Ratchek Green - D'un Magistrat et d'un homme sans visage
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Ratchek Green - D'un Magistrat et d'un homme sans visage
Magistrat Ratchek Green.
Les choses auraient pu être plus simples. Mes rêves se sont effondrés. Je ne ressens même plus la douleur des liens qui m’enserrent. Mes yeux fatigués, creusés par les cernes, ne distinguent même plus les couleurs. La silhouette, fine et délicate, qui se dessine devant moi, représente la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie, mais aussi la cause de mon plus grand échec. L’amour a fait de moi une victime. Et dans ma chute, je l’ai entrainée. Pardonne-moi Mildrya. Elle a pleuré. Les larmes ont asséché sa peau. Elle a les mains qui tremblent et les paupières à peine relevées. Je ne sais même pas si elle me voit comme je la vois, faible et impuissante.
« Et bien Mr Ratchek. Il va falloir qu’on reprenne votre Procès … depuis le début ! »
L’homme parlait dans l’ombre, animant ses gestes d’une maladresse consciemment contrôlée. Son visage était recouvert d’un masque pâle, ovale et lisse. Sa voix grave raisonnait dans la petite pièce où nous étions enfermés. Impossible de connaître son identité. Impossible de me souvenir à qui appartient cette démarche, ni cette voix. Je repassais en revue tous les tarés que j’ai fait enfermer depuis mon premier procès. Et je regrettais à cet instant de n’avoir pas exécuté tous ceux que j’ai jugé. Les humains sont si faibles qu’aucun d’eux ne méritait rédemption. Cet homme au masque blanc n’aura pas de procès. Pas de justice. S’il commet la même erreur que moi, de me laisser vivre , je lui planterai une lame dans l’épaule et le torturerai avant de l’achever. Pour le mal et le déshonneur qu’il nous inflige, à mon aimée et à moi. Qu’importe si c’est ce qu’il attend de moi.
« Ttt … Magistrat, je lis dans votre regard une poussée de haine qui s’accroit à mon égard ! »
Il s’avança lentement. Chacun de ses pas craquait sur le parquet comme s’il écrasait un tas d’os. Puis les contours de son masque apparurent à la lumière, pleins de sang. Il tenait dans ses mains une sorte de scalpel légèrement courbé qu’il approcha légèrement du visage de Mildrya en riant frénétiquement. Je serrais poings et dents, le regard noirci par la colère. Mildrya s’agitait à peine.
« Bien. Tout le monde est là, je crois bien. C’est à vous, Mr. Valent »
J’avais beau détailler la pièce, nous n’étions bel et bien que trois, Mildrya, le Masque Blanc et moi. Même si je savais qu’Adrian Valent avait disparu depuis des années, le revoir ici ne m’aurait pas surpris plus que ça. Cet homme, loyal et bon, représentait la partie offensive des procès que j’instruisais, à Comté-Du-Lac. Le Masque Blanc délirait complétement. Puis il disparut à nouveau dans le coin d’obscurité, accroupi, dos à nous. Il gesticulait de manière illogique. Il se releva brusquemment avant de se montrer, le visage recouvert d’un nouveau masque par-dessus l’autre. Il avait les mains pleines de sang. C’était un masque de chair qu’il portait. C’était précisément le visage d’Adrian Valent qu’il portait. Dans sa main gauche, le scalpel. Et dans la droite un autre masque encore. Ce fou ne semblait avoir aucune limite et nous imposait son jeu malsain. Le « Sans visage » modifia sa voix, imitant celle d’Adrian Valent :
« Mr Ratchek Green ! Vous êtes accusé de cent douze meurtres avec préméditation ! Vous êtes le plus redoutable tueur en série que la région ait connu … maintenant, il va falloir payer. »
(à suivre)
Les choses auraient pu être plus simples. Mes rêves se sont effondrés. Je ne ressens même plus la douleur des liens qui m’enserrent. Mes yeux fatigués, creusés par les cernes, ne distinguent même plus les couleurs. La silhouette, fine et délicate, qui se dessine devant moi, représente la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie, mais aussi la cause de mon plus grand échec. L’amour a fait de moi une victime. Et dans ma chute, je l’ai entrainée. Pardonne-moi Mildrya. Elle a pleuré. Les larmes ont asséché sa peau. Elle a les mains qui tremblent et les paupières à peine relevées. Je ne sais même pas si elle me voit comme je la vois, faible et impuissante.
