Le prix de l'ambition
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Le prix de l'ambition
Gustav d'Urgot était un homme occupé. Ce constat simple permettait à lui seul de saisir l'essentiel à propos de ce personnage d'une bonne soixantaine d'année, à l'embonpoint subissant l'héritage d'une fin de vie dans l'opulence la plus totale. Non pas que le Marquis d'Urgot abusait des bonnes choses par gourmandise ou par vice, bien au contraire étant de nature ascète, mais il est certaines habitudes qu'on prend à force de vivre dans le luxe.
Héritier d'une maison noble née d'une union entre le marquis Dermond d'Urgot de Lordaeron, et la jeune comtesse Cecilia de la Verriere, native de Hurlevent, le jeune Gustav avait eu la chance d'être élevé dans les beaux quartier de Stratholme, de recevoir une éducation poussée et de fréquenter les hautes strates de la société humaine. A seize ans seulement, il était engagé en tant qu'assistant dans un prestigieux cabinet de comptabilité, poste normalement réservé à des fonctionnaires d'expérience... mais ses nobles origines lui avaient déroulés un tapis rouge sous les pieds.
Toujours agréable, bien sur lui, et particulièrement séduisant pour son jeune âge, son succès s'était répandu tant parmi les gentes dames de la cours que ses contacts noués grâce à son travail. A sa charge, s'il avait été catapulté de part sa naissance à son poste, il avait montré un talent rare avec les chiffres, prenant en charge des dossiers complexes qu'il menait avec brio. Le jeune homme faisait la fierté de ses parents et de sa famille, et à trente ans, il dirigeait le cabinet dans lequel il avait fait ses débuts un décennie et demi plus tôt. Mais Gustav d'Urgot était un homme ambitieux. Et plus le temps passait, plus il s'affairait à développer avec soin son réseau d'amis et de connaissance, si bien qu'a l'aube de sa trente troisième année, lorsque le questeur en charge de la surintendance de la couronne de Lordaeron mourut d'une fièvre virulente, on en vint à murmurer le nom d'Urgot comme potentiel successeur.
Mais entre diriger un cabinet comptable, si prestigieux soit-il, et se retrouver propulser au rang de fonctionnaire royal, il y avait un monde. Une douzaine des plus talentueux (et bien souvent pistonnés) des hommes d'argent du royaume se mirent à sortir de l'ombre, provoquant une effervescence chez les financiers du nord. Bien que de noble naissance, Gustave d'Urgot n'était qu'un "petit nobliau de province" comme le disait ses détracteurs. De plus, quelques scandales concernant sa mère, qui étaient jusque la bien gardés, ne tarderaient pas à ressortir sur le devant de la scène.
Après une semaine de tractations peu fécondes, le moral de monsieur d'Urgot finit par décliner lentement, voyant son rêve s'éloigner alors que ses concurrents prenaient de l'avance dans la course folle vers le pouvoir.
Son salut vint étonnamment d'un domaine qu'il avait toujours eu en dégout, quand la fête du solstice d'été fut organisé à la gloire des récentes victoires de l'armée sur les orcs en maraude dans les montagnes, et leur asservissement dans les nouveaux "camps" ou ils étaient parqués. Los d'une des réceptions ou étaient remises médailles et décorations, Gustav fit la connaissance d'une créature sublime, qui venait ici afin de soutenir son frère, héros de guerre qui venait d'être promut Chevalier-capitaine. Tout de suite, Monsieur d'Urgot tomba sous le charme de cette femme mystérieuse qui portait le délicieux nom d'Awena Sheppard, qui elle n'eut aucun mal à séduire le noble encore célibataire, lui faisant miroiter bien des choses. Tandis que partout dans la salle d'honneur, des dizaines de militaires et d'officiers se côtoyaient dans une ambiance fraternelle, lui n'avait d'yeux que pour cette femme.
La nuit même, il sombra dans les ténèbres de ses bras, perdant la raison entre douleur et plaisir, touchant du bout des doigts l'extase mêlée à l'horreur. Et comme bien des hommes, chercha à gonfler son ego sur l'oreiller jusqu'au petit matin, vantant ses talents et ses ambitions de devenir questeur royal. Dame Sheppard vint à s'amuser de ce jouet divertissant, voyant la une corde de plus à ajouter à son arc fait de ronces et d'orties, et lui promit d'en parler à qui de droit, à la condition que jamais Gustav n'oublie à qui il devrait sa renommé.
Fou de désir, tant pour la femme que pour sa carrière, il accepta sans réfléchir, tout en restant perplexe. Si ses contacts noués depuis une décennie ne suffisait pas à en faire le favori, comment donc cette étrange créature aurait pu y changer quelque chose ? Si elle n'était pas d'origine noble contrairement à lui, elle en avait du moins l'aura.
Trois semaines après cette nuit la, le Sieur Gustav d'Urgot, Marquis et héritier de la fortune de sa maison, fut officiellement nommé Questeur de l'Intendance Royale de Lordaeron. Bien qu'il n'avait pas revu la Dame Sheppard, le simple fait qu'elle ne soit pas étrangère à sa promotion lui fit soudainement craindre de la revoir, dans une année ou dans dix ans, et de devoir rembourser ce qu'il lui devait.
