Stan Grisbois, d'un carnet et Fourre-tout.
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Stan Grisbois, d'un carnet et Fourre-tout.
Le rouquin s'installe sur un banc. Il tire sa besace à côté de lui et l'ouvre, la fouille, plonge la main dans ses viscères secrètes. Il en extirpe son vieux carnet de voyage. L'objet a vécu de nombreuses vies. Une foule de feuillets irréguliers dépasse de la couverture en cuir élimé.
Il se saisit d'un crayon, et cherche un espace où rédiger ces quelques lignes.
Il plie le feuillet, et le fourre parmi d'autres. Les idées s'amassent, les souvenirs aussi. Parfois la confusion se mélange à l'inspiration. Parfois ce sont les regrets et le vide.
Il se saisit d'un crayon, et cherche un espace où rédiger ces quelques lignes.
L'alouette est d'audace et de bonté,
Mais à pic sombre une fois heurtée.
Ne Bouscule pas l'ami, au cœur à nu;
Car dans le sous-bois repose l'arbre
Qui soulage les vauriens m'as-tu-vu.
Ils s'éveillent avec un souvenir âpre.
Le daim gazouille et broute à l'aise,
Mais disparaît tôt le bruissement là.
Pousse vers l'au-delà l'étranger qui
A ta couardise oppose un fracas !
Le courage parfois est dans la nuit.
Le courage est parfois dans l'ami.
Il plie le feuillet, et le fourre parmi d'autres. Les idées s'amassent, les souvenirs aussi. Parfois la confusion se mélange à l'inspiration. Parfois ce sont les regrets et le vide.
Dernière édition par Vagabond le Mer 29 Avr 2020, 01:35, édité 2 fois
Vagabond
Sansam et soins
Un autre page, plusieurs croquis et des notes.
Elle traite du Sansam doré. Les illustrations sont d'un finesse prodigieuse.
Le papier est jauni et a connu des jours meilleurs.
Elle traite du Sansam doré. Les illustrations sont d'un finesse prodigieuse.
Le papier est jauni et a connu des jours meilleurs.
Sansam doré.
La plante révèle de grandes propriétés curatives mais son goût déplaisant n'en fait pas une vedette des lits hospitaliers.
Néanmoins, certains apothicaires en font les éloges.
Je me demande si sa couleur pourrait servir à fabriquer des teintures rappelant le sourire solaire.
Aujourd'hui j'en ai récolté une quantité raisonnable.
J'avais lu que Silithus était une des zones les plus favorables à la croissance de cette plante.
La tâche s'est avérée plus compliquée que prévu.
D'abord, j'ai du faire face à des milliers d'insectes plus désagréables les uns que les autres.
Ensuite, le sable. Il est tenace, coriace. Il s'insinue partout. Entre les orteils, dans les poches et sacs, dans les yeux.
Les bourrasques n'arrangent en rien le voyage.
Il y a aussi un monde sous terre.
Des galeries creusées par les créatures plus intelligentes sillonnent toute la région.
Il faut constamment surveiller où on pose les pieds.
Malgré tout, la contrée mérite qu'on s'y intéresse.
Au crépuscule, quand la chaleur devient plus supportable, les lézards grillés sous un ciel aux couleurs changeantes sont un régal.
Toujours est-il que le Sansam doré est précieux, pas très joli ni goûteux mais efficace.
Comme on dit, ce ne sont pas les assiettes en porcelaine qui nourrissent mieux, mais un simple bol en bois, bien rempli d'une nourriture faite avec amour, suffit.
Dernière édition par Vagabond le Mar 11 Avr 2017, 20:29, édité 1 fois
Vagabond
Des noms et des prénoms
Quand on ouvre son carnet par l'arrière, on découvre une sorte de registre.
Des dizaines de noms, de prénoms, de titres associés à de brèves descriptions s'alignent.
Des dates et des lieux de rencontres.
Une lecture hasardeuse livre quelques noms, dans un désordre ordonné.
"
...
Achilles. Un vieillard jeune pour son âge. Un humour sans âge. Je l'aime beaucoup. Sa coupe de cheveux m'interpelle.
Dame Kiera, aime la botanique. Recommande dame Satya du verger d'Elwynn. Ses yeux lisent là où son sourire écoute.
Rick, souffre d'un œil et cligne souvent. Son chapeau semble confortable et utile. Il aime creuser profondément.
Dame et sieur de Saint Ange. Des nobles. La dame attend un heureux évènement. Monsieur son mari a apparemment bien fait la chose, vu qu'il s'agit de jumeaux.
Satya, une étrange productrice agricole. Elle cultive toutes sortes de plantes pour en faire commerce. Elle aime les troncs.
..."
Des dizaines de noms, de prénoms, de titres associés à de brèves descriptions s'alignent.
Des dates et des lieux de rencontres.
Une lecture hasardeuse livre quelques noms, dans un désordre ordonné.
"
...
Achilles. Un vieillard jeune pour son âge. Un humour sans âge. Je l'aime beaucoup. Sa coupe de cheveux m'interpelle.
Dame Kiera, aime la botanique. Recommande dame Satya du verger d'Elwynn. Ses yeux lisent là où son sourire écoute.
Rick, souffre d'un œil et cligne souvent. Son chapeau semble confortable et utile. Il aime creuser profondément.
Dame et sieur de Saint Ange. Des nobles. La dame attend un heureux évènement. Monsieur son mari a apparemment bien fait la chose, vu qu'il s'agit de jumeaux.
Satya, une étrange productrice agricole. Elle cultive toutes sortes de plantes pour en faire commerce. Elle aime les troncs.
..."
Vagabond
Le mendiant
Noté en toute hâte, la rencontre avec un homme étrange.
Aujourd'hui j'ai vu un homme assis, tendant la main aux autres. Je me suis donc approché.
Le pauvre avait les cheveux aussi blancs que ses yeux privés de vue.
Son odeur me rappela bien vite celle des putois de montagne.
Je lui ai proposé de l'aider, il m'a répondu qu'il ne désirait que des pièces.
Le pauvre, si seul et si perdu. Je n'ai pas eu le cœur de le laisser ainsi.
Je lui ai donné quelques gemmes, d'une valeur sans doute considérable.
J'espère que cela lui rendra la vie plus douce.
Je connais certains des sentiments qui l'animent. L'abandon. La solitude.
Par contre, il semble présenter des signes de colère, ténue, envers ceux qui se sont désintéressés de lui, de ce Royaume qui l'abandonna.
Je ne peux rien faire pour adoucir l'aigreur qui l'anime.
Je ne peux qu'espérer qu'il croisera des gens qui lui offriront amitié et considération.
Je n'avais jamais rencontré quelqu'un dans une telle détresse qu'il en a baissé les bras.
Son image ne quitte mon esprit.
Et je me sens si impuissant, mais je sais bien que je ne sauverai pas le monde entier. Je m'efforce pourtant d'essayer, dès que possible.
Un grain de sable... et un autre, bientôt le sablier sera complet.
Aujourd'hui j'ai vu un homme assis, tendant la main aux autres. Je me suis donc approché.
Le pauvre avait les cheveux aussi blancs que ses yeux privés de vue.
Son odeur me rappela bien vite celle des putois de montagne.
Je lui ai proposé de l'aider, il m'a répondu qu'il ne désirait que des pièces.
Le pauvre, si seul et si perdu. Je n'ai pas eu le cœur de le laisser ainsi.
Je lui ai donné quelques gemmes, d'une valeur sans doute considérable.
J'espère que cela lui rendra la vie plus douce.
Je connais certains des sentiments qui l'animent. L'abandon. La solitude.
Par contre, il semble présenter des signes de colère, ténue, envers ceux qui se sont désintéressés de lui, de ce Royaume qui l'abandonna.
Je ne peux rien faire pour adoucir l'aigreur qui l'anime.
