Malédiction ou Bénédiction ?
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Malédiction ou Bénédiction ?
Accoudée au bastingage du bateau qui les menait vers la ville assiégée de Sombrivage, Roselinde Robinson observait son époux, Tedd, qui blaguait avec les autres voyageurs, gouailleur et vif, comme toujours.
Malgré son inquiétude, elle souriait, attendrie, repensant au chemin parcouru… tant de belles choses partagées, tant de douleurs aussi, la plupart du temps à cause d’incompréhensions. Quelques remords, d’avoir fait souffrir parfois, mais aucun regret. A quoi bon, si les pleurs avaient accompagné parfois ce chemin, les deux époux étaient toujours bien là, unis et peut-être même encore plus amoureux qu’auparavant.
Elle devait trouver le courage de lui parler. Car depuis cette décision de quitter Darnassus pour voir le monde, décision pourtant mûrement réfléchie et discutée avec les autres réfugiés depuis plus de six mois qu’ils vivaient là, elle hésitait à lui dire l’impensable, de peur de le freiner ou de le faire regretter.
Pourtant…
Lorsqu’elle avait dû rompre avec sa famille qui voyait d’un très mauvais œil son union avec un roturier, il avait été là. Prévenant, doux, aimant et tellement reconnaissant du choix qu’elle faisait et des conséquences de ce choix.
Lorsqu’elle s’était retrouvée seule face à tous les amis de Tedd à son propre mariage, sans même une amie pour faire office de dame d’honneur, il avait été là. Se débrouillant pour lui trouver une gentille cousine qui avait su l’accompagner durant toute cette journée, dans ce monde d’artisans dont elle ignorait tout.
Lorsqu’elle avait dû travailler dans son magasin de Gilnéas alors qu’elle n’était pas encore habituée à la ville et n’avait pas l’aisance gouailleuse de son époux pour accueillir les clients, il avait été là. Prenant le temps de la former, toujours souriant, câlin, l’entraînant même parfois dans la remise pour lui montrer combien il l’aimait, ce qui faisait sourire la vendeuse.
Lorsqu’elle s’était retrouvée prise au piège des hommes de GriseTête qui la harcelaient et voulaient la briser, il avait été là. Attentif, réconfortant, protecteur, comme il avait toujours su être, il avait su lui redonner le courage de repartir.
Lorsqu’elle s’était aperçue, effondrée, qu’elle resterait toute sa vie avec cette malédiction dans le sang, il avait été là. La rassurant sur sa beauté conservée, l’assurant que rien n’avait changé pour lui, lui prouvant même, en l’aimant plusieurs fois par jour, qu’il la désirait tout autant.
Lorsqu’elle avait dû suivre, inquiète, le flot des réfugiés qui partaient pour Darnassus, il avait été là. Ne la lâchant pas, la couvant du regard, aux aguets, sans cesse attentif à son bien être.
Roselinde avait la nausée. Luttant contre l’envie de vomir, elle comptait et recomptait les jours sans menstrues, plus de deux mois, près de trois, cela ne pouvait être autre chose. Elle savait qu’elle aurait dû lui parler avant le départ mais il en rêvait depuis si longtemps, attendant le moment d’être complètement formé à l’art druidique pour parcourir avec elle le vaste monde. Elle n’avait pas osé casser son rêve, de quelque façon que ce soit.
Et puis, comment serait l'enfant, serait-il, lui aussi, porteur de cette malédiction à laquelle elle ne s'habituait pas ? Le roi leur avait parlé de bénédiction, mais comment réussir à le suivre dans cette voie si elle ne réussissait pas à en cerner les avantages ?
Tedd avait si souvent parlé de cet enfant, avant que le mur ne tombe, il saurait sûrement la rassurer, lui montrer l'avenir sous un jour meilleur. Elle l'observait discuter, il s'animait, mimait quelque exploit de pêche ou de chasse, elle s'approcha de lui sans un bruit. Immédiatement il lui prit la main, sans même l'avoir vue arriver, et l'attira à lui avec douceur. Elle soupira d'aise et se blottit dans ses bras, et se promit qu'elle lui parlerait dès qu’ils auraient trouvé un logement de l’autre côté de cette mer qui allait bien finir par la rendre malade…
Malgré son inquiétude, elle souriait, attendrie, repensant au chemin parcouru… tant de belles choses partagées, tant de douleurs aussi, la plupart du temps à cause d’incompréhensions. Quelques remords, d’avoir fait souffrir parfois, mais aucun regret. A quoi bon, si les pleurs avaient accompagné parfois ce chemin, les deux époux étaient toujours bien là, unis et peut-être même encore plus amoureux qu’auparavant.
