous ferons tomber cet Errant s'il croise à nouveau notre route.
Kédira :_ Mouais...
Kiera, se tournant vers la salle :_ Hm. Une idée sur la marche à suivre ?
L'enfant morte :_ J'suis toute nue...
Kiera, revenant à la vue :_ Tu auras les atours récupérés sur les mieux parés de mes enfants, je te le promets. Mais pour l'heure, laissons ça de côté. Montre-toi, Sagesse, éclaire-nous de tes connaissances.

Le silence revient, brouillé des bruits des pages qu'on tourne et de la gnome qui griffonne au tableau, sous les formules. Sélia s'approche de l'horloge pour en remonter les aiguilles, de trois heures trente à midi. Une cloche sonne. Chrysaline se détache finalement du mur, avec un sourire triomphant. Sous les formules et après maints calculs, elle a écrit: « Je suis scellée en moi-même ».

Kiera :_ Qu'est-ce que ça signifie, ma Soeur ?
Chrysaline :_ Formule !
Chance :_ Un fragment d'énigme encore ?
Kiera :_ Il faut croire. C'est à partir de ce qu'il y avait écrit que tu as déchiffré ça ? As-tu terminé ?
Chrysaline, essuyant son bout de nez taché de craie et hochant la tête :_ Sagesse, scellée.
Kiera :_ Alors le sens de cette énigme me dépasse.
L'enfant morte :_ Dans les livres... Je crois.
Kiera :_ Ils sont incohérents pourtant...
Sélia :_ Il faut trouver les bonnes pages.
Kiera, reprenant un livre dans un soupir :_ Même un orc aurait été plus clair dans ses écrits.

Tous, sauf Krilleb et Kédira, se mettent à lire. L'heure défile, il est dix heures cinquante. L'ambiance est studieuse. Chrysaline trouve quelque chose, semble-t-il, allant écrire au tableau « Un fragment dans chaque pourtant ». Il est neuf heures vingt quand Chance, après avoir annoté son livre avec soin, va noter au tableau « Certains trouvent, d'autres bafouent ». Kiera devient fébrile, trouvant à son tour, déchiffrant et relevant un visage concentré.

Kiera :_ « Trouvez-moi pour me rassembler ». Rajoute cela.
Chance, récitant :_ « Je suis scellée en moi-même, un fragment dans chaque pourtant, certain trouvent, d'autres bafouent, trouvez-moi pour me rassembler. »
Kiera :_ Répondre « Sagesse » serait trop simple...
Kédira :_ Qu'est-ce qu'on peut trouver ou bafouer...
Sélia, regardant l'horloge qui affiche huit heures vingt :_ La foi ?
Kédira :_ L'honneur ?
Kiera :_ Une sornette telle que la paix ?

La cloche sonne aux huit heures. Les fenêtres se ferment, la salle devient sombre, les formules s'effacent. Bientôt, tout devient noir, puis le sol se refait plus clair. Le couloir de la crypte.

L'enfant morte :_ Elle n'est plus là... C'est fermé, maintenant.
Kiera :_ Nous avons échoué.
L'enfant morte :_ Faut partir et attendre qu'elle se rouvre. Je... Je viens avec... Vous ?
Kiera :_ Crois-tu que je laisserai mon enfant derrière moi ? Quand se rouvrira-t-elle ?
L'enfant morte :_ Ca dépend d'elle. Demain, dans un mois... J'ai pu trop de notion.
Kiera :_ Je resterai non loin de l'entrée en attendant.
Chance :_ Je vais la ramener à Berce-Âme. Et nous reviendrons à l'heure dite.
Kiera :_ Bien. Cette nuit, nous avons presque touché au but. Ces Dames ne pourront se terrer éternellement.
Chance :_ Soyez prudente, Dame Kiera. Je n'apprécierais pas devoir écorner mes engagements auprès de ces mortels, s'ils venaient à faire des sottises. Sang et Acier. Bientôt, nous vaincrons.
Kiera :_ Sang et Acier.
Krilleb :_ Sang et Acier.

Retrouvant l'air du dehors, ils invoquent leurs montures d'outre-tombe, avant de s'éloigner, laissant Kiera en arrière, qui croise les bras devant la crypte, dans un air de défi pugnace.
Ludjana
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Message  Ludjana Mer 11 Aoû 2010, 18:48


    Acte I, scène IV: Des promesses



Au devant de la crypte, Kiera attend toujours. Une araignée a fait sa toile sur son armure. Ariste sort de la crypte, avec un pas lourd, quelques taches de sang ça et là. Il s'arrête non loin d'elle, alors qu'il finit de griffonner une note.


Ariste :_ Vous êtes qui, vous, déjà ?
Kiera :_ Celle qui réussira là où tu as échoué des années durant, je suppose.
Ariste :_ C'est à dire. A me faire avoir ? Hin.
Kiera :_ Je pensais plutôt à une annihilation pure et simple de ce qui se terre sous mes sabots. Une fois que j'aurais obtenu ce pourquoi je suis ici, bien sûr.
Ariste :_ Et c'est pas déjà fait ? Ca traine.
Kiera :_ Nous avons l'éternité devant nous.
Ariste :_ J'ai pas encore un mois de patience.
Kiera, haussant une épaule :_ Tu auras sans doute oublié cette conversation d'ici demain, alors...
Ariste :_ Vous avez pas attendu mon retour.
Kiera :_ Tu nous as fait faux bond une fois, et tu as prouvé tes limites. Nous n'avons pas envie d'un poids mort esclave de la Lumière parmi nous.
Ariste :_ Encore un mot de trop de j'm'arrange pour que vous foutiez plus jamais vos sabots en bas.
Kiera :_ Et par quel prodige ?
Ariste, faisant grésiller sa paume de Lumière :_ Use ta cervelle. Je joue pas les chaperons pour des prunes. Si vous continuez à jouer les marioles, crois bien que j'vais potentiellement oublier d'être gentil.
Kiera :_ Nous honorons notre serment.
Ariste :_ Vous vous êtes engagés. Pas moi. Et j'vois pas d'un très bon oeil des cadavres étrangers dans mes tombes.
Kiera :_ La parole de ta propre lignée n'a pas de valeur à tes yeux ?
Ariste :_ Quoi, Chance ?
Kiera :_ Pas seulement.
Ariste :_ Explique.
Kiera :_ J'ai proposé mon aide à cette humaine vivant sous ton toit, son nom m'échappe. Elle a accepté au nom des siens, tout comme je l'ai fait pour le Clan.
Ariste :_ J'suis le seul à pouvoir le faire, c'est là qu'y a comme une nuance, Draeneï.
Kiera :_ Même dans ces Bois, vous connaissez ceux de norte espèce ? J'avoue être surprise.
Ariste :_ J'essaie de me tenir au courant de ce qu'il y a au dessus de mes caves.
Kiera :_ Mais quoi qu'il en soit. Si le pacte scellée est sans importance pour toi...
Ariste :_ Non. Il n'est pas sans importance. Juste qu'il n'y a pas et tous les termes bien expliqués.
Kiera :_ Mes Frères et Soeurs sont capables d'apporter la destruction et la mort à une échelle qui t'échappe. Nous avons été d'une retenue exemplaire dans ces sous-sols, crois-moi.
Ariste :_ Pas vraiment, non. Mais j'imagine tout à fait les idées qui pourraient vous prendre face à mes cadavres. C'est pour ça que j'veux être avec vous. Pour éviter que vous fassiez des conneries.
Kiera :_ Je ne vole pas la progéniture d'un autre, sache-le.
Ariste :_ Les paroles s'envolent. Je préfère être là. Tu sais pas combien d'personnes j'ai dû aller chercher par la peau du fion là dedans.
Kiera :_ Les vivants promettent, les morts agissent. Voilà la différence.
Ariste :_ Je fais plus que je ne parle. J'suis pas encore clamsé.
Kiera :_ Ces Dames...Les as-tu vues ?
Ariste, après un coup d'oeil à ses notes :_ Les trois ? J'en ai vu... Deux.
Kiera :_ Lesquelles ?
Ariste :_ Sagesse, Vertu.
Kiera :_ Parle-moi de Sagesse.
Ariste :_ Pourquoi.
Kiera :_ Elle est l'aspect de cette Trinité qui me semble être le plus intéressant.
Ariste :_ Intéressant pour quoi faire.
Kiera :_ Sagesse éduque.
Ariste, goguenard :_ Tu veux des cours ?
Kiera :_ Non, je veux voir si ses connaissances dépassent les miennes.
Ariste :_ Ouais. Et dans quel but ?
Kiera, avec un sourire :_ Je n'apprécie pas la concurrence.
Ariste, souriant à son tour :_ Putain d'truc de femme.
Kiera :_ Alors ?
Ariste :_ Alors, viens. Tu veux lui parler ? Soit. On va lui parler.

