Si le Chaos règne...

Lorsque la silhouette tordue apparut soudainement à ses côtés, la Dame ne daigna pas sursauter, se contentant de tendre une main impatiente vers elle. L'être y déposa un objet qui ressemblait fort à un fragment d'âme.
- Carmines, murmura le serviteur, s'accroupissant en retrait dans la salle sombre. Peu d'ennuis et pas de témoins.
- Parfait, répondit la Dame, examinant le fragment à la lueur faible d'une bougie vacillante. Il n'est pas endommagé et donc utilisable. Nous avançons.
Elle se tourna vers l'être vêtu de cuir noir, accroupi, et baissa les yeux vers lui, un sourire affecté aux lèvres.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire.
- Oui, maîtresse.
L'être s'inclina et se releva, révélant brièvement des formes féminines, avant de se fondre dans l'ombre.

L'arrivée de cet artefact en Hurlevent ne passera pas inaperçue. Son emplacement précis est masqué, entraînant des vagues d'énergies chaotiques sur la ville sans qu'elles paraîssent avoir une origine. Ces flux magiques perturbés feront frissonner les manieurs d'Ombre et heurteront les lumineux ; assurément cela n'augure rien de bon.
Ensuite, on se rendre compte de quelques anomalies au cimetière de Hurlevent ; de la terre fraîchement retournée et tassée dans un effort de dissimulation et des pierres tombales légèrement déplacées. Des tombes auront été vidées dans le dos des Gardes, au plus profond de la nuit, les plus éloignées des sources de lumière, les plus distantes, et donc les plus dures à surveiller. Ce ne sont pas de réelles personnalités ou même des héros, mais des cadavres ont bel et bien été emportés.
Vous remarquerez également que quelques citoyens tout à fait normaux auront disparu, le soir, dans des ruelles étroites, sans que la lumière du jour y apporte une piste lors des enquêtes.
Vous n'avez absolument aucun indice, si ce n'est quelques noms étranges, murmurés : la Dame, Discorde. Ou encore l’Éveil.

Votre instinct, si jamais vous l'écoutez, vous le dira : ce n'est que le commencement.

Vestiges.

L'enfant s'approche. L'endroit sent la pourriture, une odeur violente, infecte, qui prend à la gorge, une odeur de cadavre oublié, décomposé. La petite fait quelques pas, intimidée, intriguée par cette odeur qui devrait la révulser et qui pourtant lui paraît accueillante. Elle lui semble délicieuse. Elle sait que ce n'est pas normal...

La Dame pose la main sur le cadavre et la même odeur que celle qui hante encore ses souvenirs s'en dégage. Elle n'y accorde aucune attention ; sa concentration éclipse tout autre pensées que celles liées au rituel en train de s'accomplir. Le cadavre est en mauvais état et en décomposition avancée. C'était un des déterrés ramenés par Discorde. Peu importait, au final. Elle lève l'autre main...

... mais n'éprouve aucune peur. L'enfant continue d'approcher, silencieuse comme le serait un fantôme. Ses pas ne résonnent pas sur le sol. Ses cheveux violets lui retombent continuellement sur le visage, si bien qu'agacée, elle sort le petit couteau qu'elle a décidé de toujours avoir sur elle et les coupe. Elle sent que ce qu'elle va vivre est important, et ...

... et trace une rune de sang qui reste figée dans l'air, flottant devant elle, tournoyant sur elle-même. Elle énonce le nom de l'âme faible qui a fait se mouvoir cette loque de chair desséchée et trace de nouvelles runes, sur ce qui reste de peau parcheminée sur le corps. Elle enfonce du bout du doigt un os saillant qui menace de la gêner, et le rituel...

...et s'arrête au bord d'un trou mal creusé, dont les bords sont hérissés de racines noires. L'odeur est bien plus forte, elle agresse ceux qui la respirent : C'est une fosse commune, ouverte sur des cadavres semi décomposés, entremêlés d'os blanchis et mal enterrés. Fascinée, échevelée, la petite se penche. Sur l'amoncellement de morts, il y a deux corps encore chauds...

...se poursuit. L'âme infortunée est rappelée à son enveloppe charnelle putréfiée et la puanteur répand ses miasmes. Le cadavre ouvre brusquement les yeux, et crache un geyser de sang pourri. Puis il retombe, ses organes déchirés bosselant ses restes de peau.