Je ne peux qu'espérer qu'il croisera des gens qui lui offriront amitié et considération.
Je n'avais jamais rencontré quelqu'un dans une telle détresse qu'il en a baissé les bras.
Son image ne quitte mon esprit.
Et je me sens si impuissant, mais je sais bien que je ne sauverai pas le monde entier. Je m'efforce pourtant d'essayer, dès que possible.
Un grain de sable... et un autre, bientôt le sablier sera complet.
Vagabond
Ronces et plaies
Deux nouveaux feuillets s'ajoutent au carnet qui déborde à craquer. Un jour pensera-t-il sans doute à s'en procurer un neuf.
Deux pages. Un dessin et des notes.
Le dessin représente un "Barbelé de ronces" en fleurs qui étreint un arbre. La finesse du dessin est pareille à tous ceux qu'il a déjà réalisés.
Le second document est un texte sans queue ni tête.
"
Il fait sombre. La ville dort. Je ne dors pas, j'ai tourné en rond.
Satya a gagné le concours.
La Sorcière a déguerpi, comme toujours.
Le mendiant, je ne l'ai pas revu.
La foule au concours était abondante. Et tout ce qui me préoccupe est le bleu de sa tenue.
A l'observer, j'étais déjà en voyage, parmi les flots tumultueux et les rapides qui mènent à Kun-Lai.
Je ne comprends rien des images qui me tourmentent.
Tout me reste interdit, surtout ce bleu déjà convoité."
Lors d'une discussion très embrouillée, d'incertitudes et incompréhensions, les deux feuillets ont été cédés et ne figurent plus dans le carnet.
Deux pages. Un dessin et des notes.
Le dessin représente un "Barbelé de ronces" en fleurs qui étreint un arbre. La finesse du dessin est pareille à tous ceux qu'il a déjà réalisés.
Le second document est un texte sans queue ni tête.
"
Il fait sombre. La ville dort. Je ne dors pas, j'ai tourné en rond.
Satya a gagné le concours.
La Sorcière a déguerpi, comme toujours.
Le mendiant, je ne l'ai pas revu.
La foule au concours était abondante. Et tout ce qui me préoccupe est le bleu de sa tenue.
A l'observer, j'étais déjà en voyage, parmi les flots tumultueux et les rapides qui mènent à Kun-Lai.
Je ne comprends rien des images qui me tourmentent.
Tout me reste interdit, surtout ce bleu déjà convoité."
Lors d'une discussion très embrouillée, d'incertitudes et incompréhensions, les deux feuillets ont été cédés et ne figurent plus dans le carnet.
Vagabond
J'ai demandé à la Lune...
Une nouvelle note s'ajoute.
L'homme est assis face à la mer, le regard à la dérive, l'âme meurtrie.
"
Il n'est de plus grand paradoxe que celui qui m'anime.
Me voici à contempler ta blanchâtre rondeur. Je t'aime. Tu ne m'as jamais fait défaut.
Chaque soir, tu ne me berces d'aucune illusion.
Tu me réconfortes.
Le lendemain finira par arriver.
Et tes reflets nacrés, sur les vagues en colère, n'émoussent en rien ma joie à t'admirer.
Tu m'apaises.
Pourrais-je un jour aspirer aux simples délices d'une vie rangée? Qu'est-ce qu'une vie rangée?
Je te suis reconnaissant; Vivre et sillonner le monde est en soi d'une plénitude exaltante.
Mais parfois la saveur d'une vie antérieure émerge. Un goût de presque rien.
Un manque.
Me voici à te contempler, tes silences sereins répondent à mon appel.
Parfois, pourtant, tes silences m'oppressent.
Alors, en proie au doute, je prie d'être délivré de ma condition.
Or, toute malédiction a ses bons côtés, tu me connais. Je suis du genre à voir le verre à moitié plein.
Et toi, tu es pleine de tout.
D'assurance et de bonté.
Tu te contentes d'être et d'animer les marées.
Tu te suffis et tu demeures indispensable.
La magie déborde de ton sourire parfait.
Mes confusions intestines se font la malle quand je t'imagine me grondant d'un regard désapprobateur.
Tu es ma plus vieille confidente.
Que mes lèvres remuent ou que mon cœur se libère.
Pourtant, depuis peu, le doute grandit.
J'en viens à être insolent dans mes raisonnements.
J'en viens à me dire que tu me sers d'échappatoire à la vie.
Or, tu es la vie, belle et intransigeante.
Bercée, depuis ta naissance de la pénombre, adorée jusqu'au moment du deuil qui nous étreint quand ton Roi éclaire l'aube.
Malgré tout, suis-je totalement dans le faux?
Ne suis-je pas dans le déni de moi-même depuis des années? Depuis leur perte?
Depuis quoi? Je ne sais plus.
Ecrire organise ma pensée. Mais je ne trouve pas les réponses.
T'observer m'apaise.
Alors pourquoi ai-je les yeux humides et l'estomac qui se retourne?
Je ne contrôle plus ma destinée. L'ai-je au demeurant jamais fait?
Aide-moi, Mère des damnés, mère de la nuit."
L'homme est assis face à la mer, le regard à la dérive, l'âme meurtrie.
"
Il n'est de plus grand paradoxe que celui qui m'anime.
Me voici à contempler ta blanchâtre rondeur. Je t'aime. Tu ne m'as jamais fait défaut.
Chaque soir, tu ne me berces d'aucune illusion.
Tu me réconfortes.
Le lendemain finira par arriver.
Et tes reflets nacrés, sur les vagues en colère, n'émoussent en rien ma joie à t'admirer.
Tu m'apaises.
Pourrais-je un jour aspirer aux simples délices d'une vie rangée? Qu'est-ce qu'une vie rangée?
Je te suis reconnaissant; Vivre et sillonner le monde est en soi d'une plénitude exaltante.
Mais parfois la saveur d'une vie antérieure émerge. Un goût de presque rien.
Un manque.
Me voici à te contempler, tes silences sereins répondent à mon appel.
Parfois, pourtant, tes silences m'oppressent.
Alors, en proie au doute, je prie d'être délivré de ma condition.
Or, toute malédiction a ses bons côtés, tu me connais. Je suis du genre à voir le verre à moitié plein.
Et toi, tu es pleine de tout.
D'assurance et de bonté.
Tu te contentes d'être et d'animer les marées.
Tu te suffis et tu demeures indispensable.
La magie déborde de ton sourire parfait.
Mes confusions intestines se font la malle quand je t'imagine me grondant d'un regard désapprobateur.
Tu es ma plus vieille confidente.
Que mes lèvres remuent ou que mon cœur se libère.
Pourtant, depuis peu, le doute grandit.
J'en viens à être insolent dans mes raisonnements.
J'en viens à me dire que tu me sers d'échappatoire à la vie.
Or, tu es la vie, belle et intransigeante.
Bercée, depuis ta naissance de la pénombre, adorée jusqu'au moment du deuil qui nous étreint quand ton Roi éclaire l'aube.
Malgré tout, suis-je totalement dans le faux?
Ne suis-je pas dans le déni de moi-même depuis des années? Depuis leur perte?
Depuis quoi? Je ne sais plus.
Ecrire organise ma pensée. Mais je ne trouve pas les réponses.
T'observer m'apaise.
Alors pourquoi ai-je les yeux humides et l'estomac qui se retourne?
Je ne contrôle plus ma destinée. L'ai-je au demeurant jamais fait?
Aide-moi, Mère des damnés, mère de la nuit."
Vagabond
Monstre
L'homme, en proie à une multitudes de questions, suscitées par les récents évènements, arpente la ville, perdu dans ses pensées.
Il arrive fatalement au parc, et se rend à son arbre préféré. Il s'assied, s'empare en douceur de son vieux carnet et y ajoute quelques notes.
Les mots échangés avec la femme qui refuse sa condition l'ont marqué.
"
Monstre. Ce mot ne décolle pas.