Ils s'enfoncent dans les catacombes, la non-morte suivant le vivant. Ils y demeurent quelques minutes, avant de ressortir, les bottes moites d'une eau sombre.

Kiera :_ De simples mortels ont osé défier de telles créatures ?
Ariste :_ Moi, parmi eux, et j'étais pas le premier.
Kiera :_ Tous ont péri face à la tâche, n'est-ce pas ?
Ariste, hochant la tête après un temps :_ Reste que Sinfyr et moi.
Kiera :_ Je pourrais t'offrir le temps qui te fait défaut, si tu le souhaites.
Ariste, levant lentement un sourcil :_ Ca veut dire quoi, ça.
Kiera :_ Même pour les mortels, l'existence humaine est incroyablement épémère.
Ariste :_ Et je touche à ma fin, oui.
Kiera :_ Et ta descendance n'a aucune chance dans ce combat, n'est-ce pas ?
Ariste :_ C't'un fait.
Kiera, ouvrant grand les bras :_ Alors, pourquoi ne pas accepter l'éternité ?
Ariste :_ Si j'dis oui, t'auras pas l'air con.
Kiera :_ Si tu dis oui, ma lame transpercera ton coeur dans l'instant.
Ariste :_ Ca ferait deux cons.
Kiera :_ Il faut croire.
Ariste :_ Je n'peux pas.
Kiera :_ Pourquoi ?
Ariste :_ Je dois rester. Ils en ont besoin. Ou tout ça... Va n'en faire qu'une bouchée.
Kiera :_ Pourquoi n'êtes vous pas partis ? C'aurait été si simple.
Ariste :_ Je suis resté parce qu'il y a trop d'curieux qui viennent se perdre ici. Et que j'suis l'un des seuls à pas m'y paumer. Elles doivent avoir un faible pour nous, à pas nous bouffer tout de suite. Les autres, les étrangers au sang...
Kiera :_ Miaë ?
Ariste, se figeant :_ Quoi, Miaë ?
Kiera :_ Elle fait partie de ceux à s'être égarés, n'est-ce pas ?
Ariste :_ Tu cherches quoi, là.
Kiera :_ Une réponse à ma question, dans un premier temps.
Ariste, serrant le poing :_ Elle l'avait prise.
Kiera :_ Miaë est devenue la chose de Sagesse ?
Ariste, les mâchoires crispées :_ Presque.
Kiera, avec un sourire grandissant :_ Finalement... Nous avons une victoire chacune à notre actif.
Ariste :_ Qu'est-ce que c'est que ça, encore.
Kiera :_ Une simple référence à une tentative de Sagesse pour nous détruire en nous mettant sur la route de l'Errant, rien de plus.
Ariste :_ L'Errant ? C'est quoi cette fantaisie ?
Kiera :_ Il semblerait que tu ne sois pas le seul à défendre les intérêts de cette « Lumière ».
Ariste, sceptique :_ Là dessous ?
Kiera :_ La chair brûlée de ma soeur peut en témoigner.
Ariste :_ Jamais croisé. Jamais entendu, ou au moins écrit, quoique ce soit.
Kiera :_ Il y a un début à tout.
Ariste, prenant des notes :_ Admettons. Et ?
Kiera :_ Rien.
Ariste :_ Réponds.
Kiera :_ Tu es mal placé pour critiquer les oublis d'autrui.
Ariste :_ Je m'en sers moins de prétexte.
Kiera :_ Libre à toi de douter.
Ariste :_ Et quand tu me relèveras de ma tombe pour me narguer, mes injures auront une autre saveur ?
Kiera :_ Jamais un enfant n'insultera sa mère, voyons.
Ariste, fouillant son livre avant d'en arracher une page :_ On verra ça le moment venu. J'ai quelque chose pour toi. Ca vous est adressé.
Kiera :_ Pardon ..?
Ariste, tendant la feuille :_ Elles écrivent. Ca arrive. Je suppose.
Kiera, lisant, avant de relever la tête :_ C'est une plaisanterie ?
Ariste :_ J'me marre comme un petit fou. V'nez frapper quand vous serez prêts, vous autres.

L'homme se détourne, épée à l'épaule, rangeant son livre. Kiera reste un temps à regarder le vide, avant de faire face de nouveau à la crypte, et d'attendre.
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Message  Ludjana Mer 11 Aoû 2010, 19:05


    Acte I, scène V: Des ombres au tableau



La maison Orlshae. Ariste avance, délesté de son armure, jusqu'à la bibliothèque. Un vieillard s'y tient, droit, appuyé sur une canne.

Ariste :_ Sinfyr.

Le vieillard ne réagit qu'en balayant l'air de la main. Ariste s'approche encore, venant lui saisit le bras.

