Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
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Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
Lettres d’un Chevalier.
Mon fils.
Depuis quand remonte la dernière fois où j’ai pris la plume et l’encrier, soutenant à deux mains mon courage qui me fait tant défaut face au parchemin jaunis ? Il me semble que cela fait des années, des décennies. Oh bien sûr, tu es trop jeune pour t’en souvenir, mais à l’époque où je me battais sur les fronts éloignés de notre si douce patrie, je couchais chaque soir sur le vélin les pensées qui suivaient ma journée.
Si je prends aujourd’hui à nouveau la plume, c’est que j’ai souvenir des sourires illuminés de ton visages, aux instants ou je te remettais en main propre mes correspondances épistolaire avec moi-même. Ce bonheur inscrit sur tes traits, quand de tes petites mains malhabiles tu ouvrais fébrilement les enveloppe contenant les contes de mes chevauchés à l’encontre des créatures pourfendues par ma lame.
Oh, il est certain que les ballades que je vais te conter à présent ne seront plus celle d’hier, ou impétueux et aventureux, je m’élançais sur les traces des dragons et des donjons infestés des immondices du fléau et des démons. Nul récit ardent de batailles héroïques, ou nous fumes cent face à des milliers, et armés de notre seule bravoure, remportions victoire tonnante, nos lames couvertes du sang des orc.
Non, mon fils. Mais si elles ne seront pas éloges de cet aspect de la Chevalerie que je sais que tu affectionne, leurs leçons seront toute aussi importantes. Car sous les augustes ferveurs des grâces divine, auréolés des plus nobles sentiments et de la plus chaste des pensés, nous ne restons que le fruit d’une éducation et d’un consentement de suivre en nos âmes et cœur la voie de ceux qui cédèrent les clefs d’une vie de débauche et d’aisance –qu’elle soit de sang ou de droit- cela pour emprunter les sentiers de l’éternelle quête qui nous échoit
Bien étrange régiment, disais-je avant de m’élancer sur une tirade, que celui ou je me trouve. Bien loin des officier à la bedaine marquée par une vie d’alcool et de viande grasse, c’est ici un dilemme entre de très jeunes gens, et des membres des races alliés de notre royaume.
Non que jamais je ne fus confronté à la présence d’un nain ou d’un gnome, voire parfois d’un kaldorei dans les régiments du front en Norfendre, le mélange des expériences prévalant parfois sur l’homogénéité du corps de troupe, mais en l’occurrence, il n’y a que des exceptions ! Bien étrange, oui.
Peut-être la guerre prélève-t-elle aux forces urbaines tous ses braves officiers humains, ne laissant la que des volontaires aux origines variés ? Qui sait ?
En tous les cas, c’est une expérience qui me change du 17ème d’infanterie de Norfendre, ou même du Royal Hurleventois durant la seconde. Un cadre peut-être plus « laxiste », mais je n’ai pour l’instant pas eu affaire à des situations trop…. Dérangeante. L’avenir, porté sous les divines auspices, me feront connaitre l’art et la manière d’aborder sereinement ces changements, et j’ose l’espérer, la façon dont m’en guider.
J’aurais tant de choses à te raconter, tant de visages à te dépeindre, mais hélas, le temps n’est pas un luxe dont je dispose à volonté, et déjà j’entends le rappel pour le repas.
Aussi, me voilà obligé de conclure cette lettre sur une petite anecdote qui je pense aiguisera ta curiosité naturelle, mais j’ai trouvé une autre personne que toi qui dévore les cookies que je prépare avec l’appétit d’un ogre.
Mon fils, mes hommages.
La Lumière t’accompagne.
Ton père.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
Mon fils.
Enfin, je trouve a l’aurée du jour quelques instants pour m’installer contre le muret de la caserne, et prenant une plume blanche, coucher sur le papier ces émotions et pensées qui m’assaillent sans coup férir, encore et encore.
La ville. Des milliers d’habitants, s’agitant sans cesser, dans une frénésie furieuse de bruits, de sons, d’odeurs. Toi mon fils, qui aime plus que tout la quiétude des collines des carmines, la tranquillité des hêtres et des chênes, la paix d’une solitude voulue et recherchée… Tu serais abasourdis par ces tourbillons s’agitant, tempête d’individus hétéroclites, de cultures si différente de la nôtre qu’elles en sont parfois troublantes. Et parmi cette masse informe, toujours en mouvement, quelques visages ressortent, que cela soit œuvre de la Lumière ou simple coïncidence.
Cette jeune femme farouche, aux traits félins. Heliven. Elle qui refuse à chaque fois les marques de bienséance, faisant prévaloir son simple nom aux usages des formules qu’il est bon d’adresser en ce cas. Mais soit, s’il est une caractéristique que la jeunesse aime à faire valoir, c’est bien ce détachement aux us de leurs pères. N’étais-je moi-même pas comme cela, il y a vingt années de cela ? Qui sait.
Je vais tacher de la faire te rencontrer, je suis certain que son caractère te plaira. Je passerais à l’abbaye pour te prendre dès le jour prochain, nous en profiterons pour rendre les grâces ensembles, et je ferai un point sur tes talents en algèbre et en monte.
Il en faudra peu pour t’étonner, je le sais, mais garde toi des réactions ardentes qui guident la fougue de ta jeunesse montante, car sache mon fils, qu’en ces lieux tu n’es pas uniquement juge, mais aussi jugé, et que chaque instant se pose sur toi les regards de ceux qui demain seront acteur de ton auguste destiné. Tu devras donc apparaitre sous ton plus beau jour, auréolé de fierté et d’humilité, sage et courageux, savant et simple.
En dérivant sur ce sujet, sache que j’ai trouvé pour toi un précepteur de talent, un homme dont la sagesse et l’expérience n’a d’égal que sa tempérance, qui comme tu le sais est une vertu que j’ai à cœur. Un natif de Lordaeron, aux cheveux de la couleur du ciel triste de son pays ravagé, et aux traits semblables à ceux des chênes centenaires. S’il accepte, tu prendras avec lui des cours, d’histoire, de théologie, d’œnologie, et de maintien.
Et enfin, j’aurai à te présenter une jeune personne, de celles qui ont fait fi des chaines qui parfois entrave les augustes destins, pour s’élever au-delà de sa condition, et faire des cartes offertes un jeu à faire pâlir les plus grand. Tu porteras à ton col cette médaille qui te sied, celle de rosette, afin de faire honneur à ton héritage et tes valeurs.
Ne porte en ton cœur aucune inquiétude, mon fils, car tu as pour toi le sang sain et l’âme sereine, et même en tes plus mauvaise posture, je te sais savoir garder en toi la plus digne des attitudes, outrepassant le destin moqueur et parfois malsain.
Je passerais te prendre sur le neuvième coup de l’horloge.
La Lumière t’accompagne sur les sentiers de notre terre.
Ton père, qui t’aime.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
Les traits de l’homme n’affichaient que dignité et noblesse de cœur. Les bras tendus devant lui, il portait avec toute la grâce du monde un épais drap blanc replié, un suaire immaculé sous lequel une quinzaine de petites formes se discernaient. Semblables à des monticules de terre sous un paysage de neige, aimait à répéter son fils, de sa voix légère et dansante, une étincelle dans le regard.
