L'ermite de Féralas [Towann]
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L'ermite de Féralas [Towann]
Towann s’accroupit sur le rocher qui lui offrait une vue sur une bonne centaine de mètres avant que les arbres immenses de la région ne la lui bloquent. Il ferma les yeux, sollicitant chacun de ses sens pour percevoir le moindre signe de vie qui ne fut pas sauvage, du moins pas totalement.
Les sensations de Keyna, qui avait commencé à prendre de l’avance en dévalant la pente en contrebas, se mêlaient aux siennes et faire le tri lui demandait un certain calme qui commençait à lui faire défaut. Il ne s’était accordé aucune méditation depuis son départ, se doutant que celui qu’il cherchait n’était pas sédentaire. S’il voulait le trouver au plus vite, il ne pouvait pas s’accorder le luxe de traîner en route.
Il se décida finalement à descendre pour rejoindre sa compagne de voyage. Cette dense forêt le mettait plus à l’aise que jamais, loin de toute civilisation, mais il était encore perturbé par celui – ou plutôt ce – qui était resté là-bas à sa place. C’était pour être en mesure de l’éliminer qu’il avait entrepris ce voyage, pour retrouver Altanil, l’ermite belluaire qui l’avait préparé à affronter Raëlle Frostblade.
Il s’agissait d’un des rares elfes qu’il supportait et avec lequel il partageait beaucoup de points communs. Sans son aide, Towann n’avait aucun doute sur le fait que la Bête aurait fini par le rendre fou au moyen de sa rage incontrôlée. Il avait prévu de revenir en Féralas pour en apprendre plus sur sa voie, mais il ne s’était pas imaginé le faire aussi tôt.
Arrivé au bas de la pente, il perçut l’odeur de Keyna tapie dans les feuillages proches. Malgré la fourrure immaculée de la tigresse, il était bien incapable de la repérer en se fiant seulement à ses yeux. C’était là une des qualités du prédateur qui lui faisaient encore défaut et il espérait bien que si Altanil l’aidait à combler ces failles, cela pourrait faire toute la différence face à son double. Ce dernier n’allait sans doute pas rester inactif de son coté, Towann était bien placé pour savoir qu’il risquait de lui réserver une surprise ou deux qu’il aurait lui-même mises au point pour passer le temps s’il était resté dans les royaumes de l’Est.
Trois heures de plus passées à progresser dans la forêt dense et sa route n’avait croisé que celles de loups, d’ours et de chimères. Il avait choisi de rester à distance des territoires ogres où il avait concrètement peu de chances de trouver son mentor. Cela dit il ne s’avouait pas qu’en vérité chaque parcelle de son être répugnait à approcher de nouveau les ruines où les Frostblade l’avaient maintenu captif pour finalement leur servir de divertissement, seul et affaibli contre les hordes de bêtes sauvages capturées par leur belluaire. Son échappée s’étant soldée par un affrontement avec Kiera alors qu’il tenait à peine debout en faisait un des pires souvenirs de sa longue existence.
Towann sentit subitement Keyna se crisper, alerte. Se fiant aux perceptions de son familier, il changea de trajectoire pour aller là où elle semblait se trouver, sans pouvoir être vraiment précis. Il reconnut finalement son odeur familière et parvint à la localiser dans un bosquet, le museau près du sol. La tigresse montrait les crocs en flairant une piste qu’elle ne parvenait pas à identifier. Si cela signifiait que ça n’était pas celle d’un animal sauvage, ils touchaient peut-être au but bien plus tôt que le chasseur ne l’avait espéré.
Towann se pencha près de sa compagne pour renifler à son tour l’empreinte peu profonde qu’il n’avait pas vue au premier regard. Celle-ci était parée de griffes mais sa forme et la faible odeur qu’il percevait n’étaient pas celles d’une bête, du moins pas tout à fait. Un sourire fendit les lèvres du Stormrunner, la traque pouvait commencer.
Mais la piste n’était pas fraîche et si Keyna et son odorat plus développé que celui de son maître n’était pas passée juste à coté de l’empreinte, elle n’aurait sans doute rien remarqué. L’heure était venue de mettre la chance à profit sans plus perdre de temps. Towann se fia à la direction de la marque et la suivit en se décalant sur la gauche tandis que Keyna faisait de même vers la droite. En s’écartant progressivement tout en restant concentrés sur les odeurs environnantes ils couvriraient plus de terrain. Aucune piste n’est plus complexe à suivre que celle d’un prédateur, aussi rien n’était à laisser au hasard.
Towann s’attarda sur une branche brisée, détail élémentaire mais incongru dans une telle situation. S’il était bien sur la piste d’Altanil, ce dernier n’aurait probablement pas fait une erreur aussi simple, encore moins deux.
Cela faisait presque une heure qu’il s’était séparé de Keyna et tout ce qui avait pu lui confirmer qu’il était sur la bonne voie était l’envol soudain de plusieurs oiseaux qu’il avait entendus un instant plus tôt. Il s’était immédiatement rendu sur place pour retrouver l’odeur de l’empreinte plus forte et la flore dérangée. Cela faisait trop de signes évidents après avoir eu tant de mal à suivre la piste.
L’elfe se redressa, étendant ses sens aux alentours, à la recherche du moindre bruissement, du moindre brin d’air porteur d’un signe quelconque ce celui qu’il cherchait. Plus que jamais depuis son départ il était prêt à se défendre alors que la terrible impression d’être à son tour la proie lui tiraillait les entrailles. Son instinct lui hurlait qu’il était en danger.
Soudain, le tressaillement attendu, la montée d’adrénaline et le frisson annonciateur du combat qui lui remonta instantanément le long de la colonne vertébrale.
Towann pivota sur lui-même tandis que ses griffes fendaient l’air en riposte à l’assaut du prédateur. Mais il ne toucha pas.
Il se figea dans son mouvement et laissa retomber le silence pour se rendre compte qu’il était seul. Rien ne bougeait autour de lui alors qu’il se sentait toujours aussi menacé que s’il avait l’adversaire en face de lui. Quelque chose n’allait vraiment pas…
Son sang se glaça alors qu’il comprit enfin que ces sensations n’étaient pas les siennes.
Keyna !