Ariste :_ Sinfyr ! Tu dois me parler. Tu ne m'as pas tout dit.
Le viellard, nommé Sinfyr :_ Ah, bast de tes mains, toi ! Même pas tu les as lavées.
Ariste, secouant le bras :_ Ca suffit, merde ! Tu crois que je m'éclate là dedans ? Réponds !
Sinfyr :_ Un peu de respect pour ton oncle, petite raclure !
Ariste, le relâchant :_ Mouais. Pardon.
Sinfyr :_ Hé bien quoi ! Qu'est-ce que tu veux. Parle, j'ai pas le temps !
Ariste :_ Et ton temps à branler des livres, il peut pas se partager ?
Sinfyr :_ Parle, ou j'te fais bouffer ma canne !
Ariste :_ L'Errant. C'est quoi.
Sinfyr :_ L'Errant, l'Errant... C'est les crevés qui sont allés te raconter ?
Ariste :_ Tu. Réponds.
Sinfyr :_ Ah bien ! Bel exemple ! Je savais que j'aurais dû prendre ton frère.
Ariste :_ Ma patience va trouver son terme, vieux machin...
Sinfyr, agitant sa canne :_ Bast ! Bast ! L'Errant est le gardien des tombes. Contre nos ennemis !
Ariste :_ Nos ennemis, hein. Ceux de la famille, ou les tiens ?
Sinfyr :_ Ce manque de foi...
Ariste, sifflant :_ Parlons de foi, bonne idée.
Sinfyr :_ Suffit ! Il protège contre les fientes non-mortes. C'est tout ce que tu as besoin de savoir !
Ariste, narquois :_ C'est amusant comme j'ai toujours besoin d'être con, hein.
Sinfyr :_ Tu l'as toujours été.
Ariste :_ Et c'est pour ça que c'est moi que tu as entrainé, ouais.
Sinfyr :_ Mmmh.
Ariste :_ Qu'on soit clairs. Je ne veux plus de ça dans ma famille.
Sinfyr :_ C'était la mienne avant la tienne.
Ariste :_ C'est la mienne à présent.
Sinfyr :_ Pfah. La Croisade est morte.
Ariste :_ Et qu'elle le reste. Et surtout qu'elle ne remue plus.
Sinfyr :_ Mmmh.
Ariste :_ J'en ai pas fini, vieux machin. Je vaincrai.
Sinfyr :_ J'attends encore.

Ariste peste, et se détourne. Un claquement de porte résonne.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 01:25


    Acte II, scène I: Les épines des roses


La maison Orlshae. Gladys, Charmayne et Ysmène prennent le thé, tandis que Lison fait le ménage, passant le balai.

Gladys :_ Mais toi, Charmayne, tu as encore de bonnes oreilles. Qu'ont-ils dit ?
Charmayne :_ Ma tante ! Je n'écoute pas aux portes.
Gladys :_ Enfin ! Ne veux-tu donc rien dire ?
Charmayne :_ Ce n'est pas ça, ma tante, mais j'ai entendu si peu...
Gladys, se relevant, inquiète :_ Ca ne lui ressemble pas de ne rien m'en dire.
Ysmène, relevant faiblement la tête :_ Oh ?

Un silence s'installe, alors que Charmayne et Ysmène échangent un regard complice et dissimulé, et que la vieille dame accuse le coup de la dernière réplique. Gladys s'approche de la fenêtre, écartant les rideaux.

Gladys :_ Et ces morts qui sont revenus...
Charmayne :_ Je suis certaine qu'ils nous laisseront bientôt tranquilles.
Gladys :_ Mais qu'a-t-telle fait, qu'a-t-elle fait ?
Charmayne :_ Manon n'a sans doute pas voulu mal agir...
Ysmène :_ Mais elle a dû.
Gladys :_ Ysmène ! N'as-tu rien entendu ?
Ysmène, après un léger sourire :_ Oh, ma Tante, je n'ai guère compris. Ils parlaient de nouvelles de la ville, d'elles, vous savez, ces deux nièces perdues que vous étiez tous deux si heureux de retrouver.
Gladys, impatientée :_ Parle, parle donc !
Charmayne :_ Oh, ma chère tante ! Nous n'y avons rien entendu, pensez donc. Ils parlaient de l'une d'elles, ayant embrassé... L'écarlate, je crois ?
Gladys, portant la main à ses lèvres, lentement :_ Lumière...
Charmayne, avec une moue :_ Et... Manon semblait dire qu'elle avait mené d'autres personnes vers l'endroit où notre Oncle va. Non, assurément, ne pensait-elle pas à mal...
Gladys, se tournant brutalement vers Charmayne :_ Quoi ! Ah, ferme-la, ferme-la, porte malheur !
Charmayne, reculant :_ Ma tante !
Gladys :_ Hors de ma vue !

Charmayne se lève, couvrant son visage des mains pour grimper quatre à quatre les marches des escaliers. Ysmène hausse légèrement une épaule, tandis que Gladys tremble de rage. Une fois parvenue à l'étage, Charmayne découvre un visage souriant face à un miroir.


Dernière édition par Ludjana le Ven 10 Sep 2010, 05:10, édité 1 fois
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 04:59


    Acte II, scène II: Hasard de la destinée


Les cryptes des Orlshae, un soir sans lune. Les chevaux morts piaffent leur impatience de montures de guerre trop immobiles, alors que les chevaliers les montant jaugent du regard un homme. La discussion est déjà vive, hostile. L'homme, le vivant, est lui très bien habillé, parfaitement mis de sa personne. [i]

L'homme, tirant les rênes de sa monture, bien vivante, elle :_ Fort bien ! La raison de cette... Intrusion ? Si j'osais, je vous retournerai volontiers cette question.
Kiera :_ Et qui es-tu ?
L'homme, murmurant pour lui même, avant de se présenter avec emphase :_ Thilius Aeruthel Linessa, pour vous servir, très chère !
Kiera :_ Ils sont incapables d'admettre leur propres limites, et négligent leur survie.
L'homme présenté comme Thilius, se penchant vers Miaë cachée derrière Chance :_ Grands Dieux. Quel teint affreux, jeune fille ! Vraiment, je ne pensais pas tomber sur ce genre de... Surprise. Les Orlshae ont laissé faire ?
Kiera :_ Les Orlshae ont compris où était leur intérêt.

[i]L'une des non-mortes, Krilleb, fait soudainement charger sa monture sur l'homme, lequel ne doit sa sauvegarde qu'à la vivacité de la sienne.


Thilius, maîtrisant sa bête :_ Ohla ! Point n'est besoin de faire assaut d'armes, Mesda... Hmm... Mesdames !
Kiera :_ Dis-nous la raison de ta présence, et sans tarder, cette fois.
Thilius :_ Je suis ici sur demande de ma Dame -Mais je doute que vous la connaissiez.
Kiera :_ Laquelle ?
Thilius :_ Autrement... Je venais prendre quelques nouvelles de la petite Charmayne, la connaissez-vous ?
Kiera :_ Laquelle.
Thilius:_ Il n'est d'usage de faire mention de son nom face à des béotiens.
Miaë :_ Chagrine, Chagrine, avec un coeur d'épine ! Mauvaise fille d'bonne famille, sitôt qu'elle sera perdue, on la r'trouvera pendue...
Thilius, souriant lentement :_ Que de cruauté envers son propre sang. Alas, les enfants de connaissent plus le sens de la gratitude.
Kiera :_ Perte de temps... Guide-nous, mon enfant.
Miaë, se mordillant la lèvre avant de commencer à marcher :_ Voui, je vais tâcher au mieux, ma mère.