L’homme était pourtant seul. Il avança vers le lac dont la surface lisse reflétait le soleil du printemps. Ses bottes en acier s’enfonçaient légèrement dans la terre humide, la brise faisant danser ses cheveux mi- longs, et l’astre diurne frappant avec force sa peau tannée. Inspirant longuement, il ferma les yeux et redressa le visage vers le ciel au bleu éclatant, ou aucun nuage ne venait troubler cette toile digne des chansons d’antan.
Le clapotis de l’eau sur le rivage sonnait si doux aux oreilles du chevalier. Les galets qui roulaient lentement étaient seuls témoins du passage du temps, et de l’immobilisme de l’homme en armure.
Et de la vertu, Parangon de Foi et d’Abnégation, tu rendras grâces avec ferveur et humilité.
Après un long moment, le chevalier ouvrit enfin les yeux, et avec une lenteur déraisonné, posa les deux genoux sur le sol, faisant grincer les jointures de son armure en plaque. Son regard se posa sur le linge immaculé, et s’attarda sur les formes qui se distinguaient à peine, puis, toujours avec la même lenteur cérémonial, presque craintive, déposa enfin le drap entre lui et les vaguelettes tremblotantes, qui trempèrent même l’extrémité de l’étoffe. Soufflant longuement, Angron se signa, puis glissa une main sous le suaire, l’ouvrant, et révélant à ses yeux seize pierres précieuses aux reflets chatoyants, du rouge carmin le plus profond au bleu azur le plus pur, en passant par le vert émeraude le plus noble. La main du Chevalier survola le désordre qui régnait parmi les minéraux, puis d’une main experte, les déplaça tour à tour, faisant du chaos initial un schéma aisément reconnaissable à l’œil pieux, chaque pierre trouvant rapidement sa place parmi ses sœurs. Au fur et à mesure que l’assemblage prenait vie, le visage de l’homme s’ourla d’un très léger sourire, et non ceux qu’il affichait parfois par politesse, mais de ceux qui étreignaient son cœur et réchauffait son âme.
Le symbole lui faisant face, là où il n’y avait que désordre et chaos se trouvait un ordre strict, simple, complet. Et c’est avec déférence qu’il dégaina la lourde épée dans son dos, posant la pointe devant le linge blanc, les mains sur la garde, et imprimant son poids sur celle-ci, l’enfonça de quelques pouces dans la terre.
La respiration rapide, il fallut plusieurs minutes pour qu’Angron reprenne ses esprits, comme sonné. Le sourire avait laissé place à un masque grimaçant, les mains légèrement tremblantes. Les lèvres se déchirant presque en une supplique silencieuse, alors que le chevalier commença à murmurer, priant frénétiquement, déversant de sa gorge sèche un flot discontinu, comme une plaie purulente qu’on vide dans la douleur. Au fur et à mesure, les traits de l’homme se détendirent, lui rendant un semblant de douceur, malgré la rudesse de son regard, comme marqué par un spectacle qu’il fut le seul à voir, dans les reflets éclatants des pierres précieuses.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
Ô Lumière, garde nous des dérives de la vertu et de l’errance de tes sentiers bénis, ou ta grâce s’étend comme un voile pourpre, nous guidant vers ton idéal, sous couvert de la Longanimité qui fait des preux et des braves, des hommes justes. Affranchi nous de la furieuse colère qui couve au plus profond de nos abysses, permet nous de ne jamais y céder, car la colère brule ; brule comme le feu du monde, le sang de la terre.
Une jeune. Très Jeune. Elle n’est pas en âge de procréer. Ment mal. Intimidé facilement. Recule, serpent coincé dans un angle d’une pièce close, sans fenêtre ni porte. Elle marche comme si son pitoyable voile cachait à tous son visage difforme, ses prunelles sombres et sa langue fourchue. Mais que fait-elle-la ? Que cherche-t-elle ? Ces questions lui ont sauvé la vie. Peut-être n’est-elle pas seule. Découvrir ces choses, avant de retirer son odieux masque. Laisser le soleil lui bruler la peau, et récupérer ce croc.
Ô Lumière, essence divine, n’aveugle pas le cœur des hommes qui te contemplent. Brulent à l’ard…
Elle marche dans la foule. Mais si grossières sont ses traces. Si grossières. Une jeune, c’est certain. Elle feint de ne pas comprendre, mais son regard me hurle sa haine. Elle me déteste, je la répugne, ma simple présence lui donne envie de vomir. Et moi, je ne vois en elle qu’une insulte à ce qu’elle fut, une pâle copie, dont l’unique destin est de tomber, car il ne saurait en être autrement. L’un ou l’autre doit s’écrouler, car il en va de l’équilibre. Mais elle sait. Je le lui ai dit. La fixant sans ciller, un sourire aux lèvres, a porté de lame, je lui ai avoué que mon regard glisserai sous chaque pierre de cette terre, entre chaque zone d’ombre, et qu’elle ne connaitrait ni le répit ni la paix.
Sur cette terre brulée ? Sur ce lieu en ruine, par deux fois ravagées par la col…
Déjà, il est l’heure. Le soleil darde ses premiers rayons à l’horizon des collines. Sur mon visage, la chaleur, et le vent qui se lève. Il est temps de retourner veiller les autres. Les démunis, les égarés. Le grand gilnéen, Nathan, dans ses tenues qui me rappellent les flancs du toit du monde, tant de souvenirs qui parfois me forcent un souvenir, d’autre fois une grimace. Mais son regard à lui me fait comprendre qu’il est de mon devoir de lui prêter mon épaule. Le regard de ceux qui rêvent éveillés.
Heliven. Un cœur qui peine à s’étendre dans un corps si petit. On juge une personne à l’aune du mal qu’elle détruit, et du bien qu’elle sème. Heliven ne détruit pas. Elle en est incapable. Mais Lumière, ô Lumière, ou elle marche, pousse derrière elle la bonté. Tant et tant de choses bonnes qu’elle-même se perd, les épaules trop étroites pour un fardeau si lourd. Et la voyant plier le genou, elle me fait l’honneur de lui offrir mon épaule.
Fendrel. Son visage me rappel bien trop celui de Père. Un vieux chêne, a l’écorce ravagée par le temps, accusant coup après coup les conséquences d’acte qu’un homme n’aurait jamais à subir. C’est dans ses yeux que parf... – sang d’innocent, brulant, brulant – se reflètent une aube rouge, bien trop rouge. De tous, il est celui qui se voile le mieux, se drapant de ses plaisanterie, d’une voix rauque, Mais malgré le respect que je porte à son âge, la Sainte Lumière m’en soit témoins, il n’est d’aucun que j’abandonnerai, dussè-je moi-même le porter sur mes épaules brisées, marchant sans relâche sur un sentier fait de braise et de tristesse.
Aubiane. Elle dort encore. Ses cheveux en pagaille lui donnent un air de tempête au repos. Si jeune, si fragile au doute et aux errances. Si belle. Elle l’apaise. Le feu qui brule semble lui-même courber l’échine, quand sur son visage mon regard se pose, comme le forgeron plonge dans l’eau glacée une lame chauffée à blanc.
Un son de cor. Le levé matinal. Au travers de la fenêtre, je distingue les branches d’un hêtre qui dansent dans la brise naissante.
Le jour se lève. Je souris.