Suis-je un monstre?
Je n'ai pas de grandes dents, pour mieux la croquer.
Je n'ai pas de grandes oreilles pour mieux l'entendre vivre et rire.
Je n'ai pas de grands yeux avides de tout voir.
J'ai la truffe humide et une malice insolente de candeur.
Je ne m'y abandonne jamais, à cette forme maudite. Ce serait renier mon humanité.
Mais n'en suis-je pas moins monstrueux?
Difforme. Brisé. Maudit.
Et ces grandes mains, aux griffes rasoirs? Elles font fi de toute délicatesse.
Peut-être a-t-elle raison.
La Malédiction nous prive de tout semblant de normalité.
Je veux pourtant croire que la normalité se construit grâce à l'acceptation.
Ma normalité est d'être ce que je suis, malgré tout.
Ma normalité est d'être une créature duplice.
Je suis le druide errant. Je suis la bête. Je suis le monstre."
Il arrive fatalement au parc, et se rend à son arbre préféré. Il s'assied, s'empare en douceur de son vieux carnet et y ajoute quelques notes.
Les mots échangés avec la femme qui refuse sa condition l'ont marqué.
"
Monstre. Ce mot ne décolle pas.
Suis-je un monstre?
Je n'ai pas de grandes dents, pour mieux la croquer.
Je n'ai pas de grandes oreilles pour mieux l'entendre vivre et rire.
Je n'ai pas de grands yeux avides de tout voir.
J'ai la truffe humide et une malice insolente de candeur.
Je ne m'y abandonne jamais, à cette forme maudite. Ce serait renier mon humanité.
Mais n'en suis-je pas moins monstrueux?
Difforme. Brisé. Maudit.
Et ces grandes mains, aux griffes rasoirs? Elles font fi de toute délicatesse.
Peut-être a-t-elle raison.
La Malédiction nous prive de tout semblant de normalité.
Je veux pourtant croire que la normalité se construit grâce à l'acceptation.
Ma normalité est d'être ce que je suis, malgré tout.
Ma normalité est d'être une créature duplice.
Je suis le druide errant. Je suis la bête. Je suis le monstre."
Vagabond
Doute, Raison et Folie. (1)
L'homme gît inconscient. Les bandages thoraciques ont cédé. L'aventure dans les flèches d'Arak fut plus éprouvante qu'il ne l'aurait souhaité.
A présent il dort, soigné.
La personne qui s'est occupée de lui ramasse les affaires éparpillées. Le sac a abandonné le carnet à un triste sort. Entrouvert, plusieurs feuillets s'en sont échappés. Sans doute, seront-ils lus, ou pas.
L'homme est dans une douce inconscience, où la souffrance ne l'atteint pas. Rien ne pourrait l'atteindre, et ce pendant plusieurs heures.
Les coins de la feuille sont rognés. Le papier, d'une blancheur fade, porte les séquelles des sévices d'un pliage soigné et des années.
"
Stan,
Je ne sais qu'en penser. Ton précédent courrier semblait rassurant.
Tu as raté la date prévue pour la rencontre. Mais tu m'as expliqué.
Le village est en effervescence. Nous nous préparons aux récoltes.
Tu le sais, nous manquons de temps et de bras vigoureux.
Je pense que nous serons néanmoins prêts. N'oublie pas. Je t'en supplie mon ami.
N'oublie pas notre dernière discussion et allège ton fardeau.
Ne laisse pas les tes craintes et tes blocages te faire renoncer si proche du but.
Je crois en toi.
Si tu doutes encore de mon engagement sincère, je comprendrais.
Quant à moi, je le sais, avec une certitude incandescente que ton retour est proche.
J'espère secrètement que tu reviendras à temps pour la fête des moissons.
Nous pourrons alors danser et rire, comme l'an dernier.
Ne me laisse pas sans nouvelles trop longtemps,
Amitiés,
Elsa."
A présent il dort, soigné.
La personne qui s'est occupée de lui ramasse les affaires éparpillées. Le sac a abandonné le carnet à un triste sort. Entrouvert, plusieurs feuillets s'en sont échappés. Sans doute, seront-ils lus, ou pas.
L'homme est dans une douce inconscience, où la souffrance ne l'atteint pas. Rien ne pourrait l'atteindre, et ce pendant plusieurs heures.
***
Premier feuillet.Les coins de la feuille sont rognés. Le papier, d'une blancheur fade, porte les séquelles des sévices d'un pliage soigné et des années.
"
Stan,
Je ne sais qu'en penser. Ton précédent courrier semblait rassurant.
Tu as raté la date prévue pour la rencontre. Mais tu m'as expliqué.
Le village est en effervescence. Nous nous préparons aux récoltes.
Tu le sais, nous manquons de temps et de bras vigoureux.
Je pense que nous serons néanmoins prêts. N'oublie pas. Je t'en supplie mon ami.
N'oublie pas notre dernière discussion et allège ton fardeau.
Ne laisse pas les tes craintes et tes blocages te faire renoncer si proche du but.
Je crois en toi.
Si tu doutes encore de mon engagement sincère, je comprendrais.
Quant à moi, je le sais, avec une certitude incandescente que ton retour est proche.
J'espère secrètement que tu reviendras à temps pour la fête des moissons.
Nous pourrons alors danser et rire, comme l'an dernier.
Ne me laisse pas sans nouvelles trop longtemps,
Amitiés,
Elsa."
Vagabond
Doute, Raison et Folie. (2)
Deuxième feuillet.
La page est incomplète, parsemée de ratures, de tâches d'encres.
"
[...illisible...] comme ça. Les voiles. Tu ne t'en tireras pas ainsi ! Ignoble farce.
C'est l'amertume que je vais boire ce soir. Tu me tiendras compagnie.
Oui. Oui. Compagnie de l'Aurore. Cavalerie des brumes. Je lève la coupe.
Santé, dédaigneuse amie ! Que la vie t'emporte. Que la mort t'abandonne.
[...nouvelle partie illisible...] douche. Et après nous ? Les Mouches.
Les vers. La terre. J'ai faim de vivre et de mourir et de renaître.
Tu gardes le silence. Insolence ! Tu gardes en [...ratures...] parfum entêtant de pourriture.
J'ai la flétrissure en haine.
Tu ne m'as pas épargné. Tu m'as besogné, jusqu'à l'ivresse. Tu m'as tout pris.
Je t'aime, détestable compagne. Je t'embrasse. Je te vomis.
Les tertres s'empilent, se multiplient. Tu n'as aucun état d'âme.
Je reste planté, en croix. Dans cette terre meuble.
Les corbeaux vont déloger de mes orbites... ces yeux qui n'en peuvent plus de larmoyer.
La salive me manque pour t'insulter.
Je m'écorche les doigts. J'ai coulé mon sang sur cette page. J'attends la Fin.
Tu ne fais que me narguer. Tu ricanes.
Je reste debout, puis je sombre. A genoux je te supplie encore.
Je vais t'arracher la langue et la tourner sept fois dans ma tête !
Pourquoi?
Pourquoi.[Fin manquante...]"
La page est incomplète, parsemée de ratures, de tâches d'encres.
"
[...illisible...] comme ça. Les voiles. Tu ne t'en tireras pas ainsi ! Ignoble farce.
C'est l'amertume que je vais boire ce soir. Tu me tiendras compagnie.
Oui. Oui. Compagnie de l'Aurore. Cavalerie des brumes. Je lève la coupe.
Santé, dédaigneuse amie ! Que la vie t'emporte. Que la mort t'abandonne.
[...nouvelle partie illisible...] douche. Et après nous ? Les Mouches.
Les vers. La terre. J'ai faim de vivre et de mourir et de renaître.
Tu gardes le silence. Insolence ! Tu gardes en [...ratures...] parfum entêtant de pourriture.
J'ai la flétrissure en haine.