Les non-morts suivent l'enfant-goule dans les tréfonds de la crypte, progressant dans l'eau noire jusqu'à une sorte de statue sur un piédestal. Voilée, les mains jointes versant un peu d'eau, la tête basse. Kiera s'avance plus que les autres, Thilius, lui, reste assez éloigné.

Kiera :_ Ce n'est pas ici que j'imaginais notre troisième rencontre, Sagesse. Tu sais déjà pourquoi nous sommes ici.
Une voix, tandis que la statue relève lentement la tête :_ Peut être bien. Venez-vous demander audience ?
Chrysaline :_ Non. Demandons Sagesse !
Kiera :_ J'ai ramené les miens, alors commençons sans tarder.
Une voix :_ Soumettez-vous à mes règles, que je puisse vous enseigner.
Kiera :_ Encore une fois, je le répète, ce n'est pas en élèves que nous venons. Enonce tes règles, nous verrons si elles conv...

Kiera s'arrête en fixant Thilius qui s'est approché, alors que Chrysaline sourit, adressant un hochement de tête à la statue.

Kiera :_ Qu'est-ce qu'il fiche ici ?
Thilius, se frottant le menton :_ Oh. J'ai suivi.
Une voix :_ Ce n'est pas en tant qu'égaux que je considère ceux qui ont échoué. Acceptez, ou reculez. Oh ! Le bonsoir, merveilleuse créature. Venez-vous jouer avec moi ?
Krilleb, dégainant :_ Essaye de t'défendre ou de t'tirer.
Thilius :_ Je serais vous, j'éviterais tout geste malheureux.
Kiera, vers la statue :_ Tu sais de quels ravages nous sommes capables, et le temps n'est pas un problème. Ta proposition reste-t-elle inchangée ?
Une voix, tandis que Krilleb et Thilius échangent un jeu de tailles et d'esquives :_ Parole donnée est parole de que prends. Nous jouons déjà, Kiera.
Kiera, impassible, tandis que les non-morts silencieux laissent place à la joute brève, semée d'incantations de la part de Thilius :_ Il n'est pas dans mes habitudes de menacer en l'air, Sagesse.
Une voix :_ Je prends ceci pour accord envers tous ceux de ton Clan. Pensons, à présent.

Deux portes se dessinent, deux gargouilles trônant chacune à leur sommet. Derrière, Chance a dégainé, tandis que Kédira s'élance vers Thilius, pour lui maintenir un bras en clé. La voix lâche.

Une voix :_ L'une ment, l'autre dit seulement la vérité. Une des portes s'ouvre vers un pas à moi, l'autre vers le néant.
Kiera :_ La vérité de cet énoncé est-elle irréfutable ?
Thilius, genou au sol :_ Hmf... La dénommée Kiera est votre chef, c'est cela ?...
Kiera, constatant que la statue s'est immobilisée, muette et s'approchant de la gargouille de droite :_ Ta jumelle dit-elle la vérité ?
La gargouille de droite :_ Non, Kiera. C'est une gougnafière.
Kiera :_ Quelle porte gardes-tu, celle à ma gauche, ou à ma droite ?
Kédira, à Thilius, serrant sa prise :_ Oui, c'est elle.
Kiera, toujours indifférente, passant à la gargouille de gauche :_ Quelle porte gardes-tu, celle à ma gauche ou à ma droite ?
La gargouille de gauche :_ A votre gauche, bougre d'abrutie.
Thilius, prenant le parti de ne plus bouger :_ Pourquoi perdre du temps avec un « sous-mort » quand votre dirigeante est aux prises avec une énigme capitale ?
Kiera, concentrée :_ Ma prochaine question est pour vous deux.

La question se perd lorsque Kédira, convaincue, relâche l'humain qui se redresse, chargé une seconde plus tard par Krilleb, à nouveau. Une succube se matérialise aux côtés de Thilius, engageant aussitôt le combat avec la non-morte. Les gargouilles se mettent à bavasser, Chance se met de nouveau en garde pour parer à d'éventuels débords sur les trois demoiselles non engagées. Chrysaline remue alors se plantant devant la gargouille de gauche.

Chrysaline, pointant la porte du doigt :_ Sagesse ou Néant ?
La gargouille de gauche :_ Sagesse, Miss Perceboulon.

La gnome se tourne un instant vers le combat qui a dérivé d'étrange manière, entre l'invocateur qui tente de raisonner ces dames, la succube et Krilleb échangeant un long baiser et les deux dernières draeneïs non mortes échangeant des stratégies de question. La gnome finit par hocher la tête, et passer la porte de gauche.

Kiera :_ Et vous deux, allez-vous cesser vos enfantillages ?
Thilius :_ Dame Kiera, voulez-vous modérer votre soldat ? En retour, je vous assure de mon aide ce soir -Soyez assurée qu'elle vous sera utile. A ce propos ! La charmante gnomette semble avoir décidé de prendre plus de risques que vous.
Kiera :_A défaut de vouloir mourir dans ton coin, je te demanderai de faire silence.
Thilius, pouffant de rire :_ Je serai muet comme une tombe. Ah ! Ah ! Comme une tombe !

Kiera lui jette un regard sombre, avant qu'ils ne s'avancent. Tous entrent, sauf Chance et Krilleb. Cette dernière reste immobile, loin au devant de la porte. Chance l'observe un temps, avant de se tourner vers le passage, et d'en franchir le seuil. La porte s'efface derrière lui.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 05:50


    Acte II, scène III: Pas à pas vers l'abattoir


C'est une salle toute de fer dans laquelle ils avancent. Sol, plafond, murs. Sur le mur qui leur fait face, s'affichent ces quelques mots. « Je viens sans qu'on y pense. Je meurs en ma naissance. Et celui qui me suit, ne vient jamais sans bruit. »

Thilius :_ C'est facile !
Chrysaline, sourcils froncés :_ Silence !
Thilius :_ L'éclair et le tonnerre. Hé bien ? C'est une énigme, il est amusant d'y répondre, non ?
Kiera :_ Silence.
Thilius :_ Vous n'êtes pas distrayantes.

Une porte se dessine en lieu et place de l'énigme. L'éclair tombé du plafond zèbre les murs, sans toucher aux personnes. Ils avancent, les non-morts guettant en coin l'invocateur amusé. C'est une salle plus grande, toute de noirceur. Sur le fond, se tracent les mots: « Tant que je vis, je dévore, si je bois, c'est la mort. »

Thilius, enjoué, après avoir lâché une incantation :_ Facile !
Chrysaline, marchant vers le mur sans s'arrêter :_ Feu.
Thilius, après un soupir :_ Finalement, on dirait que vous vous prenez au jeu également.