Une jeune. Très Jeune. Elle n’est pas en âge de procréer. Ment mal. Intimidé facilement. Recule, serpent coincé dans un angle d’une pièce close, sans fenêtre ni porte. Elle marche comme si son pitoyable voile cachait à tous son visage difforme, ses prunelles sombres et sa langue fourchue. Mais que fait-elle-la ? Que cherche-t-elle ? Ces questions lui ont sauvé la vie. Peut-être n’est-elle pas seule. Découvrir ces choses, avant de retirer son odieux masque. Laisser le soleil lui bruler la peau, et récupérer ce croc.
Ô Lumière, essence divine, n’aveugle pas le cœur des hommes qui te contemplent. Brulent à l’ard…
Elle marche dans la foule. Mais si grossières sont ses traces. Si grossières. Une jeune, c’est certain. Elle feint de ne pas comprendre, mais son regard me hurle sa haine. Elle me déteste, je la répugne, ma simple présence lui donne envie de vomir. Et moi, je ne vois en elle qu’une insulte à ce qu’elle fut, une pâle copie, dont l’unique destin est de tomber, car il ne saurait en être autrement. L’un ou l’autre doit s’écrouler, car il en va de l’équilibre. Mais elle sait. Je le lui ai dit. La fixant sans ciller, un sourire aux lèvres, a porté de lame, je lui ai avoué que mon regard glisserai sous chaque pierre de cette terre, entre chaque zone d’ombre, et qu’elle ne connaitrait ni le répit ni la paix.
Sur cette terre brulée ? Sur ce lieu en ruine, par deux fois ravagées par la col…
Déjà, il est l’heure. Le soleil darde ses premiers rayons à l’horizon des collines. Sur mon visage, la chaleur, et le vent qui se lève. Il est temps de retourner veiller les autres. Les démunis, les égarés. Le grand gilnéen, Nathan, dans ses tenues qui me rappellent les flancs du toit du monde, tant de souvenirs qui parfois me forcent un souvenir, d’autre fois une grimace. Mais son regard à lui me fait comprendre qu’il est de mon devoir de lui prêter mon épaule. Le regard de ceux qui rêvent éveillés.
Heliven. Un cœur qui peine à s’étendre dans un corps si petit. On juge une personne à l’aune du mal qu’elle détruit, et du bien qu’elle sème. Heliven ne détruit pas. Elle en est incapable. Mais Lumière, ô Lumière, ou elle marche, pousse derrière elle la bonté. Tant et tant de choses bonnes qu’elle-même se perd, les épaules trop étroites pour un fardeau si lourd. Et la voyant plier le genou, elle me fait l’honneur de lui offrir mon épaule.
Fendrel. Son visage me rappel bien trop celui de Père. Un vieux chêne, a l’écorce ravagée par le temps, accusant coup après coup les conséquences d’acte qu’un homme n’aurait jamais à subir. C’est dans ses yeux que parf... – sang d’innocent, brulant, brulant – se reflètent une aube rouge, bien trop rouge. De tous, il est celui qui se voile le mieux, se drapant de ses plaisanterie, d’une voix rauque, Mais malgré le respect que je porte à son âge, la Sainte Lumière m’en soit témoins, il n’est d’aucun que j’abandonnerai, dussè-je moi-même le porter sur mes épaules brisées, marchant sans relâche sur un sentier fait de braise et de tristesse.
Aubiane. Elle dort encore. Ses cheveux en pagaille lui donnent un air de tempête au repos. Si jeune, si fragile au doute et aux errances. Si belle. Elle l’apaise. Le feu qui brule semble lui-même courber l’échine, quand sur son visage mon regard se pose, comme le forgeron plonge dans l’eau glacée une lame chauffée à blanc.
Un son de cor. Le levé matinal. Au travers de la fenêtre, je distingue les branches d’un hêtre qui dansent dans la brise naissante.
Le jour se lève. Je souris.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
De la gueule du grand ver, un flot de lave et de haine jaillit avec tant de force que les ruines du muret s’écroulèrent. Des débris de tuile et de pierre fondue éclaboussèrent la colline, pluie de gravât et de feu.
En l’espace de quelques secondes, le Chevalier se jeta en avant, la dragonne qui reliait sa lourde lame et son poignet reverbant les flammes qui dansaient tout autour de lui. La chaleur insoutenable pesait sur les épaules de l’homme, comme un voile pourpre aux relents de colère. Le sang chaud coulait contre sa cuisse, depuis la jointure de la hanche ou les griffes du drake s’étaient enfoncées sans peine. A divers endroit de l’armure, des runes rougeoyantes semblaient pulser au rythme des battements de cœur de son porteur. Alors que le grand ver tournait son cou sinueux, cherchant de son regard brulant sa proie ; son corps serpentin se mouvant avec un mélange rare de grâce bestiale et de fureur ardente. Ses griffes labouraient le sol, et sa queue se balançait derrière lui, raclant de temps à autre le sol poussiéreux, dans un bruit sourd.
Tombant à genoux derrière un tronc d’arbre à demi-carbonisé, Angron inspira longuement, plusieurs fois, chaque goulée d’air brulante semblant enflammer ses poumons. De grosses gouttes de sueur coulaient sur son visage, rendant ses cheveux mi-long poisseux. Ses lèvres sèches s’entrouvrait à peine, tachant de faire le moins de bruit possible en respirant, vestige de l’expérience dans la traque des grands vers. Ses muscles hurlaient de l’immobilité qu’il leur imposait, chaque seconde lui paraissant des heures, prostré à genoux dans les cendres qui tapissaient le sol. La colline entière n’était plus qu’un bucher, le drake noire ayant soufflé encore et encore, dans sa rage, réduisant la verdure alentour à l’état de désolation brulante. Le chasseur était devenu la proie, et l’objet de la quête était devenu le bourreau implacable.
Le monstre poussa un rugissement rauque, sa gueule s’ouvrant vers le ciel, maudissant le mortel venu à sa rencontre dans son langage aux syllabes gutturales. Des flots de lave s’écoulaient des plaies que la lame du chevalier avait taillées dans les flancs du ver, fracassant les écailles et perçant le cuir épais. Malgré les flammes léchant les arbres, crépitant dans un concert presque assourdissant, les paroles chargées de haine de son adversaire parvinrent aux oreilles du Chevalier, lui donnant un haut le cœur.
Les mots des grand vers ne sont pas fait pour être compris par les mortels.
Une profonde inspiration fit perler une larme au coin de l’œil de l’homme, qui bondit sur ses jambes, se lançant à toute allure par-delà le tronc qui lui servait jusque-là d’abris de fortune. A nouveau, le temps sembla ralentir alors qu’Angron chargeait le dragon, celui-ci lui tournant le dos. Les cendres voletaient tout autour, comme une pluie de mort et de haine. Les solerets d’acier frappant le sol dans de longues foulées ; puissantes, l’herbe calciné étouffant à peine la charge. A peine un mètre séparait le monstre du Chevalier, quand celui-ci agrippa le manche de sa longue épée à deux mains, la levant au-dessus de sa tête, poussant un puissant cri, tant de douleur que de colère à l’égard de sa Némésis.
Le grand ver tourna instantanément son long coup sinueux vers l’importun qui se jetait contre lui, ouvrant la gueule en déversant un flot de flamme et de lave. Le souffle ardent léchât le dos du drake, et enveloppa le guerrier qui se jetait de tout son poids en avant, franchissant le dernier mètre le séparant du drake.