... C'est un couple. De là où elle est, elle peut voir qu'ils se sont suicidés, l'un donnant la mort à l'autre avant de sombrer dans l'oubli dans ses bras. L'enfant boit la scène de ses yeux avides, charmés. Puis elle se rend compte qu'ils ont les yeux ouverts et qu'ils la regardent.

Le rituel est un échec.
Elle hurle.

( Petit up HRP

Fin de la présentation rapide de la Dame et de ses Asservis ; certes il y a des chance pour que nous n'entrions pas en scène dans l'immédiat, mais ces quelques posts vous mettront dans l'ambiance Il y aura une suite, d'ailleurs, pour amener la partie rp véritable.
Ensuite, si vous voulez jouer un grand méchant, je vous invite à me contacter ( par MP ou IG, pseudo Miryal ) pour organiser les futurs events, toute seule c'est pas marrant ! Même les gentils d'ailleurs, pour prévoir quelques petites bastonnades <3
Enfin, seule j'arriverais certainement à rien de bien probant donc tout dépend de vous !
Les rangs du Chaos sont toujours ouverts ! )

Le jour se lève une nouvelle fois sur le bois de la Pénombre, enfin, encore aurait-il fallu pouvoir distinguer le jour de la nuit dans cet endroit lugubre ...
Les Veilleurs se préparent, s'arnachent dans leurs armures les plus lourdes, polissent leurs lames, récitent quelques prières pour d'autres, une aura de dévotion semble les porter, Drokan Fortepoigne leur répète régulièrement quelques encouragement pour maintenir leur fureur de vaincre "La Lumière est avec nous mes frères, elle guidera votre lame et affaiblira les impies, rien ne nous arrêtera, pas même ces hérétiques quels qu'ils soient." Il n'en était pas si sûr, mais ce n'est pas en assommant les troupes à coups de vérité que l'on gagne une guerre, le vétéran ne le savait que trop bien, des hommes persuadés de gagner envoyés dans la pire embuscade pouvaient parfois donner des résultats inespérés, nous verrons si c'est le cas ce soir ..

(Eh bien, les gentils rentrent en action. )

Les Veilleurs prirent d'assaut les Jardins Paisibles et pendant quelques heures le lieu fut dépossédé de son nom. La bataille fut terrible. La milice de Sombre-Comté, prise au piège par les forces combinées de la générale Murmure et de l'Asservie Désespoir, a combattu vaillamment, massacrant les serviteurs de l'Empire comme du blé sous la faux. Ils comptèrent de nombreux blessés dans leurs rangs, dont certains graves.
Ils parvinrent contre toute attente à défaire Murmure et à la mettre à mort, libérant de ce fait les Jardins.

Murmure haletait. Ils étaient trop nombreux, trop déterminés. Au fond, peu importait. Il fallait retenir l'attention de la Dame...
Un cri, horrible et désespéré, s'éleva soudain. Comme une supplique. Il fut suivi d'une vague de puissance qui balaya le Bois, sans causer de dommage. Discorde avait triomphé. Elle pouvait donc mourir en paix.
- Arkeron, murmura-t-elle en fermant les yeux.

Hiver était perdu. L'Asservissement avait été brisé, si bien qu'il se retrouvait emporté dans la spirale de sa folie, si longtemps canalisée par la Dame. La réalité le frappa de plein fouet. L'horreur de ce qu'il avait fait.
Rage au cœur, les larmes aux yeux, il ravagea ce qui avait été son laboratoire.
La mort était trop douce pour lui, et l'oubli trop lointain. Il laissa la bête prendre le dessus en lui et s'enfuit, courant toujours plus vite. La folie serait longtemps sa seule compagne.

Libre. Elle était libre. Quelqu'un devait avoir tué la Dame. Enfin. Savourant cette liberté retrouvée, Écho se fondit dans les ombres d'une ruelle. Qu'allait-elle faire maintenant ?
Peu importait. Elle avait la vie devant elle.

A l'instant où les chaînes de l'Asservissement se brisèrent, Désespoir fut emplie de chagrin et de rage. Disparue, la puissance. Disparus ses rêves. Et plus aucun but dans cette froide non-vie. Se voir ainsi dépossédée attisa sa rage. Elle pouvait toujours reformer un Empire, en ralliant les autres anciens Asservis. Elle le devait. Son orgueil d'elfe de la nuit ne pouvait souffrir d'être redevenue une moins que rien.