Ils arrivent à une salle plus grande, en amphithéâtre. Sur ce qui tient lieu de scène, un pupitre. Sur le pupitre, une toile. Sur la toile, quelques mots. Autour, des gradins en demi-lune, vides. Ils s'avancent dans un silence troublé par les bruissements de leurs armures. Miaë est celle qui s'avance le plus, pour lire les mots à voix haute.

Miaë :_ Je t'empêcherai de périr, sans rallonger tes jours. Je t'empêcherai de vieillir, sans t'épargner les rides. Au fil du temps, je mentirai.
Thilius :_ Un tableau ! Portrait, pour être exact.
Kiera :_ Humain, qu'est-ce que je t'ai dit à plusieurs reprises ?
Thilius :_ Vous n'êtes pas assez réactive, ma chère.
Une voix, résonnant dans l'amphithéâtre, androgyne :_ Oh, toi, là ! Saisis-moi, c'est impossible, dépasse-moi, tu hurles, me voir, c'est impossible.
Thilius, se tapotant la lèvre :_ J'ai bien quelques idées.
Chrysaline, alors que Chance incline lentement le casque vers le vivant :_ Chut !
Thilius, avec un temps de silence entre deux phrases :_ Mais à vous l'honneur ! Personne ? Soit, le vent !
Kiera, dégainant :_ Cette fois, c'est le mot de trop.
Thilius :_ Vous devriez me remercier, je prends les risques à votre place.
Kiera :_ Personne ne te l'a demandé.
Thilius :_ Justement ! Profitez...
Kiera, suspicieuse, alors que tous observent Thilius qui vient subitement de hurler à s'en arracher la voix :_ Tu viens voler ce qui revient de droit aux Non-morts, humain ?
La même voix androgyne :_ C'est un échec ! Trouvez-moi !
Thilius, se raclant la gorge :_ C'était... Original.
Chrysaline, levant le doigt :_ Son !
Thilius, toujours à se masser la gorge :_ Admirablement joué, jeune fille, cela ressemble à une réponse correcte.
Une voix masculine, ferme, après qu'une note claire ait teinté, et que des ombres se soient installées dans les gradins :_ Sans moi s'effondreraient les arches. Je fais s'élever de la terre les complaintes. Je suis souvent cherché.
Thilius, se décalant de coté, et avisant Kiera :_ Je n'ai rien contre les affections par derrière, mais pourriez-vous vous éloigner de ma nuque, je vous prie ?
Chance, après un loin regard indéchiffrable, se grattant inutilement le gorgerin :_ Je penserais à une clé de voute, pour l'architecture, mais je ne vois pas la correspondance avec le reste.
Thilius :_ Clé tout court ? Peut être. Cela pourrait coller.
Chance :_ Clé.
Une voix, vieille et essoufflée, alors que d'autres ombres s'approchent, quand une porte en coulisse se déverrouille :_ Je peux compter le temps, sombrer dans la folie, ou tomber en poussière...
Thilius :_ Félicitations, jeune homme ! Hm. Grain !
Chrysaline, boudeuse alors qu'une foule d'ombres devenues nombreuses applaudit vers la scène :_ Oh.
Thilius, s'inclinant :_ Vous vous êtes très bien défendue !
Une voix déjà entendue :_ Oh bien, très bien ! Me voilà d'humeur généreuse. Que pensez-vous d'énigmes plus intenses ?
Thilius :_ Une proposition aussi alléchante ne peut se refuser ! Surtout de la part d'une si séduisante voix.
Une voix, tandis que les non-morts se rassemblent :_ Un homme est sur le point de mourir. Il déclare à ses fils : Prenez vos chevaux, et galopez jusqu'à ma demeure dernière. Celui dont le cheval arrivera le plus tard, aura toute la richesse. Ils prennent monture, et galopent à toute vitesse. Pourquoi ?
Thilius, après un instant où tous songent :_ Oh, on me l'a contée il y a des années de cela...
Kiera :_ Ils doivent arriver avant minuit ?...
Thilius, observant Kiera basculer subitement en avant, manquant de s'affaler, rattrapée par Kédira et Chance :_ C'était pourtant finement observé.
Kédira, alors que Kiera tente se de redresser, sans succès, pour finir par être portée par Chance :_ Que se passe-t-il ?
Kiera, jetant un regard à Thilius se frottant les mains :_ Profite...
Chrysaline :_ Partent très très loin, pour être sûrs derniers à revenir vers Papa.
Thilius, après avoir observé Chrysaline tomber sur ses fesses :_ Hm, que ressentez-vous exactement ? Les échecs sont autant d'indices.
Kiera :_ Je ne demande qu'une occasion de passer mes nerfs sur une créature vivante, alors ne me donne pas de prétextes...
Thilius :_ Vous êtes obtue. Soit ! Je vais expérimenter moi-même. Sa richesse, se compte en dettes, et aucun ne désire en hériter. Ce qui, entre nous, pourrait se...
Chance, observant Thilius tomber à son tour, la succube venant à son secours :_ Hm. Une hypothèse ?
Thilius, se frottant la nuque, pas réellement perturbé :_ L'indice indique une suppression des fonctions motrices... Allons, un petit effort !
Kédira :_ Sais pas.
Miaë :_ Non plus.
Chance, assurant la posture de Kiera dans ses bras :_ Songeons. Que disait précisément l'énigme.
Thilius :_ Essayez, ça ne coûte presque rien !
Chance, après un soupir contenu :_ Bien. Nous avons deux garçons qui vont à monture, et qui ne doivent rejoindre une demeure qu'en dernier, pourtant ils y vont vivement. Ce n'est pas une dette, ce n'est pas pour s'éloigner.
Kiera :_ Je sais !
Chance :_ Oui, Dame ?
Kiera :_ Et si... Chacun montait le cheval de l'autre ?
Thilius :_ Plait-il ?
Chance, hochant la tête avec docilité :_ Chacun montait le cheval de l'autre.
Une voix déjà entendue, presque enjouée, alors que la foule dense et moins spectrale applaudit à tout rompre:_ Hé bien, que d'efforts ! Voilà qui présage d'un grand acte !

La foule se lève, alors qu'une petite musique de chambre commence à se faire entendre. Aucun des touchés par l'étrange phénomène ne peut se relever.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 07:17


    Acte II, scène IV: De simples gouttes d'eau


La voix, maintenant une sorte d'ombre flottant au dessus de la scène, souffle, tandis que les acclamations se taisent sous l'attention.

Une voix déjà entendue :_ Lors d'une réunion de bataille, dans un fortin du Norfendre, les hommes boivent et mangent. Soudain, une alerte résonne, ils sont attaqués. La moitié part, l'autre reste à parler de leur sujet. Pourtant, ceux partis à l'assaut vivent encore, ceux qui sont restés meurent au lendemain. Pourquoi ?
Kédira :_ Du poison dans la nourriture ?

Tous observent, mutiques, Kédira se voûter pour vomir un long flot noir sous les huées. Quelques minutes passent.

