L'étrange Voile d'Hiver d'Oracio Caldéri
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L'étrange Voile d'Hiver d'Oracio Caldéri
Il faisait froid ce soir, très froid. Et comme d'habitude en cette soirée de Voile d'Hiver, tous et toutes fêtaient en famille ce réveillon, mangeaient en quantité, offraient des présents à leurs proches, à des êtres chers. Tous... non pas tous. Il y en avait au moins un qui ne le faisait pas. Sans famille, sans enfants, sans réels proches, Oracio parcouraient seuls les rues de Hurlevent en ce soir de fête. Il arriva finalement devant le chantier du Cochon Siffleur.
Il y avait une semaine, une discussion avec une de ses connaissances avait mis le doigt sur un problème. Oracio clamait haut et fort que le royaume regorgeait de miséreux alors que les riches, eux, se remplissaient la bedaine sans penser à ceux qui n'en avaient pas les moyens. Mais la personne lui avait fait remarquer que lui aussi ferait pareil le soir du réveillon. Qu'il serait bien au chaud, chez lui, à manger sa dinde farcie pendant que dehors, les gens qu'il disait défendre grelotteraient de froid. C'était le doigt qui venait pousser sur une plaie ouverte. C'était vrai après tout. Oracio critiquaient des gens qui faisaient la même chose que lui.
A la fois vexé et énervé par cette vérité qui le mettait à mal, il s'était juré que cela ne se produirait pas. C'est ainsi qu'une partie des commerçants de la ville avaient reçu le lendemain des commandes inhabituelles à livrer sans délai au cochon siffleur en échange de sommes généreuses.
Le soir du Voile d'Hiver était arrivé à grand pas et quelle ne fut pas la surprise des badauds de voir une foule de nécessiteux de presser devant la porte de la taverne toujours en construction, attendant on ne sait quoi. C'est alors que la porte provisoire et grossière faite de planches s'était ouverte, laissant apercevoir des tables rudimentaires accompagnées de bancs et des feux improvisés au dessus desquels ronronnaient des chaudrons remplis de soupe fumante agrémentée de morceaux de viande bien grasse. Dans l'embrasure de la porte se tenait un homme, vêtu simplement, un sourire chaleureux sur les lèvres. C'était Caldéri.
Il fît entrer les miséreux un à un dans le semblant de taverne qui ne portait pas encore de toiture, prenant soin de distribuer à chacun un demi pain et une couverture chaude. Les personnes prenaient ensuite place dans la grande salle, un bol de potage leur était porté par des gens engagés pour l'occasion. Ils n'avaient rien à faire d'autre que profiter de la chaleur et du confort même précaire qui leur étaient offert.
Oracio accueillait tous ceux qui se présentaient et invitaient ceux qui partaient à passer le mot. Ce soir ne serait pas un soir de solitude pour ceux qui désiraient autre chose que le froid de la rue. La foule profita donc d'un repas et de la chaleur des feux. Suivirent ensuite les tonneaux de bières et les pintes. L'ambiance était détendue et festive, cela rigolait, cela chantait ici et là. L'homme généreux quant à lui, observait de loin, dans un coin. Se contentant sans doute de profiter de l'instant par procuration. Ne désirant pas s'imposer, peut-être aurait-il même voulu s'effacer. Pour laisser à cet instant l'impression qu'il durerait toujours, que demain, tout serait comme ce soir. Il savait bien que ce n'en serait pas ainsi.
Tout à coup, un homme se leva et grimpa sur une table, emmitouflé dans une couverture chaude, le silence se fit. C'est alors qu'il cria un "merci" venu du fond du coeur, tendant sa chope vers leur bienfaiteur. Caldéri s'avança de quelques pas, parcourant la salle pleine à craquer d'un regard à la fois mélancolique et fier. Après tout, ne venait-il pas de là lui aussi ? N'avait-il pas dû voler étant enfant pour pouvoir manger. Peut-être était-il plus proche de ces gens que de personne d'autre. Ce soir, il passait le réveillon du Voile d'Hiver en famille. Le cri de reconnaissance du vagabond fût suivi d'un autre et d'un autre encore et bientôt ce fut toute l'assemblée qui clamait sa gratitude. Oracio leva les main, appelant au silence et prit alors la parole sans trop savoir d'abord ce qu'il dirait.
