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Murmure, générale de l'Empire

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Murmure, générale de l'Empire Empty Murmure, générale de l'Empire

Message  La Dame Dim 15 Jan 2012, 19:44

Lordaeron, il y a douze ans.

"Les Syluin sont des intrigants."
Je lui ai jeté un regard torve. Il avait évidemment raison. Notre devise n'était-elle pas
toujours plus près du pouvoir ?
"Peut-être n'est-ce pas judicieux d'affirmer cela devant une Syluin, ai-je fait remarquer.
- Tu n'es plus une Syluin, Gae, maintenant tu es une Maerith et ce jusqu'à ce que la mort rompe ton mariage avec mon petit frère."
A son tour de sourire, d'un sourire de loup. Je n'aime pas Fenhris. Il a beau ne pas avoir passé les vingt ans, il a déjà une vision cynique du monde. Et la seule valeur qu'il défend et prône est "famille".
"Tu sembles oublier que j'ai repris votre vieille coutume en ajoutant simplement Maerith à mon nom."
Je ne suis pas Maerith ne le serai jamais et ne veux surtout pas l'être. Leur trop grande fierté et leur tendance à refuser d'admettre leurs manigances quand on les pointe du doigt me les rend tout à fait détestables. Bien que je ne sois pas sans apprécier celui que, lorsque j'avais dix ans, l'on m'a fait épouser.
"Ne sois pas stupide. Tu n'es plus une Syluin, et tu le sais parfaitement. A quoi t'attendais-tu ? Ta famille s'est débarrassée de toi."
J'ai serré les mâchoires et me suis éloignée de lui.
Il avait raison, encore une fois. Cadette de la famille et mariée à un cadet...
Pourtant, mes sœurs ne m'abandonneraient pas. Aénandra elle-même doit épouser Fenhris dans quelques mois...
La Dame
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Message  La Dame Sam 21 Jan 2012, 18:53

Lordaeron, il y a dix ans.

Fléau. C'est le nom donné à ces hordes mortes-vivantes qui annihilent notre terre. Il déferle, vague après vague, horreur après horreur, ravageant, estropiant puis relevant chaque homme ou femme tombé.
Quoi que l'on puisse dire par ailleurs des Maerith, ce ne sont pas des lâches. Lorsqu'il est apparu que la Main d'Argent ne suffisait pas pour repousser le Fléau, ils ont engagé leurs hommes dans la lutte. C'est ainsi que je me retrouve, revêtue de plaque lourde à hache à double tranchant au poing, sur le champ de bataille. Comme tant d'autres.
Si je n'ai pas hérité du talent familial pour la magie, au moins sais-je me battre par l'acier.
Malgré le Fléau qui modifie notre réalité et notre perception de cette dernière, il est évident qu'il se passe des choses étranges. Fenhris et Aénandra ont disparu quelques semaines avant l'invasion, Arkeron et son frère, Araéthurian sont sur des fronts lointains et ma propre sœur Sheehy a comme cessé d'exister.
Il y a quelques jours, certains de mes frères de carnage ont prétendu apercevoir une ombre gloussante dans les rangs putréfiés de nos ennemis. Probablement une nouvelle invention de ces nécromanciens infects. Mais les plus suspicieux - il a bien fallu le devenir - assurent que la première apparition de l'ombre date de l'arrivée de cette archimage de Dalaran venue noue épauler. Mais je n'y crois pas.
Les nouvelles qui nous parviennent sont beaucoup trop sombres pour que je me lance sur de tels peurs.
Et les légions pourrissantes s'amassent à nouveau, nuées noires dans un ciel déjà assombri...
La Dame
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Message  La Dame Mer 25 Jan 2012, 20:02

Lordaeron, il y a dix ans.