« Et bien Mr Ratchek. Il va falloir qu’on reprenne votre Procès … depuis le début ! »
L’homme parlait dans l’ombre, animant ses gestes d’une maladresse consciemment contrôlée. Son visage était recouvert d’un masque pâle, ovale et lisse. Sa voix grave raisonnait dans la petite pièce où nous étions enfermés. Impossible de connaître son identité. Impossible de me souvenir à qui appartient cette démarche, ni cette voix. Je repassais en revue tous les tarés que j’ai fait enfermer depuis mon premier procès. Et je regrettais à cet instant de n’avoir pas exécuté tous ceux que j’ai jugé. Les humains sont si faibles qu’aucun d’eux ne méritait rédemption. Cet homme au masque blanc n’aura pas de procès. Pas de justice. S’il commet la même erreur que moi, de me laisser vivre , je lui planterai une lame dans l’épaule et le torturerai avant de l’achever. Pour le mal et le déshonneur qu’il nous inflige, à mon aimée et à moi. Qu’importe si c’est ce qu’il attend de moi.
« Ttt … Magistrat, je lis dans votre regard une poussée de haine qui s’accroit à mon égard ! »
Il s’avança lentement. Chacun de ses pas craquait sur le parquet comme s’il écrasait un tas d’os. Puis les contours de son masque apparurent à la lumière, pleins de sang. Il tenait dans ses mains une sorte de scalpel légèrement courbé qu’il approcha légèrement du visage de Mildrya en riant frénétiquement. Je serrais poings et dents, le regard noirci par la colère. Mildrya s’agitait à peine.
« Bien. Tout le monde est là, je crois bien. C’est à vous, Mr. Valent »
J’avais beau détailler la pièce, nous n’étions bel et bien que trois, Mildrya, le Masque Blanc et moi. Même si je savais qu’Adrian Valent avait disparu depuis des années, le revoir ici ne m’aurait pas surpris plus que ça. Cet homme, loyal et bon, représentait la partie offensive des procès que j’instruisais, à Comté-Du-Lac. Le Masque Blanc délirait complétement. Puis il disparut à nouveau dans le coin d’obscurité, accroupi, dos à nous. Il gesticulait de manière illogique. Il se releva brusquemment avant de se montrer, le visage recouvert d’un nouveau masque par-dessus l’autre. Il avait les mains pleines de sang. C’était un masque de chair qu’il portait. C’était précisément le visage d’Adrian Valent qu’il portait. Dans sa main gauche, le scalpel. Et dans la droite un autre masque encore. Ce fou ne semblait avoir aucune limite et nous imposait son jeu malsain. Le « Sans visage » modifia sa voix, imitant celle d’Adrian Valent :
« Mr Ratchek Green ! Vous êtes accusé de cent douze meurtres avec préméditation ! Vous êtes le plus redoutable tueur en série que la région ait connu … maintenant, il va falloir payer. »
(à suivre)
The Sbire / Scarvey
Re: Ratchek Green - D'un Magistrat et d'un homme sans visage
Combien de gens ai-je mené à la potence ? Combien d’entre eux étaient peut être innocents ? Durant toutes ces années, j’ai ignoré ces questions. Car pour moi, personne n’est innocent. Et chaque individu doté de conscience est une dégénérescence. Une tumeur. Un cancer. Un mal qui vaut toujours mieux d’être exterminé, qu’importe son implication réelle dans notre société. Le « Sans Visage » me défiait. Le masque blanc, l’absence d’identité. Sans identité, pas de jugement ? Son raisonnement ne tenait pas debout. Il voulait être jugé. Il revêtit le masque de Delan Myrion, grand avocat et redoutable adversaire d’Adrian Valent, et modifia à nouveau sa voix :