Oubliant soudain de passer inaperçu dans ce territoire hostile, il partit comme une flèche en direction de là où Keyna aurait du se trouver suivant leur plan de progression. Il traversa les feuillages et les épines, gravit les rochers et les reliefs sans avoir autre chose en tête que de venir en aide à celle qui partageait sa conscience. Il sentit un tiraillement dans celle-ci et devina les blessures que la tigresse venait de recevoir, ce qui l’incita à accélérer encore sa course. Il n’aperçut pas une racine noueuse, trébucha et sa redressa presque dans le même mouvement pour finalement apercevoir Keyna bondissant sur un kaldoreï désarmé.
Ce dernier évita la charge pour lacérer le flanc du félin à l’aide de griffes qui prolongeaient sa main, venant encore assombrir le pelage immaculé de zébrures écarlates, suivies par un rugissement de colère.
Là où l’elfe aurait crié et menacé, la bête se rua à l’assaut sans réfléchir. Les griffes de Towann rencontrèrent celles de l’autre kaldoreï qui le vit venir au dernier instant, déviant seulement le coup pour laisser une estafilade sur sa joue. Le Stormrunner n’en resta pas là et percuta son adversaire de plein fouet une demi-seconde plus tard.
Ce n’est que lorsque ce dernier recula et rétablit son équilibre que Towann parvint à établir un semblant de raison dans son esprit enragé, revoyant pour la première fois depuis des mois le visage d’Altanil Cimegriffe arborer ses crocs imposants. La même réaction sembla s’opérer pour le maître belluaire mais il en aurait fallu plus pour empêcher Keyna de lui bondir au visage toutes griffes dehors. Il se retrouva bien vite sur le dos, écrasé par la masse de la tigresse décidée à lui arracher le visage à coups de crocs.
« - Keyna ça suffit ! »
Conscient que ses mots ne suffiraient pas, Towann choisit de venir en aide au kaldoreï en la dégageant de sa position le temps de faire comprendre à la tigresse. Mais ce ne fut qu’une fois le geste amorcé qu’il songea à ses griffes, qu’il replia contre ses paumes pour frapper du poing, quitte à se mutiler pour épargner des blessures supplémentaires à Keyna.
La force du choc fut suffisante pour l’éjecter sur un bon mètre et la tigresse se retourna subitement face à son maître pour rugir avec une agressivité qui lui rappela leur première rencontre, alors qu’il n’était qu’une menace comme une autre.
Elle tint sa position en feulant quelques secondes avant de se résoudre à renoncer et s’éloigner.
« - C’est une alliée redoutable que tu as là Towann… mais les lacunes de votre osmose pourraient te coûter cher à l’avenir. »
Altanil venait de se redresser et essuyait le sang qui recouvrait son visage d’une main parfaitement normale. S’il avait commencé à le défigurer, Keyna avait poursuivi son travail. Towann vint l’aider à se relever.
« - Je suis désolé, ça n’aurait pas du arriver.
- J’étais bien incapable de savoir qu’il s’agissait de ta compagne, content de voir que tu as suivi mon conseil d’en trouver. Mais je crois que tu as lésiné sur la méditation.
- Je te cherchais.
- Je savais que plusieurs prédateurs suivaient ma trace, j’ai essayé de brouiller les pistes. Mais si j’avais su qu’il s’agissait de toi… Enfin, nous aurons tout le loisir d’en parler une fois débarrassés des invités que tu nous as ramenés. »
Altanil pointa du doigt ce qui se trouvait derrière Towann et qui s’avérait n’être rien de moins qu’une petite bande d’une demi-douzaine d’ogres. Dans sa précipitation, il n’avait même pas perçu leur pas lourd ni leur odeur fétide alors qu’il accourrait pour mettre fin à l’affrontement.
Poussant un de ses éternels soupirs, il laissa libre cours à la rage qu’il avait peiné à contenir.
Les sensations de Keyna, qui avait commencé à prendre de l’avance en dévalant la pente en contrebas, se mêlaient aux siennes et faire le tri lui demandait un certain calme qui commençait à lui faire défaut. Il ne s’était accordé aucune méditation depuis son départ, se doutant que celui qu’il cherchait n’était pas sédentaire. S’il voulait le trouver au plus vite, il ne pouvait pas s’accorder le luxe de traîner en route.
Il se décida finalement à descendre pour rejoindre sa compagne de voyage. Cette dense forêt le mettait plus à l’aise que jamais, loin de toute civilisation, mais il était encore perturbé par celui – ou plutôt ce – qui était resté là-bas à sa place. C’était pour être en mesure de l’éliminer qu’il avait entrepris ce voyage, pour retrouver Altanil, l’ermite belluaire qui l’avait préparé à affronter Raëlle Frostblade.
Il s’agissait d’un des rares elfes qu’il supportait et avec lequel il partageait beaucoup de points communs. Sans son aide, Towann n’avait aucun doute sur le fait que la Bête aurait fini par le rendre fou au moyen de sa rage incontrôlée. Il avait prévu de revenir en Féralas pour en apprendre plus sur sa voie, mais il ne s’était pas imaginé le faire aussi tôt.
Arrivé au bas de la pente, il perçut l’odeur de Keyna tapie dans les feuillages proches. Malgré la fourrure immaculée de la tigresse, il était bien incapable de la repérer en se fiant seulement à ses yeux. C’était là une des qualités du prédateur qui lui faisaient encore défaut et il espérait bien que si Altanil l’aidait à combler ces failles, cela pourrait faire toute la différence face à son double. Ce dernier n’allait sans doute pas rester inactif de son coté, Towann était bien placé pour savoir qu’il risquait de lui réserver une surprise ou deux qu’il aurait lui-même mises au point pour passer le temps s’il était resté dans les royaumes de l’Est.
Trois heures de plus passées à progresser dans la forêt dense et sa route n’avait croisé que celles de loups, d’ours et de chimères. Il avait choisi de rester à distance des territoires ogres où il avait concrètement peu de chances de trouver son mentor. Cela dit il ne s’avouait pas qu’en vérité chaque parcelle de son être répugnait à approcher de nouveau les ruines où les Frostblade l’avaient maintenu captif pour finalement leur servir de divertissement, seul et affaibli contre les hordes de bêtes sauvages capturées par leur belluaire. Son échappée s’étant soldée par un affrontement avec Kiera alors qu’il tenait à peine debout en faisait un des pires souvenirs de sa longue existence.