Tu ne m'as pas épargné. Tu m'as besogné, jusqu'à l'ivresse. Tu m'as tout pris.
Je t'aime, détestable compagne. Je t'embrasse. Je te vomis.
Les tertres s'empilent, se multiplient. Tu n'as aucun état d'âme.
Je reste planté, en croix. Dans cette terre meuble.
Les corbeaux vont déloger de mes orbites... ces yeux qui n'en peuvent plus de larmoyer.
La salive me manque pour t'insulter.
Je m'écorche les doigts. J'ai coulé mon sang sur cette page. J'attends la Fin.
Tu ne fais que me narguer. Tu ricanes.
Je reste debout, puis je sombre. A genoux je te supplie encore.
Je vais t'arracher la langue et la tourner sept fois dans ma tête !
Pourquoi?
Pourquoi.[Fin manquante...]"
Vagabond
Doute, Raison et Folie. (3)
Troisième feuillet.
C'est une lettre, d'une écriture très serrée. Le papier est de bonne facture mais date sans doute de la même période que les autres feuillets.
"Cher Stan,
Tu ne me trouveras pas à tes côtés, au rassemblement matinal.
Je te laisse cette note, j'ai pris soin de la loger bien en vue.
Les mois ont passé, comme les saisons. Il est temps pour toi de quitter notre résidence.
Nous t'avons délivré tout ce que nous avions à t'offrir.
Il t'appartient de commencer le Grand Voyage.
Pour cela, nul besoin de nous infliger de sentimentaux adieux.
Tu as été et resteras mon Frère.
Notre Mère veillera sur toi.
Parfois j'ai douté. Mais à présent je sais que tu as recouvré toute ta lucidité.
Tu vas parcourir le monde, la tête haute et reprendre ta place.
Ce que tu as enduré, peu y auraient survécu et encore moins, avec toute leur tête.
Aujourd'hui, ton littoral mental est vaste et l'orage a cédé place à une clarté généreuse.
Vogue bien mon ami. Emporte-moi dans tes souvenirs.
Un jour nous nous reverrons.
X."
C'est une lettre, d'une écriture très serrée. Le papier est de bonne facture mais date sans doute de la même période que les autres feuillets.
"Cher Stan,
Tu ne me trouveras pas à tes côtés, au rassemblement matinal.
Je te laisse cette note, j'ai pris soin de la loger bien en vue.
Les mois ont passé, comme les saisons. Il est temps pour toi de quitter notre résidence.
Nous t'avons délivré tout ce que nous avions à t'offrir.
Il t'appartient de commencer le Grand Voyage.
Pour cela, nul besoin de nous infliger de sentimentaux adieux.
Tu as été et resteras mon Frère.
Notre Mère veillera sur toi.
Parfois j'ai douté. Mais à présent je sais que tu as recouvré toute ta lucidité.
Tu vas parcourir le monde, la tête haute et reprendre ta place.
Ce que tu as enduré, peu y auraient survécu et encore moins, avec toute leur tête.
Aujourd'hui, ton littoral mental est vaste et l'orage a cédé place à une clarté généreuse.
Vogue bien mon ami. Emporte-moi dans tes souvenirs.
Un jour nous nous reverrons.
X."
Vagabond
Recette amicale
L'homme rédige quelques mots, après un petit-déjeuner frugal. Une poignée de baies, quelques tranches de pomme, des mûres.
Ce n'était qu'un feu de camp ordinaire.
Pourtant mes os se sentent jeunes et ma carcasse, revigorée.
Je dors souvent à même la terre nourricière.
Rarement je me suis éveillé dans une telle forme.
Mes contusions et ma blessure, je les ressens à peine.
Comme le lointain bourdonnement d'une cascade dissimulée par la montagne.
Ce n'était qu'un feu de camp ordinaire.
Gilnéas avait pris le monopole des échanges. Gilnéas nous avait perdu.
Naufragés d'une muraille qui s'effondre, voici qu'autour d'un joyeux feu de camp, nous devisions.
Le poisson au thym ne m'avait jamais paru aussi bon que ce soir-là.
Peut-être n'était-ce pas un feu de camp si ordinaire.
Après ces quelques mots, l'homme glisse le courrier reçu de bonne heure entre deux pages chargées du carnet.
Une recette d'amitié. Une recette de sourire.
Ce n'était qu'un feu de camp ordinaire.
Pourtant mes os se sentent jeunes et ma carcasse, revigorée.
Je dors souvent à même la terre nourricière.
Rarement je me suis éveillé dans une telle forme.
Mes contusions et ma blessure, je les ressens à peine.
Comme le lointain bourdonnement d'une cascade dissimulée par la montagne.
Ce n'était qu'un feu de camp ordinaire.
Gilnéas avait pris le monopole des échanges. Gilnéas nous avait perdu.
Naufragés d'une muraille qui s'effondre, voici qu'autour d'un joyeux feu de camp, nous devisions.
Le poisson au thym ne m'avait jamais paru aussi bon que ce soir-là.
Peut-être n'était-ce pas un feu de camp si ordinaire.
Après ces quelques mots, l'homme glisse le courrier reçu de bonne heure entre deux pages chargées du carnet.
Une recette d'amitié. Une recette de sourire.
"Onguent cicatrisant
-2 mesures d'un corps gras (graisse animale ou végétale)
-1 mesure d'huile de Pacifique
-2 gouttes d'huile essentielle de Glaurier
-6 gouttes d'huile essentielle de Pavot de pluie
-4 gr de poudre de Feuillerêve (à adapter selon l'intensité de la douleur)
-3 graines de Songefeuille pilées
Préparation:
Mélanger tous les corps gras ensemble à température basse (les graisses solides doivent être préalablement ramollies).
Ajouter la poudre de Feuillerêve et les graines de Songefeuille pilées.
Mélanger et laisser macérer deux nuits.
Réchauffer le mélange si nécessaire afin d'incorporer les huiles essentielles, d'abord le Pavot puis le glaurier (pour éviter la décantation).
Ajouter l'huile de Pacifique.
Mélanger doucement à 35° pendant une heure, évitez les vapeurs."
Vagabond
Puits de lune
L'homme vient de quitter sa transe. La méditation lui a ouvert les yeux.
Il mange les fruits secs, préparés avant la méditation. Il sourit, en mâchonnant tranquillement.
Il tire son carnet de ses fontes et l'ouvre sur ses cuisses, assis en tailleur.
"Je devrais regretter. Mais je ne regrette pas.
Ce sont ces petits moments qui font d'une vie, une existence.
Ces moments où l'on s'égare et où on se retrouve.
Il m'a démontré que tous les préjugés, tous les acquis peuvent être remis en question.
Il m'a murmuré des vérités que jamais je n'aurais pu entendre, avant.
On dit que les eaux d'un puits de lune sont imprégnées de magies ancestrales.
On raconte leurs divers bienfaits. Tant sur la matière que l'esprit.
Jamais je n'aurais cru qu'un simple bain m'apporte tant de réponses.
Ou provoque tant de nouvelles questions.
Jamais je n'aurais cru pouvoir apprécier des eaux si troublantes, pour un rite si banal.
Je vais dormir serein.
Demain sera aux lambeaux d'états d'âme."
Il mange les fruits secs, préparés avant la méditation. Il sourit, en mâchonnant tranquillement.
Il tire son carnet de ses fontes et l'ouvre sur ses cuisses, assis en tailleur.
"Je devrais regretter. Mais je ne regrette pas.
Ce sont ces petits moments qui font d'une vie, une existence.
Ces moments où l'on s'égare et où on se retrouve.
Il m'a démontré que tous les préjugés, tous les acquis peuvent être remis en question.
Il m'a murmuré des vérités que jamais je n'aurais pu entendre, avant.
On dit que les eaux d'un puits de lune sont imprégnées de magies ancestrales.
On raconte leurs divers bienfaits. Tant sur la matière que l'esprit.