« Mon client, Mr Ratchek a eu une enfance traumatisante. Il a vu mourir ses parents. Le grand Magistrat Evan Green et son épouse Sophia Green. Un terrible incendie criminel causé par des trafiquants d’organes… personne ici ne peut prétendre se remettre d’un tel drame, surtout lorsque l’on voit la silhouette enflammée de deux êtres qu’on chérissait tant, se tordre de douleur et hurler leur plainte, sous nos yeux enfantins et impuissants. Imprégné par la douleur, mon client s’est réfugié dans la Magistrature, un devoir auprès du Roi qu’il exerce avec beaucoup de talent ! »
Des trafiquants d’organes ? Une vaste comédie à laquelle mon père n’a jamais cru. Les orcs sont arrivés et se sont posés là, en souverains. Les paysans persécutés servaient d’esclaves. Parmi les nobles qui refusaient de telles contraintes, des négociations s’étaient ouvertes avec les clans ennemis. Des sacrifices humains, pour garder des privilèges et un semblant de liberté. Ainsi les disparitions d’enfants furent placées sur le compte de trafiquants. Les corps, ouverts et vidés de leurs organes , s’accumulaient dans les rivières, pourissant l’eau potable à travers les canaux qui alimentaient nos puits. Lors d’un conseil de village, mon père dénonça la complicité de ses pairs dans cette affaire. Oui, il est mort pour cela. Peu de gens le savent. Le « Sans visage » a l’air de bien me connaître, lui ? ou ses victimes ? Il continue de déambuler de manière complétement illogique, chacun de ses mouvements parait aléatoire. Et il continue de jongler avec ses masques. Tantôt Adrian Valent, accusateur. Tantôt Delan Myrion, un être emprunt de cynisme et moqueur, qui défend par l’absurde. Je ne l’ai jamais aimé.
« Mon client a toujours pris soin de ses proches. Toujours, y compris de son jeune frère, Nathan Green. Ils étaient inséparables ! Et pourtant, la véritable cause de la chute, et la souffrance de mon client … c’est elle. Une femme. C’est elle qui devrait siéger ici à sa place ! »
Le « Sans visage » montra Mildrya. C’était incohérent et pourtant, je n’étais plus sûr que nous resterions en vie après cela.
(à suivre… en jeu.)
« Mon client, Mr Ratchek a eu une enfance traumatisante. Il a vu mourir ses parents. Le grand Magistrat Evan Green et son épouse Sophia Green. Un terrible incendie criminel causé par des trafiquants d’organes… personne ici ne peut prétendre se remettre d’un tel drame, surtout lorsque l’on voit la silhouette enflammée de deux êtres qu’on chérissait tant, se tordre de douleur et hurler leur plainte, sous nos yeux enfantins et impuissants. Imprégné par la douleur, mon client s’est réfugié dans la Magistrature, un devoir auprès du Roi qu’il exerce avec beaucoup de talent ! »
Des trafiquants d’organes ? Une vaste comédie à laquelle mon père n’a jamais cru. Les orcs sont arrivés et se sont posés là, en souverains. Les paysans persécutés servaient d’esclaves. Parmi les nobles qui refusaient de telles contraintes, des négociations s’étaient ouvertes avec les clans ennemis. Des sacrifices humains, pour garder des privilèges et un semblant de liberté. Ainsi les disparitions d’enfants furent placées sur le compte de trafiquants. Les corps, ouverts et vidés de leurs organes , s’accumulaient dans les rivières, pourissant l’eau potable à travers les canaux qui alimentaient nos puits. Lors d’un conseil de village, mon père dénonça la complicité de ses pairs dans cette affaire. Oui, il est mort pour cela. Peu de gens le savent. Le « Sans visage » a l’air de bien me connaître, lui ? ou ses victimes ? Il continue de déambuler de manière complétement illogique, chacun de ses mouvements parait aléatoire. Et il continue de jongler avec ses masques. Tantôt Adrian Valent, accusateur. Tantôt Delan Myrion, un être emprunt de cynisme et moqueur, qui défend par l’absurde. Je ne l’ai jamais aimé.