Towann sentit subitement Keyna se crisper, alerte. Se fiant aux perceptions de son familier, il changea de trajectoire pour aller là où elle semblait se trouver, sans pouvoir être vraiment précis. Il reconnut finalement son odeur familière et parvint à la localiser dans un bosquet, le museau près du sol. La tigresse montrait les crocs en flairant une piste qu’elle ne parvenait pas à identifier. Si cela signifiait que ça n’était pas celle d’un animal sauvage, ils touchaient peut-être au but bien plus tôt que le chasseur ne l’avait espéré.
Towann se pencha près de sa compagne pour renifler à son tour l’empreinte peu profonde qu’il n’avait pas vue au premier regard. Celle-ci était parée de griffes mais sa forme et la faible odeur qu’il percevait n’étaient pas celles d’une bête, du moins pas tout à fait. Un sourire fendit les lèvres du Stormrunner, la traque pouvait commencer.
Mais la piste n’était pas fraîche et si Keyna et son odorat plus développé que celui de son maître n’était pas passée juste à coté de l’empreinte, elle n’aurait sans doute rien remarqué. L’heure était venue de mettre la chance à profit sans plus perdre de temps. Towann se fia à la direction de la marque et la suivit en se décalant sur la gauche tandis que Keyna faisait de même vers la droite. En s’écartant progressivement tout en restant concentrés sur les odeurs environnantes ils couvriraient plus de terrain. Aucune piste n’est plus complexe à suivre que celle d’un prédateur, aussi rien n’était à laisser au hasard.
Towann s’attarda sur une branche brisée, détail élémentaire mais incongru dans une telle situation. S’il était bien sur la piste d’Altanil, ce dernier n’aurait probablement pas fait une erreur aussi simple, encore moins deux.
Cela faisait presque une heure qu’il s’était séparé de Keyna et tout ce qui avait pu lui confirmer qu’il était sur la bonne voie était l’envol soudain de plusieurs oiseaux qu’il avait entendus un instant plus tôt. Il s’était immédiatement rendu sur place pour retrouver l’odeur de l’empreinte plus forte et la flore dérangée. Cela faisait trop de signes évidents après avoir eu tant de mal à suivre la piste.
L’elfe se redressa, étendant ses sens aux alentours, à la recherche du moindre bruissement, du moindre brin d’air porteur d’un signe quelconque ce celui qu’il cherchait. Plus que jamais depuis son départ il était prêt à se défendre alors que la terrible impression d’être à son tour la proie lui tiraillait les entrailles. Son instinct lui hurlait qu’il était en danger.
Soudain, le tressaillement attendu, la montée d’adrénaline et le frisson annonciateur du combat qui lui remonta instantanément le long de la colonne vertébrale.
Towann pivota sur lui-même tandis que ses griffes fendaient l’air en riposte à l’assaut du prédateur. Mais il ne toucha pas.
Il se figea dans son mouvement et laissa retomber le silence pour se rendre compte qu’il était seul. Rien ne bougeait autour de lui alors qu’il se sentait toujours aussi menacé que s’il avait l’adversaire en face de lui. Quelque chose n’allait vraiment pas…
Son sang se glaça alors qu’il comprit enfin que ces sensations n’étaient pas les siennes.
Keyna !
Oubliant soudain de passer inaperçu dans ce territoire hostile, il partit comme une flèche en direction de là où Keyna aurait du se trouver suivant leur plan de progression. Il traversa les feuillages et les épines, gravit les rochers et les reliefs sans avoir autre chose en tête que de venir en aide à celle qui partageait sa conscience. Il sentit un tiraillement dans celle-ci et devina les blessures que la tigresse venait de recevoir, ce qui l’incita à accélérer encore sa course. Il n’aperçut pas une racine noueuse, trébucha et sa redressa presque dans le même mouvement pour finalement apercevoir Keyna bondissant sur un kaldoreï désarmé.
Ce dernier évita la charge pour lacérer le flanc du félin à l’aide de griffes qui prolongeaient sa main, venant encore assombrir le pelage immaculé de zébrures écarlates, suivies par un rugissement de colère.
Là où l’elfe aurait crié et menacé, la bête se rua à l’assaut sans réfléchir. Les griffes de Towann rencontrèrent celles de l’autre kaldoreï qui le vit venir au dernier instant, déviant seulement le coup pour laisser une estafilade sur sa joue. Le Stormrunner n’en resta pas là et percuta son adversaire de plein fouet une demi-seconde plus tard.
Ce n’est que lorsque ce dernier recula et rétablit son équilibre que Towann parvint à établir un semblant de raison dans son esprit enragé, revoyant pour la première fois depuis des mois le visage d’Altanil Cimegriffe arborer ses crocs imposants. La même réaction sembla s’opérer pour le maître belluaire mais il en aurait fallu plus pour empêcher Keyna de lui bondir au visage toutes griffes dehors. Il se retrouva bien vite sur le dos, écrasé par la masse de la tigresse décidée à lui arracher le visage à coups de crocs.
« - Keyna ça suffit ! »
Conscient que ses mots ne suffiraient pas, Towann choisit de venir en aide au kaldoreï en la dégageant de sa position le temps de faire comprendre à la tigresse. Mais ce ne fut qu’une fois le geste amorcé qu’il songea à ses griffes, qu’il replia contre ses paumes pour frapper du poing, quitte à se mutiler pour épargner des blessures supplémentaires à Keyna.
La force du choc fut suffisante pour l’éjecter sur un bon mètre et la tigresse se retourna subitement face à son maître pour rugir avec une agressivité qui lui rappela leur première rencontre, alors qu’il n’était qu’une menace comme une autre.
Elle tint sa position en feulant quelques secondes avant de se résoudre à renoncer et s’éloigner.
« - C’est une alliée redoutable que tu as là Towann… mais les lacunes de votre osmose pourraient te coûter cher à l’avenir. »
Altanil venait de se redresser et essuyait le sang qui recouvrait son visage d’une main parfaitement normale. S’il avait commencé à le défigurer, Keyna avait poursuivi son travail. Towann vint l’aider à se relever.