Jamais je n'aurais cru qu'un simple bain m'apporte tant de réponses.
Ou provoque tant de nouvelles questions.
Jamais je n'aurais cru pouvoir apprécier des eaux si troublantes, pour un rite si banal.
Je vais dormir serein.
Demain sera aux lambeaux d'états d'âme."
Vagabond
Aux ronces les chairs !
L'homme s'empare du cruchon rempli d'eau fraîche. Il y boit, à même le récipient.
La nuit a été longue, agitée. Le corps savoure la chair de poule, abandonné à la morsure d'une nuit relativement froide.
Il observe la silhouette allongée sur le lit, soulevant au rythme régulier de ses rêves les couvertures.
Il sourit et tire son carnet, en silence.
L'aube ne va pas tarder.
Plissant les paupières, il ouvre le vieux carnet et cherche un coin de page encore vierge.
La Lumière du matin vient lécher ses doigts. Il sourit et commence à rédiger quelques pensées vagabondes.
"Es-tu un supplice, qui prendra fin quand mon âme s'y sera habituée?
Es-tu la délivrance promise, à ceux atteints d'un trop grand espoir?
Es-tu la conquête du fou et de l'outragé? De l'enfant et de l'homme?
Es-tu à portée de mes mains, ou le Rêve m'a emporté?
Es-tu la louve qui à jamais m'offre ses réticences et son abandon?
Es-tu là? Suis-je ivre et perdu? Es-tu l'interrogation à la certitude?
Es-tu la rivière en crue, au dégel de la montagne?
Es-tu le rougissement de l'adolescent, qui me noue la gorge?
Suis-je un homme, ou une chose nauséabonde qui n'a de scrupule?
L'appel est une invitation incessante. Un bourdonnement fort.
Es-tu inévitable? Je le prie à chaque fois que nos regards se croisent.
Je le sens dans les pulsations du sang qui se débat dans mes veines.
Alors que j'écris ces inepties, j'ose porter mon regard sur toi.
Les couvertures ont glissé.
La courbe est sensuelle. Un régal. Et les marques zèbrent ta peau.
L'illusion se dérobe pour s'affranchir des carcans de la pudeur.
Tu as succombé à mes jardins de ronces.
Tu as soupiré mes encore et mes toujours.
Le soleil s'amuse, et te conquiert, pouce par pouce.
Je jalouse son pianotement insolent.
Es-tu l'inévitable? Celle que la Lune rappelle à mon hurlement?
Celle qui apprivoise et emporte à l'extrême?
Tu es mon inévitable cacophonie.
Le grondement du dragon qui fond sur les troupeaux.
Le feulement du traqueur des limbes.
Tu es ce qui me rend Entier.
Inéluctable.
Indéfectible.
Parfaite."
La nuit a été longue, agitée. Le corps savoure la chair de poule, abandonné à la morsure d'une nuit relativement froide.
Il observe la silhouette allongée sur le lit, soulevant au rythme régulier de ses rêves les couvertures.
Il sourit et tire son carnet, en silence.
L'aube ne va pas tarder.
Plissant les paupières, il ouvre le vieux carnet et cherche un coin de page encore vierge.
La Lumière du matin vient lécher ses doigts. Il sourit et commence à rédiger quelques pensées vagabondes.
"Es-tu un supplice, qui prendra fin quand mon âme s'y sera habituée?
Es-tu la délivrance promise, à ceux atteints d'un trop grand espoir?
Es-tu la conquête du fou et de l'outragé? De l'enfant et de l'homme?
Es-tu à portée de mes mains, ou le Rêve m'a emporté?
Es-tu la louve qui à jamais m'offre ses réticences et son abandon?
Es-tu là? Suis-je ivre et perdu? Es-tu l'interrogation à la certitude?
Es-tu la rivière en crue, au dégel de la montagne?
Es-tu le rougissement de l'adolescent, qui me noue la gorge?
Suis-je un homme, ou une chose nauséabonde qui n'a de scrupule?
L'appel est une invitation incessante. Un bourdonnement fort.
Es-tu inévitable? Je le prie à chaque fois que nos regards se croisent.
Je le sens dans les pulsations du sang qui se débat dans mes veines.
Alors que j'écris ces inepties, j'ose porter mon regard sur toi.
Les couvertures ont glissé.
La courbe est sensuelle. Un régal. Et les marques zèbrent ta peau.
L'illusion se dérobe pour s'affranchir des carcans de la pudeur.
Tu as succombé à mes jardins de ronces.
Tu as soupiré mes encore et mes toujours.
Le soleil s'amuse, et te conquiert, pouce par pouce.
Je jalouse son pianotement insolent.
Es-tu l'inévitable? Celle que la Lune rappelle à mon hurlement?
Celle qui apprivoise et emporte à l'extrême?
Tu es mon inévitable cacophonie.
Le grondement du dragon qui fond sur les troupeaux.
Le feulement du traqueur des limbes.
Tu es ce qui me rend Entier.
Inéluctable.
Indéfectible.
Parfaite."
Vagabond
Fred la Liberté.
Le carnet lui échappe, une maladresse digne de lui. Il le ramasse avec soin, vérifie qu'il n'est endommagé. Quelques feuillets se sont éparpillés au sol, il les rassemble et sourit en voyant le portrait de son ami Fred.
Un vieux dessin, parmi d'autres.
Fouillant le carnet, il déniche l'endroit approprié et replace le feuillet près du texte suivant.
Un vieux dessin, parmi d'autres.
Fouillant le carnet, il déniche l'endroit approprié et replace le feuillet près du texte suivant.
Il n'a rien d'extraordinaire. Il est extraordinaire.
Quand je l'ai sorti du tronc en flammes, j'ai pensé qu'il ne survivrait pas. Il était mou, noir de cendres et à l'agonie.
Mais c'est un battant.
Il m'a regardé de ses petits yeux et j'ai su que je devais le sauver.
Alors la magie m'est venue, aussi naturelle que l'air qui emplit mes narines.
Et je lui ai rendu des forces. Peu, mais assez.
Aujourd'hui, il est le prince de mon arbre. Bientôt je lui rendrai la liberté.
J'ai repéré une belle colonies d'écureuils parmi les frênes qui peuplent les régions du nord de Kalimdor.
Peut-être même irai-je jusqu'à Reflet-de-Lune.
Je lui souhaite de dénicher beaucoup de noisettes.
Vagabond
Nouvel an, on tire le Voile.
Un nouveau carnet.
L'homme place l'objet dans son sac d'errances.
L'autre, archi plein, repose sur un pupitre, parmi d'autres documents.
Il n'est ni abandonné, ni perdu. Peut-être que si elle se livre à la curiosité, elle tombera sur une esquisse de fleur, d'oiseau ou de sourire.
En tout cas, voici la dernière chose qu'il rédige dans l'ancien journal intime.
L'homme place l'objet dans son sac d'errances.
L'autre, archi plein, repose sur un pupitre, parmi d'autres documents.
Il n'est ni abandonné, ni perdu. Peut-être que si elle se livre à la curiosité, elle tombera sur une esquisse de fleur, d'oiseau ou de sourire.
En tout cas, voici la dernière chose qu'il rédige dans l'ancien journal intime.
J'ai rencontré beaucoup de gens cette année.
Le Voile apporte son lot de cadeaux et annonce le renouveau.
Que m'apportera l'année nouvelle?
De ces rencontres sont nées des amitiés fébriles et des sentiments contradictoires.
On m'a récemment dit que j'avais changé. Je ne trouve pas.
J'aime toujours autant la couleur vert et j'ai toujours autant de plaisir à planer dans le ciel, sous forme de corbeau.
Et puis il y a eu ce commentaire : "Tu es séduisant, on finira par coucher ensemble."
Un fatalisme énoncé avec nonchalance. Une idée a germé.
Après les fleurs sont venues les confidences.
