Opération Sunshatter.
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Opération Sunshatter.
- Ici seront relatés tous les évènements liés à la campagne de la Résistance de Lordaeron contre la Dynastie Sunstolen. Comprenant missives, rapports et récits qui apparaîtront au fil de l'évolution de ladite campagne. -
« Tout va bien, ma sœur ? » Elle releva alors la tête. Tous étaient là.
Vlen premièrement, toujours aussi imposant. Sa main posée sur le manche de son artefact corrompu, il observait l’Aînée d’un air convaincu ; ses longs cheveux de braise s’écoulaient comme à l’accoutumée sur son torse. Nathel, resplendissante et sereine, se tourna un instant pour observer le majordome descendre les escaliers, revenant par la suite à sa sœur, lui exprimant un regard sincère et soutenu. Daelh, lui était bien plus fixe, moins concerné ; il se tenait droit, mains jointes dans le dos, prêt à exécuter les ordres avant même que sa sœur n’y ait pensé. Faldwin, dont le sceptre brillait de mille feux et finalement Sedan, vêtue dans son intimidante armure de Chevalier de sang.
Tous ensemble, ils formaient une famille. Une famille qui n’avait néanmoins rien en commun avec les contes enfantins. Un groupe bien plus mauvais, avide de vengeance, de justice et de domination. Nul n’aurait aimé se trouver dans leur collimateur à ce moment-là. Et pourtant, la Résistance de Lordaeron s’était retrouvée source du courroux de la famille. Tous ensemble, ils restèrent silencieux une quinzaine de secondes. Chacun se préparait mentalement aux évènements futurs. Organisation des troupes, des assauts, des ripostes, des deuils ; nul n’ignorait ici que ce conflit pourrait leur coûter cher. Mais qu’à cela ne tienne, ils ne comptaient pas en rester là. Ils feraient verser les larmes des vestiges de Lordaeron et s’en nourriraient, tels des vautours se jetant sur leurs défuntes proies.
« Champions. » Elle brisa ainsi le silence. Vlen s’écarta, et les quatre silhouettes massives se tenant derrière la Matriarche vinrent poser genou contre le sol, face à elle. Équipés d’armures éthérées dernier cri, l’on parvenait à peine à distinguer qu’il s’agissait d’elfes. Bien plus épais que leurs semblables, ils inspiraient à tous de véritables fléaux que l’Aînée pouvait relâcher à tout moment. Lesdites armures étaient lisses, jugées incroyablement modernes même par ceux fréquentant régulièrement les Éthériens. Deux d’entre-eux portaient une lame de phase gigantesque dans leur dos, tandis que les deux derniers en portait une plus raisonnable à leur flanc droit, en plus d’un bouclier. Elle en désigna un de chaque, se satisfaisant ainsi de deux approches opposées. « Vous irez à Doredhel. Je les suspecte d’entretenir d’étroites relations avec l’Alliance. Manquant de preuves, je ne souhaite pas élever de contestations de la part des hautes instances. Vous irez les interroger. À la moindre confirmation de mes soupçons, vous ferez couler le sang et les larmes en mon nom. Qu’Il vous guide. » Ils saluèrent et quittèrent la salle, les deux encore agenouillés se relevant par la suite pour se replacer derrière elle dans une démarche machinale.
« Ma sœur, mes frères ; préparez-vous. Vous êtes d’éminents protecteurs du Royaume, et j’ai toute confiance en vous. Thelryn, je vous charge de lancer un appel aux armes destiné à nos alliés les plus fidèles. De plus, vous allez envoyer un Chevalier de sang et un régiment en Lordaeron pour que le message leur passe en travers de la gorge. Nous ferons en sorte qu’ils viennent jusqu’à nous. Et alors, nous abattrons une fois pour toute notre courroux sur leurs âmes. » Le Chevaler-Maître salua puis acquiesça tout en véhiculant une détermination sans pareille à la Matriarche.
« Vous pouvez disposer. Ne me décevez pas. » fut la dernière réplique de cette entrevue, chacun quittant successivement la pièce pour s’affairer aux tâches qui leur étaient confiées.
Elle finit de rédiger sa missive, la récupérant entre son index et son majeur pour la placer devant le nez de son majordome ; qui la prit aussitôt pour sortir du bureau. Elle joignit ses mains, coudes sur le meuble ; observant ce dernier, le regard vide.
Au Généralissime Darnat Sombrecoeur.
- Pour avoir arraché la Ranger-Capitaine Athial Sunstolen au Royaume de Quel’thalas, et décimé notre groupe de reconnaissance il y a de cela deux semaines ; comprenant quinze infiltrateurs et un magistère,
- Pour avoir permis à vos hommes de pénétrer le Royaume sans autorisation et d’avoir assassiné de sang froid et sans modération aucune tous les habitants du village de Nosterhal, comprenant une trentaine de civils et quinze miliciens,
- Pour avoir permis à vos hommes d’emmener puis d’utiliser ma sœur comme moyen d’échange afin d’obtenir la soumission du village du même nom, afin d’en prendre le contrôle et d’établir un avant-poste,
- Pour avoir causé la perte d’une de nos patrouilles vaquant dans les environs lors de votre démence, comprenant l’assassinat d’un Chevalier de sang, de douze fantassins et d’un magistère ; sans proposition aucune de reddition,
La Maison Sunstolen vous considère comme une menace tout aussi instable que grandissante. En conséquence, moi, Nera Sunstolen, Matriarche et dirigeante légitime de l’Ordre ; vous informe que vos hostilités ne resteront pas impunies. Nous vous ferons passer l’envie de menacer notre intégrité et vous promettons d’imminentes réponses.
De plus, toute intrusion de vos unités en terres thalassiennes entraînera une riposte exemptée de toute pitié. Ainsi, tout individu, qu’importe sa race et ses intentions, soupçonné de collaboration avec les vôtres sera systématiquement exécuté.
Que le Soleil Éternel vous consumme.
- Sceau de la Dynastie du Soleil-volé -
- Sceau de Quel'thalas -
« Tout va bien, ma sœur ? » Elle releva alors la tête. Tous étaient là.
Vlen premièrement, toujours aussi imposant. Sa main posée sur le manche de son artefact corrompu, il observait l’Aînée d’un air convaincu ; ses longs cheveux de braise s’écoulaient comme à l’accoutumée sur son torse. Nathel, resplendissante et sereine, se tourna un instant pour observer le majordome descendre les escaliers, revenant par la suite à sa sœur, lui exprimant un regard sincère et soutenu. Daelh, lui était bien plus fixe, moins concerné ; il se tenait droit, mains jointes dans le dos, prêt à exécuter les ordres avant même que sa sœur n’y ait pensé. Faldwin, dont le sceptre brillait de mille feux et finalement Sedan, vêtue dans son intimidante armure de Chevalier de sang.
Tous ensemble, ils formaient une famille. Une famille qui n’avait néanmoins rien en commun avec les contes enfantins. Un groupe bien plus mauvais, avide de vengeance, de justice et de domination. Nul n’aurait aimé se trouver dans leur collimateur à ce moment-là. Et pourtant, la Résistance de Lordaeron s’était retrouvée source du courroux de la famille. Tous ensemble, ils restèrent silencieux une quinzaine de secondes. Chacun se préparait mentalement aux évènements futurs. Organisation des troupes, des assauts, des ripostes, des deuils ; nul n’ignorait ici que ce conflit pourrait leur coûter cher. Mais qu’à cela ne tienne, ils ne comptaient pas en rester là. Ils feraient verser les larmes des vestiges de Lordaeron et s’en nourriraient, tels des vautours se jetant sur leurs défuntes proies.
« Champions. » Elle brisa ainsi le silence. Vlen s’écarta, et les quatre silhouettes massives se tenant derrière la Matriarche vinrent poser genou contre le sol, face à elle. Équipés d’armures éthérées dernier cri, l’on parvenait à peine à distinguer qu’il s’agissait d’elfes. Bien plus épais que leurs semblables, ils inspiraient à tous de véritables fléaux que l’Aînée pouvait relâcher à tout moment. Lesdites armures étaient lisses, jugées incroyablement modernes même par ceux fréquentant régulièrement les Éthériens. Deux d’entre-eux portaient une lame de phase gigantesque dans leur dos, tandis que les deux derniers en portait une plus raisonnable à leur flanc droit, en plus d’un bouclier. Elle en désigna un de chaque, se satisfaisant ainsi de deux approches opposées. « Vous irez à Doredhel. Je les suspecte d’entretenir d’étroites relations avec l’Alliance. Manquant de preuves, je ne souhaite pas élever de contestations de la part des hautes instances. Vous irez les interroger. À la moindre confirmation de mes soupçons, vous ferez couler le sang et les larmes en mon nom. Qu’Il vous guide. » Ils saluèrent et quittèrent la salle, les deux encore agenouillés se relevant par la suite pour se replacer derrière elle dans une démarche machinale.
« Ma sœur, mes frères ; préparez-vous. Vous êtes d’éminents protecteurs du Royaume, et j’ai toute confiance en vous. Thelryn, je vous charge de lancer un appel aux armes destiné à nos alliés les plus fidèles. De plus, vous allez envoyer un Chevalier de sang et un régiment en Lordaeron pour que le message leur passe en travers de la gorge. Nous ferons en sorte qu’ils viennent jusqu’à nous. Et alors, nous abattrons une fois pour toute notre courroux sur leurs âmes. » Le Chevaler-Maître salua puis acquiesça tout en véhiculant une détermination sans pareille à la Matriarche.
« Vous pouvez disposer. Ne me décevez pas. » fut la dernière réplique de cette entrevue, chacun quittant successivement la pièce pour s’affairer aux tâches qui leur étaient confiées.
Dernière édition par Athial le Sam 25 Mai 2013, 13:15, édité 1 fois
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Du Fort Greyham, Baronnie de Honorshore, Hautes-Terres Arathies,
Le 12/12/32,
Au Manoir Sunstolen.
Pour la Dame Nera Sunstolen, Aînée de la Famille Sunstolen, Matriarche de la Maison Sunstolen
Madame, bonsoir. En effet, lorsque l'on est poli, donc que l'on n'est pas élevé chez les Gnolls ou les Kobolds, l'on salue son interlocuteur au commencement d'une lettre. Cette piqûre de rappel passée, exposons désormais les points dont vous m'accusez avant de discuter ma soumission totale.
Arracher la Ranger-Capitaine, d'abord. Peut-être ne serait-ce pas arrivé si vous teniez mieux vos hommes, qui sait ? Quant au groupe de reconnaissance cité, il me semble n'avoir fait écrit d'aucun pacte entre les forces lordaeronnaises et les Sunstolen. Alors par conséquence, ne soyez pas étonné que lorsqu'une troupe de la Horde débarque sur les terres de l'Alliance sans hisser le drapeau blanc, je l'annihile sans état d'âme quand elle refuse de se rendre. Vous ne devez pas être très au courant de l'art de la guerre, mais je ne vous en tiendrai pas rigueur.
Diffamation, maintenant. Hé bien, sachez que je ne tiens pas non plus mes hommes, à mon très grand regret. Nous sommes quittes dirons-nous, si ce n'est que vous mentez, fort mal de surcroît. J'espère que vous avez pensé à brûler les cadavres des trolls et ceux des fuyards pour ne pas être discréditée si la Régence démarre une enquête. Un avant-poste ? Pourquoi ferais-je ceci par la très sainte ? Pensez-vous que Quel'Thalas me pensera assez idiot, dans la situation actuelle de Lordaeron, après avoir déjà échoué par la suite ? Vous êtes, ma foi, fort amusante.
Votre patrouille, enfin. Peut-être connaissez-vous le dicton « Mauvais endroit, mauvais moment. » Je pense qu'il s'applique pour l'heure, et désormais je lis que ce groupe était mené par un Chevalier de sang. J'espère simplement qu'il a souffert pour ses blasphèmes, en toute sincérité.
Quelle ironie. Une simple maison de pacotille venant apporter la rétribution pour un village n'étant même pas sous sa juridiction. Le mensonge est un pêché, sachez le. Ah, et désormais vous devez penser, là de suite, que je suis moi-même un menteur avéré pour avoir osé parler de soumission alors que je vous manque à présent de respect, en ces quelques lignes ? Comme disait un Paladin que j'ai longtemps connu « Faîtes aux autres ce que vous désirez qu'ils vous fassent. » Malheureusement, je ne désirais pas de tels mensonges, mais disons que je serais bon comédien.
Passons à un registre plus sérieux, voulez-vous ?
Qui êtes-vous ? De mon point de vue, une simple elfe en mal d'autorité, une simple sotte, une folle. Une pauvre femme affolée, mal-aimé des siens et peut-être même pire encore. De ce fait, comprenant parfaitement les dérives de votre folie, je vous conseille dès lors de m'envoyer la preuve de vos plus plates excuses, parce que si vous décidez de continuer sur cette voie, d'avancer sur mon terrain, je peux vous assurer que les combats que j'ai mené contre votre Prince au Donjon de la Tempête ne seront rien en comparaison de ce que je vous ferais vivre.
Qui suis-je ? C'est à vous d'en décider, d'y réfléchir. Mais restons sur les évidences. Je suis Darnat Sombrecoeur, Généralissime de la Résistance. Tâchez de ne pas l'oublier. Et surtout, n'oubliez pas une chose essentielle.
Lordaeron n'est jamais morte. Jamais.
Que la Lumière vous prenne en pitié,
Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Darnat Sombrecoeur
Re: Opération Sunshatter.
Au Généralissime Sombrecoeur.
Alors ainsi avez-vous fait votre choix. Celui de causer un affront plus grand encore que celui dont vous étiez accusé.
Il me plaît de constater que la vermine en redemande, tergiversant sur les formes et les morales d'éducation pour masquer un manque flagrant de contenance. Si Lordaeron n'est pas morte à l'heure qu'il est, je ne donne pas cher du Royaume avec l'espèce de comédien qui se tient à sa tête, se pavanant à travers ses titres et ses exploits.
Vous devez savoir mieux que quiconque que nulle place et nulle condition ne sont acquises définitivement, et je puis vous assurer que la piqûre de rappel ne saurait tarder. Aussi, préparez vos hommes. Expliquez-leur que par votre prose sarcastique et condescendante, vous venez de les condamner ; définitivement. Priez votre Très Sainte, peut-être parviendra-t-elle à abréger votre imminente agonie.
Je ne reviendrai pas sur les contestations émises, tant elles sont enrobées de vice et d'une cécité à toute épreuve. Ne relevons pas non plus vos jugements basés sur je ne sais quel état de fait. Peut-être estimez-vous que les paroles de ma garce de soeur valent mieux que les miennes. Ainsi soit-il. L'elfe en mal de reconnaissance viendra de sa personne vous enterrer plus bas que terre, dans les abysses du désespoir.
S'il vous reste ne serait-ce qu'une once d'honneur, alors daignez ne pas me répondre. Vous n'y trouverez que du mépris, et les promesses d'une souffrance plus grande encore que vous ne pourriez l'imaginer.Matriarche Nera Sunstolen.
- Sceau de la Dynastie du Soleil-volé -
- Sceau de Quel'thalas -
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Dame Naylia Sombrecoeur Syllith'anahialia Duren'na Siana,
Vous n’ignorez pas qu’il y a une semaine maintenant, des émissaires de la Maison Suntolen se sont annoncés aux portes de Doredhel fin d’éclaircir quelques rumeurs vous concernant vous et votre famille.
En effet, des détracteurs prétendaient que vous pactisiez avec les félons de l’Alliance, en offrant un soutien à cette dernière sous diverses formes que je ne souhaite point détailler en ce jour. Toute aussi étonnée qu’outrée, je me suis personnellement renseignée vous concernant afin que vérité soit légion.
Mon entreprise n’ayant été fructueuse, je me suis empressée de vous envoyer deux de mes Champions, accompagnés d’une unité terrestre.
Leur verdict fut sans appel : ces rumeurs n’étaient que des balivernes visant à nuire à votre image et à celle de votre domaine. Aussi pour m’excuser de cette attitude inquisitrice, je souhaiterais que nous nous rencontrions afin de mettre définitivement un terme à ces accusations. Je suis persuadée que rencontrer les manants ayant attenté à votre intégrité ne saurait vous déplaire.
Considérez bien que nous ne souhaitons en aucun cas vous inspirer quelconque hostilité ou méfiance. Nos deux familles luttent pour les intérêts du Royaume, indiquant ainsi une possible alliance entre elles.
Peut-être vous a-t-on conté que nous avons récemment considéré les hostilités d’un détachement de l’Alliance nous concernant, aussi nous sommes-nous dit que vous pourriez tirer profit dudit conflit. Il n’est qu’une question de temps avant que cette racaille ne courbe l’échine face à notre puissance, et dans notre générosité, nous pourrions partager la gloire qui en découlera avec nos plus fidèles alliés. Il ne tient qu’à vous de me clarifier vos positions quant à ces propositions.
Dans l’attente de votre réponse, sachez que les portes de notre domaine vous sont grandes ouvertes et aptes à vous recevoir dignement quand bon vous siéra.
Veuillez agréer, Dame, mes sentiments les plus distingués.
Que le Soleil éternel vous guide.Matriarche Nera Sunstolen.
- Sceau de la Dynastie du Soleil-volé -
- Sceau de Quel’thalas -
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Dame Nera Sunstolen de la Maison susnommée,
N'ayant guère eu le temps de vous répondre plus tôt, suite aux malencontreux évènements survenus à Dalaran, je vous adresse en ce jour cette missive avec mes salutations distinguées.
J'ai en effet eu vent au retour de mon long périple, que des émissaires, pourtant reçus avec tout le respect que mes terres pouvaient leur octroyer malgré un siège continu des trop bien connus trolls amanis, d'ailleurs toujours en cours assiégées et toujours assiégées par les trolls amanis, s'était permis d'accuser ma personne et le domaine affilié de trahison envers Quel'Thalas, en me menaçant dans le même geste. Sachez que je ne tolère guère un tel comportement sur mes terres. De mon propre avis, il semblerait que le fait de côtoyer ces porcs verts vous ait fait oublier les bonnes manières très chère.
La cause que défend ma maison a été, est et sera toujours celle du Royaume de Quel'Thalas, et ce jusqu'à ce que le dernier héritier trépasse sous les coups de ses ennemis. Par ce fait, nos relations restent neutres avec les créatures composant la Horde et les traîtres de ce boucher que l'on nomme Garithos, et je n'ai que faire de la guerre qu'ils se mènent, alors même que notre Royaume est piétiné par les horreurs mortes-vivantes le traversant de long en large sans compter ces maudits trolls.
J'accepte cependant vos excuses et vous ferais parvenir un ambassadeur dans les plus brefs délais afin d'éclaircir cette situation. Si l'Alliance a effectivement pénétrer sur nos terres, elle en paiera le prix en conséquence de ses actes et mes elfes seront prêts à en découdre. Nul n'échappe à la justice solaire.
Qu'Il vous guide, et que Quel'Thalas rayonne à travers vos exploits.Duchesse Naylia Syllith'anahialia Duren'na Siana
-Sceau de la famille Siana-
Naylia Siana- Personnages Joués : N'elfe.
Re: Opération Sunshatter.
Dame Naylia Sombrecoeur Syllith'anahialia Duren'na Siana,
Je vous fais parvenir la confirmation de la visite de votre émissaire au sein de notre domaine.
Après plusieurs minutes si ce ne sont des heures d'entretien, il s'est définitivement avéré que nos deux maisons partagent les mêmes buts et idéaux. Aussi dans l'intérêt de Quel'thalas ai-je accepté votre don de vingt archers. À l'heure où je vous écris, nous nous apprêtons à quitter le domaine afin de nous rendre en Lordaeron et ainsi rejoindre le reste de nos troupes. Les vôtres feront partie du voyage et je m'assurerai personnellement de leur sauvegarde qu'importe la tournure que prendra le conflit qui s'approche à grands pas.
Que les Naarus vous guident, et que le Soleil Éternel vous illumine comme Il l'a jusqu'alors si bien fait.
Dame Nathel Sunstolen
- Sceau de la Dynastie du Soleil-volé -
- Sceau de Quel'thalas -
- Signature personnelle -
Pendant ce temps, aux abords de la Mer Interdite.
« Combien de temps.
- Quelques jours à peine, sire. »
Il se tenait dans sa cabine, enfoncé dans un somptueux fauteuil. Jambes croisées tout comme ses bras, il leva le nez vers Sedan. Cette dernière parvint à distinguer au fond des yeux de son maître une frénésie grandissante. L'écart imposé par l'implacable temps se faisait de plus en plus réduit, et cela ne cessait de l'affecter. Il pianotait lentement l'accoudoir de son support, tournant vivement la tête pour observer l'extérieur à travers la démentielle baie-vitrée qui dévorait une bonne partie de la structure. Puis il revint à sa locutrice, la jaugeant de haut en bas, se frictionnant le coin des lèvres de son index finement ganté. Il daigna finalement se lever, se plaçant devant les vitres pour observer l'horizon, tournant le dos au Chevalier-Maître en croisant agilement ses mains sur ses reins. Il était tout simplement aussi époustouflant qu'effroyable. Sa tenue de Corrupteur brillait de mille ombres ; lui apportant un charisme plus prononcé encore qu'à l’accoutumée.
« Nous mettrons à feu et à sang leurs misérables foyers. Personne ne se met en travers de notre chemin, de mon chemin ; sans en subir les conséquences. Ha, ce Généralissime se pense sûrement malin. Il ne tardera pas à m'implorer pour que je les épargne, lui et sa misérable progéniture. Mais vous comme moi le savons, il n'y aura de reddition. Les geôles de Quel'thalas ne méritent pas de tels cafards. La Mort s'en contentera volontiers.
- Quels ordres dois-je communiquer, sire ?
- Que nos magistères se préparent à la dissimulation. Qu'il soit farouchement précisé que je ne tolèrerai aucun prisonnier. Qu'ils périssent tous dans les flammes. Soldats, civils, femmes, enfants. Tous. »
Sedan acquiesça à deux reprises, pour ensuite saluer respectueusement en inclinant la tête. Elle se retourna en faisant claquer les talons, sa cape suivant cette prestigieuse démarche. Elle entama un pas militaire jusqu'à sortir de la pièce. Vlen se dirigea alors, lentement, vers son bureau ; dont il extirpa de l'un de ses tiroirs un cristal verdâtre et scintillant. Il revint à sa place précédente, guettant les vagues et les nombreux navires entourant le sien ; malaxant de ses doigts l'artefact qui se mit à déverser sa magie occulte dans son corps. Des effluves volatiles parcourant la moindre parcelle ; pour finalement s'initier dans la chair. Ses yeux d'un habituel soufre malsain devinrent plus damnés encore ; lesdites effluves s'échappant à travers ceux-ci. L'elfe, durant ce temps ; souriait sadiquement. Et quand le cristal vint à être consommé, affichant une couleur grisâtre terne, il le brisa simplement en fermant le poing. D'innombrables morceaux vinrent se répandre sur le bois, au sol ; ce dernier agrémenté de quelques gouttes de sang.