Les hivers passèrent, les guerres aussi. Gustav d'Urgot hérita finalement du marquisat de ses parents, qu'il du abandonner l'année suivante, quand le fléau ravagea Lordaeron. Par chance pour lui, la famille de sa défunte mère lui permit d'être rapidement rapatrié en Hurlevent, ou il fut incorporé aux services d'intendance des armées, grâce à son expérience dans le domaine de la comptabilité. Un poste certes moins glorieux, mais il était déjà suffisamment heureux d'avoir échappé à l'horreur qui avait déferlé au nord pour mettre ses ambitions au placard, pour un temps du moins.
Gustav d'Urgot était aujourd'hui bien loin de ses tristes souvenirs. L'âge l'avait rattrapé, ses tempes s'étaient dégarnies, comme le sommet de son crâne. Le beau jeune homme était devenu un fonctionnaire bedonnant, portant des vêtements amples pour masquer son corps peu gracieux. Son col était toujours ouvert, pour laisser la place à son double menton, et il s'épongeait régulièrement son front ridé, le moindre effort le faisant suer en abondance.
S'il avait gardé ses mauvaises manies de chercher sans cesse le pouvoir, il s'était assagit quelque peu, et il était passé du stade d'individu rapiats et intolérant à celui d'un expert des chiffres au tempérament plus calme. Bien sur, il lui arrivait de faire en sorte de tourner les choses de sorte qu'elles s'arrangent avec son emploi du temps ou ses petits besoins, mais il restait vierge de tout soupçon de corruption comme cela arrivait souvent dans son domaine. Raison pour laquelle les différents services de Sa majesté Wrynn faisaient régulièrement appel à lui afin de vérifier leurs comptes, ou encore coincer quelques éléments dérangeant, comme ce fut le cas pour le seigneur Lionearth de Lordaeron. Gustav d'Urgot n'était peut être pas le meilleur bretteur de la noblesse de l'Alliance, mais il ne craignait personne sur les chemins tortueux de la finance et de la comptabilité ! Cette pensée le faisait souvent sourire, gonflant son ego d'une bouffée de fierté.
Oui, Gustav d'Urgot était un homme occupé.
Aujourd'hui encore, on l'avait convié en soirée à la demeure d'un riche négociant en minerais, fournisseur des forges militaires du royaume. Quelques petites incohérences dans ses carnets de payement avaient conduit à cette vérification par monsieur d'Urgot lui même. Contrairement à ses habitudes, le fonctionnaire n'avait pas prit le temps de faire préparer une calèche pour franchir le pâté de maison qui le séparait de son lieu de rendez vous, et il avait simplement choisi de passer par les rues qui séparaient les hautes maisons, escorté de ses deux gardes du corps ; deux molosses en armure de cuir, aux muscles saillants.
Dandinant son ventre rond , les bras l'encerclant avec peine, il ressemblait à un pingouin perdu sur la banquise, qui cherchait à retrouver son chemin. Soufflant comme un bœuf, Gustav d'Urgot marmonnait à ses hommes de mains de se presser, alors qu'eux même devaient ralentir le pas pour ne pas dépasser leur maitre ventripotent.
Le plus grand d'entre eux balança un regard par dessus son épaule, attiré par un bruit étrange dans la ruelle peu éclairée .
L'instant suivant, son visage était réduit en pulpe sanguinolente.
Le garde du corps s'effondra dans un bruit sourd, alors que son compère tirait par reflexe une lame barbelée de son fourreau. Gustav pâlit soudainement, clignant ses paupières cernées pour chercher à chasser cette image grotesque de son esprit.
Sortant de l'ombre, un homme de haute stature, aux épaules larges, relevait sa masse a tête plate. Couvert d'une armure d'acier noir, son visage pâle ne portait pas le moindre signe de sentiments. Ses traits tirés reflétaient un régime sec, sans une once de graisse. Il portait un tabard rapiécé, du même fond sombre que l'armure. L'aigle bicéphale blanc n'était plus que le reflet de lui même, comme s'il avait été à demi effacé à force d'être frotté avec du charbon. Avec automatisme, le guerrier se remit en garde, le regard absent.
Habitué à rouler des mécaniques ou faire peur aux badauds, le garde du corps blêmit à la vue de l'agresseur, lâchant son arme en espérant que l'homme en armure ne l'épargne. Mais alors qu'il reculait d'un pas, une lame lui transperça le thorax par derrière, ressortant entre ses côtes, couverte de sang. Le second assaillant les avait prit à revers sans effort, et malgré une lourde armure, écarlate celle-ci, il avait embroché le second garde avant qu'il ne se rende compte de sa présence. Cet agresseur ci était équipé de mailles et de plaques, dont la peinture rouge vif s'écaillait en de nombreux endroits. Son tabard blanc à la flamme cramoisie était dans un triste état, si sale que la couleur d'origine se discernait difficilement.
Le tueur en rouge retira sa lame d'un geste sec, sans que son visage pâle ne trahisse la moindre émotion. Ses cheveux blonds étaient si pâles qu'ils en paraissaient décolorés. Sa peau tombait sur ses joues, comme si toute graisse de son visage avait été aspirée, si bien qu'il semblait presque flotter dans son armure.
