Le Colosse de Westfall [Valerian]
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Le Colosse de Westfall [Valerian]
4ème jour, 2nd mois, 29eme année. Quelque part en Norfendre.
Le géant tira doucement sur les rennes de sa monture. Agravain, celui-qui-lutte, renâcla en frappant ses lourds sabots ferrés contre la terre glacée. Le cavalier se pencha en avant et passa sa main sur l'encolure de la bête, en murmurant quelques mots dans un vieux patois de Westfall, dans le but de le calmer.
Le colosse sentait son étalon nerveux. Comme il sentait la nervosité de ses trois cents frères a Cheval derrière lui. Six cents cœur dont les battement s'intensifiaient doucement, mais sûrement. Six cents paires d'yeux rivés sur le village Taun'ka a quelques centaines de mètres en contrebas.
Déjà, Valerian pouvait apercevoir les créatures si semblables aux Taurens de la Horde s'affoler. Les femelles tentait de rassembler les enfants, et quelques effets, pris de panique. Tandis que les mâles s'armaient pour organiser une défense déjà vaincue autour du village.
Le capitaine de brigade Manrick se tenait a l'avant du groupe de cavalier. Observant la pagaille des hommes-taureaux. Savourant leur peur. D'un instant a l'autre, il allait lever bien haut son arme en l'air, et en l'abaissant, il signerai la mort de quelques deux cents vies. Plus celles de ses hommes qui tomberaient, bien entendu.
La pauvre centaine de défenseurs se mettait en place, résignée a donner leurs vie pour permettre a leurs familles de gagner un temps qui ne ferait que retarder le moment ou les cavaliers victorieux les rattraperaient, et les faucher. Tous. Femmes, enfants. Valerian gronda sous son casque. Ce n'était pas honorable. Ce qui allait avoir lieu n'était pas une bataille. Mais un massacre. Une simple battu, dont les corps des Taun'ka seraient ensuite rassembler, et brulés sur un énorme bucher.
Mais Valerian était un soldat. Une arme, dont le but était d'agir, et non de penser. Alors il faucherait lui même le plus grand nombre d'ennemis, car c'était la sa raison de vivre.
Le capitaine, visiblement las de spectacle, dégaina une magnifique épée ornée de rubis et d'emeraudes, dont la lame scintillait au dessus de sa tête. Les cavaliers firent de même, et la tension monta a son paroxysme. Même les montures semblaient avoir comprise que l'heure de la guerre était venue. L'heure ou les braves ne tremblaient pas.
L' épée s'abaissa sechement, et un hurlement profond s'eleva des trois cents gorges. Les sabots frappèrent au sol, et la ligne de bataille se mît en branle. D'abord au pas. Puis au trot. Le campement laissait maintenant voir ses details. Une ligne de barricades faite a la va vite, ou s'abritait les guerrier adverses. Puis les tentes, et le sol couvert d'objets laissés la, abandonnés dans la confusion. Et plus loin encore, trois cents mètres après la dernière tente, le groupe de civil qui tentait de fuir.
Le galop. Valerian ressera la main autour du manche de Meleagant. Ses talons frappaient les flancs d'Agravain, alors que les cavalier atteignaient leur pleine vitesse de charges, lancés tel un mur d'acier vers la centaine de défenseurs résignés. Encore quelques battement de cœur, et se serait l'impact. Sauvage. Brutal. Sanglant.
Guerre. Les premier cavaliers a atteindre les barricades furent tués par les lances acérées faites d'os. Puis les lames rencontrèrent la chaire. Meleagant, celle-qui-fauche, trancha un bras. Puis une tête. Un Taun'ka eu le torse broyé sous les sabots d'Agravain. Un autre s'ecroula, le crâne disloqué par le bouclier du colosse. Partout, les cris. La mort. La charge brutale eu son effet. En quelques minutes, tout les hommes-taureaux gisaient au sol, la neige cramoisie et dégorgeant le trop plein de sang. Quelques cavaliers s'evertuaient a mettre le feu aux tentes, alors que déjà, le capitaine rassemblait ses hommes pour se lancer a la poursuite des fuyards.
Valerian laissa sa hache reposer mollement contre les flancs de sa montures essoufler, qui se levait et s'abaissait au même rythme que la poitrine de son maître. Le colosse, couvert de sang, se tenait droit sur sa monture, le menton appuyé sur sa poitrine, comme repu.
Inspirer, expirer.
Je sens la guerre dans mes veines. Mes pères, jugez moi.
Le géant tira doucement sur les rennes de sa monture. Agravain, celui-qui-lutte, renâcla en frappant ses lourds sabots ferrés contre la terre glacée. Le cavalier se pencha en avant et passa sa main sur l'encolure de la bête, en murmurant quelques mots dans un vieux patois de Westfall, dans le but de le calmer.
Le colosse sentait son étalon nerveux. Comme il sentait la nervosité de ses trois cents frères a Cheval derrière lui. Six cents cœur dont les battement s'intensifiaient doucement, mais sûrement. Six cents paires d'yeux rivés sur le village Taun'ka a quelques centaines de mètres en contrebas.
Déjà, Valerian pouvait apercevoir les créatures si semblables aux Taurens de la Horde s'affoler. Les femelles tentait de rassembler les enfants, et quelques effets, pris de panique. Tandis que les mâles s'armaient pour organiser une défense déjà vaincue autour du village.
Le capitaine de brigade Manrick se tenait a l'avant du groupe de cavalier. Observant la pagaille des hommes-taureaux. Savourant leur peur. D'un instant a l'autre, il allait lever bien haut son arme en l'air, et en l'abaissant, il signerai la mort de quelques deux cents vies. Plus celles de ses hommes qui tomberaient, bien entendu.
La pauvre centaine de défenseurs se mettait en place, résignée a donner leurs vie pour permettre a leurs familles de gagner un temps qui ne ferait que retarder le moment ou les cavaliers victorieux les rattraperaient, et les faucher. Tous. Femmes, enfants. Valerian gronda sous son casque. Ce n'était pas honorable. Ce qui allait avoir lieu n'était pas une bataille. Mais un massacre. Une simple battu, dont les corps des Taun'ka seraient ensuite rassembler, et brulés sur un énorme bucher.
Mais Valerian était un soldat. Une arme, dont le but était d'agir, et non de penser. Alors il faucherait lui même le plus grand nombre d'ennemis, car c'était la sa raison de vivre.
Le capitaine, visiblement las de spectacle, dégaina une magnifique épée ornée de rubis et d'emeraudes, dont la lame scintillait au dessus de sa tête. Les cavaliers firent de même, et la tension monta a son paroxysme. Même les montures semblaient avoir comprise que l'heure de la guerre était venue. L'heure ou les braves ne tremblaient pas.
L' épée s'abaissa sechement, et un hurlement profond s'eleva des trois cents gorges. Les sabots frappèrent au sol, et la ligne de bataille se mît en branle. D'abord au pas. Puis au trot. Le campement laissait maintenant voir ses details. Une ligne de barricades faite a la va vite, ou s'abritait les guerrier adverses. Puis les tentes, et le sol couvert d'objets laissés la, abandonnés dans la confusion. Et plus loin encore, trois cents mètres après la dernière tente, le groupe de civil qui tentait de fuir.
Le galop. Valerian ressera la main autour du manche de Meleagant. Ses talons frappaient les flancs d'Agravain, alors que les cavalier atteignaient leur pleine vitesse de charges, lancés tel un mur d'acier vers la centaine de défenseurs résignés. Encore quelques battement de cœur, et se serait l'impact. Sauvage. Brutal. Sanglant.
Guerre. Les premier cavaliers a atteindre les barricades furent tués par les lances acérées faites d'os. Puis les lames rencontrèrent la chaire. Meleagant, celle-qui-fauche, trancha un bras. Puis une tête. Un Taun'ka eu le torse broyé sous les sabots d'Agravain. Un autre s'ecroula, le crâne disloqué par le bouclier du colosse. Partout, les cris. La mort. La charge brutale eu son effet. En quelques minutes, tout les hommes-taureaux gisaient au sol, la neige cramoisie et dégorgeant le trop plein de sang. Quelques cavaliers s'evertuaient a mettre le feu aux tentes, alors que déjà, le capitaine rassemblait ses hommes pour se lancer a la poursuite des fuyards.
Valerian laissa sa hache reposer mollement contre les flancs de sa montures essoufler, qui se levait et s'abaissait au même rythme que la poitrine de son maître. Le colosse, couvert de sang, se tenait droit sur sa monture, le menton appuyé sur sa poitrine, comme repu.
Inspirer, expirer.
Je sens la guerre dans mes veines. Mes pères, jugez moi.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Second jour, Huitième mois, vingt-neuvieme année. Norfendre.
Inspirer, expirer.
La main gauche tient les rennes. La main droite, moite, enserre le manche de Méléagant. Agravain renacle. Frappe le sol de ses sabot.
Inspirer, expirer.
La ligne de cavalier reste silencieuse. La plaine s'étend en contrebas. La masse gronde. Valerian sent l'excitation monter. La guerre entamme son chant. La mort se lève, et couve les hommes. La vapeur qui sort des naseaux des montures s'élève en volutes de fumé, dans le froid mordant du Norfendre.
Le capitaine lève haut son épée dans le ciel. Un frisson parcours l'échine du Colosse de Westfall, quand l'officier hurle.
-Soldats de l'Alliance ! Honneur et bravoure ! Mort et Courage ! Pour le Roi ! Chargez !
Un grondement sourd nait dans la gorge de Valerian, et remonte jusqu'a sa bouche. Il hurle. Profond. Bestial. Sa voix se perd dans celle de ses frères d'arme. Sans réfléchir, il talonne Agravain. La ligne de cavaliers se met en branle, faisant trembler le sol. Le destrier de Westfall gagne rapidement quelques mètres sur ses congenères, plus petits.
Bientôt, c'est une véritable marée bleu et or qui dévale la pente neigeuse, tel une avalanche. En contrebas de la plaine, une armée si grande qu'elle fait passer la cavalerie de la VIIème pour un petit peloton. Des relents de magie nécromantique survolent les forces du fleau, donnant à l'ensemble une apparance cauchemardesque, et terrifiante.
Un rictus de rage traverse le visage du Colosse. Il ressert la prise sur Méléagant. Quelques sortilèges partent des rangs du Fleau, et fauchent une poigné de cavalier. Mais la masse d'or et d'azur ne freine pas. Elle accelere au contraire. Trois cents mètres. Deux cents mètres.
Valerian hurle à nouveau. L'homme n'est plus la. Il n'est qu'une arme. Le lien entre Agravain et Méléagant.
Inspirer, expirer.
Cents mètres.
Le visage de ses ennemis. Des goules, des squelletes. Abominations. Nécromants. Ils le fixe tous de leurs yeux froids, morts.
Cinquantes mètres. Les deux vagues se rapprochent. Le ciel gronde. Le passeur se prépare à oeuvrer.
L'impact. Agravain bondit. Méléagant frappe. Valerian exulte.
Le tranchant siffle. Les têtes volent. Les corps se brisent sous les sabots. Partout, des cris, des hurlements. Les flêches sifflent. Les bouclier se heurtent. Les lames s'entrechoquent. La mort, survole le champ de bataille. Le colosse de Westfall trace un sillon de destruction dans les rangs des non-mort. Il ne combat pas, il brise. Il execute méthodiquement, sans réfléchir. Chaque coup est précis, puissant. Mortel.
La lance frappe, sous l'espaulier du géant. Valerian grogne, et tranche le crane du guerrier du fleau. Le sang chaud coule le long du bras.
- Pour l'alliance ! Honneur ! Mort !
La bataille avance. Les non-mort reculent sous la rage sauvage de la puissante Cavalerie d'Azeroth. Le colosse, à la pointe de l'assaut, fauche les rangs des créatures, en hurlant. Un grondement sourd résonne. Les forces d'arrière garde ont à peine le temps de se retourner, et c'est une charge de la cavalerie du fleau qui les prend en tenaille. Le Capitaine hurle des ordres, qui se perdent dans le fracas des armes. Une masse écrase le crâne de l'officier, qui s'écroule.
Valerian esquive une nouvelle frappe, et réplique, imparable. Il tourne la tête. Lève bien haut Méléagant, et exorte ses frères à le suivre. Les non-mort tente un encerclement. Il sait qu'il doit agir vite, et lance Agravain vers une faille de la ligne de bataille adverse, suivis par ses frères.
Le fleau, bien que nombreux, n'est pas réactif, et les combattants de l'alliance progresse rapidement, sous les exortations du cavalier de la marche de l'ouest.
- En avant ! Char...
Un énorme crochet relié à une chaine rouillée s'accroche à l'espaulier gauche, et le désarçonne, le trainant sur plusieurs mètres dans la boue et la neige. Valerian tousse, et grimace. Prenant appui sur le sol, il relève lentement la tête, et entraperçoit à peine l'énorme hachoir d'une gigantesque abomination qui s'écrase vers son visage...
- MELEAGANT !
Valerian roule sur le côté, et l'énorme hachoire rouillé s'écrase à quelques centimètres de son visage, éclaboussant les alentours de neige et de boue. Une sorte de beuglement grave sort de la gorge du monstre, qui lève un autre de ses " bras" armé, pêt à frapper. Mais le Colosse de Westfall réagit plus vite, et bondit sur ses jambes, la main serrant le manche de sa hache, abandonnant son bouclier fendu. Le monstre hurle vers l'humain, alors que les soldats de l'alliance continuent d'affronter la horde, sans faiblir, galvaniser par le géant se battant au centre du champ de bataille.
- MELEAGANT !
Le guerrier bondit vers sa cible, prenant l'abomination de vitesse, et plante le tranchant de son arme au niveau du cou boursouflé, et ouvre la créature en deux dans un hurlement guerrier.
Les hommes de bleu et d'or poussent un hurlement de victoire, et Valerian lève bien haut sa hache, couvert de sang, l'armure en morceaux, en hurlant de toutes ses forces.
- POUR L'ALLIANCE ! WRYNN SOUVERAIN !
Inspirer, expirer.
La main gauche tient les rennes. La main droite, moite, enserre le manche de Méléagant. Agravain renacle. Frappe le sol de ses sabot.
Inspirer, expirer.
La ligne de cavalier reste silencieuse. La plaine s'étend en contrebas. La masse gronde. Valerian sent l'excitation monter. La guerre entamme son chant. La mort se lève, et couve les hommes. La vapeur qui sort des naseaux des montures s'élève en volutes de fumé, dans le froid mordant du Norfendre.
Le capitaine lève haut son épée dans le ciel. Un frisson parcours l'échine du Colosse de Westfall, quand l'officier hurle.
-Soldats de l'Alliance ! Honneur et bravoure ! Mort et Courage ! Pour le Roi ! Chargez !
Un grondement sourd nait dans la gorge de Valerian, et remonte jusqu'a sa bouche. Il hurle. Profond. Bestial. Sa voix se perd dans celle de ses frères d'arme. Sans réfléchir, il talonne Agravain. La ligne de cavaliers se met en branle, faisant trembler le sol. Le destrier de Westfall gagne rapidement quelques mètres sur ses congenères, plus petits.
Bientôt, c'est une véritable marée bleu et or qui dévale la pente neigeuse, tel une avalanche. En contrebas de la plaine, une armée si grande qu'elle fait passer la cavalerie de la VIIème pour un petit peloton. Des relents de magie nécromantique survolent les forces du fleau, donnant à l'ensemble une apparance cauchemardesque, et terrifiante.
Un rictus de rage traverse le visage du Colosse. Il ressert la prise sur Méléagant. Quelques sortilèges partent des rangs du Fleau, et fauchent une poigné de cavalier. Mais la masse d'or et d'azur ne freine pas. Elle accelere au contraire. Trois cents mètres. Deux cents mètres.
Valerian hurle à nouveau. L'homme n'est plus la. Il n'est qu'une arme. Le lien entre Agravain et Méléagant.
Inspirer, expirer.
Cents mètres.
Le visage de ses ennemis. Des goules, des squelletes. Abominations. Nécromants. Ils le fixe tous de leurs yeux froids, morts.
Cinquantes mètres. Les deux vagues se rapprochent. Le ciel gronde. Le passeur se prépare à oeuvrer.
L'impact. Agravain bondit. Méléagant frappe. Valerian exulte.
Le tranchant siffle. Les têtes volent. Les corps se brisent sous les sabots. Partout, des cris, des hurlements. Les flêches sifflent. Les bouclier se heurtent. Les lames s'entrechoquent. La mort, survole le champ de bataille. Le colosse de Westfall trace un sillon de destruction dans les rangs des non-mort. Il ne combat pas, il brise. Il execute méthodiquement, sans réfléchir. Chaque coup est précis, puissant. Mortel.
La lance frappe, sous l'espaulier du géant. Valerian grogne, et tranche le crane du guerrier du fleau. Le sang chaud coule le long du bras.
- Pour l'alliance ! Honneur ! Mort !
La bataille avance. Les non-mort reculent sous la rage sauvage de la puissante Cavalerie d'Azeroth. Le colosse, à la pointe de l'assaut, fauche les rangs des créatures, en hurlant. Un grondement sourd résonne. Les forces d'arrière garde ont à peine le temps de se retourner, et c'est une charge de la cavalerie du fleau qui les prend en tenaille. Le Capitaine hurle des ordres, qui se perdent dans le fracas des armes. Une masse écrase le crâne de l'officier, qui s'écroule.
Valerian esquive une nouvelle frappe, et réplique, imparable. Il tourne la tête. Lève bien haut Méléagant, et exorte ses frères à le suivre. Les non-mort tente un encerclement. Il sait qu'il doit agir vite, et lance Agravain vers une faille de la ligne de bataille adverse, suivis par ses frères.
Le fleau, bien que nombreux, n'est pas réactif, et les combattants de l'alliance progresse rapidement, sous les exortations du cavalier de la marche de l'ouest.
- En avant ! Char...
Un énorme crochet relié à une chaine rouillée s'accroche à l'espaulier gauche, et le désarçonne, le trainant sur plusieurs mètres dans la boue et la neige. Valerian tousse, et grimace. Prenant appui sur le sol, il relève lentement la tête, et entraperçoit à peine l'énorme hachoir d'une gigantesque abomination qui s'écrase vers son visage...
- MELEAGANT !
Valerian roule sur le côté, et l'énorme hachoire rouillé s'écrase à quelques centimètres de son visage, éclaboussant les alentours de neige et de boue. Une sorte de beuglement grave sort de la gorge du monstre, qui lève un autre de ses " bras" armé, pêt à frapper. Mais le Colosse de Westfall réagit plus vite, et bondit sur ses jambes, la main serrant le manche de sa hache, abandonnant son bouclier fendu. Le monstre hurle vers l'humain, alors que les soldats de l'alliance continuent d'affronter la horde, sans faiblir, galvaniser par le géant se battant au centre du champ de bataille.
- MELEAGANT !
Le guerrier bondit vers sa cible, prenant l'abomination de vitesse, et plante le tranchant de son arme au niveau du cou boursouflé, et ouvre la créature en deux dans un hurlement guerrier.
Les hommes de bleu et d'or poussent un hurlement de victoire, et Valerian lève bien haut sa hache, couvert de sang, l'armure en morceaux, en hurlant de toutes ses forces.
- POUR L'ALLIANCE ! WRYNN SOUVERAIN !
Dernière édition par Valerian Nasgard le Ven 29 Avr 2011, 11:12, édité 1 fois
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
-Gloire à Wrynn ! hurla le chevalier quelques instant avant de recevoir un carreau d’arbalète dans l’ouverture de son heaume, et de chuter lourdement dans la neige. Sa monture, un brave destrier des forêts d’Elwynn, prit peur, et l’écume aux lèvres, tenta un instant de s’enfuir, avant que deux autres traits le frappent sur le flanc, et qu’il s’écroule aux côtés de son maître dans un dernier hennissement.
Sur toute la ligne de bataille, des douzaines d’explosion pyrotechnique répliquèrent à la volée meurtrière, fauchant les rangs de la horde dans un immense brasier. Certains furent néanmoins contrés, et les deux fronts se rencontrèrent à nouveau, et le fer croisa le fer sous les hurlements guerriers. Et malgré la violence du choc, aucun ne céda un pouce de terrain à l’autre. La neige dégorgeait déjà le sang épais de ceux qui étaient tombés.
Sur le flanc droit de la ligne de bataille de l’Alliance, se tenait le Colosse de la marche, dont les sept pieds de haut servaient d’étonnante bannière pour ses frères, alors qu’il s’élançait toujours plus en avant, balayant l’air de ses lames sifflantes. Bien campé sur ses pieds, l’armure couverte de sang, ses nattes fouettant ses espauliers, son visage arborant un rictus de joie et de félicité. S’il est un lieu où ce genre d’homme est à sa place, c’était bien là, au cœur de la folie des guerres, la mort comme mère, la douleur comme Aimée.