Elle devait trouver le courage de lui parler. Car depuis cette décision de quitter Darnassus pour voir le monde, décision pourtant mûrement réfléchie et discutée avec les autres réfugiés depuis plus de six mois qu’ils vivaient là, elle hésitait à lui dire l’impensable, de peur de le freiner ou de le faire regretter.
Pourtant…
Lorsqu’elle avait dû rompre avec sa famille qui voyait d’un très mauvais œil son union avec un roturier, il avait été là. Prévenant, doux, aimant et tellement reconnaissant du choix qu’elle faisait et des conséquences de ce choix.
Lorsqu’elle s’était retrouvée seule face à tous les amis de Tedd à son propre mariage, sans même une amie pour faire office de dame d’honneur, il avait été là. Se débrouillant pour lui trouver une gentille cousine qui avait su l’accompagner durant toute cette journée, dans ce monde d’artisans dont elle ignorait tout.
Lorsqu’elle avait dû travailler dans son magasin de Gilnéas alors qu’elle n’était pas encore habituée à la ville et n’avait pas l’aisance gouailleuse de son époux pour accueillir les clients, il avait été là. Prenant le temps de la former, toujours souriant, câlin, l’entraînant même parfois dans la remise pour lui montrer combien il l’aimait, ce qui faisait sourire la vendeuse.
Lorsqu’elle s’était retrouvée prise au piège des hommes de GriseTête qui la harcelaient et voulaient la briser, il avait été là. Attentif, réconfortant, protecteur, comme il avait toujours su être, il avait su lui redonner le courage de repartir.
Lorsqu’elle s’était aperçue, effondrée, qu’elle resterait toute sa vie avec cette malédiction dans le sang, il avait été là. La rassurant sur sa beauté conservée, l’assurant que rien n’avait changé pour lui, lui prouvant même, en l’aimant plusieurs fois par jour, qu’il la désirait tout autant.
Lorsqu’elle avait dû suivre, inquiète, le flot des réfugiés qui partaient pour Darnassus, il avait été là. Ne la lâchant pas, la couvant du regard, aux aguets, sans cesse attentif à son bien être.
Roselinde avait la nausée. Luttant contre l’envie de vomir, elle comptait et recomptait les jours sans menstrues, plus de deux mois, près de trois, cela ne pouvait être autre chose. Elle savait qu’elle aurait dû lui parler avant le départ mais il en rêvait depuis si longtemps, attendant le moment d’être complètement formé à l’art druidique pour parcourir avec elle le vaste monde. Elle n’avait pas osé casser son rêve, de quelque façon que ce soit.
Et puis, comment serait l'enfant, serait-il, lui aussi, porteur de cette malédiction à laquelle elle ne s'habituait pas ? Le roi leur avait parlé de bénédiction, mais comment réussir à le suivre dans cette voie si elle ne réussissait pas à en cerner les avantages ?
Tedd avait si souvent parlé de cet enfant, avant que le mur ne tombe, il saurait sûrement la rassurer, lui montrer l'avenir sous un jour meilleur. Elle l'observait discuter, il s'animait, mimait quelque exploit de pêche ou de chasse, elle s'approcha de lui sans un bruit. Immédiatement il lui prit la main, sans même l'avoir vue arriver, et l'attira à lui avec douceur. Elle soupira d'aise et se blottit dans ses bras, et se promit qu'elle lui parlerait dès qu’ils auraient trouvé un logement de l’autre côté de cette mer qui allait bien finir par la rendre malade…
Roselinde
Re: Malédiction ou Bénédiction ?