Les deux guerriers de Lordaeron se placèrent de chaque côté du noble terrorisé, lui coupant toute retraite. Il se mit à bafouiller quelques mots d'une voix mal assurée, avant qu'une troisième silhouette s'approche, lui coupant le souffle.
Elle n'avait rien de la masse des deux tueurs, au contraire. Elle portait une robe noire, qui n'occultait en rien ses formes toutes féminines, plantureuses. Un chapeau à rebord dissimulait une partie de son visage, mais son sourire en coin fit trembler Gustav, qui dans l'instant le reconnu.
- N..n...non...non...non....
Il se fit dessus, en prenant soudainement conscience de l'horreur de la situation, regrettant presque que les deux hommes en armure n'étaient pas que de simple brigands de bas étages venus l'égorger pour sa bourse.
Il ne pouvait croire à ce qu'il voyait. Elle aurait du n'être qu'une femme usée par les ans et les abus, à la peau sèche et marquée. Son visage aurait du porter les marques d'innombrables rides, comme autant de crevasse altérant sa beauté. Mais en relevant son chapeau, elle lui révéla le même minois qui l'avait séduit, tant d'années auparavant. Le même regard intense, le même sourire chargé de promesses. Elle leva une main aux doigts fins, et les deux guerriers abaissaient leurs armes avec des gestes mécaniques. Les talons d'Awena Sheppard furent les seuls bruits dans la ruelle durant quelques instants, avant qu'elle ne se plante face à son ancien amant.
- Vous n'avez pas changé, mon cher Gustav...
Sa voix était suave d'ironie et de douceur, une torture qui frappa le quinquagénaire de plein fouet. Elle vint frotter ses ongles contre sa joue potelée, avec un petit rire amusé.
- Mon cher, que vous m'avez manqué. Pardonnez mon manque de courtoisie, mais le voyage depuis Lordaeron m'a épuisée. Heureusement, ces charmants et vigoureux jeunes hommes ont insistés pour m'accompagner...
Les deux guerriers regardaient fixement face à eux, complètement apathique, leurs esprits autrefois combatif étaient aujourd'hui réduit à deux pâle copie sans saveur, condamnées à servir. Ni le croisé écarlate, ni le chevalier Sombrecoeur ne semblaient avoir perdu en force physique, bien au contraire, et au moindre geste de la sublime créature, ils n'auraient pas hésités un seul instant à s'entretuer comme des créatures sans conscience.
Awena continua de sa voix douce, offrant à la vue du pauvre homme affolé la vue de son décolleté et des rondeurs qu'il abritait .
- J'ai entendu dire que vous aviez creusé votre petit nid douillet ici ? Vous m'arrangez, mon cher, car j'ai grand besoin de repos, et de vos talents....vous ne refuseriez rien à une amie, n'est ce pas ?
Bien que son esprit cherchait à hurler, se débattre, appeler à l'aide, Gustav d'Urgot ne fit que baver pitoyablement sur ses riches étoffes, alors que les deux sbires l'attrapaient par les bras, le soulevant du sol.
Elle l'observa avec un léger sourire, avant de lancer au marquis affolé
- Toute chose se paye, mon cher, dans ce monde ou dans l'autre.
Faisant demi-tour, les deux vétéran de Lordaeron suivirent Awena Sheppard vers la demeure de Gustav d'Urgot en trainant le propriétaire bedonnant, laissant derrière eux les cadavres des gardes du corps, fauchés par simple caprice de la ténébreuse sorcière de retour à Hurlevent.
Héritier d'une maison noble née d'une union entre le marquis Dermond d'Urgot de Lordaeron, et la jeune comtesse Cecilia de la Verriere, native de Hurlevent, le jeune Gustav avait eu la chance d'être élevé dans les beaux quartier de Stratholme, de recevoir une éducation poussée et de fréquenter les hautes strates de la société humaine. A seize ans seulement, il était engagé en tant qu'assistant dans un prestigieux cabinet de comptabilité, poste normalement réservé à des fonctionnaires d'expérience... mais ses nobles origines lui avaient déroulés un tapis rouge sous les pieds.
Toujours agréable, bien sur lui, et particulièrement séduisant pour son jeune âge, son succès s'était répandu tant parmi les gentes dames de la cours que ses contacts noués grâce à son travail. A sa charge, s'il avait été catapulté de part sa naissance à son poste, il avait montré un talent rare avec les chiffres, prenant en charge des dossiers complexes qu'il menait avec brio. Le jeune homme faisait la fierté de ses parents et de sa famille, et à trente ans, il dirigeait le cabinet dans lequel il avait fait ses débuts un décennie et demi plus tôt. Mais Gustav d'Urgot était un homme ambitieux. Et plus le temps passait, plus il s'affairait à développer avec soin son réseau d'amis et de connaissance, si bien qu'a l'aube de sa trente troisième année, lorsque le questeur en charge de la surintendance de la couronne de Lordaeron mourut d'une fièvre virulente, on en vint à murmurer le nom d'Urgot comme potentiel successeur.
