Un murmure dans le noir.
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Un murmure dans le noir.
"Mort.
C'est le premier mot que j'écris sur ces pages vierges, et pourtant gorgées d'une histoire qui m'est à jamais inaccessible. Car c'est ce mot, cette notion, cette fatalité, qui rythmera mon futur désormais. En être le dispensateur, c'est la comprendre sans la redouter, c'est l'accepter sans la chercher. Je saisis désormais tellement mieux mon maître. Puisse-t-il reposer en paix. Lui qui a fait le choix de la braver, la mort était son ultime amante. C'est en la défiant avec insolence qu'il l'a trompée nombre de fois. Et comme deux amoureux timides, ils se sont regardés en coin sans jamais se toucher, et que la moindre caresse de sa part l'a effarouchée... Jusqu'à ce qu'un jour elle l'embrasse sans un bruit. Mais c'était lui le vainqueur, car il a toujours su, il l'a provoquée, elle n'a fait que céder à ses avances.
Il m'a fallut cinq années d'exil pour apprendre, comprendre, et interprêter le rôle qui est désormais le mien. Cinq années de combats, cinq années sereines et mouvementées à la fois. Et chaque jour, la lumière se faisait plus discrète, comme une brise qu'on finit par ressentir plutôt qu'entendre. Telle une musique qui semble s'éteindre à mesure que le sommeil approche. Comme le soleil, disparaissant lentement derrière les nuages au crépuscule...
Ce livre sera une part de moi, comme elle a été une part de mon maître. Recueil, témoin silencieux de la complainte de mon âme. Calice dans lequel sang et larmes se mêleront, sang que je ferais verser pour chaque larme qui aura coulé, larme versée pour chaque blessure dont on verra le sang couler, et même pour celles qui ne sont pas imprimées dans la chair. En moi, les larmes que je ne verse point forment un lac profond dans lequel je suis le seul à me baigner... Et croyant m'y purifier, je n'en ressortirai que plus souillé encore... Je suis seul.
Aujourd'hui, un fermier et sa fille se sont fait agresser dans la forêt, alors qu'ils ramassaient du bois mort. Deux brigands, et il semblerait que les faits ne soient pas anodins. Le fermier s'en est sorti avec un fémur cassé, résultat du coup de gourdin qu'il a reçu, et la fille avait la jupe déchirée jusqu'à mi cuisse avant que la garde forestière n'arrive, alertée par les cris perçants de cette dernière. Je me suis caché sous les fenêtres de ces braves gens, et j'ai recueilli leur version des faits, ainsi qu'une description plutôt détaillée des deux malandrins. L'hiver n'est pas terminé. Un fémur cassé ne se remet pas facilement sans l'intervention d'un bon guérisseur. La jambe de l'homme ne lui permettra pas d'aller travailler pendant longtemps. Sa fille sera obligée de travailler dur, voire de vendre ses charmes, pour leur permettre d'avoir de quoi subsister.
Demain, ils trouveront un plein sac de grains devant leur porte."
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le petit foyer n'éclairait qu'une partie de la clairière réduite naturelle formée par un cercle de grands arbres. Au-delà des troncs, la forêt était sombre et inquiétante, peuplée de bruits feutrés, du chuchotis de l'Elwynn, et du bruissement des feuilles. Le froid faisait craquer les branches mortes, ponctuant le silence bruyant de la nuit.
A la lueur des flammes se tenait un homme assis, sa silhouette découpée dans la lumière du brasier. Il était légèrement penché en avant, et aux bruits nocturnes s'ajoutait le grattement caractéristique d'une plume sur le papier, musique entraînante rythmée par le crépitement des flammes, auxquelles elle s'accordait parfaitement. Un craquement étranger à cette mélodie se fit entendre, dans l'ombre. Impossible à situer, il raisonna légèrement entre les arbres.
Avec lenteur, la plume termina la dernière rondeur d'une lettre avant de se suspendre avec la main qui la tenait. Avec des gestes précis, l'homme rangea ses ustensiles, puis referma le livre à la reliure de cuir souple, fit faire quelques tours à la lanière qui le maintenait fermé, et remit toutes ses affaires dans une sacoche de toile.
Alors qu'il s'affairait, on distinguait à peine au devant de lui des ombres s'activer derrière les fourrés. Si quelque bête sauvage évoluait aux limites des lueurs du foyer, elle était bien discrète. Et un prédateur, même affamé, s'approche rarement d'un feu. L'homme posa les mains sur ses jambes croisées en tailleur, et attendit. Il fixait sans ciller la danse des flammes qui se reflétaient dans ses yeux verts.
Peu à peu, deux silhouettes émergèrent des ténèbres, l'éclat de lames brilla une seconde dans le regard de l'homme assis près du feu, avant qu'il ne lève les yeux vers les nouveaux arrivants. Ces deux derniers étaient grands, bien que le plus âgé arborant une barbe fournie un peu plus que l'autre. D'un châtain tirant sur le roux, on pouvait aisément deviner qu'ils étaient frères. Chacun tenait un couteau, le barbu avait une épée qui pendait sans fourreau à sa taille, tandis que le plus jeune portait un arc en bandoulière. Ils arboraient un air belliqueux et menaçant, tandis que l'homme près du feu restait d'un calme glaciale. Cela leur fit perdre un instant contenance, mais le plus âgé des détrousseurs prit la parole d'un ton bourru :
"Donne-nous ta bourse et toute ta nourriture, voyageur, et on t'fera pas d'mal."
Le plus jeune appuya la requête de son frère d'un hochement de tête. Alors, l'homme se leva. Assis, on ne pouvait voir les deux dagues qui pendaient à sa taille, ni les pièces de cuir noir et rouges qui le revêtaient. Sa longue cape sombre se déploya dans son dos, et il rabattit en avant son capuchon, dissimulant son visage dans l'obscurité. Seuls ses yeux restaient visibles, rougeoyants à la lueur des flammes. Les deux brigands déglutirent, mais un regard l'un vers l'autre les rassurèrent.
"On est deux et t'es tout seul, continua le barbu, alors tu devrais nous donner ce qu'on t'demande avant que ça s'finisse mal pour toi."
Il fit un pas en avant, le plus jeune fit un pas de côté, puis un autre, pour contourner leur adversaire. Ils n'étaient pas si dénués d'un certain sens pratique, et cela fit sourire l'homme en noir.
"Lequel de vous a tenté de violer la jeune fille ? fit-il d'une voix calme."
Une exclamation de surprise échappa au jeune, tandis que le barbu fronça ses sourcils broussailleux. Un seul regard à l'expression de son visage suffit à bâtir la certitude que c'était lui. Ce qui était logique : le plus vieux impose, le plus jeune dispose. Il avait voulu profiter du meilleur butin. Ils ne se démontèrent pas, et le plus vieux fit un pas en avant en armant le bras. La main de l'homme en noir jaillit comme un serpent, frappant de plein fouet la gorge exposée. Un souffle rauque s'échappa des lèvres du brigand, tandis qu'il s'effondrait en se tenant le cou à deux mains.
Un cri étranglé se fit entendre dans son dos, alors que le jeune passait à l'attaque. L'encapé se retourna prestement, levant le bras, et saisit le poignet du garçon pour bloquer le coup qu'il comptait lui porter. Une torsion adroite fit tomber le couteau de sa main mal assurée. De l'autre main, l'homme en noir dégaina une dague. Elle se fraya un chemin, à peine sortie du fourreau, entre les côtes du jeune homme, raclant les os, déchirant la chair, transperçant comme un tison ardent. Dans les yeux de sa victime, l'assassin pouvait voir s'inscrire le mot "pitie", en larmes transparentes. La douleur à peine ressentie il retira son arme et, dans un geste de miséricorde, fendit l'air de sa lame. La gorge fut tranchée en un clin d'oeil, et son âme s'échappa de son regard, comme soufflée par le déplacement d'air provoqué par ce dernier geste. Il lâcha le jeune homme qui s'effondra comme une poupée de chiffon, et fit volte-face pour s'occuper de son frère et comparse, mais celui-ci avait disparut. Un bruit de course précipitée brisa la quiétude des bois...
C'est le premier mot que j'écris sur ces pages vierges, et pourtant gorgées d'une histoire qui m'est à jamais inaccessible. Car c'est ce mot, cette notion, cette fatalité, qui rythmera mon futur désormais. En être le dispensateur, c'est la comprendre sans la redouter, c'est l'accepter sans la chercher. Je saisis désormais tellement mieux mon maître. Puisse-t-il reposer en paix. Lui qui a fait le choix de la braver, la mort était son ultime amante. C'est en la défiant avec insolence qu'il l'a trompée nombre de fois. Et comme deux amoureux timides, ils se sont regardés en coin sans jamais se toucher, et que la moindre caresse de sa part l'a effarouchée... Jusqu'à ce qu'un jour elle l'embrasse sans un bruit. Mais c'était lui le vainqueur, car il a toujours su, il l'a provoquée, elle n'a fait que céder à ses avances.
Il m'a fallut cinq années d'exil pour apprendre, comprendre, et interprêter le rôle qui est désormais le mien. Cinq années de combats, cinq années sereines et mouvementées à la fois. Et chaque jour, la lumière se faisait plus discrète, comme une brise qu'on finit par ressentir plutôt qu'entendre. Telle une musique qui semble s'éteindre à mesure que le sommeil approche. Comme le soleil, disparaissant lentement derrière les nuages au crépuscule...
Ce livre sera une part de moi, comme elle a été une part de mon maître. Recueil, témoin silencieux de la complainte de mon âme. Calice dans lequel sang et larmes se mêleront, sang que je ferais verser pour chaque larme qui aura coulé, larme versée pour chaque blessure dont on verra le sang couler, et même pour celles qui ne sont pas imprimées dans la chair. En moi, les larmes que je ne verse point forment un lac profond dans lequel je suis le seul à me baigner... Et croyant m'y purifier, je n'en ressortirai que plus souillé encore... Je suis seul.
Aujourd'hui, un fermier et sa fille se sont fait agresser dans la forêt, alors qu'ils ramassaient du bois mort. Deux brigands, et il semblerait que les faits ne soient pas anodins. Le fermier s'en est sorti avec un fémur cassé, résultat du coup de gourdin qu'il a reçu, et la fille avait la jupe déchirée jusqu'à mi cuisse avant que la garde forestière n'arrive, alertée par les cris perçants de cette dernière. Je me suis caché sous les fenêtres de ces braves gens, et j'ai recueilli leur version des faits, ainsi qu'une description plutôt détaillée des deux malandrins. L'hiver n'est pas terminé. Un fémur cassé ne se remet pas facilement sans l'intervention d'un bon guérisseur. La jambe de l'homme ne lui permettra pas d'aller travailler pendant longtemps. Sa fille sera obligée de travailler dur, voire de vendre ses charmes, pour leur permettre d'avoir de quoi subsister.
Demain, ils trouveront un plein sac de grains devant leur porte."
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le petit foyer n'éclairait qu'une partie de la clairière réduite naturelle formée par un cercle de grands arbres. Au-delà des troncs, la forêt était sombre et inquiétante, peuplée de bruits feutrés, du chuchotis de l'Elwynn, et du bruissement des feuilles. Le froid faisait craquer les branches mortes, ponctuant le silence bruyant de la nuit.
A la lueur des flammes se tenait un homme assis, sa silhouette découpée dans la lumière du brasier. Il était légèrement penché en avant, et aux bruits nocturnes s'ajoutait le grattement caractéristique d'une plume sur le papier, musique entraînante rythmée par le crépitement des flammes, auxquelles elle s'accordait parfaitement. Un craquement étranger à cette mélodie se fit entendre, dans l'ombre. Impossible à situer, il raisonna légèrement entre les arbres.
Avec lenteur, la plume termina la dernière rondeur d'une lettre avant de se suspendre avec la main qui la tenait. Avec des gestes précis, l'homme rangea ses ustensiles, puis referma le livre à la reliure de cuir souple, fit faire quelques tours à la lanière qui le maintenait fermé, et remit toutes ses affaires dans une sacoche de toile.
Alors qu'il s'affairait, on distinguait à peine au devant de lui des ombres s'activer derrière les fourrés. Si quelque bête sauvage évoluait aux limites des lueurs du foyer, elle était bien discrète. Et un prédateur, même affamé, s'approche rarement d'un feu. L'homme posa les mains sur ses jambes croisées en tailleur, et attendit. Il fixait sans ciller la danse des flammes qui se reflétaient dans ses yeux verts.
Peu à peu, deux silhouettes émergèrent des ténèbres, l'éclat de lames brilla une seconde dans le regard de l'homme assis près du feu, avant qu'il ne lève les yeux vers les nouveaux arrivants. Ces deux derniers étaient grands, bien que le plus âgé arborant une barbe fournie un peu plus que l'autre. D'un châtain tirant sur le roux, on pouvait aisément deviner qu'ils étaient frères. Chacun tenait un couteau, le barbu avait une épée qui pendait sans fourreau à sa taille, tandis que le plus jeune portait un arc en bandoulière. Ils arboraient un air belliqueux et menaçant, tandis que l'homme près du feu restait d'un calme glaciale. Cela leur fit perdre un instant contenance, mais le plus âgé des détrousseurs prit la parole d'un ton bourru :
"Donne-nous ta bourse et toute ta nourriture, voyageur, et on t'fera pas d'mal."
Le plus jeune appuya la requête de son frère d'un hochement de tête. Alors, l'homme se leva. Assis, on ne pouvait voir les deux dagues qui pendaient à sa taille, ni les pièces de cuir noir et rouges qui le revêtaient. Sa longue cape sombre se déploya dans son dos, et il rabattit en avant son capuchon, dissimulant son visage dans l'obscurité. Seuls ses yeux restaient visibles, rougeoyants à la lueur des flammes. Les deux brigands déglutirent, mais un regard l'un vers l'autre les rassurèrent.
"On est deux et t'es tout seul, continua le barbu, alors tu devrais nous donner ce qu'on t'demande avant que ça s'finisse mal pour toi."
Il fit un pas en avant, le plus jeune fit un pas de côté, puis un autre, pour contourner leur adversaire. Ils n'étaient pas si dénués d'un certain sens pratique, et cela fit sourire l'homme en noir.
"Lequel de vous a tenté de violer la jeune fille ? fit-il d'une voix calme."
Une exclamation de surprise échappa au jeune, tandis que le barbu fronça ses sourcils broussailleux. Un seul regard à l'expression de son visage suffit à bâtir la certitude que c'était lui. Ce qui était logique : le plus vieux impose, le plus jeune dispose. Il avait voulu profiter du meilleur butin. Ils ne se démontèrent pas, et le plus vieux fit un pas en avant en armant le bras. La main de l'homme en noir jaillit comme un serpent, frappant de plein fouet la gorge exposée. Un souffle rauque s'échappa des lèvres du brigand, tandis qu'il s'effondrait en se tenant le cou à deux mains.
Un cri étranglé se fit entendre dans son dos, alors que le jeune passait à l'attaque. L'encapé se retourna prestement, levant le bras, et saisit le poignet du garçon pour bloquer le coup qu'il comptait lui porter. Une torsion adroite fit tomber le couteau de sa main mal assurée. De l'autre main, l'homme en noir dégaina une dague. Elle se fraya un chemin, à peine sortie du fourreau, entre les côtes du jeune homme, raclant les os, déchirant la chair, transperçant comme un tison ardent. Dans les yeux de sa victime, l'assassin pouvait voir s'inscrire le mot "pitie", en larmes transparentes. La douleur à peine ressentie il retira son arme et, dans un geste de miséricorde, fendit l'air de sa lame. La gorge fut tranchée en un clin d'oeil, et son âme s'échappa de son regard, comme soufflée par le déplacement d'air provoqué par ce dernier geste. Il lâcha le jeune homme qui s'effondra comme une poupée de chiffon, et fit volte-face pour s'occuper de son frère et comparse, mais celui-ci avait disparut. Un bruit de course précipitée brisa la quiétude des bois...
Dernière édition par Teovan le Jeu 14 Jan 2010, 12:30, édité 2 fois
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
Amour.
"Une lame effilée, discrète et tranchante.
Elle pénètre votre chair sans un bruit.
Elle pénètre votre chair sans un cri.
Ce n'est qu'un pincement de peau qui vous surprend,
Et au silence vous réduit.
Cette lame dentelée, secrète et chantante.
Une fois plantée, elle est à la fois douleur, à la fois bonheur.
Une fois entrée, elle est à la fois douceur, à la fois langueur.
Aussi assure-t-elle, une survie longue et éternelle.
Si ce n'est qu'une fois retirée, le sang n'en finit pas de couler.
Quand amour on perd, blessé on est dans la chair.
La lame maculée, défaite et dégoulinante.
Laissant cicatrices profondes,
Qui mènent parfois à la tombe.
Prenez garde à la lame,
Prenez garde à la femme."
A chanter près du feu, avec un Luth pour seul partenaire, et le silence pour recevoir votre complainte.
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
"Une lame effilée, discrète et tranchante.
Elle pénètre votre chair sans un bruit.
Elle pénètre votre chair sans un cri.
Ce n'est qu'un pincement de peau qui vous surprend,
Et au silence vous réduit.
Cette lame dentelée, secrète et chantante.
Une fois plantée, elle est à la fois douleur, à la fois bonheur.
Une fois entrée, elle est à la fois douceur, à la fois langueur.
Aussi assure-t-elle, une survie longue et éternelle.
Si ce n'est qu'une fois retirée, le sang n'en finit pas de couler.
Quand amour on perd, blessé on est dans la chair.
La lame maculée, défaite et dégoulinante.
Laissant cicatrices profondes,
Qui mènent parfois à la tombe.
Prenez garde à la lame,
Prenez garde à la femme."
A chanter près du feu, avec un Luth pour seul partenaire, et le silence pour recevoir votre complainte.
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
[...] Le grand homme barbu courait droit devant lui, les bras levés pour se protéger des branches basses qui lui griffaient le visage. La terreur se déversait comme du métal en fusion dans son ventre, abrutissant ses sens et sa raison. Il venait de voir son frère, abattu en un clin d’œil. La mort a un arrière goût d’impossible, jusqu’à ce qu’on la voit frapper à côté de soi. Il courait donc, son souffle n’était plus qu’un sifflement dans sa gorge douloureuse. Ses jambes se faisaient lourdes à mesure que sa course se prolongeait, ses côtes lui faisaient mal à force de grandes respirations. Il s’arrêta finalement, ivre de fatigue, appuyé au tronc le plus proche, le front contre son bras. Il tentait vainement de reprendre sa respiration. Une minute plus tard, il fouillait les alentours indistincts de ses yeux fous d’animal traqué. Il se savait poursuivit, mais par quoi ? C’était un démon, un démon vengeur venu le punir.
Le brigand fit le vide dans son esprit, à grands renforts d’inspirations profondes, et réfléchit. Il fit courir sa main sur le tronc, trouva le côté rassurant couvert de mousse. Il se tourna vers le nord, prenant un moment pour calculer la distance qu’il avait parcourue dans sa fuite. Chaque pensée construite repoussait peu à peu sa peur, lentement mais surement. L’homme conclut qu’il était proche de la tour de la crête, et se tourna vers le nord ouest pour rattraper la route sûre. Rasséréné par sa propre logique, il se mit en marche. C’est alors qu’un craquement sonore le figea sur place.
Aux limites de sa vision, une ombre fugitive. Une fine pellicule de sueur froide lui mouilla le dos, collant en un instant sa chemise de toile à sa peau. Il fit un pas, puis un autre, aux aguets. Rien.
« Un animal, pensa-t-il, ce n’était qu’une bête. »
Il reprit la route, d’une démarche toutefois moins assurée. La nuit semblait l’envelopper dans un manteau ample et lourd, chaud, asphyxiant. Un nouveau craquement semblable arrêta ses pas. Cette fois, il ne venait pas de sa droite comme le précédent, mais plus avant. Un bruissement, ou plutôt un raclement, près de lui, comme une cape qui s’accroche aux brindilles mortes sur le sol. Alors que le barbu, de plus en plus paniqué, reprenait sa route tantôt marchant, tantôt trébuchant, une pensée fatale lui vint à l’esprit, alimentant un peu plus sa peur.
« Ce n’est pas un animal… »
Bien malgré lui, il infléchit sa course, s’éloignant inconsciemment de l’origine des bruits suspects. Nouveau craquement, nouveau sursaut. Mais cette fois, il ne prend plus le temps de tendre l’oreille. Il poursuit sa route, se sentant traqué, et accélère. Les nuages s’écartent alors lentement, dévoilant une demi-lune assez claire pour laisser filtrer à travers les branches dégarnies quelques rais de lumière argentée. Entre les troncs resserrés, il voit évoluer une ombre noire, glissant derrière eux tel un spectre. Les battements de son cœur frappent et résonnent avec force à ses oreilles, l’assurance logique qu’il ressentait plus tôt fit place à une panique irrationnelle. Bravant la fatigue, il allongea le pas, moitié courant, moitié marchant, mais une racine le fit s’étaler de tout son long.
Un souffle chaud sur sa nuque manqua de le faire mourir de peur, mais son instinct de survie prit le dessus. Il bondit sur ses pieds, aussi leste qu’un félin malgré sa corpulence, et s’enfuit rapidement sans réfléchir. Sur ses flancs, l’ombre ne cessait de le harceler. Parfois lointaine, parfois dangereusement proche, ponctuant ses apparitions de droite et de gauche par des craquements retentissants qui faisaient bondir son cœur qui lui martelait la poitrine. Enfin, une lueur apparut au devant de lui. Ce devait être la lanterne d’un patrouilleur ! Le brigand sentit monter en lui une bouffée d’espoir à cette pensée, alors même que son sauveur était quelques minutes plus tôt son pire ennemi. Ignorant une pointe de côté lancinante, il redoubla de vigueur, la lumière grandissant à chaque nouvelle foulée. Bientôt, il rejoignit le petit cercle de clarté…
Du foyer de l’étranger en noir. Il se mourrait lentement. Le corps de son frère gisait tout proche, deux mares de sang, l’une près du flanc, l’autre autour de sa tête comme une couronne, se rejoignaient sur la terre brune. Son regard vide le toisait avec une effrayante neutralité. Un sourd bruissement d’étoffe mit fin à son observation, il se retourna à moitié lorsqu’un choc violent sur sa nuque le plonge dans les ténèbres.
Le barbu s’effondra en avant, manquant de peu de s’étaler dans le brasier, et son ombre vacillante dévoila l’étrange homme en noir, comme un rideau sombre, un voile levé sur un mystère. Ce dernier rengaina la dague qu’il tenait à la main, tournant et retournant son poignet pour chasser l’engourdissement du coup qu’il venait d’asséner à sa victime. Il contourna le corps inanimé, reprit ses affaires, et fouilla un moment dans sa sacoche avant d’en exhiber une corde de crin épaisse. Alors que le feu luttait de plus en plus parmi les cendres, sur les derniers vestiges de bois calciné, il déroula le cordeau, le regard fixé sur le plus âgé des deux détrousseurs…
Le brigand fit le vide dans son esprit, à grands renforts d’inspirations profondes, et réfléchit. Il fit courir sa main sur le tronc, trouva le côté rassurant couvert de mousse. Il se tourna vers le nord, prenant un moment pour calculer la distance qu’il avait parcourue dans sa fuite. Chaque pensée construite repoussait peu à peu sa peur, lentement mais surement. L’homme conclut qu’il était proche de la tour de la crête, et se tourna vers le nord ouest pour rattraper la route sûre. Rasséréné par sa propre logique, il se mit en marche. C’est alors qu’un craquement sonore le figea sur place.
Aux limites de sa vision, une ombre fugitive. Une fine pellicule de sueur froide lui mouilla le dos, collant en un instant sa chemise de toile à sa peau. Il fit un pas, puis un autre, aux aguets. Rien.
« Un animal, pensa-t-il, ce n’était qu’une bête. »
Il reprit la route, d’une démarche toutefois moins assurée. La nuit semblait l’envelopper dans un manteau ample et lourd, chaud, asphyxiant. Un nouveau craquement semblable arrêta ses pas. Cette fois, il ne venait pas de sa droite comme le précédent, mais plus avant. Un bruissement, ou plutôt un raclement, près de lui, comme une cape qui s’accroche aux brindilles mortes sur le sol. Alors que le barbu, de plus en plus paniqué, reprenait sa route tantôt marchant, tantôt trébuchant, une pensée fatale lui vint à l’esprit, alimentant un peu plus sa peur.
« Ce n’est pas un animal… »
Bien malgré lui, il infléchit sa course, s’éloignant inconsciemment de l’origine des bruits suspects. Nouveau craquement, nouveau sursaut. Mais cette fois, il ne prend plus le temps de tendre l’oreille. Il poursuit sa route, se sentant traqué, et accélère. Les nuages s’écartent alors lentement, dévoilant une demi-lune assez claire pour laisser filtrer à travers les branches dégarnies quelques rais de lumière argentée. Entre les troncs resserrés, il voit évoluer une ombre noire, glissant derrière eux tel un spectre. Les battements de son cœur frappent et résonnent avec force à ses oreilles, l’assurance logique qu’il ressentait plus tôt fit place à une panique irrationnelle. Bravant la fatigue, il allongea le pas, moitié courant, moitié marchant, mais une racine le fit s’étaler de tout son long.
Un souffle chaud sur sa nuque manqua de le faire mourir de peur, mais son instinct de survie prit le dessus. Il bondit sur ses pieds, aussi leste qu’un félin malgré sa corpulence, et s’enfuit rapidement sans réfléchir. Sur ses flancs, l’ombre ne cessait de le harceler. Parfois lointaine, parfois dangereusement proche, ponctuant ses apparitions de droite et de gauche par des craquements retentissants qui faisaient bondir son cœur qui lui martelait la poitrine. Enfin, une lueur apparut au devant de lui. Ce devait être la lanterne d’un patrouilleur ! Le brigand sentit monter en lui une bouffée d’espoir à cette pensée, alors même que son sauveur était quelques minutes plus tôt son pire ennemi. Ignorant une pointe de côté lancinante, il redoubla de vigueur, la lumière grandissant à chaque nouvelle foulée. Bientôt, il rejoignit le petit cercle de clarté…
Du foyer de l’étranger en noir. Il se mourrait lentement. Le corps de son frère gisait tout proche, deux mares de sang, l’une près du flanc, l’autre autour de sa tête comme une couronne, se rejoignaient sur la terre brune. Son regard vide le toisait avec une effrayante neutralité. Un sourd bruissement d’étoffe mit fin à son observation, il se retourna à moitié lorsqu’un choc violent sur sa nuque le plonge dans les ténèbres.
Le barbu s’effondra en avant, manquant de peu de s’étaler dans le brasier, et son ombre vacillante dévoila l’étrange homme en noir, comme un rideau sombre, un voile levé sur un mystère. Ce dernier rengaina la dague qu’il tenait à la main, tournant et retournant son poignet pour chasser l’engourdissement du coup qu’il venait d’asséner à sa victime. Il contourna le corps inanimé, reprit ses affaires, et fouilla un moment dans sa sacoche avant d’en exhiber une corde de crin épaisse. Alors que le feu luttait de plus en plus parmi les cendres, sur les derniers vestiges de bois calciné, il déroula le cordeau, le regard fixé sur le plus âgé des deux détrousseurs…
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
"Je ne suis pas, je crois, un homme cruel. Pourtant, je n’adhère en rien à cette idée de ne point céder à de bas instincts comme la vengeance. L’équilibre n’existe pas dans ce monde sans une part de noirceur, en chacun de nous. Pouvons-nous réellement éradiquer le mal par le bien ? J’en doute. Le mal n’est dilué que par un mal encore plus grand. Donnez un ennemi commun à des adversaires, vous les verrez s’unir sous la même bannière. Mais offrez-leur la paix, et ils y trouveront une raison valable pour se battre avec plus d’acharnement. Notre monde est gouverné par les bas instincts. S’y refuser, c’est vivre en aveugle. Y céder, c’est se confondre dans la masse. Les maîtriser, les exacerber et s’en servir, c’est dominer cette masse.
J’ai conscience des deux parties qui composent mon être. J’ai décidé, plutôt que de les séparer, de les confondre sans restriction aucune. Aucune pensée manichéenne ne viendra jamais obscurcir mon jugement, car ni noir ni blanc, je me contente d’une âme grise."
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le brigand émergea doucement des brumes de l’inconscience. Il faisait moins sombre, sa vision était trouble cependant. Puis son corps commença à se réveiller lui aussi, il battit des jambes dans le vide. Ses poignets lui firent inexplicablement mal. Peu à peu, son esprit s’éclaircit, et tous ses souvenirs lui revinrent en mémoire en même temps qu’une douleur sauvage dans son crâne. Il se rendit aussi compte qu’il était suspendu à une branche épaisse, mais basse, d’un arbre proche du camp de l’homme en noir. Ce dernier était accroupi près des braises rougeoyantes et fumantes de son feu. Il taillait un petit couteau, le sien reconnut-il, avec une pierre à aiguiser. Cela devait faire longtemps qu’il œuvrait, car la lame était devenue courbée, comme un petit crochet. Le raclement métallique le berça un instant, manquant de le précipiter de nouveau vers l’inconscience, aussi secoua-t-il la tête, et attira l’attention de son agresseur. Capuche rabattue, il put distinguer son visage à la lumière diffuse de l’aube. Il était jeune, mais plus tout à fait. Peut-être proche de la trentaine, ses cheveux noirs mi-longs encadraient son visage fermé. Des yeux verts profonds, et froids. Un regard calculateur… Non un regard pénétrant, qui vous jauge et vous transperce aussi bien qu’un poignard, souligné par des cernes marquées qui ne devaient rien à la fatigue. Sa bouche mince n’accusait aucun sourire, aucun pincement, entourée d’un bouc naissant plus prononcé vers le menton.
Les deux hommes se dévisagèrent un moment avant que l’assassin ne prenne la parole.