Le débarquement eût enfin lieu sur Lor’danel et rapidement les sentinelles présentes leur firent comprendre qu’il fallait aider à sauver les survivants qui n’avaient pas pu quitter la ville d’Auberdine attaquée par des élémentaires.
Roselinde suivit son époux sans pouvoir lui parler, aidant au mieux, secourant les blessés, essayant de récolter des palourdes pour en extraire des sécrétions qui pourraient servir à la fabrication d’onguents, s’activant tant pour les autres qu’elle finit par ne plus penser à elle.
Ce n’est que le sur-lendemain, après avoir ramené les derniers survivants retrouvés sur la plage, qu’elle s’accorda du temps et se reprit à songer à sa vie, repensant aux derniers mots du Roi, au sein de l’arbre qui leur servait lieu d’abri, aux abords de Darnassus. « Ce chêne a poussé à partir d’une graine rapportée de Gilnéas par les druides. Il représente toutes les souffrances que nous avons endurées et toutes les réalisations que nous avons accomplies. Puisse-t-il nous rappeler que notre malédiction est aussi une bénédiction. »
Une bénédiction… Elle devait être certaine de ce qu’elle croyait s’épanouir en elle, s’assurer qu’elle ne prenait pas de risques, questionner aussi, sur la probable malédiction d’un enfant conçu par deux êtres maudits, afin de s’accoutumer à l’idée, pour elle encore horrible, de devoir vivre ainsi, et même donner naissance à de petits êtres corrompus.
Elle soupira de lassitude en se dirigeant vers la maison du médecin qu’on lui avait recommandé. Elle se savait en tort, en comparant leur malheur à une corruption des corps, mais ne pouvait s’en empêcher, ayant toujours en horreur cette transformation qu’elle contrôlait plus ou moins bien, selon les circonstances, ne supportant pas sa voix, devenue rauque, ses attitudes animales, de carnassier mal dressé venant humer l’autre comme une possible proie, et encore moins la rage qui venait de son cœur lorsque cette forme la prenait toute entière et l’envahissait, comme un viol de son âme, toujours aussi difficile à vivre, impossible encore à accepter intimement.
L’elfe médecin était une femme et l’accueillit avec beaucoup de délicatesse et d’attention. Il était de notoriété publique, dans tout Lor’danel que les humains ramenés de Gilnéas savaient être reconnaissants des bienfaits offerts par les elfes et leur étaient d’un vrai secours. Malgré les différences de culture et de langue, les deux peuples apprenaient à se respecter et chacun s’employait à vivre en bonne intelligence.
Elle procéda donc à l’examen avec toute la douceur dont elle était capable, comprenant immédiatement les craintes de Roselinde qui ne chercha pas à cacher le dégoût qu’elle avait d’elle même depuis cette maudite morsure. Malheureusement, un enfant conçu par deux porteurs de la malédiction risquait bien d’être lui même infecté par le poison qui s’était infiltré dans leur sang et Roselinde espéra de tout son cœur s’être trompée. Comment pourrait-elle élever et aimer un enfant si elle ne se supportait pas elle même.
Mais le médecin fut catégorique, elle était bien enceinte d’environ trois mois et, si tout se déroulait normalement, ce qui ne pouvait être certain vu son état, l’enfant devrait naître à la fin du quatrième mois de la prochaine année. Roselinde accueillit la nouvelle en esquissant un triste sourire. Tedd serait heureux de l’apprendre, très certainement, mais réussirait-elle à voir le bon côté de la chose, voir cet enfant comme l’enfant de l’amour, quand bien même il porterait, comme eux deux, les traces de cette malédiction.
En rentrant à l’auberge où ils louaient une chambre, elle essaya de se convaincre, repensant aux mots du Roi de Gilnéas. Qui sait, peut-être cet enfant à naître serait-il la preuve qu’il disait vrai et que de ce malheur, une bénédiction pouvait surgir.
Roselinde suivit son époux sans pouvoir lui parler, aidant au mieux, secourant les blessés, essayant de récolter des palourdes pour en extraire des sécrétions qui pourraient servir à la fabrication d’onguents, s’activant tant pour les autres qu’elle finit par ne plus penser à elle.