« - Je suis désolé, ça n’aurait pas du arriver.
- J’étais bien incapable de savoir qu’il s’agissait de ta compagne, content de voir que tu as suivi mon conseil d’en trouver. Mais je crois que tu as lésiné sur la méditation.
- Je te cherchais.
- Je savais que plusieurs prédateurs suivaient ma trace, j’ai essayé de brouiller les pistes. Mais si j’avais su qu’il s’agissait de toi… Enfin, nous aurons tout le loisir d’en parler une fois débarrassés des invités que tu nous as ramenés. »
Altanil pointa du doigt ce qui se trouvait derrière Towann et qui s’avérait n’être rien de moins qu’une petite bande d’une demi-douzaine d’ogres. Dans sa précipitation, il n’avait même pas perçu leur pas lourd ni leur odeur fétide alors qu’il accourrait pour mettre fin à l’affrontement.
Poussant un de ses éternels soupirs, il laissa libre cours à la rage qu’il avait peiné à contenir.
Asélryn / Towann
Re: L'ermite de Féralas [Towann]
« - Ils n’avaient pas l’air si nombreux au départ…
- Il ne faut pas se fier à la stupidité des ogres, s’il leur arrive d’avoir un trait de lucidité ils te le font bien vite regretter.
- Je vois ça. »
Towann força une fois de plus sur les liens qui retenaient ses poignets dans son dos, atour d’un piquet planté dans le sol. Altanil se trouvait dans la même situation non loin et semblait plus calme, affairé à réfléchir à leur situation.
Six ogres étaient d’abord arrivés, puis dix, et les deux belluaires s’étaient retrouvés un peu trop occupés pour tenir le compte lorsqu’ils furent une bonne vingtaine. Towann se souvenait d’avoir été encerclé et assommé alors que l’ivresse du combat commençait à réduire sa vigilance, puis il s’était réveillé ici en compagnie de l’ermite. Ils se trouvaient en retrait du campement des brutes, dans un recoin délimité par deux huttes et par un imposant mur de pierre - sans doute un vestige des ruines shen’dralar de la région. La nuit commençait à tomber mais leurs sens aigus leur permettaient d’entendre des voix gutturales et le crépitement d’un feu.
« - Je ne sens pas Keyna, elle a du réussir à leur échapper.
- Un joli nom pour une belle bête, mais je me demande si on peut vraiment compter sur elle.
- Détrompe-toi, elle va nous retrouver et nous tirer de là.
- Même après que tu l’aies attaquée et trahi sa confiance pour défendre un inconnu qui l’a assaillie ? »
Towann laissa échapper un long soupir, contraint d’admettre son erreur. Il savait à quel point la relation entre un belluaire et sa bête était différente de celles des êtres humanoïdes. Si lui et Keyna vivaient jusque là dans une symbiose quasi-parfaite, il savait qu’il devait sans cesse lui faire se preuves pour ne pas perdre son respect et sa confiance… ce qu’il venait manifestement de faire.
« - J’aurais peut-être du la laisser te dévorer…
- Ou être en mesure de lui faire entendre raison, mais je crois que ce n’est pas la question la plus urgente. Nous pourrons songer à la retrouver une fois sortis de là, si l’on trouve une idée brillante pour ça bien sûr.
- Et avant qu’ils ne reviennent nous chercher.
- Quand le bouillon sera chaud je présume. » marmonna Altanil en levant les yeux au ciel.
« - Pas le temps de rattraper mon retard en méditation alors…
- Qui sait ? »
Towann s’agita encore, furieux du ridicule de la situation. Il avait prévu de venir s’entraîner pour enfin se débarrasser de la geis qui pesait sur lui, pas de finir dans l’estomac d’un ogre. Il vit son aîné renifler et fit de même, espérant trouver une solution dans les odeurs environnantes. Ce qu’il perçut outre la puanteur ogresque était intéressant mais pas vraiment utile pour les détacher de ces poteaux avant l’heure du souper.
« - Tu n’as pas d’arme sur toi Altanil ?
- Ceux qui suivent notre voie n’en ont pas besoin, et de toute façon ils t’ont séparé de celle que tu portais.
- C’est là que je t’arrête, on peut toujours compter sur la stupidité des ogres. » fit Towann en esquissant un sourire carnassier.
Il força à nouveau sur ses liens, mais cette fois pour se redresser. Le poteau était bien trop haut pour qu’il ne puisse faire passer ses poignets par-dessus, aussi Altanil l’observa attentivement, curieux de savoir ce qu’il avait en tête. Il plia alors le genou droit pour placer son tibia à l’envers avant de l’agiter maladroitement.
« - C’est original comme façon de s’enfuir…
- Premièrement, je ne compte pas m’enfuir une fois détaché. Deuxièmement rien ne t’empêche de me donner un coup de main. »
C’est alors qu’Altanil remarqua le manche de la dague qui avait commencé à sortir de la botte de son compagnon d’infortune. Il se redressa à son tour contre son poteau pour dégager l’arme cachée du bout du pied, qui ne fit pas un bruit sur le sol mousseux. Tous deux se laissèrent alors retomber et Towann saisit le manche de l’arme comme il le put pour entamer le découpage.
« - Tu es plein de ressources… »
Le Stormrunner esquissa un sourire au compliment.
« - …mais tu n’aurais pas eu besoin de ça si tu avais su entretenir ton lien avec ta bête. »
Un soupir agacé prit la place du sourire tandis qu’il arrivait à bout de ses liens. Il vint vite délivrer Altanil avant de prendre le temps de masser ses poignets, endoloris par ses efforts inutiles.
« - Bien, nous n’avons plus rien à faire ici.
- Si, une dernière chose. »
Sur ces mots, Towann se dirigea vers l’intérieur d’une des cahutes proches. L’ermite le suivit prudemment pour le trouver penché sur une vieille marmite usagée. L’air de se fier à son flair, il attrapa une bouteille sur une étagère juste à coté, contenant de nombreuses épices et mixtures étranges.
