Journal de vie.
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Journal de vie.
Le 31 du cinquième mois, à Hurlevent.
Nous voilà revenus sur Hurlevent, chez les Gump. Je ne m’y attendais pas du tout, mais alors, vraiment pas. A tel point que je venais même de prendre un engagement ailleurs, sur un autre projet, pour nous deux, avec son accord. Et le voilà qui, contre toute attente, me propose "un tour", sans du tout savoir pour quoi faire, juste "faire un tour en ville". Il en était même tellement décidé que de me voir avec cette robe échancrée, disponible pour une petite sieste éventuelle, ne l’a même pas fait reculer. Il serait bien resté à l’auberge pour s’occuper de mon bien être, plutôt que d’aller "faire un tour" mais je l’ai senti poussé intérieurement par une force qui le dépassait. Il "devait" m’emmener en ville, il ne savait pas encore pourquoi, mais il devait le faire.
Et là, à la terrasse du Solitaire Bleu, voilà qu’il m’annonce, ou plutôt me propose, mais comme il le fait toujours, avec une telle force en lui, une telle détermination instinctive, voilà qu’il évoque donc l’idée de revenir sur Hurlevent, afin que je m’ "épanouisse de nouveau, car c’est évident que le monde te manque, même si tu ne veux pas l’admettre. Et de toute façon, tu n’écris plus, c’est la preuve que cette vie loin du monde ne te satisfait pas".
Pourquoi cette idée que sur le moment je trouve saugrenue et totalement folle, surtout alors que nous étions ensemble sur ce nouveau projet depuis des semaines. Parce qu’il se sent mieux, qu’il a pris conscience que nous nous sommes éloignés du monde "à cause de lui en grande partie", qu’il veut faire mon bonheur, qu’il est là pour ça et pour rien d’autre, qu’il pense que désormais il saura "se tenir", qu’il saura rester gentiment non loin de moi, sans faire de vagues, juste pour être près de moi et m’aider à vivre pleinement au milieu des autres, sans être obligés de nous terrer seuls quelque part, sans craindre qu’il aille faire des bêtises, sans craindre de se faire mal l’un à l’autre en simplement vivant notre vie. Bref parce qu’il se sent de nouveau pleinement lui-même, et qu’il a envie, besoin, de vivre au grand jour et au milieu de tous ce que nous sommes devenus, le couple parfait, heureux, idéal que notre rencontre sur le petit banc non loin de la Cathédrale, lors de ce soir du 29 décembre de l'année 30, avait immédiatement laissé supposer.
Autant dire que sur le moment, même si toutes ces paroles sur mon épanouissement personnel m’ont touchée, je n’en menais pas large. Encore un changement, encore une lubie, encore un nouveau départ… Pour combien de temps, pour faire quoi, pour vivre comment… Sur le moment, j’ai pris peur et d’être allés ensemble se renseigner au Dispensaire ne m’a pas tout à fait convaincue. Certes, les choses avaient changé, certes, des personnes de qualité comme Dame Garanhir ou la Comtesse de Bayle semblaient vouloir encore faire vivre correctement la ville, certes nous aurions des amis à voir et revoir, certes je savais qu’il avait tant évolué, changé, qu’il s’était tellement apaisé qu’il ne serait plus celui qui pouvait me pousser à bout comme il l’a si souvent fait. Mais de quoi serait faite notre vie, je me posais mille questions.
Puis en soirée, nous avons cherché un logement et nos pas nous ont dirigé chez les Gump. Quel plaisir de les revoir, quelle joie de retrouver l’appartement qu’il m’avait trouvé lors de notre rencontre, quelle douceur de nous remémorer notre toute première nuit d’amour. C’est alors que j’ai compris qu’il avait raison, que son instinct l’avait poussé sur le bon chemin. Nous sommes faits l’un pour l’autre et rien, ni personne, ne peut désormais nous séparer. Tout ce qui a été vécu depuis des mois le prouve. Nous sommes le couple idéal et nous devons tout faire pour le vivre pleinement, comme nous l’entendons.
Je n’avais pas écrit dans ce cahier depuis plus de deux mois, et ce que j'y écrivais n'était pas très agréable car beaucoup d'émotions me troublaient. Mais je sens là, à ma fébrilité à reprendre la plume, qu’enfin la vie refleurit en moi, et qu’elle me remplit de joie sincère et profonde. Il fait beau, dehors, dedans, et tout autour de moi. Il est parti faire une course, je vais le voir tout à l’heure, mon cœur bat à l’unisson du sien, totalement. Je l’aime.
Cette page de cahier fait suite à celle ci , nouveau cahier qui fait suite à celui ci, qui avait été emporté à Teldrassil.
Clarisse Loumis
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