Ce n’est que le sur-lendemain, après avoir ramené les derniers survivants retrouvés sur la plage, qu’elle s’accorda du temps et se reprit à songer à sa vie, repensant aux derniers mots du Roi, au sein de l’arbre qui leur servait lieu d’abri, aux abords de Darnassus. « Ce chêne a poussé à partir d’une graine rapportée de Gilnéas par les druides. Il représente toutes les souffrances que nous avons endurées et toutes les réalisations que nous avons accomplies. Puisse-t-il nous rappeler que notre malédiction est aussi une bénédiction. »
Une bénédiction… Elle devait être certaine de ce qu’elle croyait s’épanouir en elle, s’assurer qu’elle ne prenait pas de risques, questionner aussi, sur la probable malédiction d’un enfant conçu par deux êtres maudits, afin de s’accoutumer à l’idée, pour elle encore horrible, de devoir vivre ainsi, et même donner naissance à de petits êtres corrompus.
Elle soupira de lassitude en se dirigeant vers la maison du médecin qu’on lui avait recommandé. Elle se savait en tort, en comparant leur malheur à une corruption des corps, mais ne pouvait s’en empêcher, ayant toujours en horreur cette transformation qu’elle contrôlait plus ou moins bien, selon les circonstances, ne supportant pas sa voix, devenue rauque, ses attitudes animales, de carnassier mal dressé venant humer l’autre comme une possible proie, et encore moins la rage qui venait de son cœur lorsque cette forme la prenait toute entière et l’envahissait, comme un viol de son âme, toujours aussi difficile à vivre, impossible encore à accepter intimement.
L’elfe médecin était une femme et l’accueillit avec beaucoup de délicatesse et d’attention. Il était de notoriété publique, dans tout Lor’danel que les humains ramenés de Gilnéas savaient être reconnaissants des bienfaits offerts par les elfes et leur étaient d’un vrai secours. Malgré les différences de culture et de langue, les deux peuples apprenaient à se respecter et chacun s’employait à vivre en bonne intelligence.
Elle procéda donc à l’examen avec toute la douceur dont elle était capable, comprenant immédiatement les craintes de Roselinde qui ne chercha pas à cacher le dégoût qu’elle avait d’elle même depuis cette maudite morsure. Malheureusement, un enfant conçu par deux porteurs de la malédiction risquait bien d’être lui même infecté par le poison qui s’était infiltré dans leur sang et Roselinde espéra de tout son cœur s’être trompée. Comment pourrait-elle élever et aimer un enfant si elle ne se supportait pas elle même.
Mais le médecin fut catégorique, elle était bien enceinte d’environ trois mois et, si tout se déroulait normalement, ce qui ne pouvait être certain vu son état, l’enfant devrait naître à la fin du quatrième mois de la prochaine année. Roselinde accueillit la nouvelle en esquissant un triste sourire. Tedd serait heureux de l’apprendre, très certainement, mais réussirait-elle à voir le bon côté de la chose, voir cet enfant comme l’enfant de l’amour, quand bien même il porterait, comme eux deux, les traces de cette malédiction.
En rentrant à l’auberge où ils louaient une chambre, elle essaya de se convaincre, repensant aux mots du Roi de Gilnéas. Qui sait, peut-être cet enfant à naître serait-il la preuve qu’il disait vrai et que de ce malheur, une bénédiction pouvait surgir.
Roselinde
Re: Malédiction ou Bénédiction ?
Une semaine avait passé depuis l’annonce de la future naissance et Roselinde peinait à retrouver le sourire. Tedd avait hurlé sa joie en apprenant la nouvelle, mais depuis cette annonce et sa réaction très positive, chaque jour semblait une épreuve, comme celles qu’ils avaient eues plusieurs mois auparavant.
Il est vrai que des questions lourdes de conséquences étaient venues ternir leur joie. Car si mettre au monde un bébé humain était quasiment banal, quand bien même se posait la question de la malédiction et de la transformation du corps en forme lupine, plus ou moins bien maîtrisée, qu’en était-il de la grossesse quand la maman était changeforme ?