"Ce soir, mes amis, mes frères, c'est moi qui vous remercie d'être venu, de me faire cet immense plaisir et honneur d'accepter mes présents et de me faire confiance. Vous êtes tous les fils de ce royaume et même si vous pensez peut-être qu'il vous a oublié... que l'on se moque de vous. Je tenais à vous rappeler que certains vous portent encore dans leur coeur et n'oublie pas ce que vous avez offert à cette ville, à ce royaume et à ce monde. Vous les vétérans, les ouvriers, les paysans. Vous les déshérités, les orphelins. Je ne suis pas le seul à me soucier de votre sort, non. Il y a des gens bons dehors qui soignent vos blessures et vos maladies, qui soulagent vos vies difficiles et précaires. Vous n'êtes pas seuls. Tout ce qui se trouve dans cette pièce est à vous ce soir, rien ne doit rester. Alors que le voisinage n'ai pas une seule seconde de répit. Buvez, chantez, riez. Cette nuit est la votre !"
Les acclamations explosèrent tel un barile de poudre dans la grande salle, raisonnant dans les rues de la vieille ville. Oracio sourit et se mêla aux gens, serrant la main de certains qui venaient vers lui. Les écoutant avec attention, riant et buvant avec eux comme si l'espace d'un instant, les rangs n'étaient plus. Comme s'il n'existait plus qu'un seul et unique genre de personne : le genre humain.
Les festivités dureraient jusque tard en cette nuit froide. Oracio sorti quelques instants dans la rue pour s'allumer une cigarette. C'est alors qu'il remarqua que son pied s'était stoppé dans une flaque d'eau, une flaque où il se reflétait à présent. Son regard figé sur sa propre image, il sourit, fier et parla pour lui même.
"Joyeux Voile d'Hiver Monsieur Caldéri."
Il y avait une semaine, une discussion avec une de ses connaissances avait mis le doigt sur un problème. Oracio clamait haut et fort que le royaume regorgeait de miséreux alors que les riches, eux, se remplissaient la bedaine sans penser à ceux qui n'en avaient pas les moyens. Mais la personne lui avait fait remarquer que lui aussi ferait pareil le soir du réveillon. Qu'il serait bien au chaud, chez lui, à manger sa dinde farcie pendant que dehors, les gens qu'il disait défendre grelotteraient de froid. C'était le doigt qui venait pousser sur une plaie ouverte. C'était vrai après tout. Oracio critiquaient des gens qui faisaient la même chose que lui.
A la fois vexé et énervé par cette vérité qui le mettait à mal, il s'était juré que cela ne se produirait pas. C'est ainsi qu'une partie des commerçants de la ville avaient reçu le lendemain des commandes inhabituelles à livrer sans délai au cochon siffleur en échange de sommes généreuses.
Le soir du Voile d'Hiver était arrivé à grand pas et quelle ne fut pas la surprise des badauds de voir une foule de nécessiteux de presser devant la porte de la taverne toujours en construction, attendant on ne sait quoi. C'est alors que la porte provisoire et grossière faite de planches s'était ouverte, laissant apercevoir des tables rudimentaires accompagnées de bancs et des feux improvisés au dessus desquels ronronnaient des chaudrons remplis de soupe fumante agrémentée de morceaux de viande bien grasse. Dans l'embrasure de la porte se tenait un homme, vêtu simplement, un sourire chaleureux sur les lèvres. C'était Caldéri.