« Comptez vos âmes, Darnat Sombrecoeur. Il n'en restera que des cendres. »
Srem
Re: Opération Sunshatter.
En fin de journée, les cloches du fort Greyham retentirent, brisant le calme illusoire.
Les soldats levèrent instinctivement le nez vers le clocher puis prirent leurs équipements, se dirigeant dans la cour principale. Tous ou presque étaient présents. Le Généralissime, le Général, six officiers de l’Etat-major et d’innombrables soldats, sans compter les chevaliers de la Fraternité du Loup Noir. Au total, on comptabilisait un peu plus de deux cents individus. Tous dirigés vers le Seigneur Sombrecoeur, ils emplissaient l’intégralité de ladite cour, certain poussant même un peu leurs camarades pour faufiler leur tête entre deux épaulières. Au bout d’un moment, il silence vint, seulement interrompu par les cliquetis d’armures d’un tel mouvant son épaule, de l’autre retenant une toux violente.
Darnat Sombrecoeur plaça doucement sa main devant sa bouche, s’éclaircissant la voix, avant de placer sa main gauche sur le pommeau de son épée, garde à peine visible sous l’épaisse cape l’entourant.
« Savez-vous ce que signifie le terme Ironie, Soldats ? Probablement que oui. Mais aux quelques ignares que je vois en train de se lancer quelques regards apeurés, à ceux là je leur dirais de remplacer ce terme par "Foutage de gueule." » Il tourna un peu la tête de gauche à droite, son regard s’attardant sur chacun des individus présents dans la cour.
« Et la voilà, cette ironie, qui nous frappe en plein cœur. Comme ceci. » Aux mots les gestes, le vieux chevalier étendit subitement sa main droite en avant, faisant valser au passage le bord de la cape du poing serré en un unique bloc.
« Tous ces opportunistes, ces gens dont l’honneur est aussi faiblement présent que leur vertu d'esprit, profitent de la moindre de nos failles. En l’occurrence, je vous parle d'elfes de sang. Malgré la restauration du Puits de Soleil, ils restent pour beaucoup ce qu’ils étaient il y a peu. » Dit-il, secouant la tête.
« Hors de question que je laisse une seule de leurs sales bannières frôler nos plages. Hors de question que je laisse un seul de leurs soldats faire souffrir nos familles sans en payer le prix. Nous irons les intercepter à peine seront-ils sur la plage, et alors nous les enverrons saluer les nagas sous les acclamations des canons tandis que le goût âpre mais juste de la poudre emplira nos bouches. Tout est dit, désormais, ya-t-il des questions ? Parfait. Suivez vos officiers, nous partons pour Castel Roc châtier ces effrontés. »
Les soldats levèrent instinctivement le nez vers le clocher puis prirent leurs équipements, se dirigeant dans la cour principale. Tous ou presque étaient présents. Le Généralissime, le Général, six officiers de l’Etat-major et d’innombrables soldats, sans compter les chevaliers de la Fraternité du Loup Noir. Au total, on comptabilisait un peu plus de deux cents individus. Tous dirigés vers le Seigneur Sombrecoeur, ils emplissaient l’intégralité de ladite cour, certain poussant même un peu leurs camarades pour faufiler leur tête entre deux épaulières. Au bout d’un moment, il silence vint, seulement interrompu par les cliquetis d’armures d’un tel mouvant son épaule, de l’autre retenant une toux violente.
Darnat Sombrecoeur plaça doucement sa main devant sa bouche, s’éclaircissant la voix, avant de placer sa main gauche sur le pommeau de son épée, garde à peine visible sous l’épaisse cape l’entourant.
« Savez-vous ce que signifie le terme Ironie, Soldats ? Probablement que oui. Mais aux quelques ignares que je vois en train de se lancer quelques regards apeurés, à ceux là je leur dirais de remplacer ce terme par "Foutage de gueule." » Il tourna un peu la tête de gauche à droite, son regard s’attardant sur chacun des individus présents dans la cour.
« Et la voilà, cette ironie, qui nous frappe en plein cœur. Comme ceci. » Aux mots les gestes, le vieux chevalier étendit subitement sa main droite en avant, faisant valser au passage le bord de la cape du poing serré en un unique bloc.
« Tous ces opportunistes, ces gens dont l’honneur est aussi faiblement présent que leur vertu d'esprit, profitent de la moindre de nos failles. En l’occurrence, je vous parle d'elfes de sang. Malgré la restauration du Puits de Soleil, ils restent pour beaucoup ce qu’ils étaient il y a peu. » Dit-il, secouant la tête.
« Hors de question que je laisse une seule de leurs sales bannières frôler nos plages. Hors de question que je laisse un seul de leurs soldats faire souffrir nos familles sans en payer le prix. Nous irons les intercepter à peine seront-ils sur la plage, et alors nous les enverrons saluer les nagas sous les acclamations des canons tandis que le goût âpre mais juste de la poudre emplira nos bouches. Tout est dit, désormais, ya-t-il des questions ? Parfait. Suivez vos officiers, nous partons pour Castel Roc châtier ces effrontés. »
Dernière édition par Athial Sunstolen le Dim 13 Jan 2013, 20:42, édité 3 fois
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Dirigeant de la mission : Capitaine Karlarn Ancrespoir.
Lieu : Domaine de Castelrouge ; Hautes-Terres Arathies. Date : 11/01/33. Type : Reconnaissance.
Objectif : Identifier la menace de Castelrouge ; Apprendre où sont allés les attaquants.
Participants : Premier Versatile Lordaeronnais, Chevalier Liorel Ravensword.
Déroulement de la mission :
Selon le service des renseignements, les navires Sunstolen se dirigeaient vers le sud par la Mer Interdite. Ceux-ci n'ayant aucun lien ne serait-ce que possible avec les factions vivant au sud du Viaduc de Thandol, la seule possibilité logique était qu'ils se dirigent ou pour Port-Lion dans le Duché des Marches du Géant ou pour Fort Greyam dans la Baronnie de Honorshore. Port-Lion étant à la pointe sud-est du sous-continent de Lordaeron, le « Lordaeron Kingdom Retribution » de Classe Navire de guerre et le « The Tirassian » de Classe Frégate furent envoyés bloqués l'accès au Viaduc de Thandol, accompagnés par nombre d'hommes pour tenir le Port-Lion à l'aide d'épaisses balistes.
Nous-mêmes, le reste des troupes envoyées là-bas dirigées par le Généralissime en personne, devions simplement amener le gros des forces avant que, logiquement, les elfes n'aient pu ne serait-ce que fouler le port de l'une de leur sandale en étoffe. La réalité fut néanmoins tout autre, et nous fûmes face à une grande désillusion en montant une colline d'Arathie depuis laquelle Rouge-Comté, village Ouest du Domaine de Castelrouge, était visible. Plus concrètement, masqué derrière un vaste nuage de fumée. Alors que les forces s'établissaient, que les renforts en Engins du Régiment de Soutien étaient appelés à se rendre à toute vitesse sur la zone du sinistre, que l'on rencontrait quelques hommes jusque là placés dans le Duché des Marches du géant qui nous apprîmes qu'aucun elfe ne s'était approché de Port-Lion ; il fut décidé d'envoyer trois groupes successifs investir la ville à la recherche de survivants et, surtout, de l'auteur du trouble s'il s'avérait que les Sunstolens n'étaient simplement pas arrivés.
Notre troupe, mené par votre serviteur, obtint réponse à ses questions. À peine avons-nous traversé le nuage de fumée qui, après réflexion, occupait la place des anciens champs, que nous sommes tombés sur le village dont chaque bâtisse brûlait et menaçait de s'effondrer. Après quelques pas, nous fîmes la rencontre d'une bande d'elfes de sang, composée de deux Chevaliers de sang et de six Fantassins elfes de sang, assassinant un citoyen et menaçant une mère et son fils du même sort. La charge fut donnée, et les Chevaliers de Quel'Thalas tombèrent bien vite, au même titre que leurs laquais. La jeune femme nous apprit que l'attaque était effectivement orchestrée par un détachement elfe de sang portant la bannière de, après identification, la Maison Sunstolen.
C'est ici que notre deuxième objectif interviint. Il nous fut incombé la tâche de découvrir qui se cachait derrière cette attaque, mais également de savoir où ils se rendaient. Nous reprîmes donc la route à travers le village. Et ainsi nous tombâmes sur l'une des pires choses imaginables, un Mage de sang de Quel'Thalas et sa garde rapprochée. À peine nous vit-il que les flammes nous enveloppèrent, mettant au tapis toute la troupe qui eut juste le temps de bondir hors du feu une seconde après avoir été enveloppée. Une seconde de trop, certes, leurs armures cuisaient et ils devaient s'avérer heureux de n'être ni des poupées de cires, ni des tas de cendre.
Moi-même, protégé par la Sainte Lumière, et le Chevalier Ranvesword, fort de son armure enchantée, traversâmes la vague enflammée, forçant le sorcier ennemi à interrompre son sortilège, nous laissant là comme en-cas à ses minions. Minions à la composition suivante, un Fantassin Vétéran, un Assassin elfique, un Prêtre de la Sainte Lumière et un Felmage. Le premier à tomber fut le Prêtre, sous la main du Chevalier Ravensword, suivi de l'Assassin, du Vétéran et enfin du Démoniste. Quant au mage de sang, nous nous rendîmes compte qu'un individu, dont le sexe m'est toujours inconnu à ce jour, portant les couleurs du Kirin Tor l'avait mis au tapis. Nous ne voyions que de rares mèches blonde sortant de son masque portant dénué de tout orifice, mais je sais simplement qu'il a vaincu le Mage de sang avant de l'interroger loin de nos oreilles, repartant loin de nous avec les effets les plus importants du Mage de sang qu'il acheva. Je n'ai pas eu vent d'une quelconque tentative d'approche, je sais simplement que le Chevalier Ravensword le menaça. Si cela fut un handicap, j'avoue l'ignorer. Je sais simplement que de notre position, nous pûmes voir au loin la masse rouge, or et noire de l'armée elfique quittant la ville pour l'Est vers la Tour de Castelrouge, ce qui nous permit de rentrer.
Quant aux deux autres groupes, ils rencontrèrent pour leur part à eux deux deux Chevaliers de sang et seize Fantassins elfiques. Nul doute qu'il y en eut plus, comme le précisa le Sergent Sunstolen après avoir été attaquée par deux fantassins ennemis.
Signature : K. Ancrespoir.
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur.
Srem
Re: Opération Sunshatter.
A la Dame Nera Sunstolen, Aînée de la Famille Sunstolen, Matriarche de la Maison Sunstolen.
Moi, Aaron Sombrecoeur, seigneur légitime et unique maître incontesté de la Maison Sombrecoeur, serviteur de la Dame Noire, maîtresse et dirigeante des Réprouvés.
Vous écris en ce jour afin de vous proposer un « partenariat » profitable à nos deux partis.
Voyez-vous, j’ai entendu parler de vos déboires avec cette pitoyable Résistance menée par mon vieillard d’oncle qui usurpe mes droits légitimes. Et j’ai tout intérêt de le voir périr lui et toute sa clique de perfides traîtres. Il semblerait que nous ayons donc des ennemis communs et comme on dit, l’ennemi de mon ennemi est mon allié, n’est-ce pas ?
Ce que j’ai à vous proposer est un soutien militaire, ces bâtards efflanqués ne s’attendent sûrement pas à trouver des Réprouvés à vos côtés, je suis sûr que cela vous fera bénéficier d’un avantage indéniable. Bien sûr en échange j’attendrai une petite contrepartie. Je souhaite que vous récupériez les cadavres de toutes ces pourritures et que vous me les confiez, je saurai en faire bonne usage, croyez moi.
Je suis sûr que ensemble nous parviendrons à écraser ces maudits insectes car c'est tout ce que je souhaite le plus au monde, leurs morts et leur destruction tout simplement, en particulier de la famille Sombrecoeur. A vous de peser le pour et le contre mais je suis sûr que vous ferez le bon choix, celui qui vous permettra la victoire, la victoire totale.
Alors en l’attente d’une réponse que j’espère favorable, je vous souhaite de tuer beaucoup de ces chiens.Seigneur Aaron Sombrecoeur
<Sceau de la Maison Sombrecoeur Réprouvée>
Hector Sombrecoeur
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Dirigeant de la mission : Capitaine Karlarn Ancrespoir.
Lieu : Domaine de Castelrouge ; Hautes-Terres Arathies. Date : 12/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Retarder et malmener les arrières du détachement Sunstolen.
Participants : Premier Versatile Lordaeronnais, Deuxième d'Infanterie, Deuxième de Tireurs, Paladin Nathaniel Shadowtracker, Engin de Siège 4 (EdS 4).
Déroulement de la mission :
Suite à la désastreuse constatation de l’état du village de Rouge-comté, nous entreprîmes de poursuivre l’armée du Soleil-volé. Cette dernière étant localisée dans les bois en direction de la tour de Castelrouge, nous prîmes soin d’entamer un pas rythmé afin de les rattraper. Aussi après plusieurs minutes de marche avons-nous aperçu celle-ci, formant une interminable traînée animée de noir, de rouge et d’or. D’après mes observations, je puis affirmer que la tour était à ce moment en proie à leur courroux, quelques émanations de fumée en témoignant. Approchant à grands pas les bosquets, un sommaire chemin de terre faisant office d’unique accès jusqu’à notre objectif ; nous divisâmes nos troupes en formant un groupe de reconnaissance épaulé par un engin de siège. Ainsi formions-nous une première unité, séparée du reste des soldats par ledit engin. Ci-fait, nous pénétrâmes ces terres verdoyantes avec pour ferme objectif de rattraper l’arrière des troupes elfiques afin de les malmener, et dans le pire des cas, simplement les retarder.
Réduisant au fur et à mesure l’écart nous séparant, il fut donné comme ordre de laisser l’engin de siège cracher son feu. Ainsi les hostilités commencèrent lorsque le boulet de canon percuta de plein fouet les fantassins. Ces derniers, innombrables tant ils étaient, furent bien vite épaulés par les sentinelles arcaniques les accompagnant au nombre de quatre. Celles-ci se retournèrent tandis que nous lançâmes la charge, et crachèrent leurs rayons aussi bien sur les soldats que sur l’engin de siège. Ce dernier encaissa l’impact sans broncher, sa coque épaisse commençant lentement à fondre sans affecter son fonctionnement. En revanche, nos soldats furent touchés de plein fouet, Shadowtracker parvenant de son côté à dresser un fin bouclier de Lumière qui lui épargna une mort certaine.
Alors, tandis que nos fantassins embrassèrent les adversaires dans l’acier et le sang, nos archers et Rangers se positionnèrent en retrait sur les bords du chemin afin d’assister les hommes de leurs tirs courbés. Le Capitaine parvînt à éliminer une première sentinelle en transperçant à l’aide d’une lance le cristal arcanique l’animant. Ceci entraîna une surchauffe de la sentinelle qui implosa en emportant avec elle près de dix soldats Sunstolen dans des relents de flammes bleuâtres. Durant ce court laps de temps, les unités adverses entreprirent elles-aussi de nous assaillir d’une pluie de flèches. Aussi, l’engin de siège fut-il dirigé vers les archers adverses afin de les anéantir, et le résultat fut à la hauteur de nos plus grandes espérances.
La violence se faisait toujours aussi présente. Les cadavres commençant à s’entasser là où la mêlée faisait rage. Les sentinelles arcaniques, désormais au nombre de trois, firent à nouveau feu. Deux sur l’engin de siège qui une fois de plus parvint à résister à la terrible chaleur, tandis que la dernière se dirigea vers nos hommes, en emportant trois d’une seule traite. L’affrontement continua ainsi quelques interminables minutes, avant qu’une seconde sentinelle n’implose en signant l’arrêt de mort de sept autres fantassins de Quel’thalas. Et alors que nous commençâmes lentement à prendre l’avantage, nos fantassins en première ligne furent dégagés à coups de bouclier pour laisser passer une silhouette encapuchonnée. Cette dernière leva le bras droit vers l’engin de siège, et une prodigieuse onde arcanique quitta sa paume pour s’y diriger. Nous ignorons toujours pourquoi, mais ladite onde fut contré puisqu’elle se dispersa dans l’air ambiant avant d’atteindre sa cible.
L’un de nos tireurs d’élite, le frontalier Dacres, fit pencher la balance un peu plus lorsque sa balle transperça le cœur d’un officier elfe trop avancé. Nous eûmes l’impression que les fantassins que nous affrontions furent assaillis par la peur, mais demeurèrent en revanche toujours aussi combattifs. Puis, d’un coup, l’engin de siège releva son canon plus haut. Nous devinâmes alors qu’il s’apprêtait à faire feu sur une menace que le combat ne nous permettait pas de voir. Et nous avions juste. La seconde d’après, la silhouette d’un Garde funeste fut visible, le démon survolant l’armée de la Matriarche pour finalement cracher son feu gangrené sur nous. Les pertes furent lourdes puisque l’écrasante majorité des personnes touchées par ces flammes suintantes se vit bien vite envahie par ces dernières comme s’ils étaient dévorés par une entité maléfique. Nous n’eûmes même pas le temps de réagir à cette sournoise riposte que déjà elle poursuivait ses desseins, le démon s’agrippant à l’engin de siège pour libérer des flammes violacées qui s’infiltrèrent dans le véhicule. Nous entendîmes quelques cris étouffés, puis l’engeance reprit son envol, la machine implosant deux secondes plus tard dans un fracas détonnant. Nos soldats ne se laissèrent pas abattre, puisque nos archers toujours en vie tirèrent leur courroux d’acier et de bois sur la bête démoniaque qui nous survolait. Finalement, le Capitaine Ancrespoir le renvoya dans le Néant en l’accablant d’un exorcisme qui le força à se révoquer.
L’engin de siège immobilisé et les flammes nous empêchant de recevoir des renforts, nous n’étions alors plus qu’une vingtaine, la moitié composée de blessés plus ou moins graves. Mais il fut ordonné de poursuivre l’assaut, les troupes Sunstolen reculant d’un pas régulier pour rattraper le gros de leur effectif qui s’approchait encore et toujours plus de la tour. Nos hommes se rendirent bien compte que cette action s’avérait suicidaire, et firent finalement le choix de rebrousser chemin. Mais ils ne parvinrent à s’écarter convenablement que les deux dernières sentinelles arcaniques encore en parfait état les prirent en joue. Le Paladin Shadowtracker fut alors gravement blessé au bras et sombra dans l’inconscience, probablement à cause de la douleur qui devait s’avérer insupportable. Le Capitaine quant à lui, déjà rongé par les flammes gangrenées ayant grignoté une partie de sa chair, fut touché à la cuisse droite. L’un étant incapable de se mouvoir et l’autre peinant à marcher, je fis le choix de leur porter assistance malgré mon état qui ne promettait un résultat plus concluant. Durant mon avancée, l’une des sentinelles implosa d’elle-même ; une fois encore, je ne saurais expliquer le pourquoi du comment. La seconde fut abattue à l’aide du frontalier Dacres qui une fois de plus fit preuve d’une précision redoutable.
Et à peine venais-je porter le Paladin évanoui qu’un agent du Kirin Tor dissimulé sous une tenue qui ne permettait de deviner aucun trait s’interposa entre l’armée du Soleil-volé et nous. Il dressa un épais bouclier arcanique, si scintillant que les archers ennemis qui venaient de se redéployer préconisèrent d’économiser les munitions plutôt que de les gâcher contre ce rempart. Après tout, nous demeurions à leurs yeux qu’un contretemps optionnel. Nous fîmes aussitôt machine arrière, s’aventurant quelques minutes dans les bosquets alentours afin de retrouver l’ensemble des troupes de la Résistance. Les blessés furent immédiatement confiés aux équipes médicales compétentes. La tour de Castelrouge est quant-à-elle perdue, puisqu’il n’en restait que des pierres calcinées et des émanations de fumée.
Signature : ∆. Sunstolen.
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur.
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Non loin du Sanctum Occidental, époque révolue.
Trois protagonistes se tenaient droits, conversant ensemble sur le ton de la confidence et du divertissement. Les voix mélodieuses et avenantes se mariaient avec l’environnement, venant tinter ce dernier de joie et d'insouciance. Il pouvait les apercevoir au loin, sur la plage. Ils se tenaient côte à côte, les épaules se frictionnant aux autres tantôt, une main venant tapoter une chevelure parfois. Puis il s’approcha, lentement, d’un pas serein ; pour finalement s’arrêter à une vingtaine de mètres des silhouettes qui gagnaient petit à petit en détails.
Il distingua une elfe plus grande que les deux autres, située à gauche, à la chevelure blonde dont les pointes s’évanouissaient dans des teintes plus cendrées. Munie d’une tenue de parade digne des plus fins archers du Royaume, il ne tarda pas à deviner qu’il s’agissait de la cadette, Athial. Il la jaugea de la tête au pied en prenant son temps, s’attardant particulièrement sur son ensemble. Les innombrables bordures aux teintes dorées s’accordaient à la perfection avec la propriétaire. Le soleil chaleureux et scintillant du Solstice venait d’ailleurs se refléter sur celles-ci, le forçant parfois à plisser les yeux. Et parmi ces cheveux, se distinguait d’autres reflets, plus discrets, plus réservés. Les boucles d’oreille habituelles, mais aussi un collier qu’il apercevait à sa nuque. Voir ce dernier le fit d’ailleurs sourire, et il fut satisfait de son observation.
Alors décala-t-il son attention sur la seconde. Plus petite mais toute aussi radieuse, celle-ci portait une admirable robe aux tissus tout aussi complexes que colorés. Du rouge majoritairement. Mais pas celui qu’il puis croiser habituellement, non. Un vermillon noble, recherché et travaillé. L’or venait une fois de plus teinter l’œuvre, que cela soit sur les coutures apparentes ou sur ses cheveux, qui se distinguaient de sa voisine par une teinte plus terne qui ne la rendait cependant pas moins attractive. La radieuse Nera savait se mettre sur son trente et un, et une fois encore en eut-il eu la preuve.