Ils avaient passé une après midi à y réfléchir, l’une pensant que le bébé restait le même, quand bien même elle prenait la forme de félin, l’autre disant qu’il devait se transformer, sinon « tu vas ressembler à une grosse volaille farcie quand tu arriveras à terme ! », ce qui n’avait pas manqué de l’inquiéter encore plus.
Une rencontre sur un pont de Darnassus acheva d’alerter le couple. Une compatriote, changeforme elle aussi, qui venait de perdre son bébé suite à une embuscade et s’en trouvait encore choquée, ne sut pas leur donner une image positive de sa grossesse, incitant Roselinde à faire très attention, et à ne pas trop user de ses talents druidiques. L’avis de la femme, pris pour se rassurer l’un l’autre, tomba comme un couperet, comme si cette grossesse était bien une malédiction.
Roselinde s’enferma dans un silence triste et fataliste, Tedd, incapable de l’aider, perdit tout repère, et tout ce qui était dorénavant dit entre les deux Robinson était compris de travers. Tedd ne cessait de poser des questions sur sa motivation à faire ce voyage, apparemment persuadé qu’elle ne le souhaitait plus, et cela l’attristait profondément.
Il fallait réagir.
Aussi ce matin là Roselinde laissa-t-elle son époux travailler le cuir au village de Lor’danel et partit seule sur Darnassus afin d’en avoir le cœur net. Les trois druides chargés de la formation des réfugiés gilnéens étaient là, sous l’immense Chêne hurlant qui servait de lieu d’accueil. Elle attendit que la druidesse, Vassandra Grifforage, soit disponible et entreprit de lui expliquer ses craintes.
L’elfe l’écouta très attentivement tandis que Roselinde lui faisait part de ce qu’elle avait imaginé, à savoir que son bébé resterait humain et serait donc porté par elle, avec tous les risques que l’on pouvait imaginer, à chaque fois qu’elle se transformerait en félin, en ours ou en oiseau. Le rire de l’elfe emplit le creux de l’arbre tandis que Roselinde perdait contenance. L’elfe se reprit, lui rappela que les druides étaient sous la protection de Malfurion, et que jamais celui ci ne permettrait que quoi que ce soit mette en péril la survie des espèces, ce qui serait le cas dans la situation imaginée.
Puis elle l’entraîna à sa suite dans un portail qui les mena à Reflet de Lune. Roselinde connaissait cette région un peu sombre qui accueillait les druides, elle y était venue pour parfaire sa formation, lors d’un séminaire pour jeunes druides. Vassandra Grifforage l’accompagna voir l’entraîneur Loganaar qui lui rappela quelle était sa chance d’être changeforme, les devoirs que cela lui donnait, de préservation de l’équilibre, et tous les apports que cette formation lui offrait, lui expliquant qu’elle devait voir cette grossesse comme une bénédiction de la Nature, et rien d’autre.
Roselinde écouta attentivement, essayant de relativiser, d’imaginer les six mois qui s’annonçaient avec plus de sérénité, posa quelques questions, pour s’assurer qu’elle comprenait bien, c’est à dire que le bébé s’adapterait à toute forme… et y compris celle de worgen, ce qui lui parut tout de même terrible.
Enfin elle rentra, bien plus souriante que le matin, et décida de faire quelques emplettes sur Darnassus avant de retrouver son époux. Ils avaient prévu de faire ce voyage vers le Sud, il n’y avait aucune raison de ne pas partir. Il suffirait de ne pas trop abuser de ses facultés de changeforme en fin de grossesse. De retour sur Lor’danel, elle ramena du matériel de pêche pliable et entrepris de montrer à Tedd combien elle se sentait prête à partir avec lui découvrir le monde.
Roselinde
Re: Malédiction ou Bénédiction ?
« Il va nous falloir trouver un logement tout de même, d’ici quatre ou cinq mois, tu ne crois pas ? ». Tedd acquiesça, la câlinant tendrement. « Oui, et même avant, on sait jamais, il pourrait venir plus tôt. » Il avait dit cela sans réfléchir aux conséquences de la conversation, sans y penser, commençant même à s’endormir, blotti contre elle. Roselinde ouvra les yeux avec stupeur, tout à coup inquiète. « Tu veux dire que… ? ». Tedd fronça les sourcils légèrement, la serrant un peu plus fort. « J‘veux rien dire mon ange, j’ai dit ça comm'ça.. ».