« Quel est ton nom, brigand ?
- Harvald. Harvald Fondepuit, répondit ce dernier.
- Et celui-ci, reprit l’autre en désignant le corps du jeune homme dont les pieds dépassaient d’une couverture.
- Will. Il s’appelait Will. Tu l’as tué, salaud, j’te ferai la peau !
- Inutile de te mettre dans cet état, Harvald Fondepuit. Ton frère a de la chance, plus que toi en tout cas. »
L’homme en noir passa une fois, deux fois la pierre sur la lame, puis en testa le tranchant du pouce. Satisfait, il laissa tomber la pierre à côté de lui, et croisa mollement les mains tenant encore le petit couteau, laissant pendre ses bras entre ses jambes, puis toisa le brigand attaché.
« Connais-tu ce qu’on appelle vulgairement une mort de femme, l’ami ?
L’autre ne répondit pas immédiatement, puis fit signe que non.
- Eh bien c’est une méthode barbare, qu’on infligeait parfois aux violeurs, dans l’ancien temps. Désormais, et surtout aussi près de la ville, ces pratiques sont interdites. Nous vivons après tout dans un monde civilisé.
Tout en parlant, il s’était levé pour s’approcher. Aussi près, le brigand fut tenté de le frapper d’un coup de pied, mais se ravisa.
- Tu ne manques pas d’un certain courage, et même d’une certaine intelligence. Dommage qu’elle soit utilisée à mauvais escient, continua l’assassin.
Harvald attendait avec une patience que seule la résignation peut vous procurer. Il s’attendait à être égorgé lui aussi comme un porc, ou bien pendu. Contre toute attente, l’assassin fit sauter d’un coup de lame le cordon qui attachait ses pantalons, et tira ces derniers d’un coup sec, dénudant le brigand à partir de la ceinture. Il foudroya son bourreau du regard. Nullement gêné, ce dernier poursuivit d’une voix neutre.
- Tu es un voleur. Tu es surement un tueur. En tout cas, tu es un violeur. Et le châtiment pour avoir voulu prendre la virginité d’une femme, c’est une mort de femme. Ce qui est ironique, car ce terme désigne une mort que seuls les hommes peuvent subir.
Brusquement, il empoigna sans vergogne les parties génitales du brigand d'une main, appuya sa lame de l'autre et trancha net dans le vif. Alors que le hurlement inhumain de celui-ci faisait s’envoler les rares oiseaux proches, il laissa retomber sur le sol outil et trophée. Un sang épais coulait entre les jambes de sa victime, et celui-ci sanglotait désespérément en se tortillant dans le vide.
- Une mort de femme, Harvald Fondepuit, c’est châtrer un homme et le laisser saigner à mort. Prie que les animaux te fassent un sort au plus vite, car c’est une mort lente et douloureuse. »
Sur ces dernières paroles. L’assassin récupéra ses affaires, et s’enfonça dans les bois. Aucun des cris du brigand ne le fit se retourner… La journée s’annonçait claire et froide, comme un matin d’hiver ensoleillé.
J’ai conscience des deux parties qui composent mon être. J’ai décidé, plutôt que de les séparer, de les confondre sans restriction aucune. Aucune pensée manichéenne ne viendra jamais obscurcir mon jugement, car ni noir ni blanc, je me contente d’une âme grise."
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le brigand émergea doucement des brumes de l’inconscience. Il faisait moins sombre, sa vision était trouble cependant. Puis son corps commença à se réveiller lui aussi, il battit des jambes dans le vide. Ses poignets lui firent inexplicablement mal. Peu à peu, son esprit s’éclaircit, et tous ses souvenirs lui revinrent en mémoire en même temps qu’une douleur sauvage dans son crâne. Il se rendit aussi compte qu’il était suspendu à une branche épaisse, mais basse, d’un arbre proche du camp de l’homme en noir. Ce dernier était accroupi près des braises rougeoyantes et fumantes de son feu. Il taillait un petit couteau, le sien reconnut-il, avec une pierre à aiguiser. Cela devait faire longtemps qu’il œuvrait, car la lame était devenue courbée, comme un petit crochet. Le raclement métallique le berça un instant, manquant de le précipiter de nouveau vers l’inconscience, aussi secoua-t-il la tête, et attira l’attention de son agresseur. Capuche rabattue, il put distinguer son visage à la lumière diffuse de l’aube. Il était jeune, mais plus tout à fait. Peut-être proche de la trentaine, ses cheveux noirs mi-longs encadraient son visage fermé. Des yeux verts profonds, et froids. Un regard calculateur… Non un regard pénétrant, qui vous jauge et vous transperce aussi bien qu’un poignard, souligné par des cernes marquées qui ne devaient rien à la fatigue. Sa bouche mince n’accusait aucun sourire, aucun pincement, entourée d’un bouc naissant plus prononcé vers le menton.
Les deux hommes se dévisagèrent un moment avant que l’assassin ne prenne la parole.
« Quel est ton nom, brigand ?
- Harvald. Harvald Fondepuit, répondit ce dernier.
- Et celui-ci, reprit l’autre en désignant le corps du jeune homme dont les pieds dépassaient d’une couverture.
- Will. Il s’appelait Will. Tu l’as tué, salaud, j’te ferai la peau !
- Inutile de te mettre dans cet état, Harvald Fondepuit. Ton frère a de la chance, plus que toi en tout cas. »
L’homme en noir passa une fois, deux fois la pierre sur la lame, puis en testa le tranchant du pouce. Satisfait, il laissa tomber la pierre à côté de lui, et croisa mollement les mains tenant encore le petit couteau, laissant pendre ses bras entre ses jambes, puis toisa le brigand attaché.
« Connais-tu ce qu’on appelle vulgairement une mort de femme, l’ami ?
L’autre ne répondit pas immédiatement, puis fit signe que non.
- Eh bien c’est une méthode barbare, qu’on infligeait parfois aux violeurs, dans l’ancien temps. Désormais, et surtout aussi près de la ville, ces pratiques sont interdites. Nous vivons après tout dans un monde civilisé.
Tout en parlant, il s’était levé pour s’approcher. Aussi près, le brigand fut tenté de le frapper d’un coup de pied, mais se ravisa.
- Tu ne manques pas d’un certain courage, et même d’une certaine intelligence. Dommage qu’elle soit utilisée à mauvais escient, continua l’assassin.
Harvald attendait avec une patience que seule la résignation peut vous procurer. Il s’attendait à être égorgé lui aussi comme un porc, ou bien pendu. Contre toute attente, l’assassin fit sauter d’un coup de lame le cordon qui attachait ses pantalons, et tira ces derniers d’un coup sec, dénudant le brigand à partir de la ceinture. Il foudroya son bourreau du regard. Nullement gêné, ce dernier poursuivit d’une voix neutre.
- Tu es un voleur. Tu es surement un tueur. En tout cas, tu es un violeur. Et le châtiment pour avoir voulu prendre la virginité d’une femme, c’est une mort de femme. Ce qui est ironique, car ce terme désigne une mort que seuls les hommes peuvent subir.
Brusquement, il empoigna sans vergogne les parties génitales du brigand d'une main, appuya sa lame de l'autre et trancha net dans le vif. Alors que le hurlement inhumain de celui-ci faisait s’envoler les rares oiseaux proches, il laissa retomber sur le sol outil et trophée. Un sang épais coulait entre les jambes de sa victime, et celui-ci sanglotait désespérément en se tortillant dans le vide.
- Une mort de femme, Harvald Fondepuit, c’est châtrer un homme et le laisser saigner à mort. Prie que les animaux te fassent un sort au plus vite, car c’est une mort lente et douloureuse. »
Sur ces dernières paroles. L’assassin récupéra ses affaires, et s’enfonça dans les bois. Aucun des cris du brigand ne le fit se retourner… La journée s’annonçait claire et froide, comme un matin d’hiver ensoleillé.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« L’innocence… C’est la première chose que nous perdons dans notre quête d’être humain. Qui peut se targuer aujourd’hui d’être innocent ? L’enfant, peut-être. Bien que certains enfants soient très cruels dans leurs jeux, ils ne sont victimes que de mauvais modèles. La portée de leur geste ne les atteint pas encore. Leur seule motivation est l’amusement, la satisfaction de leurs exemples en reproduisant leurs actions. A ceci près qu’ils n’ont qu’une conscience limitée du bien et du mal.
Rien ne change avec l’âge. La cruauté gagne simplement en subtilité. Les gens continuent à se fier à de grands modèles, à faire de l’ennemi commun leur ennemi, sans réfléchir. De l’amusement, ils passent au contentement. De la satisfaction de leurs modèles, ils passent à la reconnaissance. Mais ils ont maintenant conscience du bien comme du mal.
Est-ce que le fermier est innocent lorsqu’il est tué par le soldat du seigneur rival de son comté ? Oui, il n’a rien demandé. Il n’avait pas d’armes. Il était sans défense. Non, car son blé a nourrit le soldat qui a tué le paysan du comté d’à côté, qui n’avait rien demandé et n’avait pas d’armes, était sans défense.
Est-ce que le fermier est innocent parce qu’il ne fait que payer l’impôt, est contraint par son seigneur de nourrir les soldats ? Oui car il ne peut pas se défendre, parce qu’en échange, les soldats et son seigneur le protègent. Non parce que la peur de son bienfaiteur distille son courage et son jugement, légitimant toute action néfaste dans une sorte de symbiose malsaine. On appelle cela un cercle vicieux.
L’innocent est la victime d’un mal qu’il n’a rien fait pour engendrer. Qui, de nos jours, peut se proclamer innocent ? Nous sommes les propres destructeurs de celle-ci. Nous encourageons sa perte, en proférant bien haut notre désir ardent de la protéger. Prenons les armes, protégeons la veuve et l’orphelin. Ne prononcez pas le mot profit, intérêt, cupidité. Le masque de l’innocence est bien plus agréable à regarder que le visage de l’égoïste humanité.
Je plaide coupable, je tue des coupables qui sont innocents. Car je suis un mal bien trop grand pour qu’ils aient la prétention de m’avoir engendré. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
La nuit est bien bruyante, dans les Paluns. Aussi le martèlement régulier d’un cheval au pas semble passer tout à fait inaperçu dans cette cacophonie. Croassements, hululements, cris d’animaux sauvages, remous des tourbières, et vrombissement sans fin des insectes. Ces derniers ne prennent pas de repos une fois le soleil couché, bien au contraire. Une myriade de mouches, toutes plus colorées les unes que les autres forment une aura grouillante autour de la tête du cavalier comme de sa monture. Teovan avait d’abord commencé par les chasser de la main, puis devant cette croisade impossible, avait renoncé. Sa monture, quant à elle, ne semblait pas trop incommodée. Parfois, un ample mouvement de tête, ou le battement d’une oreille, suffisait à éloigner les insectes pour un bref moment de répit. L’humidité de cette contrée rendait sa cape de voyage inconfortable, amenant transpiration, et collant sa belle chemise à sa peau. Mais sitôt enlevée, l’humidité se révélait également bonne conductrice du froid nocturne. Pestant contre cette région inhospitalière, l’homme resserra les pans de sa cape, préférant la transpiration à la pneumonie d’hiver.
Malgré le monde et une rencontre fortuite, la soirée n’avait été guère productive. Encore du temps de perdu. Toutefois, cette communauté naissante à Menethil était à surveiller de près. Tout groupe un tant soit peu autonome et neutre pouvait se révéler un allier et une cachette précieuse. Tout en réfléchissant, il talonna sa monture qui renâcla pour toute réponse.
« Allons, mon grand, je n’ai pas envie de passer toute la journée de demain dehors et toi non plus. »
Il donna une nouvelle fois l’injonction à son destrier d’allonger le pas, et cette fois il se mit à trotter avec réticence. Teovan jeta un coup d’œil au ciel, puis à la route sinueuse qui s’allongeait devant lui. Elle serpentait entre les tourbières, dans cette cuvette à fond plat qu’était le coin. Il renifla, puis fronça le nez. L’odeur ambiante était un subtil mélange de boue, d’algues et de décomposition. Il n’atteindrait pas Dun Morogh avant le matin, et probablement Forgefer un peu avant la mi-journée. La pensée de cette ville aux chauds brasiers lui redonna un peu de vigueur. Il se laissa aller au train de sa monture, savourant le plaisir simple de sa chevauchée. Rentrer par la terre n’avait rien d’un choix enviable, mais il savait que ce moment de paix allant de pair avec la solitude risquait de se faire rare dans les temps à venir… Pensif, il se remémora les derniers instants de sa soirée.
« A joli fourreau, jolie lame, murmura-t-il. Et à fourreau solide, lame fragile… »
Le cavalier fredonna une chanson au rythme de sa progression, la nature grouillante lui fournissait la musique. Au loin se profilaient les montagnes…
Rien ne change avec l’âge. La cruauté gagne simplement en subtilité. Les gens continuent à se fier à de grands modèles, à faire de l’ennemi commun leur ennemi, sans réfléchir. De l’amusement, ils passent au contentement. De la satisfaction de leurs modèles, ils passent à la reconnaissance. Mais ils ont maintenant conscience du bien comme du mal.
Est-ce que le fermier est innocent lorsqu’il est tué par le soldat du seigneur rival de son comté ? Oui, il n’a rien demandé. Il n’avait pas d’armes. Il était sans défense. Non, car son blé a nourrit le soldat qui a tué le paysan du comté d’à côté, qui n’avait rien demandé et n’avait pas d’armes, était sans défense.
Est-ce que le fermier est innocent parce qu’il ne fait que payer l’impôt, est contraint par son seigneur de nourrir les soldats ? Oui car il ne peut pas se défendre, parce qu’en échange, les soldats et son seigneur le protègent. Non parce que la peur de son bienfaiteur distille son courage et son jugement, légitimant toute action néfaste dans une sorte de symbiose malsaine. On appelle cela un cercle vicieux.
L’innocent est la victime d’un mal qu’il n’a rien fait pour engendrer. Qui, de nos jours, peut se proclamer innocent ? Nous sommes les propres destructeurs de celle-ci. Nous encourageons sa perte, en proférant bien haut notre désir ardent de la protéger. Prenons les armes, protégeons la veuve et l’orphelin. Ne prononcez pas le mot profit, intérêt, cupidité. Le masque de l’innocence est bien plus agréable à regarder que le visage de l’égoïste humanité.
Je plaide coupable, je tue des coupables qui sont innocents. Car je suis un mal bien trop grand pour qu’ils aient la prétention de m’avoir engendré. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
La nuit est bien bruyante, dans les Paluns. Aussi le martèlement régulier d’un cheval au pas semble passer tout à fait inaperçu dans cette cacophonie. Croassements, hululements, cris d’animaux sauvages, remous des tourbières, et vrombissement sans fin des insectes. Ces derniers ne prennent pas de repos une fois le soleil couché, bien au contraire. Une myriade de mouches, toutes plus colorées les unes que les autres forment une aura grouillante autour de la tête du cavalier comme de sa monture. Teovan avait d’abord commencé par les chasser de la main, puis devant cette croisade impossible, avait renoncé. Sa monture, quant à elle, ne semblait pas trop incommodée. Parfois, un ample mouvement de tête, ou le battement d’une oreille, suffisait à éloigner les insectes pour un bref moment de répit. L’humidité de cette contrée rendait sa cape de voyage inconfortable, amenant transpiration, et collant sa belle chemise à sa peau. Mais sitôt enlevée, l’humidité se révélait également bonne conductrice du froid nocturne. Pestant contre cette région inhospitalière, l’homme resserra les pans de sa cape, préférant la transpiration à la pneumonie d’hiver.
Malgré le monde et une rencontre fortuite, la soirée n’avait été guère productive. Encore du temps de perdu. Toutefois, cette communauté naissante à Menethil était à surveiller de près. Tout groupe un tant soit peu autonome et neutre pouvait se révéler un allier et une cachette précieuse. Tout en réfléchissant, il talonna sa monture qui renâcla pour toute réponse.
« Allons, mon grand, je n’ai pas envie de passer toute la journée de demain dehors et toi non plus. »
Il donna une nouvelle fois l’injonction à son destrier d’allonger le pas, et cette fois il se mit à trotter avec réticence. Teovan jeta un coup d’œil au ciel, puis à la route sinueuse qui s’allongeait devant lui. Elle serpentait entre les tourbières, dans cette cuvette à fond plat qu’était le coin. Il renifla, puis fronça le nez. L’odeur ambiante était un subtil mélange de boue, d’algues et de décomposition. Il n’atteindrait pas Dun Morogh avant le matin, et probablement Forgefer un peu avant la mi-journée. La pensée de cette ville aux chauds brasiers lui redonna un peu de vigueur. Il se laissa aller au train de sa monture, savourant le plaisir simple de sa chevauchée. Rentrer par la terre n’avait rien d’un choix enviable, mais il savait que ce moment de paix allant de pair avec la solitude risquait de se faire rare dans les temps à venir… Pensif, il se remémora les derniers instants de sa soirée.
« A joli fourreau, jolie lame, murmura-t-il. Et à fourreau solide, lame fragile… »
Le cavalier fredonna une chanson au rythme de sa progression, la nature grouillante lui fournissait la musique. Au loin se profilaient les montagnes…
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Lorsque je mourrai, je veux que tout le monde me voie tomber. Je ne veux pas mourir en restant anonyme. On célèbre les hommes tombés au combat comme des héros car leur mort est inutile, alors on cherche désespérément à lui trouver une raison. On oublie les morts utiles, car leur mort a été justifiée.
Mais la fin du livre est-elle importante ? N’est-ce pas l’histoire qui devrait être célébrée, non la fin ? Le dernier mort d’une légende nous laisse-t-il un souvenir impérissable ou bien est-ce la légende en elle-même ?
Je vois le monde comme un océan infini où tout le monde fini par se noyer… Les corps flottent, en une surface compacte. Et moi, je surnage, contre le courant et les éléments, à sa surface. Quelle fatalité de me dire que je vais moi aussi me noyer. Mais du moins aurais-je essayé de nager. Alors, peut-être croiserai-je d’autres nageurs… Et ma noyade leur donnera un surcroit de force pour ne pas connaître le même destin.
Ainsi nageront-ils un moment de plus… Il y a toujours quelqu’un pour lutter. Je veux qu’on me voie sombrer, pour que la lutte ne finisse jamais. La légende perdure bien au-delà de la fin. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Emmitouflé dans sa couverture, un peu à l’écart, Teovan regardait les feux du camp se consumer. Chacun se reflétait dans son regard, comme les dizaines de pensées qui traversaient son esprit. Un léger vent s’était levé, charriant les odeurs nauséabondes des Maleterres, auxquelles s’ajoutaient celles de la bataille. Heureusement, comme il l’avait prévu, les buissons alentours coupaient le vent, où il s’était réfugié avec Elle.
Il jeta un coup d’œil sur sa silhouette endormie, et se surprit à la regarder un peu trop longtemps pour une simple vérification de son état. Il secoua la tête, et contempla de nouveau le camp. Il songea que la vie est un perpétuel recommencement. Non des réussites, car les réussites étaient des acquis, mais des erreurs, avec différentes façon de les traiter. Après avoir renoncé à son statut de paladin, le revoilà à patauger dans la boue, au milieu d’une bataille qui ne le concernait pas. Après tous ces efforts pour se distinguer, et s’isoler du monde, le voilà qui replongeait profondément. C’était décidé, demain, il abandonnerait son armure au profit d’une tenue plus seyante. Il avait assez bravé la mort pour des actes insensés… Pourquoi sauver ceux qui vont au devant de leur fin ? C’est leur refuser le destin qu’ils se sont choisis…
Teovan se sentait le cœur bien faible et bien tendre ce soir. Un arrière goût amer de nostalgie imprégna son être aussi surement que la nuit enfermait le monde dans l’obscurité. Alors qu’il cherchait les inexplicables raisons de cet excès de faiblesse, il fut distrait par les mouvements de sa compagne d’infortune, qui remuait légèrement dans son sommeil. Il se refusa à la conclusion pourtant la plus vraisemblable qui lui venait à l’esprit. Il fut un temps, pourtant pas si lointain, où toutes ces pensées n’auraient jamais tenu le sommeil loin de lui. Il fut un temps où il se serait réjouit de telles conclusions au lieu de les redouter.
Demain, la journée sera difficile.
Mais la fin du livre est-elle importante ? N’est-ce pas l’histoire qui devrait être célébrée, non la fin ? Le dernier mort d’une légende nous laisse-t-il un souvenir impérissable ou bien est-ce la légende en elle-même ?
Je vois le monde comme un océan infini où tout le monde fini par se noyer… Les corps flottent, en une surface compacte. Et moi, je surnage, contre le courant et les éléments, à sa surface. Quelle fatalité de me dire que je vais moi aussi me noyer. Mais du moins aurais-je essayé de nager. Alors, peut-être croiserai-je d’autres nageurs… Et ma noyade leur donnera un surcroit de force pour ne pas connaître le même destin.
Ainsi nageront-ils un moment de plus… Il y a toujours quelqu’un pour lutter. Je veux qu’on me voie sombrer, pour que la lutte ne finisse jamais. La légende perdure bien au-delà de la fin. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Emmitouflé dans sa couverture, un peu à l’écart, Teovan regardait les feux du camp se consumer. Chacun se reflétait dans son regard, comme les dizaines de pensées qui traversaient son esprit. Un léger vent s’était levé, charriant les odeurs nauséabondes des Maleterres, auxquelles s’ajoutaient celles de la bataille. Heureusement, comme il l’avait prévu, les buissons alentours coupaient le vent, où il s’était réfugié avec Elle.
Il jeta un coup d’œil sur sa silhouette endormie, et se surprit à la regarder un peu trop longtemps pour une simple vérification de son état. Il secoua la tête, et contempla de nouveau le camp. Il songea que la vie est un perpétuel recommencement. Non des réussites, car les réussites étaient des acquis, mais des erreurs, avec différentes façon de les traiter. Après avoir renoncé à son statut de paladin, le revoilà à patauger dans la boue, au milieu d’une bataille qui ne le concernait pas. Après tous ces efforts pour se distinguer, et s’isoler du monde, le voilà qui replongeait profondément. C’était décidé, demain, il abandonnerait son armure au profit d’une tenue plus seyante. Il avait assez bravé la mort pour des actes insensés… Pourquoi sauver ceux qui vont au devant de leur fin ? C’est leur refuser le destin qu’ils se sont choisis…
Teovan se sentait le cœur bien faible et bien tendre ce soir. Un arrière goût amer de nostalgie imprégna son être aussi surement que la nuit enfermait le monde dans l’obscurité. Alors qu’il cherchait les inexplicables raisons de cet excès de faiblesse, il fut distrait par les mouvements de sa compagne d’infortune, qui remuait légèrement dans son sommeil. Il se refusa à la conclusion pourtant la plus vraisemblable qui lui venait à l’esprit. Il fut un temps, pourtant pas si lointain, où toutes ces pensées n’auraient jamais tenu le sommeil loin de lui. Il fut un temps où il se serait réjouit de telles conclusions au lieu de les redouter.
Demain, la journée sera difficile.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
Aujourd’hui j’ai pensé à la justice. Qu’est-elle sinon une notion bien différente de celle à laquelle on s’attend toujours ?
La justice est un mot plein d’espoir, un mot plein de promesses. L’opprimé réclame justice, le bienfaiteur la dispense. Si seulement c’était toujours le cas. Bien souvent, la justice est le nom acceptable donné à la vengeance. C’est aussi au nom de la justice que sont perpétrés des massacres. C’est l’excuse suprême, celle servie à tous les crédules assoiffés d’une cause… Juste.
Comment peut-on dispenser une notion si abstraite ? Dans une bataille, chaque camp est persuadé de combattre pour la justice. Chacun est prêt à donner sa vie pour la cause. La justice se targue d’être impartiale, pourtant elle repose sur une base de foi. La foi n’est pas impartiale…
L’ennemi que vous abattez au nom de la justice a-t-il un sens du devoir moindre que le vôtre ? Son sens du mot justice était-il, au fond, si différent que le vôtre ? Juste, intègre, impartial… Tant de mots qui ramènent à l’équilibre, telle la balance souvent représentée. L’équilibre du monde n’est-il pourtant pas naturel ? En quoi la main de l’homme peut-elle établir un équilibre ancestral qu’elle ne peut comprendre ? Quelle prétention…
Nul ne peut administrer une justice impartiale. Personne n’est désintéressé, personne n’est assez détaché des bas instincts qui sont les nôtres, et assez attachés aux valeurs que nous cherchons sans cesse à suivre.
Je ne veux pas de justice… Je ne veux pas d’impartialité… Je défends ce en quoi je crois, et si mes croyances ne sont pas celles d’un monde juste comme l’entendent les seigneurs de ce monde… Je préfère un monde injuste et sincère qu’un monde juste et mensonger.
Les héros, comme la justice, appartiennent aux contes. J’ai cru pouvoir leur ressembler un jour… Mais la réalité est toute autre. Je ne suis pas un héros… Je suis bien plus. Je suis un homme libre. Et la justice des mortels n’a aucune prise sur la liberté de l’esprit.
Teovan Rhoryn.
Troisième jour d’un siège interminable. Des hommes meurent en nombre… C’est un curieux contingent de combattants qui avance, coiffé de bannières diverses claquant au vent. Et au devant, le rouge est de mise, qu’il soit de sang ou d’étendard… Couleur de la colère et de l’agonie lente des résistants de la Croisade Ecarlate, qui fait toujours face aux assauts concentrés des chevaliers, des magiciens, des morts-vivants, des machines de siège.
Sur la première ligne, les soldats se préparent à l’ultime bataille, tandis que les chefs galvanisent leurs troupes de part et d’autre. Le massacre est à venir, et bien avant la soif de sang, c’est la peur qui se répand dans les rangs. A l’écart, un soldat en armure d’un rouge sombre se prépare. Près de là, un bouclier poli lui renvoi son image floue…
Comme dans un rêve éveillé, l’homme se voit des années plus tôt, dans les mêmes conditions, sur le front. A l’époque, tout était si différent. Une bataille, un ennemi, un but… Aujourd’hui, tout est si confus.
« Me serais-je laissé aller à espérer redevenir ce que j’étais ? » songe-t-il tout haut.
Lentement, il ôte son casque, qu’il laisse tomber près de lui. Il défait une à une les sangles de sa lourde armure, dont les plaques finissent par se détacher de son corps. La carapace tombe, ainsi que sa détermination. L’extérieur se brise en morceaux de métal qui, s’ils symbolisaient une protection agencés ensembles, ne sont plus qu’un amas informe sur le sol. Une conviction brisée.
Le poids qui pesait sur ses épaules s’enfuit, de même que le poids qui pesait sur son âme.
« Je ne puis user de la légitimités d’autres pour assumer mes actes… Je reste mon propre maître… »
Sur ces paroles, il laisse sur le champ de bataille l’intégralité de ses biens. Un coup bien plus violent que tous les autres reçus, assez violent pour faire voler en éclat une volonté. Avec pour seul témoin ces restes, les restes de l’ombre d’un homme qui fut jadis...
« Quels que soient les cris ou le silence, le jour ou la nuit, soit le murmure qui récite à mi-voix la vérité… »
Avant que le fracas des armes ne résonne, il était déjà loin.
La justice est un mot plein d’espoir, un mot plein de promesses. L’opprimé réclame justice, le bienfaiteur la dispense. Si seulement c’était toujours le cas. Bien souvent, la justice est le nom acceptable donné à la vengeance. C’est aussi au nom de la justice que sont perpétrés des massacres. C’est l’excuse suprême, celle servie à tous les crédules assoiffés d’une cause… Juste.
Comment peut-on dispenser une notion si abstraite ? Dans une bataille, chaque camp est persuadé de combattre pour la justice. Chacun est prêt à donner sa vie pour la cause. La justice se targue d’être impartiale, pourtant elle repose sur une base de foi. La foi n’est pas impartiale…
L’ennemi que vous abattez au nom de la justice a-t-il un sens du devoir moindre que le vôtre ? Son sens du mot justice était-il, au fond, si différent que le vôtre ? Juste, intègre, impartial… Tant de mots qui ramènent à l’équilibre, telle la balance souvent représentée. L’équilibre du monde n’est-il pourtant pas naturel ? En quoi la main de l’homme peut-elle établir un équilibre ancestral qu’elle ne peut comprendre ? Quelle prétention…
Nul ne peut administrer une justice impartiale. Personne n’est désintéressé, personne n’est assez détaché des bas instincts qui sont les nôtres, et assez attachés aux valeurs que nous cherchons sans cesse à suivre.
Je ne veux pas de justice… Je ne veux pas d’impartialité… Je défends ce en quoi je crois, et si mes croyances ne sont pas celles d’un monde juste comme l’entendent les seigneurs de ce monde… Je préfère un monde injuste et sincère qu’un monde juste et mensonger.
Les héros, comme la justice, appartiennent aux contes. J’ai cru pouvoir leur ressembler un jour… Mais la réalité est toute autre. Je ne suis pas un héros… Je suis bien plus. Je suis un homme libre. Et la justice des mortels n’a aucune prise sur la liberté de l’esprit.
Teovan Rhoryn.
Troisième jour d’un siège interminable. Des hommes meurent en nombre… C’est un curieux contingent de combattants qui avance, coiffé de bannières diverses claquant au vent. Et au devant, le rouge est de mise, qu’il soit de sang ou d’étendard… Couleur de la colère et de l’agonie lente des résistants de la Croisade Ecarlate, qui fait toujours face aux assauts concentrés des chevaliers, des magiciens, des morts-vivants, des machines de siège.
Sur la première ligne, les soldats se préparent à l’ultime bataille, tandis que les chefs galvanisent leurs troupes de part et d’autre. Le massacre est à venir, et bien avant la soif de sang, c’est la peur qui se répand dans les rangs. A l’écart, un soldat en armure d’un rouge sombre se prépare. Près de là, un bouclier poli lui renvoi son image floue…
Comme dans un rêve éveillé, l’homme se voit des années plus tôt, dans les mêmes conditions, sur le front. A l’époque, tout était si différent. Une bataille, un ennemi, un but… Aujourd’hui, tout est si confus.