« Mon client a toujours pris soin de ses proches. Toujours, y compris de son jeune frère, Nathan Green. Ils étaient inséparables ! Et pourtant, la véritable cause de la chute, et la souffrance de mon client … c’est elle. Une femme. C’est elle qui devrait siéger ici à sa place ! »
Le « Sans visage » montra Mildrya. C’était incohérent et pourtant, je n’étais plus sûr que nous resterions en vie après cela.
(à suivre… en jeu.)
The Sbire / Scarvey
Re: Ratchek Green - D'un Magistrat et d'un homme sans visage
Mildrya respirait lentement, le regard faible. Que dire ? Que faire ? Aucun de mes gestes, aucune de mes paroles n’aurait eu de sens à se vouloir rassurante dans un tel endroit. Je l’avais probablement déçue, culpabilisant de sa présence à mes cotés. J’aurais aimé lui montrer à quel point je l’aimais. Mais le « Sans Visage » prit un tel plaisir à enfoncer les clous, là où nous étions fragiles.
« Et bien, Mr Green ?! Vous paraissez bien pâle. Est-ce le remords soudain qui vous tiraille l’esprit ? Le remords d’avoir … désiré une autre femme que la vôtre ? Haha. Je vous comprends. Même moi, j’aurais succombé à cette silhouette ambrée, ces cheveux roux, ce sourire malicieux et ce regard pétillant d’intelligence. Quelle jolie femme cette … Cymbeline ! »
Il changea de masque.
« Objection. Je ne vois pas en quoi cela concerne notre affaire, Mr Valent. Mon client est un homme droit, fier et fidèle ! Rappeler ainsi les événements du bal de Theramore n’est pas très correct.»
Mildrya ne montrait rien. Son regard vide m’inquiétait davantage que toute autre réaction virulente qu’elle aurait pu avoir dans un autre contexte. Le « Sans visage » jongla à nouveau avec les masques.
« Je reformule. Cette relation est le parfait mirroir d’une histoire trop longtemps passée sous silence. Ce n’est pas tant Cymbeline, mais le rapport vicié qu’entretient Mr Ratchek Green avec les femmes. Et là, je me dois clairement de nommer la jeune Mélyna, dont le destin tragique n’est que la conséquence des actes irréfléchis de votre Client, Mr Myrion !! »
Mélyna…
« Et bien qu’elle fut été promise à son propre frère, Nathan Green ; frère qu’il a tant chéri, protégé, couvé, durant toute leur enfance ; et bien voilà qu’il lui a dérobé son amour, sans la moindre once de remords, pour ensuite l’abandonner lachement à sa solitude, tandis que son cœur morcelé la rongea progressivement durant deux ans. La belle s’est alors noyée dans son chagrin, laissant une triste lettre d’aveu à Nathan Green avant de disparaitre au fond du Lac. »
Le « Sans visage » mima les pleurs de façon théatrale. Mes mains se mirent à trembler. L’homme s’approcha de moi jusqu’à me faire sentir son haleine. Oui. Nous nous étions croisé, au bal de Theramore qui eût lieu y a quelques temps, au milieu des foules. Pourquoi m’était-il impossible de me souvenir de son visage ?
(...)
« Et bien, Mr Green ?! Vous paraissez bien pâle. Est-ce le remords soudain qui vous tiraille l’esprit ? Le remords d’avoir … désiré une autre femme que la vôtre ? Haha. Je vous comprends. Même moi, j’aurais succombé à cette silhouette ambrée, ces cheveux roux, ce sourire malicieux et ce regard pétillant d’intelligence. Quelle jolie femme cette … Cymbeline ! »
Il changea de masque.
« Objection. Je ne vois pas en quoi cela concerne notre affaire, Mr Valent. Mon client est un homme droit, fier et fidèle ! Rappeler ainsi les événements du bal de Theramore n’est pas très correct.»
Mildrya ne montrait rien. Son regard vide m’inquiétait davantage que toute autre réaction virulente qu’elle aurait pu avoir dans un autre contexte. Le « Sans visage » jongla à nouveau avec les masques.