« - Tu as trouvé le repaire du cuistot. Filons d’ici avant qu’il ne vienne chercher le plat de résistance. »
Towann l’ignora en saisissant un bol sur l’étagère, avant d’approcher son nez et de l’éloigner avec un frisson.
« - Je suis pourtant certain d’en avoir senti… Ils nous ont laissé tous les ingrédients qu’il me fallait !
- Qu’est-ce que tu as senti ? »
Le « jeune » belluaire tourna le regard vers Altanil, arborant un sourire malsain avant de murmurer.
« - Du salpêtre. »
- Il ne faut pas se fier à la stupidité des ogres, s’il leur arrive d’avoir un trait de lucidité ils te le font bien vite regretter.
- Je vois ça. »
Towann força une fois de plus sur les liens qui retenaient ses poignets dans son dos, atour d’un piquet planté dans le sol. Altanil se trouvait dans la même situation non loin et semblait plus calme, affairé à réfléchir à leur situation.
Six ogres étaient d’abord arrivés, puis dix, et les deux belluaires s’étaient retrouvés un peu trop occupés pour tenir le compte lorsqu’ils furent une bonne vingtaine. Towann se souvenait d’avoir été encerclé et assommé alors que l’ivresse du combat commençait à réduire sa vigilance, puis il s’était réveillé ici en compagnie de l’ermite. Ils se trouvaient en retrait du campement des brutes, dans un recoin délimité par deux huttes et par un imposant mur de pierre - sans doute un vestige des ruines shen’dralar de la région. La nuit commençait à tomber mais leurs sens aigus leur permettaient d’entendre des voix gutturales et le crépitement d’un feu.
« - Je ne sens pas Keyna, elle a du réussir à leur échapper.
- Un joli nom pour une belle bête, mais je me demande si on peut vraiment compter sur elle.
- Détrompe-toi, elle va nous retrouver et nous tirer de là.
- Même après que tu l’aies attaquée et trahi sa confiance pour défendre un inconnu qui l’a assaillie ? »
Towann laissa échapper un long soupir, contraint d’admettre son erreur. Il savait à quel point la relation entre un belluaire et sa bête était différente de celles des êtres humanoïdes. Si lui et Keyna vivaient jusque là dans une symbiose quasi-parfaite, il savait qu’il devait sans cesse lui faire se preuves pour ne pas perdre son respect et sa confiance… ce qu’il venait manifestement de faire.
« - J’aurais peut-être du la laisser te dévorer…
- Ou être en mesure de lui faire entendre raison, mais je crois que ce n’est pas la question la plus urgente. Nous pourrons songer à la retrouver une fois sortis de là, si l’on trouve une idée brillante pour ça bien sûr.
- Et avant qu’ils ne reviennent nous chercher.
- Quand le bouillon sera chaud je présume. » marmonna Altanil en levant les yeux au ciel.
« - Pas le temps de rattraper mon retard en méditation alors…
- Qui sait ? »
Towann s’agita encore, furieux du ridicule de la situation. Il avait prévu de venir s’entraîner pour enfin se débarrasser de la geis qui pesait sur lui, pas de finir dans l’estomac d’un ogre. Il vit son aîné renifler et fit de même, espérant trouver une solution dans les odeurs environnantes. Ce qu’il perçut outre la puanteur ogresque était intéressant mais pas vraiment utile pour les détacher de ces poteaux avant l’heure du souper.
« - Tu n’as pas d’arme sur toi Altanil ?
- Ceux qui suivent notre voie n’en ont pas besoin, et de toute façon ils t’ont séparé de celle que tu portais.
- C’est là que je t’arrête, on peut toujours compter sur la stupidité des ogres. » fit Towann en esquissant un sourire carnassier.
Il força à nouveau sur ses liens, mais cette fois pour se redresser. Le poteau était bien trop haut pour qu’il ne puisse faire passer ses poignets par-dessus, aussi Altanil l’observa attentivement, curieux de savoir ce qu’il avait en tête. Il plia alors le genou droit pour placer son tibia à l’envers avant de l’agiter maladroitement.
« - C’est original comme façon de s’enfuir…
- Premièrement, je ne compte pas m’enfuir une fois détaché. Deuxièmement rien ne t’empêche de me donner un coup de main. »
C’est alors qu’Altanil remarqua le manche de la dague qui avait commencé à sortir de la botte de son compagnon d’infortune. Il se redressa à son tour contre son poteau pour dégager l’arme cachée du bout du pied, qui ne fit pas un bruit sur le sol mousseux. Tous deux se laissèrent alors retomber et Towann saisit le manche de l’arme comme il le put pour entamer le découpage.
« - Tu es plein de ressources… »
Le Stormrunner esquissa un sourire au compliment.
« - …mais tu n’aurais pas eu besoin de ça si tu avais su entretenir ton lien avec ta bête. »
Un soupir agacé prit la place du sourire tandis qu’il arrivait à bout de ses liens. Il vint vite délivrer Altanil avant de prendre le temps de masser ses poignets, endoloris par ses efforts inutiles.
« - Bien, nous n’avons plus rien à faire ici.
- Si, une dernière chose. »
Sur ces mots, Towann se dirigea vers l’intérieur d’une des cahutes proches. L’ermite le suivit prudemment pour le trouver penché sur une vieille marmite usagée. L’air de se fier à son flair, il attrapa une bouteille sur une étagère juste à coté, contenant de nombreuses épices et mixtures étranges.
« - Tu as trouvé le repaire du cuistot. Filons d’ici avant qu’il ne vienne chercher le plat de résistance. »
Towann l’ignora en saisissant un bol sur l’étagère, avant d’approcher son nez et de l’éloigner avec un frisson.
« - Je suis pourtant certain d’en avoir senti… Ils nous ont laissé tous les ingrédients qu’il me fallait !
- Qu’est-ce que tu as senti ? »
Le « jeune » belluaire tourna le regard vers Altanil, arborant un sourire malsain avant de murmurer.
« - Du salpêtre. »
Asélryn / Towann
Re: L'ermite de Féralas [Towann]
« - Moi chercher petits elfes pour cuisson.
- Pas encore ! Quand bouillon assez chaud, viande fondre sous la dent.
- Moi avoir les crocs ! Et eux avoir plus viande sur les os que derniers elfes attrapés !