La tempête de lave semblait chaque instant gagner en intensité, alors que les runes de l’armure du guerrier brillaient à présent de milles feu, semblant absorber en partie le souffle du grand ver. Un cri de colère jaillit de la gorge du Chevalier, alors qu’il abattait de toute ses forces son estramaçon, dont la pointe affutée s’enfonça entre deux lourdes écailles d’ébène, faisant gicler un sang épais et brulant, et arrachant à la créature un râle, qui coupa court à son souffle. La douleur devint agonie, alors que le Chevalier appuya de tout son poids sur la garde, faisant plonger l’acier au plus profond de la chair du drake, alors que les flammes les encerclaient, se refermant sur les deux avatars, comme un voile pourpre annonçant le dernier acte d’une pièce hurlante.
Plus aucun feu ne brulait sur la colline. Seul le paysage ravagé, couvert de cendre et de tronc d’arbre mort laissait voir qu’ici avait eu lieu un affrontement entre deux êtres que tout opposait. Le pied du chevalier posé sur le crâne du grand ver, la lame plongée dans le cou serpentin, Angron contemplait son adversaire vaincu, au prix de plusieurs heures de traque et d’affrontement. L’armure fumante de l’homme le brulait, mais aucune douleur ne se lisait sur ses traits ; un masque de marbre, sur un visage ou s’exprimait simplement le devoir accomplis, et la justice rendu. Ses cheveux mi- long agité par une légère brise, il leva la tête vers le ciel, ou les nuages semblaient s’évader, laissant place à un ciel bleu, dans cette belle journée de printemps.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
La gifle fuse.
Le gantelet frappe la pommette, qui s’ouvre. L’acier claque la peau, avec un bruit sec, qui résonne entre les murs en pierre de la pièce exiguë. La violence du coup fait détourner la tête du jeune homme, qui sent les larmes lui monter aux yeux. Ses cheveux noirs lui tombent devant le visage, masquant à peine la douleur, la honte, et la peur qui rampent sur lui comme un millier d’insectes.
Son souffle s’accélère ; en vain. Il étouffe.
L’autre homme devant lui, responsable du revers, le domine largement. Sa stature imposante, et son visage couturé de cicatrices le rendent bien plus effrayant que les détenus. Il lève à nouveau la main, près à frapper, alors que le regard du jeune garçon se fige en grimaçant, non dans les yeux gris de son supérieur, mais sur le symbole bicéphale du tabard qu’il porte, implorant presque l’aigle de l’aider, de lui épargner une autre gifle.
Etrangement, sa supplique semble trouver réponse. Aucun choc, aucune douleur. Les secondes passes, interminables. Finalement, le natif d’Hurlevent lève le visage, lèvres pincés pour les empêcher de trembler. Il ne voit pas venir le poing, vindicatif, rageur, qui lui percute l’estomac, lui coupant le souffle. La force du crochet est telle qu’il soulève le jeune homme, et l’envoyé s’effondrer plus loin, dans le tintement de sa fine côte de mailles.
Angron n’entend plus rien. Le sang bat à ses temps avec tant de violence que les hauts le cœur s’alternent aux tremblements irrépressibles de ses mains. Il ressent le pas lourd du surveillant approcher, et le soulever par le col. Tout se passe avec une lenteur déraisonnée, onirique. Inspirant à grande goulée l’air chargée des effluves écœurantes des souterrains, il sent plus le visage d’Ulrick qui ne le voit ; vapeurs d’alcool, sueur, sang de peau verte.
Quand il ouvre la bouche, les relents s’exaltent, dans un tourbillon qui fait presque rendre à Angron son maigre repas, qu’il contient à grand peine en serrant les dents. Ses pieds quittent le sol, mais il lui faut quelques instants pour s’en rendre compte. Les jambes s’agitant doucement dans le vide, il se force à fixer son regard sur le visage du Lordaeronais. Les contours restent néanmoins flous, brouillés par les larmes, la douleur et la colère qui ne le quitte pas. La peur, bien sûr. Mais celle-ci laisse néanmoins place à une haine farouche, froide, glaciale, qui s’insinue en lui par tous les pores de sa peau, comme un mal profondément ancré.
Il voudrait lui cracher au visage, hurlé, encore et encore. Mais dans le sombre reflet des yeux du vétéran, se reflète le visage du jeune homme, et plus que tout, c’est de voir ses propres traits déformés, ou l’homme redevient esclave de ses pulsions, animal aux bas instincts.
Manger. Tuer. Se reproduire. Survivre.
Comme les détenus. Animaux.
La voix d’Ulrick résonne. Caverneuse. Grondante. Un roulement sourd, de ceux qui attirent les rats et les charançons, proche du gargouillement des vers dans une plaie purulente. Des chicots jaunit par le temps et l’alcool, une haleine porteuse de restes de ragout et de viande séchée.
-La prochaine fois que tu parles à un détenu… tu les rejoints dans les cages… comme un vulgaire animal...
Un rire accompagne le phrasé haché, l’accent roulant de Lordaeron. Le manque d’air se fait sentir, faisant résonner les derniers mots comme au travers d’une vitre. Un court instant, Angron se sent glisser dans l’inconscience, puis soudainement, le vide, et le sol. Sa tête tape la pierre nue, alors qu’il inspire de grandes goulées d’air rance. Son regard ne capte que les bottes en maille du surveillant-chef, alors que celui-ci tourne les talons, et sort du local, la porte se refermant dans un bruit sourd.
Et plus douloureux encore que le traitement que lui a fait subir l’homme de Lordaeron, ce sont les cris qui filtrent un court instants, cris de souffrance et de haine, des gorges inhumaines des détenus, pourtant si proches de ceux que poussent maintenant Angron, prostré dans la pièce sans fenêtre ; dans l’obscurité la plus totale.
La plus totale.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
C’était l’un de ses villages de province, ancré à flanc de montagne, près d’une vallée verdoyante. De ces hameaux pittoresques, tout droit sortis d’un conte pour enfant. Les toitures aux couleurs vivent rayonnaient sous un soleil de printemps, quelques dizaines d’habitation tout au plus ; qui formaient la majeur partie du bourg de Deepweek.
Un œil avisé aurait sans peine remarqué çà et là, clairsemant les chemins de terre reliant les chaumières, quelques points d’eau ou jouaient des enfants ; éclats de rire et eclaboussades, renforçant encore le tableau de ce petit coin de paradis, loin de la guerre ou des tourments du monde.
Le village s’évasait vers le nord, à l’orée des falaises dont s’écoulait la rivière qui le traversait de part en part. C’était à cette sortie, quand la route bifurquait après la forge du vieux Hellen, qu’était installée la petite bâtisse aux murs de granit. Comme imbriquée dans la colline, pourvu d’un jardin sur l’avant, et cerclé d’une barricade de bois blanc. Un chêne offrait à l’ensemble suffisamment d’ombre à l’ensemble, faisant du tout un havre de paix, même dans ce village pourtant épargné des mots des hommes.
Dans un coin de ce jardin, la femme aux cheveux bruns était allongée, profitant d’un moment de tranquillité pour donner le sein au nouveau-né qu’elle tenait dans ses bras. Ses yeux mi-clos, elle arborait un visage serein, emplit de quiétude. Quelques mèches vagabondes tombaient sur son nez, sans qu’elle ne prenne soin de remettre son épaisse chevelure en ordre, comme si rien de ces choses n’importait.