Mais entre diriger un cabinet comptable, si prestigieux soit-il, et se retrouver propulser au rang de fonctionnaire royal, il y avait un monde. Une douzaine des plus talentueux (et bien souvent pistonnés) des hommes d'argent du royaume se mirent à sortir de l'ombre, provoquant une effervescence chez les financiers du nord. Bien que de noble naissance, Gustave d'Urgot n'était qu'un "petit nobliau de province" comme le disait ses détracteurs. De plus, quelques scandales concernant sa mère, qui étaient jusque la bien gardés, ne tarderaient pas à ressortir sur le devant de la scène.
Après une semaine de tractations peu fécondes, le moral de monsieur d'Urgot finit par décliner lentement, voyant son rêve s'éloigner alors que ses concurrents prenaient de l'avance dans la course folle vers le pouvoir.
Son salut vint étonnamment d'un domaine qu'il avait toujours eu en dégout, quand la fête du solstice d'été fut organisé à la gloire des récentes victoires de l'armée sur les orcs en maraude dans les montagnes, et leur asservissement dans les nouveaux "camps" ou ils étaient parqués. Los d'une des réceptions ou étaient remises médailles et décorations, Gustav fit la connaissance d'une créature sublime, qui venait ici afin de soutenir son frère, héros de guerre qui venait d'être promut Chevalier-capitaine. Tout de suite, Monsieur d'Urgot tomba sous le charme de cette femme mystérieuse qui portait le délicieux nom d'Awena Sheppard, qui elle n'eut aucun mal à séduire le noble encore célibataire, lui faisant miroiter bien des choses. Tandis que partout dans la salle d'honneur, des dizaines de militaires et d'officiers se côtoyaient dans une ambiance fraternelle, lui n'avait d'yeux que pour cette femme.
La nuit même, il sombra dans les ténèbres de ses bras, perdant la raison entre douleur et plaisir, touchant du bout des doigts l'extase mêlée à l'horreur. Et comme bien des hommes, chercha à gonfler son ego sur l'oreiller jusqu'au petit matin, vantant ses talents et ses ambitions de devenir questeur royal. Dame Sheppard vint à s'amuser de ce jouet divertissant, voyant la une corde de plus à ajouter à son arc fait de ronces et d'orties, et lui promit d'en parler à qui de droit, à la condition que jamais Gustav n'oublie à qui il devrait sa renommé.
Fou de désir, tant pour la femme que pour sa carrière, il accepta sans réfléchir, tout en restant perplexe. Si ses contacts noués depuis une décennie ne suffisait pas à en faire le favori, comment donc cette étrange créature aurait pu y changer quelque chose ? Si elle n'était pas d'origine noble contrairement à lui, elle en avait du moins l'aura.
Trois semaines après cette nuit la, le Sieur Gustav d'Urgot, Marquis et héritier de la fortune de sa maison, fut officiellement nommé Questeur de l'Intendance Royale de Lordaeron. Bien qu'il n'avait pas revu la Dame Sheppard, le simple fait qu'elle ne soit pas étrangère à sa promotion lui fit soudainement craindre de la revoir, dans une année ou dans dix ans, et de devoir rembourser ce qu'il lui devait.
Les hivers passèrent, les guerres aussi. Gustav d'Urgot hérita finalement du marquisat de ses parents, qu'il du abandonner l'année suivante, quand le fléau ravagea Lordaeron. Par chance pour lui, la famille de sa défunte mère lui permit d'être rapidement rapatrié en Hurlevent, ou il fut incorporé aux services d'intendance des armées, grâce à son expérience dans le domaine de la comptabilité. Un poste certes moins glorieux, mais il était déjà suffisamment heureux d'avoir échappé à l'horreur qui avait déferlé au nord pour mettre ses ambitions au placard, pour un temps du moins.
Gustav d'Urgot était aujourd'hui bien loin de ses tristes souvenirs. L'âge l'avait rattrapé, ses tempes s'étaient dégarnies, comme le sommet de son crâne. Le beau jeune homme était devenu un fonctionnaire bedonnant, portant des vêtements amples pour masquer son corps peu gracieux. Son col était toujours ouvert, pour laisser la place à son double menton, et il s'épongeait régulièrement son front ridé, le moindre effort le faisant suer en abondance.
S'il avait gardé ses mauvaises manies de chercher sans cesse le pouvoir, il s'était assagit quelque peu, et il était passé du stade d'individu rapiats et intolérant à celui d'un expert des chiffres au tempérament plus calme. Bien sur, il lui arrivait de faire en sorte de tourner les choses de sorte qu'elles s'arrangent avec son emploi du temps ou ses petits besoins, mais il restait vierge de tout soupçon de corruption comme cela arrivait souvent dans son domaine. Raison pour laquelle les différents services de Sa majesté Wrynn faisaient régulièrement appel à lui afin de vérifier leurs comptes, ou encore coincer quelques éléments dérangeant, comme ce fut le cas pour le seigneur Lionearth de Lordaeron. Gustav d'Urgot n'était peut être pas le meilleur bretteur de la noblesse de l'Alliance, mais il ne craignait personne sur les chemins tortueux de la finance et de la comptabilité ! Cette pensée le faisait souvent sourire, gonflant son ego d'une bouffée de fierté.
Oui, Gustav d'Urgot était un homme occupé.