Mais Roselinde ne pouvait pas en rester là. « Mais… tu crois que la gestation pourrait dépendre de ma forme ? Tu te rends compte, si je me transformais en ellek, j’en aurais pour deux ans !!!. … deux ans… ». Elle soupira longuement. « Mais… d’abord t’vas pas dev’nir un ellek, c’te blague ! ». Il ne pouvait s’empêcher de rire malgré le ton alarmé de Roselinde. « Et puis… j’sais pas, moi, mais peut-être y’a un pourcentage de durée, j’en sais rien moi, t’as pas posé la question ? ». Roselinde soupira longuement, de nouveau inquiète. « Mais non… comment veux tu que je pense à ça… je…. ».
Tedd sentit le désarroi de sa femme et embrassa tendrement son épaule. « Mais arrêtes donc de te faire du mal avec tout et n’importe quoi.. T’sais quoi ? On va s’dépêcher d’aller voir un méd’cin humain qui s’y connaît. J’ai rien cont’les elfes, mais bon… sont quand même trop différents d’nous, non ? ». Roselinde acquiesça, yeux ouverts sondant l’obscurité du dortoir elfe de l’auberge d’Orneval. « Ca c’est sûr, je crois que je ne m’y ferais jamais… Je rêve d’une vraie maison en pierres avec des vrais murs, des tableaux aux murs, des fleurs dans des vases et des tapis au sol… c’est bête hein…. »
Tedd la serra, cherchant le sommeil. « Nan c’pas bête… c’normal, t’es ma femme et t’es pas une elfe. » Il s’endormit enfin en gloussant vaguement tandis que Roselinde, elle, songeait au fait qu’elle n’était peut-être pas une elfe mais qu’elle était bien une worgen. Or, si, comme elle l’avait entendu dire, et comme elle pouvait le voir, les worgens étaient apparentés aux loups, alors ce n’était pas neuf mois de gestation, mais à peine deux…. Or elle en était à quasiment trois mois sans menstrues !
Elle s’endormit péniblement et se réveilla plusieurs fois dans la nuit, en proie à de nombreux cauchemars où elle se voyait mettre bas une portée de plusieurs petits louveteaux, certes adorables quand on les voyait comme des animaux, mais beaucoup moins attendrissants lorsqu’on devait les considérer comme… des enfants d’humains, ses propres enfants.
Le lendemain, fatiguée, exténuée même, elle eût de la peine à se mettre en route. Tout l’inquiétait, la stressait, la rendait triste et distante. Tedd avait beau tenter de la faire sourire, dire des bêtises qui, en temps normal l’aurait faire rire, rien n’y faisait elle se terrait dans une forteresse intérieure dont elle peinait à sortir.
Qui était-elle donc, finalement ? Une worgen parmi d’autres, en quête d’une « meute » à intégrer, un « animal » enragé qui réussissait plus ou moins bien à se maîtriser, Roselinde Aranas, fille du Maître de Chimie de la Cour, appelée à vivre parmi la noblesse qu’elle avait préféré fuir, Roselinde Robinson, une femme qui avait tout plaqué pour suivre son époux Tedd, commerçante perdue en son absence, incapable de vivre sans lui. Ou rien de tout cela, simplement une femme, parmi d’autres femmes, qui tentait simplement d’être elle même, par elle même, pour elle même.
Elle soupira longuement en préparant son sac. Il y avait bien longtemps qu’elle ne savait plus vraiment penser par elle même, trop d’attention donnée aux autres finissait par faire perdre tous repères. Prendre à son compte les envies des autres avait ceci de rassurant qu’on en oubliait les siennes et qu’on se dépêchait de se convaincre qu’on s’en satisferait. Elle essaya de se souvenir. Que voulait-elle faire de sa vie, lorsqu’elle avait tout juste 20 ans. S’en souvenait-elle ? Etait ce de la confier à un autre ? Sans doute que non.
Le sac était prêt. Elle se releva, chercha son époux des yeux, et se dirigea vers lui, essayant de faire bonne figure. Le voyage serait long, peut-être lui apporterait-il quelques réponses.