Chaque geste, chaque mouvement, effectué avec instinct. Chaque choc d’une de ses armes lui arrachait un frisson d’extase et de plaisir. Si certains ne savent différencier le guerrier de l’homme de guerre, ils trouveront sans doutes ici réponse, car ce spectacle offert dans les plaines gelées du Norfendre est plus qu’un acte de guerre, c’est une prière à celle-ci.
Le Colosse esquiva sans peine une lance d’un Troll courageux, ou inconscient, et d’un revers de sa lourde épée, le trancha en deux, et profita du mouvement d’inertie pour s’élancer plus en avant, arrachant au passage la mâchoire d’un Sin'dorei, qui tomba a genoux sur le sol glacé dans un gargouillement sanglant.
-Pour la Lumière et le Seigneur Varian ! S’époumona le soldat à la carrure de géant.
La ligne adverse, stoppée dans son assaut par la résilience du contingent d’or et d’azur, subît de plein fouet la charge de l’Alliance. La pression constante de l’infanterie de la brigade de Roidemantel poussa les machine de guerre de la horde à cesser le feu, par crainte de toucher leurs propres troupes. Il ne fallut guère de temps pour les soldats d’Hurlevent et de Forgefer qui composaient l’aile droite pour profiter de cet avantage, et de se lancer plus en avant sur la ligne adverse, les faisant lentement reculer.
Valerian, enhardi par ce recul des orcs et de leurs alliés, poussa un hurlement à faire rougir de honte un ogre, et se jeta de toute sa rage contre les peaux vertes dans un tourbillon d’acier sanglant. Et ni la hampe figée dans sa cuisse gauche, ni le sang qui coulait de son arcade brisée ne le ralentit. Il laissait là toute retenue, se contentant de frapper encore et encore dans une volée de coups meurtriers, le nom des Wrynn aux lèvres, et le visage déformé par le plaisir. Bientôt, la horde commença à se replier en désordre, poursuivie par les troupes de l’Alliance. La brigade de Roidemantel se divisa en deux, et la centaine de soldats, dont Valerian faisait partie, poursuivirent une troupe de Sin’dorei qui s’élançaient vers les falaises à l’est, dans l’espoir vain d’y trouver refuge.
C’est après un bon quart d’heure de poursuite, que le groupe de la horde, talonné par les combattants de l’Alliance, se réfugia dans une grotte qui semblait plonger dans les tréfonds d’Icecrown. Les poursuivants s’arrêtèrent un court instant devant l’entrée du boyau sombre, sondant presque le silence qui en émanait.
-La pierre parle pour les hommes… Etait-ce un souffle ? Sûrement le vent, ou l’écho des Sin’dorei qui fuyaient dans la cave naturelle.
Levant son épée, le Capitaine nain Forgemithril incita la troupe à le suivre, et il s’engouffra le premier dans la pénombre, épaulé par le Colosse de Westfall.
Sur les cents trois soldats qui pénétrèrent la grotte ce jour là, seul dix-sept d’entre eux revirent au camp, harassés, couverts de sang, sans pouvoir se souvenir du moindre détail de ce qui s’était passé dans ce lieu.
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Valerian ouvrit de grands yeux, et se pencha sur le côté, pris d’un haut le cœur, et vomit son déjeuner prit plus tôt ce matin la. Il observa sa main droite qui tremblait doucement, l’ouvrit et la ferma plusieurs fois. Il se redressa sur sa selle, et inspira longuement, en regardant les collines de Westfall s’étendre devant lui. Cette vision chassa les cauchemars qui l’étreignaient ces derniers temps.
C’était ici qu’il trouvait les racines de ses pères. C’était bien ce paysage qui lui rappelait pourquoi il avait souhaité devenir protecteur du peuple.
Le Royaume d’Hurlevent, n’est pas la folie et la haine. Ce n’est pas ces luttes de pouvoir, cette volonté de reconnaissance que cherchent certains. Ce n’est pas non plus un lieu d’asile ou de protection pour ceux qui n’ont de chez eux. Ni un foyer pour le mal, l’ombre ou la honte des faibles.
Non, son Royaume, c’est le soleil qui frappe le dos nu des hommes qui courbent l’échine pour cultiver le sol. La mer et les embruns qui lèchent les côtes de sable et de pierre de granit. Ces gens si simples, tellement simples.
Souriant doucement, jouant avec une natte qui pendait mollement sur son épaule, il resta là plusieurs heures, à observer le soleil se coucher avec paresse, avant de faire aller sa monture au pas sur le sentier de terre, en repensant à sa femme, son enfant en elle, et au monde qu’il ferait tout pour lui offrir.
Quoi qu'il en coûte.
Sur toute la ligne de bataille, des douzaines d’explosion pyrotechnique répliquèrent à la volée meurtrière, fauchant les rangs de la horde dans un immense brasier. Certains furent néanmoins contrés, et les deux fronts se rencontrèrent à nouveau, et le fer croisa le fer sous les hurlements guerriers. Et malgré la violence du choc, aucun ne céda un pouce de terrain à l’autre. La neige dégorgeait déjà le sang épais de ceux qui étaient tombés.
Sur le flanc droit de la ligne de bataille de l’Alliance, se tenait le Colosse de la marche, dont les sept pieds de haut servaient d’étonnante bannière pour ses frères, alors qu’il s’élançait toujours plus en avant, balayant l’air de ses lames sifflantes. Bien campé sur ses pieds, l’armure couverte de sang, ses nattes fouettant ses espauliers, son visage arborant un rictus de joie et de félicité. S’il est un lieu où ce genre d’homme est à sa place, c’était bien là, au cœur de la folie des guerres, la mort comme mère, la douleur comme Aimée.
Chaque geste, chaque mouvement, effectué avec instinct. Chaque choc d’une de ses armes lui arrachait un frisson d’extase et de plaisir. Si certains ne savent différencier le guerrier de l’homme de guerre, ils trouveront sans doutes ici réponse, car ce spectacle offert dans les plaines gelées du Norfendre est plus qu’un acte de guerre, c’est une prière à celle-ci.
Le Colosse esquiva sans peine une lance d’un Troll courageux, ou inconscient, et d’un revers de sa lourde épée, le trancha en deux, et profita du mouvement d’inertie pour s’élancer plus en avant, arrachant au passage la mâchoire d’un Sin'dorei, qui tomba a genoux sur le sol glacé dans un gargouillement sanglant.
-Pour la Lumière et le Seigneur Varian ! S’époumona le soldat à la carrure de géant.
La ligne adverse, stoppée dans son assaut par la résilience du contingent d’or et d’azur, subît de plein fouet la charge de l’Alliance. La pression constante de l’infanterie de la brigade de Roidemantel poussa les machine de guerre de la horde à cesser le feu, par crainte de toucher leurs propres troupes. Il ne fallut guère de temps pour les soldats d’Hurlevent et de Forgefer qui composaient l’aile droite pour profiter de cet avantage, et de se lancer plus en avant sur la ligne adverse, les faisant lentement reculer.
Valerian, enhardi par ce recul des orcs et de leurs alliés, poussa un hurlement à faire rougir de honte un ogre, et se jeta de toute sa rage contre les peaux vertes dans un tourbillon d’acier sanglant. Et ni la hampe figée dans sa cuisse gauche, ni le sang qui coulait de son arcade brisée ne le ralentit. Il laissait là toute retenue, se contentant de frapper encore et encore dans une volée de coups meurtriers, le nom des Wrynn aux lèvres, et le visage déformé par le plaisir. Bientôt, la horde commença à se replier en désordre, poursuivie par les troupes de l’Alliance. La brigade de Roidemantel se divisa en deux, et la centaine de soldats, dont Valerian faisait partie, poursuivirent une troupe de Sin’dorei qui s’élançaient vers les falaises à l’est, dans l’espoir vain d’y trouver refuge.
C’est après un bon quart d’heure de poursuite, que le groupe de la horde, talonné par les combattants de l’Alliance, se réfugia dans une grotte qui semblait plonger dans les tréfonds d’Icecrown. Les poursuivants s’arrêtèrent un court instant devant l’entrée du boyau sombre, sondant presque le silence qui en émanait.
-La pierre parle pour les hommes… Etait-ce un souffle ? Sûrement le vent, ou l’écho des Sin’dorei qui fuyaient dans la cave naturelle.
Levant son épée, le Capitaine nain Forgemithril incita la troupe à le suivre, et il s’engouffra le premier dans la pénombre, épaulé par le Colosse de Westfall.
Sur les cents trois soldats qui pénétrèrent la grotte ce jour là, seul dix-sept d’entre eux revirent au camp, harassés, couverts de sang, sans pouvoir se souvenir du moindre détail de ce qui s’était passé dans ce lieu.
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Valerian ouvrit de grands yeux, et se pencha sur le côté, pris d’un haut le cœur, et vomit son déjeuner prit plus tôt ce matin la. Il observa sa main droite qui tremblait doucement, l’ouvrit et la ferma plusieurs fois. Il se redressa sur sa selle, et inspira longuement, en regardant les collines de Westfall s’étendre devant lui. Cette vision chassa les cauchemars qui l’étreignaient ces derniers temps.
C’était ici qu’il trouvait les racines de ses pères. C’était bien ce paysage qui lui rappelait pourquoi il avait souhaité devenir protecteur du peuple.
Le Royaume d’Hurlevent, n’est pas la folie et la haine. Ce n’est pas ces luttes de pouvoir, cette volonté de reconnaissance que cherchent certains. Ce n’est pas non plus un lieu d’asile ou de protection pour ceux qui n’ont de chez eux. Ni un foyer pour le mal, l’ombre ou la honte des faibles.
Non, son Royaume, c’est le soleil qui frappe le dos nu des hommes qui courbent l’échine pour cultiver le sol. La mer et les embruns qui lèchent les côtes de sable et de pierre de granit. Ces gens si simples, tellement simples.
Souriant doucement, jouant avec une natte qui pendait mollement sur son épaule, il resta là plusieurs heures, à observer le soleil se coucher avec paresse, avant de faire aller sa monture au pas sur le sentier de terre, en repensant à sa femme, son enfant en elle, et au monde qu’il ferait tout pour lui offrir.
Quoi qu'il en coûte.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Le Père et le Fils
Le jeune homme se tenait a genoux dans la masure a peine éclairée par l'atre de la cheminée. La nuit d'automne laissait peu a peu la chaleur estivale s'effacer face au roulement des saisons.
Devant cette cheminée, le fauteuil en cuir donnait a la pièce une atmosphère étrange, presque effrayante. Un œil peu attentif n'aurait pas remarquer l'homme qui tenait place dans ce fauteuil, qui malgré sa dague qu'il glissait par saccade sur une lanière de cuir tendue face a lui, semblait totalement immobile. Le crépitement des flammes et le fer glissant sur le cuir étaient les seuls bruits qui emplissaient la demeure modeste.
Le jeune homme, qui malgré une carrure impressionante, n'était en fait qu'un adolescent a peine pubère de quatorze ans au mieux. Ses cheveux chatains clair tirants sur le blond trônaient en pagailles sur son crâne. Il portait sur son visage le masque étrange de l'innocense trop vite sacrifiée, et qui devenait un homme, ou qui plutôt se forçait a le devenir.
- Pere ?
Sa voix etait assurée, grave malgré la mue, mais pourtant empreinte d'une sorte de retenue, fut-elle provoquée par la crainte ou le respect.
L'homme dans le fauteuil tourna lentement son visage tant marqué par la guerre qu'on l'eut cru défiguré. Il darda son regard pénétrant sur son fils, signe qu'il l'ecoutait.
Le jeune Valerian reprit, la voix peu assurée:
- Pere, je... Tu sais, le fils de notre voisin, Hoctave Nemet, il... Il vient d'avoir quatorze ans lui aussi et... Et il est partit entamer un Paladinat a Comte du Nord... Et je... Pensais que moi aussi je...
L'adolescent laissa sa phrase en suspend et déglutit, se débattant pour ne pas détourner le regard de celui de son père.
Le vieil homme resta immobile et silencieux un court instant, puis déposa la dague et la lanière de cuir devant le fauteuil, et se leva lentement. Il boita vers son fils, vestige d'un duel contre un ogre a Rochenoire, et se mît face a son héritier, qui d'instinct se leva, presque au Garde a vous, dépassant son géniteur d'une tête malgré son jeune âge.
Carmelian Nasgard jaugea son fils un instant, et d'une force insoupsonne pour un homme de son âge, le gifla d'un revers de la main, avec tant de puissance que Valerian s'ecroula en arrière, avant de porter une main sur sa joue ouverte, levant son regard vers le patriarche.
Celui-ci le surplombait, et le fixant de son regard dur, lui parla d'une voix grave:
-Jamais... Un Nasgard ne sera Paladin.. Car notre famille vit pour notre Roy... Sais-tu, mon fils, ce qui différencie un Paladin qui sert l'armée de Wrynn, et un militaire, un soldat, un combattant armé et aguerri...? Sans attendre, il continua sur sa lancée, de sa voix rocailleuse.
Notre bras appartient au Roy, et la seule morale ou valeur que nous ayons est sa Volonte. A son ordre, nous nous battons corps et âme, de toute la force de notre être, tuant les ennemis du Royaume, mais aussi femmes, enfants. Notre force est celle de notre obéissance envers Sa Lignee, nous n'eprouvons ni scrupules, ni remords, ni honte. Nous faisons ce pourquoi nous sommes. Des guerriers. La Guerre est notre passé, notre présent, et notre futur. Elle prévaut sur la prière, la morale, l'argent, la grandeur. Car l'unique honneur de servir le Roy nous apporte l'abnegation et la puissance d'âme nécessaire a notre accomplissement, mon Fils.
Puis le père se détourna, et s'en alla reprendre place dans son fauteuil, et reprendre l'affutage de la courte dague de fer.
Quelques instant d'après, Valerian s'installa a genoux devant le feu, aux cotés de son géniteur, et entreprit a son tour d'affuter sa propre dague, sans un mot.
Dernière édition par Valerian Nasgard le Mer 23 Fév 2011, 22:37, édité 1 fois
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Aube et Crépuscule
Inspirer, expirer.
Tout autour de lui, les hommes se mettaient en place, s’approchant en arc de cercle, laissant six coudés entre eux, arme au poing, légèrement courbés en deux. Les bruits du campement des sectateurs leur parvenaient distinctement. Des ordres hurlés d’une voix gurutale, la fabrique des sabliers, le tintement du métal.
Valerian raffermi la prise sur le manche de son arme. Il chercha du regard Nelsie, qui se trouvait à quelques mètres de là, le visage tendu et l’air soucieux, inquiet, qui ne la quittait pas depuis quelques jours. A cet instant il n’eut qu’une envie, approcher d’elle, la prendre dans ses bras, et la protéger de la folie qui se tenait tout autour d’eux, jusqu’aux entrailles de la terre elle-même. Le colosse secoua la tête. Son rôle était de faire que ses troupes remportent cette bataille. Faire passer cette victoire avant tout, car c’était ainsi qu’il menait la guerre, et que la guerre devait être menée. Il avait confiance en la jeune Lordaeronaise, sachant qu’elle ne prendrait aucun risque pour elle ou pour l’enfant, le fruit de leur union, qu’elle portait en elle.
Valerian leva sa lame, dans un signe de ralliement. Le temps ralentit l’espace de quelques secondes, ou les regards de chacun de garde étaient tournés vers le guerrier de Westfall, sachant qu’à son ordre, ils se lanceraient dans la bataille au cri de « Garde ou Crève », au risque de leur vie.
Un dernier regard sur ses frères d’arme.
Un dernier regard sur sa compagne.
Inspirer, expirer.
-Par la fureur de Lothar ! Chargez !
Valerian porta l’index et le majeur à son œil droit. Une douleur violente le lança, signe de la perte de celui-ci, plus d’image, seul un voile rouge de douleur. Examinant le champ de bataille, autour de lui, alors que les derniers soldats d’Hurlevent, Garde et Auxiliaires mêlés, battaient en retraite vers la garnison du ruisseau de l’ouest. Il sentait lentement l’adrénaline refluer, la jouissance du combat et de la guerre s’apaiser. Se dirigeant avec les derniers combattants et blessés vers le lieu de repli, il se rendit sans attendre dans la salle de Commandement avec le Colonel Blancpenoy et les autres dirigeants. Et c’est tout en tachant d’organiser la prise en charge des blessés, et l’installation de la garnison de nuit, qu’il fit patienter le caporal Al-Rakim qui venait au rapport. D’une oreille distraite, il écoutât ses paroles, réfléchissant à tout et rien à la fois, encore plongé dans la frénésie post-bataille.
Et soudain, tout s’arrêta. Le temps, les paroles, les pensées et les actes. Le colosse releva la tête, et tournant le dos au Colonel qui lui parlait, se dirigea vers l’infirmerie. Les Gardes, dont la plupart avait au moins reçu une blessure, ne serait-ce que morale, prenaient du repos dans les lits à disposition.
Et dans l’un d’entre eux, la jeune Nelsie, pâle comme un linge, visiblement fiévreuse, murmurant des paroles dans un demi-sommeil douloureux.
Les minutes qui suivirent furent trouble, pour le guerrier du Westfall. Il savait que les gens lui parlaient. Certains tentaient de le réconforter, lui disant que sa femme allait bien. D’autre lui disait qu’aucun Garde n’était tombé, et que c’était une grande victoire.
Et le colosse de répondre, d’une voix perdu, comme s’il s’entendait parler au travers d’une vitre.
-L’enfant…comment va l’enfant…comment va….
L’expression qu’il vit alors sur le visage de Magloire, de Terend, et de Nelsie fut si forte, qu’il sentit réellement une chose en lui se briser, dans un craquement sonore, lugubre, alors que son esprit sombrait dans les abysses insondables de la douleur silencieuse.
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Pluie de cendres
Valerian attrapa fermement le bras d’un citoyen qui portait sur lui des documents relatif au Marteau du crépuscule, et le plaqua si fort au sol qu’il lui brisa le nez. Les gens autour jetèrent à peine un œil à l’homme, alors que le cordon de gardes qui filtraient les citoyens aux portes de Stormwind fouillait systématiquement chaque entrant. Le Colosse senti le regard désapprobateur de son épouse dans son dos, et redressa l’homme, qu’il confia à un factionnaire.
Une colère sourde grondait dans son cœur, de voir que les événements empiraient encore, malgré la « purge » menée dans leur campement en Elwynn, malgré la fermeté des mesures, les contrôles, et les sanctions.
Ce mal rongeait lentement la citée, comme une peste virulente, bondissant d’un personne à l’autre, filant au travers des mailles du filet, s’infiltrant dans les moindres recoins…
Ce sentiment que tout leur échappait, que les actions menées par la Garde n’étaient que des coups d’épée dans l’eau, rongeait le cœur de Valerian, sentiment d’échec profond.
L’Echec. Pas la sensation d’avoir échoué dans quelque chose, malgré les efforts fournis, non, mais le sentiment de se retrouver face à une succession de revers, honteux, et inéluctable, suite logique à la perte de…
Rentrant à la caserne, la fatigue s’ajoutait à une sorte d’éloignement qu’il ressentait avec le reste de la Garnison. Il voyait le monde autour de lui s’agiter, se débattre dans la fange répandu par les blasphémateurs. Et malgré leur impuissance, c’était de la ténacité et de l’abnégation qu’il ressentait dans les paroles de ses frères d’arme. Une hargne tenace et immuable.
Mais lui…le Colosse du Westfall, le Lieutenant façonné dans l’acier, il ressentait le doute plus que jamais, l’hésitation face aux choix, et par-dessous tout, l’impression de perdre de sa capacité à pouvoir être là, présent et disponible pour ceux qui en avait besoin….Elle d’abord...
Et ce serpent, dont l’aura de ténèbres et de noirceur étouffante, cet abysse ou nulle lumière n’éclaire, et nul brasier ne réchauffe. De quelques mots échangés, ce furent des phrases, et lentement, la conviction profonde que le mal ne s’insinuait pas en lui, bien au contraire, mais qu’il suppurait abondamment de son cœur, tel une plaie ouverte, suintante de pus, qui dégageait des vapeurs nocives et l’étouffait lui-même.
Un brasier ardent, ou il savait pertinemment qu’il se consumerai, qu’il perdrait bien plus qu’il ne gagnerait. Mais cette….femme semblait lui montrer ce qu’il se cachait lui-même depuis tant d’année.
Là où lui voyait de la Force, elle lui montra du Pouvoir corrupteur.
Là où il voyait de l’honneur et de la fierté, elle lui montra son Arrogance.
Là où il voyait de l’abnégation, elle pointa du doigt son Egoïsme.
Là où il voyait la Droiture, elle se rit de la Noirceur de son Âme.
Et de la Colère. Pas la saine Colère de la bataille, qui délivre de l’hésitation et donne la force et la foi au bras vengeur du Lion de Stormwind. Mais la Colère sèche, rampante, perverse. Qui incite à la destruction de ce qu’on ne peut ni protéger ni embellir. Et une haine profonde de sa propre pensée, de ses actes et …
Ses paroles lui revirent en plein visage, comme un fouet qui claque, une gifle cinglante.