« Me serais-je laissé aller à espérer redevenir ce que j’étais ? » songe-t-il tout haut.
Lentement, il ôte son casque, qu’il laisse tomber près de lui. Il défait une à une les sangles de sa lourde armure, dont les plaques finissent par se détacher de son corps. La carapace tombe, ainsi que sa détermination. L’extérieur se brise en morceaux de métal qui, s’ils symbolisaient une protection agencés ensembles, ne sont plus qu’un amas informe sur le sol. Une conviction brisée.
Le poids qui pesait sur ses épaules s’enfuit, de même que le poids qui pesait sur son âme.
« Je ne puis user de la légitimités d’autres pour assumer mes actes… Je reste mon propre maître… »
Sur ces paroles, il laisse sur le champ de bataille l’intégralité de ses biens. Un coup bien plus violent que tous les autres reçus, assez violent pour faire voler en éclat une volonté. Avec pour seul témoin ces restes, les restes de l’ombre d’un homme qui fut jadis...
« Quels que soient les cris ou le silence, le jour ou la nuit, soit le murmure qui récite à mi-voix la vérité… »
Avant que le fracas des armes ne résonne, il était déjà loin.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
Confrontation... Opposés... Une vie entière passée à se battre. Combattre, c'est refuser de donner, refuser de recevoir. Je suis un si mauvais combattant, finalement, alors j'ai tout donné en me haïssant de désirer avec tant d'ardeur de recevoir...
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Je suis nu, dans une pièce nue. Même la lumière, tamisée et crue, semble me déshabiller plus que cette situation. Je ne me sens pourtant ni gêné, ni déplacé dans cet endroit... J'ai l'impression d'être chez moi. Alors que je prends à peine conscience de moi-même, comme de mon environnement, voici qu'on me fait face.
Un homme, plutôt une chose à première vue. Toute vêtue de fer, sans aucun signe humain apparent. Une armure vide, mais dont la solidité apparente décourage toute tentative de vérification... Les trous noirs destinés aux yeux me donnent l'impression de deux puits sans fond, vastes et vertigineux... La même lumière qui semblait me transcender, se reflète en mille endroits différents sur les plaques de métal, renvoyée aussi brutalement qu'elle éclaire. Comme si cette armure semblait refuser toute clarté... Alors pour lui faire défaut, elle utilise et renvoi cette même lumière, dans une sorte de défi... Elle brille tant, sinon plus.
Soudain, une souffle rauque se fait entendre, et une légère brume blanche se dégage du casque de l'armure. Elle respire. Elle est donc vivante. Ce simple geste me fait prendre conscience immédiatement du froid qui règne... L'air est sec, et malgré le froid, je transpire abondamment. Une sueur âcre, piquante. Une sueur de peur. Je frissonne. Tout mon corps se met à irradier des signaux caractéristiques d'un danger imminent. Mon pouls s'accélère, ma respiration est saccadée, prête à alimenter les muscles, tendus dans l'attente d'un mouvement brutal et désespéré.
Tout est immobile. L'instant fatal se fait attendre. Nous nous regardons, lui dans le blanc, moi dans le noir, de nos yeux respectifs. L'incompréhension doit régner des deux côtés... J'ai pourtant un doute. Un doute suffit, il suffit toujours, comme la chute d'une simple pierre provoquant une avalanche. Et le doute finit toujours par tuer, car l'ensevelissement, l'échéance, est fatale. L'instinct, lui, ne trompe pas.
Une goutte de sueur coule de mon front, parcourt rapidement l'arrête de mon nez, hésite en fin de course, et enfin chute dans le vide. La descente semble durer une éternité, et je surveille cette course image par image, jusqu'à ce que cette sphère transparente atteigne le sol, éclate en un soleil translucide, sans un bruit... Le sol paraît presque onduler, perturbé par ce mouvement, alors que tout était figé l'instant précédent... C'est ce mouvement qui déclenche tout.
L'armure lève le bras à une vitesse effrayante pour une telle masse, la main gantelée maintenant armée d'une lame aussi longue qu'épaisse... Tout à fait capable de me couper en deux d'une seule fois. La peur me coupe souffle, réaction, et réflexion... Dans ma tête défilent mille manières dont cette lame pourrait me tuer. Je souffre déjà de mille manières de mourir, alors même que je suis vivant, sain et sauf... Je ferme les yeux, attendant l'instant fatidique... Ma tête alors se vide. La réaction réside dans l'absence de réaction. La réflexion dans l'absence de réflexion. Je m'écarte, sens l'air se déplacer tout près de moi, et ce souffle semble redonner de l'ardeur au mien. Plus de peur... Mes yeux s'ouvrent, mes pupilles s'étrécissent, il n'y a plus rien. Mon poing se ferme, ferme et dur, il dure jusqu'à entrer en contact avec mon ennemi. C'est froid. Solide. Et surtout douloureux. Mes phalanges s'écrasent contre le métal, et ma propre force m'est renvoyée, mon assaut balayé... Avec la douleur, la peur revient au galop, chassez le naturel...
Je suis balayé une fois de plus, mais cette fois physiquement, comme une mouche gênant, par ce bras d'acier, à la force toute similaire... Je décolle, avec encore cette sensation que le temps s'allonge, puis je percute moi aussi le sol... Toutefois moins gracieusement que cette goutte de sueur. J'ai mal... Mon dos me fait l'impression d'éclater, mon souffle se coupe de nouveau sous le choc. Tout cela résonne dans ma tête et me prive de toute réflexion...
Je cligne des yeux, tente de reprendre mes esprits... Chaque battement de paupière agit comme si je voulais découper la scène, l'armure se représente à moi avec chacun de ses gestes décomposé... Le prochain assaut est imminent. Je trempe alors ma volonté brisée, comme le plus habile des forgerons, dans une haine brûlante qui ravive mes forces, puis dans une colère froide qui aiguise tous mes sens. Moi aussi je suis fait d'un métal qui ne se brise pas facilement. Il suffit simplement que je sois dans mon élément... Ma main se referme sur quelque chose de dur, mais familier. Je n'ai aucune surprise en empoignant fermement cette arme, mon arme, mon élément... La garde se loge dans ma paume comme une amante se logerait contre un homme, familière, aimante, apaisante... Mon bras se lève de lui-même, ma main gauche vient appuyer fraternellement sa sœur de droite, comme en signe d'assentiment.
L'armure charge, je n'ai pas peur, j'ai tout mon temps. Mes bras se détendent doucement, il faut ménager l'effort... Je brandis alors mon arme, et l'abat presque aussi soudainement... La lame siffle, indifférente à la mort qu'elle va provoquer. Je sens l'acier céder aussi simplement qu'une feuille de papier. Sans même m'arrêter, mon geste s'inverse une nouvelle fois, comme un serpent qui recule pour frapper. Nouvel assaut, l'estoc mord sang et fer... S'abreuve. Encore, encore, et encore... Ma main ne tremble pas. Mon œil ne dérive pas. Je n'ai même pas besoin de savoir que j'ai touché ma cible. Je sais que je l'ai tuée. Personne ne survit à un tel assaut. La danse de mort s'est arrêtée aussi soudainement qu'elle a commencé, tout mon corps est tendu, véritable extension de chair de la lame de mon épée, plongée profondément de la poitrine de ce monstre.
Je relâche la pression, le monstre s'est arrêté net dans sa charge, il est presque surpris, je crois... D'une torsion de poignet, je fouille une nouvelle fois sa chair, et tout en retirant la lame poisseuse de sang, je le repousse du pied.
Alors, j'ai comme un flash. Je me vois soudain nu et blessé. Je baisse les yeux pour constater cette réalité. Cinq entailles rouges sur mon corps, dont s'échappe à gros bouillon mon propre sang. Dans mon dos je sens s'écouler ma vie de la même façon. Je suffoque, ce qui a pour effet de provoquer un gargouillement sinistre de mes poumons à moitié noyés... L'air me manque, dans une telle hilarité... Je tombe à genoux car la faiblesse me gagne déjà... Mon estomac se tord... Mon ventre me fait mal, à force de spasmes... Est-ce que je me moque de la mort ? Je ne peux que succomber... A l'ironie de cette situation... Ce qu'il a l'air faible.
Devant moi s'étale un corps qui me ressemble, complètement dénudé, agonisant... Et même déjà mort. Son regard qui exprimait la surprise une seconde plus tôt, est maintenant vide. Recroquevillé dans une position grotesques qui consistait en une piètre tentative de survivre, alors que la décence aurait été de constater la fatale vérité, et de mourir au moins dignement. Je balaye de ma cuirasse les petites gouttes de sang qui ont éclaboussé son lustre... Quelques-unes d'entre elles tombent sur le sol, et forment plusieurs soleils rouges, comme si elles voulaient créer quelque chose de beau dans l'atrocité de cette situation.
Avant d'écarter cette masse de chair informe et dégoûtante...
"Bravo, tu as gagné."
Le réveil est brutal. En sursaut. La seconde suivante, les cloches de la cathédrale résonnent, presque assourdissantes alors que j'attendais un calme réparateur pour me remettre de mes émotions. La main que je tends vers le bord du lit pour me redresser tremble, et glisse plusieurs fois avant de trouver une prise... Un jour de plus à vivre, une nuit de plus à oublier...
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Je suis nu, dans une pièce nue. Même la lumière, tamisée et crue, semble me déshabiller plus que cette situation. Je ne me sens pourtant ni gêné, ni déplacé dans cet endroit... J'ai l'impression d'être chez moi. Alors que je prends à peine conscience de moi-même, comme de mon environnement, voici qu'on me fait face.
Un homme, plutôt une chose à première vue. Toute vêtue de fer, sans aucun signe humain apparent. Une armure vide, mais dont la solidité apparente décourage toute tentative de vérification... Les trous noirs destinés aux yeux me donnent l'impression de deux puits sans fond, vastes et vertigineux... La même lumière qui semblait me transcender, se reflète en mille endroits différents sur les plaques de métal, renvoyée aussi brutalement qu'elle éclaire. Comme si cette armure semblait refuser toute clarté... Alors pour lui faire défaut, elle utilise et renvoi cette même lumière, dans une sorte de défi... Elle brille tant, sinon plus.
Soudain, une souffle rauque se fait entendre, et une légère brume blanche se dégage du casque de l'armure. Elle respire. Elle est donc vivante. Ce simple geste me fait prendre conscience immédiatement du froid qui règne... L'air est sec, et malgré le froid, je transpire abondamment. Une sueur âcre, piquante. Une sueur de peur. Je frissonne. Tout mon corps se met à irradier des signaux caractéristiques d'un danger imminent. Mon pouls s'accélère, ma respiration est saccadée, prête à alimenter les muscles, tendus dans l'attente d'un mouvement brutal et désespéré.
Tout est immobile. L'instant fatal se fait attendre. Nous nous regardons, lui dans le blanc, moi dans le noir, de nos yeux respectifs. L'incompréhension doit régner des deux côtés... J'ai pourtant un doute. Un doute suffit, il suffit toujours, comme la chute d'une simple pierre provoquant une avalanche. Et le doute finit toujours par tuer, car l'ensevelissement, l'échéance, est fatale. L'instinct, lui, ne trompe pas.
Une goutte de sueur coule de mon front, parcourt rapidement l'arrête de mon nez, hésite en fin de course, et enfin chute dans le vide. La descente semble durer une éternité, et je surveille cette course image par image, jusqu'à ce que cette sphère transparente atteigne le sol, éclate en un soleil translucide, sans un bruit... Le sol paraît presque onduler, perturbé par ce mouvement, alors que tout était figé l'instant précédent... C'est ce mouvement qui déclenche tout.
L'armure lève le bras à une vitesse effrayante pour une telle masse, la main gantelée maintenant armée d'une lame aussi longue qu'épaisse... Tout à fait capable de me couper en deux d'une seule fois. La peur me coupe souffle, réaction, et réflexion... Dans ma tête défilent mille manières dont cette lame pourrait me tuer. Je souffre déjà de mille manières de mourir, alors même que je suis vivant, sain et sauf... Je ferme les yeux, attendant l'instant fatidique... Ma tête alors se vide. La réaction réside dans l'absence de réaction. La réflexion dans l'absence de réflexion. Je m'écarte, sens l'air se déplacer tout près de moi, et ce souffle semble redonner de l'ardeur au mien. Plus de peur... Mes yeux s'ouvrent, mes pupilles s'étrécissent, il n'y a plus rien. Mon poing se ferme, ferme et dur, il dure jusqu'à entrer en contact avec mon ennemi. C'est froid. Solide. Et surtout douloureux. Mes phalanges s'écrasent contre le métal, et ma propre force m'est renvoyée, mon assaut balayé... Avec la douleur, la peur revient au galop, chassez le naturel...
Je suis balayé une fois de plus, mais cette fois physiquement, comme une mouche gênant, par ce bras d'acier, à la force toute similaire... Je décolle, avec encore cette sensation que le temps s'allonge, puis je percute moi aussi le sol... Toutefois moins gracieusement que cette goutte de sueur. J'ai mal... Mon dos me fait l'impression d'éclater, mon souffle se coupe de nouveau sous le choc. Tout cela résonne dans ma tête et me prive de toute réflexion...
Je cligne des yeux, tente de reprendre mes esprits... Chaque battement de paupière agit comme si je voulais découper la scène, l'armure se représente à moi avec chacun de ses gestes décomposé... Le prochain assaut est imminent. Je trempe alors ma volonté brisée, comme le plus habile des forgerons, dans une haine brûlante qui ravive mes forces, puis dans une colère froide qui aiguise tous mes sens. Moi aussi je suis fait d'un métal qui ne se brise pas facilement. Il suffit simplement que je sois dans mon élément... Ma main se referme sur quelque chose de dur, mais familier. Je n'ai aucune surprise en empoignant fermement cette arme, mon arme, mon élément... La garde se loge dans ma paume comme une amante se logerait contre un homme, familière, aimante, apaisante... Mon bras se lève de lui-même, ma main gauche vient appuyer fraternellement sa sœur de droite, comme en signe d'assentiment.
L'armure charge, je n'ai pas peur, j'ai tout mon temps. Mes bras se détendent doucement, il faut ménager l'effort... Je brandis alors mon arme, et l'abat presque aussi soudainement... La lame siffle, indifférente à la mort qu'elle va provoquer. Je sens l'acier céder aussi simplement qu'une feuille de papier. Sans même m'arrêter, mon geste s'inverse une nouvelle fois, comme un serpent qui recule pour frapper. Nouvel assaut, l'estoc mord sang et fer... S'abreuve. Encore, encore, et encore... Ma main ne tremble pas. Mon œil ne dérive pas. Je n'ai même pas besoin de savoir que j'ai touché ma cible. Je sais que je l'ai tuée. Personne ne survit à un tel assaut. La danse de mort s'est arrêtée aussi soudainement qu'elle a commencé, tout mon corps est tendu, véritable extension de chair de la lame de mon épée, plongée profondément de la poitrine de ce monstre.
Je relâche la pression, le monstre s'est arrêté net dans sa charge, il est presque surpris, je crois... D'une torsion de poignet, je fouille une nouvelle fois sa chair, et tout en retirant la lame poisseuse de sang, je le repousse du pied.
Alors, j'ai comme un flash. Je me vois soudain nu et blessé. Je baisse les yeux pour constater cette réalité. Cinq entailles rouges sur mon corps, dont s'échappe à gros bouillon mon propre sang. Dans mon dos je sens s'écouler ma vie de la même façon. Je suffoque, ce qui a pour effet de provoquer un gargouillement sinistre de mes poumons à moitié noyés... L'air me manque, dans une telle hilarité... Je tombe à genoux car la faiblesse me gagne déjà... Mon estomac se tord... Mon ventre me fait mal, à force de spasmes... Est-ce que je me moque de la mort ? Je ne peux que succomber... A l'ironie de cette situation... Ce qu'il a l'air faible.
Devant moi s'étale un corps qui me ressemble, complètement dénudé, agonisant... Et même déjà mort. Son regard qui exprimait la surprise une seconde plus tôt, est maintenant vide. Recroquevillé dans une position grotesques qui consistait en une piètre tentative de survivre, alors que la décence aurait été de constater la fatale vérité, et de mourir au moins dignement. Je balaye de ma cuirasse les petites gouttes de sang qui ont éclaboussé son lustre... Quelques-unes d'entre elles tombent sur le sol, et forment plusieurs soleils rouges, comme si elles voulaient créer quelque chose de beau dans l'atrocité de cette situation.
Avant d'écarter cette masse de chair informe et dégoûtante...
"Bravo, tu as gagné."
Le réveil est brutal. En sursaut. La seconde suivante, les cloches de la cathédrale résonnent, presque assourdissantes alors que j'attendais un calme réparateur pour me remettre de mes émotions. La main que je tends vers le bord du lit pour me redresser tremble, et glisse plusieurs fois avant de trouver une prise... Un jour de plus à vivre, une nuit de plus à oublier...
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Je me dis parfois que les choix de notre existence sont une succession de gouffres immenses. On peut choisir de les contourner d'un côté ou de l'autre. On peut essayer d'en franchir un d'un seul saut, confiant. Et parfois, on reste assis, au bord de l'abîme. Paralysé par la peur de décider, ou devant l'absence de moyen, de courage, et de volonté...
J'ai patiemment suivi les méandres de ma propre vie, sillonnant entre les fissures béantes sans jamais me laisser surprendre. Et vient un jour où, las de ne cesser de marcher, l'on s'arrête devant le prochain gouffre qui nous semble le plus accueillant. Et du haut d'une colonne d'épuisement, plus longue semblera la chute, plus attendue la fin.
Qui sait ce qui nous attend en bas ? Nous l'ignorons et nous en avons peur. Est-ce légitime ? Ceux qui sont partis n'en sont jamais revenu. Alors peut-être existe-t-il un endroit où il fait mieux vivre, telle la mort dont on ne revient guère. Ainsi vaut-elle peut-être mieux que la vie, sinon nous serions hantés par les âmes de tous ceux qui sont partis.
Aussi, je me suis jeté. J'ai plongé dans l'abîme, et, étendant les bras j'ai prié je ne sais quel pouvoir de me donner des ailes... Aucun dieu, aucune puissance n'en a eu le pouvoir, sauf Elle. Mais pour combien de temps... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Un rayon de soleil filtrait à travers les épais rideaux de la chambre. Contre toute promesse, Teovan s'était endormi, bien que très tard dans la nuit. Ou très tôt ce matin du moins. Il se leva, frotta ses yeux encore gonflés de sommeil. Une nuit bien courte, comme toutes les autres.
Sans un bruit, tentant maladroitement d'éviter chaque endroit grinçant du parquet, il quitta la chambre, et referma derrière lui. En bas, l'activité était quasi-nulle dans l'auberge, il était bien tôt encore, malgré un soleil déjà levé. Deux chasseurs buvaient leur hydromel chaud près du feu, tandis que l'aubergiste frottait inlassablement son comptoir avec le même chiffon incolore. L'endroit sentait le ferment des boissons fraîchement brassées, la fumée, et le bois humide... Un silence rythmé par les bruits quotidiens régnait en maître, où la pensée semblait résonner plus que n'importe quelle parole. Sans troubler cet instant de paix, l'homme traversa la salle, salua d'un hochement de tête l'aubergiste et gagna l'extérieur.
Dehors, la musique de la mer toute proche remplaça les bruits artificiels. Quelques pas menèrent Teovan au bord de l'eau, non loin de l'endroit où s'était improvisée une compétition privée de rimes. Elle était bien vite devenue une danse, d'abord timide, puis franche... Ponctuée d'interrogations, de gestes hésitants, et enfin d'harmonie. Il leva la tête, inspirant profondément.
La petite île qui formait Menethil était entourée par une brume épaisse, qui flottait paresseusement sur l'eau alentour. Son voile opaque s'étendait bien loin sur les terres des Paluns, percé parfois par un arbre, et enfin par les hauteurs bordant le viaduc de Thandol. Comme un pays flottant, caché, réservé... Le soleil faisait scintiller d'un éclat surnaturel les milliers de petites gouttes d'eau de cette nappe blanche, lui donnant un aspect bien plus mystérieux encore.
Un sourire s'étira lentement sur les lèvres de celui qui observait la scène, et il leva les bras, s'étira, offrant une parodie de salut au paysage. Ce sourire était-il le fait qu'une belle journée s'annonçait, ou plus dû à la femme qui occupait encore la chambre de l'auberge qu'il venait de quitter...
Il regagna l'intérieur sans tarder, préférant rester non loin de sa chambre. Et alors qu'il tournait le dos au tableau de brume, il ne la vit pas s'effilocher doucement à mesure que le jour continuait de se lever... Comme le plus agréable des rêves qui s'efface, et se perd, quand vient l'aube. Et telle la brume, il glisse entre les doigts qui essayent tant bien que mal de le retenir... Mais l'homme ne semblait pas vouloir regarder la brume s'en aller.
J'ai patiemment suivi les méandres de ma propre vie, sillonnant entre les fissures béantes sans jamais me laisser surprendre. Et vient un jour où, las de ne cesser de marcher, l'on s'arrête devant le prochain gouffre qui nous semble le plus accueillant. Et du haut d'une colonne d'épuisement, plus longue semblera la chute, plus attendue la fin.
Qui sait ce qui nous attend en bas ? Nous l'ignorons et nous en avons peur. Est-ce légitime ? Ceux qui sont partis n'en sont jamais revenu. Alors peut-être existe-t-il un endroit où il fait mieux vivre, telle la mort dont on ne revient guère. Ainsi vaut-elle peut-être mieux que la vie, sinon nous serions hantés par les âmes de tous ceux qui sont partis.
Aussi, je me suis jeté. J'ai plongé dans l'abîme, et, étendant les bras j'ai prié je ne sais quel pouvoir de me donner des ailes... Aucun dieu, aucune puissance n'en a eu le pouvoir, sauf Elle. Mais pour combien de temps... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Un rayon de soleil filtrait à travers les épais rideaux de la chambre. Contre toute promesse, Teovan s'était endormi, bien que très tard dans la nuit. Ou très tôt ce matin du moins. Il se leva, frotta ses yeux encore gonflés de sommeil. Une nuit bien courte, comme toutes les autres.
Sans un bruit, tentant maladroitement d'éviter chaque endroit grinçant du parquet, il quitta la chambre, et referma derrière lui. En bas, l'activité était quasi-nulle dans l'auberge, il était bien tôt encore, malgré un soleil déjà levé. Deux chasseurs buvaient leur hydromel chaud près du feu, tandis que l'aubergiste frottait inlassablement son comptoir avec le même chiffon incolore. L'endroit sentait le ferment des boissons fraîchement brassées, la fumée, et le bois humide... Un silence rythmé par les bruits quotidiens régnait en maître, où la pensée semblait résonner plus que n'importe quelle parole. Sans troubler cet instant de paix, l'homme traversa la salle, salua d'un hochement de tête l'aubergiste et gagna l'extérieur.
Dehors, la musique de la mer toute proche remplaça les bruits artificiels. Quelques pas menèrent Teovan au bord de l'eau, non loin de l'endroit où s'était improvisée une compétition privée de rimes. Elle était bien vite devenue une danse, d'abord timide, puis franche... Ponctuée d'interrogations, de gestes hésitants, et enfin d'harmonie. Il leva la tête, inspirant profondément.
La petite île qui formait Menethil était entourée par une brume épaisse, qui flottait paresseusement sur l'eau alentour. Son voile opaque s'étendait bien loin sur les terres des Paluns, percé parfois par un arbre, et enfin par les hauteurs bordant le viaduc de Thandol. Comme un pays flottant, caché, réservé... Le soleil faisait scintiller d'un éclat surnaturel les milliers de petites gouttes d'eau de cette nappe blanche, lui donnant un aspect bien plus mystérieux encore.
Un sourire s'étira lentement sur les lèvres de celui qui observait la scène, et il leva les bras, s'étira, offrant une parodie de salut au paysage. Ce sourire était-il le fait qu'une belle journée s'annonçait, ou plus dû à la femme qui occupait encore la chambre de l'auberge qu'il venait de quitter...
Il regagna l'intérieur sans tarder, préférant rester non loin de sa chambre. Et alors qu'il tournait le dos au tableau de brume, il ne la vit pas s'effilocher doucement à mesure que le jour continuait de se lever... Comme le plus agréable des rêves qui s'efface, et se perd, quand vient l'aube. Et telle la brume, il glisse entre les doigts qui essayent tant bien que mal de le retenir... Mais l'homme ne semblait pas vouloir regarder la brume s'en aller.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Solitude, manteau d'ombre recouvrant mes épaules de voyageur... Je traverse les vies de tous, comme des voiles d'étoffe légère frôlant mon visage, une caresse qui me rappelle toujours durement mes choix. Le tissu accroche parfois la peau de mon visage, comme pour le retenir, si faiblement... Je suis seul. La chaleur même d'une femme ne saurait combler ce vide qui est aujourd'hui en moi, qui me compose aussi surement que chaque partie de mon corps. Mon âme est vide, loin d'être insipide, elle est noire, puits sans fond, abîme... Dans lequel je retombe inexorablement. Dans ce gouffre l'on pourrait voir la moindre étincelle de lumière, et tu es une chandelle entourée d'obscurité...
J'aurais préféré voir le monde aussi coloré qu'on le décrit. Un monde de valeurs, un monde uni. Je ne cherche plus l'harmonie, si ce n'est l'harmonie funèbre et terne, la danse du gris. Ce monde est une ode à la solitude... Dans ce gris, chacun voit à sa guise du noir, ou du blanc... Je vois avec les yeux d'un aveugle, je ressens avec les mains d'un tueur, je respire comme un noyé... La vérité s'impose à moi comme un fer rouge s'imprime sur la peau, du moins cela me procure-t-il, à sa manière, un peu de lumière. Et moi de croire que tout peut changer... Je suis spectateur de l'histoire, à défaut d'acteur. Mon jeu serait-il bon ? Non. Comme tous, je ne puis prétendre qu'à un rôle de figurant... Nous n'avons pas prise sur nos vies, pas plus que nos doigts n'en n'ont sur le vent... Sans cesse, il change de direction. Tantôt bourrasque, tantôt brise... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Un homme assis à une table, les coudes posés sur celle-ci, les mains jointes à hauteur de son visage. Son regard est vide, comme s'il s'était aventuré loin dans ses pensées. On pourrait juger son expression froide... - Il ne me regarde pas -
Une femme vêtue d'une robe richement ornée, de couleur blanche. Quelques décorations jaunes. Sa coiffure enroule ses cheveux noirs en une figure complexe qui frôle les poutres du plafond. Elle retient sa robe, des deux mains, la soulevant légèrement du sol. Elle se penche en avant, et crie, le visage déformé par la colère, des plaques rouges sur les joues. - Elle me fait peur -
Un claquement sec, un petit garçon gît sur le sol, appuyé sur une main pour se redresser, l'autre contre sa joue pour endiguer la brûlure naissante. Il garde résolument les yeux baissés. Maladroitement, il se relève et fait face, de nouveau. Son regard, à lui aussi, se vide. - Je suis seul -
On lui écarte sèchement la main du visage, et comme il ne réagit pas une nouvelle gifle le fait basculer sur le côté. Il heurte durement le coin de la table auquel il comptait se raccrocher. La douleur fait danser des lumières blanches devant ses yeux, et d'instinct il porte la main à son front, d'où commence à suinter un liquide chaud et poisseux, qui semble éteindre toutes les autres brûlures cuisantes... L'homme assis à la table revient à la réalité, il secoue légèrement la tête de gauche à droite. Le garçon se relève, une nouvelle fois... Son regard accroche celui de la femme qui semble attendre quelque chose... La poitrine de l'enfant se soulève une fois, deux fois, les battements de son cœur s'accélèrent... Un spasme déforme son visage pâle, ses grands yeux verts s'assombrissent, puis il baisse la tête. Une goutte de sang coule sur son front, puis sur l'arrête de son nez, se mêlant au passage à une larme. Avant qu'il n'aie pu esquisser un geste pour la retenir, elles tombent toutes deux en se mélangeant, avant se s'écraser au sol, aspirées instantanément par le bois poussiéreux. Ce n'est plus qu'une tâche brune qui s'estompe. Alors, comme si la scène attendait un quelconque signe, le son revient soudainement.
« Il pleure ! Regarde ce gamin, il ne vaut rien, je n'en ferai rien ! Marius, regarde-le... »
L'homme ne daigne même pas jeter un œil à l'enfant, et se contente de nouveau de secouer la tête. Il semble si loin de la réalité.
« Frappe-moi ,reprend la femme, je sais que tu en meurs d'envie, tu as tout le loisir de le faire ! »
C'est à l'enfant qu'elle s'adresse. Toujours, celui-ci n'accuse aucune réaction. Entre temps, plusieurs tâches brunes s'accumulent à ses pieds. La femme lâche alors les pans de sa robe des deux mains, s'avance, et pousse le garçon. Il recule de quelques pas, demeure tout aussi inerte. Elle le pousse une nouvelle fois, le pince, l'astique. Puis elle elle l'empoigne et le jette sur le sol... Alors qu'elle s'avance, les bas de sa robe balayent les tâches pour en faire cinq lignes brunes sur le sol, comme des cicatrices... Elle lève la main, et l'abat une fois, puis encore, encore et encore. Par terre, le garçon se protège le visage de ses bras repliés... Elle ferme le poing.