Thilius, passant la langue à ses lèvres :_ Il se fait soif, non ?
Kiera :_ Je ne bois pas, Vivant.
Thilius, reprenant meilleur appui sur le flanc de la succube :_ Quelle jolie formulation. J'en serais prêt à penser que vous frôlez la réponse.
Sélia, sortant soudain de son mutisme :_ J'ai peut être une réponse...
Thilius, offrant un sourire charmant :_ Nous avons grand hâte de l'entendre.
Sélia, de marbre alors qu'elle énonce :_ L'ennemi était trop nombreux. Ceux qui sont partis prenaient la fuite et ceux qui sont restés les couvraient.
Kiera, alors que Sélia porte la main à sa gorge, la raclant avec insistance :_ Ils sont partis « au front » pourtant. S'ils discutaient de stratégie, ils ne mangeaient pas ?
Thilius :_ Discuter assèche le gosier, savez-vous ?
Kiera :_ Même quelque chose d'aussi idiot qu'un vivant ne se laisserait pas mourir de soif.
Thilius, lui souriant :_ C'est fort exact.
Kiera, fronçant les sourcils, tandis que Chance qui la soutient toujours ferme les yeux :_ Encore une fois, je n'ai pas envie de jouer... Kédira a nommé du poison, son état ne me fait pas penser à une réponse correcte.
Sélia, toussant :_ Alors pourquoi ceux qui partent survivraient-ils ? Ils ont bu également.
Thilius :_ Elle a parlé de manger, guère de boire, si je ne me trompe pas.
Kiera :_ Elle a fait référence aux deux.
Sélia :_ Une autre suggestion m'est venue mais mieux vaut étudier toutes les possibilités avant.
Kiera, après un temps à être pensive :_ Le front n'était pas le lieu de l'attaque.
Chance, tandis qu'il éponge de sa cape les lèvres de Kiera, après qu'elle se soit penchée pour vomir en arrachant rageusement son masque :_ Ca m'a l'air inexact.
Thilius, plissant les ailes du nez :_ Pouah !
Sélia, agacée :_ Cela infirme mon idée.
Thilius :_ Non, c'est définitivement lié à l'appareil digestif et à ce qui s'y raccorde... Mais pas de la sorte que nous l'imaginons.
Kiera :_ Je n'ai jamais été aussi humiliée...
Chance :_ Nous saurons faire payer ceci par trois fois, ma Dame.
Sélia :_ S'il s'agit de soldats en Norfendre, l'assaut vient probablement du Fléau... Mais ce n'est sans doute pas si simple.
Thilius :_ La gorge, la soif. Hmm, non, pas la soif. Vous savez comment on chasse le renard dans les Grisonnes ?
Sélia :_ Si la solution est liée au tube digestif comme vous dites, on peut penser à la peste, mais il manque quelque chose...
Kiera, tandis que la foule hue de plus en plus :_ Épargne-nous tes contes, viens-en au fait.
Thilius :_ Hé bien ! Pour chasser le renard, on enfonce généralement une torche enflammée dans son terrier. La fumée dégagée le fait suffoquer et le débusque de force.
Sélia :_ Je crois, mais si j'ai bien compris votre idée, je ne vois pas pourquoi la moitié des hommes serait restée sur place.
Chance, un regard vers la foule qui s'impatiente :_ Vous pensez donc à.
Thilius :_ Vous avez saisi ? Ma foi, ce n'est qu'une idée, un croquis et une ébauche, mais vous avez la peinture en main !
Kiera :_ Chance ?
Chance :_ Dame.
Kiera :_ Pourrais-tu m'approcher du vivant ? Je voudrais lui montrer ma patience concernant ses sous-entendus.
Thilius, saisi au col :_ Hé là !
Kiera, tenant ferme :_ La réponse à cette farce, la connais-tu ?
Thilius :_ Non point, très chère, je réfléchis tout comme vous. La différence entre nous, c'est que vous avez oublié ce bel art qu'est l'improvisation.
Une voix déjà entendue :_ Mon public, très chers. S'impatiente et s'ennuie de votre prestation... Encore une erreur, encore une seule, et je vous déclare perdants -Cette fois encore.
Thilius, rageusement relâché, tandis que la foule acclame la voix :_ Et comme vous venez de l'entendre, mieux vaut réfléchir. Regardez-les, à se masser, tout entiers sûrs de la victoire de leur Dame. Ils sont touchants.

Les Non-morts se plongent dans le mutisme, tandis que la foule jette des fleurs à un thilius leur faisant une révérence. La succube, à sa demande, le dépose au sol et va lui en porter une. Il inspire son parfum avec délicatesse et retenue, tout en reprenant.

Thilius :_ Alors ? Guère d'idées ? Ma petite allégorie autour de la fumée n'a rien éveillé en vous ?

Kédira ferme l'oeil, alors que Chance dépose sa dame très doucement au sol, et que la gnome se tourne vers l'humain. La foule s'agite de plus en plus réclamant le dénouement.

Thilius :_ Sans vouloir offenser le moindre d'entre vous, auriez-vous... Peur d'échouer ?
Chrysaline, le pointant du doigt :_ Toi fumée. Ou renard.
Thilius, tandis que Chance roule des épaules, et avise le fil de sa lame, après avoir dégainé :_ Moi ? Ma foi, je suis peut être un peu des deux... Mais la réponse, mon amie ?
Sélia, les yeux rivés au public :_ Si vous avez une idée pertinente, je vous conseille d'en faire part...
Thilius :_ Je l'ai fait. Après, j'ignore s'il s'agit d'une solution. Allez, le rideau va tomber. Il vous reste le panache !

Chrysaline compte sur ses doigts, tandis que Kiera semble en pleine lutte intérieure. Chance fait face à l'humain, l'avisant, jusqu'à un hochement de tête de Kiera qu'il ne peut pourtant pas voir. Sa lame se nimbe d'une teinte verdâtre de mauvaise augure.

Thilius :_ Désignez un héraut, qu'il porte votre dernière réponse !
Sélia, concentrée :_ La peste, le Fléau...
Kiera, d'une voix neutre :_ Tue-le.
Thilius, brutalement chargé par Chance, dont la lame n'est déviée que par l'intervention de la succube :_ Faute de goût ! On n'attaque pas par dépit !
Chrysaline, alors que Thilius tombe au sol, n'ayant pu parer le coup de poing gauche du chevalier, levant la main et criant fort :_ Indigestion !

Alors que Chance relève sa lame pour l'abattre sur l'invocateur au sol, la scène se fige. Le décor fond, se fait suie moite. La foule devient énorme, hue, conspue. Trois coups résonnent. L'invocateur ne se distingue plus.