A quelques mètres de là, il la regardait, ne portant lui-même qu’un léger habit de lin, dans les tons gris. Son visage, encore épargné par l’âge et les souffrances, semblait répondre à celui de sa jeune épouse, un sourire aux lèvres, serein. Son regard glissa sur son fils nourrisson, alors qu’il faisait un pas sur le porche, les rayons de l’astre diurne frappant ses cheveux de jais avec force, comme une sentence.
Il glissa une main su…
…le brasier qui ravageait le village. Les flammes léchaient chaque chaumière, consumant le bois, effritant la pierre, rattrapant les fuyards. Quelques familles, réfugiées par instinct dans leurs maisons, voyait leur chez eux devenir non plus une forteresse contre l’incendie, mais leur propre tombeau, alors que les toits s’effondrait sur eux, mettant fin à leurs hurlements.
Les cieux n’étaient plus que miasme et cendres, l’azur étincelant avait laissé place à un voile cramoisie, aux reflets de bronze et d’acier ; chargé des scories fumant de la tempête. La place centrale du bourg s’était transformée en un champ de lave, ou les quelques commerces alimentait à présent l’immense bucher de Deepweek.
La masure aux murs de granit semblait sur le point de s’effondrer sur elle-même. A l’intérieur, les hurlements d’une femme, alors que l’ensemble de la colline était en proie aux flammes, léchant, dévorants, embrasant la terre même ; d’une chaleur insupportable. Quelques carcasses d’animaux ou de passant, ça et à, formes noircies, fauchés dans leurs vaines courses par le souffle ardent.
Il avançait à pas lent, titubant au milieu de l’incendie, reconnaissant à peine ce lieu qu’il connaissait pourtant si bien. Chaque geste lui arrachant un gémissement de douleur, le visage décomposé, couvert de cloques, sa chevelure ayant disparu au profit d’un crâne dont la peau partait en lambeau, calciné. Des larmes perlait aux coins de ses yeux, glissant sur la peau rougit par la chaleur, pour disparaitre dans le sillon de son armure fumante.
Il riait.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
La Belle, la Douce.
Lordaeron.
Les deux chariots frappés de l’emblème de Lordaeron city traversèrent la grande porte, encadré par une douzaine d’hommes d’arme dans des tenues austères ; côtes de mailles et haubergeons d’écailles grisâtre, protection en cuir matelassé dans les tons bruns. Bouclier en chêne, cerclé de fer, et lances aux pointes du même métal, effilés. Du haut du corps de garde, les sentinelles du « fort » gardaient un œil sur les arrivants, mains non loin de leurs armes. Oh bien sûr, les temps étaient dur, comme bien souvent, et la confiance ne remplace par le contrôle diraient les sages, mais de ce lieu perdu entre les montagnes d’Hautrebande s’échappait une aura sournoise, de celles qui vous mettent mal à l’aise, s’infiltrent par tous les pores de votre peau, et vous colle comme une odeur de charogne.
L’unique cavalier de la caravane fit avancer sa monture au pas dans la cour terreuse, portant sur lui le tabard de Lordaeron immaculé, contrairement à ses sbires. Là où la petite troupe était dépenaillé, vêtue de pièce d’armure hétéroclite, au petit bonheur la chance ; le cavalier lui, portait une lourde protection d’un blanc cassé, aux liserais azur. Quelques médailles à son col, et une étoffe marine à son épaule, le tout lui donnant de cet air condescendant et sûr de lui, que certains arborent avec aisance.
Ses cheveux gris encadraient un visage sévère, un bouc finement taillé cachait à peine quelques cicatrices à sa mâchoire carrée, le tout donnant à l’homme un air grave et charismatique, de celui qui nait d’une longue carrière à guider des hommes.
Un homme du fort, sous-officier au vu de ses galons, au crâne plus que dégarni et au sourire édenté, vint à sa rencontre. Un bref salut militaire, bâclé, puis dans une attitude nonchalante, presque dédaigneuse, posa ses poings sur ses hanches grasses. Son embonpoint dépassant de sa côte de maille, accentuant chez le piéton cette sensation de laisser aller, ce que l’odeur fétide qui se dégageait de lui ne pouvait que confirmer.
-Lieutenant ! C’t’un plaisir ! Comme à chaque fois, j’dirais ! Partant d’un rire gras, contrastant avec l’ambiance tendue, presque tranchante de la scène.
-Sergent Gorio... Une grimace de dégout, un regard de haut en bas sur le sous-officier, comme on regarde un cafard ramper dans son salon. Vous ne changerez jamais…
Ledit sergent en rit de plus belle, sans se rendre compte de l’injure, ou sans le montrer. Rapidement, ses petits yeux porcins se portèrent sur les deux chariots bâchés, alors qu’une lueur de satisfaction malsaine, presque perverse illumina soudainement son visage rondelet.
-Ohohoh… des nouveaux pensionnaires ? Gorio se frotta les mains avec un petit ricanement, approchant de la première carriole, passant sa main sur le tissu.
Les gardes de la procession se crispèrent, foudroyant le sergent du regard, semblant n’attendre qu’un ordre de leur lieutenant, mais celui-ci garda un visage fermé, ou ne transparaissait qu’un dégout profond.
Le sergent passa sa langue sur sa lèvre, comme un gamin hésitant devant deux cadeaux à déballer puis tourna la tête, et gueula d’une voix rauque.
-Manus ! Ici ! Tout de suite !
Des rangs des hommes du fort, un jeune garçon, d’une quinzaine d’année à peine, surgit en courant, dérapant dans la terre, et se redressa devant son sergent. Son visage encore juvénile, marqué de crainte, semblait chercher refuge derrière ses longs cheveux de jais qui formaient un voile autour de lui. Le sergent lui jeta un regard dédaigneux, méprisant, avant de lui cracher.
- Occupe-t’en. Et cette fois, pas de connerie, ou je te tranche les mains, compris ?
Le jeune garçon hoche rapidement la tête, baissant les yeux par habitude. Il traina ses guenilles près du chariot, sa respiration s’accélérant. Le sergent lui jeta un dernier regard narquois, avant de relancer la conversation avec le lieutenant.
Faisant le tour par la droite, le jeune soldat fixa la toile, salie par le voyage, l’emblème azur brodé, alors que la peur se rependait en lui, comme un poison nocif. Un gout de bile lui vint, quand il se retrouva à l’arrière du chariot, tremblant, une main sur la tenture qui en cachait le contenu. Plus aucun son ne lui parvenait, ses membres engourdis ne lui envoyait que de faibles signaux jusqu’à son cerveau. Il pouvait ressentir les battements de cœur des « pensionnaires », serrés les uns contre les autres, l’odeur de leurs corps, prenant à la gorge, les gémissements et grognements, mais aucun mot, pas une syllabe, par crainte des représailles. Il ressentait leur peur, leur haine, leur colère. Leur crainte, et leur désarroi.
Mais par-dessus tout, ce sentiment d’abandon, d’avilissement, morbide, insoutenable.