Comme un seul homme, nous levons nos lames vers le ciel en poussant un cri de guerre qui semble arrêter le temps. Le prêtre bénit nos armes, et, tandis que l'archimage du Kirin Tor s'installe sur une éminence proche, nous nous alignons dans l'attente du combat - de la mort - à venir.
Ils sont des milliers, des millions de chairs purulentes mêlées et formant la plus formidable machine de guerre qu'Azeroth ait sans doute jamais connu.
Des milliers de morts marchant sur les vivants, lames au poing, corps déformés et os apparents, en une armée que la théorie et la logique rendent invincible, c'est une vision apocalyptique.
D'autant plus que nos deux seules lignes commencent à se dégarnir quelque peu. Comment peuvent-ils fuir ? La peur ? Nous vivons dans un enfer sans cesse plus noir à mesure que Lordaeron tombe, la peur a depuis longtemps déserté nos consciences. Un instinct fondamental, peut-être. L'instinct de survie.
Peu importe. Le combat s'engage en quelques instants et l'univers se réduit soudainement à cela : quelques îlots de vie au milieu de la déferlante dont la traîne de charogne transforme la réalité, de petits îlots se battant de toute leur âme pour échapper, ne serait-ce qu'un instant de plus, à l'anéantissement le plus total, et, au-delà, pour assurer quelques minutes, quelques secondes, qui permettront à Lordaeron hachée, de reprendre une faible inspiration.
Lorsque l'on se retrouve confronté à une telle chose, on finit par oublier la réalité. Nous sommes les dernières traces d'une existence déjà achevée, les dernières armes que la vie brandit dans un élan désespéré, nous sommes ceux qui par leur résistance, si courte soit-elle, assurent un souffle, puis un autre, et peut-être un dernier à notre terre-mère baignée d'une Lumière souillée, nous sommes un, à jamais, unis par ce passage mort-vivant d'une ère à une autre, une ère dans laquelle nous n'avons peut-être pas tous notre place. C'est aussi cela, exister. Et peut-être une forme de pluralité ?...
J'ai rapidement perdu les autres de vue pour me retrouver engagée dans mon propre carnage. Ma hache danse autour de moi, tantôt éclair tranchant les chairs, tantôt rempart d'acier, fauchant, découpant, éventrant, brisant les os, fendant les thorax, me traçant un chemin à vif dans l'horreur.
Je suis dans cet état d'esprit déjà mentionné, où seul ce que l'on fait importe, si tant est qu'il s'agisse de massacre. Car il n'y a plus d'honneur ici. Plus aucune gloire, aucun espoir, aucune étreinte de la Lumière. Nous ne survivrons sans doute pas mais nous nous battons. Il n'y a plus d'honneur, plus d'ennemis, plus de rivalités. Nous sommes un face au Fléau.
Les éclairs d'énergie sacrée, les aiguilles de givre et les nuages d'arcane épaulent ma lame dans la mêlée confuse et je m'enfonce plus avant dans les rangs putréfiés. Il me semble entrevoir comme une ombre, mais sans doute n'est-ce qu'une illusion. Je me bats.
L'ombre se déplace. Je vais vers elle, elle disparaît.
La chair morte sous mon fer.
Une main sur ma nuque.
L'enfer se tait.
Silence.
Silence.
Silence...
La Dame
La Dame


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Message  La Dame Sam 28 Jan 2012, 21:15

La Tour Noire, il y a sept mois.

Puis le silence vole en éclats, fracassé comme une bulle de verre.
La douleur, tantôt insupportable, tantôt bienvenue, va et vient sous mon crâne, telle une vague déferlant sur les falaises que la mort a imposé autour de mon esprit, barrières infranchissables.
Dès lors que cette marée de souffrance frappe et commence à ronger ces à-pics, je sais que, quelque part, j'ai une existence.
Et il me semble que cette existence mouvante est infinie, champ plat et monotone s'étendant jusqu'au-delà de l'horizon, mélangé au fracas du fer contre le fer. Cette clameur pulse à l'unisson de la douleur, comme accordées, début et fin d'un univers qui cesse d'exister.
N'a jamais existé.
Mon monde se réduit, une fois les falaises rongées, il se range petit à petit derrière les sillons, que je croyais effacés, séparant le moi du tout.
N'a jamais existé, l'univers infini.
N'a jamais existé, la douleur.