Après les confidences sont venues les étreintes nocturnes.
Rien de sérieux.
Une chouette hulule.
Pourtant...
... je me demande, si cette fois-ci est la bonne.
Elle est rousse, elle est plurielle et compliquée. Hantée et rebelle.
Elle gouverne et joue. Je joue et gouverne.
Jamais elle ne m'a mésestimé ou moqué.
Elle a vu ce que les autres ont refusé de voir. J'ai là une dette indicible.
Mon affection mue. Je change.
Elle est un tourbillon de surprises, et ses louveteaux sont déjà très chers à mon cœur.
Vagabond
La gamine aux clés.
Ancien Carnet, une page vers la fin.
On a scellé l'accord.
C'est la quatrième fois que je me rends devant les portes closes de la vieille église.
Elle m'attend à l'arrière du bâtiment.
Le défi du jour m'inquiète.
Une chaîne cadenassée pend et attend que je lui fasse du rentre-dedans.
C'est le jargon des monte-en-l'air et des fureteurs.
Elle croise les bras et me regarde du haut de ses douze ans.
Je soupire et sors de la poche intérieure de mon gilet un petit étui en cuir souple contenant les outils.
Plusieurs crochets, un fil de fer, une lime, deux clés dites passe-partout.
Quand je triomphe de la serrure, après plus d'une heure de tentatives diverses, je remarque qu'elle est partie.
Elle ne partage pas ma joie.
Mais au fond, l'accord était tout autre.
Elle a rempli sa part du marché, elle m'a appris ses trucs et ficelles, comme elle disait.
J'ai rempli la mienne, elle ne manquera plus jamais de rien. Ni elle, ni les rejetons dont elle s'occupe.
Je referme le cadenas qui me certifie d'un clic honnête le succès de la manœuvre.
Je repars et je n'ai qu'une idée en tête : Essayer mes nouvelles aptitudes sur une certaine porte, en Elwynn.
Vagabond
Stan' ou un humour de druide... (1)
Le groupe s'était rassemblé près de l'étang d'Olivia.
L'humeur était légère. Même le grand elfe laissait transparaître sourires et compliments.
Il se faisait tard. Le plan était de partager des anecdotes, des histoires courtes.
Quand ce fut son tour, le rouquin se lança à son tour. Apparemment l'objectif fut atteint au vu des rires nombreux.
Alors, le lendemain, il consigna dans son carnet les dites de la veille.
Ensuite, il nota la seconde blague, tout aussi terrible d'efficacité.
L'humeur était légère. Même le grand elfe laissait transparaître sourires et compliments.
Il se faisait tard. Le plan était de partager des anecdotes, des histoires courtes.
Quand ce fut son tour, le rouquin se lança à son tour. Apparemment l'objectif fut atteint au vu des rires nombreux.
Alors, le lendemain, il consigna dans son carnet les dites de la veille.
Il faut ménager son effet, avant de dire la chute de la blague. Placer une pause. Et attendre les réactions.
"Je connais une histoire courte. La préférée de mon écureuil.
- Pause -
Noisette. (Ou Casse-Noisette.)"
Hier... c'était un mélange d'attente et d'incompréhension. Mais qu'est-ce qu'on a ri quand j'ai reprécisé que la chute c'était le simple mot "noisette".
Ensuite, il nota la seconde blague, tout aussi terrible d'efficacité.
Savez-vous pourquoi les tréants marchent lentement?
- Ici aussi, il faut marquer la pause, laisser les gens s'exprimer. -
Réponse : Je n'en sais rien, l'arbre prenait trop de temps à me répondre. (Ou une variante comme : Problème d'articulation.)
Vagabond
Rousse un jour...
En bout de carnet, des divagations romantiques.
Je ne suis pas un dragon du vol de bronze. Je ne suis pas un mage du temps.
Mais quand je la regarde, à présent, le passé prend une autre teinte.
La première fois que je l'ai rencontrée, il y a plus d'un an, nous avons à peine échangé un bonjour.
Elle était accompagnée. Elle était amoureuse.
Je n'avais pas réalisé. Qui suis-je pour prétendre le contraire?
Quand j'y repense, sans doute que nos regards se sont échangés un message que seule l'âme pouvait entendre à l'insu de notre raison.
C'est une rêvasserie qui me fait sourire.
Peut-être étions-nous voués à échouer ensemble?
Sur une même plage.
A la dérive.
Le souffle court.
Aujourd'hui, elle a eu raison de moi.
Je l'aime à en crever. Une expression que je n'utilise pas.
Elle est pourtant parfaitement élogieuse. Adéquate.
Elle est rousse et j'envisage ce que je pensais ne plus jamais envisager avec personne.
Elle incarne cet espoir ténébreux. Cette promesse de château de sable.
Je suis dans l'expectative de son geste. De sa voix. Je veux construire des tours et des remparts. Un pont levis et des douves remplies de roses.
Je me remémore avec un œil nouveau nos rencontres passées.
Elle n'était guère plus qu'une connaissance.
Plus tard, elle est devenue une connaissance amicale. Je devrais remercier la louve qui m'a éviscéré le cœur. Qui sait? Je ne suis pas rancunier ou ingrat.
Et l'amie, la confidente a changé d'étiquette.
Elle est devenue l'élément perturbant. Perturbatrice d'une santé mentale que j'avais presque retrouvé.
Défiant toute attente et mes convictions obtues, elle a su gagner du terrain.
Aujourd'hui, quand je repense à nos premières rencontres, je me demande encore comment est-ce possible qu'on en soit arrivés là.
Je caresse son épaule, je remonte le drap, elle remue et sourit, demeurant dans le sommeil.
Je suis maudit d'amour, et je lui chanterai le monde, à chaque aurore.
Vagabond
Client roi ou client client?
Quelque part entre une recette de crêpes et de remède contre la toux, une note destinée à une certaine Satya.
Elle me l'a dit. Si je peux l'aider, lui fournir d'autres fruits pour son expérience, elle saura me le rendre.
Sauf que je ne veux pas qu'elle me le rende.
L'or non plus n'est pas ce que je demande.
Pourtant elle considère qu'elle m'est redevable.
Une drôlerie assez déroutante que d'être celui qui fournit.
Une réalité qui m'échappe.
Pourtant on m'a dit bien. C'est un des fondements du commerce.
Je fournis, on me rétribue. Leurs mœurs me perturbent.
Je suis le fournisseur, il sont mes clients?
Et elle, une cliente qui tente de percer les secrets des fruits gorgés de magie druidique.
J'ignore si c'est une bonne chose.
Pourtant, j'ai promis de lui en rapporter d'autres.
Elle est cette cliente roi, ou reine?
Et moi, je suis la fourmi et le soleil.
Vagabond
D'acier et de magie...
Aujourd'hui je peux me reposer.
L'œuvre est achevée.
Il m'a fallu plusieurs semaines pour récolter les gemmes de feu; ces rubis de la bonne taille.
Il m'a fallu plusieurs semaines aussi pour insuffler de la Vie dans le métal.
L'acier vivant n'est pas une mince affaire à faire.
Surtout lorsqu'on projette d'en faire une créature animée semi consciente.
Aujourd'hui, l'objet est prêt.
Le félin rouge tient dans la paume de ma main.
La gemme matrice, de la taille d'un petit œuf ne pèse rien.
Pourtant, quand on déclenche le mécanisme magique, le félin se déploie et s'incline, prêt à être chevauché.
Prêt à couvrir d'infinies distances.
Le Joaillier qui m'a aidé à réaliser la bête d'acier magique et de gemmes précieuses enchantées est un véritable artiste.
La monture est belle, une silhouette plus vraie que nature.
Si elle ronronnait, on pourrait la croire vivante.
Or, il lui manquait quelque chose.
Et c'est un mage habile qui compléta l'histoire.
La panthère rubis a été enchantée d'un sort de Zéphyr.
