Chasse aux flibustiers.

Le sommeil était déjà tombé sur le guet de l'Estran, seuls quelques patrouilleurs restaient éveillés. C'était le cas de Styke, un soldat fraîchement arrivé sur le campement mais rempli de motivation. Il observa du haut des remparts Est l'horizon, caché des divers arbres qui trônent en masse dans les marais, cachant la plage où mouillait désormais ces faquins de Ronae. Par le Saint prépuce de Faol, que venait-il faire ici si ce n'est pas pour aider la Horde ? Piller, il y avait bien des régions plus riches que ce vulgaire marais !

Styke médit sur les pirates qui s'était installée aux côtés des gobelins, ils étaient de fait inattaquables. Il lui était impossible de se venger des blessures qu'il avait reçu des batailles antérieurs. Il ragea encore longtemps du haut des murailles, puis s'en alla se coucher, son tour de patrouille terminée.

Le Redoutable, navire de premier rang affecté à l'escarmouche menée par le bataillon des Aigles du Roi, mouillait dans les eaux au large du marais des chagrins. Sur le pont, quelques officiers s'étaient réunis, cartes à l'appui, autours d'une table installée pour l'occasion. Le scribe était le seul assis, notant assidument les ordres, précisions et autres notes sur les diverses cartes et documents.

L'amiral prit la parole, appuyant ses poings fermés sur la table.
- " Ces raclures de fosse mouillent au large du port gobelin. Et cette maudite capitaine fanfaronne à notre barbe avec son équipage de malandrin ! "
Les officiers acquiescèrent lentement en silence. L’Amiral Evan se retourna vers le nord, on pouvait distinguer au loin le port gobelin et la silhouette du Ronae qui les narguait.
- " Nous ne pouvons qu'attendre qu'ils se décident à sortir de leur position, ils ne pourront rester là éternellement. " fit remarquer l'un des officiers.
Les autres acquiescèrent une nouvelle fois.
- " Faites patrouiller nos frégates à une distance raisonnable, qu'ils se tiennent prêt à sonner l'alerte par aviso. " Déclara l'amiral en rajustant son bicorne rongé par les vents salés. Le scribe prit note, ajustant les positions des navires sur la carte et calculant les nouveaux azimutes. " Tenez vous prêt " précisa t'il.
Les officiers prirent congé et le scribe rangea ses notes.

L'ambiance sur le Redoutable était constamment agité, entre le Ronae qui trainait dans le coin et les navires de la Horde qui rôdaient prêt de Pierrêche, la flottille de Sa Majesté Wrynn était constamment sur ses gardes, prêt à charger les canons pour affronter l'ennemi. La brise frappait la solide coque du bâtiment humain qui avait jeté l'ancre au sud du marais, tendis que les deux frégates mettaient en place les voiles pour commencer leur patrouille....

Cette région avait une atmosphère pesante, très pesante. L'un des représentants des affaires politiques du Royaume : Lord William Buxton venait à peine de sortir de sa cabine de chambre afin de se rendre sur le pont du navire pour apercevoir la nature environnante qu'il devenait sujet à de terribles maux de tête, il n'était sûrement pas habitué à ce climat, ce qui était tout à fait compréhensible pour un vieil homme de son âge. Il fut donc contraint à retourner dans sa chambre où il se posa et réfléchi-ça sur son lit à la lettre que sa mère lui avait envoyé avant son départ. Son contenu n'avait pas l'air diffèrent des autres semaines, il s'y trouvait à l'intérieur des salutations et des nouvelles du pays, rien de bien notable pour lui, en somme.

C’était un régiment d’Hurlevent assez peu banal qui devait l’escorter, les Aigles du Roi. Une Unité d’Elite au sein du Royaume qui avait pour but de mener à bien des actions notables au nom de l’Alliance. Actuellement, ils étaient dans les marais des chagrins où ils combattaient la Horde. Quant au représentant des affaires politiques du Royaume il n’était guère rassuré d’être avec une puissante unité du Royaume, bien au contraire. Selon ses propres dires « il y avait anguille sous roche ». Pourquoi une escorte qui devait se déroulé correctement avait besoin d’une unité si importante ?

Ses craintes furent justifiées lorsque qu’à quelques kilomètres de la sortie du Guet de l’Estran et au contournement d’une ville de gobelins. Ils tombèrent sur des assassins appartenant à la Horde, du moins par la race. En effet, c’était une embuscade et ça allait de mal en pis pour les forces de sécurité du Magistrat. L’assaut répété des assaillants était de plus en plus lourd à supporter et les formations de la Horde allaient détruire le cordon de sécurité autour du notable. En quelques secondes le cours de l’affrontement s'accentua vers la transformation du Magistrat en grenouille ! Dans le chaos le plus total des affrontements entre forces résistantes et forces assaillantes le magistrat fut kidnappé et ce au grand regret des forces de sécurité présentes…

Dans sa tente, le Capitaine Barbebière passa en revue les lettres et autre papiers d'administrations que recevait régulièrement la Brigade. Malgré tout, un peu de temps à l'ombre du soleil fracassant des Tarides ne lui faisait pas de mal. Cette atmosphère étouffante changeait radicalement de la petite brise fraîche des Hinterlands, et même après presque deux mois dans ce caniard, le Capitaine habitué au climat frais de Lordaeron ne s'était pas familiarisé dans cet étoufoire... Il passa en revue les ordres du jour. Une réponse à sa demande d'envoi de maçon pour le Guet du Nord... Les rapports des éclaireurs... La facture du boudin thelsamarien... Une lettre de sa nièce Selgna qu'il s'empressa de ranger au fin fond d'un tiroir vérouillé de son bureau pour ne pas qu'elle ne tombe entre les mains des autres officiers... Une lettre cachetée de la Garde Foudrepique... Et en dernier, un paquet d'affiches d'avis de recherche à placarder dans le camp...