Il prit une profonde inspiration, sentant ses entrailles se nouer, ses dents grincer. Et d’un seul coup, ouvrit en grand la toile, faisant entrer les rayons du soleil matinal dans l’habitacle renfermé, comme une sentence.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
L’odeur de moisissure, entêtante, couplée aux effluves nécrotique des catacombes, soulevait le cœur du petit groupe, qui progressait à pas feutré dans le souterrain de la crypte. Le fusil à l’épaule, l’elfe et la naine fermaient la marche, les deux hommes en armure lourde ; lames jumelles reflétant les lueurs rougeâtre des lieux. Sur les flancs, un loup au pelage usé, et un félin couleur de nuit, babines retroussés, grondant tout bas.
Avançant lentement, aux aguets, l’armure de Khassim brillant d’une légère aura lumineuse ; comme un phare dans les ténèbres. Du menton, il indiqua les coursives annexes, qui rencontraient l’allée principale perpendiculairement, comme un danger probable. Les deux pisteurs au flair aiguisés ; rôdant parmi les ombres, s’assuraient qu’aucun piège n’attendait les aventuriers, alors qu’ils continuaient leurs routes, dans les entrailles de ce lieu maudit. Ce furent les râles rauques, venant des ténèbres qui habitaient les tréfonds des grandes salles, qui présagèrent es premières menaces. Surgissant de leur repaire chancreux, une poignée de goule décharnée se jetèrent sur les hommes à la livrée or et azur. Leurs peau en lambeau laissait à vif des organes putréfiés, chair décomposée et os saillants ; pitoyable parodie des êtres qu’ils furent de leur vivant.
Avant que la première créature ne franchisse la moitié de la distance qui la séparait du petit groupe, un coup de feu assourdissant résonna dans l’espace exigüe, et l’instant d’après, le crâne difforme du mort-vivant explosa dans une gerbe de viande nécrosée. Son corps n’avait pas encore touché le sol, alors qu’un second tir, moins puissant, mais tout aussi précis, faucha la goule suivante.
Loin d’être démoralisé par ces pertes, les non-morts se jetèrent sur leur potentiel repas, alors qu’une demi-douzaine d’entre eux étaient à nouveau fauchés, par les tirs précis de l’elfe et de la naine. Plutôt que d’arroser sans fin leurs adversaires, elles prenaient chacune le temps d’épauler, de viser. Un tir, un mort… mort.
Une des abominations impies s’élança vers une tireuse en cours de rechargement, mais elle n’atteignit jamais sa cible, un horion de Lumière sacrée la fit imploser en vol, alors que le porte-flamme frappait le sol de son talon, consacrant la terre ; faisant frire sur place plusieurs autres créatures. Le loup et la druidesse, plutôt que se jeter dans la mêlée, harcelait les goules isolées, leur brisant la nuque de leurs mâchoires puissantes, fracassant les crâne, broyant les membres rendus fragiles par la décomposition avancée.
Mais pour un mort-vivant tombé, deux autres prenaient sa place, et ce qui ne fut au début que quelques assauts désorganisés, devint bientôt un véritable mur de corps relevé par les énergies maudites de ce lieu, avançant vers les vivants, leurs orbites vide fixant le groupe avec appétit.
Le paladin et le Chevalier, à la pointe, fauchait de leurs lourds estramaçons d’acier les rangs compact, cherchant à se frayer un chemin dans la masse ; faisant payer le prix forts aux créatures. Les tirs, bien que moins nombreux du fait du mouvement, touchaient à chaque fois, emportant dans des gerbes de cervelle grisâtre, les crânes décharnés.
Le groupe des vivants, plongeant toujours plus profondément dans les entrailles de la crypte, luttèrent de longues minutes durant, faisant tout pour ne pas se laisser stopper et encercler, progressant vers la source de la lumière rougeâtre, dans les abysses des catacombes. La dernière porte, enfin, l’immense pièce, dont les proportions semblaient à chaque instant changer, ondulant sur le plan de la réalité ; frontière entre cauchemar et réel frémissant à chaque battement de cœur.
Suspendue plusieurs mètre au-dessus du sol, par une lourde chaine de bronze ; la grande cage aux barreaux d’ébène tanguait lentement. Son détenu, crasseux, dans un piteux état, son visage enfantin encore maculé de larmes et de terre, se tourna vers le groupe. D’un bond, se jetant contre les murs de sa cage, hurlant de sa voix brisée un « Père » ; comme une supplique, un appel … et une mise en garde.
Hedwe agrippa une fiole a sa ceinture, posant sa main sur celle du Chevalier l’ingérant, ses conteurs se floutant alors qu’elle prenait lentement sa forme ; la potion faisant effet.
Le reste du groupe, fixant la scène avec inquiétude, Lorgan s’agitant dans sa cellule aérienne.
Sous couvert de son déguisement, la naine avança lentement, le visage légèrement grimaçant... et quand elle sentit sous son pied, la pierre s’affaisser légèrement, et qu’un courant d’air ; symbole des effluves arcaniques s’activant, elle ne put retenir un léger gémissement de douleur ; non physique, mais de cœur.
Les regards rivés sur la cage suspendue, et soudain, l’embrasement. Un flot de flamme, dévorant la cellule, le cri de l’enfant ; déchirant, le temps d’un battement de cœur, puis plus rien, uniquement ce brasier, et la forme du corps s’affaissant, léché par les langues écarlates, couvrant le hurlement du père, comme un écho.
Dans les flammes et la colère.
Avançant lentement, aux aguets, l’armure de Khassim brillant d’une légère aura lumineuse ; comme un phare dans les ténèbres. Du menton, il indiqua les coursives annexes, qui rencontraient l’allée principale perpendiculairement, comme un danger probable. Les deux pisteurs au flair aiguisés ; rôdant parmi les ombres, s’assuraient qu’aucun piège n’attendait les aventuriers, alors qu’ils continuaient leurs routes, dans les entrailles de ce lieu maudit. Ce furent les râles rauques, venant des ténèbres qui habitaient les tréfonds des grandes salles, qui présagèrent es premières menaces. Surgissant de leur repaire chancreux, une poignée de goule décharnée se jetèrent sur les hommes à la livrée or et azur. Leurs peau en lambeau laissait à vif des organes putréfiés, chair décomposée et os saillants ; pitoyable parodie des êtres qu’ils furent de leur vivant.
Avant que la première créature ne franchisse la moitié de la distance qui la séparait du petit groupe, un coup de feu assourdissant résonna dans l’espace exigüe, et l’instant d’après, le crâne difforme du mort-vivant explosa dans une gerbe de viande nécrosée. Son corps n’avait pas encore touché le sol, alors qu’un second tir, moins puissant, mais tout aussi précis, faucha la goule suivante.
Loin d’être démoralisé par ces pertes, les non-morts se jetèrent sur leur potentiel repas, alors qu’une demi-douzaine d’entre eux étaient à nouveau fauchés, par les tirs précis de l’elfe et de la naine. Plutôt que d’arroser sans fin leurs adversaires, elles prenaient chacune le temps d’épauler, de viser. Un tir, un mort… mort.
Une des abominations impies s’élança vers une tireuse en cours de rechargement, mais elle n’atteignit jamais sa cible, un horion de Lumière sacrée la fit imploser en vol, alors que le porte-flamme frappait le sol de son talon, consacrant la terre ; faisant frire sur place plusieurs autres créatures. Le loup et la druidesse, plutôt que se jeter dans la mêlée, harcelait les goules isolées, leur brisant la nuque de leurs mâchoires puissantes, fracassant les crâne, broyant les membres rendus fragiles par la décomposition avancée.