Puis, finalement, il se posa sur Adenn. Vêtue d’une tenue honorifique faite de cuir et de renforts en plaque, la demoiselle se vêtait d’un bordeaux humble. Le doré, encore et toujours ; pointait le bout de son nez sur quelques reliures en cuir traité. Sa chevelure s’accordait avec ses deux sœurs, d’un blond platine apte à faire chavirer les cœurs d’ordinaire les plus impassibles.
Oui, vraiment, ces trois jouvencelles étaient magnifiques. Il constata encore un peu ces dernières puis se résolut finalement à regarder par dessus. Se distinguait à perte de vue une étendue de bleu. La mer, lisse et calme, se mariait à l’horizon avec un ciel partageant les mêmes caractéristiques, si bien qu’il n’était pas certain du lieu où l’une se mariait avec l’autre. Mais cela l’importait peu, il avait tant à faire. Alors il redressa la tête pour s’échapper dans les mille feuillages aux millions de couleurs qui se proposaient à lui. Ils étaient si épais qu’il ne sut vraiment où il était, l’espace d’une pensée excentrique. Alors il resta figé, là, à contempler cette merveille qu’il pouvait admirer quotidiennement, mais qui aujourd’hui précisément lui semblait encore plus prononcée qu’à l’accoutumée. Il sourit naïvement, inspirant profondément l’air marin si ce n’est le savourant.
Pendant ce temps, les trois « jeunes » femmes poursuivaient leur discussion, sur un ton toujours aussi léger et aimable. L’une jetait tantôt un regard complice à ses pairs, ces dernières lui répondant d’un franc sourire. Le bonheur, aussi simple soit-il, était aujourd’hui à son apogée. Au dicton « Il en faut peu pour être heureux » pourrait-on répondre que ces quelques individus avaient récemment trouvé la recette parfaite pour y parvenir.
« Tu n’as pas idée de la tête que j’ai tiré en le voyant revenir. Il était nu comme un ver, et m’a regardé comme un preste-patte mourant le ferait. Je lui ai souri pour qu’il comprenne que je ne lui en tiendrai pas rigueur, alors s’est-il bêtement mit à rire nerveusement.
- Tu plaisantes ? Et qu’as-tu fait, ensuite ?
- J’ai ri avec lui. Je suis allée lui chercher quelques vêtements, et nous sommes allés boire un thé sur la terrasse du Domaine. Pauvre garçon, cela faisait des années qu’il n’avait pas porté de robes, et celle que j’étais parvenue à lui trouver était bien trop grande.
- Tu es trop aimable, Athial. À ta place, je lui aurais sauté dessus. Il est craquant.
- Pour me faire pourchasser par Ereldan jusqu’aux confins des bois thalassiens ? Sans façon. Je peux lui parler de toi en revanche, tu n’as qu’à me faire signe.
- Tu le connais, cela va le gêner ; timide comme il est. Tu te souviens, la dernière fois qu’il m’a croisé ? J’ai cru qu’il allait saigner du nez. »
Elles gloussèrent toutes trois, Nera qui se contentait jusqu’alors d’écouter observa successivement la cadette à sa gauche, puis sa jumelle de l’autre côté. Elle expira par les narines sur des abords de satisfaction, souriant finalement en coin pour prendre un ton faussement réprimandant, presque théâtral.
« Vous êtes incorrigibles, toutes les deux. Si Père savait cela, il ferait du Domaine votre prison dorée.
- Il a bien mieux à faire, tu ne penses pas ? Et puis, tu es là pour veiller sur nous, hm ?
- Effectivement, mais je doute que débarquer la dague à la main pour vous libérer de la gente masculine alors que vous visitez le septième ciel avec soit judicieux. À moins que vous ne soyez de ce bord.
- Et c’est nous qui sommes incorrigibles, hm ? »
Une fois de plus, leurs rires innocents résonnèrent dans les alentours. Ceux de trois insouciantes ayant quitté il y a peu l’adolescence, se confiant leurs secrets les plus excentriques. Puis Athial se retourna, jaugeant de haut en bas l’arrivant de ses iris mauves. Ses sœurs suivirent bien vite le mouvement, toutes trois dévorant du regard l’individu. Commençant par les pieds, elles remontèrent pour distinguer une robe digne des arcanistes les plus talentueux. Elle aussi manufacturée en vue d’épater les mirettes, elle se composait d’un mauve exquis parsemé d’or terni. Le rendu était renversant, particulièrement lorsqu’elles observèrent son visage. Les traits fins mais virils, les joues légèrement creuses, un sourire fin et sincère au coin des lèvres, et finalement une chevelure abondante d’un roux cendré, le mâle se lissant le bouc présent à son menton.
« Vlen ! Nous t’attendions. Tu as pris ton temps, une fois encore. Tu es ravissant.
- Le phénomène sait se faire désirer, mes chères. Mais après réflexion, je fais pâle figure en comparaison des trois déesses qui me font l’honneur de m’accorder toute leur attention.
- Toujours aussi éloquent et flatteur, à ce que je vois. Quelles sont les nouvelles ?
- Oh, et bien depuis ce matin, pas grand chose. Père vous cherche, il souhaite vous remettre vos prestigieux artefacts. »
Il s’approcha d’elles et franchit l’interface séparant l’herbe du sable, ses fines semelles venant s’aventurer sur la couche blanche et chaleureuse. Elles se tournèrent alors, observant à nouveau l’étendue bleue. Aussi en profita-t-il pour se glisser entre l’Aînée et sa jumelle, sa tête se posant sur l’épaulière de cette dernière, tandis que ses bras s’ouvrirent pour envelopper les trois sœurs. Nera tourna la tête une seconde pour le regarder du coin de l’œil, souriant avec engouement pour remonter sa main jusqu’aux cheveux roux du fier incantateur, ébouriffant ces derniers par d’incessants allers-retours.
« Il pourra bien attendre encore un peu, pas vrai ? Si jamais il se fâche, tu n’auras qu’à lui dire que nous t’avons retenu de force.
- Cette proposition me semble honnête, très chère. Et bien, que faites-vous ici ? Je vous vois échanger vos confessions depuis un certain temps.
- Tu nous observais, vil personnage ? Tu sais, si tu n’étais pas notre frère, cela ferait longtemps que tu serais qualifié de pervers par tous les domestiques.
- Allons, allons. Tout de suite les grands mots. Je ne faisais que vous admirer, c’est la moindre des choses que je puisse accorder aux trois plus belles femmes d’Azeroth. »
Ils les regarda successivement du mieux que sa position excentrique le lui permettait, les trois lui faisant une moue sur-jouée pour finalement se décider à lui accorder trois francs sourires. Il ferma les yeux un instant, satisfait des réactions, reprenant ensuite.
« Nathel n’est pas là ?
- Non, elle poursuit son apprentissage.
- Regrettable. Je veillerai à lui envoyer une lettre si par malchance je venais à ne pas la croiser.
- Ce n’est pas de sa faute, elle y met tout son cœur. Si elle continue ainsi, elle sera la prêtresse la plus talentueuse du Royaume.
- Je sais bien, Athial. D’ailleurs, tu te fais de plus en plus discrète toi aussi. Je vais finir par regretter le temps où nous nous disputions les ouvrages les plus fascinants de la bibliothèque.
- Que veux-tu. Là où l’un pratique ses incantations pour s’améliorer, l’autre parcourt les forêts. Mais regarde, je suis revenue pour le Solstice. N’est-ce pas le plus important ? »
Elle haussa un sourcil à son attention, se penchant légèrement en avant pour l’apercevoir, le bougre dissimulé derrière la chevelure de l’Aînée. Repéré, il libéra les trois de son emprise pour lever lentement les mains, signe de reddition. Elle secoua la tête en exposant un rictus complice, les deux sœurs laissant échapper un gloussement.
« Si, bien sûr que si, jeune Ranger. Mais qui serais-je si je venais à souhaiter ton éloignement, mh ? D’ailleurs, tout se passe bien avec Ereldan ? Le vieux pervers prend soin de toi ?
- Hé. Il n’y a que moi qui m’autorise à l’appeler ainsi, surveille tes mots, jeune insolent. Mais oui, tout va bien. Il est plus attentionné que jamais et je progresse à vue d’œil.
- Dans quel domaine ?... »
Il gloussa, les deux sœurs suivant sans retenue. Athial roula des yeux, à la fois amusée et gênée. Elle reprit sa place, les quatre ne formant plus qu’une ligne parfaite ; chacun observant le somptueux décor qui se présentait encore et toujours à eux. La journée aussi banale puisse-t-elle sembler fut néanmoins marquante, signe d’une symbiose qu’ils n’approcheraient plus jamais.
Quelque part entre Rouge-comté et la Tour de Castelrouge, de nos jours.
Et dans le campement improvisé par la Résistance, il était une personne repensant à cette idyllique journée. C’était la cadette, bien évidemment. Assise sur le sol, adossée à une caisse de ravitaillement ; une jambe tendue l’autre courbée tandis que son bras corrompu se posait sur son genou tel un cadavre inanimé et que le second longeait sa silhouette, l’elfe observait en contrebas le village désolé de Rouge-comté. La fumée était retombée depuis près de vingt-quatre heures maintenant. Et ce rideau à présent tombé ne laissait paraître qu’une piètre représentation. Un village abandonné serait qualifié de ruines. Celui-ci n’avait même pas cet honneur, tant les flammes avaient torturé les bâtisses. Du noir, encore et toujours. Ajouter un cratère au tableau lui vint même à l’esprit, cela aurait au moins donné à ces lieux l’impression que Deathwing lui-même y aurait posé sa macabre empreinte.
Ses yeux perçants lui permettaient encore de distinguer les vestiges du cloché, Le peu de bois ayant encore survécu était calciné jusqu’à son essence même. Quel gâchi. Alors se détourna-t-elle sur ce qui devait auparavant être des champs cultivés. Le résultat ne fut guère plus épatant. Une fois encore, l’empreinte de sa maudite famille y était apposée, ne laissant aux terres qu’une épaisse couche noirâtre. Elle devinait le nombre d’innocents tombés qui devaient d’ores-et-déjà se chiffrer par centaines, mais préférait se détourner de ces déprimantes pensées. Alors ferma-t-elle les yeux, repensant aux siens.
L’une était devenue folle, avide de pouvoir et de domination. Que restait-il d’elle ? D’après la discussion qu’elle eut avec Karlarn en Altérac, pas grand chose. Une âme d’un mauve agressif, vagabondant dans les ruines factices et imaginaires du Domaine. Elle avançait dans le hall principal, pour parfois daigner monter jusqu’au couloir desservant d’innombrables pièces. Mais chaque fois, le constat fut le même : le spectre s’arrêtait devant les portes grandes ouvertes, et ne se décidait pas à franchir le palier, préférant rebrousser chemin.
Mais elle n’était pas la seule à errer dans cette abîme, loin de là. Une autre s’y joignait, teintée de cette même couleur néfaste. Elle aussi avançait lentement, cherchant partout où se placer. Mais le cadre lui-même semblait lui refuser l’accès, alors était-elle encore une fois condamnée.
Le Sergent fronçait les sourcils, un Soldat s’attardant sur elle pouvant la juger schizophrène. Mais il n’en était rien, et ainsi entreprit-elle de poursuivre son observation d’outre-monde, d’autres spectres apparaissant, au nombre de trois. Eux se targuaient d’un turquoise apaisant, innocent mais tourmenté. À leur tour, elles se mirent à déambuler dans le bâtiment à feu et à sang ; et pourtant si austère, si mort. Contrairement à leurs pairs, elles parvenaient à accéder à ces pièces. Et, une fois à l’intérieur, qu’il s’agisse d’une chambre, d’un salon ou même d’une salle de bain, elles restaient immobiles une vingtaine de secondes durant, comme à attendre un évènement, une libération. Mais rien ne survint, et malgré leur apparence impassible, elles semblaient dépitées, faisant demi-tour avec lenteur et désinvolture pour s’égarer encore et toujours.
Athial, durant cette vision, laissa une infime larme parcourir sa joue. Cela n’était évident à accepter et encore moins à regarder. Pourtant, ces pensées semblaient si réelles, à tel point qu’elle fut tentée de tendre la main à l’un de ces spectres, pour le guider jusqu’à l’ultime sortie. Toujours lucide, elle se ravisa, se forçant à s’aventurer plus profondément encore. Lui vint alors comme une révélation. Révélation qui n’était pas puisque ce n’était pas la première fois qu’elle scrutait cet ensemble, loin de là. Et pourtant, chaque fois et celle-ci n’y dérogeant, une amère surprise l’assaillit. Une âme, qui contrairement à toutes les autres, demeurait immobile. Tête baissée et épaules tombantes, elle était fixée à l’un des piliers principaux du gigantesque hall, non-loin des escaliers ; par des chaînes d’un matériau inconnu, scintillant d’un blanc terne. Elle ne bougeait pas, fixe et inerte. Puis, d’un coup d’un seul, elle se mit à se débattre. Déterminée et farouche, elle qui semblait si docile se présentait sous un aspect bien plus combattif, prête à se déchirer les bras pour se libérer. Mais le verdict fut sans appel, et elle ne parvint à ses dessins. Aussi reprit-elle son immobilité d’avant, comme un individu subissant une agonie telle que toute résistance semblait digne d’un effort des plus héroïques.
La Ranger mit fin à sa tourmente, se plaquant la main sur le front, masquant ses larmes comme elle le pouvait. Se voulant aussi discrète que possible cet instant, nul ne remarqua cette douleur. Deux minutes plus tard, elle vint sécher sa tristesse en passant d’un geste bref sa main sous ses yeux. Elle inspira de tous ses poumons, pour ensuite expirer bruyamment, et se releva lentement pour se rapprocher du feu de camp plus loin à sa gauche où se réchauffaient plusieurs soldats. S’approchant, elle distingua le fantassin Mc. Lony. Il était timidement assis en tailleur, au sol, mangeant le repas miteux dont devaient se contenter les soldats en déplacement. Elle s’approcha lentement de lui, et ce dernier releva le nez en clignant des yeux.
« Bonsoir, Harlen. Je ne vous dérange pas ?
- Nullement, Sergent ! Ça n’a pas l’air d’aller, dites-moi. Venez donc vous asseoir. »
Il tapota la terre rigide à sa droite, se décalant légèrement dans quelques crissements d’armure. Elle opine faiblement, se plaçant au lieu proposé pour finalement laisser ses jambes céder, ses fesses venant se poser sur ses propres talons, tandis que ses bras se croisèrent sur ses genoux, sa tête tournée vers le soldat venant à son tour s’empiler par dessus.
« Qu’est-ce qui se passe, Lady Sunstolen ?
- Rien, rien. Je pense trop.
- Vous pensez. Des remords ?
- Oui.
- C’est bon signe, cela montre que vous êtes toujours « humaine ».
- Si vous le dites, Harlen. Je ne suis pas d’humeur à contester.
- Alors je suis satisfait. Un peu de soupe ? »
Il plaça son bras doit en retrait, laissant l’elfe voir le repas. Une vulgaire assiette creuse en fer, où se contenait un jus brun dans lequel quelques morceaux de viande se battaient avec deux ou trois malheureux légumes. Elle grimaça imperceptiblement, en retirant ensuite une moue souhaitée visible.
« Cela ira, merci. J’ai déjà dîné.
- Alors cela en fera encore plus pour moi, ha ha ! »
Elle sourit, non pas par envie mais simplement pour lui faire plaisir. Ce qui fonctionna, puisqu’il lui rendit un sourire sincère avant de plonger généreusement sa cuillère dans l’assiette pour ingurgiter bruyamment le jus. S’épargnant le tableau à la finesse contestable, Athial tourna la tête de l’autre côté, la tempe droite se troquant sur ses bras contre la gauche, la vision d’un soldat insouciant et naïf contre celle de Rouge-comté, à nouveau. Elle aperçut alors le Templier Nathaniel Shadowtracker, qui la veille avait dégusté la puissance de feu d’une sentinelle arcanique. Corps encore fragile, il se tenait à peu près droit à l’aide d’une béquille, tandis que certaines parties de son corps étaient entourées de généreux bandages. L’homme observant le lointain comme il le faisait si souvent derrière son heaume draenique qui ne permettait de distinguer ses expressions faciales. Le voyant de dos, elle se contenta de le fixer ainsi, quelques minutes, pour finalement se décider à se relever, incitée par on ne sait quelle logique à aller lui parler. Se positionnant juste à côté de lui, le fixant un bref instant du coin de l’œil, elle vint suivre le regard qu’elle devinait, une conversation veule s’annonçant.
Trois protagonistes se tenaient droits, conversant ensemble sur le ton de la confidence et du divertissement. Les voix mélodieuses et avenantes se mariaient avec l’environnement, venant tinter ce dernier de joie et d'insouciance. Il pouvait les apercevoir au loin, sur la plage. Ils se tenaient côte à côte, les épaules se frictionnant aux autres tantôt, une main venant tapoter une chevelure parfois. Puis il s’approcha, lentement, d’un pas serein ; pour finalement s’arrêter à une vingtaine de mètres des silhouettes qui gagnaient petit à petit en détails.
Il distingua une elfe plus grande que les deux autres, située à gauche, à la chevelure blonde dont les pointes s’évanouissaient dans des teintes plus cendrées. Munie d’une tenue de parade digne des plus fins archers du Royaume, il ne tarda pas à deviner qu’il s’agissait de la cadette, Athial. Il la jaugea de la tête au pied en prenant son temps, s’attardant particulièrement sur son ensemble. Les innombrables bordures aux teintes dorées s’accordaient à la perfection avec la propriétaire. Le soleil chaleureux et scintillant du Solstice venait d’ailleurs se refléter sur celles-ci, le forçant parfois à plisser les yeux. Et parmi ces cheveux, se distinguait d’autres reflets, plus discrets, plus réservés. Les boucles d’oreille habituelles, mais aussi un collier qu’il apercevait à sa nuque. Voir ce dernier le fit d’ailleurs sourire, et il fut satisfait de son observation.
Alors décala-t-il son attention sur la seconde. Plus petite mais toute aussi radieuse, celle-ci portait une admirable robe aux tissus tout aussi complexes que colorés. Du rouge majoritairement. Mais pas celui qu’il puis croiser habituellement, non. Un vermillon noble, recherché et travaillé. L’or venait une fois de plus teinter l’œuvre, que cela soit sur les coutures apparentes ou sur ses cheveux, qui se distinguaient de sa voisine par une teinte plus terne qui ne la rendait cependant pas moins attractive. La radieuse Nera savait se mettre sur son trente et un, et une fois encore en eut-il eu la preuve.
Puis, finalement, il se posa sur Adenn. Vêtue d’une tenue honorifique faite de cuir et de renforts en plaque, la demoiselle se vêtait d’un bordeaux humble. Le doré, encore et toujours ; pointait le bout de son nez sur quelques reliures en cuir traité. Sa chevelure s’accordait avec ses deux sœurs, d’un blond platine apte à faire chavirer les cœurs d’ordinaire les plus impassibles.
Oui, vraiment, ces trois jouvencelles étaient magnifiques. Il constata encore un peu ces dernières puis se résolut finalement à regarder par dessus. Se distinguait à perte de vue une étendue de bleu. La mer, lisse et calme, se mariait à l’horizon avec un ciel partageant les mêmes caractéristiques, si bien qu’il n’était pas certain du lieu où l’une se mariait avec l’autre. Mais cela l’importait peu, il avait tant à faire. Alors il redressa la tête pour s’échapper dans les mille feuillages aux millions de couleurs qui se proposaient à lui. Ils étaient si épais qu’il ne sut vraiment où il était, l’espace d’une pensée excentrique. Alors il resta figé, là, à contempler cette merveille qu’il pouvait admirer quotidiennement, mais qui aujourd’hui précisément lui semblait encore plus prononcée qu’à l’accoutumée. Il sourit naïvement, inspirant profondément l’air marin si ce n’est le savourant.
Pendant ce temps, les trois « jeunes » femmes poursuivaient leur discussion, sur un ton toujours aussi léger et aimable. L’une jetait tantôt un regard complice à ses pairs, ces dernières lui répondant d’un franc sourire. Le bonheur, aussi simple soit-il, était aujourd’hui à son apogée. Au dicton « Il en faut peu pour être heureux » pourrait-on répondre que ces quelques individus avaient récemment trouvé la recette parfaite pour y parvenir.
« Tu n’as pas idée de la tête que j’ai tiré en le voyant revenir. Il était nu comme un ver, et m’a regardé comme un preste-patte mourant le ferait. Je lui ai souri pour qu’il comprenne que je ne lui en tiendrai pas rigueur, alors s’est-il bêtement mit à rire nerveusement.
- Tu plaisantes ? Et qu’as-tu fait, ensuite ?
- J’ai ri avec lui. Je suis allée lui chercher quelques vêtements, et nous sommes allés boire un thé sur la terrasse du Domaine. Pauvre garçon, cela faisait des années qu’il n’avait pas porté de robes, et celle que j’étais parvenue à lui trouver était bien trop grande.
- Tu es trop aimable, Athial. À ta place, je lui aurais sauté dessus. Il est craquant.
- Pour me faire pourchasser par Ereldan jusqu’aux confins des bois thalassiens ? Sans façon. Je peux lui parler de toi en revanche, tu n’as qu’à me faire signe.
- Tu le connais, cela va le gêner ; timide comme il est. Tu te souviens, la dernière fois qu’il m’a croisé ? J’ai cru qu’il allait saigner du nez. »
Elles gloussèrent toutes trois, Nera qui se contentait jusqu’alors d’écouter observa successivement la cadette à sa gauche, puis sa jumelle de l’autre côté. Elle expira par les narines sur des abords de satisfaction, souriant finalement en coin pour prendre un ton faussement réprimandant, presque théâtral.
« Vous êtes incorrigibles, toutes les deux. Si Père savait cela, il ferait du Domaine votre prison dorée.
- Il a bien mieux à faire, tu ne penses pas ? Et puis, tu es là pour veiller sur nous, hm ?
- Effectivement, mais je doute que débarquer la dague à la main pour vous libérer de la gente masculine alors que vous visitez le septième ciel avec soit judicieux. À moins que vous ne soyez de ce bord.
- Et c’est nous qui sommes incorrigibles, hm ? »
Une fois de plus, leurs rires innocents résonnèrent dans les alentours. Ceux de trois insouciantes ayant quitté il y a peu l’adolescence, se confiant leurs secrets les plus excentriques. Puis Athial se retourna, jaugeant de haut en bas l’arrivant de ses iris mauves. Ses sœurs suivirent bien vite le mouvement, toutes trois dévorant du regard l’individu. Commençant par les pieds, elles remontèrent pour distinguer une robe digne des arcanistes les plus talentueux. Elle aussi manufacturée en vue d’épater les mirettes, elle se composait d’un mauve exquis parsemé d’or terni. Le rendu était renversant, particulièrement lorsqu’elles observèrent son visage. Les traits fins mais virils, les joues légèrement creuses, un sourire fin et sincère au coin des lèvres, et finalement une chevelure abondante d’un roux cendré, le mâle se lissant le bouc présent à son menton.