- Et entre les coups, j'aperçois son visage, distant et serein. Entre chaque sanglot, je lance un appel, je ne sais pas ce que je dis, les larmes me piquent les yeux, sa main laisse une empreinte cuisante, puis les coups se font douleur. Je veux pouvoir rentrer en moi-même, laisser tout cela à l'extérieur. Chaque martèlement étouffé dans ma chair m'appelle à la réalité... Aide-moi... Je suis seul. -
Teovan se réveille en se débattant contre les draps, tiré du sommeil par un cri. Il tente d'inspirer, mais quelque chose l'étouffe. La panique l'étreint une seconde, et il empoigne le draps à deux mains, l'écartant dans un déchirement d'étoffe. Sa tête émerge des couvertures emmêlées. Le tissu lui colle à la peau, de même que les mèches de cheveux qu'il écarte de ses yeux en essuyant son front trempé. Sa gorge lui fait mal... Il a crié. Il en était sûr à présent. Il reste assis un moment, quelques respirations profondes lui font retrouver son calme, mais n'effacent pas le reste... Il se lève, se dirige vers une coupe remplie d'eau claire et se rince le visage. Ses joues sont recouvertes d'une barbe drue, il ne s'est pas rasé depuis deux jours. Les cernes sont plus marquées, enfonçant un peu plus ses yeux verts. Le miroir ne ment pas.
Après avoir remis de l'ordre dans les draps du lit, Teovan ouvre la petite armoire mise à sa disposition. Sur un support de bois repose une tenue de cuir noir et rouge sombre. Deux dagues dans le même ton, sont accrochées au ceinturon pendant au côté de l'armure. Debout devant elle, il avait l'impression de regarder un autre reflet. La lune qui filtrait à travers la fenêtre faisait briller son corps nu encore en nage. Lentement, il commença par passer ses jambières, et son pourpoint. Puis il laça consciencieusement ses bottes décorées de deux crânes, enfila ses bracelets de cuir dur, et enfin ses gants. Chaque pièce occulta peu à peu la moindre de ses pensées rationnelle, il sentit un frisson caractéristique naître dans son dos et dans son esprit. Il boucla sa ceinture, et remit les deux fourreaux en place de chaque côté de sa taille. L'assassin s'empara ensuite de sa longue cape noire, bordée d'un rouge sang, et l'ajusta sur ses épaules avant de rabattre en avant le capuchon qui dissimulait son visage...
Dans l'auberge, tout était calme. Seule la respiration lente des dormeurs accusait de la présence de ces derniers. Aucune marche ne craqua sous le pas léger, mais assuré, de Murmure. Il passa devant le veilleur endormi, en bas. Le souffle d'air fit s'agiter celui-ci, mais son sommeil était bien trop profond pour le réveiller. Dehors, il inspira plusieurs fois l'air de la nuit, et la sensation de liberté qui l'accompagnait à chacune de ses sorties nocturnes sous son vrai jour...
J'aurais préféré voir le monde aussi coloré qu'on le décrit. Un monde de valeurs, un monde uni. Je ne cherche plus l'harmonie, si ce n'est l'harmonie funèbre et terne, la danse du gris. Ce monde est une ode à la solitude... Dans ce gris, chacun voit à sa guise du noir, ou du blanc... Je vois avec les yeux d'un aveugle, je ressens avec les mains d'un tueur, je respire comme un noyé... La vérité s'impose à moi comme un fer rouge s'imprime sur la peau, du moins cela me procure-t-il, à sa manière, un peu de lumière. Et moi de croire que tout peut changer... Je suis spectateur de l'histoire, à défaut d'acteur. Mon jeu serait-il bon ? Non. Comme tous, je ne puis prétendre qu'à un rôle de figurant... Nous n'avons pas prise sur nos vies, pas plus que nos doigts n'en n'ont sur le vent... Sans cesse, il change de direction. Tantôt bourrasque, tantôt brise... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Un homme assis à une table, les coudes posés sur celle-ci, les mains jointes à hauteur de son visage. Son regard est vide, comme s'il s'était aventuré loin dans ses pensées. On pourrait juger son expression froide... - Il ne me regarde pas -
Une femme vêtue d'une robe richement ornée, de couleur blanche. Quelques décorations jaunes. Sa coiffure enroule ses cheveux noirs en une figure complexe qui frôle les poutres du plafond. Elle retient sa robe, des deux mains, la soulevant légèrement du sol. Elle se penche en avant, et crie, le visage déformé par la colère, des plaques rouges sur les joues. - Elle me fait peur -
Un claquement sec, un petit garçon gît sur le sol, appuyé sur une main pour se redresser, l'autre contre sa joue pour endiguer la brûlure naissante. Il garde résolument les yeux baissés. Maladroitement, il se relève et fait face, de nouveau. Son regard, à lui aussi, se vide. - Je suis seul -
On lui écarte sèchement la main du visage, et comme il ne réagit pas une nouvelle gifle le fait basculer sur le côté. Il heurte durement le coin de la table auquel il comptait se raccrocher. La douleur fait danser des lumières blanches devant ses yeux, et d'instinct il porte la main à son front, d'où commence à suinter un liquide chaud et poisseux, qui semble éteindre toutes les autres brûlures cuisantes... L'homme assis à la table revient à la réalité, il secoue légèrement la tête de gauche à droite. Le garçon se relève, une nouvelle fois... Son regard accroche celui de la femme qui semble attendre quelque chose... La poitrine de l'enfant se soulève une fois, deux fois, les battements de son cœur s'accélèrent... Un spasme déforme son visage pâle, ses grands yeux verts s'assombrissent, puis il baisse la tête. Une goutte de sang coule sur son front, puis sur l'arrête de son nez, se mêlant au passage à une larme. Avant qu'il n'aie pu esquisser un geste pour la retenir, elles tombent toutes deux en se mélangeant, avant se s'écraser au sol, aspirées instantanément par le bois poussiéreux. Ce n'est plus qu'une tâche brune qui s'estompe. Alors, comme si la scène attendait un quelconque signe, le son revient soudainement.
« Il pleure ! Regarde ce gamin, il ne vaut rien, je n'en ferai rien ! Marius, regarde-le... »
L'homme ne daigne même pas jeter un œil à l'enfant, et se contente de nouveau de secouer la tête. Il semble si loin de la réalité.
« Frappe-moi ,reprend la femme, je sais que tu en meurs d'envie, tu as tout le loisir de le faire ! »
C'est à l'enfant qu'elle s'adresse. Toujours, celui-ci n'accuse aucune réaction. Entre temps, plusieurs tâches brunes s'accumulent à ses pieds. La femme lâche alors les pans de sa robe des deux mains, s'avance, et pousse le garçon. Il recule de quelques pas, demeure tout aussi inerte. Elle le pousse une nouvelle fois, le pince, l'astique. Puis elle elle l'empoigne et le jette sur le sol... Alors qu'elle s'avance, les bas de sa robe balayent les tâches pour en faire cinq lignes brunes sur le sol, comme des cicatrices... Elle lève la main, et l'abat une fois, puis encore, encore et encore. Par terre, le garçon se protège le visage de ses bras repliés... Elle ferme le poing.
- Et entre les coups, j'aperçois son visage, distant et serein. Entre chaque sanglot, je lance un appel, je ne sais pas ce que je dis, les larmes me piquent les yeux, sa main laisse une empreinte cuisante, puis les coups se font douleur. Je veux pouvoir rentrer en moi-même, laisser tout cela à l'extérieur. Chaque martèlement étouffé dans ma chair m'appelle à la réalité... Aide-moi... Je suis seul. -
Teovan se réveille en se débattant contre les draps, tiré du sommeil par un cri. Il tente d'inspirer, mais quelque chose l'étouffe. La panique l'étreint une seconde, et il empoigne le draps à deux mains, l'écartant dans un déchirement d'étoffe. Sa tête émerge des couvertures emmêlées. Le tissu lui colle à la peau, de même que les mèches de cheveux qu'il écarte de ses yeux en essuyant son front trempé. Sa gorge lui fait mal... Il a crié. Il en était sûr à présent. Il reste assis un moment, quelques respirations profondes lui font retrouver son calme, mais n'effacent pas le reste... Il se lève, se dirige vers une coupe remplie d'eau claire et se rince le visage. Ses joues sont recouvertes d'une barbe drue, il ne s'est pas rasé depuis deux jours. Les cernes sont plus marquées, enfonçant un peu plus ses yeux verts. Le miroir ne ment pas.
Après avoir remis de l'ordre dans les draps du lit, Teovan ouvre la petite armoire mise à sa disposition. Sur un support de bois repose une tenue de cuir noir et rouge sombre. Deux dagues dans le même ton, sont accrochées au ceinturon pendant au côté de l'armure. Debout devant elle, il avait l'impression de regarder un autre reflet. La lune qui filtrait à travers la fenêtre faisait briller son corps nu encore en nage. Lentement, il commença par passer ses jambières, et son pourpoint. Puis il laça consciencieusement ses bottes décorées de deux crânes, enfila ses bracelets de cuir dur, et enfin ses gants. Chaque pièce occulta peu à peu la moindre de ses pensées rationnelle, il sentit un frisson caractéristique naître dans son dos et dans son esprit. Il boucla sa ceinture, et remit les deux fourreaux en place de chaque côté de sa taille. L'assassin s'empara ensuite de sa longue cape noire, bordée d'un rouge sang, et l'ajusta sur ses épaules avant de rabattre en avant le capuchon qui dissimulait son visage...
Dans l'auberge, tout était calme. Seule la respiration lente des dormeurs accusait de la présence de ces derniers. Aucune marche ne craqua sous le pas léger, mais assuré, de Murmure. Il passa devant le veilleur endormi, en bas. Le souffle d'air fit s'agiter celui-ci, mais son sommeil était bien trop profond pour le réveiller. Dehors, il inspira plusieurs fois l'air de la nuit, et la sensation de liberté qui l'accompagnait à chacune de ses sorties nocturnes sous son vrai jour...
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
C'est un beau matin, annonciateur de printemps. Un de ces matins qui ressemble à tous les autres, unique dans sa banalité, rassurant de ressemblance avec un jour comme un autre...
Pourtant, chaque matin est une nouvelle pierre à ajouter à l'édifice, une nouvelle feuille morte qui tombe de l'arbre, une nouvelle larme dans l'océan. J'observe avec une curiosité habituelle la vie, les milliers de larmes brillantes sur l'herbe verte semblent me renvoyer mon regard, et le vent se chuchote quelque moquerie entre les branches nues. Leur bruit semblable à la pluie grêlant sur le toit, comme un rire sec et sans joie. Je vois la nature succomber à l'hiver, pour renaître à la vie, je vois mon bonheur succomber à des impairs, et tarir toutes mes envies...
Le soleil réchauffe mon visage, mes yeux se ferment pour profitant pleinement de cette chaleur. Je sublime avec patience chacun de mes sens pour profiter une dernière fois de la caresse de cette lumière, sans distraction aucune. Cela ne semble durer qu'une seconde, une seconde d'éternité où tout mon être ne se contentait que d'un unique et simple plaisir, celui d'être en vie et de partager. La seconde suivante, une brise fraîche d'un hiver agonisant hérisse ma peau, souvenir d'un destin que je ne maîtrise pas. Froid et obscurité, chaleur et lumière épuisée.
La forêt retrouve ses couleurs, timidement d'abord, puis avec plus d'assurance. Ainsi va le monde, les rigueurs de l'existence finissent par laisser la place à quelque moment de répit. C'est mon printemps qui s'efface, mon été qui s'enfuit... A l'automne de ma vie, tout me semble terne et lumineux à la fois. La mort a quelque chose de fascinant et magnifique, chaque souvenir prend une teinte dorée, ambrée, sous la lumière déclinante. Tout s'enveloppe de brume, la terre rend au ciel la chaleur longuement dispensée, et en reçoit le froid avec une égale avidité. Je songe avec nostalgie à la belle saison, tandis que je sanglote sans raison.
Usure et démesure, chaque perte creuse une ride de plus à mon visage. Une année de plus creuse un peu plus les sillons parfois trop nombreux. Comble de l'ironie, les sillons du champ au loin attendant, fertiles et pleins de promesse, qu'une main appliquée vienne les ensemencer. Le soc de la charrue creuse, aussi bien qu'une lame ennemie, offrant des rainures gorgées de sang à mon corps défendant... Et chaque graine d'amour est un grain de sel sur une plaie à vif, purifiante et terrifiante. De la douleur la vie renaître, de la langueur la mort apparaître...
Comme je dois offrir un visage ridé et ratatiné. Repoussant, le message reste incompris... Devant cette image dégoûtante auquel on offre le mépris, est crié un « au secours » silencieux. Une attente éternelle de recevoir, pour chaque sacrifice, chaque scarification est une offrande. Chaque morceau de chair flétrie, repoussante et fertile à la fois.
Un cadavre... Enterré et oublié. Tous les regards s'en détournent, personne ne verra la fleur qui poussera sur la dernière demeure de son corps, la vie n'est jamais vaine... De ma poitrine s'exhale un soupir plus profond et plus triste que les autres, comme un dernier souffle rendu devant la perte d'une femme. Aujourd'hui, je me sens vieux de ma jeunesse...
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Pourtant, chaque matin est une nouvelle pierre à ajouter à l'édifice, une nouvelle feuille morte qui tombe de l'arbre, une nouvelle larme dans l'océan. J'observe avec une curiosité habituelle la vie, les milliers de larmes brillantes sur l'herbe verte semblent me renvoyer mon regard, et le vent se chuchote quelque moquerie entre les branches nues. Leur bruit semblable à la pluie grêlant sur le toit, comme un rire sec et sans joie. Je vois la nature succomber à l'hiver, pour renaître à la vie, je vois mon bonheur succomber à des impairs, et tarir toutes mes envies...
Le soleil réchauffe mon visage, mes yeux se ferment pour profitant pleinement de cette chaleur. Je sublime avec patience chacun de mes sens pour profiter une dernière fois de la caresse de cette lumière, sans distraction aucune. Cela ne semble durer qu'une seconde, une seconde d'éternité où tout mon être ne se contentait que d'un unique et simple plaisir, celui d'être en vie et de partager. La seconde suivante, une brise fraîche d'un hiver agonisant hérisse ma peau, souvenir d'un destin que je ne maîtrise pas. Froid et obscurité, chaleur et lumière épuisée.
La forêt retrouve ses couleurs, timidement d'abord, puis avec plus d'assurance. Ainsi va le monde, les rigueurs de l'existence finissent par laisser la place à quelque moment de répit. C'est mon printemps qui s'efface, mon été qui s'enfuit... A l'automne de ma vie, tout me semble terne et lumineux à la fois. La mort a quelque chose de fascinant et magnifique, chaque souvenir prend une teinte dorée, ambrée, sous la lumière déclinante. Tout s'enveloppe de brume, la terre rend au ciel la chaleur longuement dispensée, et en reçoit le froid avec une égale avidité. Je songe avec nostalgie à la belle saison, tandis que je sanglote sans raison.
Usure et démesure, chaque perte creuse une ride de plus à mon visage. Une année de plus creuse un peu plus les sillons parfois trop nombreux. Comble de l'ironie, les sillons du champ au loin attendant, fertiles et pleins de promesse, qu'une main appliquée vienne les ensemencer. Le soc de la charrue creuse, aussi bien qu'une lame ennemie, offrant des rainures gorgées de sang à mon corps défendant... Et chaque graine d'amour est un grain de sel sur une plaie à vif, purifiante et terrifiante. De la douleur la vie renaître, de la langueur la mort apparaître...
Comme je dois offrir un visage ridé et ratatiné. Repoussant, le message reste incompris... Devant cette image dégoûtante auquel on offre le mépris, est crié un « au secours » silencieux. Une attente éternelle de recevoir, pour chaque sacrifice, chaque scarification est une offrande. Chaque morceau de chair flétrie, repoussante et fertile à la fois.
Un cadavre... Enterré et oublié. Tous les regards s'en détournent, personne ne verra la fleur qui poussera sur la dernière demeure de son corps, la vie n'est jamais vaine... De ma poitrine s'exhale un soupir plus profond et plus triste que les autres, comme un dernier souffle rendu devant la perte d'une femme. Aujourd'hui, je me sens vieux de ma jeunesse...
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« La vie est vaine, la vie est simple… Elle n’a d’existence que dans la mort, que dans la fuite et la dérobade. Courir toujours, la mort aux trousses. J’ai choisi de traquer la plus dangereuse des amantes, à l’image de celui qui fut victime d’une seule de ses étreintes. Ainsi, je marche à contre jour, et de mon ombre étirée loin derrière moi naissent les fruits de nos jeux. Cadavres, sang, peine, perte… Je fonds en elle comme elle fond sur moi, m’enveloppant des larges pans de sa cape, et nous jouons des milliers de fois le même ballet sans nous arrêter, nous regardant dans le blanc des yeux pour ne jamais se perdre de vue. Je la vaincrais.
Moi, je vis à genoux. Et de tous ceux condamnant cette vie, l’abolissant à coup d’accusation de servitude et d’esclavage, je leur dirai que leur vie est vaine. Vaine de vivre en rampant, n’ayant pour seul image que leurs traits déformés se reflétant dans des mares boueuses. Bientôt, les larmes formeront des lacs… Les lacs des océans. Moi, je vis à genoux. Les pieds dans la poussière, la tête dans les étoiles. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le redoux est là. Il s’était fait timide, il est désormais installé. Malgré les rayons tenaces d’un soleil couchant, le fond de l’air est froid. Il se glisse insidieusement entre les vêtements, ou entre les armures, comme une main glacée avide de frissons. Alors que l’énorme disque d’or embrase les nuages de l’horizon et que s’allongent les ombres de la ville, une autre semble s’animer. Un vent d’est vient faire naître la chair de poule sur la peau de ses bras exposée…
L’assassin se tient immobile, difficile à distinguer d’une gargouille dans sa tenue sombre, capuche rabattue sur le visage. Dans l’obscurité pourtant, on voit danser la lueur de ses yeux, un regard alerte, attentif à tout mouvement. Le bourdonnement de la ville monte d’en bas, lancinant… Il semble humer l’air, avide, irréel. Alors les odeurs de la ville se font plus fortes, des relents divers à la fois agréables et nauséabonds, se mêlant pour former un amalgame de parfums sulfureux…
Et puis, son œil est attiré par un groupe d’hommes. Cinq hommes, dont deux titubants. Probablement des brigands de basse extraction d’après leur tenue peu soignée. Ils rient et parlent fort, ils respirent la confiance et se savent hors d’atteinte. Et pour cause, la plupart sont bâtis comme des dockers. On devine leurs muscles imposants, saillants sous leur chemise tendue. Tandis qu’ils progressent à grand bruit dans la rue, l’ombre se glisse silencieusement jusqu’à une intersection plus loin. Là, il recouvre sa tenue de son ample cape, et se dirige vers le groupe .
A quelques pas, le groupe s’arrête . Les rires cessent, viennent alors les messes basses et les regards vers ce citoyen qui semble égaré. Alors, peut-être pas si bêtes qu’ils en avaient l’air, ils s’écartent les uns des autres et abordent l’homme isolé.
« Bien le bonsoir, m’sieur. Qu’est-ce que vous faites seul à c’t’heure ? »
Alors que l’encapé tente de passer son chemin, l’un des gaillards se précipite pour se mettre en travers. Il se heurte à un second lorsqu’il tente de passer de côté. Bientôt, il est entouré par ces poitrines larges et ces bras épais. Une grosse main s’abat sur son épaule et le retourne. Un poing vient frapper à la tempe et fait exploser des lumières blanches dans les yeux de la victime… Elle s’écroule lourdement sur le sol, et les coups pleuvent. L’encapé serre les coudes contre son corps, les poings contre son visage. Il est meurtri mais pas estropié, malgré la douleur aucune blessure sérieuse à déplorer. Des mains le fouillent sans ménagement alors qu’il ne bouge plus, explorant de manière experte les recoins où les honnêtes gens tentent de dissimuler une bourse rebondie. Les voix sont étouffées, la tête de l’assassin résonne encore des coups reçus. Des rires gras se détachent du brouhaha indistinct de leur conversation. Il sent qu’on lui retire ses dagues. Tout est une question de temps…
« …Pas des piques à bœuf… Vend ça… Quelques pièces pour l’vieux… Garde ? »
Les flash s’estompent, sa vision redevient claire et il distingue de nouveau l’obscurité. La nuit est totalement tombée pendant l’échauffourée, il fait presque noir. Seule la lumière de la lune éclaire les rues.
« Devrait se barrer vite fait… Garde… Pas tarder. »
Il cligne une fois, deux fois des yeux. La douleur qui l’abrutissait une seconde auparavant stimule son éveil et l’empêche de retomber dans la léthargie. Viens, pense-t-il, viens… Et elle vient, bénie, cette colère qui enflamme le ventre aussi surement qu’un brasier l’herbe sèche. L’adrénaline se déverse comme du feu liquide dans ses veines. Un instant plus tard, il se relève et frappe le creux du genou du premier homme à sa portée. L’articulation cède et se plie, l’homme tombe à genou. Du coude, l’assassin frappe au visage. Il sent le nez éclater sous la brusque pression. Un bruit étouffé accompagne le sang giclant tandis que s’écroule en arrière le malfrat.
Lentement, il se redresse dans la semi-obscurité. Quatre visage sont tournés vers lui, partagés entre la surprise et la peur. Puis, à leur tour, ils ont un rictus de haine et se lancent d’un seul homme sur leur victime. Il n’y a plus d’êtres humains, il n’y a que de bas instincts qui s’expriment. Une soif de sang… La bagarre ne durera pas longtemps.
Ils se gênent, ne bougent pas ensemble, c’est une meute désorganisée qui fait face à un tueur méticuleux. Les coups s’enchaînent sans se compléter, la danse est barbare, grossière, tandis que l’assassin s’esquive et se dérobe avec légèreté et élégance. Il aiguille, agace, harcèle de quelques coups sans violence, poussant la frustration de ses assaillants jusqu’à l’extrême. Sans précipitation, il récupère l’une de ses armes à la ceinture de l’un d’eux. Un poing jaillit, la dague fend l’air et atteint les veines de l’avant-bras. Le sang coule de nouveau.
Mais alors qu’il recule, l’assassin rencontre une résistance. Une dalle démise le fait trébucher. La faille est trop évidente, et un brigand profite de l’ouverture pour asséner un coup de lame. Le métal traverse sans difficulté le cuir et tranche la chair… Même si elle est bénigne, l’entaille n’en est pas moins douloureuse. Le blessé attrape la main coupable et la retient. Son poing s’enfonce dans le coude, et ce dernier se retourne dans un craquement, suivi du cri de douleur de son propriétaire…
Un éclair blanc apparaît sous le capuchon du tueur… L’éclat de son sourire. Il semble goûter chaque coup. Plus d’esquive dansante, le style devient épuré de tout mouvement inutile. Chaque geste est fait pour tuer ou estropier. Le blessé s’écroule en gémissant. L’odeur de sang se mêle à celle, piquante, de la peur, et la sueur. La vue se trouble, le pouls s’accélère…
Lorsqu’il reprend enfin l’entière possession de ses sens, il sent des cheveux entre ses doigts. Les cheveux de l’homme sont poisseux de sang, tandis qu’il le tient d’une main, frappant sans retenue son visage de l’autre. Son poing est meurtri, le visage de l’homme n’est plus qu’un triste spectacle de chair ouverte et mâchée. Plusieurs dents sont cassées, apparentes de sa bouche béante et sa mâchoire cassée. Il lâche l’homme qui s’affaisse. Un autre gît, son corps à moitié penché dans le canal. Une traînée rouge macule les pierres et se diffuse dans l’eau en un nuage écarlate. Quatre corps inanimés, le dernier tremblant. Il serre son bras blessé contre lui, le regard fou. L’assassin s’approche, un parfum acide d’urine agresse ses narines. Alors qu’il récupère sa seconde lame pour achever sa besogne, un cliquetis métallique se fait entendre. La lumière d’une lanterne apparaît depuis une rue proche…
L’ombre s’éclipse et disparaît.
Moi, je vis à genoux. Et de tous ceux condamnant cette vie, l’abolissant à coup d’accusation de servitude et d’esclavage, je leur dirai que leur vie est vaine. Vaine de vivre en rampant, n’ayant pour seul image que leurs traits déformés se reflétant dans des mares boueuses. Bientôt, les larmes formeront des lacs… Les lacs des océans. Moi, je vis à genoux. Les pieds dans la poussière, la tête dans les étoiles. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le redoux est là. Il s’était fait timide, il est désormais installé. Malgré les rayons tenaces d’un soleil couchant, le fond de l’air est froid. Il se glisse insidieusement entre les vêtements, ou entre les armures, comme une main glacée avide de frissons. Alors que l’énorme disque d’or embrase les nuages de l’horizon et que s’allongent les ombres de la ville, une autre semble s’animer. Un vent d’est vient faire naître la chair de poule sur la peau de ses bras exposée…
L’assassin se tient immobile, difficile à distinguer d’une gargouille dans sa tenue sombre, capuche rabattue sur le visage. Dans l’obscurité pourtant, on voit danser la lueur de ses yeux, un regard alerte, attentif à tout mouvement. Le bourdonnement de la ville monte d’en bas, lancinant… Il semble humer l’air, avide, irréel. Alors les odeurs de la ville se font plus fortes, des relents divers à la fois agréables et nauséabonds, se mêlant pour former un amalgame de parfums sulfureux…
Et puis, son œil est attiré par un groupe d’hommes. Cinq hommes, dont deux titubants. Probablement des brigands de basse extraction d’après leur tenue peu soignée. Ils rient et parlent fort, ils respirent la confiance et se savent hors d’atteinte. Et pour cause, la plupart sont bâtis comme des dockers. On devine leurs muscles imposants, saillants sous leur chemise tendue. Tandis qu’ils progressent à grand bruit dans la rue, l’ombre se glisse silencieusement jusqu’à une intersection plus loin. Là, il recouvre sa tenue de son ample cape, et se dirige vers le groupe .
A quelques pas, le groupe s’arrête . Les rires cessent, viennent alors les messes basses et les regards vers ce citoyen qui semble égaré. Alors, peut-être pas si bêtes qu’ils en avaient l’air, ils s’écartent les uns des autres et abordent l’homme isolé.
« Bien le bonsoir, m’sieur. Qu’est-ce que vous faites seul à c’t’heure ? »
Alors que l’encapé tente de passer son chemin, l’un des gaillards se précipite pour se mettre en travers. Il se heurte à un second lorsqu’il tente de passer de côté. Bientôt, il est entouré par ces poitrines larges et ces bras épais. Une grosse main s’abat sur son épaule et le retourne. Un poing vient frapper à la tempe et fait exploser des lumières blanches dans les yeux de la victime… Elle s’écroule lourdement sur le sol, et les coups pleuvent. L’encapé serre les coudes contre son corps, les poings contre son visage. Il est meurtri mais pas estropié, malgré la douleur aucune blessure sérieuse à déplorer. Des mains le fouillent sans ménagement alors qu’il ne bouge plus, explorant de manière experte les recoins où les honnêtes gens tentent de dissimuler une bourse rebondie. Les voix sont étouffées, la tête de l’assassin résonne encore des coups reçus. Des rires gras se détachent du brouhaha indistinct de leur conversation. Il sent qu’on lui retire ses dagues. Tout est une question de temps…
« …Pas des piques à bœuf… Vend ça… Quelques pièces pour l’vieux… Garde ? »
Les flash s’estompent, sa vision redevient claire et il distingue de nouveau l’obscurité. La nuit est totalement tombée pendant l’échauffourée, il fait presque noir. Seule la lumière de la lune éclaire les rues.
« Devrait se barrer vite fait… Garde… Pas tarder. »
Il cligne une fois, deux fois des yeux. La douleur qui l’abrutissait une seconde auparavant stimule son éveil et l’empêche de retomber dans la léthargie. Viens, pense-t-il, viens… Et elle vient, bénie, cette colère qui enflamme le ventre aussi surement qu’un brasier l’herbe sèche. L’adrénaline se déverse comme du feu liquide dans ses veines. Un instant plus tard, il se relève et frappe le creux du genou du premier homme à sa portée. L’articulation cède et se plie, l’homme tombe à genou. Du coude, l’assassin frappe au visage. Il sent le nez éclater sous la brusque pression. Un bruit étouffé accompagne le sang giclant tandis que s’écroule en arrière le malfrat.
Lentement, il se redresse dans la semi-obscurité. Quatre visage sont tournés vers lui, partagés entre la surprise et la peur. Puis, à leur tour, ils ont un rictus de haine et se lancent d’un seul homme sur leur victime. Il n’y a plus d’êtres humains, il n’y a que de bas instincts qui s’expriment. Une soif de sang… La bagarre ne durera pas longtemps.
Ils se gênent, ne bougent pas ensemble, c’est une meute désorganisée qui fait face à un tueur méticuleux. Les coups s’enchaînent sans se compléter, la danse est barbare, grossière, tandis que l’assassin s’esquive et se dérobe avec légèreté et élégance. Il aiguille, agace, harcèle de quelques coups sans violence, poussant la frustration de ses assaillants jusqu’à l’extrême. Sans précipitation, il récupère l’une de ses armes à la ceinture de l’un d’eux. Un poing jaillit, la dague fend l’air et atteint les veines de l’avant-bras. Le sang coule de nouveau.