Mais pour un mort-vivant tombé, deux autres prenaient sa place, et ce qui ne fut au début que quelques assauts désorganisés, devint bientôt un véritable mur de corps relevé par les énergies maudites de ce lieu, avançant vers les vivants, leurs orbites vide fixant le groupe avec appétit.
Le paladin et le Chevalier, à la pointe, fauchait de leurs lourds estramaçons d’acier les rangs compact, cherchant à se frayer un chemin dans la masse ; faisant payer le prix forts aux créatures. Les tirs, bien que moins nombreux du fait du mouvement, touchaient à chaque fois, emportant dans des gerbes de cervelle grisâtre, les crânes décharnés.
Le groupe des vivants, plongeant toujours plus profondément dans les entrailles de la crypte, luttèrent de longues minutes durant, faisant tout pour ne pas se laisser stopper et encercler, progressant vers la source de la lumière rougeâtre, dans les abysses des catacombes. La dernière porte, enfin, l’immense pièce, dont les proportions semblaient à chaque instant changer, ondulant sur le plan de la réalité ; frontière entre cauchemar et réel frémissant à chaque battement de cœur.
Suspendue plusieurs mètre au-dessus du sol, par une lourde chaine de bronze ; la grande cage aux barreaux d’ébène tanguait lentement. Son détenu, crasseux, dans un piteux état, son visage enfantin encore maculé de larmes et de terre, se tourna vers le groupe. D’un bond, se jetant contre les murs de sa cage, hurlant de sa voix brisée un « Père » ; comme une supplique, un appel … et une mise en garde.
Hedwe agrippa une fiole a sa ceinture, posant sa main sur celle du Chevalier l’ingérant, ses conteurs se floutant alors qu’elle prenait lentement sa forme ; la potion faisant effet.
Le reste du groupe, fixant la scène avec inquiétude, Lorgan s’agitant dans sa cellule aérienne.
Sous couvert de son déguisement, la naine avança lentement, le visage légèrement grimaçant... et quand elle sentit sous son pied, la pierre s’affaisser légèrement, et qu’un courant d’air ; symbole des effluves arcaniques s’activant, elle ne put retenir un léger gémissement de douleur ; non physique, mais de cœur.
Les regards rivés sur la cage suspendue, et soudain, l’embrasement. Un flot de flamme, dévorant la cellule, le cri de l’enfant ; déchirant, le temps d’un battement de cœur, puis plus rien, uniquement ce brasier, et la forme du corps s’affaissant, léché par les langues écarlates, couvrant le hurlement du père, comme un écho.
Dans les flammes et la colère.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
Le sol s’effritait sous ses pieds.
La maigre corniche qui longeait l’immense volcan n’était qu’un amat de gravât ; fébrile. Un agencement de roches friables, un passage vers le gouffre sans fin qui s’étalait en contrebas.
La silhouette du Chevalier n’était qu’un fétu de paille, une brindille perdue dans la tempête qui frappait le flanc de la terre. Il avançait lentement, plié en deux, le sol menaçant de s’échapper sous ses pieds à chaque instant. Ses hurlements étaient couverts par le grondement des rafales, la puissance brute du vent d’ouest. L’ascension semblait peine perdu ; aveuglé et titubant, Angron usait des dernières forces de ses membres pour ne pas s’écrouler.
Sa lame, autrefois vaillant estramaçon guerrier, n’était plus qu’un morceau d’acier tordu, brisé, qui crochait dans la pierre ; comme une pioche de fortune. Son armure dépareillé ressemblait à un patchwork grossier de métal et de cuir, l’entravant plus qu’il ne le protégeait, comme un poids du passé cherchant à l’entrainer dans une chute mortelle.
Son visage grimaçant, tordu dans un hurlement silencieux, exaltant toute sa haine aux dieux moqueurs qui se riaient de son sort. Plus de trace de noblesse ; ou de sourire, sur ce visage. L’étincelle amusé, parfois coquine, souvent aimante, n’était plus qu’une pierre morte, froide. La compassion n’était plus que de la rancœur ; l’amour de la jalousie ; l’amitié du mépris. La larme noire de suie maculait ses traits torturés, ses poings vindicatifs frappant la pierre noire du volcan, dans une veine colère.
Tout autour de lui, la pluie de cendre masquait le ciel, les nuages, le soleil, l’horizon. Il n’y avait plus rien, plus rien que cette désolation, semblable au vrombissement d’une nuée d’insecte.
Le Chevalier s’écroula à genoux, alors que le pitoyable promontoire ou il était avachi s’effritait lentement. Les mains se crispèrent à la paroi tranchante de la montagne, levant un regard implorant vers le ciel masqué, une supplique au coin des lèvres.
Et il tomba. Sans un mot.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
« Ces bois sont maudits. »
Jamais Eidolon n’avait été de si mauvaise humeur. Maugréant tout bas, il se tenait assit sur un énorme tronc d’arbre couché sur le sol, maniant un silex grossier pour affuter sa lame ; le regard sombre. La pénombre constante, mélange malsain de l’ombre des arbres colossaux et de la brume qui semblait s’accrocher à cette terre, rendait les hommes nerveux.
Les hommes et leurs alliés.
Poussant un lourd soupir, Angron tourna le visage vers l’est, en contrebas de la clairière, ou les tentes aux couleurs crèmes laissaient peu à peu place à des baraquements hérissés de pieux ; à l’architecture grossière et sauvage. Parler de la tension palpable eut été un euphémisme si doux en ce lieu. Bien que d’un camp comme de l’autre, les officiers veillaient ; rien ne pouvait arrêter les regards haineux et parfois meurtrier que s’échangeaient orcs et humains. Plusieurs décennies de haine exacerbées, de violence et de colère, ravalée au même titre que leur fierté. Les plus diplomates avaient tentés de communiquer ; d’un côté comme de l’autre, mais rien n’y faisait, il semblait qu’une corde était tendue au-dessus d’un précipice, et que tous – funambules de pacotille- ne pensait qu’à ne pas glisser et entrainer leurs alliés de providence.
L’odeur du bois mort et l’humidité ambiante emplissaient les narines des deux frères, un parfum changeant, un instant doux et enivrant, celui d’après étouffant, presque nocif. Mais le malaise ambiant ne venait pas tant des fragrances capricieuses de cette forêt millénaire et sauvage que de l’absence presque indécente de piaillements d’oiseaux ou du bruissement des branches.
Un silence sourd, évocateur de peine et de souffrance ; annonciateur.
Le cadet inspira à plein poumons, grimaçant en sentant l’air chargée des effluves sauvages lui bruler la gorge, emplir ses poumons comme un flot de bile acide. Portant sur son ainée un regard à la fois inquiet et pourtant rassuré de le savoir si proche, il prit à son tour une pierre à aiguiser, la passant d’un geste méthodique sur le fil de sa lame.
Face aux ténèbres oppressantes, seul les quelques feux de camps d’un bord comme de l’autre s’opposaient vaillamment, mais sans espoir aucun.
La fatigue se faisait un peu plus ressentir au fur et à mesure ; il était impossible de savoir quelle heure du jour ou de la nuit il était. Le voile presque opaque de ténèbres cachait jusqu’à la lune et les étoiles, ajoutant à l’ambiance cauchemardesque et envoutante d’Ashenval.