- Pour boustifaille c’est le cuistot qui commande ! »
La débat philosophique prit fin sur une explosion assourdissante. Les ogres assis en cercle autour du chaudron regardèrent avec des yeux hagards les débris enflammés de la hutte du cuistot retomber près d’eux.
« - Boum pas bon signe en général.
- Elfes attachés là-bas…
- LA VIANDE !! »
La clique au grand complet se rua en direction de l’explosion dans une débandade bruyante. C’est quelques secondes plus tard qu’Altanil et Towann sortirent des broussailles à proximité pour approcher le feu de camp.
« - Qu’est-ce que des explosifs faisaient avec le matériel de cuisine des ogres ?
- Ça n’en était pas à la base, mais pour peu qu’on sache faire les bons mélanges on peut en concocter à partir d’à peu près tout. Avec cette quantité de graisse et de charbon il n’y avait pas grand-chose à faire.
- Si tu pouvais m’expliquer ce que nous faisons encore ici maintenant… »
Towann s’affaira à fouiller des caisses disposées autour du foyer.
« - Je ne pars pas d’ici sans mon fusil, je me suis donné trop de mal pour le fabriquer.
- Quoi vous avoir cassé encore ? Pas possible dormir ici ! »
L’ogre qui venait de sortir d’une cahute marqua un temps d’arrêt en apercevant les deux belluaires, la bouche entrouverte et le visage figé dans une expression absurde.
« - PRISONNIERS DEHORS ! DEBOUT LES FEIGNASSES !! ON S’REMUE LES… »
Altanil acheva son vol plané en s’agrippant aux épaules de la brute fraichement réveillée et maintint sa prise d’une main griffue pour lui lacérer le visage de l’autre à plusieurs reprises. L’ogre tenta de l’attraper mais le vieil elfe fit preuve d’une agilité étonnante et passa dans son dos en s’agrippant tout en lui lacérant la gorge. Le colosse finit par s’effondrer lourdement dans un gargouillis sanglant.
« - Fais vite ! Je ne pourrai pas te faire gagner beaucoup de temps ! »
Sur ces mots, l’ermite vint à la rencontre des ogres qui se rassemblaient autour de la marmite bouillonnante, où Towann vidait en hâte les caisses de stockage remplis d’armes primaires. L’un d’eux se montra plus téméraire et abattit son poing sur Altanil, qui ne resta pas en place assez longtemps pour que le coup fasse mouche.
Aussi vif et agile qu’un lynx, il contourna son adversaire et lui déchira les tendons d’un coup de griffes. L’ogre sa retrouva vite à genoux et un bond rapide effaça la distance entre sa nuque et les crocs de l’elfe, qui le traîna à terre en lui brisant le cou d’une impulsion.
Une nouvelle brute le chargea et frappa de sa massue à hauteur d’épaules. L’ermite qui venait de se redresser se plaqua de nouveau au sol pour laisser l’attaque heurter de plein fouet un assaillant qui avait tenté de le prendre à revers. Il profita alors de l’ouverture pour sauter à la gorge de l’ogre armé.
Laissant sa trachée ouverte, il se servit de la carcasse comme tremplin avant qu’elle ne s’effondre pour atteindre celui qui venait d’encaisser le coup de masse dans les côtes. Ses griffes laissèrent alors une trainée écarlate sur toute la longueur de son visage tandis qu’Altanil posait pied à terre derrière lui.
Un autre ogre approchait en brandissant une hache immense, mais il la laissa lourdement tomber à l’instant où une détonation lui cala une balle entre les deux yeux.
« - On peut y aller ! »
Altanil se hâta de rejoindre Towann, qui tenait son arme au canon encore fumant, alors que toute la tribu semblait accourir. Le sapeur ne manqua pas de jeter un fumigène tiré de sa sacoche à grenade également retrouvée pour couvrir leur retraite. De nouveau dans leur élément, les belluaires disparurent rapidement dans l’épaisseur de la forêt.
- Pas encore ! Quand bouillon assez chaud, viande fondre sous la dent.
- Moi avoir les crocs ! Et eux avoir plus viande sur les os que derniers elfes attrapés !
- Pour boustifaille c’est le cuistot qui commande ! »
La débat philosophique prit fin sur une explosion assourdissante. Les ogres assis en cercle autour du chaudron regardèrent avec des yeux hagards les débris enflammés de la hutte du cuistot retomber près d’eux.
« - Boum pas bon signe en général.
- Elfes attachés là-bas…
- LA VIANDE !! »
La clique au grand complet se rua en direction de l’explosion dans une débandade bruyante. C’est quelques secondes plus tard qu’Altanil et Towann sortirent des broussailles à proximité pour approcher le feu de camp.
« - Qu’est-ce que des explosifs faisaient avec le matériel de cuisine des ogres ?
- Ça n’en était pas à la base, mais pour peu qu’on sache faire les bons mélanges on peut en concocter à partir d’à peu près tout. Avec cette quantité de graisse et de charbon il n’y avait pas grand-chose à faire.
- Si tu pouvais m’expliquer ce que nous faisons encore ici maintenant… »
Towann s’affaira à fouiller des caisses disposées autour du foyer.
« - Je ne pars pas d’ici sans mon fusil, je me suis donné trop de mal pour le fabriquer.
- Quoi vous avoir cassé encore ? Pas possible dormir ici ! »
L’ogre qui venait de sortir d’une cahute marqua un temps d’arrêt en apercevant les deux belluaires, la bouche entrouverte et le visage figé dans une expression absurde.
« - PRISONNIERS DEHORS ! DEBOUT LES FEIGNASSES !! ON S’REMUE LES… »
Altanil acheva son vol plané en s’agrippant aux épaules de la brute fraichement réveillée et maintint sa prise d’une main griffue pour lui lacérer le visage de l’autre à plusieurs reprises. L’ogre tenta de l’attraper mais le vieil elfe fit preuve d’une agilité étonnante et passa dans son dos en s’agrippant tout en lui lacérant la gorge. Le colosse finit par s’effondrer lourdement dans un gargouillis sanglant.