Mais Roselinde ne pouvait pas en rester là. « Mais… tu crois que la gestation pourrait dépendre de ma forme ? Tu te rends compte, si je me transformais en ellek, j’en aurais pour deux ans !!!. … deux ans… ». Elle soupira longuement. « Mais… d’abord t’vas pas dev’nir un ellek, c’te blague ! ». Il ne pouvait s’empêcher de rire malgré le ton alarmé de Roselinde. « Et puis… j’sais pas, moi, mais peut-être y’a un pourcentage de durée, j’en sais rien moi, t’as pas posé la question ? ». Roselinde soupira longuement, de nouveau inquiète. « Mais non… comment veux tu que je pense à ça… je…. ».
Tedd sentit le désarroi de sa femme et embrassa tendrement son épaule. « Mais arrêtes donc de te faire du mal avec tout et n’importe quoi.. T’sais quoi ? On va s’dépêcher d’aller voir un méd’cin humain qui s’y connaît. J’ai rien cont’les elfes, mais bon… sont quand même trop différents d’nous, non ? ». Roselinde acquiesça, yeux ouverts sondant l’obscurité du dortoir elfe de l’auberge d’Orneval. « Ca c’est sûr, je crois que je ne m’y ferais jamais… Je rêve d’une vraie maison en pierres avec des vrais murs, des tableaux aux murs, des fleurs dans des vases et des tapis au sol… c’est bête hein…. »
Tedd la serra, cherchant le sommeil. « Nan c’pas bête… c’normal, t’es ma femme et t’es pas une elfe. » Il s’endormit enfin en gloussant vaguement tandis que Roselinde, elle, songeait au fait qu’elle n’était peut-être pas une elfe mais qu’elle était bien une worgen. Or, si, comme elle l’avait entendu dire, et comme elle pouvait le voir, les worgens étaient apparentés aux loups, alors ce n’était pas neuf mois de gestation, mais à peine deux…. Or elle en était à quasiment trois mois sans menstrues !
Elle s’endormit péniblement et se réveilla plusieurs fois dans la nuit, en proie à de nombreux cauchemars où elle se voyait mettre bas une portée de plusieurs petits louveteaux, certes adorables quand on les voyait comme des animaux, mais beaucoup moins attendrissants lorsqu’on devait les considérer comme… des enfants d’humains, ses propres enfants.
Le lendemain, fatiguée, exténuée même, elle eût de la peine à se mettre en route. Tout l’inquiétait, la stressait, la rendait triste et distante. Tedd avait beau tenter de la faire sourire, dire des bêtises qui, en temps normal l’aurait faire rire, rien n’y faisait elle se terrait dans une forteresse intérieure dont elle peinait à sortir.
Qui était-elle donc, finalement ? Une worgen parmi d’autres, en quête d’une « meute » à intégrer, un « animal » enragé qui réussissait plus ou moins bien à se maîtriser, Roselinde Aranas, fille du Maître de Chimie de la Cour, appelée à vivre parmi la noblesse qu’elle avait préféré fuir, Roselinde Robinson, une femme qui avait tout plaqué pour suivre son époux Tedd, commerçante perdue en son absence, incapable de vivre sans lui. Ou rien de tout cela, simplement une femme, parmi d’autres femmes, qui tentait simplement d’être elle même, par elle même, pour elle même.
Elle soupira longuement en préparant son sac. Il y avait bien longtemps qu’elle ne savait plus vraiment penser par elle même, trop d’attention donnée aux autres finissait par faire perdre tous repères. Prendre à son compte les envies des autres avait ceci de rassurant qu’on en oubliait les siennes et qu’on se dépêchait de se convaincre qu’on s’en satisferait. Elle essaya de se souvenir. Que voulait-elle faire de sa vie, lorsqu’elle avait tout juste 20 ans. S’en souvenait-elle ? Etait ce de la confier à un autre ? Sans doute que non.
Le sac était prêt. Elle se releva, chercha son époux des yeux, et se dirigea vers lui, essayant de faire bonne figure. Le voyage serait long, peut-être lui apporterait-il quelques réponses.
Roselinde
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