« Je reformule. Cette relation est le parfait mirroir d’une histoire trop longtemps passée sous silence. Ce n’est pas tant Cymbeline, mais le rapport vicié qu’entretient Mr Ratchek Green avec les femmes. Et là, je me dois clairement de nommer la jeune Mélyna, dont le destin tragique n’est que la conséquence des actes irréfléchis de votre Client, Mr Myrion !! »
Mélyna…
« Et bien qu’elle fut été promise à son propre frère, Nathan Green ; frère qu’il a tant chéri, protégé, couvé, durant toute leur enfance ; et bien voilà qu’il lui a dérobé son amour, sans la moindre once de remords, pour ensuite l’abandonner lachement à sa solitude, tandis que son cœur morcelé la rongea progressivement durant deux ans. La belle s’est alors noyée dans son chagrin, laissant une triste lettre d’aveu à Nathan Green avant de disparaitre au fond du Lac. »
Le « Sans visage » mima les pleurs de façon théatrale. Mes mains se mirent à trembler. L’homme s’approcha de moi jusqu’à me faire sentir son haleine. Oui. Nous nous étions croisé, au bal de Theramore qui eût lieu y a quelques temps, au milieu des foules. Pourquoi m’était-il impossible de me souvenir de son visage ?
(...)
The Sbire / Scarvey
Re: Ratchek Green - D'un Magistrat et d'un homme sans visage
La fatigue commençait à me dissocier de la réalité. Je me voyais là, en spectateur de ma propre mort. Il était là, au bal. Il était là, au procès. Il était là, si près de moi. Une odeur si familière. Nathan, mon frère. Je t’aimais tant et j’ai volé tous tes espoirs, ton avenir, tes projets. Je me suis moi-même projeté dans l’ombre aujourd’hui, sans jamais trouver rédemption à mes actes, désireux d’être le plus impartial des juges pour un jour être capable de me juger moi-même.
Je nous revoyais, enfants, assis au pied d’un grand arbre. Il se tenait bras croisés, la tête enfoncée dans les genoux. Son premier chagrin d’amour. Je lui ai demandé ce qu’il avait.
« Tu vois, cette fille à l’école, m’a-t-il dit, Mélyna … elle ne s’intéresse pas à moi.
- Et bien, montre lui que tu existes ! lui répondis-je en me frottant les mains pleines de terre.
- Mais comment faire, elle est sans cesse entourée !
- Ecris lui une lettre alors. Une belle plume qui touche droit au cœur ! Argh. »
Tandis que je mimais la flèche, m’effondrant au pied de l’arbre, Nathan riait. C’est la première fois que je le vis autant rire, les yeux éclatants d’une lueur d’espoir. Un soulagement.
Le Sans-visage me fit redescendre de mes pensées d’une claque sèche.
« Voici la première preuve que j’apporte à ce dossier. Une lettre, écrite par le frère de l’accusé. Il avait neuf ans. Sous le bon conseil de Mr Ratchek Green, il l’écrivit à sa tendre et aimée qui le restera jusqu’à son suicide, Mlle Melyna Fielder. »
Il jongla avec les masques.
« Objection, je ne vois pas où Mr Valent porte son accusation avec une lettre d’enfant amoureux ! »
Il me regarda un temps, silencieusement, puis me frappa violemment en changeant à nouveau de visage.
« Objection refusée, fis-je, presque machinalement.
- Mr Ratchek Green. Est-il vrai que cette lettre a permis à votre frère, Nathan Green, de se rapprocher intimement avec Mlle Melyna Fielder ?
- Oui,dis-je alors que ma voix tremblait.
- Est-il vrai alors qu’une amitié naissait également entre vous et Mlle Melyna Fielder, jusqu’au jour de vos vingt ans ?
- Oui.
- Avez-vous, durant ce temps, envié votre frère ? Mr Ratchek Green ? L’avez-vous envié jusqu’au point de le trahir et de séduire sa compagne. Profitant d’une faiblesse dans leur couple, vous avez abusé de leurs sentiments, n’est-ce pas ?
- Je… je …
- N’est-ce pas, Mr Ratchek Green ? Hurla-t-il en me cognant.
- Oui Mr Valent.