« - Fais vite ! Je ne pourrai pas te faire gagner beaucoup de temps ! »
Sur ces mots, l’ermite vint à la rencontre des ogres qui se rassemblaient autour de la marmite bouillonnante, où Towann vidait en hâte les caisses de stockage remplis d’armes primaires. L’un d’eux se montra plus téméraire et abattit son poing sur Altanil, qui ne resta pas en place assez longtemps pour que le coup fasse mouche.
Aussi vif et agile qu’un lynx, il contourna son adversaire et lui déchira les tendons d’un coup de griffes. L’ogre sa retrouva vite à genoux et un bond rapide effaça la distance entre sa nuque et les crocs de l’elfe, qui le traîna à terre en lui brisant le cou d’une impulsion.
Une nouvelle brute le chargea et frappa de sa massue à hauteur d’épaules. L’ermite qui venait de se redresser se plaqua de nouveau au sol pour laisser l’attaque heurter de plein fouet un assaillant qui avait tenté de le prendre à revers. Il profita alors de l’ouverture pour sauter à la gorge de l’ogre armé.
Laissant sa trachée ouverte, il se servit de la carcasse comme tremplin avant qu’elle ne s’effondre pour atteindre celui qui venait d’encaisser le coup de masse dans les côtes. Ses griffes laissèrent alors une trainée écarlate sur toute la longueur de son visage tandis qu’Altanil posait pied à terre derrière lui.
Un autre ogre approchait en brandissant une hache immense, mais il la laissa lourdement tomber à l’instant où une détonation lui cala une balle entre les deux yeux.
« - On peut y aller ! »
Altanil se hâta de rejoindre Towann, qui tenait son arme au canon encore fumant, alors que toute la tribu semblait accourir. Le sapeur ne manqua pas de jeter un fumigène tiré de sa sacoche à grenade également retrouvée pour couvrir leur retraite. De nouveau dans leur élément, les belluaires disparurent rapidement dans l’épaisseur de la forêt.
Asélryn / Towann
Re: L'ermite de Féralas [Towann]
« - Tu m’avais caché ce don pour semer la pagaille jeune Towann.
- Avec les ogres ça part tout seul…
- Ils vont nous rechercher après ça.
- Je ne crois pas qu’ils soient très doués pour suivre une piste. »
Les deux elfes arrivèrent en vue de la cabane de branches et de feuillages dans laquelle Towann s’était réveillé lors de sa rencontre avec l’ermite, alors qu’il avait encore frôlé la mort. Bâtie contre le flanc d’une colline, un petit ruisseau coulait à quelques mètres, rien ne semblait avoir vraiment changé, aucune fioriture, rien que l’essentiel. Une tanière.
« - J’ai du mal à concevoir que tu ne meures pas d’ennui ici.
- J’y reste rarement. Tu as d’ailleurs eu de la chance de me chercher maintenant, j’étais au Berceau-de-l’hiver il n’y a pas un mois.
- Sédentaire… Tous ces points communs, ça devient effrayant.
- Je crois simplement que nous vivons tous les deux en suivant les murmures de la grande Bête. Et puisqu’on en parle, il est temps de retrouver Keyna. Cela doit commencer par une étape essentielle.
- Laisse-moi deviner… »
Quoi qu’il ait pu dire, Towann devait admettre que ce retour au calme était nécessaire. Lentement, il remettait de l’ordre dans ses idées et ses priorités au fil de sa méditation. La voix d’Altanil le ramena finalement à la réalité.
« - Bien, maintenant que tu es plus tranquille, tu vas utiliser ton lien avec ta bête pour voir à travers ses yeux. »
Towann esquissa un léger rictus. Il n’avait plus usé de cette technique depuis longtemps et ne tenait pas à parler de la dernière fois que ça avait eu lieu.
« - Ça marchera si elle est loin ?
- Tout dépend de la profondeur de votre lien. Tu ne le sauras pas avant d’avoir essayé. »
Hochant la tête, il tenta de retrouver la part de sa conscience qu’il partageait avec Keyna et ferma les yeux, se concentrant pour tenter de projeter son regard à travers le lien. Les premières secondes s’avérèrent infructueuses mais il persista jusqu’à retrouver l’étrange sensation de quitter son corps après deux bonnes minutes.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, ce fut plein de confusion et de colère. Les couleurs qu’il percevait n’étaient plus les mêmes, les odeurs bien plus envahissantes. Il tenta d’observer ce qui l’entourait pour savoir dans quelle partie de la forêt se trouvait Keyna, mais il se retrouva soudain projeté en arrière.
Lorsque sa tête heurta le sol, il s’agissait bien de la sienne et non de celle de la tigresse. Towann se redressa en se massant l’arrière du crâne, cherchant à comprendre.
« - Je crois qu’elle a…
- Oui, elle a rejeté ta conscience, c’était prévisible. As-tu pu voir quelque chose qui aide à la localiser ?
- Pas vraiment.
- Le moindre détail a son importance.
- C’était trop bref, je vais réessayer. »
Fermant à nouveau les yeux, Towann retenta d’établir le lien. Mais après plusieurs minutes de silence il n’obtint aucun résultat.
« - Elle ne me laisse pas faire…
- Il en faudrait plus pour rompre votre lien, il va falloir attendre qu’une sensation assez forte vous fasse réagir tous les deux.
- Comme quoi ?
- Le danger, la peur, la rage… peut-être le frisson de la chasse. Tu n’es pas pressé ?
- Si je peux éviter de trop traîner… disons que ça m’arrangerait.
- Encore des ennuis ? Tu ne m’as pas dit ce qui t’était arrivé depuis tes démêlés avec les Frostblade.
- Ça fait beaucoup de choses à raconter… » soupira Towann.
- Avec les ogres ça part tout seul…
- Ils vont nous rechercher après ça.
- Je ne crois pas qu’ils soient très doués pour suivre une piste. »
Les deux elfes arrivèrent en vue de la cabane de branches et de feuillages dans laquelle Towann s’était réveillé lors de sa rencontre avec l’ermite, alors qu’il avait encore frôlé la mort. Bâtie contre le flanc d’une colline, un petit ruisseau coulait à quelques mètres, rien ne semblait avoir vraiment changé, aucune fioriture, rien que l’essentiel. Une tanière.
« - J’ai du mal à concevoir que tu ne meures pas d’ennui ici.