Elle le regardait comme un serpent observe un rongeur qui semblait convenir à son appétit du moment. Et lui de lui dire, grondant, la main sur le pommeau de son arme, se sentant prêt à dégainer et frapper, faire mordre a sa lame d’acier la peau de satin de cette vision envoutante et délirante.
- Que…mais que voulez vous…. ?
Et elle de répondre, gardant son ton polie et courtois, un léger sourire aux lèvres.
-C’est vous que je veux, Lieutenant. Vous.
Poussant un grondement de rage, Valerian balaya les parchemins sur la table. Il se voyait encore repousser Nelsie, qui ne désirait qu’une chose, une seule chose, l’aider, l’aider à se retrouver, l’aider à remettre toutes ces choses en place. Et lui, de la repousser sèchement, presque avec violence. Se fermer à elle, comme on refuse la seule main tendue qui tente de vous empêcher de vous noyer.
Se levant, le Colosse agrippa son arme posé contre la table, et se dirigea vers la cours, pour s’oublier dans l’entrainement, avec l’espoir bien vain de noyer ses démons sous la fatigue du corps et de l’esprit.
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La noirceur du Cœur
Valerian contemplait la bague offerte quelques semaines plus tôt à la jeune Lordaeronaise qu’il avait pris pour épouse. Il l’avait trouvé dans une enveloppe, au matin, comme une claque au visage. Mais pourtant, la peine qu’il éprouvait lui semblait lointaine, étouffée, comme s’il voyait la scène au travers d’une brume épaisse.
Carmellian Nasgard disait souvent à son fils qu’on ne sait où on va que quand on sait d’où l’on vient. Et depuis quelques heures, le guerrier de la Marche ne semblait plus savoir d’où il venait, où se trouvait ses racines.
Une violente migraine s’empara de Valerian, mais il n’arrêta pas pour autant de marcher, déambulant dans la ville ou le soleil de l’après midi frappai les pavés et les passants qui vagabondait ça et là. Harassé, perdu, plein de colère et de haine, contre lui-même et cette créature de tenèbre. Jamais le désir de destruction de ce qui l’entourait n’avais autant battu ses temps, martelant inlassablement, souffrance, et malgré cela un sentiment de se griser des événements qui s’agitaient autour de lui.
Après une heure de marche dans les rues de la citée, il finit par s’arrêter devant la majestueuse entrée du Donjon. L’agitation y était à son comble, des dizaines d’aventuriers se pressaient dans les allés du domaine du Souverain.
Le Colosse observa longuement les colonnes du palais. Un mélange de sentiments lui vrilla les tympans. Une voix lointaine lui parvenait, le guidant sur ce chemin qu’il occultait depuis tant d’années, profondément enfouis sous des gravas, desquels il commençait à entrapercevoir les contours.
Prenant une profonde inspiration, il se dirigea dans les couloirs du bâtiment siège du pouvoir Royal, déambula en observant les aller et venus des serviteurs, messagers, et aventuriers de tout bord, avant d’arriver dans les jardins du palais.
Ce lieu l’étonnait chaque fois autant. Ce petit carré de verdure était comme une bulle en dehors du temps, qui n’était ni affecté par les bouleversements du monde, ni par la fureur de la guerre, comme si les tambours des armées en marche ne parvenaient pas jusqu’ici, sanctuaire de paix protéger par un quelconque sortilège.
Elle était là, assise sur le banc, dans la même attente sereine qu’il l’imaginait. Il s’approcha sans un mot, et elle leva la tête, lui adressant un sourire poli.
-Bonjour Lieutenant, comment vous portez vous ?
Ne répondant rien tout d’abord, il écarta légèrement les bras, et devant son incompréhension, il ajouta.
-Je suis là pour vous.
La satisfaction succéda à l’étonnement sur le visage aux traits fins de la Noble. Elle se leva tranquillement, comme pour profiter pleinement de chaque seconde, lissa sa robe, et d’un geste de la main l’invita à le suivre dans la bibliothèque.
Alors qu’il se mettait à la suite de la femme en noir, il ressenti ce même sentiment profond de dégout, comme si son âme se mettait à suppurer des sucs et de la bile acide, qui rongeait son armure de l’intérieur, l’empêchait de respirer et réduisait son angle de vision.
Se forçant à garder conscience, il la suivit jusqu’entre les étagères de la bibliothèque Royal, et la posséda contre l’une d’elle, avec rage et colère, comme il faisait la guerre, un voile sombre devant lui, laissant la hargne et la douleur prendre le pas, dans un accomplissement inexorable et destructeur.
Ce jour là, Valerian tomba.
Pas comme un héro tombe aux champs d’honneur, sur une montagne de cadavre ennemis, tenant d’une main son arme et de l’autre la hampe d’une bannière fièrement dressée dans le crépuscule d’une chaude journée d’été.
Non, mais comme un homme dont la droiture, la vertu, et la justesse d’âme s’écroule tel un château de carte, le faisant sombrer dans les abysses innommables de la honte et de l’oublie.
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Le colosse passait lentement sa main sur l’encolure de son destrier. Les derniers élémentaires étaient systématiquement abattus à peine arrivé sur le plan des hommes. D’un regard, il balaya la place, tachant de constater les dégâts. Pour l’instant, ils tenaient bon, grâce à leur courage.
Agrippant fermement les rennes d’Agravain dans son gantelet gauche, il se redressa sur ses étriers, inspirant longuement. Non loin de là, Tebestian et Catheline se remettaient lentement du combat, comme on se réveille après une nuit agitée.
Son regard croisa celui de Nelsie. Il vit la fatigue, l’inquiétude, la douleur encore, tant de douleur. Elle lui adressa un sourire timide, auquel il répondit. Ses traits le firent souffrir, comme si le fait de sourire lui lardait le visage d’éclat de verre.
En rentrant à la caserne, Valerian posa sa main gantée contre son platron, à l’endroit où son cœur battait lentement. Et au travers de l’acier, au travers du tissu, au travers de la peau, de la chair, du muscle et des os, il sentit l’ombre et la noirceur qui rongeait lentement son âme. Fermant le poing, il se ressaisit, et contemplât le Lion d’Or de son tabard.
Comme un besoin de savoir ou est chez soi.
Une terre qui nous fait vibrer, une culture à défendre.
Que n’importe où dans le monde, on le montre avec émoi.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Dans l’antre du serpent
L’abnégation est une grande qualité des chevaliers qui leur permet de penser aux autres avant eux même. Les chevaliers n’agissent jamais pour leur propre intérêt, mais pour les plus démunis. Ils ont aussi une forte propension à l’empathie. Ils savent parfaitement se mettre à la place des autres, à s’approprier une part de leurs souffrances ; ainsi, ils ne luttent jamais pour un concept, par routine ou même par zèle. Ils luttent contre les causes d’une souffrance partagés.
C’est la raison pour laquelle ils sont incorruptibles.
Valerian rajusta son gantelet d’un geste mécanique, resserrant la sangle pour éviter de laisser du jeu à son armure. Il salua les deux Gardes Royaux d’un signe de tête, et pénétra dans le long couloir de marbre. Il s’arrêta de temps à autres devant les bustes en marbre et les tentures azur brodées d’or. Prenant la peine de se pencher sur chaque plaque de bronze ou s’étalait une courte description de chacune des majestueuse statue du palais.
C’était pour lui des histoires bien connues, presque par cœur pour certaines, mais de se trouver là, dans le palais du Seigneur Wrynn, à marcher sur ces dalles dont les plus grands héros du monde foulèrent de leurs pieds, lui donnait une sorte de quiétude, comme si le temps passait plus lentement.
-Monsieur ?
Valerian se retourna, et observa la très jeune femme, ridiculement petite du haut de son mètre soixante par rapport aux deux mètres vingt cinq du colosse. Un bien étrange tableau, une sorte de duel des extrêmes face à une statue représentant le Saint Faol.
-Mmh ?
-Ma Dame vous attend.
Le Lieutenant hocha la tête, rajustant le gantelet de son armure noire, plus par reflexe qu’autre chose. Il inspira profondément, et se mit à suivre la petite servante dans les couloirs blancs, bleus et or du Donjon de Stormwind.
Les nombreuses galeries du palais lui semblait toutes identiques, ou presque. En revanche, la jeune femme marchait d’un pas vif, comme si elle connaissant le dédale du donjon par cœur.
Après presque un quart d’heure de marche, ils parvinrent dans une sorte de grand salon, aux murs tapissés de bibliothèques. Au sol, de magnifiques tapis et des peaux de bête exotiques. Le meuglement devait à lui seul couté aussi chère que la totalité du matériel de la Garde. Des meubles de la période d’Arathor, des tableaux de Lordaeron, des chaises en bois de Kul’tiras, et un magnifique lustre en verre d’Alterac, qui donnait à l’ensemble une impression d’opulence presque étouffante.
-Ma Dame va arriver. Mettez vous à l’aise.
Et discrètement, le jeune servant quitta la pièce, laissant le colosse seul au milieu de cette débauche de richesse et de confort. Mal à l’aise, Valerian passa le doigt sur la tranche des ouvrages, se perdant dans les reliures en cuir filées d’or et d’argent. Des romans, des essais, des traités et des compilations de grands discours. Des textes tous plus prestigieux les uns que les autres, dont la valeur aurait fait rougir de honte n’importe quel banquier.
Sur le mur du fond, une gigantesque tapisserie représentant la bataille de Rochenoire. On y voyait le vaillant Lothar menant l’assaut, secondé par le grand Turalyon. Les hauts faits d’arme étaient tous magnifiquement mis en scène, célébrant la grande victoire de l’alliance.
-Bonsoir Lieutenant…
La sensation fut celle d’une dague plantée dans le dos, la douleur lui arracha une grimace, alors qu’il usait de toute sa force d’âme pour ne pas chanceler.
Il se retourna lentement, et répondit à son tour, en inclinant la tête.
-Dame de Mereldar, bonsoir.
La noble s’avança d’un pas conquérant dans la pièce, d’une manière telle que Valerian s’étonna de ne pas voir les meubles s’écarter sur son passage. Elle portait alors une robe blanche dévoilant ses épaules et le haut de son dos, et ses avant bras étaient caché par de long gants en soie noire, accordées à sa chevelure d’ébène.
Valerian la regarda approcher comme une sourie observe un chat s’avancer, tendu, sur ses appuis, l’échine hérissée. Elle dégageait une aura si violente qu’elle souleva un court instant le cœur du guerrier, avant qu’il ne se reprenne. Elle lui adressa un sourire aimable, et il sentit sa gorge s’embraser et répandre dans ses veines des torrents de feu et de laves.
-Contente de vous voir ici, mon ami.
Elle tendit sa main, que le Lieutenant approcha de ses lèvres dans un baise main conventionnel.
-Venez donc, Lieutenant, j’allais justement prendre un repas.
La noble lui souria derechef, et se retourna, l’invitant à la suivre dans ses appartements. Valerian sourit en coin, se sentant happé au plus profond des abysses ténébreux de ce lieu, et alors qu’un voile de noirceur tombait lentement sur sa nuque, il suivit la femme de haut rang, souriant, comme le guerrier marche à la guerre.
Le premier hurlement fit tressaillir Valerian dans son sommeil.
Au second, il ouvrit les yeux en grand, déjà sur le pied de guerre. Il se redressa rapidement, et balaya la pièce du regard. Les appartements étaient plongés dans une quasi pénombre. Une lueur rougeoyante filtrait par les rideaux, et illuminaient légèrement la pièce luxueuse. Un troisième hurlement, plus violent que les autres, suivit d’une forte explosion fit tressauter le guerrier de la Marche. Fronçant les sourcils, il s’assit au bord du lit, et tacha d’enfiler rapidement ses jambières. Derrière lui, il sentit le serpent s’agiter dans les draps, à peine dérangée par le bruit au dehors.
Un autre hurlement résonna violement, provoquant cette fois l’inquiétude du Lieutenant. Sans prendre le temps de passer le haut de son armure, Valerian agrippa sa lame, et sortit en trombe du donjon, juste à temps pour voir l’immense forme noire survoler la citée.
D’abord interdit devant cette apparition, il sentit ensuite un fourmillement dans sa gorge, qu’il laissa devenir un grand éclat de rire, avant de lever sa lame et de foncer au cœur de la ville en riant à gorge déployée.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Entre Ombre et Lumière
Valerian resserra la prise autour du manche de son arme, se dressant légèrement sur ses appuis. Les jointures de son armure grincèrent très légèrement, sa cape flottant doucement derrière lui, maculée de boue à sa base. Le souffle lent, un dernier regard vers le poignet de la paladine face à lui, et….
Le colosse bondit en avant, abattant sa lame vers la jeune femme dans une volée de coups destructeurs, chacun ayant la force de décapiter un ogre, et la servante de la Lumière n’eut sa survit que grâce à quelques parades et esquives. Grimaçante, elle recula lentement, perdant du terrain sous la tornade de colère et de rage qui lui tombait dessus. Les hurlements de guerre du Colosse de guerre et les crissements de l’acier troublaient la faune du lac miroir, et quelques grenouilles s’éloignèrent, sans doute pas rassuré de ce déchainement sonore à proximité de leur habitat.
La paladine aux yeux bleus, ne pouvant rivaliser avec la carrure de son adversaire, profita de sa petite taille pour lui assener un violent coup horizontale de son marteau de guerre vers le flanc, sans doute pour le faire reculer et gagner du temps. Mais à son étonnement, Valerian vit venir le coup, et leva le bras, laissant la masse d’arme enfoncer violement sa pansiere en plaque dans un grincement de métal tordu. La jeune femme ouvrit de grands yeux, alors qu’un sourire carnassier apparu sur le visage du Lieutenant, et qu’il referma son bras sur l’arme renfoncé dans son plastron, et refermant sa main sur la hampe.
Il ne se passa qu’un instant, et Valerian lâcha sa propre arme, et profitant de l’allonge plus grande de son bras, empoigna la gorge frêle de son adversaire. Il aurait pu d’une torsion du poignet briser sa nuque si fragile, mettre fin à sa vie, la détruire, la bannir dans les limbes et se repaitre de sa victoire totale et pourtant déjà dictée avant même le début de l’affrontement…mais là n’était pas son désir.
Le Colosse resserra lentement sa prise sur la gorge de la femme aux cheveux noirs. Au début, celle-ci lui jeta un regard de défi, posant sa petite main sur le poignet enserrant sa gorge, dans l’espoir vain de le faire reculer. Puis lentement, alors que l’air se faisant rare dans ses poumons, son regard s’embruma, elle chancela, posa un genou à terre, et se mit à suffoquer. Valerian la regarda ainsi, totalement vulnérable, puis la lâcha.
Elle tomba dans la terre humide, les mains sur sa gorge douloureuse. Le Lieutenant dégaina sa dague, s’agenouilla, et posa le fer sur la gorge dénudée. Il posa une main sur son épaule, et approcha son visage du siens, pour qu’elle sente, qu’elle observe ce visage qu’elle s’obstinait à désirer voir. Qu’elle sente la colère et la violence de la hargne qui palpitait dans ses veines. La bouche du guerrier frôla cette gorge offerte, résistant à l’envie d’y plonger ses dents, de déchirer la peau claire, de faire couler son sang, et de la regarder se noyer dans une mare de fluides cramoisis. Il planta son regard d’acier dans celui de la paladine, qui le lui rendit, mélange de colère, de fierté, et d’excitation. Il y eu quelques battements de cœurs, et il lui vola un baiser ardent, ultime passe d’arme du duel.
L’aidant à se redresser, il souriait lentement, satisfait, repus presque. Il fit un pas en arrière, grimaçant legerement. Elle devait lui avoir fêlé une côte, c'est certain. Comme quoi, il avait sous-estimé ses capacités physique. Il verifia tout de même qu'il ne l'avait pas trop amoché, après tout, ce n'était pas là son but.
Il échangea quelques mots à propos de la cathédrale, puis la salua, avant de remonter en selle et de s’en retourner vers la citée au Lion.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
-Le Lion rugit beaucoup....Mais je pense qu'il courbe facilement l'échine...
Le Colosse senti une pique de Fureur sans nom lui vriller les tympans. Elle avait cherché à le pousser dans ses retranchements. Il aurait pu déchirer sa chair, briser ses os, se repaitre de son chaud, à même sa gorge ouverte, coulant à gros bouillons.
Inspirer, expirer.
-Le Lion se ramasse souvent....pour mieux bondir ensuite....
Un sourire pour accompagner la réplique. La tension est palpable. Il suffirai d'une étincelle, dans l'air, qu'une seule braise du foyer proche s'envole entre les deux visages, pour qu'un brasier naisse et embrase ce lieu. Que d'une paix précaire naisse un conflit si violent que nul n'en réchappe.
Deux prédateurs, deux êtres fondamentalement destructeurs, qui se tournaient autour, comme des lions en cage. Attendant le moindre signe, moindre geste l'un de l'autre, pour se sauter à la gorge, se déchirer, s'entretuer avec une violence si bestiale, si primaire, si inhumaine, qu'on eut cru voir deux animaux se battant à mort pour se disputer une proie.
Bien des années auparavant, Valerian eu à affronter un loup alpha, près de la ferme de son père, en Westfall. Il n'avait que onze ans, à l'époque, et malgré sa stature déjà imposante, la bête le dominait largement. Ce jour-là, il faillit se faire tuer, la bête l'éventra presque, et il mit deux mois à récupérer de sa blessure et à marcher à nouveau.
L'un de ses plus beaux souvenirs.
Il lui semblait à présent revivre la même chose. Le même combat. Ou presque. Plus fort. Et surtout...
...plus dangereux.
Valerian ne redoutait ni la défaite, ni l'échec. Car il était consciente, au plus profond, que sa victoire s'obtenait non pas quand son adversaire déposait les armes ou tombait au sol, non.
Sa victoire s'obtenait quand celui qui lui faisait face, décidait de dresser sa lame, et son cœur, et de l'affronter.
Le Sang coula, ce soir-là.
Le Sang de la victoire.
Le Sang de l'Exaltation.
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Les conversations de l'un et de l'autre étaient souvent tumultueuses, glissant de menaces, au compliment, toujours teinté d'une sorte de respect mutuel, profond. Il aimait à lui conter les rêves d'un Royaume des Wrynn exalté par la parole et le symbole. Elle lui faisait marque de sa Foi, en lui énonçant Ses Saints Commandements.
Dans un ballet dangereux, ou chaque pas risquait de faire glisser l'un ou l'autre de la falaise, et d'aller s'écraser en contrebas sous le regard de l'autre. Le risque de s'entrainer dans cette chute fatale, et pourtant, au bout de ce sentier, tous deux voyaient la Lumière et la Colline, celle qui était symbole de rédemption et de laisser sa trace dans les esprits.
Il s'enflamme souvent, lui exaltant ces images qui le font tant vibrer pour sa patrie, et son Roy. Attablés ensemble, se défiant l'un l'autre du regard, de sa voix grave il s'évertue à lui montrer ce que chaque parole fait trembler.
-Il est de la folie des hommes de se croire des acteurs sur la scène de l'histoire, de croire que leurs actes puissent affecter la grande procession qu'est le passage du temps. Cette chimère, l'homme puissant, convaincu que sans sa présence le monde ne tournerait plus, les montagnes s'effondreraient, et les mers s'assècheraient, peut la serrer contre son sein pour parvenir à s'endormir. Mais si la commémoration de l'histoire nous a appris une chose, c'est que tout est transitoire: d'innombrables civilisations avant la nôtre ne sont plus que poussière et os, et les grands héros de leur temps, plus que légendes oubliées. Nul homme ne vit éternellement, et tandis que s'estompe la trace de ses actes, ainsi s'estompe son souvenir.
C'est là une vérité universelle, une loi inévitable qui ne peut être déniée, malgré les protestations des vaniteux, des arrogants et des tyrans.
Mais...
...Quand se pose sur vous ce regard de flammes, de cet être plus proche du Lion que de l'Homme; vous apparait cette évidence...
De cette vérité, Varian Wrynn en est l'exception.
A chaque mot qui claque comme le fouet, cette flamme de défis s'embrase, et menace de les engloutir dans un brasier ardent. Mais toujours, toujours, de ce duel sans fin, nait une connivence et une confiance profonde.
Le Colosse d'Acier et la Vierge de Fer, inflexibles et conquérants, sous la bannière d'une volonté sans faille.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Les vapeurs s’élevaient en longues volutes, partant des nasaux des deux destriers, pour monter dans l’air froid de la soirée d’hiver. Le soleil termina sa chute dans les collines d’arathi, inexorable, faisant tomber sur l’herbe épaisse un voile cramoisie.
Le vent battait les capes des deux cavaliers contre leurs armures, tandis qu’au loin leur parvenait les glapissements de la faune. Le premier des cavaliers, qui surplombait aisément sa comparse, indiqua d’un geste les ruines de Stormgrade en murmurant quelques mots, alors qu’ils dépassaient ce qu’il restait de la Capitale du Royaume d’Arathor.