Lorsque la pression de l'Asservissement sur son esprit se délita, Tourment refit surface. Éprouvant une étrange gratitude à l'endroit de celui ou celle qui avait changé la règle du jeu, il se laissa aller à quelques manifestations de joie incongrues. Il fut très rapidement submergé par la sensation d'une douzaine d'ennemis dans son dos prêts à le tuer une deuxième fois. Mais qui n'existaient que pour lui. Il fallait partir loin, très loin, là où personne ne pourrait le trouver. C'était vital.

Un affreux sourire étira les lèvres de Discorde. Elle avait réussi. La puissance consumée de la Dame avait brisé l'Asservissement, et l'Empire s'était écroulé. Elle allait pouvoir s'occuper de ceux qui avaient eu l'audace de l'enfermer dans la lame d'une épée... Et ensuite, elle traquerait son ancienne maîtresse et l'éliminerait. Enfin.

La Dame n'était pas stupide. On ne se hisse pas à une telle position -impératrice- en faisant preuve de naïveté. Elle savait que ses anciens serviteurs allaient essayer de la tuer, et elle n'avait plus la force de les soumettre à nouveau. Elle allait devoir faire un pari risqué.
Elle ne pouvait tout simplement pas affronter les anciens Asservis non plus, il était trop peu certain qu'elle ait le dessus. Mais... Elle représentait le seul moyen de les affaiblir. Elle savait qui ils étaient, elle connaissait leurs noms, leurs anciennes vies. Devait-elle risquer sa vie pour préserver ce qu'elle avait toujours voulu détruire ?
La beauté du Chaos lui apparaissait maintenant comme un piège. Elle allait devoir faire un pari risqué. Mais elle ne voulait pas mourir... Peut-être y avait-il une chance pour qu'ils s'en sortent tous.
Le Chaos. Quelle folie.

( A lire, si le cœur vous en dit, avec comme fond sonore Prelude de Decemberists. )

Arathi.

Ombres chemins sinueux perdus entre les rives oubliées de la folie telle des ronces fleuries qui courent comme autant de veines à travers la réalité inutile d'un monde qui peine à concevoir son futur sous les voies de feu et de désolation que sème la main divine épines sous la rose neige sur la flamme et inconsistance devant les forces qui composent cet univers fracassé entre le chaos hurlant et l'harmonie dansante dans l'amère douceur des cœurs délaissés.

Des fantômes courent entres les herbes, dessinant des cercles comme une pierre qui briserait la platitude d'un étang. Ou peut-être est-ce le vent, invisible et facétieux, qui joue avec les ombres du soir. De fait, le soleil déclinant rehausse le bleu du ciel de couleurs chaudes, d'or et d'ambre, tissées de lumière. Ce ciel ainsi teinté n'est qu'un fastueux spectacle, magie née du mélange des nuances et de la clarté, en un contrepoint parfait à la prairie qui en paraît terne, dépossédée de ses lettres de noblesses, chacun de ses secrets révélés par les lueurs rasantes du couchant qui flirte avec l'horizon.
Quelques nuages, dissonances passagères, tentent vainement de capter cette lumière qui les transcende, les magnifie dans une explosion de couleurs translucides et pures alors que le crépuscule fait miroiter ses chatoyants atours, tandis que des fées impalpables s'élèvent doucement dans l'air clair et parfumé du soir, chahutées par les doigts du vent rieur, autant d'étoiles pour la plaine que pour l'infini glacé du ciel.
La prodigieuse alchimie des teintes mouvantes qui ornent ce ciel, comme charmée par la délicatesse liquide qui dort entre les herbes, se mire sur la surface étale des lacs qui peinent à rendre leurs hommages à cette débauche de beauté et à transmuer la lumière pour nourrir les âmes et les cœurs de ceux qui la contemplent, dérisoires êtres silencieux et esseulés, garants de la paisibilité des vérités fondamentales oubliées des esprits fiévreux incapables de les voir, figés par l'envie tourmentée d'accéder à cet état de conscience supérieure que seuls connaissant les poètes et les fous.

Lumières autant de lueurs ignées des âmes piégées dans le tourbillon sans fin des couloirs froids étoiles dans un univers devenu fou comme des touches d'espoir portées par l'exaltation des amours partagés et des routes d'avenir telles des balises pour le voyageur égaré le long des chemins qui percent la nuit d'esquilles dorées un long fleuve irrésistible où la mort souhaiterait se mirer mais ne le peut aveuglée par le chatoiement continu des vies brillantes qui y coulent dans la joie éclatante des bonheurs partagés.