- J’appelle alors mon premier témoin. Evan Lingster, bûcheron d’elwynn et ami de Nathan Green. »
Le Sans-visage ôta son masque de chair pour le remplacer par un autre visage dont les traits m'étaient légèrement familiers. Combien de mes connaissances avait-il assassiné et rendus à l'état de masques ? J'étais déconnecté de la réalité, tout ceci dépassait ma raison et je me crus plongé dans un autre monde. Ce n'était plus moi, assis et maltraité dans cette chaise. Ce n'était pas Mildrya, dont les larmes coulaient sans jamais s'arrêter. Et lui ? Ce psychopathe. C'était un tissu de mensonges. Un mauvais tour. Une hallucination. Bientôt, je me réveillerai, dans les bras de ma compagne, et tout ira mieux. Tout ira mieux.
(...)
Je nous revoyais, enfants, assis au pied d’un grand arbre. Il se tenait bras croisés, la tête enfoncée dans les genoux. Son premier chagrin d’amour. Je lui ai demandé ce qu’il avait.
« Tu vois, cette fille à l’école, m’a-t-il dit, Mélyna … elle ne s’intéresse pas à moi.
- Et bien, montre lui que tu existes ! lui répondis-je en me frottant les mains pleines de terre.
- Mais comment faire, elle est sans cesse entourée !
- Ecris lui une lettre alors. Une belle plume qui touche droit au cœur ! Argh. »
Tandis que je mimais la flèche, m’effondrant au pied de l’arbre, Nathan riait. C’est la première fois que je le vis autant rire, les yeux éclatants d’une lueur d’espoir. Un soulagement.
Le Sans-visage me fit redescendre de mes pensées d’une claque sèche.
« Voici la première preuve que j’apporte à ce dossier. Une lettre, écrite par le frère de l’accusé. Il avait neuf ans. Sous le bon conseil de Mr Ratchek Green, il l’écrivit à sa tendre et aimée qui le restera jusqu’à son suicide, Mlle Melyna Fielder. »
Il jongla avec les masques.
« Objection, je ne vois pas où Mr Valent porte son accusation avec une lettre d’enfant amoureux ! »
Il me regarda un temps, silencieusement, puis me frappa violemment en changeant à nouveau de visage.
« Objection refusée, fis-je, presque machinalement.
- Mr Ratchek Green. Est-il vrai que cette lettre a permis à votre frère, Nathan Green, de se rapprocher intimement avec Mlle Melyna Fielder ?
- Oui,dis-je alors que ma voix tremblait.
- Est-il vrai alors qu’une amitié naissait également entre vous et Mlle Melyna Fielder, jusqu’au jour de vos vingt ans ?
- Oui.
- Avez-vous, durant ce temps, envié votre frère ? Mr Ratchek Green ? L’avez-vous envié jusqu’au point de le trahir et de séduire sa compagne. Profitant d’une faiblesse dans leur couple, vous avez abusé de leurs sentiments, n’est-ce pas ?
- Je… je …
- N’est-ce pas, Mr Ratchek Green ? Hurla-t-il en me cognant.
- Oui Mr Valent.
- J’appelle alors mon premier témoin. Evan Lingster, bûcheron d’elwynn et ami de Nathan Green. »
Le Sans-visage ôta son masque de chair pour le remplacer par un autre visage dont les traits m'étaient légèrement familiers. Combien de mes connaissances avait-il assassiné et rendus à l'état de masques ? J'étais déconnecté de la réalité, tout ceci dépassait ma raison et je me crus plongé dans un autre monde. Ce n'était plus moi, assis et maltraité dans cette chaise. Ce n'était pas Mildrya, dont les larmes coulaient sans jamais s'arrêter. Et lui ? Ce psychopathe. C'était un tissu de mensonges. Un mauvais tour. Une hallucination. Bientôt, je me réveillerai, dans les bras de ma compagne, et tout ira mieux. Tout ira mieux.
(...)