« Vlen ! Nous t’attendions. Tu as pris ton temps, une fois encore. Tu es ravissant.
- Le phénomène sait se faire désirer, mes chères. Mais après réflexion, je fais pâle figure en comparaison des trois déesses qui me font l’honneur de m’accorder toute leur attention.
- Toujours aussi éloquent et flatteur, à ce que je vois. Quelles sont les nouvelles ?
- Oh, et bien depuis ce matin, pas grand chose. Père vous cherche, il souhaite vous remettre vos prestigieux artefacts. »
Il s’approcha d’elles et franchit l’interface séparant l’herbe du sable, ses fines semelles venant s’aventurer sur la couche blanche et chaleureuse. Elles se tournèrent alors, observant à nouveau l’étendue bleue. Aussi en profita-t-il pour se glisser entre l’Aînée et sa jumelle, sa tête se posant sur l’épaulière de cette dernière, tandis que ses bras s’ouvrirent pour envelopper les trois sœurs. Nera tourna la tête une seconde pour le regarder du coin de l’œil, souriant avec engouement pour remonter sa main jusqu’aux cheveux roux du fier incantateur, ébouriffant ces derniers par d’incessants allers-retours.
« Il pourra bien attendre encore un peu, pas vrai ? Si jamais il se fâche, tu n’auras qu’à lui dire que nous t’avons retenu de force.
- Cette proposition me semble honnête, très chère. Et bien, que faites-vous ici ? Je vous vois échanger vos confessions depuis un certain temps.
- Tu nous observais, vil personnage ? Tu sais, si tu n’étais pas notre frère, cela ferait longtemps que tu serais qualifié de pervers par tous les domestiques.
- Allons, allons. Tout de suite les grands mots. Je ne faisais que vous admirer, c’est la moindre des choses que je puisse accorder aux trois plus belles femmes d’Azeroth. »
Ils les regarda successivement du mieux que sa position excentrique le lui permettait, les trois lui faisant une moue sur-jouée pour finalement se décider à lui accorder trois francs sourires. Il ferma les yeux un instant, satisfait des réactions, reprenant ensuite.
« Nathel n’est pas là ?
- Non, elle poursuit son apprentissage.
- Regrettable. Je veillerai à lui envoyer une lettre si par malchance je venais à ne pas la croiser.
- Ce n’est pas de sa faute, elle y met tout son cœur. Si elle continue ainsi, elle sera la prêtresse la plus talentueuse du Royaume.
- Je sais bien, Athial. D’ailleurs, tu te fais de plus en plus discrète toi aussi. Je vais finir par regretter le temps où nous nous disputions les ouvrages les plus fascinants de la bibliothèque.
- Que veux-tu. Là où l’un pratique ses incantations pour s’améliorer, l’autre parcourt les forêts. Mais regarde, je suis revenue pour le Solstice. N’est-ce pas le plus important ? »
Elle haussa un sourcil à son attention, se penchant légèrement en avant pour l’apercevoir, le bougre dissimulé derrière la chevelure de l’Aînée. Repéré, il libéra les trois de son emprise pour lever lentement les mains, signe de reddition. Elle secoua la tête en exposant un rictus complice, les deux sœurs laissant échapper un gloussement.
« Si, bien sûr que si, jeune Ranger. Mais qui serais-je si je venais à souhaiter ton éloignement, mh ? D’ailleurs, tout se passe bien avec Ereldan ? Le vieux pervers prend soin de toi ?
- Hé. Il n’y a que moi qui m’autorise à l’appeler ainsi, surveille tes mots, jeune insolent. Mais oui, tout va bien. Il est plus attentionné que jamais et je progresse à vue d’œil.
- Dans quel domaine ?... »
Il gloussa, les deux sœurs suivant sans retenue. Athial roula des yeux, à la fois amusée et gênée. Elle reprit sa place, les quatre ne formant plus qu’une ligne parfaite ; chacun observant le somptueux décor qui se présentait encore et toujours à eux. La journée aussi banale puisse-t-elle sembler fut néanmoins marquante, signe d’une symbiose qu’ils n’approcheraient plus jamais.
Quelque part entre Rouge-comté et la Tour de Castelrouge, de nos jours.
Et dans le campement improvisé par la Résistance, il était une personne repensant à cette idyllique journée. C’était la cadette, bien évidemment. Assise sur le sol, adossée à une caisse de ravitaillement ; une jambe tendue l’autre courbée tandis que son bras corrompu se posait sur son genou tel un cadavre inanimé et que le second longeait sa silhouette, l’elfe observait en contrebas le village désolé de Rouge-comté. La fumée était retombée depuis près de vingt-quatre heures maintenant. Et ce rideau à présent tombé ne laissait paraître qu’une piètre représentation. Un village abandonné serait qualifié de ruines. Celui-ci n’avait même pas cet honneur, tant les flammes avaient torturé les bâtisses. Du noir, encore et toujours. Ajouter un cratère au tableau lui vint même à l’esprit, cela aurait au moins donné à ces lieux l’impression que Deathwing lui-même y aurait posé sa macabre empreinte.
Ses yeux perçants lui permettaient encore de distinguer les vestiges du cloché, Le peu de bois ayant encore survécu était calciné jusqu’à son essence même. Quel gâchi. Alors se détourna-t-elle sur ce qui devait auparavant être des champs cultivés. Le résultat ne fut guère plus épatant. Une fois encore, l’empreinte de sa maudite famille y était apposée, ne laissant aux terres qu’une épaisse couche noirâtre. Elle devinait le nombre d’innocents tombés qui devaient d’ores-et-déjà se chiffrer par centaines, mais préférait se détourner de ces déprimantes pensées. Alors ferma-t-elle les yeux, repensant aux siens.
L’une était devenue folle, avide de pouvoir et de domination. Que restait-il d’elle ? D’après la discussion qu’elle eut avec Karlarn en Altérac, pas grand chose. Une âme d’un mauve agressif, vagabondant dans les ruines factices et imaginaires du Domaine. Elle avançait dans le hall principal, pour parfois daigner monter jusqu’au couloir desservant d’innombrables pièces. Mais chaque fois, le constat fut le même : le spectre s’arrêtait devant les portes grandes ouvertes, et ne se décidait pas à franchir le palier, préférant rebrousser chemin.
Mais elle n’était pas la seule à errer dans cette abîme, loin de là. Une autre s’y joignait, teintée de cette même couleur néfaste. Elle aussi avançait lentement, cherchant partout où se placer. Mais le cadre lui-même semblait lui refuser l’accès, alors était-elle encore une fois condamnée.
Le Sergent fronçait les sourcils, un Soldat s’attardant sur elle pouvant la juger schizophrène. Mais il n’en était rien, et ainsi entreprit-elle de poursuivre son observation d’outre-monde, d’autres spectres apparaissant, au nombre de trois. Eux se targuaient d’un turquoise apaisant, innocent mais tourmenté. À leur tour, elles se mirent à déambuler dans le bâtiment à feu et à sang ; et pourtant si austère, si mort. Contrairement à leurs pairs, elles parvenaient à accéder à ces pièces. Et, une fois à l’intérieur, qu’il s’agisse d’une chambre, d’un salon ou même d’une salle de bain, elles restaient immobiles une vingtaine de secondes durant, comme à attendre un évènement, une libération. Mais rien ne survint, et malgré leur apparence impassible, elles semblaient dépitées, faisant demi-tour avec lenteur et désinvolture pour s’égarer encore et toujours.
Athial, durant cette vision, laissa une infime larme parcourir sa joue. Cela n’était évident à accepter et encore moins à regarder. Pourtant, ces pensées semblaient si réelles, à tel point qu’elle fut tentée de tendre la main à l’un de ces spectres, pour le guider jusqu’à l’ultime sortie. Toujours lucide, elle se ravisa, se forçant à s’aventurer plus profondément encore. Lui vint alors comme une révélation. Révélation qui n’était pas puisque ce n’était pas la première fois qu’elle scrutait cet ensemble, loin de là. Et pourtant, chaque fois et celle-ci n’y dérogeant, une amère surprise l’assaillit. Une âme, qui contrairement à toutes les autres, demeurait immobile. Tête baissée et épaules tombantes, elle était fixée à l’un des piliers principaux du gigantesque hall, non-loin des escaliers ; par des chaînes d’un matériau inconnu, scintillant d’un blanc terne. Elle ne bougeait pas, fixe et inerte. Puis, d’un coup d’un seul, elle se mit à se débattre. Déterminée et farouche, elle qui semblait si docile se présentait sous un aspect bien plus combattif, prête à se déchirer les bras pour se libérer. Mais le verdict fut sans appel, et elle ne parvint à ses dessins. Aussi reprit-elle son immobilité d’avant, comme un individu subissant une agonie telle que toute résistance semblait digne d’un effort des plus héroïques.
La Ranger mit fin à sa tourmente, se plaquant la main sur le front, masquant ses larmes comme elle le pouvait. Se voulant aussi discrète que possible cet instant, nul ne remarqua cette douleur. Deux minutes plus tard, elle vint sécher sa tristesse en passant d’un geste bref sa main sous ses yeux. Elle inspira de tous ses poumons, pour ensuite expirer bruyamment, et se releva lentement pour se rapprocher du feu de camp plus loin à sa gauche où se réchauffaient plusieurs soldats. S’approchant, elle distingua le fantassin Mc. Lony. Il était timidement assis en tailleur, au sol, mangeant le repas miteux dont devaient se contenter les soldats en déplacement. Elle s’approcha lentement de lui, et ce dernier releva le nez en clignant des yeux.
« Bonsoir, Harlen. Je ne vous dérange pas ?
- Nullement, Sergent ! Ça n’a pas l’air d’aller, dites-moi. Venez donc vous asseoir. »
Il tapota la terre rigide à sa droite, se décalant légèrement dans quelques crissements d’armure. Elle opine faiblement, se plaçant au lieu proposé pour finalement laisser ses jambes céder, ses fesses venant se poser sur ses propres talons, tandis que ses bras se croisèrent sur ses genoux, sa tête tournée vers le soldat venant à son tour s’empiler par dessus.
« Qu’est-ce qui se passe, Lady Sunstolen ?
- Rien, rien. Je pense trop.
- Vous pensez. Des remords ?
- Oui.
- C’est bon signe, cela montre que vous êtes toujours « humaine ».
- Si vous le dites, Harlen. Je ne suis pas d’humeur à contester.
- Alors je suis satisfait. Un peu de soupe ? »
Il plaça son bras doit en retrait, laissant l’elfe voir le repas. Une vulgaire assiette creuse en fer, où se contenait un jus brun dans lequel quelques morceaux de viande se battaient avec deux ou trois malheureux légumes. Elle grimaça imperceptiblement, en retirant ensuite une moue souhaitée visible.
« Cela ira, merci. J’ai déjà dîné.
- Alors cela en fera encore plus pour moi, ha ha ! »
Elle sourit, non pas par envie mais simplement pour lui faire plaisir. Ce qui fonctionna, puisqu’il lui rendit un sourire sincère avant de plonger généreusement sa cuillère dans l’assiette pour ingurgiter bruyamment le jus. S’épargnant le tableau à la finesse contestable, Athial tourna la tête de l’autre côté, la tempe droite se troquant sur ses bras contre la gauche, la vision d’un soldat insouciant et naïf contre celle de Rouge-comté, à nouveau. Elle aperçut alors le Templier Nathaniel Shadowtracker, qui la veille avait dégusté la puissance de feu d’une sentinelle arcanique. Corps encore fragile, il se tenait à peu près droit à l’aide d’une béquille, tandis que certaines parties de son corps étaient entourées de généreux bandages. L’homme observant le lointain comme il le faisait si souvent derrière son heaume draenique qui ne permettait de distinguer ses expressions faciales. Le voyant de dos, elle se contenta de le fixer ainsi, quelques minutes, pour finalement se décider à se relever, incitée par on ne sait quelle logique à aller lui parler. Se positionnant juste à côté de lui, le fixant un bref instant du coin de l’œil, elle vint suivre le regard qu’elle devinait, une conversation veule s’annonçant.
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : Duché de Castel Roc ; Hautes-Terres Arathies. Date : 17/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Nettoyer le Poste de Garde Central de la présence Sunstolen
Participants : Premier Versatile Lordaeronnais, Troisième d'Infanterie Lordaeronnais, Troisième de Tireurs Lordaeronnais, Deuxième de Milice Lordaeronnais, Char à Vapeur 3 (CàV 3).
Déroulement de la mission :
Dans l’objectif de poursuivre l’armée Sunstolen, nous longeâmes cette dernière par l’Ouest en empruntant une direction identique, à savoir le Sud. En approchant du Poste de Garde Central, nous reçûmes un appel radio provenant d’une formation serrée de quatre de nos gyrocoptères, nous croisant perpendiculairement lorsqu’ils se dirigeaient vers les armées du Soleil-volé afin de les malmener et ainsi de les retarder. Au passage, ils prirent soin de survoler ledit poste de garde afin de vérifier son état. Il était en effet considéré comme en ruines et exempté de toute âme qui vive.
Ce ne fut malheureusement pas le cas, et quelques secondes à peine après avoir entamé la conversation avec le Généralissime, une gigantesque ligne de flammes vint scinder le ciel en deux. Elle toucha un gyrocoptère qui s’enflamma aussitôt. Suite à quoi, de nombreuses boules de feu provenant une fois encore du toit du poste de garde tentèrent de toucher les trois autres qui se dispersèrent derechef. Heureusement, ce fut un échec et nos trois gyrocoptères restant parvinrent à s’extirper du feu ennemi pour reprendre leur objectif, se dirigeant à nouveau vers l’Ouest.
Il semblait alors évident que le Poste de Garde n’était pas si vide que nous l’avions prévu. Le Généralissime fit donc le choix de laisser la majorité de nos effectifs poursuivre leur route tandis qu’un détachement dont nous faisions partie se chargerait de purger le poste. Nous nous sommes donc approchés du fortin, un char de transport se plaçant juste devant nous afin de nous couvrir l’éventuelle riposte des elfes de sang. Une fois à portée de tire, celle-ci ne se fit pas attendre. Des magistères et archers nous tirèrent dessus, des boules de feu venant s’écraser contre la paroi du char mais aussi sur des soldats n’ayant pas la chance d’être protégés. Nos archers répliquèrent en conséquence afin de les perturber. Pendant ce temps, nous continuions d’avancer avec la ferme intention de les expulser. Le char continua d’avancer, et quand la portée fut idéale, permit à son reciprocator nain de terrasser quelques elfes avant qu’ils n’entreprennent de se replier derrière la structure.
Un elfe encapuchonné se distingua alors, laissant émaner de la paume de sa main avant que nous puissions faire quoi que ce soit un flux abominable de flammes plus ardentes les unes que les autres. Visant le char, celui-ci encaissa avec difficulté l’agression, le reciprocator qui s’évertuait alors à canarder la toiture cessant de fonctionner. À peine eûmes-nous le temps de nous en remettre qu’une imposante sentinelle sortit du bâtiment. Animée de trois cristaux verdâtres, le Généralissime reconnut des modèles semblables à ceux des Solfuries. En effet, la sentinelle déploya ses bras et épaulières de pierre tandis que la magie nauséabonde se dispersa tout le long. Elle pointa de son bras une troupe de fantassins, et des éclairs d'arcane gangrenée filèrent jusqu'eux, ne laissant par la suite qu'un monticule de cadavres fraîchement grillés. Mais avant même qu’elle n’ait le temps d'attaquer notre engin, ce dernier fonça droit dessus, nous laissant à découvert. Il parvint à briser la protection centrale de la machine qui protégeait son cristal. Une fois cela fait, le char recula aussitôt. Le Généralissime se posta juste devant et tira à trois reprises sur le cristal. Ceci entraîna une surchauffe lorsqu’il se brisa, pour donner ensuite lieu à une explosion, des éclairs verdâtres et des flammes elles aussi teintées de cette couleur malfaisante se déversant sur la structure du fortin. La porte principale ne résista d’ailleurs pas au choc, la vieille pierre s’effondrant sur la sentinelle, nous bloquant ainsi l’accès. Les elfes de leur côté cessèrent de nous tirer dessus pour se replier.
Le Généralissime préconisa premièrement de bombarder le fortin, faute de pouvoir y accéder et de l’en débarrasser une bonne fois pour toute de ces maudits elfes de sang. Néanmoins, après vérification d’un gyrocoptère de reconnaissance, il s’avéra que les Sunstolen avaient quitté les lieux, probablement à l’aide d’un portail arcanique. Nous épargnâmes donc le poste de garde de ruines définitives, des unités s’employant à dégager l’accès principal.
Signature : H. Mc.Lony
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : Duché de Castel Roc ; Hautes-Terres Arathies. Date : 18/01/33. Type : Défense.
Objectif : Défendre la Forteressede la Marche des Géants
Participants : État-major de la Résistance ; Régiment d'Infanterie Bluefield (Cinquième d'Infanterie Lordaeronnais exclu), Régiment de Soutien Tard-Enclume, Régiment Arcanique Arcaneblast, Régiment de Milice Riverborn.
Déroulement de la mission :
Prévoyant l’arrivée du plus imposant détachement de l’armée Sunstolen, il fut donné pour ordre de se déployer sur les remparts et dans la cour principale afin de réceptionner en bonne et due forme ce premier. Ainsi nos divers engins de siège se placèrent derrière le rempart extérieur, plus ou moins similaire à celui de Stromgarde, tandis qu’archers et tourmenteurs prirent place au sommet de celui-ci. Tous préparés à les recevoir, nous attendîmes une heure à peine avant qu’une première torche se profile au loin, bien vite suivie par une centaine de ses semblables.
Face à tout cette masse de noir, de rouge et d’or se profilait un détachement constitué de la présente façon : premièrement, quatre sentinelles arcaniques, venant ensuite une vingtaine de fantassins, puis un groupe compact rassemblant une quinzaine de magistères et une dizaine de prêtres, puis finalement un court espacement avant que l’ensemble de l’armée ne se profile.
Les hostilités débutèrent lorsque nos balistes et mortiers firent feu sur ces troupes, quelques uns de nos archers entreprenant d’appuyer la frappe de la logistique. Une première tourelle explosa suite à l’impact d’un pieux contre son cristal central, entraînant au passage la perte de trois soldats se trouvant juste derrière. Magistères et prêtres parvinrent à se défendre convenablement. Le groupe continuait néanmoins son avancée. Une unité de dix elfes vêtant des tenues du Kirin Tor typées Sunreavers se détachèrent de la masse pour rattraper l’avant-groupe. Leurs premières balistes à portée tirèrent leurs pieux et disques acérés sur la porte principale, cette dernière, renforcée, tint bon. D’un autre côté, de nombreux archers menés par quelques Rangers thalassiens se découvrirent des nombreux reliefs rocheux entourant la forteresse. S’entama une bataille féroce entre nos frontaliers et eux, les innombrables flèches partant de chaque côté déchirant le ciel chaque seconde.
Les Sunreavers poursuivant leur remontée, ayant d’ores-et-déjà dépassé le groupe de magistères et de prêtres de la Lumière, furent les premiers à constater la riposte de la Résistance. Balistes et mortiers usèrent à nouveau de leurs capacités afin d’anéantir les balistes adverses, ce qui se révéla bien vite efficace si ce n’est redoutable. Nous constatâmes bien vite que nos pertes étaient bien moins importantes que les leurs, l’environnement nous offrant un avantage non-négligeable. Le groupe de dix arcanistes parvint enfin à portée des portes principales, hautes de plusieurs mètres ; alors que les trois sentinelles restantes et les vingt soldats étaient pour les unes hors de services, et pour les autres décédés. Se transférant sur ladite porte pour y plaquer leurs mains, ils déversèrent leur magie sous forme d’ondes arcaniques qui firent sauter les imposants gonds. Les quelques balistes dont ils disposaient encore tirant à leur sommet afin de les faire s’effondrer à l’intérieur même de la forteresse. Ils y parvinrent, la chute de ces deux immenses plaques mélangeant bois et acier tuant sur le coup quatre fantassins trop avancés.
Les Sunstolen firent face au reste de la logistique de la Résistance. Encore intacte et prête à terrasser ses opposants d’ores-et-déjà exténués, les Sunreavers préférèrent disparaître devant nos yeux plutôt que de poursuivre dans une folie certaine et sans retour. On entendit les officiers elfes de sang hurler la retraite, une majorité des effectifs encore debout reculant promptement tandis que les fantassins les plus avancés cédèrent à la panique pour se disperser dans les reliefs, nos soldats les poursuivant.
Ce fut une bataille décisive, et aussi cette victoire stabilisa nos acquis tout en ébranlant les leurs.
Signature : ∆. Sunstolen.
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur.
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Honorshore, quatre heures du matin.
Le pylône en bois contre lequel elle était appuyée lui semblait plus dur qu’à l’accoutumée. Il résonnait contre l’arrière de son crâne et exprimait son refus. Elle inspira lentement, ses épaules se soulevant naturellement ; pour finalement chasser toutes ses pensées en expirant. Ses épaules retombèrent d’un coup, tandis que sa main vint se plaquer contre son front et qu’elle toqua trois fois de la tête contre la structure. Bon sang, allez vous-en. Elle ferma les yeux en se massant les sinus, visage un tant soit peu élevé vers le ciel. Une jambe tendue l’autre courbée, elle était avachie sur la tour de guet qu’elle fréquentait tant. Sur sa cuisse, un support rigide recouvert de paperasse administrative. À sa droite, à même le sol, une plume noire et un encrier contenant un liquide tout aussi sombre. D’un geste soudain, elle prit cette première entre ses doigts, la trempant hâtivement pour écrire vite. Si vite que c’en était illisible. Au bout de trois lignes, elle joignit ses mains sur le papier pour le broyer, puis finalement jeter la boule par dessus le rebord, tombant ainsi bien, bien plus bas ; hors de portée de quiconque. Elle se plaqua les deux paumes contre le visage. Vous n’y arriverez pas. Je vaux mieux que cela. Puis frappa une fois encore l’arrière de sa tête contre le pylône. Vous n’y arriverez pas ! Qu’Il vous emporte ! Un soldat, de l’autre côté de la tour, quitta son poste pour se diriger vers ce « Bong. » dont elle était l’origine.
« Tout va bien ici ?
- ...