Le dessin d'une elfe de sang particulièrement bien fait, et faite pour l'elfe, attira plus rapidement les yeux du vieux capitaine que les mots qu'il y avait à côté... "Beau p'tit brin d'femme" pensait le vétéran avant de se pencher sur le texte.

Cette petite gamine, une capitaine pirate qui s'en prend aux forces d'élite de l'Alliance? C'est plutôt exceptionnel... Ils pouvaient avoir été engagé par la Horde qui sait ? Le Capitaine se souvenait du sérieux revers que la Flotte de la Horde avait infliger aux bateaux qui amenaient la Brigade aux Tarides...

Après une relecture rapide de l'affiche, il ordonna à un des gardes de sa tente de donner le paquet d'affiche à Lewis, l'intendant du camp, pour qu'il se mette au travail pour afficher le plus rapidement les avis dans le camp. La côté des Marchands qui bordait les Tarides était le repaire de nombreux pirates, particulièrement l'Île de la Dispute, récemment infestée de malandrins et autres pendards, et une attaque pirate sur le camp ou ses postes avancés n'était pas exactement le bienvenue... Il fallait absolument juguler ce risque.

Avant de finir de lire sa paperasse, le Capitaine sauta hors de sa tente en beuglant : "Marcheloin ! Je vais avoir besoin des montagnards qu'il vous reste !"

L'Amiral Galwyn suait à grosse goutte. Et ce depuis presque une semaine maintenant. La chaleur du désert de Tanaris était écrasante, les rayons du soleil martelaient le sol sablonneux et le crâne beaucoup trop chevelu de l'amiral du matin au soir. Pour la première fois de sa vie, le Lord se permit de remettre en question pendant une seconde l'indispensabilité du port de l'uniforme.

Fort heureusement, sa nature reprit bien vite le dessus tandis qu'il observait et rabrouait les ouvriers gobelins maladroits qui travaillaient sur son navire... sur sa moitié de navire. Le Portvaillant avait souffert et ile ne repartirait pas en mer avant un bon moment. Le marin détestait rester clouer au sol... non, en fait, c'était l'inactivité qu'il détestait. Cloué au sol, sans nouvelle de l'ambassade envoyé à Théramore, et n'ayant pas les ressources nécessaire pour réagir à la désertion de sa Seconde ou à la fuite de son prisonnier, William Galwyn était condamné à stagner dans l'inactivité la plus totale jusqu'à la fin des travaux.

L'humeur massacrante de l'amiral ne faisait qu'empirer le mal de tête provoqué par le soleil, et le soldat débraillé et seulement à moitié en uniforme qui courrait vers lui en criant son nom risquait d'être la goutte qui ferait déborder le vase...

"-Amiral ! Amiral Galwyn ! Amiral Galwyn !
-ET BIEN QUOI FOUTREDIEU ?! VOUS VOYEZ BIEN QUE JE SUIS LA NON ?!
-... ; Le marin s'arrête net, peu désireux de prendre le poing brandit de l'amiral rouge écarlate en pleine figure.
-Bon ?! Alors ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?
-Ce... ceci vient d'arriver de Hurlevent pour vous Amiral, dit le jeune soldat en tendant prudemment un parchemin enroulé à son supérieur.''

Galwyn déroule le parchemin et le parcours rapidement des yeux, puis reporte son attention sur le dessin de l'elfe et s'y attarde.

"Des pirates... crache-t-il avec dégoût... et de la horde encore ! Crénom, comme si je n'avais pas déjà assez de problème !"

Congédiant son homme en lui envoyant l'avis de recherche à la tête avec humeur, Galwyn lisse sa précieuse moustache en réfléchissant.

"Finalement, peut être que ces foutus retardataires restés à Hurlevent pourraient me servir à quelque chose..."

Décidé, l'Amiral quitte le chantier et son précieux navire pour aller écrire une lettre à ses "troupes de réserves"...

"Pas le confort auquel vous êtes habitué, sans doute. Vous avez plutôt l'air du genre dorures et tapisseries."
La jeune femme déposa une cruche et une gamelle devant le prisonnier humain auquel elle venait d'adresser ces quelques mots dans un commun teinté d'accent Thalassien, mais aussi de quelques autres glanés à travers les ports d'Azeroth. Elle croisa les bras et le gratifia du long regard fixe et inexpressif dont elle était coutumière, avant de reprendre la parole.
"Les lettres sont parties hier. Si vous ne faites pas le mariole vous serez bientôt de retour chez vous. Vivant. Si toutefois la rançon est payée."
Elle sortit sa montre à gousset, la regarda, la remonta, la colla contre son oreille et la rangea. Se retournant brusquement, elle quitta la pièce sans ajouter un mot.

Les deux gobelines l'attendaient dans sa cabine. Elles tentaient visiblement d'évaluer la valeur de chaque objet qui se trouvait autour d'elles tout en se dandinant d'un pied sur l'autre. Leylee les invita à s'asseoir d'un bref signe de tête.
"Krinkle, Betsy, vous allez faire le tour des ports indépendants et y répandre la rumeur selon laquelle quel que soit le montant de la prime sur ma tête, je paierai 5% de plus pour celle de quiconque s'en prendrait à moi."
S'installant derrière son bureau, la jeune femme les regarda sortir, puis baissa les yeux sur la liasse de documents retrouvée dans les affaires du prisonnier. Les courriers personnels n'avaient que peu de valeur à ses yeux, mais il convenait d'examiner plus attentivement les documents officiels. S'ils présentaient un quelconque intérêt, il serait sans doute possible de trouver acquéreur.