Elle flotte. Elle vole. Elle n'a de limites que les envies de son cavalier.
J'espère que le cadeau va lui plaire.
J'ai hâte de lire les expressions sur son visage.
J'ai hâte.
L'œuvre est achevée.
Il m'a fallu plusieurs semaines pour récolter les gemmes de feu; ces rubis de la bonne taille.
Il m'a fallu plusieurs semaines aussi pour insuffler de la Vie dans le métal.
L'acier vivant n'est pas une mince affaire à faire.
Surtout lorsqu'on projette d'en faire une créature animée semi consciente.
Aujourd'hui, l'objet est prêt.
Le félin rouge tient dans la paume de ma main.
La gemme matrice, de la taille d'un petit œuf ne pèse rien.
Pourtant, quand on déclenche le mécanisme magique, le félin se déploie et s'incline, prêt à être chevauché.
Prêt à couvrir d'infinies distances.
Le Joaillier qui m'a aidé à réaliser la bête d'acier magique et de gemmes précieuses enchantées est un véritable artiste.
La monture est belle, une silhouette plus vraie que nature.
Si elle ronronnait, on pourrait la croire vivante.
Or, il lui manquait quelque chose.
Et c'est un mage habile qui compléta l'histoire.
La panthère rubis a été enchantée d'un sort de Zéphyr.
Elle flotte. Elle vole. Elle n'a de limites que les envies de son cavalier.
J'espère que le cadeau va lui plaire.
J'ai hâte de lire les expressions sur son visage.
J'ai hâte.
Vagabond
Un chanson de famille...
Ce matin là, si quelqu'un avait pu franchir les protections magiques de la demeure, les serrures, les portes, les couloirs..et s'il avait atterri dans le petit salon familial, il aurait vu quelque chose d'émouvant.
Un homme, roux et moustachu, assis sur un tabouret, attendait patiemment que les enfants s'organisent. Il était accoudé sur la tranche de sa guitare, le sourire aux lèvres.
Le plus jeune enfant, ramena deux autres tabourets.
Un autre petit garçon, un peu plus grand, et une fillette de son âge s'approchèrent, avec un tas de casseroles, les disposant devant eux. Les percussions de fortune.
Mémé, à l'expression austère, haussant un sourcil, observait la scène avec une expression indéchiffrable.
Une quatrième enfant, enfin, une jeune adolescente, un peu renfrognée, les bras croisés, adossée au mur près de la fenêtre, feignait de ne pas s'intéresser à ce remue-ménage.
Naomi savourait sa grasse matinée, dans la chambre voisine.
Une fois les tabourets disposés en arc de cercle, les casseroles en place, les enfants prirent place, et Stan leur fit signe.
Gloussant, ils se mirent tous à faire un tapage de tous les tonnerres.
La porte de la chambre s'ouvrit en trombe, une Naomi un peu décoiffée arriva pour crier.. Et devant la scène ouvrit la bouche, stupéfaite.
Les rires fusèrent.
Stan lui fit un clin d'œil et lui intima de s'asseoir.
Alors, quelque chose de magique se produisit.
La petit fille aux casseroles commença à imprimer un rythme. Comme le cœur battant d'un dragon. En sourdine.
Se joignit à ces pulsations, le son ténu d'une flute enjouée. Quelques notes, mais bien apprises.
Puis, des notes de guitare, hésitantes. Le plus jeune de la maisonnée, fronçant les sourcils, jouait, concentré.
Alors Stan, commença à son tour à tirer des notes d'accompagnement sur sa guitare.
Il joua presque en retrait, laissant les enfants montrer leur savoir-faire.
Et il se mit à chanter, de cette voix agréable qu'on lui connaissait.
Les deux dames plus âgées, de la maison, avaient du entendre la mélodie à de nombreuses reprises.
Tous s'étaient entrainés pour surprendre Naomi.
Sans doute que de nombreux rires accompagnèrent la chanson joyeuse. (Sur la mélodie de "Dans un autre monde, Céline Dion." )
Un homme, roux et moustachu, assis sur un tabouret, attendait patiemment que les enfants s'organisent. Il était accoudé sur la tranche de sa guitare, le sourire aux lèvres.
Le plus jeune enfant, ramena deux autres tabourets.
Un autre petit garçon, un peu plus grand, et une fillette de son âge s'approchèrent, avec un tas de casseroles, les disposant devant eux. Les percussions de fortune.
Mémé, à l'expression austère, haussant un sourcil, observait la scène avec une expression indéchiffrable.
Une quatrième enfant, enfin, une jeune adolescente, un peu renfrognée, les bras croisés, adossée au mur près de la fenêtre, feignait de ne pas s'intéresser à ce remue-ménage.
Naomi savourait sa grasse matinée, dans la chambre voisine.
Une fois les tabourets disposés en arc de cercle, les casseroles en place, les enfants prirent place, et Stan leur fit signe.
Gloussant, ils se mirent tous à faire un tapage de tous les tonnerres.
La porte de la chambre s'ouvrit en trombe, une Naomi un peu décoiffée arriva pour crier.. Et devant la scène ouvrit la bouche, stupéfaite.
Les rires fusèrent.
Stan lui fit un clin d'œil et lui intima de s'asseoir.
Alors, quelque chose de magique se produisit.
La petit fille aux casseroles commença à imprimer un rythme. Comme le cœur battant d'un dragon. En sourdine.
Se joignit à ces pulsations, le son ténu d'une flute enjouée. Quelques notes, mais bien apprises.
Puis, des notes de guitare, hésitantes. Le plus jeune de la maisonnée, fronçant les sourcils, jouait, concentré.
Alors Stan, commença à son tour à tirer des notes d'accompagnement sur sa guitare.
Il joua presque en retrait, laissant les enfants montrer leur savoir-faire.
Et il se mit à chanter, de cette voix agréable qu'on lui connaissait.
Les deux dames plus âgées, de la maison, avaient du entendre la mélodie à de nombreuses reprises.
Tous s'étaient entrainés pour surprendre Naomi.
Sans doute que de nombreux rires accompagnèrent la chanson joyeuse. (Sur la mélodie de "Dans un autre monde, Céline Dion." )
"Près de loin, pas certain...
Comme une faim qui tiraille d'instinct,
Oh oh ...Partir? Pourquoi.? Rester, c'est vain?
Tout laisser, ou te surprendre, est-ce mon destin?
Au réveil, parait que j'baille,
Adieu doux rêves, le lit est en pagaille...
Et puis sentir l'envie...et lâcher le chien
Y'a plus de loup qui tienne, y'a juste à mêler nos mains...
Et tant pis pour le monde, tant pis pour les fous
J'aurais pu aller à Hyjal, ou me changer en hibou !
J'avais pas l'choix, fallait te retenir jusqu'au bout...
J'suis resté à ta porte... défiant tous les verrous!
Rendez-vous dans une seconde, ou dans un autre abris
Quand nos nuits seront plus longues, plus longues que La nuit.
Oh et succomber, mais à ta joie et vivre l'espoir aussi
Rendez-vous quand j'aurai joué mille mélodies !
Belle, belle, de bas en haut,
J'aime manger tes lèvres et boire tes mots
Est-il trop tard, vu l'heure, ou bien trop tôt?
On te raconte une belle histoire et avec le tempo !
Baille encore, j'espère qu'on a pas mangé d'ail...
Une croix sur le baiser, j'crois que la chanson déraille...
S'offrir, aimer et tomber dans l'eau,
Et descendre encore, puis monter au créneau...
Et tant pis pour les orcs, et tant pis pour les ennuis !
J'pourrais attendre seul, que passe la pluie...
Mais j'ai choisi mon camp, on compose nos vies
J'ai qu'une chose à te dire.. Mon amour, merci !
Rendez-vous dans une seconde, ou dans un autre abris
Quand nos nuits seront plus longues, plus longues que La nuit.
