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Nuit calme

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Message  Heliven Mer 31 Aoû 2011, 18:05

Nuit calme, sans lune, nuit d'étoiles où rien ne vient troubler la quiétude nocturne.
Il dort d'un sommeil profond, réparateur, couché sur le côté, tourné vers moi. Le drap lui couvre l'épaule, glisse sur son bras d'épée dont les muscles noueux dessinent une langoureuse arabesque sous sa peau, albâtre en cette pâle nuit enténébrée. Son visage plein de réserve ou de sévérité s'est détendu, ses traits paraissent alors une dizaine d'années de moins.
Du regard, je suis la ligne d'une mâchoire carrée, survole le menton volontaire, flâne sur les lèvres soulignées d'un bouc soigné. J'aimerais m'y attarder moi aussi, retrouver la douceur de ses baisers, cette variation voluptueuse, oscillant entre tendresse et passion... je le contemple tout mon saoul, si serein dans cette expression d'innocence vulnérable.
Sa peau embaume un parfum chaud de silice, senteur qui se mêle à celui plus entêtant de la paille séchée par un soleil d'été. Sous les paupières closes, je devine les iris d'un bleu de glacier, capables de virer au noir d'onyx.

La Bête me prête ses souvenirs, le contact violent du sol lorsque nous boulons l'un sur l'autre, l'odeur de l'herbe rendue humide par la rosée vespérale. La sensation des crocs crissant contre l'acier, puis celui des poings martelant le flanc. Cette voix de stentor, tonnante et impérieuse, rugissement de bête contre feulement de fauve dans une âpre lutte de dominance. Il n'est pas tant question de force brute que de volonté, l'établissement d'un équilibre, la reconnaissance d'un lien, une alchimie si particulière qu'il leur faut la ressentir pour l'appréhender.

Je ne le tiens pas pour acquis, ni ce lien, ni sa présence à mes côtés, ni ses sentiments. La pulpe de mes doigts effleure l'arc que forme le sourcil, retrouvant sans peine l'angle qu'il épouse lors d'un froncement de contrariété ou au contraire un plissement rieur. Près de son visage, sa main s'est refermée contre l'oreiller. Un mince ruban de velours noir orne son poignet, discret signe qu'il est miens. A cette seule idée le sens la vibration résonner au creux de ma gorge, vibrato étouffé avant de passer la barrière de mes lèvres. Je suis certaine de n'avoir émis aucun son, pourtant son visage s'incline, offrant sa gorge, les cheveux sombres glissant de sa nuque pour former une crinière hirsute. Le sang bat doucement dans sa jugulaire, confirmant l'assoupissement dont il reste encore prisonnier.

Mon visage longe ce cou déployé, je ressens l'appel, le besoin de contact qui aiguillonne soudain mes sens. J'hésite encore quant à la conduite à tenir lorsque ses bras s'ouvrent pour venir m'envelopper, m'attirer à lui comme un enfant le ferait d'une peluche ou d'un oreiller. J'agite doucement les pieds et les mains, m'entravant dans les draps dans une tentative de me redresser. Fermement, ses mâchoires se referment sur l'angle entre mon cou et mon épaule, marquant le ruban noir de satin qui entoure ma gorge.


"- Heliven de Gilneas, dors." gronde t-il d'une voix basse, jusqu'à ce que je frémisse, m'immobilisant dans son étreinte, les yeux mi clos.
Heliven
Heliven


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Message  Angron Manus Mer 01 Fév 2012, 07:06

Aucune lumière ne filtrait, laissant les ténèbres s’emparer du lieu exigüe, cette tanière étrange faite de poutres et de paille, ou se mêlaient les odeurs d’équidés et de cuir tanné. Les lourds nuages masquant les reflets scintillants des lunes et des étoiles, dans cette nuit couleur d’encre.


Dans la tiédeur toute relative qu’offrait la pièce, étaient jetés pèles mêles affaires diverses, vêtements, couvertures, pièce d’armure et autre breloques, affaires du quotidien laissées là en désordre.
Désordre était d’ailleurs le mot qui convenait le plus pour décrire l’endroit. Et si la pénombre masquait le chaos ambiant, ce n’était que pour mieux le révéler au petit jour, un cocon improbable ou toute notion d’ordre et de structure avait disparu, laissant la place à un espace instinctif, sans notion d’esthétique.



Il était tendu, nerveux. Rien n’était visible, mais la tension était palpable. Autant dans la respiration courte, rauque, que dans les mouvements secs, saccadés. Sous la peau légèrement hâlée dansaient les muscles raides, comme engourdis après l’effort, présageant de nombreuses courbature au réveil. Courbé sur le matelas, les pieds légèrement écartés, épaules voutées dans une prostration résignée, il regardait passer la nuit, le sommeil le fuyant. Il s’était rarement senti aussi épuisé, aussi vieux. Sur son dos vouté, le poids des ans, les rides naissants aux coins des yeux épuisés, les anciennes blessures qui le lançait par temps froid, et les tempes grisonnantes lui rappelant chaque jour ces années égarées dans le Lordaeron, ou sur les routes d’Azeroth.