Je suis moi puis je deviens autre, sans cesser d'avoir conscience des limites de mon esprit. Je suis moi, je suis vous, puis je suis à nouveau moi. C'est un cercle vicieux où la personnalité se détache et où le moi n'est ni fixe ni défini. Jusqu'à mes souvenirs, simples ombres, qui se mêlent à ceux d'un autre, tableau étrange où les couleurs passées ne sont pas identifiables et dont l'esprit peine pourtant à percevoir toutes les nuances. Je sens à nouveau la membrane de mon esprit.
N'a jamais existé, le passé.
N'a jamais existé, l'unité de mon âme.
Alors la douleur revient. Elle tord ce que je peine à appréhender comme étant mon corps, elle résonne sous la voûte de mon moi brisé et reformé comme le carillon dissonant d'une lame de mauvais acier. Comme des rivets de fer noir qui lient l'esprit à la chair.
Taches de lumière.
Peut-être existe-t-il un monde, au-delà du Néant et au-delà de ce qu'il y a au-delà du Néant.
La souffrance ruisselle comme de la lave à l'intérieur de l'enveloppe de chair morte dont on a affublé mon esprit, forgeant sans son sillage un futur non désiré. Peut-il s'agir du monde distordu que j'ai autrefois appelé réalité ?
Les taches de lumière bougent. J'ouvre les yeux et le voit, ce fer de lance incandescent appartenant à une volonté qui n'est pas la mienne. Il grave en moi les arcanes incompréhensibles qui scellent mon nom.
Murmure.
Je suis morte, et je suis vivante.
Réalité des sens, réalité des mots, réalité du moi.
A jamais.


La Dame
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Message  La Dame Sam 04 Fév 2012, 20:25

La Tour Noire, il y a environ six mois.

Je lève le lourd fer de ma hache et l'abat. La lame fend le plastron usé et traverse chairs, os et ronces sans ralentir sa course.
Je laisse échapper un grognement agacé et me tourne vers le worgen qui se tient au bord de la petite lice.
- Hiver ! Tes créatures sont d'une qualité beaucoup trop médiocre. C'est de soldats que l'Empire a besoin, pas d'inutiles tas de viande et de plantes dont la capacité la plus impressionnante consiste à tenir debout !
Il rit.
- Jusqu'ici, Murmure, il n'y a qu'un seul de nous deux qui a fait son boulot. Mon rôle est de lever ces troupes, le tien de les entraîner. Tu as les troupes, elles sont en miettes à tes pieds.
Je brandis ma hache dans sa direction, plissant mes yeux irradiant d'une lumière bleue pour arborer un air menaçant.
- Et tu crois que la Dame le verra de quel point de vue, chien galeux ? Qui tombera en disgrâce cette fois-ci ?
- Alors cours-le lui dire, a répliqué le druide noir, le visage assombri. Peut-être te récompensera-t-elle par un Asservissement.
Je fais quelques pas en avant, hache levée, puis recule d'autant. Si je ne suis pas une Asservie, Hiver en est un. La puissance de la Dame l'auréole, à tel point que même un profane peut le sentir.
Et seul en Asservi peut jouer comme je l'ai fait avec un autre Asservi. Je n'ai pas la magie nécessaire pour résister jusqu'au bout du jeu.
Les Asservis sont de vrais gosses, s'envoyant les uns les autres des crasses, tramant des facéties et essayant de faire disgracier les autres tout en se faisant bien voir de leur mère, c'est-à-dire la Dame elle-même. Et ces facéties que j'évoque sont des pièges mortels.
La Dame laisse généralement passer tout cela : leurs jeux les empêchent de s'allier pour s'en prendre à elle.
- D'accord, d'accord.
Je suis allée déposer ma hache sur un râtelier, faisant profil bas tout en sachant que le worgen n'était pas dupe. Il me semble qu'il est l'actuel favori de la Dame...
Lumières mouvantes dans mon esprit.
Nous sommes soudainement écrasés par la puissance de celle qui vient d'entrer dans la salle d'armes, en apparence frêle humaine au regard mort. Et toujours cette ombre grotesque sur ces talons, accroupie.
- Murmure, a laissé tomber la Dame. Il est temps pour toi de prouver ta valeur et ta volonté de servir l'Empire. Discorde a échoué face aux Veilleurs de Sombre-Comté et je veux que tu la remplaces dans la conquête du Sud.
- Ma Dame, ai-je approuvé, mettant un genou en terre.
Elle m'a retourné un regard terrible.
J'en aurais ricané. Sait-elle ?
La Dame
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Message  La Dame Jeu 09 Fév 2012, 10:27