La jeune femme aux cheveux blond, visiblement de bonne humeur suite à ce départ précipité et étrange, ne cessait de le questionner ou de lui lancer des piques, pour le faire sortir de ses gonds.
Mais pour l’instant, seul un sourire énigmatique, légèrement flegmatique, répondait aux questions d’Anna, et pour la distraire, ou la faire patienter, le Colosse puisa dans les méandres de son esprit, avant d’énoncer de sa voix grave, tout en chevauchant à ses côtés sur les routes d’Hillsbrad :
-Par-delà les collines de Lordaeron
Malgré l'Ombre, les ténèbres, et la folie.
Se dresse de toujours les fils de Mograine.
Dressant leurs bras et leur cœur,
Ultime rempart entre leur le mal, et leur pays.
La Voilà, Archange de Lumière.
Deux décennies, à peine.
Et pourtant, du haut de ses quelques pieds.
Porte en son âme la Foi de ses ainés.
En Royaume du Lion,
Accomplissant sa Sainte Mission.
Et sous les coups du Colosse;
Elle tombe d'abord, puis se relève, à bout de force.
Mais voilà qu'il la contemple.
Et là ou d'autre voient la jeunesse, ou la faiblesse.
Il perce de son regard, sous l'armure de fer.
La force d'un baiser, l'ardeur d'une caresse
Ni amie, ni amante.
Bien loin des mots vains et sans saveur.
Il ne la brime pas, il ne l'épargne pas.
Il la prend, et l'élève aux confins des murs d'argent.
Et elle, contre ces principes et ses dires,
Elle sombre, un peu plus chaque jour.
Oscillant chaque instant entre haine et amour.
Qui sait, après tout, ce qui peut être le pire ?
Quant à lui, trop fier, trop confiant.
Il joue toujours deux coups d'avance, gagnant.
Mais n'est-ce pas à sa force ?
De briser les chaines et les murs, par son seul désir.
Et les voici tout deux, sur une route du nord !
Crapahutant, risquant leurs vies.
Pour quoi après tout, un vieux livre pourri ?
La mort seule, peut-être, leur donnera tort.
Remontant ensuite la Thondoril, les sabots des deux montures foulant la grève boueuse, alors que les rafales de vent claquaient sur leur visage, les obligeant à se couvrir plus, et à talonner plus avant les chevaux pour garder une allure constante.
Le Registre des membres de la Confrérie du Cheval. Un ouvrage ancien, pas oublié mais bien caché. Quand le chancelier avait pris contact avec Valerian, jamais le guerrier de Westfall ne se serait un seul instant douté que ce vieux grimoire serait la cause de cela. Pourtant, au fur et à mesure de cet étrange dialogue, il semblait bien qu’une nouvelle porte s’ouvrait. Que ce vieux conseiller Royal récupère son ouvrage, qu’il use des informations contenu à l’intérieur pour écarter ces rivaux, et que sa carrière politique progresse était une chose… mais qu’il récompense Valerian à sa façon pour cela, en était une toute autre.
Traversant Andhoral ravagée, les deux cavaliers se prirent à discuter plus légèrement, leur humeur s’améliorant en traversant l’ancienne Lordaeron, ou la vie recommençait à prendre ses droits. De chaque côté de la route, de jeunes pousses de chêne s’élevaient vers le ciel. L’herbe grasse marquée des traces de quelques chevreuils et renard, alors qu’un concert de piaillement des mésanges et rouges gorges résonnaient depuis les hautes cimes des hêtres et des bouleaux.
Après près d’une heure sur les chemins de terre, Valerian fit stopper sa monture, et après un hochement de tête vers sa comparse, mit pied à terre, et ils se changèrent, passant des armures d’acier aux reflets noirs et rouges. Ce ne fut qu’une fis changés qu’ils reprirent leur chevauché vers Âtreval, croisant déjà les premières patrouilles d’argent. Et malgré les regards vindicatifs qu’on leur lançait, ils parvinrent jusqu’aux grandes portes en frêne.
Leur objectif, clair et précis, leur permit de ne pas perdre de temps, et après avoir remis leurs armes aux factionnaires de la tour des mages, ils s’aventurèrent dans les archives de la citée d’argent.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
L'eveil du Lion
Valerian ouvrit lentement les yeux. Sortant de son sommeil, mais déjà sur le qui-vive, héritage étrange de presque deux ans à bord du Brise-ciel. Un mal pour un bien.
Les sensations lui parvinrent une à une.
Le toucher, d'abord. La sensation de l'herbe fraiche et humide dans son dos, sur ses cuisses et ses talons. Le vent léger qui hérissait son échine. La sensation d'un autre corps à côté, source de chaleur. Le picotement de ses blessures au visage, dont le sang coagulait doucement pour former une croute cramoisie. Près de sa main gauche, le bout de ses doigts touchait le métal glacé de sa lame, couchée dans l'herbe grasse.
Puis l'odorat. Flagrances d'hémoglobine, relent de sueurs acres et douces, odeur de la terre sèche, parfum envoutant d'une femme. Mélange violent, sentiment de malaise puis le besoin impérieux, vital, de prendre une autre bouffé de tous ses arômes. Sentir l'oxygène emplir ses poumons, une seconde naissance. Inspirer une nouvelle fois, puis expirer. Inspirer encore, ressentir pleinement chaque détail olfactif, chaque frémissement de son odorat déclencher une explosion de sensations, faire bruler son cerveau d'un brasier de plaisir et de dégout profond.
L'ouïe ensuite. Le bruissement des feuilles. Non loin, un loup qui hurle. Les piaillements frénétiques d'une volée de moineaux agités. La rivière, à quelque mètre à peine, qui s'écoule, les flots glissant entre les roches de granit dans un concert étonnant, presque fantomatique. Le bruit du sang qui bat violement aux tempes. Les battements du cœur, frappant régulièrement, dans une parodie des tambours de guerre que les gens d'arme affectionnent tant. Le bruit de la chair qui bouge, le souffle calme et serein du corps frêle contre lui. Son propre souffle, qui semble mener le concerto bruyant des alentours, battant une mesure lente, une valse presque, au cœur d'Elwynn.
Le goût vient ensuite. Sang. Goût de fer. Le plus puissant bien sûr. Il envahit sa bouche avec force, un raz de marée de sensations, de souvenirs, d'image. Il s'en délecte et s'exalte. Une apothéose, une explosion. Se mêle à celui-ci le goût plus dilué, mais tout aussi violent, de la femme. Un goût de haine. Un concentré puissant de fureur et de colère, qui se mêle dans la bouche du colosse aux sangs combinés des deux êtres. Etrange image, étrange sensation, que le sang sec et aride des collines de la marche, et celui des forêts de Lordaeron, profond, brulant. Mélangé à la même fureur, la même ardeur et la même hargne, dans un arôme inégalable, unique, au parangon des plus grand vins mis en bouteille. Un poison.
Puis enfin, la vue. La première image est celle des arbres, montant jusqu’aux nuages. Entre les feuillages épais, un ciel d'encre, tacheté d'une myriade d'étoiles, par cette nuit sans lune. Lentement, le Lieutenant tourna la tête, d'abord vers sa gauche. Il vit d'abord sa lame, comme il l'avait senti du bout des doigts, couchée dans l'herbe, au repos après une nuit de fureur. Tout comme lui. Puis son regard glissa vers la rivière, longeant les rochers qui la bordait, jusqu'aux silhouettes ténébreuses des fermes d'Elwynn. Son visage se tourna ensuite vers sa droite. Malgré la faible lueur de la nuit, les étoiles éclairent avec force la peau pâle et les cheveux d'or de la jeune femme. Son regard glissa le long de ses courbes et de ses creux, sur l'échine frissonnante, s'attardant sur ses cicatrices, si semblables aux siennes. Son épiderme frissonnait, peu étonnant que sa nudité la glace dans cette nuit d'hiver. Le fils de Westfall se prit à sourire, étonné que le brasier qui habitait Anna ne la protège pas du froid qui enserrait doucement son emprise sur eux. Mais après tout, l'ardeur d'un bucher ne peut s'exalter que si l'on y remet du bois, autrement, il finit irrémédiablement par s'éteindre, comme toute fureur se tait si l'on ne la cultive pas.
Valerian se releva lentement, sans bruit, et s'approcha de la rivière. L'eau claire reflétait la faible lueur des astres lointains, éclairant son imposant corps nu, faisant miroiter ses cicatrices, et donnant à ses cheveux un aspect fantomatique. Il posa lourdement un genou à terre, s'enfonçant légèrement dans le sable de la berge de la rivière, et plongea ses mains dans le courant. L'eau glacée fit remonter un éclair le long de ses avant-bras, jusqu'à ses épaules et sa nuque, lui arrachant un léger soupir de surprise. Il entreprit de passer un peu d'eau sur son visage, nettoyant le sang sur son visage. Il inspira doucement, et pris un peu d'eau dans le creux de ses mains, venant faire du même sur le visage tout aussi marqué de la femme aux cheveux blonds. Il la contempla un instant, vulnérable, pris du désir soudain de plonger ses dents dans sa chair, de fouiller de sa lame son ventre, pour répandre sur l'herbe verte son sang, son poison. Elle bougea légèrement dans son sommeil, se tournant sur le ventre. Le regard du guerrier glissa de sa nuque jusqu'au creux de ses reins, serrant les poings pour contenir la Fureur qu'il sentant monter le long de son échine, lui hurlant de la briser, de la...
Un long soupir. Une profonde inspiration. Puis il s'approcha doucement, s'allongea dans l'herbe, se glissant vers elle jusqu'à ce que leurs corps se touchent, glissant sa main le long de son dos, laissant ses ongles tracer des sillons rougeâtres sur la peau de satin, avant de poser sa tête dans l'herbe, pour la rejoindre dans le sommeil, bercé par sa haine et toutes ces choses qui entretiennent le brasier des Lions.
On ne détruit pas ce qui vous enrage et vous brule. On l'exalte dans sa Fureur.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Le Lion et le Rapace
Aux vertus nous opposeront le vice.
A la prudence, nous opposeront la fougue.
A la temperance, nous opposeront notre ardeur.
Et à l'oisiveté, nous opposeront notre courage !
Le silence pesant, comme demultiplié par les voutes majestueuses de la cathédrale, écrasait de son voile pâle les épaules des quelques personnes à genoux. Chacun, éloigné de tout autre de quelques mètres, prosterné, non par soumission, mais par respect profond, dans la demeure de La Lumière, rendant grâces et hommages en silence.
L'un dans l'autre, ces gens, que tout differenciait au delà de ces murs de pierre; l'agriculteur venu vendre le fruit de son travail au marché; le notable entre deux affaires; le prêtre dans son élément; la jeune fille avant de se rendre à l'études; et le lieutenant de la Garde au reveil. Beaucoup diront sans gêne que la perte de temps ou les traditions séculaires de ces hommes et femmes n'apportent ni pain sur la table, ni buche dans l'âtre de la cheminé. A ceux-la, et aux autres, ceux qui doutent, ceux qui n'osent plus poser au sol le genou dans le respect des moeurs, qu'ils observent donc, et écoutent.
Car ces prières, ces paroles prononcés à demi-mot, ces signes discrets, sont bien plus que des leçons autrefois apprisent par coeur, et aujourd'hui repeté par reflexe, non.
Ce sont le mortier et la pierre de ce Royaume. Apporté du fond des âges, alors que les hommes se terraient dans des habitations faites de terre et de boue, autour d'un feu crepitant, ils rêvaient de grandeur, et des pics miroitant, leurs mains tremblantes tendues vers les flammes dansante, comme un vain espoir de faire plier le brasier à leur volonté.
Valerian inspira longuement, se signant, avant de se relever dans un grincement d'acier sourd.
Oui. Il ne priait pas par esperance, ou par manque. Il ne priait pas par habitude, ou par obligation. Il priait par respect envers ses pères, et les pères de ses pères, pour chaque brique posée sur le rempart de Stormwind, à la sueur et au sang des hommes et femmes. Par respect pour cette oeuvre, détruite puis rebatie, ces murs haut et solides, ces portes majestueuses, ces crénaux, ces toitures et ces douves.
Par respect pour ce rêve un jour murmuré, et aujourd'hui a son apogé.
Le lieutenant cligna plusieurs fois des yeux, en sortant du batiment sacré, le soleil déja haut dans le ciel agressant sa rétine. Cette douleur en raviva d'autre, et la raideur de ses muscles endoloris s'ajoutèrent bientôt à la morsure encore fraiche à sa gorge, et aux plaies de ses épaules, serres accerées du rapace avide de chair et de sang. Juste rançon d'une nuit de haine et de désir.
La fatigue, sensation qu'il n'avait éprouvé depuis longtemps, se fit sentir quand il descendit pas à pas les marches de la cathédrale, son armure d'ebene lui semblant presque un fardeau sur ses épaules.
Inspirer, expirer.
Il en faut bien plus pour me repaitre
Le chemin vers la caserne fut plus long que d'habitude. Non pas que les rues étaient encombrées, mais les pas étaient plus lent, moins longs. Qu'importe la destination, c'est le voyage qui fait la saveur d'un périple. Ce ne fut qu'après une heure à déambuler, que le Colosse de la Marche parvint au cantonnement, ou lentement, il revetit l'armure d'acier pâle et les espauliers d'azur, tachant d'enfouir la tempête à peine appaisée sous un masque de marbre blanc, rejoignant la grand'salle et ses occupants.
Les deux tanarides, le furieux et le flegmatique. Le vieux veteran, un modèle a suivre, en sachant ne jamais l'atteindre. La jeune fille et ses humeurs, l'innexperience, la différence de culture. L'elfe, millenaire et naïve, étonnante d'humanité, presque attendrissante...drole d'image, non ? ...L'Arathienne... amusante. Qui feule sans mordre, qui prend ses ongles pour des griffes. Terre fertile, le temps apportera le reste... ou pas.
La Garde. Multiples visages, une seule armoirie. Un symbole, une couleur, un Roy à servir.
Etirant une nouvelle fois ses muscles endoloris, le guerrier s'installa à une table, aiguisant distraitement sa dague en laissant les piques de douleur lanscinante lui arracher quelques frissons de plaisirs, imperceptibles.
Avant de se mettre à sourire.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Fureur et Tempérance
Le clapotis de la marée montante résonnait comme un orchestre de tambours, de cuivre et d’harmonies étranges. Sur toute la longueur de la berge, les galets roulaient sur eux même, ballotés, sans prises et sans accroches.
Comme les hommes.
Cette image étrange, s’il en est, fit sourire Valerian. A moitié allongé dans le sable, nu, débarrassé de sa lourde armure de guerre, c’était la une vision bien singulière. Plus encore aux yeux de ceux qui le connaissait, et donc qui savait, que même durant son sommeil il ne quittait pas cette seconde peau d’acier, comme une partie de lui-même. Plus encore, même, puisque que les deux années à bord du brise ciel, sans jamais de nuit complète, toujours prêt à monter sur le pont, avait développé en lui l’habitude de dormir avec ses jambières et sa pansiere de plaque.
Non loin de lui, tout de même, la batarde d’acier si semblable à son maître, couchée au sol, comme dans un repos amplement mérité. Son fil aiguisé reflétait les quelques rayons du soleil déclinant, comme une ultime bravade, dernière passe d’arme vaine, plus par fierté qu’autre chose. Au loin derrière ce paysage, les remparts blancs de Stormwind apparaissaient tel un mirage, à l’orée des songes.
Une longue inspiration, sentir l’air chargé des sels marins et du sang frais, déclenchant une explosion d’arômes et de saveurs, une cacophonie de sons stridents et sourds, une cascade furieuse d’image aveuglante. Un frisson monta le long de l’échine du guerrier, ses mains se crispant presque par instinct sur la poignée de l’arme hors de porté, laissant ses doigts plonger dans le sable humide. Après de longues minutes à savourer les tremblements imperceptible de son corps repu mais toujours furieux, il rouvrit doucement les yeux, et porta son regard ardent sur le corps pâle de l’Augur. Alors que ses yeux d’un gris semblable à celui du fer de son épée parcouraient avec délice les marques de fouets et autres châtiments et blessures sur les épaules, la nuque, et le dos de la femme, il sentit au plus profond de lui ce brasier à peine éteint quelques minutes auparavant se ranimer d’une flamme nouvelle.
La fille de Lordaeron se trouvait à genou au bord de l’eau, portant ses mains en coupe à son visage, pour rincer son visage maculé du sang mêlé des Wrynn et des Menethil. Dans cette position, on eut cru qu’elle priait, prostrée avec humilité, ses vêtements éparpillés sur la berge ne lui laissant que ses cheveux en cascade pour couvrir ses frêles épaules marquée par la fureur du - non, des - duels.
Le Colosse de la Marche se dressa sur ses genoux, et lentement, implacable, inexorable, s’avança doucement, dans un silence tout relatif vers l’Augur. Qu’elle l’ai entendu ou non, elle ne bougea pas, effigie immobile d’un autre âge, le corps tendu et le souffle rapide. Ce ne fut que quand Valerian glissa ses doigts sur les cicatrices, zébrures sombres sur la peau de satin, qu’elle frissonna, et porta la main à la garde imaginaire de son arme, elle aussi couchée plus loin. Le guerrier d’Azeroth se colla contre elle, ses bras puissants enlaçant la taille de la Croisée de Lumière, dans un geste étrange mélangeant tendresse et possession, une mélodie sur les lèvres. Par instinct, ou pour autre chose, elle posa sa main pâle sur l’avant-bras qui l’enserrait, comme pour se convaincre de sa réalité.
Ainsi, intrigant tableau que ce Lion et ce Rapace ainsi ancrés, ce à quoi l’image la plus proche étant celle du Noble Griffon, hybride majestueux et terrifiant, dont les ailes imposantes s’étendent dans les courants chaud du nord pour le porter par-delà les nuages.
Ils restèrent ainsi de longues minutes, plus peut être, leur respiration couverte par les bruits marins et les plaies ouvertes de leurs visages et de leurs gorges laissant couler de fins filets de sang sur le sable, comme une mesure étrange d’un temps s’écoulant au ralentit.
Ainsi, sans bouger, l’esprit de Valerian se prit à s’élever, chose qu’il répugnait normalement, mais comme naturel en cet instants, cherchant peut être, malgré lui, à comprendre pourquoi donc le Lion se complaisait ainsi, portant lui-même son visage sous les serres de l’Augur, en laissant ses crocs sur sa gorge offerte, mais sans ouvrir ses chairs et répandre son sang acre sur le sol poussiéreux.
Et d’entendre la voix, ce sombre murmure, tapis dans les méandres de son esprit, empreint du goût acide des glaces gelées du nord, cette voix qui susurre aux égarés et à ceux qui errent par-delà les flammes vacillantes des phares solitaires.
Elle l’a vue…C’est une évidence…elle l’a vue, et l’a sentie dans ses chairs et dans son âme…cette chose qu’ils craignent et que tu cultive, inlassable et omniprésente, sans jamais transparaitre…Elle a posé son regard sur les portes scellées qui la couve, mais là ou d’autres la contemplèrent avec effroi ou dégout, elle, elle brisa les chaines de bronze, et en libéra cette vertu et ce vice… De tous ceux qui chaque jour en hument les relents, mélangent de curiosité et d’intrigue, quand à cette chose que tu portes comme une valeur et une force, mais que tu sais être tout autant être la faux acerbe qui te fera chuter… ce fut elle, cette Augur hautaine et arrogante, cette peste fanatique sans aucune Foi sinon celle de sa propre image…qui l’exalta, qui osa – courage ou folie – se saisir de cette chape de plomb et la jeter au sol, pour se dresser, fière et seule, face au cœur grondant du fils de Carmelian Nasgard..
Et alors qu’elle la vit transparaitre sur ton visage, et qu’indubitablement, la confiance aveugle fit place au doute, puis à la peur, la simple peur d’être mise à mort… elle agrippa de toutes ces forces cette pierre embrasée dont seule les formes se laissent deviner sur le masque impassible du quotidien, et elle s’y accrocha comme si sa vie en dépendait, ce qui était le cas, pour ne pas chuter et sombrer dans les limbes obscures de l’oubli. Et pour cela, c’est plus du respect que tu lui porte, plus que ces liens faibles et sans saveur, que cette plate convention que sont les normes imposées.
…Ce ne fut non pas ton âme, guerrier de la marche, qu’elle contempla…
…Mais ta Fureur…
Reprenant une grande goulée d’air, comme après une apnée, le lieutenant frissonna et enlaça plus avant l’Augur. Intriguée, elle tourna son visage marqué vers lui, plongeant son regard vers lui. Elle se mordit doucement les lèvres, portant sa main sur la joue du guerrier, dans un geste tendre, sans qu’elle parvienne à parler, car malgré ce lien, malgré ces doutes qui la tiraillait sur elle, sur lui, sur ce que cela impliquait, elle restait Perod l’arrogante, Perod la forte, Perod….