- On dirait bien que non.
- Cela ne vous regarde pas.
- Et tous mes frères d’arme tombés, vous allez aussi me dire que ça ne me concerne pas ? Hein ?
- ... Fichez-moi la paix, Soldat. »
Il cracha au sol pour retourner d’où il venait. Elle observa le glaire tombé à sa gauche un instant, fronçant les sourcils, détournant ensuite son regard vers le paysage qu’elle avait l’impression d’observer depuis près de cinq heures consécutives. L’inlassable reproche qui revenait une fois de plus. Ça oui, on n’avait cessé de lui répéter, si bien que même contre son gré, ces paroles finissaient par revenir la hanter. Si je vous tuais, là maintenant, cela nous éviterait d’innombrables cadavres. Et puis une autre. C’est ça la Résistance maintenant ? Accueillir des fugitifs qui nous vaudront du sang et des larmes ? Pfeuh, vous me répugnez. Et ainsi de suite. Il y en avait tant qu’elle ne les comptait même plus. Elle avait beau penser à son promis, son cher et tendre, cela ne suffisait pas. Elle vint vivement écarter son bras droit sur le côté, espérant un contact, un réconfort. Un peu de tendresse en somme. Personne. Il était probablement débordé, comme les derniers jours. Elle se ravisa, croisant ses doigts à sa nuque, la tête penchée vers le sol, le corps un tantinet recroquevillé. Suis-je dans le juste. Que fais-je ici. Pourquoi. Pourquoi moi. Une fois n’est pas coutume, elle expira tous ses poumons. Cela n’avait qu’un résultat contestable, tant l’assaut de ses tourments réapparaissait aussitôt.
Ils me répètent que tout sera bientôt fini. Que tout ira mieux. Mais qu’en savent-ils ? Ils ne savent rien. Je ne sais rien. Attrapant la plume, elle transperça trois fiches de rapport. Deux trous pour deux coups. D’un geste brut, elle dégagea les trois feuilles qui s’envolèrent au gré du vent. Se passant la main libre sur la figure, elle vit le Chevalier Liorel Ravensword. Il n’était pas là, bien sûr. Mais dans ses pensées, il semblait plus réel que ce qu’elle voyait concrètement. Et si je vous poussais, et que vous tombiez en bas ? Cela ne changerait rien, à présent. C’est trop tard. Mais cela soulagerait la plupart des soldats du fort.
Elle prit la peine de l’observer. Le moindre de ses traits, ses yeux, son expression. Tout. Il lui semblait haineux, mauvais. Aussi ce visage prit petit à petit une forme démoniaque, un démon qu’elle ne connaissait que trop bien. Une vieille connaissance, qui depuis son unique rencontre, pouvait se vanter d’avoir laissé sa marque intemporelle.
« Non. Tu n’es pas là. TU N’ES PLUS ! » Hurla-t-elle aussitôt à vive-voix, balançant le support qu’elle tenait entre les mains à la face du spectre. Le pauvre bout de bois rectangulaire le traversa, pour chuter dans le vide. Le soldat précédemment venu revint aussitôt d’un pas déterminé, la fusillant du regard, beuglant d’un ton plein de reproches.
« Mais ça va pas dans votre tête ?!
- Allez vous-en !
- C’est ça ouais ! Regardez-moi ça ! Vous êtes folle ! »
Excédée, son corps, plus précisément sa main, vint d’un geste machinal agripper la griffe de pugilat qui trônait à sa ceinture. Elle se releva avec une vitesse et une rage telle que l’homme ne put dégainer, se retrouvant d’ores-et-déjà avec les deux lames acérées sous la gorge. Elle l’observa avec une haine si profonde, si puissante, qu’il ne put se retenir de gémir d’effroi ; puis s’approcha son visage du sien, baissant la tête de ses deux imposants mètres vers le fantassin qui devait approcher le mètre quatre-vingts. Ses yeux verdâtres et luminescents semblaient en proie à un courroux incalculable. Alors sur un ton étouffé par la hargne, elle se fit bien comprendre.
« Encore une remarque, une seule, et je vous lapide sur le champ.
- Vous... vous ne pouvez pas ! Vous serez abattue !
- Au point où j’en suis, cela me conviendrait.
- ...
- Dégagez, maintenant. »
Sa paume gauche se plaça sur l’épaule de l’homme pour appuyer brutalement dessus tandis qu’elle abaissait sa griffe. L’homme tourna donc à soixante-dix degrés pour finalement se rattraper sur quelques pas hasardeux, reprenant vite sa place, le plus loin possible d’elle. Elle soupira. Voilà qu’après des rumeurs l’assénant du rôle de traître, de responsable de tous ces malheurs, une nouvelle venait s’ajouter ; celle d’une dégénérée mentale. D’un geste sec et maîtrisé du bras, sa pugilat se replaça dans son foyer. Elle se retourna à nouveau, plaquant sa paume contre le pylône de bois contre lequel elle était auparavant adossée, observant l’horizon. Il lui semblait flou, si différent de ses constatations habituelles. Même lui ne voulait d’elle, ou peut-être était-ce l’inverse. Elle n’en savait rien.
Elle avait l’air malin, là. Chargée du rapport, elle venait d’envoyer valser ses outils de travail par dessus la structure. Faute de quoi, elle fit demi-tour pour emprunter l’escalier en colimaçon pour se diriger vers le fort. Pendant que ses pas enchaînaient les marches, sa main se tenait à la rambarde, un peu comme une aveugle cherchant son chemin. Elle sentit un choc, qui la fit tomber fesses contre les marches, ses mains venant se plaquer contre ces dernières pour stabiliser ses appuis. Son regard vagabond se dirigeant naturellement vers la source de la collision. Une armure noire, un tabard bleu et blanc, un regard familier, c’était Ravensword.
Tout aussi surpris qu’elle de se rentrer l’un dans l’autre, il tenta d’un geste gentleman de l’aider à se relever en lui tendant la main gantée. Encore occupée à penser aux vices et aux malheurs, elle frappa le gantelet avec le dos de sa main droite dans un geste qui se voulait défensif. Ainsi résulta un « Poc. », l’épais gantelet armé de l’homme encaissant le coup sans broncher. Elle écarquilla les yeux, s’annonçant sur un ton apeuré, choqué.
« Pardon !.. Je... je suis désolée ! » Puis l’elfe s’éclipsa en dévalant les escaliers, le Chevalier ayant à peine le temps pour se retourner qu’elle n’était déjà plus là. Parvenue non loin du terrain d’entraînement, ce dernier vide à une heure pareille, elle se pencha en avant, ses bras tendus pour que ses mains se posent contre ses cuisses, la femme respirant d’un souffle effréné, presque au point de renvoyer son dîner. Elle resta ainsi près d’une demi-heure, jusqu’à ce que le soleil tout juste levé vienne l’éclairer de profil. Elle tourna légèrement la tête pour l’observer un instant, sa main se posant du tranchant sur son front pour se masquer les yeux, ses paupières se plissant instinctivement.
Le Sergent se dirigea jusqu’à sa destination promise, pénétrant le dortoir du Premier Versatile Lordaeronnais dans une grâce et une discrétion propre à ses origines. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’y était pas aventurée, et après réflexion, elle s’y sentait plutôt bien, malgré les âmes assoupies qui lui cachaient probablement encore plus de reproches qu’elle n’en avait déjà eu. Animée de gestes fermes et convaincus, sa main parvint finalement à rédiger ce qui devait être fait.
Ainsi finit-elle, déposant sa plume d’un geste exténué sur le bord de la table. L’esprit occupé à retranscrire du mieux qu’il le pouvait les événements passés, elle se sentait à présent vide. Plus aucune image ne lui venait à la tête. Ni démons, ni paysage, ni souvenirs. Juste le vide. Sans trop y penser, elle se releva pour laisser son corps la guider jusqu’aux quartiers du Capitaine Ancrespoir, afin de s’y reposer.
Le pylône en bois contre lequel elle était appuyée lui semblait plus dur qu’à l’accoutumée. Il résonnait contre l’arrière de son crâne et exprimait son refus. Elle inspira lentement, ses épaules se soulevant naturellement ; pour finalement chasser toutes ses pensées en expirant. Ses épaules retombèrent d’un coup, tandis que sa main vint se plaquer contre son front et qu’elle toqua trois fois de la tête contre la structure. Bon sang, allez vous-en. Elle ferma les yeux en se massant les sinus, visage un tant soit peu élevé vers le ciel. Une jambe tendue l’autre courbée, elle était avachie sur la tour de guet qu’elle fréquentait tant. Sur sa cuisse, un support rigide recouvert de paperasse administrative. À sa droite, à même le sol, une plume noire et un encrier contenant un liquide tout aussi sombre. D’un geste soudain, elle prit cette première entre ses doigts, la trempant hâtivement pour écrire vite. Si vite que c’en était illisible. Au bout de trois lignes, elle joignit ses mains sur le papier pour le broyer, puis finalement jeter la boule par dessus le rebord, tombant ainsi bien, bien plus bas ; hors de portée de quiconque. Elle se plaqua les deux paumes contre le visage. Vous n’y arriverez pas. Je vaux mieux que cela. Puis frappa une fois encore l’arrière de sa tête contre le pylône. Vous n’y arriverez pas ! Qu’Il vous emporte ! Un soldat, de l’autre côté de la tour, quitta son poste pour se diriger vers ce « Bong. » dont elle était l’origine.
« Tout va bien ici ?
- ...
- On dirait bien que non.
- Cela ne vous regarde pas.
- Et tous mes frères d’arme tombés, vous allez aussi me dire que ça ne me concerne pas ? Hein ?
- ... Fichez-moi la paix, Soldat. »
Il cracha au sol pour retourner d’où il venait. Elle observa le glaire tombé à sa gauche un instant, fronçant les sourcils, détournant ensuite son regard vers le paysage qu’elle avait l’impression d’observer depuis près de cinq heures consécutives. L’inlassable reproche qui revenait une fois de plus. Ça oui, on n’avait cessé de lui répéter, si bien que même contre son gré, ces paroles finissaient par revenir la hanter. Si je vous tuais, là maintenant, cela nous éviterait d’innombrables cadavres. Et puis une autre. C’est ça la Résistance maintenant ? Accueillir des fugitifs qui nous vaudront du sang et des larmes ? Pfeuh, vous me répugnez. Et ainsi de suite. Il y en avait tant qu’elle ne les comptait même plus. Elle avait beau penser à son promis, son cher et tendre, cela ne suffisait pas. Elle vint vivement écarter son bras droit sur le côté, espérant un contact, un réconfort. Un peu de tendresse en somme. Personne. Il était probablement débordé, comme les derniers jours. Elle se ravisa, croisant ses doigts à sa nuque, la tête penchée vers le sol, le corps un tantinet recroquevillé. Suis-je dans le juste. Que fais-je ici. Pourquoi. Pourquoi moi. Une fois n’est pas coutume, elle expira tous ses poumons. Cela n’avait qu’un résultat contestable, tant l’assaut de ses tourments réapparaissait aussitôt.
Ils me répètent que tout sera bientôt fini. Que tout ira mieux. Mais qu’en savent-ils ? Ils ne savent rien. Je ne sais rien. Attrapant la plume, elle transperça trois fiches de rapport. Deux trous pour deux coups. D’un geste brut, elle dégagea les trois feuilles qui s’envolèrent au gré du vent. Se passant la main libre sur la figure, elle vit le Chevalier Liorel Ravensword. Il n’était pas là, bien sûr. Mais dans ses pensées, il semblait plus réel que ce qu’elle voyait concrètement. Et si je vous poussais, et que vous tombiez en bas ? Cela ne changerait rien, à présent. C’est trop tard. Mais cela soulagerait la plupart des soldats du fort.
Elle prit la peine de l’observer. Le moindre de ses traits, ses yeux, son expression. Tout. Il lui semblait haineux, mauvais. Aussi ce visage prit petit à petit une forme démoniaque, un démon qu’elle ne connaissait que trop bien. Une vieille connaissance, qui depuis son unique rencontre, pouvait se vanter d’avoir laissé sa marque intemporelle.
« Non. Tu n’es pas là. TU N’ES PLUS ! » Hurla-t-elle aussitôt à vive-voix, balançant le support qu’elle tenait entre les mains à la face du spectre. Le pauvre bout de bois rectangulaire le traversa, pour chuter dans le vide. Le soldat précédemment venu revint aussitôt d’un pas déterminé, la fusillant du regard, beuglant d’un ton plein de reproches.
« Mais ça va pas dans votre tête ?!
- Allez vous-en !
- C’est ça ouais ! Regardez-moi ça ! Vous êtes folle ! »
Excédée, son corps, plus précisément sa main, vint d’un geste machinal agripper la griffe de pugilat qui trônait à sa ceinture. Elle se releva avec une vitesse et une rage telle que l’homme ne put dégainer, se retrouvant d’ores-et-déjà avec les deux lames acérées sous la gorge. Elle l’observa avec une haine si profonde, si puissante, qu’il ne put se retenir de gémir d’effroi ; puis s’approcha son visage du sien, baissant la tête de ses deux imposants mètres vers le fantassin qui devait approcher le mètre quatre-vingts. Ses yeux verdâtres et luminescents semblaient en proie à un courroux incalculable. Alors sur un ton étouffé par la hargne, elle se fit bien comprendre.
« Encore une remarque, une seule, et je vous lapide sur le champ.
- Vous... vous ne pouvez pas ! Vous serez abattue !
- Au point où j’en suis, cela me conviendrait.
- ...
- Dégagez, maintenant. »
Sa paume gauche se plaça sur l’épaule de l’homme pour appuyer brutalement dessus tandis qu’elle abaissait sa griffe. L’homme tourna donc à soixante-dix degrés pour finalement se rattraper sur quelques pas hasardeux, reprenant vite sa place, le plus loin possible d’elle. Elle soupira. Voilà qu’après des rumeurs l’assénant du rôle de traître, de responsable de tous ces malheurs, une nouvelle venait s’ajouter ; celle d’une dégénérée mentale. D’un geste sec et maîtrisé du bras, sa pugilat se replaça dans son foyer. Elle se retourna à nouveau, plaquant sa paume contre le pylône de bois contre lequel elle était auparavant adossée, observant l’horizon. Il lui semblait flou, si différent de ses constatations habituelles. Même lui ne voulait d’elle, ou peut-être était-ce l’inverse. Elle n’en savait rien.
Elle avait l’air malin, là. Chargée du rapport, elle venait d’envoyer valser ses outils de travail par dessus la structure. Faute de quoi, elle fit demi-tour pour emprunter l’escalier en colimaçon pour se diriger vers le fort. Pendant que ses pas enchaînaient les marches, sa main se tenait à la rambarde, un peu comme une aveugle cherchant son chemin. Elle sentit un choc, qui la fit tomber fesses contre les marches, ses mains venant se plaquer contre ces dernières pour stabiliser ses appuis. Son regard vagabond se dirigeant naturellement vers la source de la collision. Une armure noire, un tabard bleu et blanc, un regard familier, c’était Ravensword.
Tout aussi surpris qu’elle de se rentrer l’un dans l’autre, il tenta d’un geste gentleman de l’aider à se relever en lui tendant la main gantée. Encore occupée à penser aux vices et aux malheurs, elle frappa le gantelet avec le dos de sa main droite dans un geste qui se voulait défensif. Ainsi résulta un « Poc. », l’épais gantelet armé de l’homme encaissant le coup sans broncher. Elle écarquilla les yeux, s’annonçant sur un ton apeuré, choqué.
« Pardon !.. Je... je suis désolée ! » Puis l’elfe s’éclipsa en dévalant les escaliers, le Chevalier ayant à peine le temps pour se retourner qu’elle n’était déjà plus là. Parvenue non loin du terrain d’entraînement, ce dernier vide à une heure pareille, elle se pencha en avant, ses bras tendus pour que ses mains se posent contre ses cuisses, la femme respirant d’un souffle effréné, presque au point de renvoyer son dîner. Elle resta ainsi près d’une demi-heure, jusqu’à ce que le soleil tout juste levé vienne l’éclairer de profil. Elle tourna légèrement la tête pour l’observer un instant, sa main se posant du tranchant sur son front pour se masquer les yeux, ses paupières se plissant instinctivement.
Le Sergent se dirigea jusqu’à sa destination promise, pénétrant le dortoir du Premier Versatile Lordaeronnais dans une grâce et une discrétion propre à ses origines. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’y était pas aventurée, et après réflexion, elle s’y sentait plutôt bien, malgré les âmes assoupies qui lui cachaient probablement encore plus de reproches qu’elle n’en avait déjà eu. Animée de gestes fermes et convaincus, sa main parvint finalement à rédiger ce qui devait être fait.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : Duché de Castel Roc ; Hautes-Terres Arathies. Date : 19/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Expulser les elfes de Port-Lion.
Participants : État-major de la Résistance, Escouade de Commandement « Lothar » ; Régiment d'Infanterie Bluefield, Régiment de Soutien Tard-Enclume, Régiment Arcanique Arcaneblast, Régiment de Milice Riverborn, Régiment de Mercenaires Kernz.
Déroulement de la mission :
Suite à notre écrasante victoire sur les Sunstolen le 18 du mois de Janvier, nous entreprîmes de nous reposer une courte nuit afin, notamment, de récupérer le matériel, d’emprisonner les vaincus et de soigner nos blessés. Le lendemain, à l’aube, nous partîmes à leurs trousses afin de les rattraper et d’empêcher leur retraite. Et nous avons bien fait, après plusieurs heures de marches parmi toute cette roche, nous aperçûmes le Port-Lion. Village apte à n'accueillir que très peu de navires à la fois, entouré d’une crique pouvant elle-même en contenir d'autres tout aussi rares ; nous vîmes les elfes pénétrer l’enceinte des lieux et commencer leur massacre. En guise de soutien, nous avions au loin le « Lordaeron Kingdom Retribution », un imposant navire de guerre muni de plusieurs canons prêts à l’emploi ; et le « The Tirassian », une frégate. Avec nous, de nombreux soldats et un engin de siège.
Les Sunstolen attaquèrent les quelques cents soldats de marines se dressant face à eux, tandis que nous nous préparions à les prendre en étaux. S’y attendant, ils placèrent la majorité de leurs fantassins et toutes les sentinelles arcaniques à leur disposition pour former un barrage de bienvenue. Naturellement, nous chargeâmes et les premiers crissements des lames s’entrechoquant retentirent alentours. Nous fûmes bien vite appuyés par l’engin de siège qui par son canon mit en pièces deux sentinelles. Puis je vis les deux navires qui s’apprêtaient initialement à recevoir les fuyards quitter la crique pour se rendre sur la Mer Interdite. Effectivement, onze bateaux de flotte thalassienne portant les voiles du Soleil-volé apparurent l’instant d’après. Je présume donc que nos navires se chargèrent de batailler contre eux.
Pendant ce temps, nous continuâmes à nous battre contre les fantassins et sentinelles, notre nombre l’emportant au fur et à mesure sur leurs forces limitées qui ne cessaient de réduire au fil des secondes qui passaient. Le mage du Kirin Tor que je n’ai cessé de croiser durant notre contre-offensive se fraya un chemin à l’abris des regards indiscrets pour se dresser face à une masse noirâtre qui était à présent dressée face aux docks. Je suis certaine qu’il s’agissait de Vlen et de ses dix sbires, cette manifestation de corruption étant une regrettable habitude chez lui. L’elfe encapuchonnée fit scintiller son bâton qui se mit à briller vivement, formant un bouclier d’arcanes entre les marins toujours en vie et les démonistes. Ces derniers durent alors cesser de les éradiquer. Vlen se mit alors à rire comme un dément et à canaliser une incantation qui ne préservait rien qui vaille. Ses dix suivants occupèrent le mage en assénant de nombreux traits de l’ombre contre lui, qui ne sut d’ailleurs tous les éviter.
Puis je vis provenir de la mer un navire vêtu d’une coque massive et inébranlable. Il était parvenu à se frayer un chemin entre les coups de canon des deux flottes qui s’affrontaient, et se dirigeait à présent vers notre port. Notre engin tenta de l’éradiquer d’un boulet, mais un vif bouclier de Lumière se dressa autour dudit navire, le projectile se voyant ainsi simplement dévié dans l’eau. L’embarcation poursuivit ainsi son chemin pour accoster lentement mais sûrement le quai.
Pendant ce temps, L’Invocateur continuait toujours à canaliser, et le Chevalier-Maître Sedan Thelryn fut envoyé avec deux de ses plus fidèles chevaliers de sang pour assister les fantassins elfes qui commençaient dangereusement à réduire en nombre. Arrivant sur nous et dressée sur son destrier, elle fit une halte en nous menaçant. Plaçant son bras en retrait, sa main portant une hallebarde noire aux reflets bordeaux, elle imita le geste d’une personne envoyant une lance transpercer une cible. Et c’est ce qui se produisit. Sa hallebarde fut animée d’une vive Lumière aveuglante, l’aura formant ainsi une silhouette en forme d’arme de près de deux mètres de longueur. Elle effectua le geste, la couche de Lumière se détachant de l’arme pour se diriger droit vers l’engin de siège. Le « harpon de Lumière » continua de grandir durant ce court parcours pour faire dans les quatre-cinq mètres, et s’initia avec une aisance déconcertante la coque du véhicule. Nous entendîmes aussitôt des cris d’effroi et d’agonie provenir de ce dernier, j’en convins qu’il s’agissait de l’équipe de pilotage qui vivait ses dernières heures. Et à peine avais-je constaté cela qu’elle chargea, son destrier sautant par dessus le cadavre d’une sentinelle arcanique pour se retrouver juste devant le Paladin Isna’Esin qui n’eut même pas le temps de souffler que la hallebarde la frappa d’estoc dans le ventre. Elle s’écroula ainsi au sol. Notre nombre nous fis finalement remporter la victoire face à elle et ses deux semblables. Néanmoins, le Sombrefer Garung Ombrerune échappa à la mort de justesse, tout comme le Sergent Marchal.
Et pendant ce temps, une silhouette se distingua du navire, s’avançant sur le ponton dans une droiture et une pureté sans égales. J’ai immédiatement reconnu Nathel. Elle fixa l’agent du Kirin Tor un instant, celui-ci lui rendant le regard, suite à quoi ce dernier fit signe aux marins encore en vie (approximativement vingt hommes) de s’enfuir par la gauche. Elle suivit le mouvement d’un pas plus lent. Les dix démonistes Sunstolen quittèrent alors leur formation circulaire autour de Vlen pour monter dans le bateau en prenant soin de contourner la Prêtresse, cette dernière observant avec véhémence l’Invocateur. Les deux restèrent immobiles tandis qu’il nous fut hurlé de reculer du village, ne laissant plus âme qui vive si ce ne sont les soldats agonisants au sol, les nôtres comme les leurs.