The Sbire / Scarvey
Re: Ratchek Green - D'un Magistrat et d'un homme sans visage
J'essayais en vain de m'accrocher à la réalité. J'étais si faible que je ne me souvenais plus comment le "Masque blanc" avait conclu son procès. Mais depuis, je n'ai cessé de survivre dans l'obscurité. Quelque chose de gênant enserrait tout mon visage m'empêchant même de voir. Parfois je sentais une main brusque m'ouvrir la bouche et m'y enfoncer une liqueur aux parfums désagréables mais à laquelle je finis par m'accommoder. Elle devint même ma seule attente, comme une drogue, un repère, une donnée essentielle à mon existence. Je finis par aimer cette main, par n'aimer plus qu'elle. Qu'elle soit celle de mon bourreau ne m'inquiétait plus, car au moins elle me donnait matière à survivre.
J'ignore depuis combien de temps je suis là. Probablement des jours, des semaines. Des mois peut être. Au début, tout cela était rythmé par les cris de douleur d'une femme. Elle était arrivée avec moi. Je me souvenais l'avoir aimé. Et puis cette phrase qui revenait sans cesse.
"La justice est la vertu par laquelle on rend à chacun son dû."
Et tout cela finit par disparaitre. Peu à peu, je parvins à scinder mes sentiments, à comprendre ce qu'il attendait de moi, à l'admettre, à l'accepter, à l'approuver. Enfin j'allais devenir le plus impartial des juges. Je vis ce que j'étais, comme si je m'observais d'en haut. Mes mains tremblaient. Mes torts défilèrent en une fraction de seconde et firent naître une volonté d'auto-destruction. Je me haïssais. Je me haïssais tellement que je faisais une allergie à mon propre corps, ma propre identité. Mon âme voulait quitter ce réceptacle par tous les moyens. Je me sentis basculer, mon crâne heurtant le sol. Je rampais avec violence, me débattant malgré la douleur de mes liens. Je hurlais. Je frappais. Il était là. Il me regardait. Je le sentais, si proche de moi. Il posa sa voix, calme et rassurante.
"Nous y sommes presque, Mr. Ratchek Green. Vous allez me rendre mon père et je vais vous rendre votre fils. Et nous fêterons ensemble ces retrouvailles."
Il s'approcha de moi et coupa mes liens. J'étais incapable de me lever. Mes membres étaient complètement engourdis. Je ne sentais même plus mes mains et mes pieds. Au bout de quelques minutes, la vie fourmilla à nouveau en moi et là le poids de mes jambes m'écrasa entièrement. C'était insupportable. Dès que je pus bouger mon bras, je secouai l'autre. Je me frottai nerveusement le corps, comme pour m'assurer que tout cela était bien réel. Lorsqu'enfin je réussis à me lever, l'homme guida ma main et me fis tâter un immense miroir, puis il me fit passer le doigt sur mon visage. Je sentis les bandages. Je compris alors. Sans visage, plus d'identité. Sans identité, plus de remords. La haine que j'avais accumulée envers moi-même se transforma en un rire nerveux, presque de soulagement. Haha. Je n'étais plus celui que je m'étais mis à détester. C'était donc cela, la vraie justice. Non, ce serait trop facile. Tandis que je retirai les bandages, je m'impressionnai du travail qu'il avait opéré sur mon visage. Il ne restait que mes yeux, mon nez et ma bouche. Tout l'épiderme facial avait été retiré, effaçant mes cicatrices, mes traits, mes détails.
Il s'approcha de moi. Son masque blanc était recouvert d'une figure qui m'était familière. Celle d'un jeune homme que je crus mort durant tout ce temps. Le fils de mon frère. Le frère que j'ai par deux fois trahi. Le jeune Norman Green. Mon fils.
"Il ne nous reste plus qu'une chose à faire, pour que justice soit rendue."
Il désigna près de moi un corps enchaîné, un corps inanimé dont la tête pendait lamentablement vers l'avant. Je redressais son menton de mes grands doigts afin d'observer son visage. Et je vis mon visage. L'horreur et le dégoût de cet homme que j'étais me revinrent à l'esprit. Après le dégout, la haine. De la haine, la fureur. De la fureur, je saisis une arme et enchainais trente coups de couteaux dans son buste. Il était juste que je paie. Et jamais plus je ne retrouverai ce visage. Je m'inclinais auprès de mon fils, qui a su inverser les rôles et montrer à son père, qui fut un homme indigne de sa splendeur, ce que Justice réelle devait être. Et nous partîmes, sans visages, vers une nouvelle vie.