Il se pencha vers elle pour l’embrasser, puis descendit à son cou, mordant sa gorge offerte, alors qu’elle ronronnait doucement, se cambrant lentement, fermant les yeux. Valerian la porta contre lui et l’allongea dans l’herbe, chassant de son esprit ses pensées, car tout deux n’étaient pas de ces êtres qui élèvent les mots fades et sans saveur tout en laissant la place au doute et à la faiblesse, non, ils étaient des brasiers, des flammes ardentes qui consumaient ce qu’elles ne pouvaient soumettre.
Tempérance, oui.
Mais bien plus encore.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Nous sommes Son sang
La ruelle qu’on nommait communément « La descente des fous », du fait de l’ancien hospice d’aliéné qui y faisait place avant la Chute –et dont le nom était resté, symbole de mémoire- était bondée. Il est bon de préciser, qu’a cette heure du jour, quand le soleil décline au delà des toits de la cité au Lion, que les commerçants ferment boutique, que les soldats et les marins de tout horizon viennent dilapider leur solde dans les bras des filles des bas quartiers, les masquent tombaient, et un autre visage de Stormwind se révélait. Bien loin du donjon et ses parures d’or et d’azur, hors de porté des pavés de la cathédrale et de ses murs immaculés, se réveillait lentement cette vie de nuit, comme un être étrange, sommeillant parmi les landes et prenant lentement vie, par à-coup. Petits frappes, canailles en tout genre, prostitué de la première heure, marchand douteux, toute la fange et la misère de la plus grande agglomération des trois continents se retrouvait dans les rues couverte de purins et de vomit plus ou moins frais. Dans les ruelles les plus sombres, les filles de Robertha faisait leur travail à la va-vite, pour les clients pressés, tandis que certains citoyen trop richement vêtu, ou trop téméraire, se faisaient détrousser à l’abri des regards.
Discret au mieux, ce qui est peu, le Colosse fendait lentement la foule, portant sur ses épaules et son visage une lourde cape bordeaux, qui dissimulait ses traits aux yeux des quelques passant faisant preuve d’interrogation quand à ce géant qui avançait d’un pas sûr, sans pour autant bousculer les pétions. L’immense guerrier marcha pendant vingt bonnes minute, s’attardant auprès d’un vieillard courbé et échangeant quelques propos à voix basse avant de lui remettre une petite bourse alors que l’ancêtre le gratifiait d’un sourire édenté. Reprenant sa route, il ne réagit pas aux appels des catins qui roucoulaient et faisaient part de leurs charmes pour attirer ce client potentiel, et ses traits obscurcit par sa capuche ne révélaient aucune attention du fils de Westfall. A un moment, un vide-poche tenta même de subtiliser la dague du guerrier, prétextant une fausse collision et multiples excuses pour faire passer la pilule, mais hélas, alors qu’il percuta Valerian, celui-ci agrippa d’une main ganté le poignet du voleur à la tire, et d’un mouvement sec brisa l’os du malandrin, avant de le jeter de bas-côté, sans même s’arrêter ou porter un regard sur le pauvre homme qui hurlait sa douleur dans l’ignorance la plus totale de la part des passants.
Finalement, et après ces quelques péripéties presque banale dans ce bas-quartier qui défigurait Stormwind tel une pustule grossier en plein visage, mais qui pourtant faisait partie d’elle, dilemme connu et reconnu par ses habitants, qui sans le désavouer ou s’en réjouir, l’acceptait tout simplement. Le soldat de Westfall s’arrêta donc devant un bâtiment à la façade en piteux état, aux volets clos et à la porte basse visiblement fermée. Malgré cela, il s’en approcha – il était d’ailleurs l’un des seuls à le faire, comme si les passants faisaient en sorte de ne pas approcher du bâtiment, par un magnétisme opposé- et leva le bras, frappant deux coup sec, puis trois coups rapides. Quelques instants s’écoulèrent, puis un cliquetis, et dans un grincement sourd, la porte s’ouvrit vers l’intérieur. Sans attendre, Valerian se baissa, et pénétra dans la pénombre du bâtiment, alors que derrière lui se refermait la porte en chêne dans un claquement sourd ; comme ordonnance et mise en garde à l’égard des quelques badauds qui osaient de temps à autre porter le regard sur la façade.
Le colosse détacha sa cape et la jeta d’un geste négligeant sur un meuble bas, à sa droite, sans même jeter un regard, comme s’il connaissait par cœur la disposition de la pièce.
D’ailleurs, c’était le cas. Et rien n’avait changé depuis sa dernière venue, trois semaines auparavant. La même table en frêne en son centre, les mêmes tabourets à trois pieds, bancals bien sûr, le comptoir en ruine au fond de la pièce, et la porte conduisant à la cave sur la droite. L’homme qui avait ouvert la porte retourna s’asseoir, sans un regard vers Valerian. Il reprit place sur son tabouret, resservit un verre d’alcool et l’englouti cul sec, avant d’enfin se retourner vers le Colosse pour lui adresser un sourire en coin.
Ses long cheveux blonds, encadrant son visage juvénile aux traits fins et séducteurs, son eternel sourire immaculé mettant en valeur son regard bleu clair, et ce petit air d’être toujours à son aise, pan faisait sans cesse sa roue qu’il exhibait avec un talent rare. Portant des vêtements en soie et en lin dont la qualité laissait prévaloir qu’ils valaient presque autant que le bâtiment dans lequel ils se trouvaient, aux couleurs vives, et gracieusement mis en avant. Il se prit à faire un clin d’œil au Garde, sachant pertinemment à quel point ses petits jeux exaspérait le fils de Carmelian Nasgard.
-Bonjour Val’, toujours aussi charmant. Lui lança-t-il d’un air amusé.
En réponse, un grognement, accompagné d’un vague :
-Yvain. Toujours aussi détestable.
Et au jeune homme à la chevelure d’or de sourire plus encore, séducteur, plus amusé encore. Valerian ne parvenait pas à savoir si son air suffisant lui venait de ses dizaines d’amantes, et d’amants –centaine d’après Méléagant- un peu partout dans la cité et le royaume, ou si à l’inverse, ses conquêtes si nombreuses que les énumérer reviendrait à compter les grains de sable de Tanaris à la main, lui avait donné cette confiance en lui, cette volonté de séduire encore et toujours, arborant son visage et son corps finement taillé, presque féminin, comme une arme de chair à laquelle peu résistait. Des filles de joie des bas quartiers, jusqu’aux femmes des conseillers royaux, en passant par les sœurs, frères, mères, pères, filles et fils de chaque catégorie des sujets du Roy, aucune strate n’était exempt de ses charmes, et au creux des reins ou dans les baisers, hommes et femmes se perdaient et se donnaient à lui.
A sa droite, un homme plus vieux, proche d’une cinquantaine d’année visiblement. A l’inverse d’Yvain, rien de séduisant chez lui. Un air bourru, des cheveux en bataille, mal entretenus, des vêtements en cuir grossier. Tout chez cet homme montrait le manque de propre sur lui et l’indifférence à l’image qu’il montrait à son entourage. Malgré cela, ses yeux verts luisaient d’une lueur attentive, toujours en mouvement, comme s’il était constamment perdu dans ses pensées. Le plus discret des quatre, mais le plus sage, le plus réfléchis et tempéré. Leur père, si ce n’est de sang, alors d’âme. Malgré cela, il sourit au Colosse ; un sourire franc et sincère, se levant même pour lui tendre son avant bras, détaillant en quelques instants le Garde.
-Valerian. Fidèle à toi-même. Comment va notre bien beau régiment urbain ?
Sans répondre à la gentille boutade, le guerrier prit l’avant bras de l’homme et le serra vigoureusement, en un salut martial millénaire, un sourire se dessinant malgré lui sur son propre visage.
Enfin, le dernier homme, assez bien bâtit, bien que ne rivalisant pas avec la carrure du fils de la marche, se leva et s’avança pour saluer à la même manière. Portant des vêtements simple, une paire de botte en cuir, un pantalon et une chemise à manche courte en tissu gris, dévoilant ses bras musclés et totalement imberbe ou s’entrelaçaient des tatouages aux formes complexe et étrange pour le néophyte. Morwen, puis ce que c’était son nom, était de ces hommes qu’on peu côtoyer dix années durant, sans pour autant le connaître plus qu’un simple passant dans la rue. Son visage, bien que banal, intriguait par son absence total de pilosité, et de traces ou marques quelqu’on que. On aurait dit au premier abord qu’il portait sur lui un masque de cire, seul ses deux yeux constamment à l’affut donnait à l’expression de l’homme un semblant de vie. Il salua Valerian sans un mot, simplement souriant, ce à quoi le guerrier de Westfall lui rendit son sourire, avant de prendre place sur le quatrième tabouret, et se faisant servir un verre d’alcool de houblon. Il prit le temps de savourer le feu qui coulait dans sa gorge, fermant même les yeux, avant de claquer sa langue contre son palet, et de soupirer d’être enfin confortablement, ou presque, installé.
Les trois autres l’observait, patients, savourant eux même leur propre verre. On eu reconnu la, que même sans paroles échangées, de nombreuses choses se disaient, ou non, gage d’un groupe d’ami, de frère, et bien plus encore, se retrouvant dans une harmonie et une satisfaction simple. Le premier à briser ce faux silence fut Yvain, bien entendu, son eternel sourire narquois sur le visage.
-Garde ou crève ?
Sans répondre tout de suite, Valerian se servit un autre verre, le tourna entre ses mains, passant sa langue sur ses lèvres, avant de s’énoncer.
-Garde ou Crève. Et vu que je suis encore en vie….
-Les amis de la Runique n’ont toujours pas réussi ? Ces tue-honneur sont décidément…décevant… Intervint Méléagant, grimaçant légèrement, avant de soupirer.
-La jeune Barov les tients en respect. Répondit le colosse.
Yvain souri plus largement, et intervint sur un ton narquois.
-Par contrainte ? Par obligation, ou par regret de n’avoir pas eu suffisamment de toi…bien qu'elle en a déjà eu beaucoup...trop peut être ?….
-Ferme la… lui lança sèchement le guerrier de Westfall, avant d’éclater de rire, rejoint par les trois autres comparses.
Après plusieurs instants, tandis que se calmaient les éclats de rire, il continua tout en refaisant sa natte.
-Qu’ils viennent encore, et encore. A chaque geste de leur part, ils me…ils nous donnent raison. Et quand aux autres, amateurs des six-coups…Tsah… Aucune volonté. A peine le sang coule, qu’ils se terrent sous les pierres. Ou es donc la force d’âme ?
-Tu te pose vraiment la question ? Lui sourit Méléagant.
-Non…c’est vrai… Et le sourire de Valerian revint, lentement, le laissant un instant pensif.
Morwen passa ses ongles sur les entrelats tatoutés sur son poignet, et enchaina :
-Et l’Augur ?
Les poings de Valerian se crispèrent légèrement, d’eux même, et le crissement d’acier n’échappa pas à Yvain, qui se prit à sourire de plus belle, mélange immonde d’arrogance et d’hypocrite, saveur qu’il maitrisait à la perfection.
Valerian inspira une fois, puis deux, et répondit d’une voix neutre, implacable, sans laisser la place au doute sur ses paroles.
-L’Augur est à moi. Je veille sur ses actes avec plus d’assiduité que tous. C’est ma lame qui ouvrira ses chairs…
-Pour ce qui est d’ouvrir ses chairs et t'y repaître, nous avons confiance…. Dit Yvain, d’un ton mielleux. Mais…pour ce qui est de faire ce qui est juste ?
Valerian plissa les yeux, puis afficha un large sourire, passant sa langue sur sa lèvre ouverte.
-Oses tu douter de ma…conviction d’agir pour notre Roy ?
La phrase fit l’effet d’une brise glaciale. Le jeune homme blond perdit son sourire assuré, et les deux autres se crispèrent légèrement.
-Non. Je n’en doute pas, sinon je te tuerais.
Les rôles désormais inversés, Valerian souriant légèrement, amusé, sûr de lui, et Yvain grimaçant, presque colérique de s’être ainsi laisser avoir par le jeu de la rhétorique.
Méléagant, le sage comme il était appelé dans une autre époque, lointaine, qui aujourd’hui était enseignée dans les livres d’histoire, croisa les mains sur la table, et parla d’une voix claire, presque douce, cherchant à apaiser ses deux frères de sang.
-Nul ici ne doute d’un autre. Notre détermination, à l’image de l’égide de Lothar, ne souffre aucune trace, aucune rayure ou marque. Notre inflexibilité est certaine, et celui qui la remet en cause doit ici et maintenant appeler de ses vœux la mort.
Il laissa le silence qui suivi confirmer ses paroles, avant de reprendre.
-Nous ne sommes pas la pour bâtir d’autres barrières. Mais pour rappeler à ceux qui l’oublient, ce qu’est Hurlevent, ce qu’est le Royaume d’Azeroth, et surtout, qui est Wrynn. En l’occurrence, assez de vos chamailleries, et faites ce qui doit être fait. Morwen, retourne à Âtreval. Ne cesse le contact sous aucun prétexte. Yvain, retourne à Theramore. Et trouve ce maudit nain, quel qu'en soit le prix, compris ? Quand à toi, Valerian, œuvre pour notre Monarque au sein de la Garde Urbaine, quoi qu’il t’en coûte…et quoi qu’il en coûte à ton rapace.
Les trois autres hochèrent la tête, les mots de Méléagant embrasant en leur cœur la flamme commune qu’ils partageaient, la passion et l’ardeur, qui embrase les hommes, pour les exalter par delà leur simple être.
-Pour le Roy
-Pour Wrynn
-Pour notre Monarque
-Pour notre Souverain
Ils levèrent leurs verres, et les vidèrent d’un trait, pour appuyer l’hommage.
Valerian se pinça les lèvres, et parla d’une voix calme, apaisé.
-Et toi ? Tu as eu le temps de…voir pour ce dont je t’ai parlé ?
Méléagant le fixa, hocha la tête avant de répondre, aussi apaisé.
-Oui. Elle travaillait à l’orphelinat, pieuse, madame tout le monde…en apparence. Futile masque, cachant un zélote.
-Zélote ? Croisée ?
Méléagant secoua la tête.
-Non, Stormwind. Je creuse la piste des lames de Benedictus, même si je doute, au vu du peu de protection des indices. Je te tiens au courant…comme promis.
Valerian hocha légèrement la tête, notant mentalement, avant de se resservir un autre verre. Ses pensés s’égarèrent quelques instants, avant de reprendre, légèrement, comme une anecdote.
-L’arathienne relève le défis. Mais pas de mort. Chair et sang, mais pas de cadavre dans le canal.
Méléagant sourit, et fit un clin d’œil à Morwen, qui sourit à son tour, plus par mimétisme qu’autre chose.
Les quatre comparses restèrent ainsi, une bonne partie de la nuit, buvant et discutant à voix basse, à la lueur de la bougie, évoquant les dernières nouvelles, des fronts, de la vie de la cité, des actes futiles ou non, des chairs des femmes désirées, du sang des hommes attendus. Du froid d’Icecrown, dont le feu bleu manquait à l’esprit et au corps. Des hurlements des mourants, et des gémissements des amantes. Du fer mordant, des marques du fouet. Des collines verdoyantes, et des villages en cendres. De la guerre, bien sûr, mais aussi du fils de Varian. Des inquiétudes, car c’est bien le seul sujet sur lequel elles sont acceptables, et des convictions. Morwen évoqua les vapeurs verdâtres qui défiguraient les forêts du nord, et Yvain les odeurs nauséabondes du marécage d’Âprefange au petit matin. Méléagant, silencieux comme toujours, se contenta d’écouter et de donner de tant à autre son avis toujours éclairé. Et Valerian, le Garde, le fils de la Marche, leur conta les anecdotes d’une caserne qui faisait aujourd’hui autant partie de lui que lui d’elle, comme une relation fusionnelle, lui rappelant avec amusement la chaumière de son enfance. Les visages, certains toujours semblables, d’autres changeant. Ceux qui venaient, et qui partaient. Ceux qui portaient des masque, et ceux qui devrait penser à le dissimuler de temps à autre. Les téméraires, et les hésitants. Les Tempérés et les ardents. Du bal de Theramore, de l’amusement que cela lui procurait. De la Comtesse de rien, des promesses de guerre. Il leur parla aussi des Rochenoires, et du goût de leur sang. De la fange de Faol, qui s’affichait avec arrogance, et qui ne portait sur leurs épaules que honte et opprobre. De l’Augur, encore, toujours l’Augur. Son sang, poison délicieux. Mais avant tout, leur sang mêlé. Dans la haine et la violence. Par la lame et la chair. Ces regards entendus, ces défis constant, cette volonté de toujours, plus loin, plus fort. Ces nuits torrides sans fin et sans début. Repousser les limites du corps et de l’esprit.
S’exalter.
Et tandis qu’au dehors, les bonnes gens d’Hurlevent vivaient simplement, ballotés par les aléas d’une existence simple et banale, laissant leur destin guider leurs choix et leur route malgré eux ; quatre hommes, quatre fils de Wrynn, contaient le sang qui coulait dans leurs veines, le devoir rubicond qui leur donnait vie, et auréolés par leur devoir infaillible, levèrent leurs verres avec entrain jusqu'au lever du jour, le nom des Wrynn aux lèvres, et un brasier ardent à la place du cœur.
Nous sommes les fils de Wrynn. Nous sommes les Lions, les Furieux. Nous sommes le sang et la chair d’Hurlevent, les lames et les égides de Stormwind.
Nous sommes tout cela, et bien plus encore.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Descendance
Les épis de blés se couchaient presque sous les rafales du vent d’ouest, qui soulevait des volutes de poussière aride. On eut cru à un ballet étrange, ou quelques broussailles étaient baladées ça et là, le bruissement des feuillages des chênes à peine couvert par la brise qui soufflait sur la terre sèche de la Marche. Au loin, les collines donnaient l’impression d’un géant endormi. Quelques chiens de prairies filaient entre les ronces, pour se cacher, comme apeurés par la tempête naissante. Si les teintes ocres et beiges ne quittaient jamais cette terre, elle était en revanche marquée du renouveau de du printemps, les branchages des frênes et des hêtres portant un voile vert, comme une chape posée la par la nature, en récompense d’un hiver rude.
En cette onzième heure du matin, Valerian était déjà à couper du bois depuis plusieurs heures, à l’arrière de la petite maison nichée non loin des falaises. Du haut de ses quinze années, et de ses six pieds de haut, il se tenait à moitié courbé, la sueur perlant sur son torse nu, encore vierge des marques de la guerre, bien que portant les signes d’une éducation ferme et martiale, par le fouet et le bâton. Il se tenait la, une hache au tranchant du bronze à la main, à sa droite une impressionnante pile de bûche de bois sec, et à sa gauche, le fruit de son labeur, des monceaux de bois découpés, rangés méthodiquement, une habitude prise dès son plus jeune âge, pour éviter qu’elles ne se forment en tas désordonné, et donc plus difficile à stocker par la suite. Il avait aussi pris soin, par habitude toujours, d’attacher ses cheveux qui atteignaient à présent ses épaules en un catogan serré, pour ne pas être gêné dans son travail. Le soleil tapait sans relâche la peau tendu sur les muscles en effort, et si les premières années il souffrit de brulure dû à l’exposition trop longue a la morsure de l’astre ardent, il était à présent suffisamment habitué pour ne plus avoir à la craindre ; ou du moins parvenait-il à en faire totalement fit, pour se concentrer sur son pénible travail.
Ce ne fut pas la porte de la maison qui claqua, ni la démarche reconnaissable entre mille de son père qui le sorti de sa torpeur ; mais bien un crissement, tellement connu, tellement attendu et espérer, celui qui fait frissonner dans la nuit, et qui hante les rêves.
D’instinct, il fit un pas de côté, et cela lui sauva la vie quand l’acier froid de l’épée se planta dans la buche qui se tenait la. L’attaque foudroyant fut suivie d’une réplique non moins violente, quand Carmelian dégagea l’arme d’un geste sec et frappa d’estoc vers son fils. Guidé par ses reflexes, le jeune homme opposa le manche de la hache de bucheron, qui si elle empêcha le fer de lui ouvrir les chairs, ne résista pas à la force de l’attaque et fut brisé en deux.
Valerian fit un pas en arrière, et se baissa pour éviter le nouvel assaut qui visait cette fois son visage. Le patriarche Nasgard ne cessa pourtant pas sa volée de coups, et un rictus déforma son visage marqué de rides.