Une main légère se posa sur son épaule, les doigts fins se resserrant comme une pince, exerçant sur les muscles une douce pression, diffusant une chaleur sereine. Le Chevalier inspira longuement, se voutant d’avantage, offrant son dos à la présence presque imperceptible, au frottement des du tissu et des chairs, au léger ronronnement, une note sourde et quasiment inaudible, comme un bruit de fond. Accompagnant l’étrange mélodie, qui n’avait rien d’humaine, une seconde main se posa sur l’autre épaule, s’accordant aux mouvements de la première, lancinante. Aveugles, laissant leur souffle et leur corps communiquer pour eux, ils s’écoutèrent respirer, les deux mains légère exerçants sur les muscles endoloris et tendus des cercles concentriques, les paumes appuyant sur les nœuds de nerf, les pouces s’enfonçant légèrement dans la chair, tiraillant, pour mieux détendre les tensions palpables.



Par ce simple geste, cette présence, dissipant les maux d’aigreur et la migraine qui le tenaillait, la jeune femme vint poser son menton sur l’épaule du Chevalier, sa gorge produisant un son plus sourd, inhumain. Deux yeux couleur de citrine, aux pupilles fendus, brillaient dans la presque pénombre, unique source de Lumière qui semblait capter les moindres étincelles de lueur qui perçait la nuit d’hiver.


Laissant sa tête reposer en arrière, l’homme ferma les yeux, chassant les dernières bribes de cauchemars et les cris des orcs, s’enfonçant dans la quiétude des bras de la créature, avant de sombrer à ses côtés dans le sommeil qui enfin, leur ouvrait les portes de son domaine.
Angron Manus
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Message  Angron Manus Mar 20 Mar 2012, 06:54


Certains réveils sont si longs que la conscience se perd entre la frontière du sommeil, et les abords des songes. Tout commence par un frémissement, un simple sursaut de l’épiderme. Puis, sans se presser, le premier battement de cil, une longue inspiration. Le silence, toujours, aucune hâte. Lentement, c’est une main qui agrippe le coin d’un drap, les ongles grattant en cherchant à le tirer plus loin. La prise se referme finalement, découvrant un pied et un mollet, mais rien de plus, l’effort est déjà suffisant.



Berçant l’éveil, la pointe d’os raclait le cuir, détachant des copeaux bruns qui tombaient au sol en une pluie silencieuse. Epaules voutés, coudes fermement ancrés sur la table basse et bras près du corps, les mains travaillant avec expertise, minutie. Chaque coup d’instrument liant les formes complexes, ouvrant et déliant les boucles baroques, fleurissant de détails les motifs grossiers, tantôt symboles ésotériques, tantôt simple agencement de demi-cercles.


Sous le toit en paille et en bois, un palais de brick et de broc, d’amas de vêtements, d’objets divers, une caverne aux trésors autant qu’une tanière, ou règne une atmosphère douce, de sécurité. Dans un coin, un bol en terre cuite, contenant quelques fruits. Un peu plus loin, dormant sur le dos, un chien de prairie les quatre fers en l’air, Seigneur des dormeurs au pays des feignasses.
En seule mélodie, les battements de deux cœurs, conjoints, régulier, frappant à l’unisson dans une symbiose parfaite, suivant les mouvements l’un de l’autre.


Un frémissement, le mâle leva la tête, observant les alentours bercés de ténèbres. Dans la pénombre, les traits inhumains, humant profondément les fragrances infimes, chaque once olfactive, le visage réduit à un masque bestial ; étrange chimère d’homme et de créature bestiale, une demi-chose primale, à la frontière de deux mondes.


Une main légère se posa sur son avant bras, celle de sa femelle en sommeil, cherchant le contact instinctif, rassurant. L’air se flouta, et l’instant d’après, le visage d’Angron était de nouveau la, ses traits taillés par le temps et les épreuves, son regard d’azur reflétant chaque étincelle lumineuse perçant dans leur demeure. Il reposa son stylet et sa pièce d’armure, avant de se rallonger en chien de fusil, formant de son corps une barrière protectrice, un dôme impénétrable, rejoignant une note sourde, un léger grondement à peine audible aux oreilles des profanes, rendant les chevaux non loin quelque peu nerveux.


La conscience luttant avec l’instinct, faisant tanguer chaque battement de cœur entre la raison des hommes et la vérité des bêtes, un équilibre précaire, instable, tenant à la fois à si peu et pourtant si profondément ancré dans leurs âmes, glissant de l’épiderme tanné du mâle, aux tons de miel de la femelle.


Échappant au temps et aux intentions raisonnables, certains d’une unique vérité, d’une seule loi régie par l’ordre des choses ; après le repos, vient la chasse.
Angron Manus
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