Ayant atteint une distance convenable, nous entendîmes une détonation. Vlen qui était encore perceptible venait de disparaître sous une couche de fumée d’un noir absolu, celle-ci se répandant au sol comme l’eau se déverserait dans un village lors d’un raz-de-marée. D’un autre côté, un magnifique bouclier de Lumière sous forme d’un mur se dressa entre le navire de guerre Sunstolen et le quai, la fumée le contournant pour ainsi épargner l’embarcation. En se dissipant, nous vîmes des spectres mauves quitter le corps de tous les frais cadavres pour se diriger lentement vers le responsable de toute cette affliction. Ayant déjà assisté aux faits de mon frère, je puis affirmé qu’il a récolté les âmes de tous les individus tombés ce soir. Elfes comme humains.
Aussi puis-je dire que même si nous sommes parvenus à nos fins, à savoir expulser définitivement le Soleil-volé des terres de Castel Roc, ceci se fit au prix de trop nombreuses vies. Nous laissant ainsi sur ce tableau amer, le navire quitta aussitôt le port pour rejoindre la Mer Interdite. Nous apprîmes peu de temps après que nos deux navires ne subirent lors de l’affrontement naval que de légers dégâts, leur efficacité redoutable et une mutinerie de la part d’archers Siana embarqués sur un des navires thalassiens nous permettant ainsi de récupérer trois navires en bon état.
Signature : ∆. Sunstolen
Lu et approuvé :
Ainsi finit-elle, déposant sa plume d’un geste exténué sur le bord de la table. L’esprit occupé à retranscrire du mieux qu’il le pouvait les événements passés, elle se sentait à présent vide. Plus aucune image ne lui venait à la tête. Ni démons, ni paysage, ni souvenirs. Juste le vide. Sans trop y penser, elle se releva pour laisser son corps la guider jusqu’aux quartiers du Capitaine Ancrespoir, afin de s’y reposer.
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Au Généralissime Darnat Sombrecoeur,
Suite à la visite du Général Siana, du Paladin Ancrespoir et du Ranger Captain Sunstolen, nous entreprîmes de croire pour des raisons qui nous sont propres aux différentes accusations portées contre la Matriarche.
Aussi pouvons-nous vous affirmer que nous combattrons à vos côtés avec dévotion afin de destituer cette vipère de son Domaine, jusqu'à l'au-delà s'il le faut.
Vous trouverez ci-joint une carte représentant approximativement le Soleil-volé, basée sur mes connaissances et celles du Ranger Captain.
Ce dernier prendra je n'en doute pas soin de vous remettre ces quelques mots en main propre.
Que le Soleil vous guide de ses flammes éternelles.Lieutenant Edrel Dawnriver
Doredhel, le Vingt-deux de l'an Trente-trois
- Signature personnelle -
- Signature des adjudants -
- Signature des sergents -
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : Soleil-volé ; Quel'thalas. Date : 25/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Prendre le port et ainsi établir une tête de pont.
Participants : État-major de la Résistance ; Fraternité du Loup Noir, Garde Prétorienne, Escouade de Commandement « Lothar », Escouade d'Intervention « Trollbane » ; Ordre de Fenris, Chevalier Garhim Lightshield, Chevalier Balador Brillelame, deux écuyers ; Régiment d'Infanterie Bluefield, Premier Versatile Lordaeronnais, Deuxième Versatile Lordaeronnais, Quatrième d'Infanterie Lordaeronnais, Troisième de Reconnaissance Lordaeronnais ; Régiment Arcanique Arcaneblast ; Régiment de Soutien Tard-enclume, Cinquième de Soutien Lordaeronnais ; Régiment de Milice Riverborn, Deuxième de Milice Lordaeronnais ; Armée Siana, Troisième section de Flèches, Cinquième section de Flèches, Première section de Forestiers, Troisième section de Gardes, Flotte Siana composée d'un Destroyer elfique et de deux navires de commerces ; Logistique diverse ; Troupes dissidentes du Lieutenant Dawnriver.
Déroulement de la mission :
Quittant Honorshore à l’aide de quelques frégates de la Résistance, nous nous dirigeâmes en direction du Soleil-volé. Après une escale à Doredhel où nous troquâmes nos embarcations par celles des Sunstolen récupérées lors de notre dernier affrontement ; nous passâmes ainsi relativement inaperçus sur les flots. En guise de navires, nous eûmes un Elven Destroyer du nom de « Suntracker » et deux bateaux de commerce, l’ « Alah’dinoriel » et le « Kim’belore ». Nous fûmes assignés au premier de ce trio, afin d’ouvrir la voie. Le trajet fut calme et nulle péripéties ne vinrent.
Nous initiant dans l’estuaire séparant le nord du Sanctum Occidental du reste des bois thalassiens, nous vîmes rapidement le port du Soleil-volé, qui semblait relativement vide. Nous dressâmes un voile illusoire devant notre flotte restreinte afin d’économiser un maximum de distance avant que l’affrontement n’ait lieu. Ainsi progressant, il se distingua au fur et à mesure quelques mouvement, signifiant la concrète présence des elfes. Le Suntracker parvînt ainsi à accoster, notre passerelle prête à tomber pour que nous puissions charger. Un détachement d’elfes provenant de la tour principale se dirigeait d’ailleurs vers nous, comprenant un négociateur, quatre sentinelles arcaniques et une vingtaine de fantassins. Probablement avaient-ils perçu notre supercherie. Le groupe se présenta ainsi face à notre navire, pacifique ; tandis que le Kim’belore et l’Alah’dinoriel, plus massifs, étaient toujours affairés à des manœuvres afin d’accoster.
Le Général Siana dressa aussitôt sa main sur le négociateur, afin de lui asséner un éclair arcanique. L’elfe visé imita le geste afin de dévier l’attaque in-extremis, sa noble tenue se troquant pour un ensemble du Kirin Tor remanié aux couleurs des Sunreavers. Alors le Général et ses tourmenteurs dressèrent un imposant bouclier violacé. La passerelle s’abaissant, nos soldats chargeâmes derechef, entrant ainsi en collision avec le groupe ennemi. Depuis ma position, j’aperçus de nombreux archers et magistères se positionner sur les rampes extérieures de la tour, prêts à faire feu. En conséquence, nos archers se positionnèrent sur le ponton supérieur, décidés à riposter dès que possible.
Le Chevalier Proudlion mena ainsi l’assaut terrestre, appuyé par nos divers effectifs. Ils firent face aux rayons arcaniques des sentinelles adverses, parvenant néanmoins à abattre une partie des fantassins et à supprimer une sentinelle. Pendant ce temps, le bouclier arcanique protégeant notre navire encaissait les différents assauts, mettant parfois à rude épreuve Lady Siana et ses mages. Nos archers en profitèrent pour abattre les leurs, réduisant quelque peu leur dangereux nombre. Cependant, un magistère manifesta une explosion pyrotechnique qui parvint à s’initier dans le bouclier et toucher le mât principal, qui prit aussitôt feu en manquant de courber l’échine. Aussitôt, le Général invoqua un élémentaire d’eau pour que celui-ci se charge d’éteindre les flammes qui rampaient sur le navire. Le début d’incendie fut immédiatement maîtrisé, et il fut décidé de révoquer le bouclier arcanique afin de riposter. Magistères et archers Sunstolen dégustèrent, chutant parfois de la tour suite aux blessures subies.
De leur côté, les deux autres navires parvinrent à accoster, eux aussi ayant le droit à leur comité d’accueil. Le ciel ne cessait d’être déchiré entre les innombrables flèches et sorts le traversant, qu’importe le flanc de la tour observé. Nos fantassins étant parvenus à défaire l’intégralité du groupe s’opposant à nous, un second se profila en provenance de la tour. Nous reconnûmes une sentinelle typée Solfury, animée tout comme celle que nous affrontâmes à Castel Roc de cristaux verdâtres. Connaissant la capacité d’une telle machine, tous nos effectifs tentèrent de la supprimer au plus vite. Mais la chose ne fut pas aussi aisée que prévue, les fantassins l’accompagnant nous bloquant la route. Ainsi parvint-elle à dresser ses gigantesques paumes de pierre, des éclairs d’arcane gangrenée venant s’abattre sur nous. Le Sergent Marchal, le Paladin Almasy et Barricade - le golem du Sombrefer Ombrerune - furent violemment touchés, s’effondrant au sol, pris entre spasmes et agonie. Six autres soldats furent de leur côté emportés, foudroyés sur place. Le frontalier Dacres tenta bien de briser le cercle de pierre protégeant le cristal arcanique de ladite sentinelle à l’aide d’un tir, mais celui-ci encaissa le choc. Et tandis que nous faisions tout notre possible pour éradiquer les Sunstolen et ainsi dégager la voie jusqu’à ce fléau, la sentinelle frappa à nouveau, abattant plus de soldats encore tout en touchant Shadowtracker, qui parvint grâce à la Lumière à rester conscient, poursuivant ses frappes.
Les archers et magistères du Soleil-volé quant à eux ne cessaient de réduire. Un assaut de flèches enflammées vint s’abattre sur l’Elven Destroyer, enflammant au passage la voile du mât secondaire. L’élémentaire toujours présent parvint vite à éliminer les incendies, tandis que le Général et les tourmenteurs continuaient de riposter, parvenant finalement à se faire replier les quelques archers et magistères encore en vie. Les deux troupes de l’Alah’dinoriel et du Kim’belore progressaient plus vite que nous, et s’initièrent ainsi dans la tour. Nous entendîmes, et ce malgré le fracas des lames se heurtant, divers cri d’effroi et de douleur provenant de ladite tour. Le frontalier Firmen et le nain Ombrerune se ruèrent finalement sur la sentinelle, parvenant à l’aide du frontalier Dacres à briser le cristal de la sentinelle. Celle-ci surchauffa alors, avant d’imploser. Firmen fut forcé d’abandonner son arme pour se replier, mais le nain ne parvint à s’extirper, et fut emporté dans l’explosion puis rejeté plusieurs mètres en arrière, tué sur le coup.
Les quelques rares Sunstolen encore présents cédèrent à la panique, s’enfuyant tandis que nous les poursuivîmes sur quelques mètres, les rattrapant bien vite. Les deux autres troupes de leur côté ayant nettoyé la tour. Nous prîmes ainsi possession des lieux, nous attelant à soigner les divers blessés de la soirée en attendant de poursuivre plus loin dans le Soleil-volé, en empruntant l’Interminable.
Signature : ∆. Sunstolen
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Srem
Re: Opération Sunshatter.
Et pendant ce temps, dans la Flèche du Soleil-volé.
Au sommet de cette dernière, la Matriarche se tenait droite, mains dans le dos. Face à elle, une vue infinie. L’Interminable partant du bas jusqu’au fin fond de son champ de vision, elle remonta lentement celle-ci. Le cœur du domaine, réduit depuis sa vue à l’état d’un gigantesque toît scindé en son centre ; puis les infinis et imperfectibles jardins verdoyants, agrémenté de quelques tables et bancs pour l’heure désertés ; le fier rempart, agrémenté des portes principales où siégeait le gigantesque cristal gangrené, déversant une énergie rampante sur ses protégées ; la dense et impénétrable forêt ; pour apercevoir finalement le port, qu’elle distinguait à peine malgré sa vue perçante. Ce tableau, elle le connaissait par cœur, ayant de nombreuses décennies pu le contempler sans jamais s’y attarder. Rattrapant le temps perdu, c’est ce qu’elle fit, détaillant les moindres parcelles, aussi insignifiantes soient-elles. Le soleil, au loin, s’apprêtait à se coucher. Elle plissait en conséquence les yeux, exposant ainsi un regard tout aussi protecteur que vindicatif, songeant au devenir de ce somptueux paysage. Un homme vint briser cette âme pensive, s’initiant dans la pièce en haletant. Il se pencha en avant, posant ses paumes sur ses genoux, essoufflé.
« Matriarche, le... les humains ! Ils ont prit le port. Nos effectifs ne sont plus. » Elle fronça encore plus ses longs sourcils grisâtres. Ses mains liées à ses reins se détachèrent pour lentement contourner ses hanches, se croisant finalement sous sa poitrine. Elle inspira lentement puis expira, levant les yeux vers le ciel dégagé qui se présentait face à elle.
« Rien de surprenant. Nos défenses ne sont pas pleinement constituées. Envoyez cinq escouades suicide. Il faut les retarder. » Nathel, présente dans un recoin de la pièce et effacée comme elle sait si bien le faire, fit un pas en avant, posant les yeux sur Nera, cette dernière lui tournant le dos. Son halo de Lumière systématiquement présent au sommet de sa tête se mit à luire plus intensément qu’à l’accoutumée, vibrant d’admirables effluves. L’Aînée s’en rendit compte, se tournant vers elle, la toisant de ses yeux méprisants.
« N’y pense même pas. C’est une nécessité. Peut-être préfères-tu voir ces sauvages pénétrer notre bastion et massacrer les nôtres un à un ? Femmes, enfants, ils ne feront aucune distinction. Tes néophytes, aussi purs soient-ils, n’y échapperont pas. Peut-être même iront-ils jusqu’à abuser d’eux, ou de toi ? » La prêtresse se figea, inexpressive. Son halo redevint calme et modéré l’espace d’une demi-dizaine de secondes, avant de repartir dans ses fantaisies, les effluves dorés dansant. Pour les innombrables années passées aux côtés d’elle, Nera parvint à distinguer pour la première et unique fois une expression désinvolte, si ce n’est amère. Aussitôt, elle reprit avant que la situation ne lui échappe.
« Et bien, vas-y ! VAS-Y TE DIS-JE ! Tu auras l’air maligne après. Regarde ça, j’ai du mal à imaginer que ta maudite Lumière réponde à tes appels. Tu es lâche et primaire. Nulle bataille ne se gagne sans sacrifice, et tu le sais. La vie n’a rien d’un conte de fée. » Fit-elle, aboyant sur sa sœur. Cette dernière serra lentement son poing droit, pour finalement soupirer.
« Je n’ai pas attendu que tu me le dises pour m’en rendre compte. » Répliqua-t-elle, de son ton calme. Seule l’Aînée connaissait assez les ficelles de la prêtresse pour distinguer que cette sérénité n’était que surface. Une couche extérieure, apte à convaincre n’importe qui, à l’exception de ceux informés de la supercherie. La Matriarche avait pu voir cette affaire se rôder au fil des décennies, aussi passa-t-elle au dessus de cette quiétude.
« Oh. Je vois. Tu as quelque chose à me reprocher, peut-être ? Tu devrais me remercier de t’avoir protégé toutes ces décennies. De nous protéger à l’heure qu’il est. » Dit-elle, sur un ton outré, haussant par la suite un sourcil prononcé en s’approchant de Nathel, intimidante.
« N’inverse pas les rôles. » Fut l’unique réponse de l’avatar de Lumière. Sur un ton toujours aussi mielleux, toujours aussi innocent. Nera leva la main et menaça l’elfe de son index, celui-ci s’agitant juste face à son visage.
« J’ai fait bien plus que tu ne pourras jamais faire, même si la Lumière venait à t’accorder un siècle supplémentaire ! » Le halo s’évanouit d’un coup, Nathel fermant les yeux pour finalement quitter la pièce d’un pas tout aussi inébranlable que rapide, passant à côté de l’officier sans daigner lui accorder la moindre attention. La Matriarche se mit alors à sourire, satisfaite un court instant en observant ledit fantassin, qui se ratatina sur lui même.
« Voyez l’œuvre des Paternels. Un bouclier implacable qui jamais ne me fera faux bond. Qu’elle approuve ou non m’importe peu. Elle m’est liée et soumise. » L’homme cilla, perplexe. Nera n’avait pas pour habitude de se confier, encore moins aux troupes. Et pourtant, cette fois-ci, elle délivrait un secret gardé de tous au premier venu. Il lui vint à l’esprit que la fin était probablement proche, et qu’elle n’avait plus rien à à cacher, à perdre. Il avala sa salive, tandis que la femme le toisant reprit un ton incisif, celui lui convenant tant.
« Et alors ?! Vous comptez me regarder longtemps ainsi ? Exécution ! Et emportez une vingtaine de sentinelles avec vous. Qu’ils périssent dans les flammes. » Il salua promptement, pour se retourner au pas de course vers la sortie. L’Aînée l’observa disparaître de son champ de vision, se retournant finalement vers la vue subjuguante qu’elle avait quitté auparavant. Expirant tous ses poumons dans une infime complainte, elle prit un ton éteint, s’adressant à ce qui s’étendait devant elle.
« Qu’ai-je fait. Est-ce ainsi que tu viens me détrôner, Athial ? »
Au sommet de cette dernière, la Matriarche se tenait droite, mains dans le dos. Face à elle, une vue infinie. L’Interminable partant du bas jusqu’au fin fond de son champ de vision, elle remonta lentement celle-ci. Le cœur du domaine, réduit depuis sa vue à l’état d’un gigantesque toît scindé en son centre ; puis les infinis et imperfectibles jardins verdoyants, agrémenté de quelques tables et bancs pour l’heure désertés ; le fier rempart, agrémenté des portes principales où siégeait le gigantesque cristal gangrené, déversant une énergie rampante sur ses protégées ; la dense et impénétrable forêt ; pour apercevoir finalement le port, qu’elle distinguait à peine malgré sa vue perçante. Ce tableau, elle le connaissait par cœur, ayant de nombreuses décennies pu le contempler sans jamais s’y attarder. Rattrapant le temps perdu, c’est ce qu’elle fit, détaillant les moindres parcelles, aussi insignifiantes soient-elles. Le soleil, au loin, s’apprêtait à se coucher. Elle plissait en conséquence les yeux, exposant ainsi un regard tout aussi protecteur que vindicatif, songeant au devenir de ce somptueux paysage. Un homme vint briser cette âme pensive, s’initiant dans la pièce en haletant. Il se pencha en avant, posant ses paumes sur ses genoux, essoufflé.
« Matriarche, le... les humains ! Ils ont prit le port. Nos effectifs ne sont plus. » Elle fronça encore plus ses longs sourcils grisâtres. Ses mains liées à ses reins se détachèrent pour lentement contourner ses hanches, se croisant finalement sous sa poitrine. Elle inspira lentement puis expira, levant les yeux vers le ciel dégagé qui se présentait face à elle.
« Rien de surprenant. Nos défenses ne sont pas pleinement constituées. Envoyez cinq escouades suicide. Il faut les retarder. » Nathel, présente dans un recoin de la pièce et effacée comme elle sait si bien le faire, fit un pas en avant, posant les yeux sur Nera, cette dernière lui tournant le dos. Son halo de Lumière systématiquement présent au sommet de sa tête se mit à luire plus intensément qu’à l’accoutumée, vibrant d’admirables effluves. L’Aînée s’en rendit compte, se tournant vers elle, la toisant de ses yeux méprisants.
« N’y pense même pas. C’est une nécessité. Peut-être préfères-tu voir ces sauvages pénétrer notre bastion et massacrer les nôtres un à un ? Femmes, enfants, ils ne feront aucune distinction. Tes néophytes, aussi purs soient-ils, n’y échapperont pas. Peut-être même iront-ils jusqu’à abuser d’eux, ou de toi ? » La prêtresse se figea, inexpressive. Son halo redevint calme et modéré l’espace d’une demi-dizaine de secondes, avant de repartir dans ses fantaisies, les effluves dorés dansant. Pour les innombrables années passées aux côtés d’elle, Nera parvint à distinguer pour la première et unique fois une expression désinvolte, si ce n’est amère. Aussitôt, elle reprit avant que la situation ne lui échappe.
« Et bien, vas-y ! VAS-Y TE DIS-JE ! Tu auras l’air maligne après. Regarde ça, j’ai du mal à imaginer que ta maudite Lumière réponde à tes appels. Tu es lâche et primaire. Nulle bataille ne se gagne sans sacrifice, et tu le sais. La vie n’a rien d’un conte de fée. » Fit-elle, aboyant sur sa sœur. Cette dernière serra lentement son poing droit, pour finalement soupirer.
« Je n’ai pas attendu que tu me le dises pour m’en rendre compte. » Répliqua-t-elle, de son ton calme. Seule l’Aînée connaissait assez les ficelles de la prêtresse pour distinguer que cette sérénité n’était que surface. Une couche extérieure, apte à convaincre n’importe qui, à l’exception de ceux informés de la supercherie. La Matriarche avait pu voir cette affaire se rôder au fil des décennies, aussi passa-t-elle au dessus de cette quiétude.
« Oh. Je vois. Tu as quelque chose à me reprocher, peut-être ? Tu devrais me remercier de t’avoir protégé toutes ces décennies. De nous protéger à l’heure qu’il est. » Dit-elle, sur un ton outré, haussant par la suite un sourcil prononcé en s’approchant de Nathel, intimidante.
« N’inverse pas les rôles. » Fut l’unique réponse de l’avatar de Lumière. Sur un ton toujours aussi mielleux, toujours aussi innocent. Nera leva la main et menaça l’elfe de son index, celui-ci s’agitant juste face à son visage.
« J’ai fait bien plus que tu ne pourras jamais faire, même si la Lumière venait à t’accorder un siècle supplémentaire ! » Le halo s’évanouit d’un coup, Nathel fermant les yeux pour finalement quitter la pièce d’un pas tout aussi inébranlable que rapide, passant à côté de l’officier sans daigner lui accorder la moindre attention. La Matriarche se mit alors à sourire, satisfaite un court instant en observant ledit fantassin, qui se ratatina sur lui même.
« Voyez l’œuvre des Paternels. Un bouclier implacable qui jamais ne me fera faux bond. Qu’elle approuve ou non m’importe peu. Elle m’est liée et soumise. » L’homme cilla, perplexe. Nera n’avait pas pour habitude de se confier, encore moins aux troupes. Et pourtant, cette fois-ci, elle délivrait un secret gardé de tous au premier venu. Il lui vint à l’esprit que la fin était probablement proche, et qu’elle n’avait plus rien à à cacher, à perdre. Il avala sa salive, tandis que la femme le toisant reprit un ton incisif, celui lui convenant tant.
« Et alors ?! Vous comptez me regarder longtemps ainsi ? Exécution ! Et emportez une vingtaine de sentinelles avec vous. Qu’ils périssent dans les flammes. » Il salua promptement, pour se retourner au pas de course vers la sortie. L’Aînée l’observa disparaître de son champ de vision, se retournant finalement vers la vue subjuguante qu’elle avait quitté auparavant. Expirant tous ses poumons dans une infime complainte, elle prit un ton éteint, s’adressant à ce qui s’étendait devant elle.