A quarante deux hivers, il en faisait pourtant dix de plus. C’était la un trait propre à cette famille de guerrier, que les mâles ne faisaient rien pour prôner la jeunesse et l’immaculé. Au diable les traits épurés et net, les joues imberbes et les cheveux courts. Carmelian portait lui ses cheveux détachés, tombant sur ses épaules comme un voile grisâtre, couronne d’expérience et d’âge avancé. Son menton carré et ses yeux gris, qu’il avait légué à son fils, lui donnait un air sévère et froid, aussi gracieux qu’un bloc d’acier aux bords tranchants. Une large balafre lui traversait le visage de part en part, lègue étrange de la première guerre, et si il existait en ce monde une Némésis de l’homme chaleureux et jovial, il semble qu’elle fut incarné dans le père du Colosse. Bien moins grand que son fils, il tenait son mètre quarante vingt six sur deux pieds fermement ancrés au sol, héritage d’une vie passé à tenir le rang et à porter une lourde armure de guerre. Bien que sa démarche était entaché d’un boitage dut à la masse d’un ogre durant la bataille de Rochenoire, il gardait sa démarche sûr, de l’homme qui s’avance sur terre conquise et connue, et qui ne souffre ni du doute ni de l’hésitation.
La démarche d’un vieux Lion.
Valerian ne pouvait qu’esquiver les coups furieux de son père, réduit à reculer lentement pour ne pas être touché, car il savait au plus profond de lui, que comme à chaque fois, son père frappait non pas pour blesser, mettre à terre, ou humilier. Non, il frappait pour tuer. Ses attaques étaient précises, furieuses, nettes. Toute l’expérience d’une vie de guerre, uniquement ralentie par le passage du temps sur le corps.
Le fils se jeta de côté, roulant sur lui-même, alors que la pointe de la lame mordait son épaule et y laissait une estafilade sanglante que le jeune Nasgard étouffa dans un grognement de douleur. Le père se jetta une nouvelle fois sur son fils, abatant sa lame vers son visage, et ce fut le crissement de l’acier sur le bronze qui sauva la vie de Valerian, qui avait profité de sa roulade pour récupérer la partie supérieur de la hache de bucheron, la tendant au dernier moment entre lui et son bourreau.
Le père et le fils s’observèrent quelques instant, deux Lions se défiant. Puis le ballet reprit, chacun frappant tour à tour, avec toute la Fureur de leurs êtres, poussant des hurlements rageurs, le nom du Roy aux lèvres, le cœur bouillonnant de colère. Durant près d’une heure, tantôt avançant, tantôt reculant, les deux guerriers frappaient encore et encore, sans relâche et sans répits, uniquement guidés par la violence de leur bras. A bouts de souffles, plusieurs entaille sur les bras et le torse, ils continuaient, encore et encore, faisant pleuvoir un déluge d’acier l’un sur l’autre. Et quand la lame de Carmelian plongea dans le flanc de son fils, le temps sembla s’arrêter. La respiration sourde, le jeune homme tomba à genoux, et porta une main à sa plaie, grimaçant…avant de sourire à son père. Le vieil homme haussa lentement un sourcil avant de….
Douleur
….tourner lentement le regard vers son bras gauche, sectionné au niveau du coude, le sang coulant à torrent de la plaie. Au sol, l’avant-bras de Carmelian, crispé sur la lanière d’un bouclier invisible. Les deux hommes se regardèrent une nouvelle fois, alors que le père tombait à son tour à genoux face à son fils. Ils restèrent ainsi prostrés, quelques instants, se jaugeant presque du regard.
Et pour la première fois de sa vie, Carmelian Nasgard tendit son unique bras vers son fils, et l’enlaça, murmurant à peine dans la douleur :
-Je suis fier de toi, mon Fils.
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Valerian ouvrit soudainement les yeux, couvert de sueur. Sa respiration semblait si forte qu’il crut se retrouver près des moteurs du brise ciel, alors que ses yeux s’habituaient à la pénombre. Mais non, pas de coursives du bâtiment volant, et pas de ferme de Westfall. La petite chambre aux murs nus de la cathédrale, presque familière maintenant. Sur le flanc, la couverture à sa taille, il se redressa sur son coude. Contre lui, lui tournant le dos, il senti la jeune femme bouger doucement. Elle murmura quelque chose dans son sommeil, mais rien qu’il ne comprenne. Le fils de Westfall reprit doucement son souffle, cherchant presque à se calmer en même temps que sa respiration. Etonnamment, il senti rapidement son cœur calmer sa chevauché frénétique, et sa vue devint nette. Il se recoucha lentement, tachant de faire le vide dans sa tête, encore brouillé par ses songes. L’Augur bougea doucement, et vint se pelotonner contre lui, cherchant la chaleur de son corps, ou la présence de son esprit.
Le guerrier se colla à elle, embrassa sa nuque puis son épaule, passant ses bras autour de sa taille, camisole étrange. Inspirant et expirant lentement, pour tenter de retrouver ce sommeil espéré et nécessaire, il croisa les deux mains sur le ventre pâle de la jeune fille de Lordaeron, et senti ses propres mains venir se poser sur celle du fils de Westfall.
Qu’est ce qu’un Griffon, Valerian ?
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Ainsi naissent les Fauves
Le hurlement perça la nuit, comme une pointe de bronze traverse la peau pâle pour s’enfoncer dans les chairs tendres. Le ciel d’ébène, ou nul nuage ne venait troubler le voile d’encre tacheté des astres lointains, transcendait le paysage qui s’étalait de la côte jusqu'à l’orée de la forêt. La lune pleine tendait son visage d’albâtre vers les herbes folles qui dansaient sous la caresse de la brise d’automne. La fraicheur nocturne ne semblait pas adoucir les ardeurs des quelques brochetripes qui venaient fouiller de leurs groins épais les buissons bas où proliféraient les champignons grisâtre, mets favoris des suidés. Mais à ce cri où résonnait la douleur, la faune frémit et quelques museaux se tournèrent vers la source de l’appel de souffrance.
La faible lueur qui traversait le carreau opaque semblait trembler, comme balloté par une tempête qui eut lieux dans la chaumière. Si les volets n’étaient pas clos, la porte elle semblait presque barricadée. Un nouveau gémissement de douleur résonna, plus aigu, plus long.
A quelques pieds du mur de la demeure, un puissant chêne centenaire, si vieux et si sage qu’il avait vu passer sur ses racines les pères de ceux qui affrontèrent la Horde Noire, et leurs pères avant eux. Suivant le cycle naturel des choses, il avait échangé la fougue de sa jeunesse perdue pour une stature imposante, épaisse, véritable forteresse de bois et de feuillages, une montagne vivante qui surplombait ses semblables, et prodiguait de l’ombre quand le soleil frappait, et un abri quand la tempête hurlait. Nulle tourmente, nulle tornade et nul orage n’avait réussi à le mettre au sol, à faire plier cet avatar de ténacité. Toujours, il se dressait, ses ramures élancées vers le ciel, comme un symbole, un défi, de grimper plus loin et plus haut encore. Force et protection, car ses branchages épais offraient à plusieurs familles de mésanges, de rouge gorge et de pies des lieux propices à la construction de leur nid. Ainsi sont les choses, le fort n’existe pas que pour vaincre le faible, mais aussi pour protéger et élever ceux qui savent se placer sous son aile. Béhémot bicéphales de la vie, exposant toute la puissance de ses bois noueux et toute la vie qui dégorgeait de son feuillage. En quelques sorte - et là est la preuve que nulle chose n’arrive par hasard- le parfait témoin de la scène se déroulant à quelques mètres de lui.
Un témoin sourd, aveugle et muet.
Dans la pièce centrale de la chaumière, toute l’austérité d’une vie faite de privations souhaitées et désirées. Quelques meubles en hêtre grossier, l’âtre d’une cheminée ou nul feu ne brulait, tapissée d’une fine couche de cendre grise, comme un voile léger posé sur le visage d’un mort. Un tapis fait à partir de la peau d’un ours brun de Westfall comme unique décoration, et au centre, une grande table, où se tenait sur le dos, appuyée sur ses coudes, une femme. Face à lui, un homme d’une bonne trentaine d’années, le dos courbé comme plongé vers les cuisses écartées de sa compagne. Elle ne portait qu’une robe de lin grossière et rapiécée, son ventre largement déformé par une grossesse à terme. Son visage maculé de larme et transcendé par une douleur profonde, était encadré par des cheveux bruns rendu poisseux par la sueur. Ses traits, qui avaient autrefois été si beaux que les hommes se tournaient vers elle en la croisant, lui offrant sourires charmeurs et clins d’œil complices, ce à quoi elle répondait par une petite mimique amusée, sûre de son charme et de sa beauté. Elle se tenait sur ses coudes, écartant au mieux les jambes en respirant péniblement, sa robe en piteux état relevé sur ses genoux. Ses cris devinrent rapidement des gémissements de douleurs, puis des gargouillis étouffés. Des larmes, encore des larmes.
Face à elle, l’homme à la chevelure d’acier, son visage marqué maculé du sang de son épouse, ses avant bras découverts entre ses cuisses pour tenter de la libérer enfin du fruit de la douleur. Son visage fermé n’affichait que de temps un autre un rictus de colère quand le sang se faisait plus abondant. Le fluide cramoisie coulait lentement sur la table en bois massif, puis goutait vers le sol comme un compteur, mesure du temps qui passe, de la vie qui s’enfuit.
L’unique chandelle qui éclairait ce spectacle semblait peiner à apporter sa faible lueur à la pièce, dansant péniblement, comme si elle cherchait à fuir, a s’éteindre et disparaître.
Légèrement en retrait derrière l’homme, une porte entrouverte, ou apparaissait à peine deux visages, dissimulés dans la pénombre. L’un contre l’autre, les deux jeunes garçons s’enlaçaient, fixant la scène, les yeux grands ouverts, la gorge sèche et la bouche pâteuse. L’un sans l’autre, ils n’auraient pas tenu debout longtemps, leurs jambes flageolantes les tenant à peine debout. Le plus âgé, qui devait avoir sept ans, bien plus grand que son frère, agé de cinq années., tenait celui-ci par les épaules, l’empêchant à peine de trembler, tout en le forçant et se forçant lui-même à rester, pour voir, contempler la vie et la mort qui se côtoyaient ainsi. Le jeune frère, le visage fin, ses yeux verts d’habitude pétillant de malice et de joie de vivre, étaient ce soir figé dans une torpeur morbide, comme couvert d’une fine pellicule de givre. L’ainé, lui, paré du même regard gris acier que son géniteur, serrait tant ses mains sur les épaules du cadet que les articulations de ses mains blanchissaient à vu d’œil. Tachant de respirer le plus lentement possible pour ne pas être entendu ; bien que le père fut bien loin de cela, les deux jeunes garçons serraient les mâchoires avec force, comme partageant la souffrance de leur mère.
Je suis un Lion, un semeur de mort. Un fils de Wrynn sans compassion. Regarde moi m’exalter de ta souffrance, te briser entre mes crocs, fouiller tes chairs et me repaitre de ton sang. Mon Royaume est la frontière que tu dresses entre vie et trépas. J’en suis le passeur, l’Empereur Nocturne. Contemple moi répandre la destruction et récolter les cadavres souillés par mes lames.
Mais si quand je cultive la mort, les pierres tremblent et les cieux frémissent, alors observe moi donner la Vie, car c’est mon sang qui renait.
La femme laissa sa tête partir en arrière en poussant un dernier hurlement aigu, cassant ses ongles sur le bois de la table alors qu’elle donnait enfin naissance, dans un bruit de sang et de chairs ouvertes. Après la tempête, ce fut le silence. Le silence. Pesant. Impitoyable. Ni un cri, ni un souffle, rien. La femme ouvrit les paupières, exténuée, sonnée, comme brisée par une bataille de trop. Carmelian restait courbé en avant, ses mains tenant à peine le corps sans vie du nouveau né, de sa fille morte avant de vivre. Les deux jeunes garçons cessèrent de respirer, comme pour accompagner l’arrêt du temps qui semblait avoir eu lieux au-dedans de la demeure de brique. La femme poussa un râle sourd, se laissant tomber sur la table, les bras en croix, sa poitrine se soulevant et s’abaissant alors qu’elle tentait de happer l’air comme un poisson hors de l’eau. Le père de Valerian regarda le mort-né durant de longues minutes, le visage figé dans une expression d’incompréhension, puis, lentement, un rictus de colère- Non, de Fureur- naquit sur ses traits marqués par la guerre. Le futur Colosse de Westfall et son jeune frère se collèrent encore plus l’un à l’autre si ce fut possible, les yeux presque douloureux à force de ne pas ciller, comme si clore un instant les paupières aurait fait disparaître leur monde dans une tornade d’éclats de verres tranchants.
Carmelian regarda une dernière fois sa fille mort-née, puis, alors que la Rage s’emparait lentement de lui, il resserra un instant les mains…avant de lâcher le corps de l’enfant, qui tomba au sol dans un bruit à peine audible, comme une poupée de chiffon. Morgane Nasgard cligna des yeux, la tête penchée de côté sur la table, comme si la scène lui semblait impossible, une simple brume dans un cauchemar, avant de lever le regard vers son époux, et que la fatigue disparut au profit de la peur…ou plutôt…
…. De la terreur.
La main de Carmelian s’empara de la lampe en verre à l’intérieur de laquelle la chandelle tentait toujours de s’échapper malgré elle, comme fuyant la Colère du zélote de Wrynn. Il la leva au dessus de sa tête, son regard foudroyant Morgane, uniquement guidé par sa Fureur profonde, sa Rage et sa Hargne, devant les regards de ses deux jeunes fils, qui contemplaient cela sans vraiment comprendre, ou sans vouloir le voir.
Puis d’un geste sec, il abattit l’arme improvisée vers le crane de la jeune femme, dans un craquement sonnore, implacable, semblable au maillet du juge qui conduit le prévenu à la potence. Une fois. Deux, puis trois. Et plusieurs fois encore, sans un mot, le bruit du cuivre se tordant sur le crâne fracturé de la femme comme un hurlement spectrale, prenant la place des pleurs et des râles de douleur.
Combien de temps passa, nul ne saurait le dire. Des secondes, des minutes ou des heures. Qu’importe au final, alors que les deux descendants de Carmelian Nasgard contemplaient toujours la pièce, la porte s’étant ouverte d’elle-même, comme pour réveler toute la folie et la haine du sang. Le géniteur, une main sur la table, observait le cadavre de sa compagne, comme perdu dans ses pensés, repus du sang et de la mort. Son visage se tourna lentement vers ses fils, clignant des yeux, comme s’il se rendait compte à cet instant du lieu, du sang, et des deux corps sans vie.
Le regard du Lion se posa sur sa progéniture. Sa crinière sombre maculée de sang frais, les crocs luisant dans la nuit noire de l’automne, sa fourrure, magnifique apparat, réfléchissant à peine la lueur de la bougie au sol, épargnée par la flaque de sang qui s’étendait à présent sur la pierre.
Et alors, quand le Lion, le fils de la Marche, le plus fidèle parmi les fidèles de Wrynn, examina ses deux jeunes fils qui avançaient dans la pièce, leurs propres regards empreint d’une terreur sans nom, d’une colère sans limite, et d’un respect sans borne…
...Il leur sourit. Et ils le lui rendirent.
Et Ainsi naissent les Fauves
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Ce qui est précieux
A perte de vue, le manteau blanc de l'hiver étendait son joug, couvrant les roches, les arbres, gelant les ruisseaux, et forçant les animaux à rester au fond de leurs terriers. Malgré le soleil qui éclairait de paysage étrange d'une lueur presque aveuglante, la neige ne fondait pas, recouvrant largement le sol, et dont le voile immaculé n'était troublé que par les empreintes de quelques rongeurs aventureux. Au loin, on entendait quelques chèvres, qui grattaient de leurs sabots le sol gelé pour tenter de trouver de quoi manger. Sur les branches hautes ou la neige n'avait pas tenue, quelques mésanges collées les unes aux autres, pour s'apporter un peu de chaleur.
Un étrange tableau. Banal.
A quelques dizaine de mètre de là, une grande clairière dégagée offrait un spectacle tout autre. En son centre, un gigantesque griffon, au plumage accordé au manteau de l'hiver, claquait du bec. Ses pattes avant et arrière étaient maintenues au sol par de lourdes chaines de bronze terminées par des anneaux solides, qui enserraient la créature ailée, la tenant au sol. Le Majestueux poitrail du maitre des cieux était souillé par les empennages de quelques figés figée dans son cuir épais, même s'il ne semblait pas en faire fit, poussant ses cris puissants, de colère et d'indignation.
Tout autour de lui, formant un cercle qui pour l'instant restait à distance, une quinzaine d'homme d'arme tenaient place. Portant des tenues de cuirs et de maille, certains agrippant des lances, piques et épieux. D'autre, quant à eux, tenaient au flanc de l’arbalète pointée sur le puissant hybride.
Même si le cercle se refermait lentement, centimètre par centimètre, c'était de la crainte et de la peur, dans les yeux des hommes. Cette crainte inspirée par cet avatar furieux et noble, qui malgré ses chaines, n'en demeurait pas moins un Roi parmi les Rois, qui défiait les lois du possible et de l'imaginable. Etait-ce pour son plumage, qu'ils voulaient le mettre à mort ? Pour son bec, ses os, sa chair, ses muscles et sa peau ? Etait-ce pour se parer de l'exploit d'avoir abattu cet être ? Ou bien encore, était-ce pour éteindre à tout jamais ce qu'il représentait, cette union étrange, dérangeante ?
Lentement, les hommes avançaient, sans courage, sans hardiesse, simplement en sentant leurs voisins avancer eux même. L'imposant Griffon tournait de gauche à droite son majestueux poitrail immaculé, claquant son bec en poussant des cris sourd, comme une sentence envers ses bourreaux. L’un d’eux épaula alors son arme, et visa le poitrail de la créature. Laissant son doigt glisser lentement sur la détente, il ferma un œil et...
...un cri puissant parvint des cieux. A peine les braconniers eurent le temps de lever les yeux au ciel qu'un puissant rapace plongea en piqué sur l'arbalétrier, et planta ses serres dans les yeux de l'homme, qui lâcha son arme et tomba à genoux en poussant un hurlement de douleur. L'oiseau de proie remonta rapidement, avant de repiquer vers un homme, lui griffant sauvagement le visage. La panique des premiers instants laissa place au doute, puis l'un d'eux s'empara de son arme et tira sur le prédateur aérien, sans succès toutefois. Les humains armés d'arme de jet tentaient en vain d'abattre leur agresseur, qui filait habilement entre chaque tir, esquivant les quelques tentatives de l'abattre, pour plonger de temps à autre sur un malheureux et de labourer ses chairs de ses serres acérées.
Alors que l'un d'eux armait une nouvelle fois son arc, un grondement sourd se fit entendre derrière lui, dans les fourrés. Le pauvre se tourna légèrement, sentant son échine se hérisser, et un rugissement profond accompagna le bond d'un puissant fauve, qui éventra le chasseur d'un coup de patte puissant. Quelques hommes se tournèrent vers cette nouvelle menace, alors que le groupe semblait de plus en plus désorganisé, certains reculant même, visiblement apeurés. Le Lion bondit sur un nouvel agresseur, et lui agrippa la gorge dans sa mâchoire puissante, le secouant de droite à gauche comme une poupée de chiffon alors que son sang coulait à gros bouillon sur les crocs du prédateur. Un à un, les braconniers s'écroulaient dans la neige, qui prenait une teinte cramoisie, tombant sous les morsures féroces, et les serres mortelles. Bientôt, il n'en resta plus qu'un, acculé. Il portait sur lui une armure de cuir matelassé, un camail de cuivre et des bottes en peau de bélier. Une ceinture beige autour de sa taille, tenait ancré le fourreau d'une lame courte, et dans ses mains couvertes de gants en lin, la hampe brune d'une lance de chasse. Le visage du jeune homme, couvert des traces d'une quelconque maladie, n'en gardait pas moins un air séduisant, et ce malgré la terreur qui déformait ses traits. Il tenta vainement un coup de lance vers le fauve, alors que celui-ci plongeait sur lui, et l'éventrai sauvagement, laissant son sang couler abondamment. Le pauvre hère tomba à genoux, tentant de retenir ses intestins qui glissaient lentement au sol, et leva un regard embrumé de larmes et de souffrance vers le fauve qui le surplombait maintenant, et dans un souffle, un murmure, à la frontière du silence pensant, gémit:
- Pitié...
Le Lion contempla l'homme agonisant pendant de longs instants. Sa crinière maculée du sang des braconniers, ses crocs luisants faiblement à la lueur du soleil, le poitrail se soulevant et s'abaissant au rythme d'une respiration sourde et puissante. Ses babines se retroussèrent légèrement, et dans un rugissement tonnant, rivalisant avec la puissance du tonnerre, arracha le visage de l'homme de sa gueule avide.
Le Griffon, qui avait contemplé cela d'un œil attentif, s'ébroua légèrement, alors que les chaines de bronze tombaient en poussière, comme si elles n'étaient faites que de sable. Il gratta le sol quelques instants, posant son regard sur le rapace qui s'était posé non loin, puis sur le fauve couvert de sang, puis il étendit ses puissantes ailes, qu'il fit battre une ou deux fois, avant de donner une impulsion à l'aide de ses pattes arrière, et décolla.