La douceur ombrée de la nuit est une tiare d'abysses enténébrées derrière laquelle la lune blanche se cache, telle une jouvencelle effarouchée, disputant son éclat aux galaxies lointaines qui revendiquent, coquettes, le droit de briller.
La plaine silencieuse se pare de nouvelles sonorités choisies par la lueur blafarde qui adoucit les saveurs de la nuit, trésor vivace drapé du manteau volatile des ténèbres piquantes, terre des pères délaissée mais pas oubliée, en repos sous l’œil indifférent des étoiles.
Le vent a quant à lui abandonné son rire pour colporter les murmures et les secrets que les pierres levées tissent dans l'inconscient collectif des peuples. Le mystérieux émoi de la plaine ne trouve son écho que dans les rêveries insensées des endormis qui peu à peu se tournent vers des voies plus sombres alors que la nuit dérive en une sordide parodie d'elle-même, version torturée de ce qui est quand personne n'est là pour le voir.
Le chuchotement feutré des mares se change tour à tour en railleries désincarnées ou en plaintes désuètes et ignorées de tous, reprises par la mélodie de la brise. Les ténèbres se font plus froides, plus profondes; la lune se voile et dissimule son lumineux visage derrière le velours miteux de quelques nuages qui vont et viennent, comme envoûtés par la musique des étoiles mais incapables de choisir entre elles.
Et...
Puis...
Un rire. Discordant, tantôt haut perché, tantôt rauque, éraillé ou se perdant dans des graves insupportables. La réalité se fracasse comme du verre, les cauchemars assaillent le sommeil et dérobent aux rêves de précieux instants.
Un rire. Comme un cri torturé, crissant et tourbillonnant, sinistre appel lancé à des créatures hantées venant d'autres lieux. Il perce la nuit, fend l'air agité d'un léger vent comme la lame d'un couteau tranche la chair.
Il se prolonge pendant quelques secondes éternelles, verdissant l'indigo et l'argenté qui nimbent l'air, leur volant leur légitimité sur la palette des couleurs de la prairie, fanant la délicate lumière de la lune qui ruisselle de l'étendue sombre et étoilée qui couvre le monde comme une couverture de brocart noir piqueté de diamants luisants.
Ce rire semble nier toute véracité et même existence aux mondes de lumières, et, alors qu'il décroît, jusqu'à s'éteindre, laisse dans la nuit comme un amer goût de peur et d'horreur, un sourd avertissement que le vent gémit, sinistre présage de malheurs à venir.

Stromgarde.

La nuit, noire et dense, heures silencieuses.
Sous les étoiles froides, la plaine dort, paisible apparence.
La lune diffuse une lumière blafarde, spectrale, tandis que le vent distille une sourde angoisse, charriant dans ses voiles impalpables un parfum de mort et le cliquetis que produiraient deux os en s'entrechoquant. La nuit est noire, propice aux cauchemars, propice à l'horreur.
Car c'est aux heures les plus noirs que festoient les créatures de l'Ombre...

Cliquetis.
L'homme, placé en sentinelle près de la muraille, pousse un grognement mécontent, marmonne un instant, puis redevient silencieux et immobile.
Cliquetis.
Frémissant, il fixe son regard sur la flamme rassurante qui danse sur sa torche. Ces bruits qui troublent le silence l'inquiètent mais il ne parvient pas à définir ce qui les cause.
Cliquetis.
La sentinelle tend sa torche devant lui, scrute vainement l'obscurité qui l'entoure. Ne voyant rien, il rapproche la flamme, rajuste sa cotte de maille glacée par la nuit en adressant une vague plainte à la Lumière et se rencogne contre l'arbre dans son dos.
Cliquetis.
Au-dessus de lui.
Agacé, angoissé, l'homme brandit la torche en direction des branches de l'arbre qui le surplombe.

...Des os. Des dizaines, des centaines d'os, soigneusement nettoyés, reliés entre eux et entortillés entre les branches.
Des os, fémurs, côtes, crânes, de toutes tailles, toutes races, certainement tout âges, formant des guirlandes macabres éclairées par la lueur de la torche.

L'homme hurle.

La flamme s'éteint, mouchée par des doigts faits d'Ombre, afin de restaurer le règne de la nuit. Le cri s'éteint, coupé net. Le silence revient, puis disparaît.
Cliquetis.
Sous les étoiles froides, la plaine dort, paisible apparence.
L'Ombre rôde.