« Qu’ai-je fait. Est-ce ainsi que tu viens me détrôner, Athial ? »
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : L’Interminable ; Soleil-volé. Date : 26/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Progresser sur l’Interminable, passer la forêt.
Participants : État-major de la Résistance ; Fraternité du Loup Noir, Garde Prétorienne, Escouade de Commandement « Lothar », Escouade d'Intervention « Trollbane » ; Ordre de Fenris, Chevalier Garhim Lightshield, Chevalier Balador Brillelame, deux écuyers ; Régiment d'Infanterie Bluefield, Premier Versatile Lordaeronnais, Deuxième Versatile Lordaeronnais, Quatrième d'Infanterie Lordaeronnais, Troisième de Reconnaissance Lordaeronnais ; Régiment Arcanique Arcaneblast ; Régiment de Soutien Tard-enclume, Cinquième de Soutien Lordaeronnais ; Régiment de Milice Riverborn, Deuxième de Milice Lordaeronnais ; Logistique diverse.
Déroulement de la mission :
Suite à notre conquête du port, nous reprîmes la route en direction du Domaine. Après une heure de marche, nous parvînmes face au rempart naturel qu’offre la forêt entourant le Soleil-volé. Afin de progresser avec notre logistique, nous fûmes contraints de poursuivre sur l’Interminable qui demeure le seul passage dégagé pour progresser. Ainsi, nous nous disposâmes de sorte à ce qu’un détachement - dont nous faisions partie - éclaire notre direction en compagnie de Rangers et archers. Nous pénétrâmes alors l’enceinte naturelle. La nuit étant tombée, la visibilité de nombre de nos effectifs était réduite, rendant les lieux propice aux embuscades. Aussi avons-nous avancé prudemment. Après quelques courtes minutes de marche, quelques sons suspects provinrent de notre droite, parmi les milliers d’arbres sur nos flancs. Nous nous arrêtâmes malgré les risques encourus afin de clarifier la situation, et un preste-patte sauvage déboula de la pénombre et se jeta sur Firmen, qui fut mordu sauvagement au bras avant de vitre être abattu par le frontalier Jensen.
Afin de ne pas prendre, nous reprîmes la route. D’autres sons similaires se manifestèrent, et bien vite le Paladin Isna’Esin nous hurla de nous couvrir. D’innombrables flèches furent tirées sur nous depuis les arbres, et je parvins à distinguer des dizaines de yeux verts scintiller dans la nuit. Rangers et archers adverses commencèrent ainsi les hostilités, et nos pertes furent inquiétantes sur le coup. Malgré cela, nous ripostâmes avec brio en leur rendant l’appareil ou en nous ruant dessus avant qu’ils ne parviennent à se dissimuler dans la dense forêt. Balgrum Ombrerune et Jensen eurent la folie de quitter la route pour s’initier dans les bois, territoire de prédilection de nos assaillants. Je les perdis de vue.
Suite à quoi, se profila au loin une marée de fantassins épaulée par des sentinelles arcaniques, avançant à un rythme régulier sur l’Interminable en notre direction. Le Généralissime donna ses ordres, et nos lance-glaives se placèrent derrière nous, les sentinelles Siana les assistant. Nous lançâmes la charge et ils nous imitèrent, la première ligne embrassant son homologue avec brutalité après que nous ayons subi le feu des sentinelles qui parvinrent à supprimer deux balistes et un lance-glaive. Au fur et à mesure, nous primes l’avantage. Nos Rangers et archers continrent la force des leurs, et notre surnombre fit penché la balance en notre faveur. Leurs sentinelles tombant les unes après les autres, il en fut de même pour leurs soldats, bien que nos pertes furent elles aussi conséquentes.
Leurs soldats cédèrent à la panique tandis que leurs Rangers s’étaient d’ores-et-déjà éclipsés dans les confins de la forêt, nous permettant ainsi de l’emporter sans trop de mal. Mais nous ne sommes pas dupes, et avons bien constaté, à la vue de l’absence d’officiers et de véritables effectifs, que cette contre-offensive n’était qu’une contrainte afin de nous retarder. Les Sunstolen blessés furent soignés puis conditionnés. Nous espérons qu’ils se rendront compte de la folie qui anime la Matriarche et qu’ils accepteront de se joindre à nous.
Signature : ∆. Sunstolen
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : L’Interminable ; Soleil-volé ; Quel'thalas. Date : 27/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Franchir le rempart du Soleil-volé.
Participants : État-major de la Résistance ; Fraternité du Loup Noir, Garde Prétorienne, Escouade de Commandement « Lothar », Escouade d'Intervention « Trollbane » ; Ordre de Fenris, Chevalier Garhim Lightshield, Chevalier Balador Brillelame, deux écuyers ; Régiment d'Infanterie Bluefield, Premier Versatile Lordaeronnais, Deuxième Versatile Lordaeronnais, Quatrième d'Infanterie Lordaeronnais, Troisième de Reconnaissance Lordaeronnais ; Régiment Arcanique Arcaneblast ; Régiment de Soutien Tard-enclume, Cinquième de Soutien Lordaeronnais ; Régiment de Milice Riverborn, Deuxième de Milice Lordaeronnais ; Logistique diverse.
Déroulement de la mission :
À peine étions-nous sortis de la forêt que nous fîmes face à la porte principale du Domaine. Celle-ci était protégée par un cristal gangrené de taille considérable situé au-dessus, flottant à son sommet. Lorsque nous fûmes visibles par les Sunstolen, ces derniers dressèrent de nombreux boucliers arcaniques autour du cristal, qui fut bien vite considéré par la Résistance comme notre objectif principal. Effectivement, celui-ci déversait sa magie sur la porte, ondulant sur celle-ci tel une couche apte à protéger les structures de bois et d’acier.
Nous distinguâmes quelques mouvements dans les deux tours protégeant la porte. Quelques magistères, de rares archers, mais surtout quatre tourelles arcaniques fixes. Ces dernières, d’une technologie elfique moderne propre à ma famille, se voyaient néanmoins porter la signature du savoir éthérien. Elles nous fixèrent, sans tirer. Toujours sur l’Interminable et ne profitant d’aucun couvert, nous tirâmes profit de cette position désavantageuse cet avantage en tirant à l’aide de nos lance-glaive et catapultes sur le cristal. Les tourelles firent feu sur les projectiles s’annonçant dans le ciel, en supprimant la plupart en plein vol, tandis qu’un pieux parvint à briser deux boucliers d’une traite, rendant la couche arcanique recouvrant le cristal moins opaque. Néanmoins, à peine avons-nous répété l’action que des fantassins appuyés par quelques sentinelles s’annoncèrent à deux heures et à dix heures, provenant vraisemblablement de l’Académie et de la Retraite. Nous profitâmes de leur distance pour laisser nos archers en emporter une partie et supprimer une sentinelle, tandis que notre logistique continuait de faire feu aussi bien sur la porte que sur le cristal. Voyant le résultat modeste, le Général donna pour ordre de supprimer les tourelles qui anéantissaient notre force de frappe. Aussi furent-elles nos nouvelles cibles, et nous parvînmes après deux vagues à en supprimer une paire, n’en laissant alors qu’un chiffre équivalent actif.
Puis nous fûmes assaillis par les archers et Rangers encore situés dans les bois, notre logistique encore dans le sanctuaire naturel. Les forces Siana répliquèrent aussitôt et empêchèrent ainsi à cette embuscade d’être pleinement efficace, épargnant de fait notre logistique. Magistères et prêtres furent visibles sur les tours du rempart. Les premiers nous lancèrent de multiples sorts afin de malmener nos troupes et nos engins, tandis que les seconds dressèrent un bouclier de Lumière par dessus ceux d’arcane entourant le cristal. L’assaut des magistères fut de surcroît appuyé par les tourelles qui tirèrent. Ainsi, malgré les conjurations diverses de nos tourmenteurs et du Général, ils parvinrent à neutraliser d’une traite deux catapultes et notre avant-dernier lance-glaive. Les fantassins et sentinelles Sunstolen nous chargeant approchaient dangereusement de nous. Les sentinelles Siana ayant fait feu sur eux n’étant parvenu à les dérouter, nos fantassins se préparèrent à les accueillir, et la mêlée sanglante s’annonça ainsi.
Le conflit de poursuivit, notre peu d’engins restant s’attelant à tirer sur le cristal et la porte. Le résultat fut en dessous de nos espérances, puisque la porte ne semblait nullement inquiétée par notre assaut tandis que le cristal, alors vulnérable puisque dénudé de ses divers boucliers, se vit aussitôt protégé par un gigantesque bouclier circulaire de Lumière. Lumineux tel un soleil, je reconnus les talents de Nathel, mais je ne parvins à la localiser, et il me semblait alors difficilement concevable d’imaginer nos faibles attaques parvenir à le briser. Pourtant, c’est ce qui se produisit. J’ignore si ma sœur fut surprise par notre dernière vague de tirs ou si cela était volontaire, néanmoins un pieux parvint à s’initier et à briser le cristal. Un flot répugnant de felmagie en émana alors sous forme d’éclairs verdâtres et d’effluves multiples, pour que, finalement, une détonation sans précédent vienne s’abattre sur toute la région. Nous sentîmes le sol trembler, et vîmes les deux tours s’effondrer devant, sur et derrière la porte, le rempart demeurant quant à lui intact malgré les secousses. Nous profitâmes de cette diversion pour abattre les fantassins s’opposant à nous, et une fois ceci fait, nous nous dépêchâmes sous les ordres du Général à déplacer nos troupes restantes jusqu’à la base même du rempart, de sorte à pouvoir éviter le feu des tourelles que Lady Siana se refusa d’abattre.
Autant dire que cette victoire fut inespérée, et que nous emportâmes avec elle une bonne partie des défenses restantes de ma sœur aînée. Preuve en est que nous longeâmes le mur pendant près d’une demi-heure pour nous retrouver face aux portes de l’Académie. Ces dernières, exemptes de défenses, furent bien vite abattues par les sentinelles Siana. Ainsi, nous pénétrâmes l’enceinte des lieux pour finalement sécuriser les deux voies, afin de reprendre des forces et soigner nos blessés.
Signature : ∆. Sunstolen
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Srem
Re: Opération Sunshatter.
La Flèche, quartiers privés de Nathel.
Une silhouette curieuse et discrète se faufilait dans l’unique couloir. Sol tapissé d’un épais tissu d’un mauve pâle et simple, il était éclairé par la lumière extérieure, cette dernière passant à travers les pièces desservies par le corridor aussi bien à droite qu’à gauche, comptabilisant ainsi six pièces achevant le chemin emprunté par une porte de bois traité, fermée. La curieuse entreprit donc, sur des pas de velours, de jeter un œil à chacune d’entre elles, à la recherche de quelque chose. Sa tête dépassa pour observer la première chambre. Ensemble humble mais efficace, elle disposait d’un lit circulaire aux draps d’un bleu absolu, de quelques étagères d’un aspect similaire aux portes, et finalement d’une bougie éteinte. Un coup d’œil furtif dans les recoins... Rien. Elle fit une légère moue puis ôta ses mains du bord du mur.
Elle se dirigea tout aussi discrètement jusqu’à la seconde pièce. Même constat, quelques objets sans aucune valeur en plus tout au mieux, des bibelots, et inlassablement une défunte bougie. Alors passa-t-elle à la troisième, et ainsi de suite, animée de cette furtivité mêlant grâce et légèreté, à la façon d’une adolescente fouillant dans des pièces interdites. Finalement, elle se retrouva face à la sixième portée, située juste à côté de la septième, la dernière. Celle se présentant juste devant sa silhouette était entre-ouverte. Alors, lentement, elle ouvrit en posant son index puis en poussant simplement.
La pièce était une fois de plus identique. Mais, au rebord de la fenêtre, se trouvait une bougie quant à elle embrasée, apportant au lieu un infime voile chaleureux caractérisé par quelques lueurs hasardeuses. Nera fronça imperceptiblement les sourcils, puis s’approcha de celle-ci, observant. La cire coulée laissait indiquer que cela faisait près de deux heures qu’elle tenait vaillamment sa flamme face au temps, alors haussa-t-elle une épaule pour se tourner, venant se pencher près de la table de nuit disposée contre le mur à sa droite, tirant le tiroir supérieur en espérant trouver de quoi combler ses attentes. Elle tomba sur une montre à gousset. Aux mille détails mais néanmoins usée, elle reconnut cet objet précieux que Père sortait de temps à autres pour vérifier l’heure, avant d’entamer le pas pressé qui lui convenait tant. Elle sourit un instant, récupérant l’objet entre ses mains, pour finalement le serrer dans son poing droit. Elle se releva lentement et prit soin de refermer le petit tiroir, glissant l’objet acquis dans sa besace.
Elle se retourna, sortit de la pièce, disposa la porte comme elle l’était avant son passage, puis se tourna à quatre-vingt-dix degrés sur la gauche, se retrouvant nez à nez avec la porte close. Posant la tempe et l’oreille contre le bois, elle put ressentir de légères vibrations se manifestant sous forme d’une mélodie silencieuse. Elle posa délicatement sa main sur la poignée ronde, puis la fit tourner pour ouvrir, l’ultime pièce se dévoilant à ses yeux. Contrairement aux autres pièces qui se devaient d’être des chambres, celle-ci était bien plus spacieuse, comme un salon vaste destiné à recevoir une dizaine de personnes. Baie vitrée laissant apparaître l’Interminable, le soleil timide de la matinée venait éclairer une partie de la pièce. Les lieux se présentant de gauche à droite au fur et à mesure que la porte s’ouvrait, elle se contenta premièrement d’observer la vue, celle qu’elle avait contemplé il y a quelques jours à peine. Différence étant que les portes principales du Domaine, auparavant intactes et fières, protégées par le démentiel cristal gangrené, n’étaient plus, réduites à l’état de ruines particulièrement si l’on venait à s’attarder sur les ruines des deux tours à présent effondrées. Elle baissa lentement les yeux, pour tomber sur une demi sphère, formant une sorte de carapace au sol. La manifestation divine mélangeant avec splendeur des couleurs bienfaisantes telles que le doré, le blanc et un jaune vif, celles de la Lumière. Étonnamment, elle ne fut pas aveuglée par toute cette clarté, n’ayant même pas besoin de plisser les yeux pour protéger ses rétines. Il faut dire que tout cet éclat ne rayonnait pas sur les murs, ni même le plafond, non. Une source compacte d’énergie pure qui se réservait à elle-même.
Alors Nera sourit, s’approchant avec tout autant de discrétion qu’avant. Sur la pointe des pieds, elle s’initia dans la pièce, puis déposa au sol ses deux lames de pugilat dont elle avait hérité après son incursion dans le Sunwell. Suintantes de felmagie, lesdites reliques laissèrent quelques infimes effluves ramper sur le sol lorsqu’elles furent déposées, la magie nauséabonde n’ayant néanmoins pas l’outrance de poursuivre davantage. L’Aînée ne s’en préoccupant poursuivit ses pas jusqu’à placer un bras en avant, la pointe de ses doigts gantés venant toucher le bouclier. Aucune douleur ne vint, simplement une douce chaleur tandis que la Lumière venait lentement se prolonger sur les phalanges, à la façon d’une amante caressant son promis. Alors elle poursuivit, s’insérant en entière dans le bouclier divin. À l’intérieur, tout était calme, les effluves faisant lentement le tour de la sphère. Simplement Nathel, assise en tailleur au centre du demi-cercle, à même le sol, les mains posées sur ses genoux à la façon d’un moine. Nera haussa un sourcil ravi, puis s'accroupit pour lentement entourer Nathel de ses bras, dans une gestuelle fraternelle. Approchant la tête de la sienne, elle put constater du coin de l’œil que sa sœur possédait les paupières closes. Alors vint elle lentement poser sa tempe contre elle, lui susurrant à l’oreille.
« Comment vas-tu, Nathel. »
Elle ne répondit pas. La Matriarche écarta alors lentement sa tête, l’observant de profil, pour constater que son halo de Lumière n’était toujours pas réapparu depuis le temps. Quant au visage et ses expressions, ils étaient neutres, impassibles, purs ; comme d’habitude. Elle soupira doucement, venant recourber ses doigts sur les hanches de Nathel, plissant le tissu de sa robe ; reprenant sur un ton mielleux et confident.
« Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Tu nous a condamné. »
Nera fut surprise sur l’instant, et observa avec inquisition sa protégée. Cette dernière, après ces quelques mots, ouvrit lentement les yeux, fixant un horizon fictif juste devant elle. Sa respiration lente et calme laissait paraître une sérénité absolue. Puis, au bout d’une dizaine de secondes, elle tourna la tête sur sa droite, observant l’Aînée dans le fond des yeux, placide ; attendant une réponse.
« Pourquoi me dis-tu cela ? Demande plutôt à Athial ! C’est elle qui nous a amené tous ces chiens de Lordaeron !
- Elle n’est pas responsable. Ta folie l’est.
- Fais attention à ce que tu dis, jeune idiote ! Je ne fais que nous protéger.
- Qu’entends-tu par « nous » ?
- Toi, ma famille, ceux qui nous tiennent à cœur. »
Nera, pour l’une des rares fois où cela arrivait, cessa de la regarder, ses yeux fuyant vers le sol. Nathel ne jugea pas l’attitude, se contentant de poursuivre dans son impassibilité absolue et intacte, laissant son regard vague reprendre le dessus. La Matriarche la jaugea à nouveau, soupirant.
« Tu n’ignores pas dans quelle situation nous sommes. Nous devons nous protéger mutuellement, afin de vaincre l’adversité.
- Jamais tu ne m’as protégé. Pourquoi commencerais-tu ?
- Ne dis pas ça ! J’ai toujours été là pour toi.
- Si tu le dis. »
Le silence s’initia à nouveau. L’une se sentait coupable, et les doutes de son interlocutrice n’arrangeaient en rien la tournure de ses pensées. Alors elle secoua la tête, ses cheveux d’un gris terne et souillé caressant brièvement la chevelure blanche de sa congénère. Fronçant les sourcils, elle prit un ton vindicatif, presque accusateur.
« Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! Qu’est-ce qui ne va pas, à la fin ?!
- Toi.
- Développe.
- Ma bonté a des limites. Tu es allée trop loin.
- Serait-ce une menace ?
- Aucunement. Je ne te reconnais plus. »
La prêtresse quitta ses songeries pour l’observer à nouveau, son pragmatisme se troquant pour une pointe de compassion. Nera la foudroya du regard, mauvaise. Alors Nathel soupira tout doucement, revenant à son impassibilité l’instant d’après. Les deux sœurs restèrent ainsi immobiles et inertes quelques minutes durant, la plus âgée daignant finalement relancer la conversation, sur un ton un tantinet plus avenant.
« Serais-tu en train de me dire que tu songes à rompre ton serment ?
- Je ne peux pas.
- Mais si tu le pouvais, le ferais-tu ?
- Je préfère ne pas me poser la question. »
Puis la demi-sphère de Lumière dans laquelle les deux êtres conversaient se révoqua en un clin d’œil. La talentueuse pugiliste haussa un sourcil contrarié, levant les yeux vers le plafond, à présent visible. Nathel de son côté ne cilla même pas, demeurant flegme, fixant à présent l’horizon visible par la baie vitrée ; se recroquevillant lentement, de sorte à entourer ses genoux de ses mains. Nera, au delà de sentir le réconfort environnant se réduire, puis sentir un nouveau palier se franchir, sans qu’aucune manifestation visible ne puisse le prouver.
« Ils ont franchi l’Académie.
- Je sais.
- Tu devrais y aller, afin de sauver nos hommes.
- Vous en avez déjà tué tant, toi et l’Invocateur.
- Pourquoi le nommes-tu ainsi plutôt que par son prénom ?
- Son âme n’est plus.
- N’importe quoi.
- Tu es aveuglée par ses belles paroles.
- Qu’importe ! Il est ton frère, tu lui dois respect et protection !
- Mon serment ne me lie qu’à toi. »
Nera prit une expression outrée et indignée. Elle ôta ses mains des hanches de sa sœur pour se relever vivement, avançant de trois pas pour prendre ses pugilats, en empoignant une pour pointer Nathel avec. Haineuse et méprisante, elle reprit un ton aboyant, crachant ses mots.
« Je sais maintenant pourquoi le cristal a cédé ! Tu n’as pas été surprise, tu l’as voulu !
- La Lumière l’a voulu.
- C’est ça ! Range-toi derrière cette horreur pour justifier ta faiblesse !
- Je dis la vérité. Plus le temps passe et moins la Lumière me répond.
- Je m’en moque éperdument ! Dirige-toi vers l’Académie et anéantis les !
- Je n’irai pas. Ces lieux sont maudits.
- Tu iras à l’Académie ! C’EST UN ORDRE ! »
Nathel ferma les yeux, sourcils froncés. Sans trop se faire attendre, elle se releva lentement avec déférence, se retournant vers la Matriarche pour incliner respectueusement la tête, Lui jetant un regard plein de peine une fraction de seconde, elle s’en détacha finalement pour amorcer sa marche jusqu’au lieu décidé, dans une démarche modérée, sur un pas simple. Quittant la pièce, elle énonça quelques derniers mots, sans se retourner ni s’arrêter.
« Pense à éteindre la dernière bougie en partant. »
Trop occupée à médire intérieurement sa sœur, l’Aînée ne releva pas la signification de cette demande, aussi se contenta-t-elle d’acquiescer, observant la prêtresse s’éloigner d’elle, l’orbe de téléportation visible plus loin. Nera soupira en la voyant poser sa main dessus et ainsi disparaître de son champ de vision. Elle raccrocha alors ses deux pugilats à sa ceinture pour se retourner lentement vers la baie vitrée, s’attardant sur les portes principales en ruines. Son poing se serra, l’elfe promettant à la cadette et à l’armée de la Résistance mille souffrances. Elle fit finalement demi-tour, sa cape claquant avec panache, la Matriarche se dirigeant d’un pas conquérant vers l’orbe pour l’emprunter à son tour. Passant devant la sixième pièce, elle fut interpelée par la timide lueur toujours présente à la fenêtre. Observant la bougie comme si elle allait lui répondre, elle reprit finalement sa route, se retrouvant après un flash arcanique au dernier étage de la Flèche, donnant sur un couloir desservant son bureau. Vlen s’y trouvant, il sourit avec démence, sa peau visible touchée par quelques marques verdâtres. Elle l’observa un instant, puis lui lança d’un ton sec.
« J’espère que tes démons et expériences s’avèreront efficace. Il n’y a plus qu’eux et Nathel entre cette maudite armée et nous.