Oh et succomber, mais à ta joie et vivre l'espoir aussi
Rendez-vous quand j'aurai joué mille mélodies !
Rendez-vous dans une seconde ! Tous aux abris !
Parait que tu fabriques des bombes et des bidules aussi !
Fallait que la chanson fasse rire, alors qu'est-ce t'en dis?
Rendez-vous quelque part entre Elwynn et l'infini!
Rendez-vous quand j'aurai mangé mon p'tit dej' avec appétit !
C'est quelque part en cuisine, tu m'dis si t'as faim aussi?
C'est tout le monde qui t'aime et te sourit ! "
Vagabond
Poésie et captivité...
Alors que notre brave druide est au tapis, sur une herbe moelleuse, l'idée brusque s'impose. Il va le lui lire, son poème.
Il tient toujours ses promesses.
Car rien de mieux, pour chasser la peur et la déprime, quand on croupit dans une prison avec sa fiancée, que quelques vers honnêtes.
Il tient toujours ses promesses.
Car rien de mieux, pour chasser la peur et la déprime, quand on croupit dans une prison avec sa fiancée, que quelques vers honnêtes.
Un coucou. Pas un salut. Pas un merci. Juste un coucou.
L'oiseau est un filou, mais pas brigand. Juste file où?
Un hibou. Pas une chouette et pas sympathique de base.
L'oiseau est un drôle qui aime la nuit et les plaines rase.
Un joujou. Pas un jouet, ni un mojo, ni une boisson.
C'est juste un objet dévoué, qui peut servir avec passion.
Mais quand le coucou rencontre le hibou et parle de joujou,
Voici que le rire tonne et résonne; L'amour est infantile.
L'enfant nait de l'amour. L'amour est un jeu tactile
Et un sacré jeu, très chouette, très "T'es fou!".
Alors qu'on soit plutôt coucou ou hibou, plus ou moins ici et là bas…
Nul doute que les routes se croisent et les doigts s'épousent;
Ainsi naissent les histoires folles, nids douillets d'époux…
Berceuses tendres, baisers interminables, roses par douze.
Vagabond
Ce frère Cactus
Stan ajoute une nouvelle note dans son carnet, il y a pensé pendant que le barbier lui raccourcissait les cheveux.
Les mèches tombaient sur le plancher de l'établissement tandis que ses idées germaient.
Maintenant qu'il est prêt, il prend ce temps et consigne quelques mots.
Les mèches tombaient sur le plancher de l'établissement tandis que ses idées germaient.
Maintenant qu'il est prêt, il prend ce temps et consigne quelques mots.
Je te défie, mon aîné, d'être plus adulte que moi.
Tu te caches derrière les pantalons que tu empruntes.
Ton masque d'indifférence se fendille et s'éreinte.
Bientôt tes dagues et tes piques ne feront plus leur loi.
Chipe toutes les fripes que tu voudras, par gourmandise,
Entreprends les démarches pour m'irriter et que je tonne !
Jamais je ne détournerai mon regard, par couardise,
Je n'abandonnerai la supplique qui en toi résonne.
C'est ces rires vides et sombres qui dénotent.
Ton cœur est un désert à repeupler: La chance !
Je suis druide et obstiné. Bientôt, tu auras la cote.
Tu pourras t'épancher au bonheur à outrance.
Je t'offrirai tous mes pantalons, et ma tendresse.
J'accuserai tes coups et tes railleries maudites.
La Féline a raison, je perçois maintenant ta détresse,
Celle entre les lignes, avouée et jamais dite.
Frère, je t'aime. Je te le dirai un jour, surement.
Vagabond
Orneval en deuil.
Une autre page. Tachée.
Les larmes s'échouent sur les lignes d'encre qu'il s'empresse d'éponger.
Il consigne ce qu'il a sur le cœur, sous la main, au bout des doigts.
Il vomit la guerre et les cendres. Ce ciel rongé par l'agonie de milliers de braves et de milliers d'innocents.
Son cœur de druide vole en éclats. Son cœur de frère aussi.
J'ai tenu le faon et la biche dans mes bras, inertes.
J'ai vu flamber les séquoias, les sapins et les frênes.
Les renards et les rats fuyaient, affolés, agressifs.
Mes amis de la Griffe portaient les seaux, en chaîne.
L'eau était piètre consolation. Les flammes, moqueuses.
Alors je l'ai vu arriver en courant. Ce frère maladroit.
Il portait une fillette Kal'Dorei contre lui, et un jeune elfe le talonnait de près.
J'ai vu ses yeux cernés, son visage creusé par l'effort et la sueur sale de suie.
Il m'a confié les enfants.
Nous avons couru. La fumée brûlait les poumons. La chaleur asphyxiait tout.
Nous avons couru. Quand le portail naquit de nulle part et que j'entendis l'appel, je bifurquai.
Et sans une hésitation, les derniers pas maladroits, j'ai entrainé les enfants et franchit la ligne verte.
Lui, n'a pas eu cette chance.
Je l'ai abandonné.
Je ne peux pas le perdre encore.
Les larmes s'échouent sur les lignes d'encre qu'il s'empresse d'éponger.
Il consigne ce qu'il a sur le cœur, sous la main, au bout des doigts.
Il vomit la guerre et les cendres. Ce ciel rongé par l'agonie de milliers de braves et de milliers d'innocents.
Son cœur de druide vole en éclats. Son cœur de frère aussi.
J'ai tenu le faon et la biche dans mes bras, inertes.
J'ai vu flamber les séquoias, les sapins et les frênes.
Les renards et les rats fuyaient, affolés, agressifs.
Mes amis de la Griffe portaient les seaux, en chaîne.
L'eau était piètre consolation. Les flammes, moqueuses.
Alors je l'ai vu arriver en courant. Ce frère maladroit.
Il portait une fillette Kal'Dorei contre lui, et un jeune elfe le talonnait de près.
J'ai vu ses yeux cernés, son visage creusé par l'effort et la sueur sale de suie.
Il m'a confié les enfants.
Nous avons couru. La fumée brûlait les poumons. La chaleur asphyxiait tout.
Nous avons couru. Quand le portail naquit de nulle part et que j'entendis l'appel, je bifurquai.
Et sans une hésitation, les derniers pas maladroits, j'ai entrainé les enfants et franchit la ligne verte.
Lui, n'a pas eu cette chance.
Je l'ai abandonné.
Je ne peux pas le perdre encore.
Vagabond
Des réponses dans ses larmes de crocodile...
Des souvenirs plutôt privés. Des feuillets de musique. Des poèmes et dessins.
Un jour, ceci sera son modeste héritage.
Des livres d'études et de recettes. Des récits pour enfants et des mots enchevêtrés de sentiments.
Voilà ce qu'on peut trouver si on tourne les feuillets de ses carnet de notes.
Un jour, ceci sera son modeste héritage.
Des livres d'études et de recettes. Des récits pour enfants et des mots enchevêtrés de sentiments.
Voilà ce qu'on peut trouver si on tourne les feuillets de ses carnet de notes.
…
Elle a le rire contagieux et les mimiques éloquentes.
Quand elle gazouille j'ai l'impression d'entendre une princesse étrangère murmurer.
Et quand elle pleure et me réclame, le monde cesse de tourner.
Je la berce, serrée contre mon cœur.
Voici ce que nous avons fait de plus parfait, Naomi et moi. Notre Lila.
Une petite qui transpire la joie et respire la musique.
Elle fait du bien à tous, et ses larmes ne sont pas tristes.
Au contraire, quand parfois elle pleure, c'est un trop plein d'émotions et de bonheurs.
Je peux m'y voir refléter des univers qui naissent et meurent.
Elle est chef d'orchestre, elle est magicienne. Elle compose et tisse, défait, joue.
Elle est notre fille.
Quand je m'interroge, il me suffit de lire dans ses larmes de crocodile toute l'affection du monde.
Vagabond
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