Il fît entrer les miséreux un à un dans le semblant de taverne qui ne portait pas encore de toiture, prenant soin de distribuer à chacun un demi pain et une couverture chaude. Les personnes prenaient ensuite place dans la grande salle, un bol de potage leur était porté par des gens engagés pour l'occasion. Ils n'avaient rien à faire d'autre que profiter de la chaleur et du confort même précaire qui leur étaient offert.
Oracio accueillait tous ceux qui se présentaient et invitaient ceux qui partaient à passer le mot. Ce soir ne serait pas un soir de solitude pour ceux qui désiraient autre chose que le froid de la rue. La foule profita donc d'un repas et de la chaleur des feux. Suivirent ensuite les tonneaux de bières et les pintes. L'ambiance était détendue et festive, cela rigolait, cela chantait ici et là. L'homme généreux quant à lui, observait de loin, dans un coin. Se contentant sans doute de profiter de l'instant par procuration. Ne désirant pas s'imposer, peut-être aurait-il même voulu s'effacer. Pour laisser à cet instant l'impression qu'il durerait toujours, que demain, tout serait comme ce soir. Il savait bien que ce n'en serait pas ainsi.
Tout à coup, un homme se leva et grimpa sur une table, emmitouflé dans une couverture chaude, le silence se fit. C'est alors qu'il cria un "merci" venu du fond du coeur, tendant sa chope vers leur bienfaiteur. Caldéri s'avança de quelques pas, parcourant la salle pleine à craquer d'un regard à la fois mélancolique et fier. Après tout, ne venait-il pas de là lui aussi ? N'avait-il pas dû voler étant enfant pour pouvoir manger. Peut-être était-il plus proche de ces gens que de personne d'autre. Ce soir, il passait le réveillon du Voile d'Hiver en famille. Le cri de reconnaissance du vagabond fût suivi d'un autre et d'un autre encore et bientôt ce fut toute l'assemblée qui clamait sa gratitude. Oracio leva les main, appelant au silence et prit alors la parole sans trop savoir d'abord ce qu'il dirait.
"Ce soir, mes amis, mes frères, c'est moi qui vous remercie d'être venu, de me faire cet immense plaisir et honneur d'accepter mes présents et de me faire confiance. Vous êtes tous les fils de ce royaume et même si vous pensez peut-être qu'il vous a oublié... que l'on se moque de vous. Je tenais à vous rappeler que certains vous portent encore dans leur coeur et n'oublie pas ce que vous avez offert à cette ville, à ce royaume et à ce monde. Vous les vétérans, les ouvriers, les paysans. Vous les déshérités, les orphelins. Je ne suis pas le seul à me soucier de votre sort, non. Il y a des gens bons dehors qui soignent vos blessures et vos maladies, qui soulagent vos vies difficiles et précaires. Vous n'êtes pas seuls. Tout ce qui se trouve dans cette pièce est à vous ce soir, rien ne doit rester. Alors que le voisinage n'ai pas une seule seconde de répit. Buvez, chantez, riez. Cette nuit est la votre !"
Les acclamations explosèrent tel un barile de poudre dans la grande salle, raisonnant dans les rues de la vieille ville. Oracio sourit et se mêla aux gens, serrant la main de certains qui venaient vers lui. Les écoutant avec attention, riant et buvant avec eux comme si l'espace d'un instant, les rangs n'étaient plus. Comme s'il n'existait plus qu'un seul et unique genre de personne : le genre humain.
Les festivités dureraient jusque tard en cette nuit froide. Oracio sorti quelques instants dans la rue pour s'allumer une cigarette. C'est alors qu'il remarqua que son pied s'était stoppé dans une flaque d'eau, une flaque où il se reflétait à présent. Son regard figé sur sa propre image, il sourit, fier et parla pour lui même.
"Joyeux Voile d'Hiver Monsieur Caldéri."
Oracio Caldéri- Personnages Joués : Sanguine
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