Mais alors qu’il recule, l’assassin rencontre une résistance. Une dalle démise le fait trébucher. La faille est trop évidente, et un brigand profite de l’ouverture pour asséner un coup de lame. Le métal traverse sans difficulté le cuir et tranche la chair… Même si elle est bénigne, l’entaille n’en est pas moins douloureuse. Le blessé attrape la main coupable et la retient. Son poing s’enfonce dans le coude, et ce dernier se retourne dans un craquement, suivi du cri de douleur de son propriétaire…
Un éclair blanc apparaît sous le capuchon du tueur… L’éclat de son sourire. Il semble goûter chaque coup. Plus d’esquive dansante, le style devient épuré de tout mouvement inutile. Chaque geste est fait pour tuer ou estropier. Le blessé s’écroule en gémissant. L’odeur de sang se mêle à celle, piquante, de la peur, et la sueur. La vue se trouble, le pouls s’accélère…
Lorsqu’il reprend enfin l’entière possession de ses sens, il sent des cheveux entre ses doigts. Les cheveux de l’homme sont poisseux de sang, tandis qu’il le tient d’une main, frappant sans retenue son visage de l’autre. Son poing est meurtri, le visage de l’homme n’est plus qu’un triste spectacle de chair ouverte et mâchée. Plusieurs dents sont cassées, apparentes de sa bouche béante et sa mâchoire cassée. Il lâche l’homme qui s’affaisse. Un autre gît, son corps à moitié penché dans le canal. Une traînée rouge macule les pierres et se diffuse dans l’eau en un nuage écarlate. Quatre corps inanimés, le dernier tremblant. Il serre son bras blessé contre lui, le regard fou. L’assassin s’approche, un parfum acide d’urine agresse ses narines. Alors qu’il récupère sa seconde lame pour achever sa besogne, un cliquetis métallique se fait entendre. La lumière d’une lanterne apparaît depuis une rue proche…
L’ombre s’éclipse et disparaît.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« La vengeance est simple, limpide. Elle est le plus pur des nectars pour l’assoiffé. Une direction sûre pour l’égaré. Elle pousse, tel un vent favorable, et gonfle les voiles de la survie, repousse les vagues de l’agonie.
Vengeance, tu es mienne, mon bras est tien.
Comme douce est la sensation de cette colère, cette chaude et rassurante haine qui fait battre le sang à mes tempes. Elle chasse ce vide froid et immense d’une existence vouée à l’attente… L’attente de s’abreuver de sang. Je sens mon corps engourdit qui se réveille, mes sens endormis qui se délient. Chaque fibre de mon être réclame la mort à grand cri. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
« -Vous êtes certain que ce truc marche ? questionne Teovan.
Vêtu de sa tenue la plus sombre malgré un soleil radieux, il semble absorber la lumière diffuse qui couvre la Baie du Butin. Son ombre s’étire, affinant sa silhouette jusqu’à ce qu’elle ne dessine plus qu’une ligne indistincte sur les planches de bois flotté.
- Pour sûr que ça marche, avance le gobelin avec un rictus. C’est un petit bijou de technologie.
- J’espère sincèrement pour toi. En tout cas, si je ne reviens pas, crois-moi que je connais un paquet de monde qui se fera un plaisir de te pendre par les tripes à ma place.
Le gobelin ricane, prenant l’avertissement pour une plaisanterie. Il semble avoir l’habitude des récalcitrants, et pousse l’homme dans le creux du dos vers la machine. Une cabine individuelle ouverte, bourdonnante et vrombissante, dont les quelques voyants semblent s’allumer aléatoirement.
- Allez-y, insiste-t-il, c’est sans danger. Vous vouliez un moyen de voyager rapide ? C’est instantané.
- On va bien voir, conclut Teovan avec une appréhension difficilement cachée.
La créature verte pousse une nouvelle fois son client, mais cette fois un peu trop bas. Un regard glacé a vite fait de lui faire ôter ses mains du postérieur de l’assassin. Il s’écarte avec un sourire contrit, qui dévoile ses dents pointues. Il fait un geste vague, d’encouragement il semble, vers la machine qui trépigne.
- Allons-y... fit l’assassin en se plaçant sur le cercle de métal prévu à cet effet, comment est-ce qu’on f… »
Le gobelin presse un bouton rouge, et un crépitement, suivi d’un chuintement plaintif noie les paroles de l’humain. Une cascade d’arcs électriques s’abat sur le malheureux qui disparaît sous les yeux d’un petit groupe de curieux rassemblés pour l’occasion.
A peine une seconde plus tard, à des kilomètres de là, une machine semblable est soudainement prise d’une quinte de crépitements. Dans une pluie d’étincelles colorées, l’assassin apparaît sur le cercle de métal. Décoiffé, il s’écroule sur le côté pris de haut-le-cœur sonores. Il se redresse, s’essuyant la bouche d’un revers de main. Personne ne semble lui prêter attention à Gadgetzan, et vaque à ses occupations comme si de rien était. Le transport en téléporteur est apparemment monnaie courante. D’une main, l’assassin tente d’aplatir les cheveux dressés à la vertical sur son crâne, en vain. Il rabat sa capuche avec un soupir excédé.
Plus tard, dans l’auberge du coin, il est assis à une table de coin seul, et sirote un jus de baie tiède. La chaleur est étouffante dans la salle mal éclairée. Entre les tables circule un gnome verdâtre presqu’en tout point semblable à l’ingénieur de la Baie. Le visage dissimulé dans l’ombre de son vêtement, l’assassin dresse l’oreille aux conversations. A deux tablées de lui sont installés deux marins, un nain à barbe rousse et un vieux matelot à la peau basanée. Après leur troisième commande, Teovan se lève et se dirige vers le comptoir. Deux pièces d’argent plus tard, il s’installe à la table des deux compères avec trois choppes de bière glacée.
« - Bien le bonjour, matelots. C’est moi qui invite, il se fait soif dans ce foutu trou de sable.
Méfiants, le nain détaille la tenue de son nouveau compagnon de table. Son compagnon, tout aussi méfiant mais au combien assoiffé, ne s’embarrasse pas de prudence et englouti la moitié de la bière sans préambule. Haussant les épaules, son compagnon se décide à son tour de céder à la tentation. Après un salut aussi protocolaire que possible, il englouti une bonne rasade de bière.
- Merci l’ami, finit par dire le vieux marin. T’es surement un marchand à pouvoir te payer des trucs froids ici. T’as dû t’en mettre plein les fouilles.
Et la conversation débuta, jusqu’à ce que les deux interlocuteurs de l’assassin soient inexplicablement soûls après deux bières fraîches.
- Et alors, c’te foutu ssssserpent d’mer il a balancé l’rafiot en l’air…
Pendant les balbutiements laborieux du vieil homme, l’assassin revérifia le niveau de son petit sac de poudre blanche, frotta ses doigts et rangea le sachet, satisfait. Il croisa les mains sur la table et se composa un visage démonstratif de tout l’intérêt porté à l’histoire en cours.
- Bien cru qu’on y passait tous, et le capitane a fait un embardée à faire pâlir une baleine en chaleur, alors…
- Alors je suis certain, interrompit Teovan, que cette histoire s’est terminée par la mort du monstre et votre glorieux retour au port. Maintenant, ajouta-t-il en levant une main pour faire taire les protestations naissantes, nous allons discuter d’une amie à moi…
Quelques minutes plus tard, il sortait sous un soleil de plomb, laissant derrière lui deux matelots ronflants comme cale qui grince.
Alors qu’il quittait la ville à dos du premier cheval loué pour l’occasion, s’amoncelaient les premiers nuages du soir.
Vengeance, tu es mienne, mon bras est tien.
Comme douce est la sensation de cette colère, cette chaude et rassurante haine qui fait battre le sang à mes tempes. Elle chasse ce vide froid et immense d’une existence vouée à l’attente… L’attente de s’abreuver de sang. Je sens mon corps engourdit qui se réveille, mes sens endormis qui se délient. Chaque fibre de mon être réclame la mort à grand cri. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
« -Vous êtes certain que ce truc marche ? questionne Teovan.
Vêtu de sa tenue la plus sombre malgré un soleil radieux, il semble absorber la lumière diffuse qui couvre la Baie du Butin. Son ombre s’étire, affinant sa silhouette jusqu’à ce qu’elle ne dessine plus qu’une ligne indistincte sur les planches de bois flotté.
- Pour sûr que ça marche, avance le gobelin avec un rictus. C’est un petit bijou de technologie.
- J’espère sincèrement pour toi. En tout cas, si je ne reviens pas, crois-moi que je connais un paquet de monde qui se fera un plaisir de te pendre par les tripes à ma place.
Le gobelin ricane, prenant l’avertissement pour une plaisanterie. Il semble avoir l’habitude des récalcitrants, et pousse l’homme dans le creux du dos vers la machine. Une cabine individuelle ouverte, bourdonnante et vrombissante, dont les quelques voyants semblent s’allumer aléatoirement.
- Allez-y, insiste-t-il, c’est sans danger. Vous vouliez un moyen de voyager rapide ? C’est instantané.
- On va bien voir, conclut Teovan avec une appréhension difficilement cachée.
La créature verte pousse une nouvelle fois son client, mais cette fois un peu trop bas. Un regard glacé a vite fait de lui faire ôter ses mains du postérieur de l’assassin. Il s’écarte avec un sourire contrit, qui dévoile ses dents pointues. Il fait un geste vague, d’encouragement il semble, vers la machine qui trépigne.
- Allons-y... fit l’assassin en se plaçant sur le cercle de métal prévu à cet effet, comment est-ce qu’on f… »
Le gobelin presse un bouton rouge, et un crépitement, suivi d’un chuintement plaintif noie les paroles de l’humain. Une cascade d’arcs électriques s’abat sur le malheureux qui disparaît sous les yeux d’un petit groupe de curieux rassemblés pour l’occasion.
A peine une seconde plus tard, à des kilomètres de là, une machine semblable est soudainement prise d’une quinte de crépitements. Dans une pluie d’étincelles colorées, l’assassin apparaît sur le cercle de métal. Décoiffé, il s’écroule sur le côté pris de haut-le-cœur sonores. Il se redresse, s’essuyant la bouche d’un revers de main. Personne ne semble lui prêter attention à Gadgetzan, et vaque à ses occupations comme si de rien était. Le transport en téléporteur est apparemment monnaie courante. D’une main, l’assassin tente d’aplatir les cheveux dressés à la vertical sur son crâne, en vain. Il rabat sa capuche avec un soupir excédé.
Plus tard, dans l’auberge du coin, il est assis à une table de coin seul, et sirote un jus de baie tiède. La chaleur est étouffante dans la salle mal éclairée. Entre les tables circule un gnome verdâtre presqu’en tout point semblable à l’ingénieur de la Baie. Le visage dissimulé dans l’ombre de son vêtement, l’assassin dresse l’oreille aux conversations. A deux tablées de lui sont installés deux marins, un nain à barbe rousse et un vieux matelot à la peau basanée. Après leur troisième commande, Teovan se lève et se dirige vers le comptoir. Deux pièces d’argent plus tard, il s’installe à la table des deux compères avec trois choppes de bière glacée.
« - Bien le bonjour, matelots. C’est moi qui invite, il se fait soif dans ce foutu trou de sable.
Méfiants, le nain détaille la tenue de son nouveau compagnon de table. Son compagnon, tout aussi méfiant mais au combien assoiffé, ne s’embarrasse pas de prudence et englouti la moitié de la bière sans préambule. Haussant les épaules, son compagnon se décide à son tour de céder à la tentation. Après un salut aussi protocolaire que possible, il englouti une bonne rasade de bière.
- Merci l’ami, finit par dire le vieux marin. T’es surement un marchand à pouvoir te payer des trucs froids ici. T’as dû t’en mettre plein les fouilles.
Et la conversation débuta, jusqu’à ce que les deux interlocuteurs de l’assassin soient inexplicablement soûls après deux bières fraîches.
- Et alors, c’te foutu ssssserpent d’mer il a balancé l’rafiot en l’air…
Pendant les balbutiements laborieux du vieil homme, l’assassin revérifia le niveau de son petit sac de poudre blanche, frotta ses doigts et rangea le sachet, satisfait. Il croisa les mains sur la table et se composa un visage démonstratif de tout l’intérêt porté à l’histoire en cours.
- Bien cru qu’on y passait tous, et le capitane a fait un embardée à faire pâlir une baleine en chaleur, alors…
- Alors je suis certain, interrompit Teovan, que cette histoire s’est terminée par la mort du monstre et votre glorieux retour au port. Maintenant, ajouta-t-il en levant une main pour faire taire les protestations naissantes, nous allons discuter d’une amie à moi…
Quelques minutes plus tard, il sortait sous un soleil de plomb, laissant derrière lui deux matelots ronflants comme cale qui grince.
Alors qu’il quittait la ville à dos du premier cheval loué pour l’occasion, s’amoncelaient les premiers nuages du soir.
Dernière édition par Teovan le Ven 09 Avr 2010, 21:03, édité 1 fois
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Je sens chaque inspiration inonder mon être, l’excitation de la traque. Cette crispation perpétuelle des muscles prêts à se tendre, prêt à bondir sur la proie. Je ne fais que chercher ces quelques secondes de vie, pendant lesquelles ma survie dépend de la mort, et la mort dépend de ma survie... Un ballet dangereusement grisant où des vies seront fauchées par mon bras, où des destinées dépendent de ma seule volonté… Un pouvoir que seul les initiés peuvent goûter sans sombrer dans la démence… Une démence… Une dépendance. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Port Gentepression. Devant l’abreuvoir, un étalon aux flancs blancs de sueur étanche sa soif à grands bruits. Les clapotis de l’animal étouffent les pas de l’assassin, ses bottes fines crissant sur le sable grossier de la plage. Bientôt, ce sont les vaguelettes d’un bleu azur qui viennent jouer de concert avec le rythme de ses pas. Au loin, à quelques centaines de mètres, un bateau mouille dans la petite anse naturelle. Voiles noires et rouges, pavillon du tonneau traversé d’un sabre. C’est bien le navire qu’avaient mentionné les deux marins de la taverne. Dans celui-ci se reposait surement le chien qui avait abusé de Mëlissandre. Parcourut d’un frisson, l’assassin détendit ses muscles et roula des épaules. Il faudra attendre que la lumière baisse…
Les nuages aidant, les derniers rayons du soleil disparurent à l’horizon, offrant le mouillage à un demi-jour idéal pour un abordage. Assis en tailleur sous un arbre aux allures de palmier, Teovan préparait sa traversée. Armes et cuir graissés pour limiter les dégâts de l’eau salée, aucun vêtement de superflus pour ne pas alourdir son corps pendant qu’il nage. Il cacha ce qui lui était inutile dans un trou creusé à même le sable, au pied de l’arbre, ne gardant qu’une dague et une épée courbe. Il gagna ensuite sans tarder la mer d’un calme limpide.
Il entra dans l’eau, avançant lentement jusqu’à être immergé jusqu’à la taille, puis entame une brasse souple et silencieuse en direction du navire à l’ancre. La traversée fut plus longue qu’il ne l’avait prévu. Teovan fut soulagé d’atteindre la chaîne épaisse de l’ancre, et il s’accorda une minute de repos avant d’entamer l’ascension qui le mènerait à bord. Une fois ses muscles plus détendus, il coinça sa dague entre ses dents, et commença à gravir maillon par maillon la chaîne. Chacun de ses geste, précautionneux et silencieux, lui demandait un effort supplémentaire. Sa tenue gorgée d’eau pesait sur ses épaules. C’est non sans difficulté qu’il atteignit enfin le bâtiment, et s’agrippa à un rebord pour jeter un coup d’œil sur le pont. Ce dernier était loin d’être désert, et même fortement occupé. De ci, de là, quelques boucaniers jouant aux dés, récurant le sol, enroulant quelque corde ou ramassant un filet… D’aucuns aiguisaient leur sabre, d’autres nettoyaient leur mousquet. Partout régnait une activité bruyante des voix grasses et des rires grinçants.
Agacé, Teovan décida de poursuivre son escalade en longeant le bastingage, à l’abris des regards. Un pirate se pencha alors par-dessus bord juste au dessus de lui et il s’immobilisa. Un crachat passa juste à côté de lui, et la trogne disparut de nouveau. Soufflant doucement, il progressa de nouveau vers l’arrière du bâtiment, là où se trouvait normalement la cabine du Capitaine.
« …Bien de temps on va encore tremper dans c’coin. Qu’est-ce qu’ils foutent le Rouge et le Vieux Randy ? Ca fait bien que’ques heures qu’y d’vraient être rev’nus. ‘Va pas y passer la nuit à attendre ces deux sacs à… »
Un sourire fugitif ourla les lèvres de l’assassin alors que s’éteignaient les voix à mesure qu’il s’éloignait. Enfin, il atteignit l’angle du navire, et négocia son passage vers l’arrière. La peau de ses doigts pelait et ses phalanges, crispées et mouillées, s’engourdissaient sous l’assaut d’un vent d’Est qui se levait. Il glissa plusieurs fois, se rattrapant de justesse, et réussit enfin à atteindre une petite fenêtre donnant sur l’intérieur. La chance lui sourit, elle était simplement repoussée. Il écarta le battant qui se plaignit en grinçant… Personne à l’intérieur de la cabine. Il se glissa à l’intérieur.
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Port Gentepression. Devant l’abreuvoir, un étalon aux flancs blancs de sueur étanche sa soif à grands bruits. Les clapotis de l’animal étouffent les pas de l’assassin, ses bottes fines crissant sur le sable grossier de la plage. Bientôt, ce sont les vaguelettes d’un bleu azur qui viennent jouer de concert avec le rythme de ses pas. Au loin, à quelques centaines de mètres, un bateau mouille dans la petite anse naturelle. Voiles noires et rouges, pavillon du tonneau traversé d’un sabre. C’est bien le navire qu’avaient mentionné les deux marins de la taverne. Dans celui-ci se reposait surement le chien qui avait abusé de Mëlissandre. Parcourut d’un frisson, l’assassin détendit ses muscles et roula des épaules. Il faudra attendre que la lumière baisse…
Les nuages aidant, les derniers rayons du soleil disparurent à l’horizon, offrant le mouillage à un demi-jour idéal pour un abordage. Assis en tailleur sous un arbre aux allures de palmier, Teovan préparait sa traversée. Armes et cuir graissés pour limiter les dégâts de l’eau salée, aucun vêtement de superflus pour ne pas alourdir son corps pendant qu’il nage. Il cacha ce qui lui était inutile dans un trou creusé à même le sable, au pied de l’arbre, ne gardant qu’une dague et une épée courbe. Il gagna ensuite sans tarder la mer d’un calme limpide.
Il entra dans l’eau, avançant lentement jusqu’à être immergé jusqu’à la taille, puis entame une brasse souple et silencieuse en direction du navire à l’ancre. La traversée fut plus longue qu’il ne l’avait prévu. Teovan fut soulagé d’atteindre la chaîne épaisse de l’ancre, et il s’accorda une minute de repos avant d’entamer l’ascension qui le mènerait à bord. Une fois ses muscles plus détendus, il coinça sa dague entre ses dents, et commença à gravir maillon par maillon la chaîne. Chacun de ses geste, précautionneux et silencieux, lui demandait un effort supplémentaire. Sa tenue gorgée d’eau pesait sur ses épaules. C’est non sans difficulté qu’il atteignit enfin le bâtiment, et s’agrippa à un rebord pour jeter un coup d’œil sur le pont. Ce dernier était loin d’être désert, et même fortement occupé. De ci, de là, quelques boucaniers jouant aux dés, récurant le sol, enroulant quelque corde ou ramassant un filet… D’aucuns aiguisaient leur sabre, d’autres nettoyaient leur mousquet. Partout régnait une activité bruyante des voix grasses et des rires grinçants.
Agacé, Teovan décida de poursuivre son escalade en longeant le bastingage, à l’abris des regards. Un pirate se pencha alors par-dessus bord juste au dessus de lui et il s’immobilisa. Un crachat passa juste à côté de lui, et la trogne disparut de nouveau. Soufflant doucement, il progressa de nouveau vers l’arrière du bâtiment, là où se trouvait normalement la cabine du Capitaine.
« …Bien de temps on va encore tremper dans c’coin. Qu’est-ce qu’ils foutent le Rouge et le Vieux Randy ? Ca fait bien que’ques heures qu’y d’vraient être rev’nus. ‘Va pas y passer la nuit à attendre ces deux sacs à… »
Un sourire fugitif ourla les lèvres de l’assassin alors que s’éteignaient les voix à mesure qu’il s’éloignait. Enfin, il atteignit l’angle du navire, et négocia son passage vers l’arrière. La peau de ses doigts pelait et ses phalanges, crispées et mouillées, s’engourdissaient sous l’assaut d’un vent d’Est qui se levait. Il glissa plusieurs fois, se rattrapant de justesse, et réussit enfin à atteindre une petite fenêtre donnant sur l’intérieur. La chance lui sourit, elle était simplement repoussée. Il écarta le battant qui se plaignit en grinçant… Personne à l’intérieur de la cabine. Il se glissa à l’intérieur.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Aucune règle ne dicte mes actions. Aucun dogme ne dirige mon esprit. Aucune croyance n’obscurcit ma vision. Je suis seul et unique maître de moi-même. Ma morale ne regarde que moi, elle n’obéit à nulle vision du bien ou du mal… Je suis seul dispensateur de mort, à l’au-delà de dispenser jugement et châtiment. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
L’assassin frotta ses mains, achevant d’arracher la pulpe du bout de ses doigts. Ils offraient un piètre spectacle, à vif, ornés de quelques ongles cassés pendant l’escalade. Il ôta une écharde de son index, et porta son doigt à sa bouche pour empêcher le sang de perler en observant les lieux.
La cabine n’était pas luxueuse, mais individuelle. Surement celle du Second. Un hamac oscillait avec le roulis du navire, occupant la majeur partie de la chambrée. Un coffre à clous dans un coin de la pièce, à côté duquel reposait une pair de vieilles bottes. Bercé un instant par le mouvement du bâtiment, Teovan s’absorba dans la contemplation des nuages qui s’amoncelaient dans le ciel. Il secoua la tête et se repris quand des pas se firent entendre. Il pris sa dague en main, et approcha de la porte, prêt à frapper.
Clac. Clac. Claclac. Claclac. Deux personnes.
« …Me chercher ces deux abrutis immédiatement, je veux qu’on lève l’ancre dans une heure. Ca leur apprendra à… »
Les pas s’interrompirent et la voix fut coupée par le bruit d’une porte qui claquait. L’assassin se détendit, écouta encore quelques secondes pour s’assurer que personne ne traînait dans les parages. Tous les bruits se concentraient sur le pont. Quelques éclats d’une voix grave annonçait les ordres, auquel répondait un redoublement du brouhaha de la course des marins. C’était le moment.
Il se glissa à l’extérieur de la cabine et tomba sur un petit couloir étroit donnant sur un pont inférieur. Une autre porte, celle-ci ornée du même blason que le drapeau, se trouvait à l’opposé. Celle-là même qu’il avait entendu claquer une minute auparavant. Le capitaine devait occuper sa chambre en ce moment même… Très bien. Teovan gagna le pont dans lequel s’affairaient deux marins qui vérifiaient les arrimages. Il se glissa sans mal sans attirer leur attention vers l’escalier qui donnait sur les cales. Il attendit un moment en bas des marches que sa vision s’accommode à la pénombre, et entreprit de fouiller les caisses. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait : d’une part la réserve de rhum explosif, d’autre part les tonneaux de poudre. Il s’empara de deux bouteilles, puis défit le couvercle d’un petit tonneau de réserve de poudre destiné aux armes des rufians.
Après un bon moment passé dans la cale, il regagna la cabine du Capitaine. Au passage, il distingua une chaloupe qui se dirigeait vers la côte. Ainsi donc, l’activité de tout à l’heure visait à la mettre à l’eau… Quelques pirates maussades occupaient son bord. Sur le pont supérieur, l’activité n’avait pas cessé. Teovan entendit les grincements caractéristiques des mâts sur lesquels on faisait hissait les voiles. Le départ était pour bientôt, mais la préparation de ce type de navire prenait du temps…
Arrivé devant la porte de la cabine, il saisit sa dague d’une main et ouvrit lentement la porte de l’autre, puis pénétra rapidement dans la pièce, lame prête à frapper… Personne. L’endroit était vide. Il jura entre ses dents, et rangea son arme. Un rapide examen des lieux lui apprit que l’homme était ordonné. Des instruments de navigation et une carte sur une table, un lit impeccablement fait. La petite cantine ne contenait rien hormis une boussole cassée et une plume usagée… Alors qu’il fouillait les lieux, des pas se firent entendre tout près de la porte… L’approche avait été masquée par l’activité bruyante au dehors. Il parcourut les lieux d’un coup d’œil, aucune cachette exploitable. L’assassin se glissa dans le coin le plus sombre de la pièce et se tint parfaitement immobile.
La porte s’ouvrit sur un grand gaillard en chemise et en pantalon de tartan. Ses bottes lui montaient jusqu’aux genoux, et un sabre pendait à sa ceinture au côté d’un mousquet. La barbe lui mangeait la moitié du visage, quoique rare sur sa joue droite qui portait des traces de brûlure. Ses cheveux, noués en catogan, étaient longs et noirs. Les traits burinés de l’homme étaient concentrés sur la lecture d’un parchemin à son entrée dans la pièce. Il referma distraitement la porte et s’avança. Teovan empoigna lentement la garde de son arme. Le Capitaine s’arrêta brusquement alors que son regard se posait sur la cantine ouverte. Il leva un regard vif et alerte d’un bleu sombre et croisa celui vert profond de sa Némésis. L’assassin dégaina et lança dans le même geste son arme vers le Pirate qui esquiva, plus agile qu’il ne s’y attendait. Ce dernier dégaina son sabre en même temps que son adversaire tirait son épée, et engagea le duel en grognant. Le sang froid de l’homme surpris l’assassin alors qu’il parait un estoc puissant.
« - Qu’est-ce que tu fous ici ? demanda le barbu d’une voix hargneuse tandis qu’ils ferraillaient sans relâche.
- Je suis là pour vous, Capitaine.
- Capitaine ? Mais qu’est-ce qu…
Une fente adroite l’empêcha de terminer sa phrase, tandis qu’il parait et se dérobait de justesse.
- Vous avez pris la fierté d’une femme rousse, récemment, asséna l’assassin en faisant peser chaque mot d’une attaque violente à la garde parfaite du bretteur.
- Haha ! s’esclaffa ce dernier, tu te goures complètement mon p’tit gars. Le capitaine n’a pas profité des charmes de la putain rousse !
- Je ne te crois pas.
- Et pourtant. De plus, il est déjà mort le Capitaine. C’moi qui l’remplace en tant que Second, mais ça m’empêch’ra pas de te passer en fil de mon sabre, sac de boyaux… fit-il. »
Teovan, un moment désarçonné par les paroles de son adversaire, manqua de lâcher son arme sous l’assaut d’une attaque fulgurante. Ses doigts fatigués par l’escalade et une nouvelle estocade achevèrent de lui faire tomber la lame des mains. Avec un rugissement de victoire, le Pirate fondit sur sa victime. Au dernier moment, elle s’esquiva avec agilité, et son arme se retrouva coincée entre le corps et le bras de l’assassin. Ce dernier frappa le poignet du Pirate, et le força à son tour à se délester de sa lame. Il asséna un formidable crochet du droit à la mâchoire de son adversaire, puis saisit la crosse du mousquet proche alors que celui-ci titubait en arrière sous le choc.
« A MOI LES GARS ! » fit le barbu en se rattrapant au cadre de lit d’une main.
Teovan le mit en joue, et appuya sur la détente. Un brutal mouvement du navire dévia son tir, alors que le Pirate se jetait de côté. Le coup de feu claqua, suivi d’un petit nuage de fumée. Un cri de douleur se fit entendre, et une traînée sanglante apparut sur la joue brûlée du rufian. Lorsque le nuage se dissipa, une seconde plus tard, l’assassin avait disparut. La porte grinçait encore.
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
L’assassin frotta ses mains, achevant d’arracher la pulpe du bout de ses doigts. Ils offraient un piètre spectacle, à vif, ornés de quelques ongles cassés pendant l’escalade. Il ôta une écharde de son index, et porta son doigt à sa bouche pour empêcher le sang de perler en observant les lieux.
La cabine n’était pas luxueuse, mais individuelle. Surement celle du Second. Un hamac oscillait avec le roulis du navire, occupant la majeur partie de la chambrée. Un coffre à clous dans un coin de la pièce, à côté duquel reposait une pair de vieilles bottes. Bercé un instant par le mouvement du bâtiment, Teovan s’absorba dans la contemplation des nuages qui s’amoncelaient dans le ciel. Il secoua la tête et se repris quand des pas se firent entendre. Il pris sa dague en main, et approcha de la porte, prêt à frapper.
Clac. Clac. Claclac. Claclac. Deux personnes.
« …Me chercher ces deux abrutis immédiatement, je veux qu’on lève l’ancre dans une heure. Ca leur apprendra à… »
Les pas s’interrompirent et la voix fut coupée par le bruit d’une porte qui claquait. L’assassin se détendit, écouta encore quelques secondes pour s’assurer que personne ne traînait dans les parages. Tous les bruits se concentraient sur le pont. Quelques éclats d’une voix grave annonçait les ordres, auquel répondait un redoublement du brouhaha de la course des marins. C’était le moment.
Il se glissa à l’extérieur de la cabine et tomba sur un petit couloir étroit donnant sur un pont inférieur. Une autre porte, celle-ci ornée du même blason que le drapeau, se trouvait à l’opposé. Celle-là même qu’il avait entendu claquer une minute auparavant. Le capitaine devait occuper sa chambre en ce moment même… Très bien. Teovan gagna le pont dans lequel s’affairaient deux marins qui vérifiaient les arrimages. Il se glissa sans mal sans attirer leur attention vers l’escalier qui donnait sur les cales. Il attendit un moment en bas des marches que sa vision s’accommode à la pénombre, et entreprit de fouiller les caisses. Il trouva rapidement ce qu’il cherchait : d’une part la réserve de rhum explosif, d’autre part les tonneaux de poudre. Il s’empara de deux bouteilles, puis défit le couvercle d’un petit tonneau de réserve de poudre destiné aux armes des rufians.