Et sous le regard du sang des hommes, auréolé par la Lumière qui couve en son sein ceux qui ne souffrent ni le doute, ni l'angoisse de l'échec, marchant d'un pas certain et inflexible sur les chemins des Justes, le seigneur des cieux et du sol rejoignit son empire, par-delà les lignes de l'horizon, les collines et les forêts.
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Les embruns claquèrent au visage du guerrier comme un fouet sur le dos d'un condamné. Ses nattes enserrées d'anneaux d'acier ballotaient sur ses épaules nues, alors qu'il portait depuis le ponton son regard sur la tempête qui naissait en mer. D'instinct, il pensa à Saig, l'homme de mer. Il devait être là, quelque part. Il reviendrait, un jour ou l'autre. C'était certain. Certain. Ses pensées vagabondèrent, de droite à gauche, comme glissant au gré du vent.
L'autre homme s'assit à côté de lui, son visage marqué par les années lui souriant, son éternel air serein et ses yeux verts contrastant avec le visage et le regard dur du fils de Westfall. Ils restèrent ainsi, plusieurs instants, à regarder la houle qui grossissait lentement, alors qu'au loin s'annonçaient de noirs nuages. Ce fut Méléagant qui parla le premier.
-La tourmente s'annonce.
Valerian dodelina de la tête, se mordillant l'intérieur de la joue.
-Elle est déjà sur nous.
-Tu le penses vraiment ?
-Oui. Nous sommes au cœur du Maelstrom. Depuis longtemps.
- C'est surement vrai. Faut-il réduire la voilure, ou remonter au près ?
Le colosse regarda son ami, réfléchit quelques instants, puis reprit.
-Nous ne craignons pas la fureur des cieux et de l'océan.
-Ne confond pas fierté et arrogance.
-Ce n'est pas le cas.
- Tant mieux. Méléagant sourit doucement, posant sa main sur l'épaule de celui qu'il considérait presque comme son fils.
- Il en faut plus pour me...pour nous faire chuter. Nous sommes les fils de Wrynn.
-Bien plus, oui. Mais nous ne devons pas que tenir debout. Nous devons soutenir ceux qui n'en sont pas capable, et qui le méritent. Le vieil homme lui sourit une nouvelle fois, se voulant presque rassurant.
-Morwen t'a parlé ?
-Oui. De toutes tes folies, c'est surement la...
-Ne me reproche rien.
- Je ne le fais pas.
Valerian soupira, puis lentement, en vint à sourire. La tempête s'annonçait furieuse. Non. Elle l'était. Il passa son tabard de Stormwind, puis inclina la tête vers son vieil ami.
-Nous retrouverons les autres bientôt, Yahn a des nouvelles.
-Il a toujours ce qu'il faut.
-Oui, et il aime le faire savoir.
Et sur un sourire entendu, le colosse de la marche salua, puis tourna les talons, remontant les ruelles de la ville, l'esprit affuté, et la lame aiguisée.
Vaillant dans la tourmente.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Ni pitié, ni répit.
Valerian posa lourdement un genou à terre, et tenant la lourde batarde par la garde, une main de chaque côté, enfonça la lame dans le sol en inclinant la tête. Tout autour de lui, formant un cercle parfait, des hommes de haute stature se tenaient la, leurs armures de plaque couvertes par des capes bleu marine, et des capuches dissimulant leurs visage dans la pénombre. Si le fils de la marche était le plus imposant des hommes présents, il ne semblait qu’un enfant vulnérable au centre de cercle. Les regards des protagonistes, s’ils n’étaient pas visible, semblait toutefois tous rivés sur le Colosse, comme une douzaine d’épée de Damoclès, habilement pointées vers la nuque dénudée du guerrier.
La clairière était à peine illuminée par le croissant de lune, les bruissements des pins couvrant les grincements des armures quand les hommes se risquaient à bouger un bras, ou rouler une épaule. De longs instants passèrent, Valerian resta ainsi prostré, la tête baissée, les yeux clos, tenant fermement la garde de son arme dont l’acier s’enfonçait dans la terre meuble d’Elwynn.
Puis, toujours en silence, l’un des hommes sorti du cercle, et s’approcha d’un pas lourd du fils de Carmelian. Il abaissa sa capuche d’un geste, et porta son regard dur sur son camarade à genoux.
-Tu es bien jeune pour prétendre à ce titre, Nasgard.
Valerian déglutit, puis se redressa dans un grincement d’acier. Il dépassait aisément l’homme lui faisant face de plusieurs têtes, mais étrangement, c’était l’ainé qui semblait dominer. Son visage taillé au burin détaillait le colosse sans gêne, une légère moue au visage. Il finit par se détourner, lança un regard sur ses confrères, puis hocha la tête. Le fils de la marche resta ainsi, face à sa lame, attendant le verdict, le jugement ou….autre chose.
Finalement, les deux hommes en face de lui s’écartèrent, et un autre combattant en armure approcha, portant à bout de bras un pauvre hère au corps brisé, et au visage tuméfié, avant de le jeter au centre du cercle, au pied du guerrier de Westfall. L’ainé afficha un sourire en coin, et désigna l’homme au sol.
-Il a failli. Il n’a pas respecté son serment, et a laissé une injure sans sanction. Pour cela, tu connais la sentence. Soit le bourreau.
Valerian baissa le regard sur l’homme à terre, qui se redressait lentement sur ses genoux. Il leva son visage tuméfié vers le guerrier, bafouillant quelques mots de pitié. Ho, bien sûr ils se connaissaient, ils avaient déjà œuvré ensemble au service du Lion, côte à côte face aux abysses. Mais aujourd’hui, la situation était différente. L’un avait échoué a honorer son serment…l’autre avait l’occasion de prouver sa pugnacité et sa volonté à l’accomplir.
Le visage du combattant de la marche se crispa un instant dans un rictus de colère, et il arracha son arme du sol, avançant d’un pas vers l’homme affaibli. Le cercle s’agita doucement, alors que les Lions sentaient venir l’heure du sang et du verdict.
Levant haut son bras, Valerian contempla son ancien frère au sol, Il le foudroya du regard.
- Nul pitié, nul répit. Gloire à Wrynn.
Et d’un mouvement sec, abaissa son arme vers le cou de l’homme, déchirant sa chair, alors que la tête roulait dans l’herbe fraiche et que le cadavre tombait sur le côté. Le sang chaud gicla sur l’armure d’acier aux reflets bleutés, souillant la Gueule Hurlante du Fauve du fluide cramoisie.
Valerian passa la langue sur sa lèvre inférieure, récoltant une goutte du sang de son ancien camarade. Sa main droite tremblait légèrement d’excitation, alors que l’ainé s’approchait, affichant un large sourire. Il posa sa main sur l’épaule de celui qu’il considérait comme son fils, et susurra doucement.
-Tu es prêt…finalement…
Et tapotant l’épaule du colosse, le cercle se dispersa lentement, laissant le cadavre d’un lion au regard de la lune, et aux crocs des charognards nocturnes.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Miséricorde
Il était amusant d'observer les reflets des quelques rayons du soleil qui filtraient au travers du rideau beige. La Lumière semblait rouler sur la peau de satin, comme la marée montante, se heurtant parfois aux marques plus sombres des cicatrices qui lézardaient dans le dos de la jeune femme. Elle ne dormait pas sur le ventre, comme à son habitude, mais de biais, la proéminence de plus en plus visible l'en empêchant. Elle bougea un peu, dernier soubresaut d'une nuit agitée, et pas uniquement par l'ardeur, mais aussi par quelques cauchemars nocturnes.
Le guerrier laissa glisser ses doigts sur les marques des crocs et des griffes avec un petit sourire amusé. Il se pencha sur la Lordaeronaise en ronronnant, et pinça sa nuque entre ses lèvres, recevant quelques grognements de satisfaction en réponse. Il passa sa main sur le ventre bombé, et un court instant, il eut l'image d'une autre femme, plus âgée, les cheveux noirs. Sa lame l'embrochant comme un misérable insecte, Il revit son visage empreint de terreur, ses yeux larmoyants et boursouflés, le sang a la commissure de ses lèvres quand la bâtarde d'acier plongea dans son estomac bombé par la grossesse presque à terme. Le -les- corps sans vie tombant sur le sol cendré. Le sang poisseux sur la terre noir. Odeur de chien crevé. Un délice.
Porter en princesse le cadavre, jusqu'à l'un des petits lacs de magma. Un Lion tenant dans sa gueule une grenouille au ventre percé. Juste châtiment pour ceux qui font couler le sang des fils de Wrynn. Une Pierre qu'on jette dans l'eau. Le bruit des éclaboussures, la douleur d'une projection de lave sur l'avant-bras. Veine vengeance de cette putain meurtrière de son frère d’arme. On récolte ce que l’on sème.
La vision se brouilla, le guerrier de Westfall revint à lui. La chambre d’Hurlevent, le corps de l’Augur. La chair tendre, le sang frais, les cheveux clairs. Ils avaient voulu le tester, son zèle, sa Foi dans le Lion, et son sens des priorités. Mais malgré le châtiment, impitoyable, ferme, souverain… impossible de refermer sa main sur la gorge pâle. Impossible de broyer cette nuque si fragile, de réduire en poussière ces os, d’écarteler ces chairs…
Puis enfin, le regard de Valerian se porta sur le ventre bombé. Un frisson naquit à l’orée de son bassin, et remonta jusqu’à sa nuque, foudroyant. Le sang des zélotes de Wrynn et des dignes fils de Menethil. Un nouveau palier, une nouvelle marche.
Une bannière hissée sur le corps de garde d’un bastion imprenable, au sommet de la plus haute des montagnes, bardée de piques d’aciers et de givre.
Nous sommes les furieux, les ardents. Et aux ténèbres nous opposeront notre sang.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
A l'ouest, résonnent les tambours.
Le bruit de la pierre glissant sur la lame résonnait comme un doux murmure à l’oreille de Valerian. Le crissement aigu, qui allait et venait alors qu’il aiguisait le tranchant de son arme lui procurait quelques frissons le long de l’échine. De temps à autre, une étincelle solitaire jaillissait pour aller mourir sur les dalles de granit. Depuis combien de temps le guerrier se trouvait là, courbé sur son œuvre, l’esprit s’élevant paris d’obscures pensés, de celles qu’on refoule à la lumière du jour.
Les rayons de l’astre diurne éclairaient la pièce d’une lueur aveuglante, arrachant de temps à autre une grimace au masque du fils de Wrynn. C’était bien là une…
Et ils ne craignent ni l’aube ni l’aurore. C’est en plein jour qu’ils hurlent leur douleur.
… continuait à aiguiser son arme, avec des gestes lents et méthodique. Mainte fois exécutés, tant et tant pratiqué qu’ils étaient mécanique, a l’image de l’engrenage huilé d’une pendule. Les roucoulements du pigeon qui se reposait dans la petite cage en osier le firent sourire, se demandant le goût du sang de la créature…avant de soupirer. Sans cesser de glisser le silex sur l’acier, il fixa un court instant le vélin apporté par l’oiseau, une petite moue se dessinant sur son visage. Les mots de Kalwyna sur la situation de Westfall l’avait presque ennuyé, jusqu’à ce qu’il prenne à son tour un parchemin vierge, pour lui répondre succinctement. Qu’ils tremblent, les chiens qui désavouent Son nom, qui crache sur l’icône du Lion. Qu’ils tremblent, car nul blasphème ne restera impuni.
Déposant enfin l’épée au sol, avec un geste si méticuleux qu’il en était presque sacré, Valerian se saisit de son égide frappée du Lion de Stormwind, ainsi que d’un chiffon trainant à ses côtés, il entreprit de lustré la surface polie du bouclier, fredonnant tout bas une ballade aux accents teintés des vertes collines de son pays. L’heure passant lui rappela qu’il se devait d’être à l’heure pour passer le portail arcanique qui le mènerait en la cité de Theramore, aux côtés d’un contingent de Garde dans le but de participer à un entrainement aux côtés des fils de Menethil. Leurs paroles à propos des dangers du marécage qu’ils allaient devoir traverser l’avait presque fait sourire, tout en se doutant bien que si vindicative soit-elle la faune locale ne l’amuserait à peine, et aiguiserait si peu son appétit. S’y jeter corps et âme, peut-être pour sentir les griffes, les crocs, sentir son sang couler, les chairs se déchirer et les os se briser dans un concert de râle mêlant douleurs et plaisirs, grognements et….
Même ton batard a besoin d’un père.
Le colosse grimaça, révélant a la lueur de la Lumière ses crocs vierge de sang, mais le goût corsé de la chair du rapace collant a son palais ; poison mettant ses sens au supplice … d’en manquer. Odeur de soufre, relent de sueur. Celle qui vous colle à la peau, et qui vous hurle de plonger dans l’âtre de l’enfer. Valerian sentit son estomac se crisper, lâchant le bouclier qui tomba au sol dans un bruit sourd, avant de s’écrouler à genoux, le sang lui vrillant les tempes. Une série de tremblement le fit poser les mains au sol, le laissant prostré, et dans un râle de douleur, vomit un mélange de bile et de fluide gastrique, dans un bruit d’éclaboussure. Happant l’air comme un poisson hors de l’eau, cherchant vainement à reprendre ses esprits, son corps trembla encore, et une nouvelle fois il expulsa les restes de son maigre repas de la matinée.
Cadavres brisés. Sang chaud dans la neige. Gémissements des mourants.
Combien de temps resta –t-il ainsi, plusieurs minutes, plusieurs heures…qui sait. Graduellement, il reprit conscience de ses mains, puis ses avant-bras, ses jambes, son buste, et enfin son corps entier. Chaque nerf semblait vouloir s’extirper de son enveloppe charnelle, s’évader de sa prison physique, se délier enfin, et fuir.
Il en faut plus pour nous repaitre. Nous sommes les Lions, les Téméraires.
Le regard sorti de la brume. La douleur se fit plus sèche, lui arrachant quelques soupirs d’un plaisir malsain. La chambre cesse de tourner, les détails lui revirent. Les effluves de la flaque au sol lui fouettèrent le sang, et vague par vague, raz de marée inexorable, ses forces lui revinrent, coulant dans ses veines comme la lave dans le cœur du monde. Il se redressa, sa haute stature contrastant avec la pièce exigüe. Son regard se porta avec dédain sur l’Amat de ses fluides au sol, se détourna et fit quelques pas vers la pièce. Puis l’image, fugace mais violente, d’un aigle lui plantant ses serres dans le visage lui apparut, et soupirant, il se retourna et mit en œuvre de nettoyer la flaque au sol. Après quoi, ranger le reste de la chambre ne fut qu’affaire de quelques instants, pestant tout bas malgré tout.
Et enfin, jetant un dernier coup d’œil à l’ensemble, il ajusta la sangle de son gantelet, casque sous le bras, puis ferma la porte, s’élançant dans les rues pavés de la cité des Wrynn.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Ceinwyn,
La nuit fut agitée. Des songes nimbés des erreurs d'un passé depuis longtemps éteint, mais pas oublié, ce sont emparés de mes rêves, pour les modeler lentement, en faisant des cauchemars pittoresque. J'ai eu la sensation de vivre une vie entière en une nuit, tandis que défilait devant mes yeux clos mes erreurs du passé, comme des marques faites par un fouet de ronces et de rancœur.
Je ne crains pas la douleur ou la souffrance, la solitude ou la tourmente.
Mais je crains le doute, l'hésitation, celle qui fait tanguer l'homme au bord du précipice, jouant avec sa vie comme un dieu moqueur, se riant du sort qu'il impose aux mortels. Toujours j'ai clamé haut et fort que les regrets rendaient les hommes faibles, les faisant contempler leur passé sans se soucier de leur futur, les transformant peu à peu en statue de granit et de marbre, éternellement figés dans la contemplation d'une époque révolue, tirant en vain sur les chaines d'un destin depuis longtemps écoulé, avec l'espoir fou d'en modifier les sentiers.
Mais est-ce le temps qui fait lentement son nid, ou l'œuvre des âmes de ceux qui j'ai mis à mort qui reviennent me hanter, fantômes pâles titubant et rampant sur les berges de galets et de sable épais. Des êtres aveugles, sourds et muets, mais qui hurlent - Mon dieu qu'ils hurlent - griffant la terre aride de leurs ongles crasseux, une odeur fétide s'échappant des pores de leur peau en lambeau, trainant derrière eux des guenilles puantes et moisies, comme un fardeau trop vieux.
Ils sont victimes, juges, bourreaux et messager. Ils sont les femmes, les enfants, les hommes. Ils sont les soldats, les pères, les fils. Ils sont ceux que ma lame avide de sang a fauché sans coup férir, tranchant membres, têtes, troncs, arrachant cœurs aux poitrines éclatés comme des fruits trop mûrs en été, ils sont ceux dont j'ai brisé les os comme des fétus de paille, me faisant leur fléau et le passeur de leurs âmes égarés.
Et aujourd'hui, je les sens, ces êtres morts de ma main, mais si vivant, rôdant dans mes songes les plus sombres, imprégnés d'un parfum aigre de vengeance, criant justice, hurlant de leurs gorges décharnées, les langues trop longtemps collés à leurs palais se détachant enfin, pour s'agiter dans un macabre balais sans fin, se tordant comme des serpents - Des serpents aux yeux d'ambres et aux crocs d'ébène- leurs poumons percés par mon acier s'emplissant d'air, comme animés par les arts noirs, et expulsant l'air dans leurs trachées encombrés par le pus et les vers, pour gémir, geindre, crier, râler, murmurer, souffler, et hurler leur désir de vengeance, de justice, me fixant au travers les brumes éparse d'un hiver bien trop rude, bien trop long, de leurs orbites depuis longtemps vidés d'yeux ayant trop pleurés. Leurs joues creusés par la douleur, la faim et la rancune affichants des couleurs d'une chair trop longtemps cachée des rayons du soleil, des cloques et des plaies béantes ou se meuvent sans fin des hordes de parasite, grouillant sous l'épiderme comme une nuée de sauterelle, faisant de leur hôte le réceptacle d'une multitude affamée et impossible à repaitre.
Les vents brumeux du nord apportent aujourd'hui les rumeurs de leur retour, et la terre frémit, car d'entendre au loin leurs pas hésitants, tâtonnant presque les sentiers pour en trouver l'aboutissement, ils luttent contre la chaleur insoutenable, le froid brulant, les pluies battantes, les tempêtes hurlantes, ils luttent encore, par-delà les armées des mortels et les dons des Dieux, rien n'arrêtant leur marche lente mais inexorable vers une vengeance trop longtemps mise au silence. Ils sont Légions, et malgré les lieux qui me sépare d'eux, malgré les vallées, les collines, les monts et les rivières, malgré les étendues d'eau et les chaines de montagne, j'entends leurs murmures, j'entends leurs voix presque éteinte, portées par les vents dansants.
Et c'est mon nom qu'ils murmurent.
Est-ce cela, les regrets ?
Valerian
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
Dans la tourmente
Le guerrier poussa un grognement de douleur en resserrant la prise sur la garde de son arme. Le sang qui coulait lentement le long de sa pansière formait sous lui une flaque de liquide cramoisie. Il inspira profondément, sentant l’air glacial lui emplir les poumons. Au prix d’un effort intense, il roula sur le côté, esquivant un nouveau javelot de glace qui se figea dans la terre. Levant son bouclier à temps pour bloquer un nouveau sortilège, l’impact lui secoua l’épaule déjà endolorie, et quelques éclats de givre lui lacérèrent le visage.
-Espèce de petite...
Le colosse se jeta en avant, poussant un rugissement de colère, et sa lame s’abattit avec fureur sur la femme au sourire carnassier. Mais un instant avant de trancher ses chairs, l’acier rencontra une barrière d’arcane et de givre. Grondant de frustration, il leva à nouveau son arme et délivra une volée de coups puissants sur la protection de la magus, partant d’un rire éclatant. Celle-ci reculait lentement, sa barrière fléchissant à chaque coup, mais la protégeant jusque-là des assauts furieux du fils de Westfall. L’arathienne grimaça, et tendit la main vers son adversaire, délivrant un nouveau javelot de givre, qui traversa la plaque d’armure, déchira les chairs et brisa l’os de l’épaule de Valerian, lui arrachant un cri de douleur. La souffrance lui paralysa le muscle, et son bouclier glissa au sol dans un bruit sourd, alors qu’il reculait d’un pas, son sang chaud giclant de la blessure par saccade. Son souffle s’accéléra, sa vision se brouilla un court instant, et il lui fallut tout sa volonté pour se jeter de côté alors que la femme aux cheveux d’argent projetait à nouveau un puissant sortilège de givre vers lui.
Inspirer, expirer. La pluie se mit à tomber avec force sur la cité du Lion, comme marquant un temps de répit entre les deux combattants. Ils se toisèrent quelques secondes, qui parurent à leurs yeux comme des jours entiers, leurs regards se faisant vecteur de colère, de désir et de haine. Dans la main de l’une, un halo pâle d’arcane de givre. Dans le poing ganté de l’autre, le manche d’une lourde batarde d’acier. Puis, le guerrier ouvrit la gueule, poussant un puissant rugissement, et se jeta en avant, propulsant son corps puissant, comme un fauve sur sa proie.