La première flèche ne fit pas plus de bruit que le sifflement d’un oiseau de proie avant de traverser la gorge de la sentinelle la plus proche des fourrés. La seconde fila depuis le sommet d’un arbre, et mit au sol un guet du clan darkspear ; sentence immédiate d’un affront impardonnable.
Sur un air de symphonie, clavecin et violoncelle, une pluie de traits s’abattit sur le campement, fauchant sans distinction peaux vertes et peaux pâles, gorgeant la terre sombre du sang épais des malheureux. Aux sifflements des flèches se mêlèrent bientôt les ordres et contrordre ; commun, orc, auxquels se mêlaient parfois quelques « Belore » venus des ténèbres.
Telle une nuée de fantômes parés de cape aux reflets miroitants, les Kaldorei surgirent des fourrés, certaines montées sur de gigantesques tigres ; rayées, couleur de nuit ou blancs. La surprise couta la vie à des dizaines d’hommes, et d’orcs, les glaives elfiques fauchèrent ceux qui ne tombaient pas sous la grêle de traits mortels.
Face à ces amazones à la peau sombre, horde et alliance formèrent tant bien que mal les rangs, en vain ; c’était une de ces batailles perdues avant même d’avoir commencé. La lame d’Angron para de peu un glaive fuselé, répliquant d’une estocade qui désarçonna la cavalière. Luttant côte à côte, les deux frères frappèrent sans relâche, délivrant une tempête de lame sur toute guerrière de Kalimdor assez sotte pour se mettre à portée, et bientôt, les Kaldorei payèrent à leur tour un lourd tribut de sang à la terre.
Hélas.
Fauchés un par un sous la pluie de mort, orcs et hommes reculaient, certains tournant même les talons pour fuir loin du massacre ; les derniers officiers qui auraient pu ralentir la débandade tombant sous les lames bénies d’Elune. La forêt et les ténèbres semblaient alors la seule issue, la fuite vers les méandres obscurs, pour échapper à la fureur guerrière des amazones elfiques.
Angron se senti tiré en arrière, la main ganté de son frère lui agrippant fermement le bras, cherchant à l’extraire à l’envoutante contemplation de ce spectacle macabre ; les sentinelles égorgeant les blessés, achevant les mourants avec une froideur malsaine.
« Cours ! »
La voix d’Eidolon le sorti de sa rêverie hypnotique, et sans qu’il ne sache comment, ni d’où il tirait ses forces, le cadet Manus s’élança à l’opposé des combats, la poigne de son ainée sur son bras lui fouettant le sang.
La ligne du temps semblaient s’allonger, s’étirer au rythme symphonique des hurlements guerriers, des cris des mourants, des battements affolés de son cœur. Quelques foulées, la ligne des arbres toute proche, encore quelques pas. Le gout cuivré du sang dans la bouche, il devina plus la flèche qu’il ne l’entendit. Eidolon s’effondra, la cuisse percée de part en part, les faisant rouler dans l’herbe. Etouffant une quinte de toux, Angron se releva en peinant, les feulements vindicatifs des sentinelles toutes proches, la vue du sang épais dans l’herbe fraiche. Et plus que tout, ce regard que lui jeta l’homme au sol, grièvement blessé, remplaçant un millier de mot, plus violent que dix années de guerre.
Angron se retourna, et se mit à courir.
Angron Manus
Re: Voeux et Vertus d'un Chevalier d'Azeroth
Brasier
La paume de la main droite se posa lentement contre le mur, presque craintif, comme si la frontière entre le physique et l’onirique ne tenait qu’à un mince fil prêt à se rompre à la moindre inspiration trop profonde.
Le bourdonnement sourd qui résonnait à ses tympans le déséquilibrait, a demi-prostré dans ce couloir trop long, trop sombre. L’échine hérissée, chaque muscle de son corps tendu à l’extrême ; les ténèbres environnantes oppressaient le Chevalier tel un voile de bronze et de plomb. Il secoua la tête, dans le vain espoir de chasser de son esprit les mugissements des damnés.
Chaque goutte de sueur perlant a la base de sa nuque et coulant le long de son dos lui faisait l’effet d’une trainée cendreuse ; l’épiderme à vif sous l’effet de la peur se muant avec lenteur mais certitude en terreur sourde.
Il lui fallut de longues minutes pour rassembler ses forces, se contraignant à lever le pied ; un pas en avant, la chair de son talon écorché faisant remonter un pique de douleur aigüe qui lui coupa le souffle ; faisant tituber le Chevalier. Son regard chercha à nouveau une lueur ; une source même infime de lumière parmi les ombres qui formaient une masse informe et écrasante.
S’il était resté de la salive dans la bouche de l’homme, il aurait à ce moment sûrement pesté et juré sur la situation ; mais sa gorge asséchée le faisait souffrir le martyr, sa langue gonflée obstruant presque l’arrivé d’air, rendant la respiration sifflante, laborieuse.
Un nouveau pas, guidé par l’instinct et la rage au ventre, un pas de plus. Un pas pour la Colère, un pas pour la Haine et la Fureur. Un pas porté par la violence du sang battant à ses tempes, la main gauche tâtonnant face à lui comme un aveugle.
Errant dans les ténèbres, sourd aveugle et muet, nu comme au jour de sa naissance, faible comme un nouveau-né, se trainant avec lenteur. Dans ce lieu ou le temps n’était qu’une vague notion, il aurait pu s’écouler quelques minutes, des heures, ou des jours ; sans qu’Angron n’en prenne conscience. Seul lui importait ce couloir sans origine et sans but, ce boyaux de pierres froides. Il pouvait sentir les vibrations de la terre, les grondements du monde se répercutant dans les fondements même de ce lieu ; impérieux et écrasants.
Et c’est quand il senti ses genoux plier, ses jambes se dérober sous lui et ses maigres forces restantes l’abandonner que sa main gauche rencontra la surface rugueuse d’une porte en bois massif. Il s’y accrocha comme un noyé à un débris de navire, pesant de tout son poids … sans succès… puis encore… et encore... se refusant à échouer si prêt du but, la Colère se déchainant dans un gémissement à peine audible, maigre feulement dans la nuit.
Son succès s’annonça d’abord avec le léger grincement des gonds, puis la sensation de partir en avant, alors que le dernier obstacle cédait, un vent chaud lui caressant le visage alors qu’il pénétrait dans ce sanctuaire maudit, ce Temple sacré.
Les lèvres voraces se joignirent aux siennes dans un soupir, tandis que sa peau se détachait en lambeaux noircis, les deux prunelles de citrine rivant sur lui un regard opalescent ; unique source de lueur, transperçait son être, et arrachait son âme pour la dévorer avec l’appétit d’un prédateur fauve. Les griffes et ongles se plantant dans sa chair meurtrie lui arrachant des cris de douleur irrépressibles, cherchant à happé l’air chargée de violence féroce.
Les ombres dansant dans un ballet chaotique ; se riant des vivants et des morts, leur froid toucher frôlant les corps brisés et enflammé dans ce brasier aveugle. Insatiables et jamais fourbus, ils brulèrent jusqu’au lever du jour, l’arrivée de l’astre flamboyant dissipant les mirages illusoires et repoussant les ténèbres… jusqu’au crépuscule.
Angron Manus
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