Cimetière des Jardins Paisibles, il y a environ cinq mois.

La bataille est terminée. Les Veilleurs ont triomphé. La Lumière a triomphé. Comme toujours.
Une balle ricoche sur la pierre près de moi. Mauvais tir. Alors que là-bas, l'Asservie Désespoir sur son destrier lutte encore, faisant mordre la poussière à plusieurs Veilleurs, je suis pour ma part désarmée, à terre, vaincue.
Autour de moi, plusieurs soldats aux tabards noirs se congratulent et m'accablent de gestes obscènes. Que n'ai-je ma hache...
C'est un homme sans tabard et portant un chapeau qui décide d'en finir. L'acier qui fouaille mes chairs m'a l'air doux après... tout cela. Je soupçonne la Dame de nous avoir envoyé au suicide. Sans doute a-t-elle vraiment eu vent de quelque chose.
Sont-ils heureux, ces fiers combattants, d'avoir défait une armée de chair à pâtée ? Y-a-t-il réellement quelque chose de grandiose et de digne des légendes à se vaincre des simulacres de guerriers dont les os doivent être maintenus par des ronces ? Ou bien, dans leur impressionnante bravoure, se félicitent-ils d'avoir passé un bon après-midi à taper sur des mannequins d'entraînement ? Les imbéciles. Ce sont leurs frères, leurs parents... Leurs congénères qu'ils ont si allègrement taillés en pièces, de simples morceaux assemblés. Où est la gloire ?
Ah... L'homme au chapeau m'accable de ces questions bourdonnantes. La fin est proche, maintenant.
Puis une vague de puissance pure balaie le cimetière, inoffensive, impalpable et réjouissante. Le fer de lance dans mon âme se dissipe, disparaît. Mon esprit se relâche. Discorde a donc réussi.
Et, dans le silence des questions sans réponses, dans le silence des cris de victoires, je murmure.
- Arkeron...
La Dame
La Dame


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Message  La Dame Sam 11 Fév 2012, 18:28

Hurlevent, il y a environ trois mois.

Échos brisés, ondoyants, tournoyants, bleus et verts, sur le prisme renversé d'un moi déchu.
Marée de pensées conflictuelles, mêlées à un océan plus vaste à la pluralité chaotique où résonnent les embruns de la folie.
Je ne suis plus rien. "Je" n'existe plus, fracassé sur la dalle de marbre qui constitue l'autel de la révolte, recouvert du drap noir de la corruption.
Sculpture tourmentée à laquelle il manque des fragments, sous une ogive branlante et fragile qui tangue à chaque émotion qui traverse mon hôte.
Pièce de musée abîmée et remisée dans l'arrière de son esprit déjà pluriel.
La révolte mène à l'oppression et l'oppression à la révolte, la boucle est bouclée et de petites esquilles de ce que j'étais se retrouvent maintenant dans l'esprit de la Discorde.

Nous entendons les questions que nous posent l'homme au chapeau noir et le prêtre à ses côtés, et nous y répondons; nous révélons les secrets du vieux démon mais en révélerions bien plus si seulement ils nous posaient les bonnes questions...
Lorsque le silence retombe, nous voyons le prêtre approcher, seul, poser sa main sur notre visage.
Ah, Lumière.
La Dame
La Dame


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