Après un bon moment passé dans la cale, il regagna la cabine du Capitaine. Au passage, il distingua une chaloupe qui se dirigeait vers la côte. Ainsi donc, l’activité de tout à l’heure visait à la mettre à l’eau… Quelques pirates maussades occupaient son bord. Sur le pont supérieur, l’activité n’avait pas cessé. Teovan entendit les grincements caractéristiques des mâts sur lesquels on faisait hissait les voiles. Le départ était pour bientôt, mais la préparation de ce type de navire prenait du temps…
Arrivé devant la porte de la cabine, il saisit sa dague d’une main et ouvrit lentement la porte de l’autre, puis pénétra rapidement dans la pièce, lame prête à frapper… Personne. L’endroit était vide. Il jura entre ses dents, et rangea son arme. Un rapide examen des lieux lui apprit que l’homme était ordonné. Des instruments de navigation et une carte sur une table, un lit impeccablement fait. La petite cantine ne contenait rien hormis une boussole cassée et une plume usagée… Alors qu’il fouillait les lieux, des pas se firent entendre tout près de la porte… L’approche avait été masquée par l’activité bruyante au dehors. Il parcourut les lieux d’un coup d’œil, aucune cachette exploitable. L’assassin se glissa dans le coin le plus sombre de la pièce et se tint parfaitement immobile.
La porte s’ouvrit sur un grand gaillard en chemise et en pantalon de tartan. Ses bottes lui montaient jusqu’aux genoux, et un sabre pendait à sa ceinture au côté d’un mousquet. La barbe lui mangeait la moitié du visage, quoique rare sur sa joue droite qui portait des traces de brûlure. Ses cheveux, noués en catogan, étaient longs et noirs. Les traits burinés de l’homme étaient concentrés sur la lecture d’un parchemin à son entrée dans la pièce. Il referma distraitement la porte et s’avança. Teovan empoigna lentement la garde de son arme. Le Capitaine s’arrêta brusquement alors que son regard se posait sur la cantine ouverte. Il leva un regard vif et alerte d’un bleu sombre et croisa celui vert profond de sa Némésis. L’assassin dégaina et lança dans le même geste son arme vers le Pirate qui esquiva, plus agile qu’il ne s’y attendait. Ce dernier dégaina son sabre en même temps que son adversaire tirait son épée, et engagea le duel en grognant. Le sang froid de l’homme surpris l’assassin alors qu’il parait un estoc puissant.
« - Qu’est-ce que tu fous ici ? demanda le barbu d’une voix hargneuse tandis qu’ils ferraillaient sans relâche.
- Je suis là pour vous, Capitaine.
- Capitaine ? Mais qu’est-ce qu…
Une fente adroite l’empêcha de terminer sa phrase, tandis qu’il parait et se dérobait de justesse.
- Vous avez pris la fierté d’une femme rousse, récemment, asséna l’assassin en faisant peser chaque mot d’une attaque violente à la garde parfaite du bretteur.
- Haha ! s’esclaffa ce dernier, tu te goures complètement mon p’tit gars. Le capitaine n’a pas profité des charmes de la putain rousse !
- Je ne te crois pas.
- Et pourtant. De plus, il est déjà mort le Capitaine. C’moi qui l’remplace en tant que Second, mais ça m’empêch’ra pas de te passer en fil de mon sabre, sac de boyaux… fit-il. »
Teovan, un moment désarçonné par les paroles de son adversaire, manqua de lâcher son arme sous l’assaut d’une attaque fulgurante. Ses doigts fatigués par l’escalade et une nouvelle estocade achevèrent de lui faire tomber la lame des mains. Avec un rugissement de victoire, le Pirate fondit sur sa victime. Au dernier moment, elle s’esquiva avec agilité, et son arme se retrouva coincée entre le corps et le bras de l’assassin. Ce dernier frappa le poignet du Pirate, et le força à son tour à se délester de sa lame. Il asséna un formidable crochet du droit à la mâchoire de son adversaire, puis saisit la crosse du mousquet proche alors que celui-ci titubait en arrière sous le choc.
« A MOI LES GARS ! » fit le barbu en se rattrapant au cadre de lit d’une main.
Teovan le mit en joue, et appuya sur la détente. Un brutal mouvement du navire dévia son tir, alors que le Pirate se jetait de côté. Le coup de feu claqua, suivi d’un petit nuage de fumée. Un cri de douleur se fit entendre, et une traînée sanglante apparut sur la joue brûlée du rufian. Lorsque le nuage se dissipa, une seconde plus tard, l’assassin avait disparut. La porte grinçait encore.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« C’est dans une situation désespérée que l’espoir est au plus haut. C’est lorsqu’il a tout à perdre que l’homme se rend compte de ce qu’il a à gagner. C’est dans la pire des situation qu’on donne le meilleur de soi-même… Ainsi va le monde. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Teovan se rua sur le pont inférieur. Deux matelots se mirent sur sa route en criant. Le premier fut vite désarmé et neutralisé d’un solide balayage. Sa tête heurta le sol avec un bruit sec. Le second se défendit guère plus que son compagnon. Sabre et mousquet dans une main, l’assassin tira la bouteille de rhum explosif glissée à sa ceinture, et en répandit tout le contenu sur le sol en parcourant le pont. Il se pencha sur la traînée d’alcool alors que le Second barbu sortait furibond de la cabine. Il actionna le mécanisme et une petite étincelle naquît de la collision du chien et de la pierre. L’alcool s’enflamma aussitôt, et la langue de feu se propagea en léchant le liquide sur le plancher de bois. Le Second rugit de colère et pointa son sabre vers son adversaire qui se relevait.
« Tu t’es trompé de bonhomme, petit fils de chien, mais seulement parc’que c’n’était pas le Capitaine. C’était moi mon salaud, c’est moi qui l’aie besognée comme une chienne tous les soirs. Je l’ai brisée et rebrisée jusqu’à ce qu’elle marque, et elle aimait ça la putain rousse ! »
La fumée envahissait les lieux, mais les deux regards s’affrontèrent au dessus des flammes hautes. Teovan se détourna et courut jusqu’à l’escalier. Le Pirate quant à lui tentait d’étouffer les flammes avant qu’elles ne prennent des proportions trop importantes… L’assassin grimpa deux par deux les marches, puis parcourut le mince espace qui le séparait de la porte donnant sur le pont supérieur. Celle-ci s’ouvrit une fraction de seconde avant qu’il ne l’atteigne. Plutôt que de ralentir il fonça, épaule en avant, et percuta la porte de plein fouet. Le matelot s’écroula en arrière, les mains plaquées contre son nez éclaté. Surgissant sur le pont, il se trouva nez à nez avec le reste de l’équipage. Sans ralentir, il se précipita vers le bord le plus proche, mais plusieurs marins entreprirent de lui barrer le chemin, alors que les autres fonçaient vers le pont inférieur d’où s’échappait une fumée épaisse.
L’assassin dévia sa course, esquiva et para les lames qui s’abattaient sur lui, puis fut contraint de grimper les escaliers menant à la barre. Là, il se tourna pour faire face à ses assaillants. Ces derniers approchèrent de front tandis qu’il reculait et se servait du gouvernail comme une protection. Ils se lancèrent à l’assaut avec force de cris rauques. Il entra alors dans une véritable danse, où le floue de sa lame déviait et harcelait celles de ses adversaires. Soufflant et suant, Teovan savait qu’il ne tiendrait pas le rythme longtemps. Une ouverture dans la garde de l’un des pirates lui permit d’expédier ce dernier à terre d’un puissant coup de botte au plexus. Les autres hésitèrent, redoutant la lame experte, et tentés par la fatigue apparente de leur victime. Ils se décidèrent pour un nouvel assaut, et se heurtèrent à la même garde acharnée, mais cette fois l’assassin se précipita au devant d’eux. Il repoussa l’assaut, écarta une lame, frappa une autre avec une violence décuplée, puis se lança de nouveau dans l’escalier pour regagner le pont supérieur… Mais d’autres matelots venus en renforts arrivaient face à lui. Pris en tenaille, il se lança sur un cordage et grimpa avec frénésie. Le filet destiné à grimper au mât tangua sous son poids. Plusieurs hommes se lancèrent à sa suite.
C’est à ce moment que les nuages commencèrent à déverser une pluie torrentielle. Teovan grimpa encore et encore, jusqu’à atteindre le premier mât d’où tombaient une ample voile rayée. Là, il harcela plusieurs grimpeurs, dont quelques-uns lâchèrent prise. Sans perdre un instant, il entama une nouvelle ascension. D’en bas, il entendit une voix qui dominait les autres, et risqua un coup d’œil en bas. Les flammes avaient dû être maîtrisées, car le Second hurlait sur ses hommes en le pointant du doigt, en dessous. Il distingua un pirate qui le lorgnait avec insistance, le geste caractéristique… Une sueur froide le glaça, plus froide encore que la pluie qui le trempait déjà. Un trait acéré passa à quelques centimètres de lui, sifflant, et couvrit un bref instant le grondement de l’averse. Ses muscles le brûlaient, il sentait son corps s’alourdir de nouveau avec l’eau. Ses gestes se firent de plus en plus lent, et plusieurs poursuivants gagnèrent du terrain. Puis un choc au creux de son épaule le fit basculer, et il lâcha prise. La chute durant une seconde, et sa main rencontra de nouveau la corde. Le chanvre lui écorcha la paume tandis qu’il serrait pour arrêter sa chute. Il pendait maintenant dans le vide, accroché d’une seule main au cordage. Et ce fut la douleur. La flèche avait frappé au creux de son épaule, et transpercé sans mal la protection de cuir. L’empennage de plume rouge laissait s’égrainer les gouttes de pluie, lentement… Une gouttelette se colora de rouge, le sang perlait le long de la flèche. Teovan tournoya légèrement, la main toujours crispée sur le cordage.
Un éclair jeta un flash éblouissant sur la scène. En bas, les pirates hurlaient comme des forcenés, tous les regards braqués sur cette silhouette suspendue dans le vide, balancée par la houle naissante. L’assassin entreprit de se soulever et de regagner une prise confortable, mais renonça, vide de ses forces. Il entama alors un mouvement de balancier, en se servant du roulis, jusqu’à atteindre du pied un maillon du cordage. Alors, fermant les yeux, il attendit que le navire penche de nouveau et mis ses dernières forces dans son élan. Il poussa fermement des pieds et se lança dans le vide… Il tomba comme une pierre, le navire entamait déjà sa remontée pour pencher en sens inverse… Trop tard. Il heurta le bastingage brutalement, tournoya sur lui-même et s’abîma dans l’océan…
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Teovan se rua sur le pont inférieur. Deux matelots se mirent sur sa route en criant. Le premier fut vite désarmé et neutralisé d’un solide balayage. Sa tête heurta le sol avec un bruit sec. Le second se défendit guère plus que son compagnon. Sabre et mousquet dans une main, l’assassin tira la bouteille de rhum explosif glissée à sa ceinture, et en répandit tout le contenu sur le sol en parcourant le pont. Il se pencha sur la traînée d’alcool alors que le Second barbu sortait furibond de la cabine. Il actionna le mécanisme et une petite étincelle naquît de la collision du chien et de la pierre. L’alcool s’enflamma aussitôt, et la langue de feu se propagea en léchant le liquide sur le plancher de bois. Le Second rugit de colère et pointa son sabre vers son adversaire qui se relevait.
« Tu t’es trompé de bonhomme, petit fils de chien, mais seulement parc’que c’n’était pas le Capitaine. C’était moi mon salaud, c’est moi qui l’aie besognée comme une chienne tous les soirs. Je l’ai brisée et rebrisée jusqu’à ce qu’elle marque, et elle aimait ça la putain rousse ! »
La fumée envahissait les lieux, mais les deux regards s’affrontèrent au dessus des flammes hautes. Teovan se détourna et courut jusqu’à l’escalier. Le Pirate quant à lui tentait d’étouffer les flammes avant qu’elles ne prennent des proportions trop importantes… L’assassin grimpa deux par deux les marches, puis parcourut le mince espace qui le séparait de la porte donnant sur le pont supérieur. Celle-ci s’ouvrit une fraction de seconde avant qu’il ne l’atteigne. Plutôt que de ralentir il fonça, épaule en avant, et percuta la porte de plein fouet. Le matelot s’écroula en arrière, les mains plaquées contre son nez éclaté. Surgissant sur le pont, il se trouva nez à nez avec le reste de l’équipage. Sans ralentir, il se précipita vers le bord le plus proche, mais plusieurs marins entreprirent de lui barrer le chemin, alors que les autres fonçaient vers le pont inférieur d’où s’échappait une fumée épaisse.
L’assassin dévia sa course, esquiva et para les lames qui s’abattaient sur lui, puis fut contraint de grimper les escaliers menant à la barre. Là, il se tourna pour faire face à ses assaillants. Ces derniers approchèrent de front tandis qu’il reculait et se servait du gouvernail comme une protection. Ils se lancèrent à l’assaut avec force de cris rauques. Il entra alors dans une véritable danse, où le floue de sa lame déviait et harcelait celles de ses adversaires. Soufflant et suant, Teovan savait qu’il ne tiendrait pas le rythme longtemps. Une ouverture dans la garde de l’un des pirates lui permit d’expédier ce dernier à terre d’un puissant coup de botte au plexus. Les autres hésitèrent, redoutant la lame experte, et tentés par la fatigue apparente de leur victime. Ils se décidèrent pour un nouvel assaut, et se heurtèrent à la même garde acharnée, mais cette fois l’assassin se précipita au devant d’eux. Il repoussa l’assaut, écarta une lame, frappa une autre avec une violence décuplée, puis se lança de nouveau dans l’escalier pour regagner le pont supérieur… Mais d’autres matelots venus en renforts arrivaient face à lui. Pris en tenaille, il se lança sur un cordage et grimpa avec frénésie. Le filet destiné à grimper au mât tangua sous son poids. Plusieurs hommes se lancèrent à sa suite.
C’est à ce moment que les nuages commencèrent à déverser une pluie torrentielle. Teovan grimpa encore et encore, jusqu’à atteindre le premier mât d’où tombaient une ample voile rayée. Là, il harcela plusieurs grimpeurs, dont quelques-uns lâchèrent prise. Sans perdre un instant, il entama une nouvelle ascension. D’en bas, il entendit une voix qui dominait les autres, et risqua un coup d’œil en bas. Les flammes avaient dû être maîtrisées, car le Second hurlait sur ses hommes en le pointant du doigt, en dessous. Il distingua un pirate qui le lorgnait avec insistance, le geste caractéristique… Une sueur froide le glaça, plus froide encore que la pluie qui le trempait déjà. Un trait acéré passa à quelques centimètres de lui, sifflant, et couvrit un bref instant le grondement de l’averse. Ses muscles le brûlaient, il sentait son corps s’alourdir de nouveau avec l’eau. Ses gestes se firent de plus en plus lent, et plusieurs poursuivants gagnèrent du terrain. Puis un choc au creux de son épaule le fit basculer, et il lâcha prise. La chute durant une seconde, et sa main rencontra de nouveau la corde. Le chanvre lui écorcha la paume tandis qu’il serrait pour arrêter sa chute. Il pendait maintenant dans le vide, accroché d’une seule main au cordage. Et ce fut la douleur. La flèche avait frappé au creux de son épaule, et transpercé sans mal la protection de cuir. L’empennage de plume rouge laissait s’égrainer les gouttes de pluie, lentement… Une gouttelette se colora de rouge, le sang perlait le long de la flèche. Teovan tournoya légèrement, la main toujours crispée sur le cordage.
Un éclair jeta un flash éblouissant sur la scène. En bas, les pirates hurlaient comme des forcenés, tous les regards braqués sur cette silhouette suspendue dans le vide, balancée par la houle naissante. L’assassin entreprit de se soulever et de regagner une prise confortable, mais renonça, vide de ses forces. Il entama alors un mouvement de balancier, en se servant du roulis, jusqu’à atteindre du pied un maillon du cordage. Alors, fermant les yeux, il attendit que le navire penche de nouveau et mis ses dernières forces dans son élan. Il poussa fermement des pieds et se lança dans le vide… Il tomba comme une pierre, le navire entamait déjà sa remontée pour pencher en sens inverse… Trop tard. Il heurta le bastingage brutalement, tournoya sur lui-même et s’abîma dans l’océan…
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« La Mort est la plus sauvage des amantes. Fuis-la elle te suis, suis-la elle te fuit. »
Elrandìr Feuillelame, elfe solitaire.
« On fait quoi Capitaine ? questionna un matelot.
- R’mettez le navire en ordre et l’vez l’ancre. Sur le champ. Ce salaud s’est noyé, s’il est pas déjà mort.
- Capitaine, et pour le Rouge et l’Vieux Randy ?
- Ils avaient qu’à se ramener avant, cria le Capitaine-Second barbu.
Il passa une main sur son entaille à la joue, puis se retira sans sa cabine en maugréant. Au passage, il croisa un matelot sur le pont inférieur qui l’interpella.
- Cap’tain… R’gardez sur l’sol… Les flammes elles ont formé une lettre… On dirait un W ?
- Hein ? Grogna l’autre en regardant les marques noires. »
Ces dernières formaient vaguement quelque chose. Après une seconde de réflexion, il était sûr que c’était un M, mais n’était-ce pas un hasard du roulis si l’alcool s’était répandu ainsi.. ? Il haussa les épaules et congédia l’homme d’un geste.
Le matelot perspicace leva haute sa lanterne en descendant l’escalier menant aux cales. Il s’arrêta soudainement en distinguant une lueur venant d’en bas… Maugréant, il tira son sabre et avança avec prudence. Un autre intrus était surement resté caché. Il s’avança, dissipant les ténèbres au fur et à mesure. Au fond de la cale, une chandelle était allumée. Une flamme nue ! Il s’avança en claudiquant à travers les caisses.
« Nom de… »
Le marin sentit son pied légèrement entravé par une cordelette. Il releva les yeux juste à temps pour voir la chandelle basculer sur un nid de poudre. Le matelot n’eut que le temps de voir le petit tas gris s’enflammer…
Une détonation perturba le déchaînement des eaux du ciel. Le navire éclata en une vaste explosion de flammes jaunes, oranges et rouges. Un épais nuage de fumée se dégagea de l’épave qui sombrait, alors que des morceaux de bois incandescents retombaient lentement en une petite pluie colorée.
Charrié par les vagues, un corps dérivait sur la mer creuse…
Elrandìr Feuillelame, elfe solitaire.
« On fait quoi Capitaine ? questionna un matelot.
- R’mettez le navire en ordre et l’vez l’ancre. Sur le champ. Ce salaud s’est noyé, s’il est pas déjà mort.
- Capitaine, et pour le Rouge et l’Vieux Randy ?
- Ils avaient qu’à se ramener avant, cria le Capitaine-Second barbu.
Il passa une main sur son entaille à la joue, puis se retira sans sa cabine en maugréant. Au passage, il croisa un matelot sur le pont inférieur qui l’interpella.
- Cap’tain… R’gardez sur l’sol… Les flammes elles ont formé une lettre… On dirait un W ?
- Hein ? Grogna l’autre en regardant les marques noires. »
Ces dernières formaient vaguement quelque chose. Après une seconde de réflexion, il était sûr que c’était un M, mais n’était-ce pas un hasard du roulis si l’alcool s’était répandu ainsi.. ? Il haussa les épaules et congédia l’homme d’un geste.
Le matelot perspicace leva haute sa lanterne en descendant l’escalier menant aux cales. Il s’arrêta soudainement en distinguant une lueur venant d’en bas… Maugréant, il tira son sabre et avança avec prudence. Un autre intrus était surement resté caché. Il s’avança, dissipant les ténèbres au fur et à mesure. Au fond de la cale, une chandelle était allumée. Une flamme nue ! Il s’avança en claudiquant à travers les caisses.
« Nom de… »
Le marin sentit son pied légèrement entravé par une cordelette. Il releva les yeux juste à temps pour voir la chandelle basculer sur un nid de poudre. Le matelot n’eut que le temps de voir le petit tas gris s’enflammer…
Une détonation perturba le déchaînement des eaux du ciel. Le navire éclata en une vaste explosion de flammes jaunes, oranges et rouges. Un épais nuage de fumée se dégagea de l’épave qui sombrait, alors que des morceaux de bois incandescents retombaient lentement en une petite pluie colorée.
Charrié par les vagues, un corps dérivait sur la mer creuse…
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Cruel dilemme que le mien, aujourd’hui. Renier ma nature, renier ce que j’étais, suis et serai, pour demeurer celui qu’on veut que je sois. Et pourquoi continuer à vivre, si ce n’est pour croiser son regard ? Sans écouter cette voix, venant des abysses de mon esprit, je lui ai dévoilé un avenir où sa vie serait radieuse. Quant à la mienne, elle serait radieusement brève, éphémère de sentiments. La passion a cela de commun avec une flamme, elle brûle et se consume aussi vite qu’elle s’est embrasée… Et quand nous nous retournerons sur le passé, nous aurons vécu des moments inoubliables, que nous finirons par oublier…
Solitude mon amie, je t’abandonne au profit d’une vie que je ne suis pas certain de souhaiter. Je sais briller plus haut, aller plus loin, ma solitude… J’excelle sur ce chemin solitaire qu’est celui de la vie. Et mon passage de contraster sur les routes du commun des mortels, je fends le monde et je brise les lois aussi surement que je froisse la morale… Je n’ai cure des valeurs, je ne m’encombre que de mes pensées et de la portée de mon bras.
Cruel dilemme, que de briller à jamais, que d’exceller quelques secondes … »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Forêt d’Elwynn, cascade de Comté du Nord. Par une matinée fraîche, la cascade déploie son voile de dentelle écumeuse devant les rochers. Le soleil commence tout juste à réchauffer la terre, parant la rivière d’un manteau de brume, dont les langues floues dissimulent l’eau à tous les regards. Sur la berge, un homme seul. Nu jusqu’à la taille, les pantalons remontés jusqu’aux genoux et une épée courbe en main, ses mouvements sont lents et sereins. La lame rivalise d’ardeur avec les trombes d’eau, faisant miroiter la lumière sur le métal poli. Le tonnerre grondant de la chute proche étouffe les sifflement de l’épée dans l’air, et le souffle saccadé du bretteur. La parade est pure, chaque geste mesuré, dévoilant une maîtrise certaine. Tous les mouvements sont économisés, assurés, mais sans retenue.
Une fois l’échauffement arrivé à son terme, le rythme s’accélère. Les traits détendus et les yeux mi-clos, Teovan accélère le rythme, atteignant une vitesse d’enchaînement déconcertante. Ses pas sont lents, préservant son équilibre mis à rude épreuve par les mouvements de bras rapides. Chacune de ses attaques est contrebalancée d’un placement parfait, jusqu’à ce que son pied glisse sur l’herbe humide. Il se rattrapa de justesse de sa main libre, sans lâcher son arme. Une grimace contrariée déforma un instant ses traits, puis il se releva et essuya la boue de sa main gauche sur son pantalon.
Quelques pas plus loin l’attendait le reste de ses affaires, dans lesquelles se trouvait un fourreau souple orné d’une lanière de cuir assez ample. Il rengaina l’arme, et passa la lanière de cuir en travers de sa poitrine trempée de sueur. Teovan jeta un œil au reste de ses affaires, hésitant, puis se dirigea vers la cascade. Il avisa un premier rocher, imposant, au pied de celle-ci, et entama son ascension sur la pierre mouillée. Une fugitive pensée pour sa dernière escapade lui vint à l’esprit durant l’escalade… Ses doigts trouvant machinalement une prise dans les cavités creusées par l’eau, il progressa avec prudence, le dos parfois durement flagellé par la cascade.
Quelques minutes plus tard, Teovan se hissa sur une plateforme naturelle. Il dominait largement toute la vallée du Comté du Nord, et embrassa du regard tout le paysage de la contrée endormie. Le vert des arbres serrés se teintait d’or lumineux et d’argent brumeux… Une nostalgie inhabituel sourdait en lui, alors que s’imposait à son regard le plaisir simple de cette région sereine. Son pays natal fut jadis aussi beau. Il tira de nouveau son épée avec un soupire, et se plaça en garde face au rideau d’eau. L’équilibre de sa position était rendu précaire par la roche humide, véritable intérêt de l’entraînement qu’il s’imposait. La lame commença à fendre le fluide translucide, créant de multiples brèches dans le débit continu. Et il continua à affronter la chute jusqu’à ce que ses doigts gourds ne puissent plus tenir son arme…
Après cet entraînement éreintant, il retourna contempler le paysage. Le soleil s’éloigna peu à peu de l’horizon pour gagner le zénith, dissipant la brume matinale. Après un moment passé à oublier le temps, il écarta les bras et se jeta dans le vide. La rencontre avec l’eau fut comme un éveil brutal, ses mains jointes devant lui touchant le fond boueux. Teovan remonta à la surface d’une poussée, et se laissa porter par l’eau, le visage tourné vers le ciel. Le courant l’emporta doucement vers l’aval…
Solitude mon amie, je t’abandonne au profit d’une vie que je ne suis pas certain de souhaiter. Je sais briller plus haut, aller plus loin, ma solitude… J’excelle sur ce chemin solitaire qu’est celui de la vie. Et mon passage de contraster sur les routes du commun des mortels, je fends le monde et je brise les lois aussi surement que je froisse la morale… Je n’ai cure des valeurs, je ne m’encombre que de mes pensées et de la portée de mon bras.
Cruel dilemme, que de briller à jamais, que d’exceller quelques secondes … »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Forêt d’Elwynn, cascade de Comté du Nord. Par une matinée fraîche, la cascade déploie son voile de dentelle écumeuse devant les rochers. Le soleil commence tout juste à réchauffer la terre, parant la rivière d’un manteau de brume, dont les langues floues dissimulent l’eau à tous les regards. Sur la berge, un homme seul. Nu jusqu’à la taille, les pantalons remontés jusqu’aux genoux et une épée courbe en main, ses mouvements sont lents et sereins. La lame rivalise d’ardeur avec les trombes d’eau, faisant miroiter la lumière sur le métal poli. Le tonnerre grondant de la chute proche étouffe les sifflement de l’épée dans l’air, et le souffle saccadé du bretteur. La parade est pure, chaque geste mesuré, dévoilant une maîtrise certaine. Tous les mouvements sont économisés, assurés, mais sans retenue.
Une fois l’échauffement arrivé à son terme, le rythme s’accélère. Les traits détendus et les yeux mi-clos, Teovan accélère le rythme, atteignant une vitesse d’enchaînement déconcertante. Ses pas sont lents, préservant son équilibre mis à rude épreuve par les mouvements de bras rapides. Chacune de ses attaques est contrebalancée d’un placement parfait, jusqu’à ce que son pied glisse sur l’herbe humide. Il se rattrapa de justesse de sa main libre, sans lâcher son arme. Une grimace contrariée déforma un instant ses traits, puis il se releva et essuya la boue de sa main gauche sur son pantalon.
Quelques pas plus loin l’attendait le reste de ses affaires, dans lesquelles se trouvait un fourreau souple orné d’une lanière de cuir assez ample. Il rengaina l’arme, et passa la lanière de cuir en travers de sa poitrine trempée de sueur. Teovan jeta un œil au reste de ses affaires, hésitant, puis se dirigea vers la cascade. Il avisa un premier rocher, imposant, au pied de celle-ci, et entama son ascension sur la pierre mouillée. Une fugitive pensée pour sa dernière escapade lui vint à l’esprit durant l’escalade… Ses doigts trouvant machinalement une prise dans les cavités creusées par l’eau, il progressa avec prudence, le dos parfois durement flagellé par la cascade.
Quelques minutes plus tard, Teovan se hissa sur une plateforme naturelle. Il dominait largement toute la vallée du Comté du Nord, et embrassa du regard tout le paysage de la contrée endormie. Le vert des arbres serrés se teintait d’or lumineux et d’argent brumeux… Une nostalgie inhabituel sourdait en lui, alors que s’imposait à son regard le plaisir simple de cette région sereine. Son pays natal fut jadis aussi beau. Il tira de nouveau son épée avec un soupire, et se plaça en garde face au rideau d’eau. L’équilibre de sa position était rendu précaire par la roche humide, véritable intérêt de l’entraînement qu’il s’imposait. La lame commença à fendre le fluide translucide, créant de multiples brèches dans le débit continu. Et il continua à affronter la chute jusqu’à ce que ses doigts gourds ne puissent plus tenir son arme…
Après cet entraînement éreintant, il retourna contempler le paysage. Le soleil s’éloigna peu à peu de l’horizon pour gagner le zénith, dissipant la brume matinale. Après un moment passé à oublier le temps, il écarta les bras et se jeta dans le vide. La rencontre avec l’eau fut comme un éveil brutal, ses mains jointes devant lui touchant le fond boueux. Teovan remonta à la surface d’une poussée, et se laissa porter par l’eau, le visage tourné vers le ciel. Le courant l’emporta doucement vers l’aval…
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Un mal pour un bien… L’inverse est vrai également. Quant à moi, je ne suis jamais ni l’un ni l’autre, ou plutôt les deux à la fois… Je ne sais plus. Plus mon destin se trace, plus il perd son sens, comme si la route qui se dévoilait avait des allures de mauvaise direction. Pourquoi réagir ainsi alors que tout devrait être si clair ? Ma nature est-elle si profondément abjecte que je ne puisse plus goûter à une seule et brève seconde de… Mais de quoi ?
Plus le soleil brille, et plus l’on craint l’orage… »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le cadre est enchanteur, ses cheveux sont parés de fleur. Le jour tant attendu, et tant redouté, est là. On dirait que le ciel s’est paré lui-même des quelques nuages épars, créant quelques tâches d’ombre sur la clairière.
Une allée naturelle se forme au centre d’une petite foule en tenue de fête, reliant deux amants. Au bout, une femme au port altier, vêtue d’une robe blanche parée comme sa coiffe de fleurs de saison. Les mains jointes devant elle, un petit sourire affecté sur son visage, elle attend, ses beaux yeux unis à ceux de l’homme de l’autre côté. Lui est vêtu d’un vêtement plus sobre, qui paraîtrait terne s’il ne contrastait pas avec le brun profond de ses cheveux de jais. Pour une fois, son regard émeraude n’est pas glacé, mais presque rieur. Comme s’il s’accordait en ce jour un moment de bonheur, et faisait passé, telle une promesse, l’amour sincère qu’il éprouvait pour celle qui allait devenir sienne.