Devant nous s'élève Hurlevent, la splendide cité des hommes, le repaire des plus grands criminels qui auront tout à craindre d'une nouvelle forme de Justice.
J'ignore depuis combien de temps je suis là. Probablement des jours, des semaines. Des mois peut être. Au début, tout cela était rythmé par les cris de douleur d'une femme. Elle était arrivée avec moi. Je me souvenais l'avoir aimé. Et puis cette phrase qui revenait sans cesse.
"La justice est la vertu par laquelle on rend à chacun son dû."
Et tout cela finit par disparaitre. Peu à peu, je parvins à scinder mes sentiments, à comprendre ce qu'il attendait de moi, à l'admettre, à l'accepter, à l'approuver. Enfin j'allais devenir le plus impartial des juges. Je vis ce que j'étais, comme si je m'observais d'en haut. Mes mains tremblaient. Mes torts défilèrent en une fraction de seconde et firent naître une volonté d'auto-destruction. Je me haïssais. Je me haïssais tellement que je faisais une allergie à mon propre corps, ma propre identité. Mon âme voulait quitter ce réceptacle par tous les moyens. Je me sentis basculer, mon crâne heurtant le sol. Je rampais avec violence, me débattant malgré la douleur de mes liens. Je hurlais. Je frappais. Il était là. Il me regardait. Je le sentais, si proche de moi. Il posa sa voix, calme et rassurante.
"Nous y sommes presque, Mr. Ratchek Green. Vous allez me rendre mon père et je vais vous rendre votre fils. Et nous fêterons ensemble ces retrouvailles."
Il s'approcha de moi et coupa mes liens. J'étais incapable de me lever. Mes membres étaient complètement engourdis. Je ne sentais même plus mes mains et mes pieds. Au bout de quelques minutes, la vie fourmilla à nouveau en moi et là le poids de mes jambes m'écrasa entièrement. C'était insupportable. Dès que je pus bouger mon bras, je secouai l'autre. Je me frottai nerveusement le corps, comme pour m'assurer que tout cela était bien réel. Lorsqu'enfin je réussis à me lever, l'homme guida ma main et me fis tâter un immense miroir, puis il me fit passer le doigt sur mon visage. Je sentis les bandages. Je compris alors. Sans visage, plus d'identité. Sans identité, plus de remords. La haine que j'avais accumulée envers moi-même se transforma en un rire nerveux, presque de soulagement. Haha. Je n'étais plus celui que je m'étais mis à détester. C'était donc cela, la vraie justice. Non, ce serait trop facile. Tandis que je retirai les bandages, je m'impressionnai du travail qu'il avait opéré sur mon visage. Il ne restait que mes yeux, mon nez et ma bouche. Tout l'épiderme facial avait été retiré, effaçant mes cicatrices, mes traits, mes détails.
Il s'approcha de moi. Son masque blanc était recouvert d'une figure qui m'était familière. Celle d'un jeune homme que je crus mort durant tout ce temps. Le fils de mon frère. Le frère que j'ai par deux fois trahi. Le jeune Norman Green. Mon fils.
"Il ne nous reste plus qu'une chose à faire, pour que justice soit rendue."
Il désigna près de moi un corps enchaîné, un corps inanimé dont la tête pendait lamentablement vers l'avant. Je redressais son menton de mes grands doigts afin d'observer son visage. Et je vis mon visage. L'horreur et le dégoût de cet homme que j'étais me revinrent à l'esprit. Après le dégout, la haine. De la haine, la fureur. De la fureur, je saisis une arme et enchainais trente coups de couteaux dans son buste. Il était juste que je paie. Et jamais plus je ne retrouverai ce visage. Je m'inclinais auprès de mon fils, qui a su inverser les rôles et montrer à son père, qui fut un homme indigne de sa splendeur, ce que Justice réelle devait être. Et nous partîmes, sans visages, vers une nouvelle vie.
Devant nous s'élève Hurlevent, la splendide cité des hommes, le repaire des plus grands criminels qui auront tout à craindre d'une nouvelle forme de Justice.
The Sbire / Scarvey
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