Aujourd'hui encore, on l'avait convié en soirée à la demeure d'un riche négociant en minerais, fournisseur des forges militaires du royaume. Quelques petites incohérences dans ses carnets de payement avaient conduit à cette vérification par monsieur d'Urgot lui même. Contrairement à ses habitudes, le fonctionnaire n'avait pas prit le temps de faire préparer une calèche pour franchir le pâté de maison qui le séparait de son lieu de rendez vous, et il avait simplement choisi de passer par les rues qui séparaient les hautes maisons, escorté de ses deux gardes du corps ; deux molosses en armure de cuir, aux muscles saillants.
Dandinant son ventre rond , les bras l'encerclant avec peine, il ressemblait à un pingouin perdu sur la banquise, qui cherchait à retrouver son chemin. Soufflant comme un bœuf, Gustav d'Urgot marmonnait à ses hommes de mains de se presser, alors qu'eux même devaient ralentir le pas pour ne pas dépasser leur maitre ventripotent.
Le plus grand d'entre eux balança un regard par dessus son épaule, attiré par un bruit étrange dans la ruelle peu éclairée .
L'instant suivant, son visage était réduit en pulpe sanguinolente.
Le garde du corps s'effondra dans un bruit sourd, alors que son compère tirait par reflexe une lame barbelée de son fourreau. Gustav pâlit soudainement, clignant ses paupières cernées pour chercher à chasser cette image grotesque de son esprit.
Sortant de l'ombre, un homme de haute stature, aux épaules larges, relevait sa masse a tête plate. Couvert d'une armure d'acier noir, son visage pâle ne portait pas le moindre signe de sentiments. Ses traits tirés reflétaient un régime sec, sans une once de graisse. Il portait un tabard rapiécé, du même fond sombre que l'armure. L'aigle bicéphale blanc n'était plus que le reflet de lui même, comme s'il avait été à demi effacé à force d'être frotté avec du charbon. Avec automatisme, le guerrier se remit en garde, le regard absent.
Habitué à rouler des mécaniques ou faire peur aux badauds, le garde du corps blêmit à la vue de l'agresseur, lâchant son arme en espérant que l'homme en armure ne l'épargne. Mais alors qu'il reculait d'un pas, une lame lui transperça le thorax par derrière, ressortant entre ses côtes, couverte de sang. Le second assaillant les avait prit à revers sans effort, et malgré une lourde armure, écarlate celle-ci, il avait embroché le second garde avant qu'il ne se rende compte de sa présence. Cet agresseur ci était équipé de mailles et de plaques, dont la peinture rouge vif s'écaillait en de nombreux endroits. Son tabard blanc à la flamme cramoisie était dans un triste état, si sale que la couleur d'origine se discernait difficilement.
Le tueur en rouge retira sa lame d'un geste sec, sans que son visage pâle ne trahisse la moindre émotion. Ses cheveux blonds étaient si pâles qu'ils en paraissaient décolorés. Sa peau tombait sur ses joues, comme si toute graisse de son visage avait été aspirée, si bien qu'il semblait presque flotter dans son armure.
Les deux guerriers de Lordaeron se placèrent de chaque côté du noble terrorisé, lui coupant toute retraite. Il se mit à bafouiller quelques mots d'une voix mal assurée, avant qu'une troisième silhouette s'approche, lui coupant le souffle.
Elle n'avait rien de la masse des deux tueurs, au contraire. Elle portait une robe noire, qui n'occultait en rien ses formes toutes féminines, plantureuses. Un chapeau à rebord dissimulait une partie de son visage, mais son sourire en coin fit trembler Gustav, qui dans l'instant le reconnu.
- N..n...non...non...non....
Il se fit dessus, en prenant soudainement conscience de l'horreur de la situation, regrettant presque que les deux hommes en armure n'étaient pas que de simple brigands de bas étages venus l'égorger pour sa bourse.
Il ne pouvait croire à ce qu'il voyait. Elle aurait du n'être qu'une femme usée par les ans et les abus, à la peau sèche et marquée. Son visage aurait du porter les marques d'innombrables rides, comme autant de crevasse altérant sa beauté. Mais en relevant son chapeau, elle lui révéla le même minois qui l'avait séduit, tant d'années auparavant. Le même regard intense, le même sourire chargé de promesses. Elle leva une main aux doigts fins, et les deux guerriers abaissaient leurs armes avec des gestes mécaniques. Les talons d'Awena Sheppard furent les seuls bruits dans la ruelle durant quelques instants, avant qu'elle ne se plante face à son ancien amant.
- Vous n'avez pas changé, mon cher Gustav...
Sa voix était suave d'ironie et de douceur, une torture qui frappa le quinquagénaire de plein fouet. Elle vint frotter ses ongles contre sa joue potelée, avec un petit rire amusé.
- Mon cher, que vous m'avez manqué. Pardonnez mon manque de courtoisie, mais le voyage depuis Lordaeron m'a épuisée. Heureusement, ces charmants et vigoureux jeunes hommes ont insistés pour m'accompagner...