Une voix déjà entendue, d'un ton rieur :_ C'est un échec...
Kiera, hurlant :_ Silence !
Une voix déjà entendue :_ La glace, mes amis... La glace ! Les mets étaient gelés, mais, réchauffés, la glace a libéré et infusé son poison délicat... Une dernière gourmandise fut fatale à ceux restés là. Et signe la fin de notre petit jeu. Vous avez suivi mes règles, et vous avez perdu.
Kiera :_ Et nous allons suivre les nôtres, à présent. Et ce sera infiniment plus douloureux.
Une voix déjà entendue :_ Oh, sans doute.. Sans doute. Mais je crains que vous ne puissiez. Dame Kiera, j'ai une excellente amie qui désire, oui, désire ardemment vous voir...
Kiera :_ … Quoi ?
Une voix déjà entendue :_ Quant à vous autres. Ainsi le déclare Sagesse, celle qui vous a défait. Partez pour ne plus revenir. Si vous approchez encore, c'est vous tout entier que je prendrais. Et je diviserais votre âme, pour vous offrir en parts égales aux miens. J'aurais la joie de vous retrouver dans chacun de mes élèves.
Kiera :_ Les Non-morts ne craignent pas tes sortilèges minables sur les âmes. Nous avons été forgés par le Fléau, qui es-tu pour te croire capable de...
Une autre voix déjà entendue, plus suave :_ Ma Kiera, ma Kiera... Je ne parlerai pas de mon âme, si j'étais toi.
Kiera, alors qu'un chemin s'ouvre devant les autres chevaliers qu'elle :_ C'est une plaisanterie ?
Une voix déjà entendue :_ Vous avez été offerts. Je prends ce qui me revient.
Kiera, alors que les autres, hormis Chance se tenant encore en protection, sont chassés dans les ténèbres :_ C'est une farce... Une gigantesque farce...
Une autre voix déjà entendue :_ Et nous allons beaucoup rire... Ah, tu peux crier, oui...
Kiera :_ A... Quelle dame suis-je en train de m'adresser ?
Une autre voix déjà entendue :_ Vertu. Mais... Tu peux m'appeler Maman. Nous allons être très proches.
Une voix déjà entendue, vers un Thilius retrouvé :_ Ah, très cher ami. Venez, nous avons tant à nous dire. Nous avons été gâtées...
Thilius, se fendant d'une révérence :_ Je dois tout de même déplorer la sortie qui manqua cruellement d'élégance.
Une voix déjà entendue :_ Ces acteurs qui refusent de quitter la scène. Ils manquent... D'éducation.

Le rideau retombe. Tout se fait noirceur et silence. Au loin, depuis la surface, une voix de gnome appelle Chance.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 07:33


    Acte II, scène V: Des cloches sonnent


Il pleut quand Ariste pousse la porte de sa demeure. Sombre et couvert de sang, il est accueilli par Gladys, qui s'était endormie sur la table, et qui se jette à son cou. Il reste figé, dur, le regard vide.

Gladys :_ Mon aimé ! Vous enfin... Mais, que ?..
Ariste, d'un ton absent :_ Pas le mien, peu importe... Peu importe. Qui est ici ?
Gladys, hésitante :_ Mon aimé ?
Ariste, s'agaçant :_ Hé bien ! Qui vit encore sous ce foutu toit !
Gladys :_ … Hé... Hé bien ! Il y a là notre Ysmène, notre Charmayne... Notre Auréline, sa fille est passée il y a peu, Hulbert et Lison, voilà tout...
Ariste :_ Sinfyr ?
Gladys :_ Oh, l'avais-je oublié...
Ariste :_ Elayne ? Violayne ?
Gladys, se détachant de lui, bien plus inquiète encore :_ Parties il y a là des mois pour leurs études que vous avez payées si...
Ariste :_ Très bien. Prends ce qu'il reste, dis à Auréline d'aller trouver son époux. La Marche est apaisée, allez aux restes de leur propriété.
Gladys :_ Pardon ?
Ariste, d'une voix forte :_ Femme ! Ton époux a parlé !
Gladys :_ Vous me faites peur ! Que vous prend-t-il, vous qui parliez de ne jamais quitter... De libérer cette...
Ariste :_ C'est ma famille, que je libère ! Regarde-la en face, cette famille ! Des renégats, de l'hérésie, du déshonneur !
Gladys, cachant son visage dans ses mains :_ Ai-je donc été si mauvais femme !
Ariste, l'avisant :_ Non. Bien au contraire. Tu prendras soin des restes.
Gladys, relevant des yeux baignés de larmes :_ Des restes ..?
Ariste :_ Que t'ai-je dis. Prends ces âmes, et pars ! Maintenant ! Tu feras chercher les meubles et ces conneries là plus tard. Et tu préviendras tous de ne pas retourner ici !
Gladys :_ Mais... Y a-t-il donc urgence ?
Ariste :_ Des années qu'il y a urgence. Va, ou je saurais t'y motiver !

La vieille femme avise son mari en silence, avant qu'un éclair ne traverse son regard, comme si elle comprenait. Ariste baisse les épaules, et elle se jette dans ses bras. L'étreinte est courte avant qu'il ne la détache de lui, pour aller au dehors à nouveau. Elle sanglote encore alors qu'elle saisit la cloche pour appeler la petite Lison.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 07:46


    Acte III, scène I: Par Respect


La crypte est baignée des lueurs du petit matin. Ariste, dans son armure tâchée et sale, monte à la surface, suivi de Chance, portant Kiera. La draeneï est absente, la lueur à demi visible dans ses yeux, avec une allure hagarde. Lui, ne dit rien, raide, le casque fermant toute expression. Ariste a le regard absent. Chrysaline, qui les attendait à l'extérieur, se relève, lançant un joyeux.

Chrysaline :_ Bonjour !
Kiera, d'une voix fade :_ Sortons... Je ne veux pas que le vivant reste... Fais-le partir.

Chance relève le heaume vers Ariste, lequel observe Kiera. Un hochement de casque quand ce dernier entrouvre les lèvres.

Chance :_ Nous verrons plus tard. Rentrez.
Ariste :_ Ouais. On aura à faire. Toi, et vous aussi.
Kiera :_ Je t'en prie, qu'il s'en aille...

Ariste hoche la tête, lâchant un bref ricanement qui sonne faux. Chrysaline les dévisage tour à tour. Kiera finit par poser sabot à terre, faisant quelques pas prudents.

Kiera :_ Une folie... Comment avons-nous pu...
Chance :_ J'assumerai de vous avoir entrainés ici.
Kiera :_ Le Clan a failli, Chance... J'ai donc failli.
Chance :_ J'en porte la faute.
Kiera :_ Nous en assumerons tous les conséquences.
Chance :_ Nécessairement. Rentrons, Dame.
Kiera, le regard toujours lointain :_ Je ne peux pas faire de portail...

Chance prend Chrysaline dans ses bras, avant que celle-ci n'ouvre un portail. Et ils partent, enfin. Laissant le caveau entrouvert.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 07:56


    Acte III, scène II: Par Ténacité


Ariste, seul devant la statue qui la veille avait bougé. Elle est immobile, il est agenouillé.