Une pluie d’écharde glaciale fusèrent vers le mastodonte, la plupart éraflant son armure, d’autres lui lacérant le visage. Mais le sortilège eu l’effet attendu, ralentissant suffisamment la charge du fils de Wrynn pour permettre à la mage de s’esquiver, détalant à l’opposé, filant dans la direction des marches qui menaient vers le corps de garde qui ceinturait le port.
Grondant d’une frustration à peine contenue, Valerian se jeta derrière son adversaire, montant les marches quatre à quatre, hurlant un cri de défis à l’attention du renard gris. Il darda son regard d’acier aux alentours, cherchant du regard l’Arathienne, et ce fut l’éclat d’un sort de givre à quelques pouces de son visage. Il foudroya de son œil unique la forme de la femme près du parapet.
Les rafales de vent étaient plus fortes que jamais, la pluie battante aveuglait presque les deux adversaires, qui malgré la tempête, se dressaient face à face, débordant de violence. Si Valerian, dans sa lourde armure, tenait sans peine ses appuis, l’arathienne elle, peinait à résister aux puissantes bourrasques qui balayaient sans vergogne le chemin de ronde. La pluie rendait la pierre glissante, et un seul faux pas les aurait projetés en contrebas, au pied du rempart, dans les flots écumants qui venaient se briser inlassablement, vision cauchemardesque d’une mâchoire monstrueuse prête à les engloutir à tout instant.
La femme joignit les deux mains au-dessus de sa tête, et proclamant des syllabes aux consonances étranges, comme sorties d’un millier de bouches, alors qu’un amas de cristaux de glace se formait entre eux. Le guerrier grimaça en levant son bras blessé, agrippant son arme à deux mains, et poussa un rugissement de fureur, chargeant lourdement sur l’étroit chemin de ronde. Ses solerets d’acier frappant lourdement la pierre à chaque enjambée, dans un bruit de tonnerre, alors que la pluie et le vent fouettaient son visage comme une pluie de lames acérées. Brianan arqua son dos, et dans un ultime râle d’incantation, projeta son sortilège vers le guerrier. Une pluie de pieux de givre s’abattit sur lui, mais sans freiner sa charge. Le premier projectile fut dévié par sa lame, alors que le second passa trop haut. L’impact à la hanche lui arracha un grognement sourd, et celui qui lui brisa le genou le fit s’écrouler lourdement, alors qu’encore et encore, l’acier cédait sous les piques de givre, la morsure brulante dévorant sa chair et effritait ses os.
A genoux, les mains au sol, le corps brisé, une multitude de javelots de glace enfoncée dans son armure, image étrange d’une effigie garnie d’épines de douleur et de souffrance brute. L’épée du guerrier gisait, ébréchée de tout son long, à l’image de son porteur. Le visage réduit à une multitude de plaies sanglantes, le poitrail traversé par une lance arctique, la respiration irrégulière, la vue se réduisant à chaque instant. Chaque parcelle de son corps réduit à un hurlement muet de douleur, il se força à lever le visage vers la magus, qui arborait un sourire malsain, les traits du visage tordu dans une expression de peine et de haine, la pluie battante masquant des larmes coulant sur ses joues. Elle leva la main face à elle, laissant la puissance arcanique se charger dans sa paume, légèrement tremblante, sans détacher son regard du guerrier brisé.
-Il... en faut bien plus…pour….
Une quinte de toux coupa Valerian, son sang cramoisi frappant le sol, avant d’être rapidement chassé par la pluie battante, ne laissant qu’une légère trace écarlate au sol, dilué sous les flots des cieux déchainés. L’Arathienne poussa à son tour un cri de colère, laissant la puissance s’accumuler au creux de sa paume, et levant le bras comme un couperet tranchant, visant le visage dénudé du Colosse de Westfall.
Une longue plainte de douleur jaillit de la gorge de l’homme, alors qu’au prix de ses dernières forces, il se jeta sur Brianan, massivement, et percutant de toute sa masse la femme, coupant de fait son incantation.
Les deux corps frappèrent le créneau du rempart, et emportés par la force de la charge, passèrent par-dessus, ne formant qu’une masse garnie des pieux de givre sanglant, chutant sans fin vers les flots rugissants, vers la fin et le commencement, l’achèvement d’une douleur sourde et brulante, faite d’une vie de haine et de colère.
Forgées dans le feu et le sang, la plus mortelle des lames sera plongée dans l’écume bouillonnante.
Dans le cœur de la tourmente.
Valerian Nasgard
Re: Le Colosse de Westfall [Valerian]
(Un petit hommage a Brianan, bien humblement)
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- Par la fureur de Lothar !
L'estramaçon faucha le pauvre homme qui tenait sa lance de ses mains tremblantes. Son buste se détacha de son bassin, et tomba à la renverse, offrant au malheureux la dernière vision de ses jambes encore debout durant quelques instants, avant qu'elles ne s'écroulent à leur tour dans la neige.
Deux de ses camarades se jetèrent sur le meurtrier. Ils portaient un ensemble de mailles, couvert par une étoffe verte blasonnée du comptoir du commerce de Beznac. Des bottes et des brassards en cuir de bonne facture, et des casques ronds en fer complétaient leur équipement de qualité. Sans manquer d'entrainement, les gardes du débarcadère ne pouvaient cependant pas rivaliser avec leurs assaillants. Ni la discipline de fer, ni leurs armes et armures entretenue n'avait la moindre chance de les aider à surclasser les pilleurs.
Chacun d'entre eux portaient une armure faite de bric et de broc. Pas la moindre impression d'uniformité ne se dégageait de leurs rangs désorganisés, ni blason, ni bannière, ni marquage spécifique. Celui qui venait de cisailler un garde en deux était couvert d'une lourde armure de plaque garnie de piques agressifs, de rebords tranchants, et de trophées macabre. A son poignet, un collier d'oreille dont les plus anciennes n'étaient plus que des bouts de chair rabougris. Deux crâne, l'un d'elfe et l'autre de troll, reliés par une chaine de bronze, battaient la mesure contre sa jambe à chaque mouvement. Seule sa tête, culminant à plus de deux mètres du sol, n'était pas couverte de saronite. Son sourire dément tourné vers les deux fous qui osaient se dresser face à lui. La partie gauche de son visage était complètement brulée par le givre, l'orbite dévastée couverte d'un bandeau de tissu. Ses longs cheveux grisâtres noués en deux tresses rugueuses pendaient contre le haut de son buste. Eclatant d'un rire rauque, il leva d'une main sa puissante lame prise à un champion Vyr'kul, la faisant tournoyer avec aisance. Il se jeta en avant, sans aucune subtilité, et sans chercher à esquiver ou parer les deux épieux tendus vers lui. La première pointe de fer se brisa contre sa hanche, sans le freiner, et la seconde s'enfonça dans un interstice de son épaulière gauche. Le garde n'eut pas le temps de savourer son coup chanceux, qu'un violent revers de son arme titanesque lui arracha la tête, avant de fendre en diagonale le torse de son camarade. Leur sang chaud éclaboussa la neige et le colosse, qui jura d'une mise à mort si facile.
Tout autour de lui, l'affrontement virait au bain de sang. Les agents armés du comptoir étaient dépassés, tant sur le nombre que par la violence des attaquants. Ceux ci étaient sortis de la brume sur leurs deux navires à fond plat, comme attirés par les caisses d'or engrangées par le comptoir durant ces six derniers mois, à force de négoce avec les peuplades du Norfendre, et l'exploitation de ses richesses naturelles. Les deux tiers de la trentaine d'homme d'armes chargés de la protection des lieux étaient déjà éparpillés en morceaux de chairs sanguinolentes le long de la berge ou sur le ponton d'embarquement. Humains, nains, Sin'dorei, trolls, réprouvés.. qu'importe leur race, les agents de la compagnie commerciale finiraient tous par être passés au fil de l'épée.
Le géant de mit à beugler d'une voix sourde.
- Plus vite mes canailles. Rassemblez tout ce que vous pouvez, or, vivres, et femmes, et on décampe ! Le dernier sur le navire va à la flotte !
La menace suffit à fouetter le sang des plus téméraires, et tous entrèrent dans les dépôts, ramassant des caisses d'artefacts, de marchandises en tout genre, et de lourds sac d'ors et d'argents. Quelque uns tirèrent hors de leurs cachettes des civils, hommes ou femmes, pour les entrainer vers les navires pour les revendre ou pour usage personnel, couvrant leurs cris et leurs pleurs par des injures bien senties, ou parfois quelques coups de bottes au visage.
Plantant son énorme lame dans la couche de neige et de givre, l'immense guerrier posa les poings sur ses hanches, observant la centaine de combattants s'affairer à piller les lieux avec méthode. Au fond de lui, et même s'l préférait s'arracher un bras que de l'avouer, il était plutôt fier d'eux. D'une quinzaine de coupe jarrets et de crétins miteux, il arrivait formé une bande de guerre efficace et violente, qui ne s'arrêtait devant aucun obstacle, qu'ils appartiennent à la horde ou aux cartels neutres.
Ou plutôt, ils avaient réussi ce tour de force à deux.
Elle s'approchait de lui, tirant par les cheveux un petit être rachitique verdâtre qui se débattait en couinant. Malgré la température largement en dessous de zéro, elle ne portait qu'une veste légère sans manche, et un pantalon en toile fermés par des bottes qui cerclaient ses mollets musclés. Ses cheveux blancs étaient coupés courts, encadrant un visage osseux, dont l'unique marque de féminité était deux yeux gris cerclés de cernes. A son flanc, un sabre fin qui paraissait presque ridicule comparés aux équipements du reste des pillards, mais tous savaient qu'elle n'en n'avait besoin pour les rétamer haut la main, jusqu'au dernier.
- Regarde ce que j'ai trouvé planqué près du coffre fort qui contient les cartes et les dates de passage de la compagnie.
Elle balança le contre maitre aux pieds du colosse, qui lorgna sur le gobelin comme s'il s'agissait d'un abat particulièrement immonde.
- Merde alors, il est encore vivant ? Tu t'es prise d'affection pou ce fouille merde, Pentighast ?
La cryomancienne répondit au guerrier d'un sourire narquois
- Non, mais j'ai pris le temps de discuter avec lui. Tu sais ce qu'il m'a dit sur ta mère ?
-Ferme la, et va droit au but.
Elle éclata de rire, et lui fit un doigt d'honneur. Le contre maitre se tortillait au sol en geignant, saignant du visage. la femme continua d'un air détaché, comme si elle parlait chiffon au marché.
- Ce petit connard n'a même pas été fichu de me donner les codes du coffre. Du coup, j'ai demandé poliment. Rien à faire. Alors vu qu'il savait pas utiliser sa langue, je l'ai arraché de sa sale petite gueule, hé.
Elle balança par terre un morceau de viande sanguinolente, alors que le gobelin cherchait à parler, demander pitié, dans un gargouillis .
- T'es chier. Comment on va faire pour connaitre les codes maintenant ?
Elle haussa les épaules, désintéressée. Contrairement à lui, elle n'était aucunement couverte de sang et de tripes, et seuls quelques gouttelettes écarlates mouchetaient sa joue droite. Le reste de la bande commençait à rembarquer sur les navires.
Le guerrier soupira.
- Et merde. On embarque le coffre, demande de l'aide aux autres pour l'arracher de là.
- T'es sur ? On a tout le reste, pourquoi on s'emmerderait avec trois papiers moisi, hé.
- Par ce que je te signal que le sang-bleu qui nous a fourgué le dernier bateau il tenait à ses cartes. Politique de renseignement, ou je sais pas quoi. Depuis quand tu intéresse aux raisons des nobles du Seigneur toi ?
Elle s'esclaffa une nouvelle fois, une lueur de démence dans le regard. Son sourire éclatant se fondait dans le paysage immaculé qui les entouraient. Le feu avait été lancé dans la plupart des bâtiments, afin qu'il ne reste rien de la rapine. Brianan posa une main sur sa hanche, suffisante et détachée, et indiqua du menton le contremaitre gémissant.
- Et lui ? Tu as une solution ?
La lourde botte du guerrier s'écrasa contre le crâne du gobelin, qui explosa comme un fruit mûr, rependant sa cervelle sur une courte distance. Valerian gronda à l'adresse de sa compère.
-D'autres questions à la con, ou on se casse ?
Elle le dépassa, flanquant sur la hanche du colosse une taloche, riant à gorge déployée avec un soupçon de moquerie. Le guerrier hésita un court instant à lui faire subir le même sort que le contremaitre, puis finit par jurer sur les couilles de Lothar, et lui emboita le pas. Il grimpa à bord d'un des navires et ordonna qu'on lui apporte une prisonnière dans sa cabine.
Sans un bruit, les deux navires de rapine disparurent dans la brume du petit matin.
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- Par la fureur de Lothar !
L'estramaçon faucha le pauvre homme qui tenait sa lance de ses mains tremblantes. Son buste se détacha de son bassin, et tomba à la renverse, offrant au malheureux la dernière vision de ses jambes encore debout durant quelques instants, avant qu'elles ne s'écroulent à leur tour dans la neige.
Deux de ses camarades se jetèrent sur le meurtrier. Ils portaient un ensemble de mailles, couvert par une étoffe verte blasonnée du comptoir du commerce de Beznac. Des bottes et des brassards en cuir de bonne facture, et des casques ronds en fer complétaient leur équipement de qualité. Sans manquer d'entrainement, les gardes du débarcadère ne pouvaient cependant pas rivaliser avec leurs assaillants. Ni la discipline de fer, ni leurs armes et armures entretenue n'avait la moindre chance de les aider à surclasser les pilleurs.
Chacun d'entre eux portaient une armure faite de bric et de broc. Pas la moindre impression d'uniformité ne se dégageait de leurs rangs désorganisés, ni blason, ni bannière, ni marquage spécifique. Celui qui venait de cisailler un garde en deux était couvert d'une lourde armure de plaque garnie de piques agressifs, de rebords tranchants, et de trophées macabre. A son poignet, un collier d'oreille dont les plus anciennes n'étaient plus que des bouts de chair rabougris. Deux crâne, l'un d'elfe et l'autre de troll, reliés par une chaine de bronze, battaient la mesure contre sa jambe à chaque mouvement. Seule sa tête, culminant à plus de deux mètres du sol, n'était pas couverte de saronite. Son sourire dément tourné vers les deux fous qui osaient se dresser face à lui. La partie gauche de son visage était complètement brulée par le givre, l'orbite dévastée couverte d'un bandeau de tissu. Ses longs cheveux grisâtres noués en deux tresses rugueuses pendaient contre le haut de son buste. Eclatant d'un rire rauque, il leva d'une main sa puissante lame prise à un champion Vyr'kul, la faisant tournoyer avec aisance. Il se jeta en avant, sans aucune subtilité, et sans chercher à esquiver ou parer les deux épieux tendus vers lui. La première pointe de fer se brisa contre sa hanche, sans le freiner, et la seconde s'enfonça dans un interstice de son épaulière gauche. Le garde n'eut pas le temps de savourer son coup chanceux, qu'un violent revers de son arme titanesque lui arracha la tête, avant de fendre en diagonale le torse de son camarade. Leur sang chaud éclaboussa la neige et le colosse, qui jura d'une mise à mort si facile.
Tout autour de lui, l'affrontement virait au bain de sang. Les agents armés du comptoir étaient dépassés, tant sur le nombre que par la violence des attaquants. Ceux ci étaient sortis de la brume sur leurs deux navires à fond plat, comme attirés par les caisses d'or engrangées par le comptoir durant ces six derniers mois, à force de négoce avec les peuplades du Norfendre, et l'exploitation de ses richesses naturelles. Les deux tiers de la trentaine d'homme d'armes chargés de la protection des lieux étaient déjà éparpillés en morceaux de chairs sanguinolentes le long de la berge ou sur le ponton d'embarquement. Humains, nains, Sin'dorei, trolls, réprouvés.. qu'importe leur race, les agents de la compagnie commerciale finiraient tous par être passés au fil de l'épée.
Le géant de mit à beugler d'une voix sourde.
- Plus vite mes canailles. Rassemblez tout ce que vous pouvez, or, vivres, et femmes, et on décampe ! Le dernier sur le navire va à la flotte !
La menace suffit à fouetter le sang des plus téméraires, et tous entrèrent dans les dépôts, ramassant des caisses d'artefacts, de marchandises en tout genre, et de lourds sac d'ors et d'argents. Quelque uns tirèrent hors de leurs cachettes des civils, hommes ou femmes, pour les entrainer vers les navires pour les revendre ou pour usage personnel, couvrant leurs cris et leurs pleurs par des injures bien senties, ou parfois quelques coups de bottes au visage.
Plantant son énorme lame dans la couche de neige et de givre, l'immense guerrier posa les poings sur ses hanches, observant la centaine de combattants s'affairer à piller les lieux avec méthode. Au fond de lui, et même s'l préférait s'arracher un bras que de l'avouer, il était plutôt fier d'eux. D'une quinzaine de coupe jarrets et de crétins miteux, il arrivait formé une bande de guerre efficace et violente, qui ne s'arrêtait devant aucun obstacle, qu'ils appartiennent à la horde ou aux cartels neutres.
Ou plutôt, ils avaient réussi ce tour de force à deux.
Elle s'approchait de lui, tirant par les cheveux un petit être rachitique verdâtre qui se débattait en couinant. Malgré la température largement en dessous de zéro, elle ne portait qu'une veste légère sans manche, et un pantalon en toile fermés par des bottes qui cerclaient ses mollets musclés. Ses cheveux blancs étaient coupés courts, encadrant un visage osseux, dont l'unique marque de féminité était deux yeux gris cerclés de cernes. A son flanc, un sabre fin qui paraissait presque ridicule comparés aux équipements du reste des pillards, mais tous savaient qu'elle n'en n'avait besoin pour les rétamer haut la main, jusqu'au dernier.
- Regarde ce que j'ai trouvé planqué près du coffre fort qui contient les cartes et les dates de passage de la compagnie.
Elle balança le contre maitre aux pieds du colosse, qui lorgna sur le gobelin comme s'il s'agissait d'un abat particulièrement immonde.
- Merde alors, il est encore vivant ? Tu t'es prise d'affection pou ce fouille merde, Pentighast ?
La cryomancienne répondit au guerrier d'un sourire narquois
- Non, mais j'ai pris le temps de discuter avec lui. Tu sais ce qu'il m'a dit sur ta mère ?
-Ferme la, et va droit au but.
Elle éclata de rire, et lui fit un doigt d'honneur. Le contre maitre se tortillait au sol en geignant, saignant du visage. la femme continua d'un air détaché, comme si elle parlait chiffon au marché.
- Ce petit connard n'a même pas été fichu de me donner les codes du coffre. Du coup, j'ai demandé poliment. Rien à faire. Alors vu qu'il savait pas utiliser sa langue, je l'ai arraché de sa sale petite gueule, hé.
Elle balança par terre un morceau de viande sanguinolente, alors que le gobelin cherchait à parler, demander pitié, dans un gargouillis .
- T'es chier. Comment on va faire pour connaitre les codes maintenant ?
Elle haussa les épaules, désintéressée. Contrairement à lui, elle n'était aucunement couverte de sang et de tripes, et seuls quelques gouttelettes écarlates mouchetaient sa joue droite. Le reste de la bande commençait à rembarquer sur les navires.
Le guerrier soupira.
- Et merde. On embarque le coffre, demande de l'aide aux autres pour l'arracher de là.
- T'es sur ? On a tout le reste, pourquoi on s'emmerderait avec trois papiers moisi, hé.
- Par ce que je te signal que le sang-bleu qui nous a fourgué le dernier bateau il tenait à ses cartes. Politique de renseignement, ou je sais pas quoi. Depuis quand tu intéresse aux raisons des nobles du Seigneur toi ?
Elle s'esclaffa une nouvelle fois, une lueur de démence dans le regard. Son sourire éclatant se fondait dans le paysage immaculé qui les entouraient. Le feu avait été lancé dans la plupart des bâtiments, afin qu'il ne reste rien de la rapine. Brianan posa une main sur sa hanche, suffisante et détachée, et indiqua du menton le contremaitre gémissant.
- Et lui ? Tu as une solution ?
La lourde botte du guerrier s'écrasa contre le crâne du gobelin, qui explosa comme un fruit mûr, rependant sa cervelle sur une courte distance. Valerian gronda à l'adresse de sa compère.
-D'autres questions à la con, ou on se casse ?
Elle le dépassa, flanquant sur la hanche du colosse une taloche, riant à gorge déployée avec un soupçon de moquerie. Le guerrier hésita un court instant à lui faire subir le même sort que le contremaitre, puis finit par jurer sur les couilles de Lothar, et lui emboita le pas. Il grimpa à bord d'un des navires et ordonna qu'on lui apporte une prisonnière dans sa cabine.
Sans un bruit, les deux navires de rapine disparurent dans la brume du petit matin.
Valerian Nasgard
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