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La Caravane des Enfants perdus

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La Caravane des Enfants perdus Empty La Caravane des Enfants perdus

Message  Prille Ven 02 Déc 2011, 14:48

Un tintement. La caravane ralentit, puis s'arrête après quelques derniers soubresauts. Des chuchotements dans l'obscurité poussiéreuse. Sommes-nous arrivés ? L'espoir est palpable et, au coeur de notre cocon, la tension monte d'un cran. Nous sommes fébriles, tantôt piaillant tantôt faisant silence afin de percevoir les bruits en provenance de l'extérieur. Une attaque peut être ? Ces horribles créatures sans vie nous auraient-elles finalement rattrapés ?
Enfin, le plus courageux d'entre nous s'extirpe de notre masse, se hisse au plus haut et va coller son oeil à l'une des petites ouvertures du chariot. Plus un murmure, nous attendons. Il se contorsionne, concentré. Nous retenons notre souffle. Le sien s'accélère.
- Des bateaux... Je vois des bateaux !
Nous n'avons pas le temps de nous épandre en cris de joie, la porte du chariot s'ouvre brusquement sur le visage radieux de la jeune femme que nous aimons tant.
- Dame Prille, dame Prille ! Nous sommes arrivés, n'est-ce pas ? Nous avons réussi !
Elle sourit, pour la première fois depuis des semaines, et nous serre dans ses bras tout en nous aidant à nous extraire du compartiment. Nous découvrons le quai et, heureux, nous mettons à courir en tous sens, gênant les hommes et femmes qui déjà embarquent leurs affaires sur les grands bateaux aux silhouettes élancées. Autour de nous, tous les autres chariots se sont arrêtés et déversent sur le sol détrempé leur contenu braillant d'euphorie. Nous filons rejoindre nos amis afin de fêter dignement ce moment. Dame Prille observe nos roulades d'un oeil amusé, puis elle se penche sur une des petites, qui est souffrante. Le calme revient.
- Aimée... Aimée... Elle est malade. Oui, Aimée est toute chaude, comme si elle brûlait à l'intérieur.
Nous la touchons, nous l'observons. Aimée est notre camarade. Elle est de notre tribu, de notre meute. Nous faisons cercle autour d'elle et, silencieux, observons chaque geste de dame Prille d'un regard perçant. Nous avons confiance en elle, elle a déjà soigné tant d'entre nous. Aimée aussi semble confiante, elle a glissé son petit pouce potelé entre ses lèvres et le suce tranquillement tandis que dame Prille éponge son front. Ses mouvements sont d'une douceur telle que nous ne bougeons plus. Comme nous aimions lorsqu'elle nous berçait ainsi, nous aussi...
- Ooooh ! Un.. Un... Un nèfle ! UN NEFLE ! Regardez, vite, là bas !
Telle une volée de moineaux, nous nous envolons de nouveau afin de nous émerveiller de plus près de ce grand homme à la peau bleue et aux si longues oreilles. En réalité, il y en a plusieurs. Nous ne les avions pas vus, mais ils sont une dizaine sur chaque bateau.
Monsieur Auguste nous dit de ne pas les déranger. Nous obéissons, dociles. Nous respectons beaucoup monsieur Auguste, il est le père de dame Prille et il est très impressionnant, surtout lorsqu'il se change en ours. Dissimulés derrière une caisse de matériel, nous l'observons s'entretenir avec l'un de ces êtres étranges.
Nous savons qu'ils sont venus pour nous aider. Ils vont nous mener sur leurs grands navires loin de notre pays dévasté. Loin de ces morts-vivants belliqueux, loin de ces loups garous affamés, loin de ces vagues gigantesques qui engloutirent nos maisons. Cent fois nous avons cru mourir, alors que nous sommes tous si jeunes. C'est le destin qui nous sauva. Le destin, la chance, notre roi. Et dame Prille.
Nous la voyons s'approcher à son tour de l'elfe avec lequel discute son père. Qui aurait cru qu'une si frêle jeune femme saurait réagir avec tant d'efficacité alors que le cataclysme nous arrachait tous à nos vies tranquilles ? Certains d'entre nous perdirent leurs parents alors, d'autres les avaient perdus bien avant. Nous étions démunis, malmenés par les éléments. Dame Prille nous rassembla et elle nous convoya jusqu'au salut, nous dont le sort indifférait tous les autres. Nous étions devenus la caravane des enfants perdus, et notre histoire devait être gravée à jamais dans les souvenirs de ceux qui marchèrent avec nous.