Et les invités de regarder tantôt l’un, tantôt l’autre, qui un sourire affecté aux lèvres, qui un clin d’œil encourageant. La mariée tend une main hésitante vers son époux, et ce geste semble briser l’attente. Il avance, lentement, le bruit de ses pas étouffé par l’herbe tendre. Un sourire radieux naquit sur les lèvres de la dame, et il l’a rejoint toujours. Il lève alors sa main pour la joindre à celle de sa femme…
Un nuage voile le soleil, la scène s’assombrit, un hoquet secoue la foule tandis qu’une douleur vive se fait soudaine sentir dans le dos du marié. Il se cambre sous la douleur, tandis qu’une lame sanglante jaillit de la poitrine de sa femme. Les yeux agrandis par la surprise et la douleur, elle tente d’une main tremblante de le saisir… Sur la belle étoffe pure s’épanouit une fleur écarlate qui ne cesse de grandir… Elle ne rencontre qu’un toucher froid de mort. Son image vole en mille morceaux, dans un bruit de verre brisé. Dans les éclats, son visage torturé, au regard vide, darde un regard accusateur sur son époux impuissant…
Plus de clairière, plus de fleurs, il tombe à genoux et fouille frénétiquement dans les bris de ce miroir, ses doigts ne sont plus qu’un amas de chair mâchée, ajoutant son sang à celui qui déjà a coulé. La douleur semble vouloir se refuser, la mort se dérobe… Plus rien qu’un vide oppressant, il tente de crier, mais sa gorge se serre… Il n’y a plus rien que ses yeux, ses yeux sans vie, son regard juge, sa culpabilité.
Teovan se réveille en sursaut, la maison est silencieuse… A côté de lui, elle dort paisiblement, en sécurité. Il se lève sans bruit, et gagne l’extérieur, respirer l’air frais de la nuit. La lune lui fait face, ronde , lumineuse, nacrée… Comme une robe de mariée. Il contemple son ombre qui s’étire loin devant lui. Soudain, un frisson lui parcourt le dos et il se tourne brusquement.
La maison est dévorée par les flammes hautes, le bois craque et la charpente s’effondre. La lueur dansante allongeant encore plus l’ombre de l’homme… L’enfer en un paradis de lumière vive. La fumée lui brûle les yeux, à l’odeur âcre se mêle une autre, plus prenante, de chair consumée… Un cri déchire le silence crépitant, son cri, sa voix… Sa plainte et sa perte. Le sol se dérobe…
De nouveau surgit la réalité, un sursaut, et le silence. Teovan se redresse, attendant qu’un autre voile de cauchemar s’efface. Rien… Il couvre son visage de ses mains. Les cales rassurantes de ses mains rompues à l’exercice chassent les derniers soupçons de songe. Il cligne des yeux, alors une légère sensation de caresse lui effleure la joue. Il se tourne, s’attendant à trouver un visage rassurant, mais la couche est vide… Il passe une main surprise là où naissait ce toucher troublant, et recueille une larme mourante sur ses doigts. D’abord surpris il reste là à l’observer, elle tremble, et finit par tomber, se noyant dans le drap. Ses sourcils se froncent lentement, un spasme déforme les traits de l’assassin. Il rejette la couverture et se lève…
Plus tard, une ombre se glisse hors de la demeure, et s’enfuit vers la forêt.
Plus le soleil brille, et plus l’on craint l’orage… »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Le cadre est enchanteur, ses cheveux sont parés de fleur. Le jour tant attendu, et tant redouté, est là. On dirait que le ciel s’est paré lui-même des quelques nuages épars, créant quelques tâches d’ombre sur la clairière.
Une allée naturelle se forme au centre d’une petite foule en tenue de fête, reliant deux amants. Au bout, une femme au port altier, vêtue d’une robe blanche parée comme sa coiffe de fleurs de saison. Les mains jointes devant elle, un petit sourire affecté sur son visage, elle attend, ses beaux yeux unis à ceux de l’homme de l’autre côté. Lui est vêtu d’un vêtement plus sobre, qui paraîtrait terne s’il ne contrastait pas avec le brun profond de ses cheveux de jais. Pour une fois, son regard émeraude n’est pas glacé, mais presque rieur. Comme s’il s’accordait en ce jour un moment de bonheur, et faisait passé, telle une promesse, l’amour sincère qu’il éprouvait pour celle qui allait devenir sienne.
Et les invités de regarder tantôt l’un, tantôt l’autre, qui un sourire affecté aux lèvres, qui un clin d’œil encourageant. La mariée tend une main hésitante vers son époux, et ce geste semble briser l’attente. Il avance, lentement, le bruit de ses pas étouffé par l’herbe tendre. Un sourire radieux naquit sur les lèvres de la dame, et il l’a rejoint toujours. Il lève alors sa main pour la joindre à celle de sa femme…
Un nuage voile le soleil, la scène s’assombrit, un hoquet secoue la foule tandis qu’une douleur vive se fait soudaine sentir dans le dos du marié. Il se cambre sous la douleur, tandis qu’une lame sanglante jaillit de la poitrine de sa femme. Les yeux agrandis par la surprise et la douleur, elle tente d’une main tremblante de le saisir… Sur la belle étoffe pure s’épanouit une fleur écarlate qui ne cesse de grandir… Elle ne rencontre qu’un toucher froid de mort. Son image vole en mille morceaux, dans un bruit de verre brisé. Dans les éclats, son visage torturé, au regard vide, darde un regard accusateur sur son époux impuissant…
Plus de clairière, plus de fleurs, il tombe à genoux et fouille frénétiquement dans les bris de ce miroir, ses doigts ne sont plus qu’un amas de chair mâchée, ajoutant son sang à celui qui déjà a coulé. La douleur semble vouloir se refuser, la mort se dérobe… Plus rien qu’un vide oppressant, il tente de crier, mais sa gorge se serre… Il n’y a plus rien que ses yeux, ses yeux sans vie, son regard juge, sa culpabilité.
Teovan se réveille en sursaut, la maison est silencieuse… A côté de lui, elle dort paisiblement, en sécurité. Il se lève sans bruit, et gagne l’extérieur, respirer l’air frais de la nuit. La lune lui fait face, ronde , lumineuse, nacrée… Comme une robe de mariée. Il contemple son ombre qui s’étire loin devant lui. Soudain, un frisson lui parcourt le dos et il se tourne brusquement.
La maison est dévorée par les flammes hautes, le bois craque et la charpente s’effondre. La lueur dansante allongeant encore plus l’ombre de l’homme… L’enfer en un paradis de lumière vive. La fumée lui brûle les yeux, à l’odeur âcre se mêle une autre, plus prenante, de chair consumée… Un cri déchire le silence crépitant, son cri, sa voix… Sa plainte et sa perte. Le sol se dérobe…
De nouveau surgit la réalité, un sursaut, et le silence. Teovan se redresse, attendant qu’un autre voile de cauchemar s’efface. Rien… Il couvre son visage de ses mains. Les cales rassurantes de ses mains rompues à l’exercice chassent les derniers soupçons de songe. Il cligne des yeux, alors une légère sensation de caresse lui effleure la joue. Il se tourne, s’attendant à trouver un visage rassurant, mais la couche est vide… Il passe une main surprise là où naissait ce toucher troublant, et recueille une larme mourante sur ses doigts. D’abord surpris il reste là à l’observer, elle tremble, et finit par tomber, se noyant dans le drap. Ses sourcils se froncent lentement, un spasme déforme les traits de l’assassin. Il rejette la couverture et se lève…
Plus tard, une ombre se glisse hors de la demeure, et s’enfuit vers la forêt.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« Je suis toujours sûr de tout, le destin ne m’échappe pas. Je l’ai maîtrisé, je me joue de lui comme un navire se jouant des vagues dans une tempête. Mais aujourd’hui, le doute s’empare de moi. J’ai décidé de lancer un défi à cette vie qui est la mienne… J’ai craché dans l’œil des ténèbres et lui ai tourné le dos, lui offrant une occasion de me poignarder.
Solitude, tu n’es plus qu’un souvenir, mais tu as décidé de ta rappeler à moi, à jamais, comme une marque au fer rouge sur l’âme.
Hier fut certainement le plus beau jour de mon existence. Je me suis uni à la femme que j’aime. Mais ce faisant, je l’ai attirée dans les rets de ma malédiction. Et depuis qu’elle s’est montrée à moi, je me suis noyé dans son regard. Jusqu’à la fin de cette cérémonie qui nous verrait lier nos deux vies. Et lorsque nos regards se sont portés sur l’assistance, je t’ai vue, Solitude, comme un dernier au revoir… Il n’y avait personne pour moi. Et dans mon dos, la seule personne que j’ai réussi à convaincre s’en est allée… A ma gauche cette présence chaude et rassurante, seule capable de me soustraire à toi. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Il fait nuit noire. Le feu se meurt doucement dans l’âtre… Teovan se lève sans bruit. A côté de lui, Cymbeline dort profondément. Son visage est serein dans son sommeil, apaisé. Il remonte légèrement la couverture sur elle avant de quitter la couche. C’est nu qu’il traverse l’unique pièce de la maisonnette. Dans la semi-obscurité, il distingue sur le sol sa tenue de marié. Le rouge, ourlé d’or de sa tunique, le blanc immaculé de sa chemise… Des couleurs vives, qu’il n’avait revêtues depuis longtemps. Le poids soudain d’une époque lointaine s’abattit sur ses épaules, qui s’affaissèrent. Il passa une main hésitante sur les vêtements froissés, aussi froissés que les souvenirs qui résonnaient en lui.
Teovan posa les yeux sur la silhouette endormie, alors que défilaient chaque évènement marquant qui avait déterminé son histoire, jusqu’à aujourd’hui. Serait-il prêt à repayer le prix de cette existence pour se retrouver ici ? Il se refusa à répondre… Délaissant son ensemble, il gagna un coffre de bois simple, lequel servait de meuble où s’entassaient plusieurs objets. Il les ôta un à un, sans bruit, tandis que s’ôtaient une à une les couches de souvenirs. Lorsque le coffre fut libéré, il chassa la poussière marquée d’un geste, avant de soulever le couvercle. Il résista, émettant un grincement plaintif.
A l’intérieur, une armure complète était soigneusement rangée. Son éclat était terni par la poussière, mais on devinait sa rutilance sous l’épaisse couche grise. Elle avait la couleur de l’émeraude. En dessous, une cape blanche pliée, ainsi qu’une épée ouvragée reposant à son côté. Ainsi reposaient les vestiges du passé du jeune homme. Silencieux, et immobiles. Figés dans la poussière grise de son passé. Seule l’épée semblait la repousser, un mince fil de lumière verte courant sur le tranchant. Le pommeau était gravé de trois lettres entremêlées, « A.G.R ». Teovan referma le coffre lentement.
Laissant les objets sur le sol, il se dirigea vers la tablée. D’une main, il prit de l’eau dans un ample bol de terre, et s’aspergea le visage pour chasser les dernières brumes d’un sommeil agité. Il se frotta le visage, les yeux endormis, et releva la tête pour se faire face. Dans le miroir, un homme lui rendait un regard froid, impénétrable, profond… N’importe quel inconnu aurait été effrayé par de tels yeux. Des yeux de tueur, implacables. Il tira la peau, là où des rides d’inquiétude s’étaient creusées avant l’heure. Pendant un moment, il retrouva les traits de sa jeunesse pourtant guère lointaine… Les années semblaient compter double. Le début de barbe qui lui mangeait les joues, rejoignant son bouc soigné, n’aidait pas à améliorer l’image qui s’offrait à lui. « Qui suis-je ? » murmura-t-il à son jumeau… La question ne put que lui être renvoyée.
Les dernières braises qui éclairaient la pièce jetaient une lumière rougeoyante sur un côté de son visage, laissant l’autre dans l’ombre… Mais même la partie éclairée était plus faite d’ombre vacillantes que de lumière. Il ferma les yeux un moment… Lorsqu’un chuchotement presqu’inaudible attira son attention. Il avisa dans le miroir le coin opposé de la pièce, dans lequel reposait une épée contre le mur.
Quelques minutes plus tard, vêtu de pied en cape, il refermait les doigts sur la garde de l’arme. Une voix résonna dans son esprit.
Bon choix…
Et il disparut dans la nuit.
Solitude, tu n’es plus qu’un souvenir, mais tu as décidé de ta rappeler à moi, à jamais, comme une marque au fer rouge sur l’âme.
Hier fut certainement le plus beau jour de mon existence. Je me suis uni à la femme que j’aime. Mais ce faisant, je l’ai attirée dans les rets de ma malédiction. Et depuis qu’elle s’est montrée à moi, je me suis noyé dans son regard. Jusqu’à la fin de cette cérémonie qui nous verrait lier nos deux vies. Et lorsque nos regards se sont portés sur l’assistance, je t’ai vue, Solitude, comme un dernier au revoir… Il n’y avait personne pour moi. Et dans mon dos, la seule personne que j’ai réussi à convaincre s’en est allée… A ma gauche cette présence chaude et rassurante, seule capable de me soustraire à toi. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Il fait nuit noire. Le feu se meurt doucement dans l’âtre… Teovan se lève sans bruit. A côté de lui, Cymbeline dort profondément. Son visage est serein dans son sommeil, apaisé. Il remonte légèrement la couverture sur elle avant de quitter la couche. C’est nu qu’il traverse l’unique pièce de la maisonnette. Dans la semi-obscurité, il distingue sur le sol sa tenue de marié. Le rouge, ourlé d’or de sa tunique, le blanc immaculé de sa chemise… Des couleurs vives, qu’il n’avait revêtues depuis longtemps. Le poids soudain d’une époque lointaine s’abattit sur ses épaules, qui s’affaissèrent. Il passa une main hésitante sur les vêtements froissés, aussi froissés que les souvenirs qui résonnaient en lui.
Teovan posa les yeux sur la silhouette endormie, alors que défilaient chaque évènement marquant qui avait déterminé son histoire, jusqu’à aujourd’hui. Serait-il prêt à repayer le prix de cette existence pour se retrouver ici ? Il se refusa à répondre… Délaissant son ensemble, il gagna un coffre de bois simple, lequel servait de meuble où s’entassaient plusieurs objets. Il les ôta un à un, sans bruit, tandis que s’ôtaient une à une les couches de souvenirs. Lorsque le coffre fut libéré, il chassa la poussière marquée d’un geste, avant de soulever le couvercle. Il résista, émettant un grincement plaintif.
A l’intérieur, une armure complète était soigneusement rangée. Son éclat était terni par la poussière, mais on devinait sa rutilance sous l’épaisse couche grise. Elle avait la couleur de l’émeraude. En dessous, une cape blanche pliée, ainsi qu’une épée ouvragée reposant à son côté. Ainsi reposaient les vestiges du passé du jeune homme. Silencieux, et immobiles. Figés dans la poussière grise de son passé. Seule l’épée semblait la repousser, un mince fil de lumière verte courant sur le tranchant. Le pommeau était gravé de trois lettres entremêlées, « A.G.R ». Teovan referma le coffre lentement.
Laissant les objets sur le sol, il se dirigea vers la tablée. D’une main, il prit de l’eau dans un ample bol de terre, et s’aspergea le visage pour chasser les dernières brumes d’un sommeil agité. Il se frotta le visage, les yeux endormis, et releva la tête pour se faire face. Dans le miroir, un homme lui rendait un regard froid, impénétrable, profond… N’importe quel inconnu aurait été effrayé par de tels yeux. Des yeux de tueur, implacables. Il tira la peau, là où des rides d’inquiétude s’étaient creusées avant l’heure. Pendant un moment, il retrouva les traits de sa jeunesse pourtant guère lointaine… Les années semblaient compter double. Le début de barbe qui lui mangeait les joues, rejoignant son bouc soigné, n’aidait pas à améliorer l’image qui s’offrait à lui. « Qui suis-je ? » murmura-t-il à son jumeau… La question ne put que lui être renvoyée.
Les dernières braises qui éclairaient la pièce jetaient une lumière rougeoyante sur un côté de son visage, laissant l’autre dans l’ombre… Mais même la partie éclairée était plus faite d’ombre vacillantes que de lumière. Il ferma les yeux un moment… Lorsqu’un chuchotement presqu’inaudible attira son attention. Il avisa dans le miroir le coin opposé de la pièce, dans lequel reposait une épée contre le mur.
Quelques minutes plus tard, vêtu de pied en cape, il refermait les doigts sur la garde de l’arme. Une voix résonna dans son esprit.
Bon choix…
Et il disparut dans la nuit.
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
[Récit basé sur un scénario joué en jeu. Vous trouverez les points de vue des deux autres protagonistes dans leurs récits respectifs.]
[ Musique associée ]
« Me voici une fois de plus devant le miroir. Ce que je contemple n'est qu'un morceau de chair balafrée, couturé de cicatrice... Si elles ne sont guère physiques, elles sont bien réelles. Chaque victime laisse une trace sur ce que je suis... Ce n'est qu'un champ en jachère, abandonné, que je contemple. Et les sillons écarlates, les sillons de larmes, les cernes creuses, ne sont que plus de reliefs sur ce champ de ruines.
Pourtant tu as su regarder ce visage, le prendre entre tes mains. Tu l'as apaisé de tes baisers, douleur après douleur, pleur après pleur. Tes larmes par dessus les miennes, semant dans ces tranchées profondes une douceur que je n'attendais plus. De tes caresses mes blessures refermées, de nos peines communes le bonheur a germé... De ce champ de mort, tu as su créer un champ de fleurs, dans lequel a fleuri notre amour.
Aucun masque, rien, ni personne, ne saura le détruire. Jamais. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
L'air froid de l'altitude fouette son visage, et le cavalier resserre sur son cou la cape qui flotte derrière lui. Le griffon vire brutalement sur une simple pression des genoux tandis qu'il franchit un sommet enneigé de Dun Morogh... Bientôt les terres de Lordaeron seront à portée de vue.
La colère intérieure qui habitait Teovan semblait irradier, l'aidant à lutter contre le vent glacé qui semblait tenter de ralentir son voyage. Alors que, douloureusement, sa lune de miel et la chaleur de Tanaris lui revenait...
« - Il est arrivé quelque-chose ? avait demandé Daesmon, debout dans sa cellule.
- Oui, sinon je ne serai pas ici avait rétorqué l'assassin. Cymbeline a été enlevée, elle est retenue à Fossoyeuse et je pars la chercher. Tu seras libéré demain matin à l'aube. »
Il avait acquiescé, prêt. Quelques recommandations plus tard, il était parti. Alors qu'il cheminait dans les ruelles sombres vers la Cathédrale, une lettre froissée dans la main...
« ...Cymbeline enlevée par la Horde durant le Conclave. Heureusement, elle avait passé le flambeau avant... »
Passé le flambeau... Sa main se crispa, froissant un peu plus la peau terne et raidie sur laquelle courait l'écriture penchée. Comment osaient-ils ? Ils parlaient de sa femme comme un morceau de viande. Remplaçable. Inutile.
Il tourna à un angle, et le fier bâtiment se dressa devant lui, sur une estrade de marches de granite. Il les grimpa à la volée, la cathédrale était toujours ouvertes aux visiteurs dans le besoin... Le besoin d'avoir des réponses. Il demanda à être reçu par l'ordre dont elle fut le primat. Ils l'avaient reniée... A cette heure tardive, ce fut un représentant fatigué qui lui fut attribué. Laborieusement, il lui tira détail après détail, extirpant peu à peu le malheureux de sa torpeur. Des elfes, des réprouvés... Un Conclave stupidement mené tambour battant dans le repaire même de l'ennemi. Pauvres fous.
« - Et vous n'essayez même pas, poursuivit Teovan sur le ton de la rage contenue, d'aller lui porter secours ?
- Mais voyons, répondit l'autre, elle connaissait les risques encourus. Cela fait.. Faisait pardon, partie de sa fonction.
Le regard de l'assassin disparut presque sous le froncement de sourcils.
- C'est tout ce que je voulais savoir. Adieu.
Il se leva prestement et lui tourna le dos, mais sa main s'aventura près de sa ceinture.
- Je vous raccompagne, Messire, dit l'homme fatigué en se levant à son tour.
- Encore une chose avant cela... chuchota Teovan.
- Oui Mess.. »
Le geste fut vif. Tournant les talons, l'air siffla tandis qu'il tranchait net la gorge du malheureux. Le sang gicla une fois, avant que l'homme ne s'effondre lourdement en arrière et suffoque. Puis il se répandit, contrastant fortement avec la pierre blanche du sol.
Dire qu'il y a quelques jours, il se mariait dans une clairière, sous les arbres de la forêt d'Elwynn...
[ Musique associée ]
« Me voici une fois de plus devant le miroir. Ce que je contemple n'est qu'un morceau de chair balafrée, couturé de cicatrice... Si elles ne sont guère physiques, elles sont bien réelles. Chaque victime laisse une trace sur ce que je suis... Ce n'est qu'un champ en jachère, abandonné, que je contemple. Et les sillons écarlates, les sillons de larmes, les cernes creuses, ne sont que plus de reliefs sur ce champ de ruines.
Pourtant tu as su regarder ce visage, le prendre entre tes mains. Tu l'as apaisé de tes baisers, douleur après douleur, pleur après pleur. Tes larmes par dessus les miennes, semant dans ces tranchées profondes une douceur que je n'attendais plus. De tes caresses mes blessures refermées, de nos peines communes le bonheur a germé... De ce champ de mort, tu as su créer un champ de fleurs, dans lequel a fleuri notre amour.
Aucun masque, rien, ni personne, ne saura le détruire. Jamais. »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
L'air froid de l'altitude fouette son visage, et le cavalier resserre sur son cou la cape qui flotte derrière lui. Le griffon vire brutalement sur une simple pression des genoux tandis qu'il franchit un sommet enneigé de Dun Morogh... Bientôt les terres de Lordaeron seront à portée de vue.
La colère intérieure qui habitait Teovan semblait irradier, l'aidant à lutter contre le vent glacé qui semblait tenter de ralentir son voyage. Alors que, douloureusement, sa lune de miel et la chaleur de Tanaris lui revenait...
« - Il est arrivé quelque-chose ? avait demandé Daesmon, debout dans sa cellule.
- Oui, sinon je ne serai pas ici avait rétorqué l'assassin. Cymbeline a été enlevée, elle est retenue à Fossoyeuse et je pars la chercher. Tu seras libéré demain matin à l'aube. »
Il avait acquiescé, prêt. Quelques recommandations plus tard, il était parti. Alors qu'il cheminait dans les ruelles sombres vers la Cathédrale, une lettre froissée dans la main...
« ...Cymbeline enlevée par la Horde durant le Conclave. Heureusement, elle avait passé le flambeau avant... »
Passé le flambeau... Sa main se crispa, froissant un peu plus la peau terne et raidie sur laquelle courait l'écriture penchée. Comment osaient-ils ? Ils parlaient de sa femme comme un morceau de viande. Remplaçable. Inutile.
Il tourna à un angle, et le fier bâtiment se dressa devant lui, sur une estrade de marches de granite. Il les grimpa à la volée, la cathédrale était toujours ouvertes aux visiteurs dans le besoin... Le besoin d'avoir des réponses. Il demanda à être reçu par l'ordre dont elle fut le primat. Ils l'avaient reniée... A cette heure tardive, ce fut un représentant fatigué qui lui fut attribué. Laborieusement, il lui tira détail après détail, extirpant peu à peu le malheureux de sa torpeur. Des elfes, des réprouvés... Un Conclave stupidement mené tambour battant dans le repaire même de l'ennemi. Pauvres fous.
« - Et vous n'essayez même pas, poursuivit Teovan sur le ton de la rage contenue, d'aller lui porter secours ?
- Mais voyons, répondit l'autre, elle connaissait les risques encourus. Cela fait.. Faisait pardon, partie de sa fonction.
Le regard de l'assassin disparut presque sous le froncement de sourcils.
- C'est tout ce que je voulais savoir. Adieu.
Il se leva prestement et lui tourna le dos, mais sa main s'aventura près de sa ceinture.
- Je vous raccompagne, Messire, dit l'homme fatigué en se levant à son tour.
- Encore une chose avant cela... chuchota Teovan.
- Oui Mess.. »
Le geste fut vif. Tournant les talons, l'air siffla tandis qu'il tranchait net la gorge du malheureux. Le sang gicla une fois, avant que l'homme ne s'effondre lourdement en arrière et suffoque. Puis il se répandit, contrastant fortement avec la pierre blanche du sol.
Dire qu'il y a quelques jours, il se mariait dans une clairière, sous les arbres de la forêt d'Elwynn...
Dernière édition par Teovan le Mer 12 Mai 2010, 14:43, édité 1 fois
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« La fable de l'homme perdu.
Il était une fois un homme qui marchait de nuit dans la forêt. Il rentrait au village après une dure journée de labeur dans le village le plus proche. Buvant une dernière bière brune, il s'était attardé, et la nuit était tombé. Malgré tout, il avait décidé de marcher jusqu'à chez lui. Fatigué, il coupa à travers la forêt pour atteindre plus vite sa destination... Mais de nuit, tous les arbres se ressemblaient. Convaincu de trouver son chemin, il parcourut une bonne distance... Le temps passait, toujours pas de lumière annonçant les maisons proches. Il marcha, marcha encore, tournant et retournant... Il contourna un fourré, puis une souche, sauta par dessus un arbre mort...
Au matin, les bûcherons trouvèrent l'homme mort de fatigue à peu de distance de son village. Les traces de ce dernier tournant invariablement en rond sur une bonne surface... S'il était allé toujours tout droit, peut-être aurait-il retrouvé son chemin... »
Extrait recopié dans le Journal de Teovan Rhoryn.
[ Musique associée ]
Les deux hommes s'étaient rejoints au Camp du Noroit. Sans perdre de temps, chacun sur un grand félin de monte, ils couvrirent sans se cacher la distance qui les séparaient de Fossoyeuse, anciennement capitale du puissant royaume de Lordaeron. Teovan et Daesmon chevauchaient sans mot dire... L'un comme l'autre avaient trop en tête pour se perdre en palabres inutiles. Ils démontèrent près de l'entrée des égouts donnant sur les bas-fonds de la cité des réprouvés, et cachèrent leurs montures derrière un fourré proche.
Teovan sortit une vieille carte usée, tandis que Daesmon passait en revue ses armes. D'un doigt ganté, il indiqua à son partenaire le chemin qu'ils allaient emprunter dans le dédale.
« Mon maître est déjà venu ici... Nous prendrons ce couloir, puis suivrons ce chemin. Je crois savoir où elle est retenue. Ils sont toujours ici... Les réprouvés mènent des expériences sur eux. »
Les deux hommes progressèrent en silence, leur armure de cuir huilée ne produisant aucun son. Les bottes ne claquaient pas sur le sol jonché de fluides immondes des égoûts. Ils s'enfonçaient dans les entrailles de la terre, dans l'horreur, dans un cimetière vivant. Par deux fois, Teovan glissa légèrement sur des liquides visqueux... Ils ne rencontrèrent personne jusqu'aux murs même de la ville. Les réprouvés étaient bien trop sûrs de leur puissance...
D'un même mouvement, ils se coulèrent le long de murs suintants, usant avec talent des ombres environnantes pour cacher leur présence. Et l'odeur prit Teovan à la gorge.
Ce n'était pas l'odeur de la mort elle-même... Celle de la mort était sèche en comparaison de celle-ci. Ce parfum là était rance et doucereux à la fois, presque sucré, bien que moisi. L'air était lourd d'une humidité malsaine de milliers de corps en décomposition, de chairs putrides en activité... La bile lui monta à la gorge, tant à cause de l'odeur que de la peur. La peur de voir ce qu'était devenue sa femme et... Il secoua la tête pour retrouver son sang froid. Il fallait être attentif.
Le dédale semblait ne plus finir, jusqu'à ce que Teovan et Daesmon débouchent sur une alcôve plus ouverte qui donnait sur des canaux verdâtres... L'eau semblait stagner depuis des lustres. La sueur démangeait Teovan sous son équipement, comme si la décomposition essayait de s'infiltrer en lui. Il frissonna et se força à avancer... Plusieurs gardes morts-vivants ne remarquèrent même pas leur passage, le pas léger des deux ombres indétectable à leurs oreilles pourries. Quant à ceux qui posaient problème, les orcs... La plupart finirent par disparaître.
Ils gagnèrent enfin le niveau inférieur donnant sur l'apothicarium, refuge des savants de cette race. Dans la pièce, les gémissements et les cris se mêlaient aux grésillements et aux bouillonnements. Un véritable repaire d'expériences morbides et inhumaines. Les deux assassins s'arrêtèrent un instant pour contempler le spectacle des morts-vivants afférés.
D'un signe de tête réciproque, ils reprirent leur progression dans la salle. Plongés dans les ténèbres environnantes, ils se dirigèrent vers une pièce reculée quant un éclair illumina la pièce, découpant leur silhouette sur le mur qu'ils longeaient, pendant une fraction de seconde. L'un des apothicaires tourna la tête dans leur direction, tiré de la fascination de chairs grouillantes sur son plan de travail... Quand un second flash lumineux apparut, les deux hommes avaient disparut.
Dans une pièce adjacente, plusieurs cages remplies d'humains nus, pleurants, gémissants ou amorphes... Un réprouvé gisait, non loin des deux hommes, neutralisé pour le compte.
« - Tu la vois ? demanda Daesmon.
- Non... Elle devrait être ici... Elle DOIT être ici...