Ariste :_ Du temps de votre vif, ma mie, ô combien j'ai été heureux... Ô combien j'ai cru pouvoir délivrer ma famille de ses tourments, avec votre aide infaillible. Infaillible... Foutaises.

Il se relève à demi, caressant l'inscription couverte de mousse.

Ariste :_ Combien de fois, tous deux, nous avons parlé des enfants que nous voulions... Une fille, c'est ça ? C'est bien ce que nous avons eu ? Foutue mémoire...

Il se redresse tout à fait, faisant dos à la statue.

Ariste :_ Je ne me rappelle même plus votre visage. Ni vos derniers mots quand j'ai dû vous tuer, vous que Sagesse avait prise. Je me rappelle encore du son de l'agonie de notre fille, quand j'ai dû la tuer, elle aussi. C'était peut être vrai... Je suis déjà cinglé, cinglé depuis longtemps... Et cette Lumière ? Indigne. Indigne... J'ai cru, jusqu'au dernier instant. Cru qu'ils pourraient quelque chose là où je ne parvenais qu'à amuser. Ah, pourtant, c'était calme, c'était lointain, cette foutue malédiction, avant que la première se réveille...

Refaisant face à la statue.

Ariste :_ Pourquoi ! Qui ! Peu importe quand toute ma famille crève ou se rend complice ? Je n'ai que des cadavres et des dévoyés dans mon sang, sauvant seulement ceux qu'on parvient à jeter au loin... Bah. Je tiendrai au moins les promesses que je vous avais faites, le jour où vous avez bien voulu m'épouser. C'est avec vous que je serai enterré.

Il plante son épée au sol, jette son livre au pied de la statue, et sort, sans plus dire un mot.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 08:09


    Acte III, scène III: Par Compassion


La maison Orlshae. Vidée de ses habitants, hormis Ariste, qui veille, inlassablement et en silence, très sombre, ainsi que Sinfyr, qui déambule en jurant, marmonnant qu'il refuse de quitter ses livres et son toit. Chance approche à pas lents, Ariste va à sa rencontre. Silencieux, ils avancent vers les caveaux Orlshae, tous deux. C'est devant le tombeau qu'ils reprennent enfin la parole.

Ariste :_ Je suis décidé. Ne revenons pas là dessus.
Chance, hochant la tête :_ C'est bien tout l'honneur qui nous reste, que d'être les premiers sur le front.
Ariste :_ Je suis pas là pour faire la pleureuse.
Chance :_ Tu es là pour te damner.
Ariste :_ Finir ce qui est bien commencé.
Chance :_ Tu peux encore.
Ariste :_ Ah, bah, pas toi ! Épargne-moi ça, tu veux ?
Chance :_ Il y va de mon honneur.
Ariste, après un reniflement sec :_ Aucun respect pour ton oncle.
Chance :_ C'est là tout le contraire.
Ariste :_ Oui. Oui. Je sais.
Chance :_ Tout est paré ?
Ariste :_ Les derniers ordres sont donnés. Tu penses y parvenir ?
Chance :_ En toute sincérité, j'en doute.
Ariste, après un temps, puis un rire :_ Bah ! Si je ne suis plus qu'une pauvre goule, soit ! Je l'aurais pas volé.
Chance :_ Votre détachement m'étonne.
Ariste :_ Je ne suis pas détaché. Je suis cynique, au moins autant que toi.
Chance :_ Je ne suis pas cynique. Réaliste, tout au plus.
Ariste, balayant l'air de la main :_ Suffit de parler. Viens, attache-moi à ces pierres. Que plus personne d'autre que moi ne s'y perde. Plus jamais.
Chance :_ Elles trouveront un chemin.
Ariste, avec un sourire dur :_ Et nous aurons tout le temps de leur barrer.
Chance :_ Est-ce de la foi, ou du cynisme ?
Ariste :_ Ca a toujours été lié.

Chance hoche la tête, avant de la baisser, humblement, pour entamer une prière. Suivie après un temps par celle du vieil homme, avant qu'il ne s'avance vers la crypte. Dégainant sa lourde épée, Chance commence à incanter, tandis qu'Ariste, yeux grands ouverts et dents serrées, défie une dernière fois l'obscurité.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 08:20


    Acte III, scène IV: Pour la Vertu


Le crépuscule meurt sur la crypte et ses environs. Lison et le silencieux serviteur des Orlshae s'affairent à poser des pierres au devant de la porte, patiemment, sans mot dire. Le travail est silencieux, quand des râles de respiration ardue se font entendre. Le vieux Sinfyr approche, levant une canne menaçante.

Sinfyr :_ Qu'est-ce que c'est donc ? Mais qu'est-ce que vous faites ? Mais vous êtes devenus fous ! Tous ! A-t-on idée ? Non ! Je refuse ! Nous n'abandonnerons pas nos terres, jamais ! Jamais, vous m'entendez ! Jamais !

Devant le silence mutique des deux servants qui continuent leur travail, il agrippe de ses mains calleuses et tordues l'une des roches, pour l'ôter de la porte de la crypte.

Sinfyr :_ Suffit ! Non ! Non ! Ces choses, nous devons les chasser ! Nous le devons ! Je suis la mémoire de cette famille, je sais qui a fait. Et je sais pour...

La roche qui s'abat sur son crâne coupe net sa phrase. Et, avec les nombreux coups que lui donne Lison, bientôt son souffle, et sa vie. La jeune fille relève un visage effaré ensuite vers l'autre serviteur, qui hoche la tête, allant chercher une pelle sur son tas d'outil.

L'homme à la pelle :_ C'est bien fillette. On pourra toucher les livres maintenant. Bouge le plus loin, que tu puisses finir le remblai.

Lison hoquète, puis hoche la tête, avant de souffler vers la crypte.

Lison :_ Navré Monsieur l'Oncle de Mademoiselle, mais ce qu'Elles demandent, il ne faut jamais y faillir. Qui sait ce qu'il pourrait arriver.

L'homme à la pelle acquiesce, en commençant à creuser, avec la force de l'habitude. Lorsqu'il a achevé sa tâche, il monte le remblai que Lison termine, pour, à coups de piolet, achever de défigurer les armoiries de la famille Orlshae.
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Message  Ludjana Ven 10 Sep 2010, 08:29


    Acte III, scène V: Le livre refermé


Dans le salon d'une auberge de Hurlevent, quelques femmes discutent. On reconnaît Ysmène, accompagnée de Lison, ainsi que d'une draeneï à la peau très sombre, selon toutes les apparences. Elles sont assises autour d'une table, Lison paraît fort raide. La draeneï relève le visage de l'un des livres, adressant un sourire ravi, aimable et très chaleureux à la femme aux cheveux blancs.

La dame aux longues cornes noires :_ Vraiment, ces histoires sont poignantes. Et d'excellente qualité. Assurément... Les mains qui les ont écrites les traçaient avec toute la force de leurs âmes.

Ysmène sourit, hochant la tête. D'un ton enjoué, Lison propose du thé.

Ainsi se meurt la famille Orlshae.
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