L'humeur est encore à la fête lorsque retentit le premier hurlement d'Aimée. Dame Prille se précipite aussitôt, avant même que le plus vif d'entre nous n'ait le temps de réagir. Monsieur Auguste lui hurle quelque chose, mais nous n'entendons plus que les cris de notre amie. Nous nous hâtons nous aussi vers les chariots, là où les plus jeunes babillent encore au fond de leurs couches. D'immenses loups les ont pris d'assaut, et introduisent leur puissantes pattes griffues à l'intérieur de ce qui fut notre sanctuaire.
- Worgens ! Worgens !
Les ordres fusent, dans une langue inconnue, et les premières flèches de elfes sifflent au dessus de nos têtes. C'est la panique. Quelques uns de nos camarades retournent à toute jambes auprès de ces rassurants guerriers mais nous sommes nombreux à rester figés par l'effroi. Certains chariots sont éventrés, soulevant de terribles vociférations enfantines. Celui d'Aimée s'est renversé, et l'une de ces terrifiantes créatures le surplombe. Le loup se penche vers l'enfant et la saisit vivement dans sa gueule.
Un cri de rage suivit d'un coup de feu l'interrompent et lui arrachent un grognement. Dame Prille, qui s'est saisie d'un fusil, se rue furieusement sur l'énorme bête afin de lui arracher sa protégée. Nous hurlons à notre tour, en choeur avec monsieur Auguste dont le cri se mue en rugissement. Il charge, lui aussi, nous bousculant. C'est une terrible mêlée dont la clameur nous glace profondément. Tout se passe très vite. Le sang jaillit, et éclabousse le bois déchiqueté. Le loup s'effondre.
Nous voyons très mal de là où nous sommes, mais nous devinons qu'à l'aide de sa puissante musculature animale, monsieur Auguste tente de le repousser sur le coté.
Partout autour, la panique a cédé place à la désolation. La plupart des worgens ont été abattus, les autres sont repartis, emportant entre leur griffes un sanglant butin. A terre également, des enfants. Beaucoup ne bougent plus, mais certains rampent faiblement vers ceux qui accourent à leur secours.
- Aimée ! Dame Prille !
Nous courrons prêter main forte à monsieur Auguste, qui s'échine toujours sur le cadavre du loup. Nous devinons là dessous le corps de notre si chère bienfaitrice, et la peur décuple nos forces. Nous sommes nombreux. L'animal mort roule sur le coté, découvrant enfin dame Prille. Elle est toute recroquevillée autour du cadavre d'Aimée, qu'elle serre entre ses bras devenus écarlates. Des larmes de rage glissent doucement sur ses joues. Monsieur Auguste la redresse, tendrement, de ses bras redevenus ceux d'un homme, avant de la serrer contre lui. Il sanglote en murmurant son prénom.
C'est alors que nous remarquons que dame Prille est blessée. Son épaule est rouge de sang, et l'on devine sous l'étoffe imbibée la marque des terribles crocs qui ont labouré sa chair.

...
Nous savions tous à l'époque ce que cela signifiait.
Dame Prille et son père embarquèrent sur un bateau différent du nôtre, et nous ne les revîmes pas avant notre arrivée à Darnassus. Là bas elle fut confinée avec d'autres gilnéens victimes du même sort, et on sait seulement que les elfes prirent soin d'eux.
Nous nous égayâmes au sein de notre nouveau foyer. C'était comme une renaissance, teintée d'amertume. Nous étions saufs, et nous le devions principalement aux d'Ausbardie. Monsieur Auguste avait payé un lourd tribut en nous protégeant : il avait perdu sa femme, tuée de la main d'un réprouvé, avant de voir sa fille touchée par une malédiction qui le dépassait. Il renouvela son allégeance au roi lorsque celui-ci débarqua à son tour à Darnassus et rejoignit ce qu'il restait des forces gilnéennes, fidèle à son si grand sens du devoir.
Quant à dame Prille, elle quitta les terres elfes dès qu'elle fut en état de le faire. Nous n'avons jamais su précisément la raison de ce départ précipité, et des années après nous déplorons toujours son absence.

Même si mes anciens camarades et moi avons pris des chemins différents aujourd'hui, nous serons pour toujours ceux de la caravane des enfants perdus, et nous souviendrons toute notre vie de ce que ces gens firent pour nous.
Prille
Prille


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