Et Teovan commença à s'affairer, écartant sans ménagement les corps tremblant regroupés, empoignant des visages pour les tourner vers la lumière. Les humains, réduits à l'état de victimes animales, lui jetaient des regards effrayés, ponctués de petits cris.
- Fossoyeuse est trop grande... On ne la retrouvera jamais... finit-il par dire.
- Ils ne t'ont pas donné d'informations ? Sur l'endroit où elle pourrait être ? continua son partenaire.
- Aucune. Et si elle est retenue comme trophée dans la salle royale ? On ne peut pas vaincre la garde à deux...
Le mort-vivant grogna et gesticula aux pieds de l'assassin. Il leva son pied et l'abattit sèchement sur le cou de ce dernier. Un craquement sec mit fin à sa non-vie.
- Elle ne peut qu'être ici, poursuivit Teovan, c'est là qu'ils enferment les vivants.
- Viens, cherchons ailleurs. »
Daesmon gagna la sortie, jetant un rapide coup d'œil à la pièce illuminée de flash avant de s'y glisser, suivit de près. Il se dirigea vers une ouverture en face, fermée par une grille et gardée. Le garde ne fit pas de difficultés... Daesmon se glissa derrière lui, et l'attrapa en étranglement d'un bras ferme. Il gesticula un instant, et avant qu'il ne prenne la moindre initiative, l'assassin lui brisa la nuque dans une torsion brusque. Il accompagna le corps pour ne pas qu'il chute. Personne ne semblait avoir remarqué la petite altercation dans le recoin sombre, tous occupés qu'ils étaient... Ils ne semblaient apprécier la présence orc et faisaient tout pour l'ignorer, pour le plus grand bonheur des deux assassins.
Teovan, pendant ce temps, s'affairait sur la serrure qui cliqueta une dernière fois sous ses efforts avant de céder. Il fit coulisser la grille au minimum et s'y glissa, accompagné par Daesmon qui dissimula le garde. Quelques pas plus loin, la voûte se terminait par une seconde grille donnant cette fois sur une vaste cellule occupée. Deux hommes s'affairaient sur un prisonnier. Le premier psalmodiant, le second harcelant sa victime, un tison ardent à la main.
Les deux hommes s'attaquèrent à la serrure. Teovan retenta la même manœuvre, et brisa son premier rossignole. Le second, après maintes manipulations, ne fit pas céder la serrure grossière. Retenant un juron, il se saisit de sa dague et l'enfonça profondément dans l'ouverture. D'un mouvement de poignet, il fit céder le pêne avec un bruit métallique et la grille s'ouvrit.
Il était une fois un homme qui marchait de nuit dans la forêt. Il rentrait au village après une dure journée de labeur dans le village le plus proche. Buvant une dernière bière brune, il s'était attardé, et la nuit était tombé. Malgré tout, il avait décidé de marcher jusqu'à chez lui. Fatigué, il coupa à travers la forêt pour atteindre plus vite sa destination... Mais de nuit, tous les arbres se ressemblaient. Convaincu de trouver son chemin, il parcourut une bonne distance... Le temps passait, toujours pas de lumière annonçant les maisons proches. Il marcha, marcha encore, tournant et retournant... Il contourna un fourré, puis une souche, sauta par dessus un arbre mort...
Au matin, les bûcherons trouvèrent l'homme mort de fatigue à peu de distance de son village. Les traces de ce dernier tournant invariablement en rond sur une bonne surface... S'il était allé toujours tout droit, peut-être aurait-il retrouvé son chemin... »
Extrait recopié dans le Journal de Teovan Rhoryn.
[ Musique associée ]
Les deux hommes s'étaient rejoints au Camp du Noroit. Sans perdre de temps, chacun sur un grand félin de monte, ils couvrirent sans se cacher la distance qui les séparaient de Fossoyeuse, anciennement capitale du puissant royaume de Lordaeron. Teovan et Daesmon chevauchaient sans mot dire... L'un comme l'autre avaient trop en tête pour se perdre en palabres inutiles. Ils démontèrent près de l'entrée des égouts donnant sur les bas-fonds de la cité des réprouvés, et cachèrent leurs montures derrière un fourré proche.
Teovan sortit une vieille carte usée, tandis que Daesmon passait en revue ses armes. D'un doigt ganté, il indiqua à son partenaire le chemin qu'ils allaient emprunter dans le dédale.
« Mon maître est déjà venu ici... Nous prendrons ce couloir, puis suivrons ce chemin. Je crois savoir où elle est retenue. Ils sont toujours ici... Les réprouvés mènent des expériences sur eux. »
Les deux hommes progressèrent en silence, leur armure de cuir huilée ne produisant aucun son. Les bottes ne claquaient pas sur le sol jonché de fluides immondes des égoûts. Ils s'enfonçaient dans les entrailles de la terre, dans l'horreur, dans un cimetière vivant. Par deux fois, Teovan glissa légèrement sur des liquides visqueux... Ils ne rencontrèrent personne jusqu'aux murs même de la ville. Les réprouvés étaient bien trop sûrs de leur puissance...
D'un même mouvement, ils se coulèrent le long de murs suintants, usant avec talent des ombres environnantes pour cacher leur présence. Et l'odeur prit Teovan à la gorge.
Ce n'était pas l'odeur de la mort elle-même... Celle de la mort était sèche en comparaison de celle-ci. Ce parfum là était rance et doucereux à la fois, presque sucré, bien que moisi. L'air était lourd d'une humidité malsaine de milliers de corps en décomposition, de chairs putrides en activité... La bile lui monta à la gorge, tant à cause de l'odeur que de la peur. La peur de voir ce qu'était devenue sa femme et... Il secoua la tête pour retrouver son sang froid. Il fallait être attentif.
Le dédale semblait ne plus finir, jusqu'à ce que Teovan et Daesmon débouchent sur une alcôve plus ouverte qui donnait sur des canaux verdâtres... L'eau semblait stagner depuis des lustres. La sueur démangeait Teovan sous son équipement, comme si la décomposition essayait de s'infiltrer en lui. Il frissonna et se força à avancer... Plusieurs gardes morts-vivants ne remarquèrent même pas leur passage, le pas léger des deux ombres indétectable à leurs oreilles pourries. Quant à ceux qui posaient problème, les orcs... La plupart finirent par disparaître.
Ils gagnèrent enfin le niveau inférieur donnant sur l'apothicarium, refuge des savants de cette race. Dans la pièce, les gémissements et les cris se mêlaient aux grésillements et aux bouillonnements. Un véritable repaire d'expériences morbides et inhumaines. Les deux assassins s'arrêtèrent un instant pour contempler le spectacle des morts-vivants afférés.
D'un signe de tête réciproque, ils reprirent leur progression dans la salle. Plongés dans les ténèbres environnantes, ils se dirigèrent vers une pièce reculée quant un éclair illumina la pièce, découpant leur silhouette sur le mur qu'ils longeaient, pendant une fraction de seconde. L'un des apothicaires tourna la tête dans leur direction, tiré de la fascination de chairs grouillantes sur son plan de travail... Quand un second flash lumineux apparut, les deux hommes avaient disparut.
Dans une pièce adjacente, plusieurs cages remplies d'humains nus, pleurants, gémissants ou amorphes... Un réprouvé gisait, non loin des deux hommes, neutralisé pour le compte.
« - Tu la vois ? demanda Daesmon.
- Non... Elle devrait être ici... Elle DOIT être ici...
Et Teovan commença à s'affairer, écartant sans ménagement les corps tremblant regroupés, empoignant des visages pour les tourner vers la lumière. Les humains, réduits à l'état de victimes animales, lui jetaient des regards effrayés, ponctués de petits cris.
- Fossoyeuse est trop grande... On ne la retrouvera jamais... finit-il par dire.
- Ils ne t'ont pas donné d'informations ? Sur l'endroit où elle pourrait être ? continua son partenaire.
- Aucune. Et si elle est retenue comme trophée dans la salle royale ? On ne peut pas vaincre la garde à deux...
Le mort-vivant grogna et gesticula aux pieds de l'assassin. Il leva son pied et l'abattit sèchement sur le cou de ce dernier. Un craquement sec mit fin à sa non-vie.
- Elle ne peut qu'être ici, poursuivit Teovan, c'est là qu'ils enferment les vivants.
- Viens, cherchons ailleurs. »
Daesmon gagna la sortie, jetant un rapide coup d'œil à la pièce illuminée de flash avant de s'y glisser, suivit de près. Il se dirigea vers une ouverture en face, fermée par une grille et gardée. Le garde ne fit pas de difficultés... Daesmon se glissa derrière lui, et l'attrapa en étranglement d'un bras ferme. Il gesticula un instant, et avant qu'il ne prenne la moindre initiative, l'assassin lui brisa la nuque dans une torsion brusque. Il accompagna le corps pour ne pas qu'il chute. Personne ne semblait avoir remarqué la petite altercation dans le recoin sombre, tous occupés qu'ils étaient... Ils ne semblaient apprécier la présence orc et faisaient tout pour l'ignorer, pour le plus grand bonheur des deux assassins.
Teovan, pendant ce temps, s'affairait sur la serrure qui cliqueta une dernière fois sous ses efforts avant de céder. Il fit coulisser la grille au minimum et s'y glissa, accompagné par Daesmon qui dissimula le garde. Quelques pas plus loin, la voûte se terminait par une seconde grille donnant cette fois sur une vaste cellule occupée. Deux hommes s'affairaient sur un prisonnier. Le premier psalmodiant, le second harcelant sa victime, un tison ardent à la main.
Les deux hommes s'attaquèrent à la serrure. Teovan retenta la même manœuvre, et brisa son premier rossignole. Le second, après maintes manipulations, ne fit pas céder la serrure grossière. Retenant un juron, il se saisit de sa dague et l'enfonça profondément dans l'ouverture. D'un mouvement de poignet, il fit céder le pêne avec un bruit métallique et la grille s'ouvrit.
Dernière édition par Teovan le Mer 12 Mai 2010, 14:44, édité 2 fois
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
[ Musique associée ]
« La vie n'est qu'un compte à rebours vers une destinée que nous avons tous en commun : mourir. Je briserai sablier après sablier, jusqu'à ce que le sable de ta vie s'écoule entre mes doigts.
Quant au mien ? Je l'ai depuis longtemps retourné... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Les incantations s'interrompirent net, et les deux créatures se tournèrent d'un seul homme vers les deux intrus. Teovan extirpa la dague de la serrure, ramena son bras en arrière et le détendit brutalement. Le premier des deux tortionnaires s'effondra, la lame fichée dans la gorge. Tandis qu'il émettait quelques gargouillements sinistres sur le sol, Daesmon engagea le second dans un duel féroce. Personne ne donna l'alerte.
Il s'approcha de Cymbeline, retenue par des chaînes... Son corps était meurtri, son visage tuméfié. Le cœur de Teovan se serra, et il s'arracha au spectacle pour retirer la dague de la gorge du bourreau. Le bruit du combat le fit se retourner... Il vit le deuxième bourreau charger Daesmon, tison brandi... Le bras de l'assassin se détendit à nouveau dans son mouvement, précis et sûr. La charge du tortionnaire s'arrêta brutalement tandis que la lame déchirait son cou, pénétrant profondément jusqu'à la garde. Il s'effondra, le tison émettant un sifflement de protestation sur ses vêtements. Une légère fumée s'en dégagea.
Le tortionnaire agonisait, toussant et crachant du sang. Sa main sans force effleura le manche de la lame fichée entre ses chairs. Une forme immense couvrit son champ de vision déjà flou. L'odeur âcre de la fumée vint remplacer avec bienveillance celle de la pourriture... Mais ce fut de courte durée. Une lumière blanche explosa dans son orbite, la douleur d'une langue de feu se perpétuant dans son crâne. Il mourut, la mâchoire affaissée dans un cri silencieux...
Teovan fouilla dans le crâne avec le tison qu'il avait planté dans l'oeil du moribond. La chair siffla, le sang bouillonnait légèrement, jusqu'à ce qu'il éteigne l'ardent fer. Il récupéra son arme, l'essuya sur les vêtements de sa victime puis la rengaina.
Derrière lui, Daesmon s'affairait sur les chaînes de Cymbeline, et parvint dans bien que mal à les lui ôter. Pendant ce temps, il avisa l'ouverture découpée dans le plafond, donnant sur un amas de chair qui semblait transporter un liquide putride. C'est par là qu'ils s'enfuiraient...
« La vie n'est qu'un compte à rebours vers une destinée que nous avons tous en commun : mourir. Je briserai sablier après sablier, jusqu'à ce que le sable de ta vie s'écoule entre mes doigts.
Quant au mien ? Je l'ai depuis longtemps retourné... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Les incantations s'interrompirent net, et les deux créatures se tournèrent d'un seul homme vers les deux intrus. Teovan extirpa la dague de la serrure, ramena son bras en arrière et le détendit brutalement. Le premier des deux tortionnaires s'effondra, la lame fichée dans la gorge. Tandis qu'il émettait quelques gargouillements sinistres sur le sol, Daesmon engagea le second dans un duel féroce. Personne ne donna l'alerte.
Il s'approcha de Cymbeline, retenue par des chaînes... Son corps était meurtri, son visage tuméfié. Le cœur de Teovan se serra, et il s'arracha au spectacle pour retirer la dague de la gorge du bourreau. Le bruit du combat le fit se retourner... Il vit le deuxième bourreau charger Daesmon, tison brandi... Le bras de l'assassin se détendit à nouveau dans son mouvement, précis et sûr. La charge du tortionnaire s'arrêta brutalement tandis que la lame déchirait son cou, pénétrant profondément jusqu'à la garde. Il s'effondra, le tison émettant un sifflement de protestation sur ses vêtements. Une légère fumée s'en dégagea.
Le tortionnaire agonisait, toussant et crachant du sang. Sa main sans force effleura le manche de la lame fichée entre ses chairs. Une forme immense couvrit son champ de vision déjà flou. L'odeur âcre de la fumée vint remplacer avec bienveillance celle de la pourriture... Mais ce fut de courte durée. Une lumière blanche explosa dans son orbite, la douleur d'une langue de feu se perpétuant dans son crâne. Il mourut, la mâchoire affaissée dans un cri silencieux...
Teovan fouilla dans le crâne avec le tison qu'il avait planté dans l'oeil du moribond. La chair siffla, le sang bouillonnait légèrement, jusqu'à ce qu'il éteigne l'ardent fer. Il récupéra son arme, l'essuya sur les vêtements de sa victime puis la rengaina.
Derrière lui, Daesmon s'affairait sur les chaînes de Cymbeline, et parvint dans bien que mal à les lui ôter. Pendant ce temps, il avisa l'ouverture découpée dans le plafond, donnant sur un amas de chair qui semblait transporter un liquide putride. C'est par là qu'ils s'enfuiraient...
Dernière édition par Teovan le Mer 12 Mai 2010, 14:51, édité 1 fois
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
« La mort est ce qui nous lie tous. Elle nous rend vivants... La mort est pitié. La mort est salvatrice... Punition ou récompense, elle est dispensée sans jugement, sans sujectivité... Nous pouvons tuer à tour de bras, personne n'est immortel. Nous serons tous un jour la victime qui fut nôtre... »
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Daesmon tirait sur la corde depuis l'ouverture, tandis qu'il accompagnait l'ascension de Cymbeline depuis la cellule. Lorsqu'elle fut en sécurité, il haussa à peine le ton.
« Je vous rejoins. J'ai encore quelque chose à faire. »
Teovan retourna à la grille, et sortit un nécessaire embarqué quelques heures plus tôt. Il sortit, et piégea l'ouverture de plusieurs petits explosifs... Rien qui n'endommage la structure de la pièce, mais assez pour tuer le prochain qui en passerait l'entrée. Une fois le piège en place, il retourna dans la première pièce qu'il avait visitée avec Daesmon. Les cages étaient parfois trop pleines, les corps se chevauchant... La crasse se mêlait au sang sur ces corps enchevêtrés.
Il ouvrit la première cellule, plusieurs regards se posèrent sur lui, personne n'esquissa un geste pour s'échapper. Depuis trop longtemps leur volonté était brisée. Teovan entra dans la cellule, et les humains se tassèrent de peur contre les barreaux hérissés de pointes. Ils s'écorchèrent mais ne parurent même pas le remarqués, plus effrayés par la silhouette qui leur faisait face. Ils ne pouvaient pas s'échapper.
Il tira lentement son épée, un chuchotis accompagnant la libération de la lame. Bientôt, les cris retentirent, sans gêner outre mesure... Il était monnaie courante d'entendre hurler les expériences vivantes ici. Personne ne soupçonna le moins du monde ce qui se déroulait. Le massacre fut sale, brutal. Teovan abattait son bras sans relâche, tranchant et tailladant, enfonçant la lame profondément dans les corps tremblants et agonisant. Le sang finit par recouvrir ses bras, l'écarlate pur lavant les fluides visqueux qui souillaient le cuir...
Bientôt, ce ne furent plus que des cadavres qui jonchaient la pièce, ou les cages. Certains avaient trouvé en eux la force de tenter de partir... L'épée les faucha tous sans exception, tranchant corps, vie, et espoir. Le bras de l'assassin s'engourdit, mais il ne cessa point sa besogne. Chaque victime fut abattue une à une, certaine moins vite que d'autres. Le meurtre était brouillon, l'intention vacillante, la main... Ferme. Ses yeux étaient aussi froids que la glace lorsqu'ils rencontraient le regard de ses victimes, un regard apeuré d'animal...
Il s'en retourna après avoir achevé les prisonniers. Un chuintement le fit se retourner au dernier moment... Au milieu des cadavres reposait un jeune enfant, sur le dos, les yeux vitreux. Sa poitrine se soulevait laborieusement tandis qu'il avait une main appuyée sur la plaie béante de son ventre... Teovan s'approcha. L'enfant tourna la tête dans sa direction, sans le voir. Un son étranglé sortit de sa gorge, moins explicite encore que les larmes qui coulaient des coins de ses yeux. L'assassin prit son arme à deux mains, pointant la lame vers le bas. Il se força à fixer le garçon et lui transperça le cœur. La lumière s'envola de ses yeux et sa poitrine s'affaissa. Il tomba à genou, et un sanglot douloureux se fraya un chemin dans sa gorge, secouant une seule fois son corps... Il essuya maladroitement ce qu'il se refusait à verser, et traça un trait rouge vif sur son visage. Une cicatrice de plus...
Il retira l'épée, agitant le corps de son dernier souffle. Bientôt, il serait libre comme lui...
[ Musique associée Voyez cela comme... La clôture de cette scène.]
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Daesmon tirait sur la corde depuis l'ouverture, tandis qu'il accompagnait l'ascension de Cymbeline depuis la cellule. Lorsqu'elle fut en sécurité, il haussa à peine le ton.
« Je vous rejoins. J'ai encore quelque chose à faire. »
Teovan retourna à la grille, et sortit un nécessaire embarqué quelques heures plus tôt. Il sortit, et piégea l'ouverture de plusieurs petits explosifs... Rien qui n'endommage la structure de la pièce, mais assez pour tuer le prochain qui en passerait l'entrée. Une fois le piège en place, il retourna dans la première pièce qu'il avait visitée avec Daesmon. Les cages étaient parfois trop pleines, les corps se chevauchant... La crasse se mêlait au sang sur ces corps enchevêtrés.
Il ouvrit la première cellule, plusieurs regards se posèrent sur lui, personne n'esquissa un geste pour s'échapper. Depuis trop longtemps leur volonté était brisée. Teovan entra dans la cellule, et les humains se tassèrent de peur contre les barreaux hérissés de pointes. Ils s'écorchèrent mais ne parurent même pas le remarqués, plus effrayés par la silhouette qui leur faisait face. Ils ne pouvaient pas s'échapper.
Il tira lentement son épée, un chuchotis accompagnant la libération de la lame. Bientôt, les cris retentirent, sans gêner outre mesure... Il était monnaie courante d'entendre hurler les expériences vivantes ici. Personne ne soupçonna le moins du monde ce qui se déroulait. Le massacre fut sale, brutal. Teovan abattait son bras sans relâche, tranchant et tailladant, enfonçant la lame profondément dans les corps tremblants et agonisant. Le sang finit par recouvrir ses bras, l'écarlate pur lavant les fluides visqueux qui souillaient le cuir...
Bientôt, ce ne furent plus que des cadavres qui jonchaient la pièce, ou les cages. Certains avaient trouvé en eux la force de tenter de partir... L'épée les faucha tous sans exception, tranchant corps, vie, et espoir. Le bras de l'assassin s'engourdit, mais il ne cessa point sa besogne. Chaque victime fut abattue une à une, certaine moins vite que d'autres. Le meurtre était brouillon, l'intention vacillante, la main... Ferme. Ses yeux étaient aussi froids que la glace lorsqu'ils rencontraient le regard de ses victimes, un regard apeuré d'animal...
Il s'en retourna après avoir achevé les prisonniers. Un chuintement le fit se retourner au dernier moment... Au milieu des cadavres reposait un jeune enfant, sur le dos, les yeux vitreux. Sa poitrine se soulevait laborieusement tandis qu'il avait une main appuyée sur la plaie béante de son ventre... Teovan s'approcha. L'enfant tourna la tête dans sa direction, sans le voir. Un son étranglé sortit de sa gorge, moins explicite encore que les larmes qui coulaient des coins de ses yeux. L'assassin prit son arme à deux mains, pointant la lame vers le bas. Il se força à fixer le garçon et lui transperça le cœur. La lumière s'envola de ses yeux et sa poitrine s'affaissa. Il tomba à genou, et un sanglot douloureux se fraya un chemin dans sa gorge, secouant une seule fois son corps... Il essuya maladroitement ce qu'il se refusait à verser, et traça un trait rouge vif sur son visage. Une cicatrice de plus...
Il retira l'épée, agitant le corps de son dernier souffle. Bientôt, il serait libre comme lui...
[ Musique associée Voyez cela comme... La clôture de cette scène.]
Teovan
Re: Un murmure dans le noir.
"Parfois je m'arrête, pour me demander où est ma place. A chacun de considérer le livre de sa vie... Certains offriront une belle couverture et un contenu pauvre quand d'autre, sous des dehors de cuir corné auront des histoires qui rempliraient des vies entières.
Quant à moi, toute cette encre qui noirci les pages me donnent à penser qu'on oublie parfois les premiers mots, écris avec maladresse. Puis, chapitre après chapitre, page après page, la main se fait plus assurée. Mais l'encre finit par pâlir, puis vraiment manquer...
Alors, est-il temps de tourner la page, cueillir dans l'encrier une nouvelle larme noire et entacher ce grand vide d'un soleil d'encre ? Ce grand point final qui éclate et contraste avec cet espace immaculé, vierge de tout espoir. Mais c'est une larme sans couleur qui viendra s'écraser sur le grand vide de notre histoire. Bue sans ménagement par le papier, si personne ne revient à la page précédente, on ne verra point que c'est l'encre de notre récit que j'ai fait pleurer...
Quel mot me manque ? Alors que la plume est suspendue, frémissante, rien ne vient. Si je devais choisir un mot désiré entre tous, je choisirai "espoir". Car c'est ce dont j'ai le plus soif, et ce dont je redoute le plus de m'abreuver. L'espoir fait atteindre les sommets les plus hauts, les gouffres les plus bas.
Où est mon inspiration ? Alors que je repose ma plume, je vois mon reflet me rendre un regard incrédule depuis la surface moirée de l'encre calme. Une goutte s'échappe de la pointe de mon stylet, et vient en troubler la surface. Mon reflet, aussi limpide un battement de coeur plus tôt que mon image sur un lac par temps clair, devient floue, troublée et torturée par les remous de l'encre. Comme la pluie balaye les songes de l'eau aussi plate qu'un miroir...
Mon encrier se renverse. Avec lourdeur, il s'écroule sur le côté, répandant son sang noir qui s'écoule selon un schéma complexe et pourtant tout à fait hasardeux sur ma table. Mon parchemin épanche sa peine, aspirant avec extase ce fluide sombre dans la moindre de ses fibres et ainsi, son éclat terne se confond-il avec les arabesques de mes lettres...
Alors, qu'elle soit couchée sur ces pages, contenue ou bien répandue, mon encre, mon inspiration, reste ma muse. Toi. Dont le flot des souvenirs se déverse en moi aussi surement que cette encre coule, des blessures de mon âme meurtrie.
Et je me souviens d'hier avec un sentiment coupable, de n'avoir su me rendre compte qu'hier était mieux qu'aujourd'hui."
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Une nuit claire aux Tarides, une nuit froide comme il en existe dans les pays à jour chaud. Quand bien même la nuit est claire, dévoilant un tapis d'étoiles et un disque d'argent glacé, l'air semble lourd. Statique.
Dans les herbes hautes et jaunes, un homme seul traverse la plaine. Sa cape de voyage effleure les tiges souples sans bruit, et son capuchon dissimule le haut de son visage. Bientôt, il atteint un petit coin défriché où l'attend un foyer et une paillasse de feuilles en guise de couche. Il laisse tomber deux bêtes aux allures de rat, avant de se débarasser de sa petite arbalète.
Quelques minutes plus tard, le feu crépite, attisé par les larmes de graisse du repas embroché au dessus des flammes. Le voyageur accroupi tourne lentement son dîner, soufflant parfois dans sa main libre pour la réchauffer. Dans les plaines, un feu se voit à des kilomètres à la ronde. Mais cela ne semble pas l'inquiéter le moins du monde. Il se sent curieusement chez lui lorsqu'il pose un regard sur les étendues sombres rejoignant l'horizon.
Mais, même après avoir satisfait son appétit, ce n'est pas du sommeil du juste qu'il occupera le reste de la nuit. Les yeux perdus dans les étoiles, il y cherchera depuis sa solitude à les relier entre elles jusqu'à former le visage de son aimée.
Tout compte fait, la nuit était glaciale, tout comme le vide en son coeur, et à côté de lui. Il finit par se tourner, en chien de fusil, tournant le dos à la chaleur du feu. Et dans un songe, rêve ou cauchemar, il se retournera pour chercher. Chaque soir.
Quant à moi, toute cette encre qui noirci les pages me donnent à penser qu'on oublie parfois les premiers mots, écris avec maladresse. Puis, chapitre après chapitre, page après page, la main se fait plus assurée. Mais l'encre finit par pâlir, puis vraiment manquer...
Alors, est-il temps de tourner la page, cueillir dans l'encrier une nouvelle larme noire et entacher ce grand vide d'un soleil d'encre ? Ce grand point final qui éclate et contraste avec cet espace immaculé, vierge de tout espoir. Mais c'est une larme sans couleur qui viendra s'écraser sur le grand vide de notre histoire. Bue sans ménagement par le papier, si personne ne revient à la page précédente, on ne verra point que c'est l'encre de notre récit que j'ai fait pleurer...
Quel mot me manque ? Alors que la plume est suspendue, frémissante, rien ne vient. Si je devais choisir un mot désiré entre tous, je choisirai "espoir". Car c'est ce dont j'ai le plus soif, et ce dont je redoute le plus de m'abreuver. L'espoir fait atteindre les sommets les plus hauts, les gouffres les plus bas.
Où est mon inspiration ? Alors que je repose ma plume, je vois mon reflet me rendre un regard incrédule depuis la surface moirée de l'encre calme. Une goutte s'échappe de la pointe de mon stylet, et vient en troubler la surface. Mon reflet, aussi limpide un battement de coeur plus tôt que mon image sur un lac par temps clair, devient floue, troublée et torturée par les remous de l'encre. Comme la pluie balaye les songes de l'eau aussi plate qu'un miroir...
Mon encrier se renverse. Avec lourdeur, il s'écroule sur le côté, répandant son sang noir qui s'écoule selon un schéma complexe et pourtant tout à fait hasardeux sur ma table. Mon parchemin épanche sa peine, aspirant avec extase ce fluide sombre dans la moindre de ses fibres et ainsi, son éclat terne se confond-il avec les arabesques de mes lettres...
Alors, qu'elle soit couchée sur ces pages, contenue ou bien répandue, mon encre, mon inspiration, reste ma muse. Toi. Dont le flot des souvenirs se déverse en moi aussi surement que cette encre coule, des blessures de mon âme meurtrie.
Et je me souviens d'hier avec un sentiment coupable, de n'avoir su me rendre compte qu'hier était mieux qu'aujourd'hui."
Teovan Rhoryn, âme solitaire.
Une nuit claire aux Tarides, une nuit froide comme il en existe dans les pays à jour chaud. Quand bien même la nuit est claire, dévoilant un tapis d'étoiles et un disque d'argent glacé, l'air semble lourd. Statique.
Dans les herbes hautes et jaunes, un homme seul traverse la plaine. Sa cape de voyage effleure les tiges souples sans bruit, et son capuchon dissimule le haut de son visage. Bientôt, il atteint un petit coin défriché où l'attend un foyer et une paillasse de feuilles en guise de couche. Il laisse tomber deux bêtes aux allures de rat, avant de se débarasser de sa petite arbalète.
Quelques minutes plus tard, le feu crépite, attisé par les larmes de graisse du repas embroché au dessus des flammes. Le voyageur accroupi tourne lentement son dîner, soufflant parfois dans sa main libre pour la réchauffer. Dans les plaines, un feu se voit à des kilomètres à la ronde. Mais cela ne semble pas l'inquiéter le moins du monde. Il se sent curieusement chez lui lorsqu'il pose un regard sur les étendues sombres rejoignant l'horizon.
Mais, même après avoir satisfait son appétit, ce n'est pas du sommeil du juste qu'il occupera le reste de la nuit. Les yeux perdus dans les étoiles, il y cherchera depuis sa solitude à les relier entre elles jusqu'à former le visage de son aimée.
Tout compte fait, la nuit était glaciale, tout comme le vide en son coeur, et à côté de lui. Il finit par se tourner, en chien de fusil, tournant le dos à la chaleur du feu. Et dans un songe, rêve ou cauchemar, il se retournera pour chercher. Chaque soir.
Teovan
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