Les deux guerriers regardaient fixement face à eux, complètement apathique, leurs esprits autrefois combatif étaient aujourd'hui réduit à deux pâle copie sans saveur, condamnées à servir. Ni le croisé écarlate, ni le chevalier Sombrecoeur ne semblaient avoir perdu en force physique, bien au contraire, et au moindre geste de la sublime créature, ils n'auraient pas hésités un seul instant à s'entretuer comme des créatures sans conscience.
Awena continua de sa voix douce, offrant à la vue du pauvre homme affolé la vue de son décolleté et des rondeurs qu'il abritait .
- J'ai entendu dire que vous aviez creusé votre petit nid douillet ici ? Vous m'arrangez, mon cher, car j'ai grand besoin de repos, et de vos talents....vous ne refuseriez rien à une amie, n'est ce pas ?
Bien que son esprit cherchait à hurler, se débattre, appeler à l'aide, Gustav d'Urgot ne fit que baver pitoyablement sur ses riches étoffes, alors que les deux sbires l'attrapaient par les bras, le soulevant du sol.
Elle l'observa avec un léger sourire, avant de lancer au marquis affolé
- Toute chose se paye, mon cher, dans ce monde ou dans l'autre.
Faisant demi-tour, les deux vétéran de Lordaeron suivirent Awena Sheppard vers la demeure de Gustav d'Urgot en trainant le propriétaire bedonnant, laissant derrière eux les cadavres des gardes du corps, fauchés par simple caprice de la ténébreuse sorcière de retour à Hurlevent.
Angron Manus
Re: Le prix de l'ambition
Il est bien connu que les comptables sont des gens pointilleux. Monsieur d'Urgot ne faisait pas exception à la règle. Si bien que pour ne jamais être trop dispersé dans son travail, il avait prit la commodité de faire installer son bureau dans son salon... ou l'inverse. Il ne savait même plus exactement.
La pièce respirait la force tranquille de la richesse qu'on expose sans trop de honte. Quelques tableaux aux murs, des tapis au sol, et deux ou trois meubles et objets d'art, ainsi qu'un grand bureau en bois de cèdre autrefois couvert de documents, parchemins, dossier en attente. La paperasse reposait à l'heure actuelle dans la cheminé qui crépitait avec grand bruit. Habituellement, le marquis détestait qu'on touche à ses affaires, ou pire, qu'on prenne place sur sa chaise rembourré, achetée à prix d'or à un marchand Quel'dorei.
Mais qui était-il pour refuser une chose à la Dame en noir ?
Dans la semi-pénombre de la grande pièce, elle n'était vêtu que d'une fine robe couvrant à peine ses épaules, qui se fendait le long de sa cuisse droite, offrant à tous la vue de ses bas finement cousu, et de ses talons hauts. La robe elle même était faite de dentelles taillée dans la plus noble des gangretoffes, dessinant sur sa peau une infinité de motifs entrelacés. Si proche du corps, qu'un regard non averti aurait juré quelle était nue, ou presque, assise avec élégance sur la chaise en fumant une longue cigarette comme l'on n'en trouvait presque plus. Ses jambes croisées soulignaient le galbe de ses mollets et de ses cuisses, concluant un spectacle qui aurait sidéré n'importe qui.
Encadrant la porte d'entrée, les deux hommes en armure complètes n'avaient pas décrochés un mot depuis le début. Regardant vaguement en face d'eux, on aurai pu les prendre pour des statues de pierre, si leurs larges épaules n'étaient pas lentement animé par le rythme de leurs respirations sifflantes. Les flammes de l'âtre faisaient danser les ombres sur leurs tabards éliminés, dans une atmosphère malsaine.
Gustav d'Urgot tremblotait sur la petite chaise habituellement dédié à ses visiteurs. Le bois grinçait, accusant la masse du séant imposant, faisant à chaque fois grimacer le marquis. Ses doigts boudinés s'entortillaient sur ses genoux, le regard baissé, n'osant se confronter de lui même à la vision d'Awena Sheppard sans y être forcé. Non pas qu'elle le dégoutait, au contraire, mais poser le regard sur elle aurait valu ramper à ses genoux en bavant, espérant de tout son être qu'elle daigne poser son pied sur son visage en gage d'attention.
Sa résistance fut de courte durée.
- Cette ville me manquait presque, vous savez mon cher ?
La voix langoureuse lui fit l'effet d'une gifle cinglante, lui arrachant un pitoyable couinement de rongeur effrayé. Par chance, elle ne le remarqua pas, ou ne daigna pas le relever.
- Rien à voir avec Lordaeron city, bien sûr, mais ce petit côté campagnard a quelque chose de neuf, d'amusant. Si vous saviez comme les survivants qui peuplent encore nos terres sont ennuyeux ! Enfin, presque tous...
Elle regarda vers les deux guerriers à la porte, comme un chat observant une souris éventrée qui se tortillait sur le sol. Elle souffla une dernière volute de fumée, avant d'écraser sa cigarette sur le bois inestimable, et d'en jeter le mégot aux pied du marquis. Elle décroisa les jambes avec lenteur, et se leva dans un mouvement fluide, presque exagéré. Tout chez elle n'était que séduction et abus, d'une révoltante beauté, comme un bien précieux exposé avec orgueil aux miséreux.
