Pas de repos pour les morts.

Une belle soirée comme il y en avait de nombreuses avant que le Jardin des Nobles ne viennent ravir les grands et les petits. La fête avant l'heure se dit le chevalier alors qu'il passa près d'une terrasse. Des rires et des cris de joies jaillirent d'un seul coup, martelant son esprit de coups plus dures les uns que les autres.
Le vieux chevalier sans vie pressa sa monture sans ménagement et celle ci ne broncha pas.

Deux rues plus loin, la liesse ne s'entendit plus et le chevalier calma son allure. Relevant d'un geste brusque sa capuche, il découvrit son visage crispé d'angoisse et de douleur. Il laissa un temps le silence calmer son malaise puis observa l'endroit où l'avait conduit sa mélancolie. Devant lui une berge au delà du canal, deux gamins jouant avec des perches, puis une femme sortant d'une batîsse. Les deux enfants rentrèrent rapidement. Le silence se fît de plus en plus pesant, et rassurant.

Radantek avait parcouru les terres gelées quelques temps auparavant, dans une quête utopique. Toute son existence, il l'avait voué à la défense et à la sauvegarde de son royaume. Il avait péri pour cet idéal. On l'avait ramené sous cette forme. Et contre toute attente, dans ses exactions commises après sa mort, le vieux chevalier avait trouver un salut. Il avait apprécier tuer tout ces gens, parfois même il avait torturé certains d'entre eux. Ce plaisir n'était plus, plus depuis sa libération. Ce bonheur avait disparu avec une trahison et une nouvelle naissance.
Tout cela devint plus difficile a remettre en ordre dans son esprit, il avait surement apprécier ne plus servir cet être. Mais rien ne le consolait plus, une douleur insondable se tapissait désormais, comme pour combler un manque.

Il en avait aider depuis, pour expier, pour le pardon. On ne lui en donna aucun, mais il se mis à se mentir à lui même, continuant d'agir ainsi pour se pardonner de son servage.

Trop d'aide, trop de douleur. Il ne lui restait qu'une solution, la seule envisageable. Le seul moment où personne n'avait trahi ses actes, même ce roi qui vraisemblablement ne l'avait que mis au défi. Cette libération n'était qu'une nouvelle mort.

- " C'est pour ça, la libération, c'est notre tâche, notre test. Il veut nous voir triompher de tous, par ce défi. "

Radantek se mis à rire. Tant de temps perdu alors qu'il y avait une réponse devant ces yeux, depuis que la Lame s'était créée. Une seule réponse qu'il avait fui.
Il y trouva un certains réconfort, la douleur s'amenuisant à mesure qu'il pensait à ce qui devait être fait.

- " Je dois le rejoindre à nouveau, coûte que coûte. "

Il observa la berge à nouveau, fixant le petit ponton. Il songea à un trajet simple et discret, où personne ne pourrait déceler ses véritables intentions. Il était hors de question de s'aventurer dans la couronne glacée, trop de mondes, trop d'ennemis qui pourrait le mettre à jour.

- " Il me faut un intermédiaire, contacter, trouver un lien direct avec le roi. "

Un groupe de prêtres passa de l'autre côté du canal, prenant la direction du quartier de la Lumière. Un dégoût profond s'installa dans le coeur froid du chevalier Morrival. Radantek tira une grimaçe, observant ses hommes passer. L'imposante Cathédrale se dessina dans son champ de vision, dépassant les larges habitations. Il soupira de dépit et finalement se détourna. Il faisait désormais face à une grande arche, plutot large. Le passage vers le port, le chemin vers son objectif.
Il ne pouvait se rendre au Nord que par là. Le seul moyen rapide à sa disposition, le convoi d'aventuriers. Un instant radantek douta de la discrétion de ce choix de transport puis se ravisa lorsqu'il vit d'autres chevaliers sans vie descendre les marches qui menait vers les quais.

- " Je dois attendre un peu. Demain sera de meilleurs conseils qu'aujourd'hui. "

Il tira sur la bride de sa monture, et se dirigea avec le sourire vers une auberge où il pourrait se préparer convenablement avant d'entamer son pélerinage.