- Si notre sœur sait bien se tenir, ils les épuiseront, et nous n’aurons plus qu’à les cueillir.
- Nathel ne nous fera pas faux bond. Elle n’osera pas. »
Il acquiesça en guise de réponse. Sa mutation s’était amorcée. Ses cheveux bordeaux s’étaient troqués pour un noir absolu. Ses mains revêtaient l’apparence de griffes démoniaques et de timides cornes naissaient sur son front. Nera n’en fut ni surprise, ni inquiétée, voyant en ces extrêmes leur unique porte de sortie. Néanmoins, elle songea à cette fameuse journée ensoleillée qu’elle avait partagé avec ses proches. Voyant successivement Vlen avant et maintenant, elle ne put s’empêcher de voir qu’il avait changé du tout au tout. Elle conserva sa pensée pour elle, impassible.
La prêtresse de son côté s’était retrouvé dans le hall principal de la Flèche, au rez-de-chaussée. Continuant sa marche droite et inébranlable, elle ralentit néanmoins le rythme pour s’arrêter. Après trente secondes d’inactivité totale, elle tourna son buste et sa tête, de sorte à apercevoir la Flèche du coin de l’œil. Elle n’était pas dupe. Seule, elle n’avait absolument aucune chance face au reste de la Résistance. Elle savait de plus que les horreurs qu’elle allait rencontrer à l’Académie allaient mettre son sang froid à rude épreuve. Alors, après un calme et long soupir, elle reprit sa route, laissant à la Lumière le soin de décider de son avenir, et de celui de sa famille.
À la fenêtre, l’infime lueur toujours vaillante finit par s’éteindre naturellement, ayant consommé toute la cire dont elle disposait pour subsister.
Une silhouette curieuse et discrète se faufilait dans l’unique couloir. Sol tapissé d’un épais tissu d’un mauve pâle et simple, il était éclairé par la lumière extérieure, cette dernière passant à travers les pièces desservies par le corridor aussi bien à droite qu’à gauche, comptabilisant ainsi six pièces achevant le chemin emprunté par une porte de bois traité, fermée. La curieuse entreprit donc, sur des pas de velours, de jeter un œil à chacune d’entre elles, à la recherche de quelque chose. Sa tête dépassa pour observer la première chambre. Ensemble humble mais efficace, elle disposait d’un lit circulaire aux draps d’un bleu absolu, de quelques étagères d’un aspect similaire aux portes, et finalement d’une bougie éteinte. Un coup d’œil furtif dans les recoins... Rien. Elle fit une légère moue puis ôta ses mains du bord du mur.
Elle se dirigea tout aussi discrètement jusqu’à la seconde pièce. Même constat, quelques objets sans aucune valeur en plus tout au mieux, des bibelots, et inlassablement une défunte bougie. Alors passa-t-elle à la troisième, et ainsi de suite, animée de cette furtivité mêlant grâce et légèreté, à la façon d’une adolescente fouillant dans des pièces interdites. Finalement, elle se retrouva face à la sixième portée, située juste à côté de la septième, la dernière. Celle se présentant juste devant sa silhouette était entre-ouverte. Alors, lentement, elle ouvrit en posant son index puis en poussant simplement.
La pièce était une fois de plus identique. Mais, au rebord de la fenêtre, se trouvait une bougie quant à elle embrasée, apportant au lieu un infime voile chaleureux caractérisé par quelques lueurs hasardeuses. Nera fronça imperceptiblement les sourcils, puis s’approcha de celle-ci, observant. La cire coulée laissait indiquer que cela faisait près de deux heures qu’elle tenait vaillamment sa flamme face au temps, alors haussa-t-elle une épaule pour se tourner, venant se pencher près de la table de nuit disposée contre le mur à sa droite, tirant le tiroir supérieur en espérant trouver de quoi combler ses attentes. Elle tomba sur une montre à gousset. Aux mille détails mais néanmoins usée, elle reconnut cet objet précieux que Père sortait de temps à autres pour vérifier l’heure, avant d’entamer le pas pressé qui lui convenait tant. Elle sourit un instant, récupérant l’objet entre ses mains, pour finalement le serrer dans son poing droit. Elle se releva lentement et prit soin de refermer le petit tiroir, glissant l’objet acquis dans sa besace.
Elle se retourna, sortit de la pièce, disposa la porte comme elle l’était avant son passage, puis se tourna à quatre-vingt-dix degrés sur la gauche, se retrouvant nez à nez avec la porte close. Posant la tempe et l’oreille contre le bois, elle put ressentir de légères vibrations se manifestant sous forme d’une mélodie silencieuse. Elle posa délicatement sa main sur la poignée ronde, puis la fit tourner pour ouvrir, l’ultime pièce se dévoilant à ses yeux. Contrairement aux autres pièces qui se devaient d’être des chambres, celle-ci était bien plus spacieuse, comme un salon vaste destiné à recevoir une dizaine de personnes. Baie vitrée laissant apparaître l’Interminable, le soleil timide de la matinée venait éclairer une partie de la pièce. Les lieux se présentant de gauche à droite au fur et à mesure que la porte s’ouvrait, elle se contenta premièrement d’observer la vue, celle qu’elle avait contemplé il y a quelques jours à peine. Différence étant que les portes principales du Domaine, auparavant intactes et fières, protégées par le démentiel cristal gangrené, n’étaient plus, réduites à l’état de ruines particulièrement si l’on venait à s’attarder sur les ruines des deux tours à présent effondrées. Elle baissa lentement les yeux, pour tomber sur une demi sphère, formant une sorte de carapace au sol. La manifestation divine mélangeant avec splendeur des couleurs bienfaisantes telles que le doré, le blanc et un jaune vif, celles de la Lumière. Étonnamment, elle ne fut pas aveuglée par toute cette clarté, n’ayant même pas besoin de plisser les yeux pour protéger ses rétines. Il faut dire que tout cet éclat ne rayonnait pas sur les murs, ni même le plafond, non. Une source compacte d’énergie pure qui se réservait à elle-même.
Alors Nera sourit, s’approchant avec tout autant de discrétion qu’avant. Sur la pointe des pieds, elle s’initia dans la pièce, puis déposa au sol ses deux lames de pugilat dont elle avait hérité après son incursion dans le Sunwell. Suintantes de felmagie, lesdites reliques laissèrent quelques infimes effluves ramper sur le sol lorsqu’elles furent déposées, la magie nauséabonde n’ayant néanmoins pas l’outrance de poursuivre davantage. L’Aînée ne s’en préoccupant poursuivit ses pas jusqu’à placer un bras en avant, la pointe de ses doigts gantés venant toucher le bouclier. Aucune douleur ne vint, simplement une douce chaleur tandis que la Lumière venait lentement se prolonger sur les phalanges, à la façon d’une amante caressant son promis. Alors elle poursuivit, s’insérant en entière dans le bouclier divin. À l’intérieur, tout était calme, les effluves faisant lentement le tour de la sphère. Simplement Nathel, assise en tailleur au centre du demi-cercle, à même le sol, les mains posées sur ses genoux à la façon d’un moine. Nera haussa un sourcil ravi, puis s'accroupit pour lentement entourer Nathel de ses bras, dans une gestuelle fraternelle. Approchant la tête de la sienne, elle put constater du coin de l’œil que sa sœur possédait les paupières closes. Alors vint elle lentement poser sa tempe contre elle, lui susurrant à l’oreille.
« Comment vas-tu, Nathel. »
Elle ne répondit pas. La Matriarche écarta alors lentement sa tête, l’observant de profil, pour constater que son halo de Lumière n’était toujours pas réapparu depuis le temps. Quant au visage et ses expressions, ils étaient neutres, impassibles, purs ; comme d’habitude. Elle soupira doucement, venant recourber ses doigts sur les hanches de Nathel, plissant le tissu de sa robe ; reprenant sur un ton mielleux et confident.
« Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Tu nous a condamné. »
Nera fut surprise sur l’instant, et observa avec inquisition sa protégée. Cette dernière, après ces quelques mots, ouvrit lentement les yeux, fixant un horizon fictif juste devant elle. Sa respiration lente et calme laissait paraître une sérénité absolue. Puis, au bout d’une dizaine de secondes, elle tourna la tête sur sa droite, observant l’Aînée dans le fond des yeux, placide ; attendant une réponse.
« Pourquoi me dis-tu cela ? Demande plutôt à Athial ! C’est elle qui nous a amené tous ces chiens de Lordaeron !
- Elle n’est pas responsable. Ta folie l’est.
- Fais attention à ce que tu dis, jeune idiote ! Je ne fais que nous protéger.
- Qu’entends-tu par « nous » ?
- Toi, ma famille, ceux qui nous tiennent à cœur. »
Nera, pour l’une des rares fois où cela arrivait, cessa de la regarder, ses yeux fuyant vers le sol. Nathel ne jugea pas l’attitude, se contentant de poursuivre dans son impassibilité absolue et intacte, laissant son regard vague reprendre le dessus. La Matriarche la jaugea à nouveau, soupirant.
« Tu n’ignores pas dans quelle situation nous sommes. Nous devons nous protéger mutuellement, afin de vaincre l’adversité.
- Jamais tu ne m’as protégé. Pourquoi commencerais-tu ?
- Ne dis pas ça ! J’ai toujours été là pour toi.
- Si tu le dis. »
Le silence s’initia à nouveau. L’une se sentait coupable, et les doutes de son interlocutrice n’arrangeaient en rien la tournure de ses pensées. Alors elle secoua la tête, ses cheveux d’un gris terne et souillé caressant brièvement la chevelure blanche de sa congénère. Fronçant les sourcils, elle prit un ton vindicatif, presque accusateur.
« Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! Qu’est-ce qui ne va pas, à la fin ?!
- Toi.
- Développe.
- Ma bonté a des limites. Tu es allée trop loin.
- Serait-ce une menace ?
- Aucunement. Je ne te reconnais plus. »
La prêtresse quitta ses songeries pour l’observer à nouveau, son pragmatisme se troquant pour une pointe de compassion. Nera la foudroya du regard, mauvaise. Alors Nathel soupira tout doucement, revenant à son impassibilité l’instant d’après. Les deux sœurs restèrent ainsi immobiles et inertes quelques minutes durant, la plus âgée daignant finalement relancer la conversation, sur un ton un tantinet plus avenant.
« Serais-tu en train de me dire que tu songes à rompre ton serment ?
- Je ne peux pas.
- Mais si tu le pouvais, le ferais-tu ?
- Je préfère ne pas me poser la question. »
Puis la demi-sphère de Lumière dans laquelle les deux êtres conversaient se révoqua en un clin d’œil. La talentueuse pugiliste haussa un sourcil contrarié, levant les yeux vers le plafond, à présent visible. Nathel de son côté ne cilla même pas, demeurant flegme, fixant à présent l’horizon visible par la baie vitrée ; se recroquevillant lentement, de sorte à entourer ses genoux de ses mains. Nera, au delà de sentir le réconfort environnant se réduire, puis sentir un nouveau palier se franchir, sans qu’aucune manifestation visible ne puisse le prouver.
« Ils ont franchi l’Académie.
- Je sais.
- Tu devrais y aller, afin de sauver nos hommes.
- Vous en avez déjà tué tant, toi et l’Invocateur.
- Pourquoi le nommes-tu ainsi plutôt que par son prénom ?
- Son âme n’est plus.
- N’importe quoi.
- Tu es aveuglée par ses belles paroles.
- Qu’importe ! Il est ton frère, tu lui dois respect et protection !
- Mon serment ne me lie qu’à toi. »
Nera prit une expression outrée et indignée. Elle ôta ses mains des hanches de sa sœur pour se relever vivement, avançant de trois pas pour prendre ses pugilats, en empoignant une pour pointer Nathel avec. Haineuse et méprisante, elle reprit un ton aboyant, crachant ses mots.
« Je sais maintenant pourquoi le cristal a cédé ! Tu n’as pas été surprise, tu l’as voulu !
- La Lumière l’a voulu.
- C’est ça ! Range-toi derrière cette horreur pour justifier ta faiblesse !
- Je dis la vérité. Plus le temps passe et moins la Lumière me répond.
- Je m’en moque éperdument ! Dirige-toi vers l’Académie et anéantis les !
- Je n’irai pas. Ces lieux sont maudits.
- Tu iras à l’Académie ! C’EST UN ORDRE ! »
Nathel ferma les yeux, sourcils froncés. Sans trop se faire attendre, elle se releva lentement avec déférence, se retournant vers la Matriarche pour incliner respectueusement la tête, Lui jetant un regard plein de peine une fraction de seconde, elle s’en détacha finalement pour amorcer sa marche jusqu’au lieu décidé, dans une démarche modérée, sur un pas simple. Quittant la pièce, elle énonça quelques derniers mots, sans se retourner ni s’arrêter.
« Pense à éteindre la dernière bougie en partant. »
Trop occupée à médire intérieurement sa sœur, l’Aînée ne releva pas la signification de cette demande, aussi se contenta-t-elle d’acquiescer, observant la prêtresse s’éloigner d’elle, l’orbe de téléportation visible plus loin. Nera soupira en la voyant poser sa main dessus et ainsi disparaître de son champ de vision. Elle raccrocha alors ses deux pugilats à sa ceinture pour se retourner lentement vers la baie vitrée, s’attardant sur les portes principales en ruines. Son poing se serra, l’elfe promettant à la cadette et à l’armée de la Résistance mille souffrances. Elle fit finalement demi-tour, sa cape claquant avec panache, la Matriarche se dirigeant d’un pas conquérant vers l’orbe pour l’emprunter à son tour. Passant devant la sixième pièce, elle fut interpelée par la timide lueur toujours présente à la fenêtre. Observant la bougie comme si elle allait lui répondre, elle reprit finalement sa route, se retrouvant après un flash arcanique au dernier étage de la Flèche, donnant sur un couloir desservant son bureau. Vlen s’y trouvant, il sourit avec démence, sa peau visible touchée par quelques marques verdâtres. Elle l’observa un instant, puis lui lança d’un ton sec.
« J’espère que tes démons et expériences s’avèreront efficace. Il n’y a plus qu’eux et Nathel entre cette maudite armée et nous.
- Si notre sœur sait bien se tenir, ils les épuiseront, et nous n’aurons plus qu’à les cueillir.
- Nathel ne nous fera pas faux bond. Elle n’osera pas. »
Il acquiesça en guise de réponse. Sa mutation s’était amorcée. Ses cheveux bordeaux s’étaient troqués pour un noir absolu. Ses mains revêtaient l’apparence de griffes démoniaques et de timides cornes naissaient sur son front. Nera n’en fut ni surprise, ni inquiétée, voyant en ces extrêmes leur unique porte de sortie. Néanmoins, elle songea à cette fameuse journée ensoleillée qu’elle avait partagé avec ses proches. Voyant successivement Vlen avant et maintenant, elle ne put s’empêcher de voir qu’il avait changé du tout au tout. Elle conserva sa pensée pour elle, impassible.
La prêtresse de son côté s’était retrouvé dans le hall principal de la Flèche, au rez-de-chaussée. Continuant sa marche droite et inébranlable, elle ralentit néanmoins le rythme pour s’arrêter. Après trente secondes d’inactivité totale, elle tourna son buste et sa tête, de sorte à apercevoir la Flèche du coin de l’œil. Elle n’était pas dupe. Seule, elle n’avait absolument aucune chance face au reste de la Résistance. Elle savait de plus que les horreurs qu’elle allait rencontrer à l’Académie allaient mettre son sang froid à rude épreuve. Alors, après un calme et long soupir, elle reprit sa route, laissant à la Lumière le soin de décider de son avenir, et de celui de sa famille.
À la fenêtre, l’infime lueur toujours vaillante finit par s’éteindre naturellement, ayant consommé toute la cire dont elle disposait pour subsister.
Srem
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : L'Académie ; Soleil-volé ; Quel'thalas. Date : 29/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Traverser l'Académie
Participants : État-major de la Résistance ; Fraternité du Loup Noir, Escouade de Commandement « Lothar », Garde Prétorienne ; Régiment d'Infanterie Bluefield, Premier Versatile Lordaeronnais.
Déroulement de la mission :
Nous progressâmes vers la Flèche centrale à travers l'académie transformée pour le coup en un lieu de corruption sans nom. Le ciel tout autant que les murs et les pavés suintaient une aura gangrenée. Nous avançâmes à travers les lieux tant bien que mal quand une première section « Sunstolen » pour ne pas dire démoniaque nous arrêta en chemin : Trois chasseurs corrompus et deux gangregardes nous firent obstacle. Il y eut plus de peur que de mal, les créatures ont été tués et nos hommes n'ont reçu que quelques blessures légères.
Nous avons par la suite progressé, cette fois-ci des adversaires "de poids" nous attaquèrent : Trois elfes gangrenés, aux peaux noirs et aux yeux d'un vert gangrené, se présentèrent face à nous, et ils nous opposèrent une sévère résistance.
La plupart de nos hommes furent gravement blessés, les adversaires mettant leurs corps de par leurs lames et leur magie.
Une fois le combat terminé, le Généralissime et moi-même avons imposé une halte afin que les hommes récupèrent et pansent leurs blessures.
De notre côté, nous reprîmes l'avancé avec les hommes encore valide, soit le Généralissime Sombrecoeur, le Chevalier-Prétorien Vardwell, Frontalier Dacres et moi-même, talonnés de non loin par le reste des forces valides s'infiltrant dans l'Académie. Notre but restait le même, prendre le contrôle total des lieux.
Signature : N.Siana
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Naylia Siana- Personnages Joués : N'elfe.
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : L'académie ; Soleil-volé ; Quel'thalas. Date : 29/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Atteindre la Flèche Sunstolen
Participants : Généralissime Darnat Sombrecoeur, Général Naylia Siana, Chevalier-Prétorien Srem Vardwell, Frontalier Arthanis Dacres.
Déroulement de la mission :
En poursuivant notre route nous sommes tombés sur une structure de l'Académie dans laquelle se trouvaient cinq démonistes se « droguant » à très fortes doses avec les sources d'énergies maléfiques qui étaient à leur disposition.
Nous fîmes aussitôt feu dans le but de les surprendre, en abattant trois dans la salve préliminaire de tirs et de sorts..
Très rapidement un autre détachement rentra dans la pièce par l'autre entrée. Et aux deux démonistes s'en ajoutèrent deux autres accompagnés d'un Gangregarde et d'un Marcheur du vide. Tandis que je m'occupais des drogués cités plus haut, le reste de notre groupe se chargea de nos nouveaux arrivant. Rapidement et ce malgré quelques blessures, les ennemis étaient tous morts, hormis l'un des démonistes elfes de sang ayant pris la fuite face au Généralissime.
Nous reprîmes notre route jusqu'à la Flèche principale désormais très proche. Avant que nous eûmes pu quitté l'académie, une nouvelle section d'Elfes de sang corrompus apparurent devant nous. Un trio, tout d'abord. Deux d'entre eux finirent aux pieds du Généralissime, alors que le troisième vit sa tête imploser dans son simulacre de casque suite à un sortilège. Les dégâts furent néanmoins graves, puisque seul le Généralissime tenait encore debout. Mais c'était très loin d'être terminé, cet accès, le dernier, était complètement envahi d'elfes à l'ego surdimensionné admirant le spectacle, qui n'intervinrent qu'une fois leurs trois compagnons morts. Un par un ils se redressèrent, sautèrent de leurs positions et se relevèrent pour avancer dans notre direction. Le Généralissime parvint à en défaire une grande partie, avec l'assistance d'Arthanis et ce que je pouvais lui fournir malgré nos blessures.
C'est néanmoins l'arrivée de la Dame Nathel Sunstolen et de son champion qui sonna le glas des elfes devenus démons. La Dame accepta de soigner nos blessures. Le Frontalier Dacres fut envoyé réclamer le renfort de l'Escouade de Commandement et de la Garde Prétorienne pour la Flèche, tandis que nous, le Généralissime et moi-même, reprenions la route dégagée vers celle-ci. Et, par extension, vers les têtes adverses.
Signature : N.Siana
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Naylia Siana- Personnages Joués : N'elfe.
Re: Opération Sunshatter.
OPÉRATION SUNSHATTER
Dirigeant de l'Op. : Généralissime Darnat Sombrecoeur.
Lieu : La Flèche ; Soleil-volé ; Quel'thalas. Date : 29/01/33. Type : Assaut.
Objectif : Arrêter la Matriarche Nera Sunstolen et son frère Vlen l'Invocateur.
Participants : Généralissime Sombrecoeur, Général Siana, Chevalier-Prétorien Srem Vardwell.
Déroulement de la mission :
La base de la flèche était vide de tout ennemi. Comme indiqué par les soeurs Sunstolens, nous empruntâmes l'orbe de téléportation Sin'dorei présent dans la pièce pour rejoindre le sommet de l'édifice. Une fois en haut, le Chevalier-Prétorien se chargea de combattre deux champions elfes toujours fidèle à leur damnée Matriarche.
Comme l'on pouvait s'y attendre, elle ne se rendit pas. Le combat débuta donc, et dura un long moment. Les détails n'ont que peu d'importance, seuls le résultat compte. Le Généralissime parvint à maîtriser la Matriarche Sunstolen, mais comme elle refusait de se s'avouer vaincu et continuait à attenter à sa vie, y parvenant de peu malgré sa défaite initiale, il l'envoya cependant dans un réflexe défensif heurter la baie vitrée donnant vue vers l'extérieur où elle chuta vers une mort certaine. Moi-même suis parvenu à vaincre l'Invocateur en duel, combattant d'abord cet elfe, dont la corruption était masquée par magie, puis le démon dont il prit totalement la forme à la fin du combat. Ces deux là ne sont donc plus des menaces pour notre sécurité, et ce qu'il reste d'eux fut brûlé.
Quant aux dégâts qu'a subi la pièce. Toute sa partie supérieure mérite vérification par des maçons compétents pour dégâts multiples ; sa baie vitrée n'est plus qu'un amas de verre ; le marbre des murs n'est plus présent dans sa totalité ; le sol est également gravement endommagé et plus généralement l'endroit est recouvers de marques de suie et de brûlures.
Ainsi s'achève la Campagne Sunstolen. Ce qu'il restait de l'Armée Sunstolen s'est rendue et le tout fut mis dans les mains des soeurs encore en vie avec le soutien de ma Maison. Quant à nous, nous partîmes sur le champ une fois la besogne accomplie avant que la Régence n'aient le temps de mener une intervention musclée.
Signature : N.Siana
Lu et approuvé : D. Sombrecoeur
Naylia Siana- Personnages Joués : N'elfe.
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