Awena passa à côté du marquis, sans un regard, avant de se diriger vers ses sbires apathiques. Elle claqua des doigts devant le visage du premier, qui se mit à genoux avec déférence, mût par une volonté inébranlable et impersonnel. Son empressement fit rire la dame en noir, qui préféra l'autre guerrier, le croisé écarlate. Ses ongles entretenus pianotèrent sur son plastron, tandis qu'elle l'inspectait avec une gourmandise certaine. Finalement, elle le gifla avec une force que sa maigre stature ne lassait pas deviner. Le soldat s'effondra en arrière, la pommette ouverte. il resta ainsi prostré, sans exprimer la moindre trace de douleur ou de gêne.
Awena se détourna avec un claquement de talon, foudroyant Gustav du regard.
- Suis-je donc entourée d'incapables ? De bons à rien ? D'idiots et de dégénérés ?
Elle en vint à hurler, le charme de sa voix disparaissant pour laisser place à un bruit proche du crissement d'ongle sur un tableau noir.
- Si tu me déçois, petit marquis, je veillerais à ce que les démons du néant eux même te traitent avec douceur en comparaison de ce qui t'attends ! Maintenant, fais ce que je t'ai demandée ! Et retrouves moi chacun d'entre eux ! Chaque traitre et chaque lâche qui ont osé se dresser face à mon frère ! Je veux sentir leurs cœurs s'écraser dans ma paume ! MAINTENANT !
Le dernier hurlement fit tomber Gustav d'Urgot de sa chaise, qui se ramassa sur lui même en couinant, rampant au plus vite hors de la pièce, prêt à tout pour échapper à la colère de celle qu'il désirait tant. Une fois la porte refermée, la sorcière s'acharna à déchirer chaque tableau de la pièce avec ses ongles, dans une crise de colère qui rappelait fortement celle d'une adolescente contrariée. Elle aurait pu continuer, et faire de même avec les visages de ses deux sbires armés, peut être même en tirer un certain plaisir malsain, mais étrangement, elle se calma d'elle même. Sa longue chevelure de nuit habituellement soigneusement coiffée était en désordre, et sa robe froissée remontait jusqu'a son genou.
Elle approcha de la grande fenêtre donnant sur la place de la cathédrale, les flammes mourantes détachant à peine sa silhouette au travers du vitrail épais. Elle posa sa paume, contre la surface couverte de buée, et fit crisser ses ongles contre le verre, pensive. Peut-être avait elle exagérée la chose devant le marquis, en fin de compte. Tout n'était pas si morose, depuis son retour. La capitale du royaume d'Azeroth avait bien changé, et on y trouvait aujourd'hui tout ce qui garnissait le fond du panier d'une mégalopole surhabitée, la lie des oubliés, de eux qui se terrent loin des dangers du monde, les parasites, et surtout, l'incommensurable manne dont elle avait besoin pour mener à bien sa vengeance. Leur vengeance.
Un léger sourire orna ses lèvres pulpeuses, contrastant avec le masque de la furie qui venait de la quitter. Dès le lendemain, les précieuses informations et talents de son "hôte" seraient tout à elle, et l'argent est à la société moderne ce que la virilité est a l'homme. La fierté bien sur, et aussi le meilleur moyen de les mener la baguette, ou de frapper la ou ça fait mal.
Cette pensée réconforta la sœur du Serpent, qui se retourna vers le chevalier et le croisé qui s'étaient replacé de part et d'aurte de la cheminé. Elle dodelina de la tête quelques instants, puis fit glisser les bretelles de la robe de ses épaules, laissant le tissu tomber au sol, avant de s'approcher d'eux avec un sourire qui ne lassait aucun doute sur ses intentions.
Qui a dit qu'on ne pouvait pas mêler plaisir et vengeance ?
La pièce respirait la force tranquille de la richesse qu'on expose sans trop de honte. Quelques tableaux aux murs, des tapis au sol, et deux ou trois meubles et objets d'art, ainsi qu'un grand bureau en bois de cèdre autrefois couvert de documents, parchemins, dossier en attente. La paperasse reposait à l'heure actuelle dans la cheminé qui crépitait avec grand bruit. Habituellement, le marquis détestait qu'on touche à ses affaires, ou pire, qu'on prenne place sur sa chaise rembourré, achetée à prix d'or à un marchand Quel'dorei.
Mais qui était-il pour refuser une chose à la Dame en noir ?
Dans la semi-pénombre de la grande pièce, elle n'était vêtu que d'une fine robe couvrant à peine ses épaules, qui se fendait le long de sa cuisse droite, offrant à tous la vue de ses bas finement cousu, et de ses talons hauts. La robe elle même était faite de dentelles taillée dans la plus noble des gangretoffes, dessinant sur sa peau une infinité de motifs entrelacés. Si proche du corps, qu'un regard non averti aurait juré quelle était nue, ou presque, assise avec élégance sur la chaise en fumant une longue cigarette comme l'on n'en trouvait presque plus. Ses jambes croisées soulignaient le galbe de ses mollets et de ses cuisses, concluant un spectacle qui aurait sidéré n'importe qui.
Encadrant la porte d'entrée, les deux hommes en armure complètes n'avaient pas décrochés un mot depuis le début. Regardant vaguement en face d'eux, on aurai pu les prendre pour des statues de pierre, si leurs larges épaules n'étaient pas lentement animé par le rythme de leurs respirations sifflantes. Les flammes de l'âtre faisaient danser les ombres sur leurs tabards éliminés, dans une atmosphère malsaine.
Gustav d'Urgot tremblotait sur la petite chaise habituellement dédié à ses visiteurs. Le bois grinçait, accusant la masse du séant imposant, faisant à chaque fois grimacer le marquis. Ses doigts boudinés s'entortillaient sur ses genoux, le regard baissé, n'osant se confronter de lui même à la vision d'Awena Sheppard sans y être forcé. Non pas qu'elle le dégoutait, au contraire, mais poser le regard sur elle aurait valu ramper à ses genoux en bavant, espérant de tout son être qu'elle daigne poser son pied sur son visage en gage d'attention.
Sa résistance fut de courte durée.
- Cette ville me manquait presque, vous savez mon cher ?
La voix langoureuse lui fit l'effet d'une gifle cinglante, lui arrachant un pitoyable couinement de rongeur effrayé. Par chance, elle ne le remarqua pas, ou ne daigna pas le relever.
- Rien à voir avec Lordaeron city, bien sûr, mais ce petit côté campagnard a quelque chose de neuf, d'amusant. Si vous saviez comme les survivants qui peuplent encore nos terres sont ennuyeux ! Enfin, presque tous...
Elle regarda vers les deux guerriers à la porte, comme un chat observant une souris éventrée qui se tortillait sur le sol. Elle souffla une dernière volute de fumée, avant d'écraser sa cigarette sur le bois inestimable, et d'en jeter le mégot aux pied du marquis. Elle décroisa les jambes avec lenteur, et se leva dans un mouvement fluide, presque exagéré. Tout chez elle n'était que séduction et abus, d'une révoltante beauté, comme un bien précieux exposé avec orgueil aux miséreux.
Awena passa à côté du marquis, sans un regard, avant de se diriger vers ses sbires apathiques. Elle claqua des doigts devant le visage du premier, qui se mit à genoux avec déférence, mût par une volonté inébranlable et impersonnel. Son empressement fit rire la dame en noir, qui préféra l'autre guerrier, le croisé écarlate. Ses ongles entretenus pianotèrent sur son plastron, tandis qu'elle l'inspectait avec une gourmandise certaine. Finalement, elle le gifla avec une force que sa maigre stature ne lassait pas deviner. Le soldat s'effondra en arrière, la pommette ouverte. il resta ainsi prostré, sans exprimer la moindre trace de douleur ou de gêne.
Awena se détourna avec un claquement de talon, foudroyant Gustav du regard.
- Suis-je donc entourée d'incapables ? De bons à rien ? D'idiots et de dégénérés ?
Elle en vint à hurler, le charme de sa voix disparaissant pour laisser place à un bruit proche du crissement d'ongle sur un tableau noir.
- Si tu me déçois, petit marquis, je veillerais à ce que les démons du néant eux même te traitent avec douceur en comparaison de ce qui t'attends ! Maintenant, fais ce que je t'ai demandée ! Et retrouves moi chacun d'entre eux ! Chaque traitre et chaque lâche qui ont osé se dresser face à mon frère ! Je veux sentir leurs cœurs s'écraser dans ma paume ! MAINTENANT !
Le dernier hurlement fit tomber Gustav d'Urgot de sa chaise, qui se ramassa sur lui même en couinant, rampant au plus vite hors de la pièce, prêt à tout pour échapper à la colère de celle qu'il désirait tant. Une fois la porte refermée, la sorcière s'acharna à déchirer chaque tableau de la pièce avec ses ongles, dans une crise de colère qui rappelait fortement celle d'une adolescente contrariée. Elle aurait pu continuer, et faire de même avec les visages de ses deux sbires armés, peut être même en tirer un certain plaisir malsain, mais étrangement, elle se calma d'elle même. Sa longue chevelure de nuit habituellement soigneusement coiffée était en désordre, et sa robe froissée remontait jusqu'a son genou.
Elle approcha de la grande fenêtre donnant sur la place de la cathédrale, les flammes mourantes détachant à peine sa silhouette au travers du vitrail épais. Elle posa sa paume, contre la surface couverte de buée, et fit crisser ses ongles contre le verre, pensive. Peut-être avait elle exagérée la chose devant le marquis, en fin de compte. Tout n'était pas si morose, depuis son retour. La capitale du royaume d'Azeroth avait bien changé, et on y trouvait aujourd'hui tout ce qui garnissait le fond du panier d'une mégalopole surhabitée, la lie des oubliés, de eux qui se terrent loin des dangers du monde, les parasites, et surtout, l'incommensurable manne dont elle avait besoin pour mener à bien sa vengeance. Leur vengeance.
Un léger sourire orna ses lèvres pulpeuses, contrastant avec le masque de la furie qui venait de la quitter. Dès le lendemain, les précieuses informations et talents de son "hôte" seraient tout à elle, et l'argent est à la société moderne ce que la virilité est a l'homme. La fierté bien sur, et aussi le meilleur moyen de les mener la baguette, ou de frapper la ou ça fait mal.
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Angron Manus
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