- J’y reste rarement. Tu as d’ailleurs eu de la chance de me chercher maintenant, j’étais au Berceau-de-l’hiver il n’y a pas un mois.
- Sédentaire… Tous ces points communs, ça devient effrayant.
- Je crois simplement que nous vivons tous les deux en suivant les murmures de la grande Bête. Et puisqu’on en parle, il est temps de retrouver Keyna. Cela doit commencer par une étape essentielle.
- Laisse-moi deviner… »
Quoi qu’il ait pu dire, Towann devait admettre que ce retour au calme était nécessaire. Lentement, il remettait de l’ordre dans ses idées et ses priorités au fil de sa méditation. La voix d’Altanil le ramena finalement à la réalité.
« - Bien, maintenant que tu es plus tranquille, tu vas utiliser ton lien avec ta bête pour voir à travers ses yeux. »
Towann esquissa un léger rictus. Il n’avait plus usé de cette technique depuis longtemps et ne tenait pas à parler de la dernière fois que ça avait eu lieu.
« - Ça marchera si elle est loin ?
- Tout dépend de la profondeur de votre lien. Tu ne le sauras pas avant d’avoir essayé. »
Hochant la tête, il tenta de retrouver la part de sa conscience qu’il partageait avec Keyna et ferma les yeux, se concentrant pour tenter de projeter son regard à travers le lien. Les premières secondes s’avérèrent infructueuses mais il persista jusqu’à retrouver l’étrange sensation de quitter son corps après deux bonnes minutes.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, ce fut plein de confusion et de colère. Les couleurs qu’il percevait n’étaient plus les mêmes, les odeurs bien plus envahissantes. Il tenta d’observer ce qui l’entourait pour savoir dans quelle partie de la forêt se trouvait Keyna, mais il se retrouva soudain projeté en arrière.
Lorsque sa tête heurta le sol, il s’agissait bien de la sienne et non de celle de la tigresse. Towann se redressa en se massant l’arrière du crâne, cherchant à comprendre.
« - Je crois qu’elle a…
- Oui, elle a rejeté ta conscience, c’était prévisible. As-tu pu voir quelque chose qui aide à la localiser ?
- Pas vraiment.
- Le moindre détail a son importance.
- C’était trop bref, je vais réessayer. »
Fermant à nouveau les yeux, Towann retenta d’établir le lien. Mais après plusieurs minutes de silence il n’obtint aucun résultat.
« - Elle ne me laisse pas faire…
- Il en faudrait plus pour rompre votre lien, il va falloir attendre qu’une sensation assez forte vous fasse réagir tous les deux.
- Comme quoi ?
- Le danger, la peur, la rage… peut-être le frisson de la chasse. Tu n’es pas pressé ?
- Si je peux éviter de trop traîner… disons que ça m’arrangerait.
- Encore des ennuis ? Tu ne m’as pas dit ce qui t’était arrivé depuis tes démêlés avec les Frostblade.
- Ça fait beaucoup de choses à raconter… » soupira Towann.
Asélryn / Towann
Re: L'ermite de Féralas [Towann]
« - Alors ce… « pantin » prend ta place en ce moment.
- Tu comprendras que je pourrai terminer mon entraînement plus sereinement une fois qu’il sera mort.
- Mais pour ça tu as besoin de préparation. Sans oublier que tu n’en as pas vraiment fini avec les Frostblade, tu ferais bien de rester sur tes gardes.
- Un problème à la fois…
- C’est une façon de voir les choses. Mais si dans l’immédiat tu cherches à avancer sur la voie de Sin’kala je te suggère de suivre mes conseils.
- Ça va de soi. »
A peine eut-il fini sa phrase que Towann vit une main griffue jaillir subitement vers son visage. Ses réflexes ne furent alors pas suffisants pour lui éviter une entaille près de l’arcade sourcilière droite.
« - Qu’est-ce que tu…
- Je viens de te dire de rester sur tes gardes ! »
L’ermite attaqua de nouveau et cette fois, l’élève l’évita entièrement en roulant en arrière pour se retrouver sur ses pieds. Le coup de griffe suivant fut paré par celles de Towann, fraichement investi par la Bête, qui riposta alors d’une frappe diagonale, forçant son maître à reculer.
« - L’entraînement commence un peu vite.
- Quand tu ne te plains pas de devoir méditer tu te plains de devoir combattre. Il faudrait savoir ce que tu veux. »
Le Stomrunner esquissa un sourire féroce en écho à celui d’Altanil avant que l’affrontement ne reprenne brutalement.
Griffes et crocs scintillèrent, s’entrechoquant pour ne pas laisser l’adversaire porter un coup décisif. Cependant, Towann sentait qu’il était moins fort, moins rapide, moins féroce bien avant que son armure ne lui épargne plusieurs blessures. Lors de leurs affrontements quelques moi plus tôt il avait toujours senti leur différence de niveau, mais il aussi les chances qu’il avait – c’était en saisissant l’une d’elle qu’il avait pu gagner une fois.
Cette fois, il se sentait dépassé sur tous les points. Altanil ne commettait pas la moindre erreur dans ses gestes, rien qui ne lui permettait de porter un coup efficace. La tunique de cuir usée de l’ermite n’avait souffert aucune nouvelle déchirure depuis le début de l’affrontement et après une dizaine de minutes d’échange, Towann commençait à se décourager.
C’est alors que l’aîné chargea à nouveau et fit remonter ses griffes avec une telle force que son adversaire ne parvint pas à les bloquer, ni même à les dévier. Sa garde balayée, il jeta la tête en arrière et réussit à éviter l’attaque, mais la suivante survint plus vite encore et lui laissa une déchirure sur la partie droite de son cou. Mais sans le réflexe salvateur de se décaler au possible sur la gauche Towann fut conscient qu’il l’aurait tué sur le coup.
La donne changeait. Ce qui semblait être un simple entraînement prenait des allures de combat à mort et il était bien placé pour savoir qu’on pouvait difficilement raisonner un belluaire exalté par l’odeur du sang.
Lorsqu’il abattit les griffes de sa main droite sur la tête exposée de son mentor, Towann savait déjà que ce dernier l’éviterait mais le plus urgent pour lui était d’abord de prendre un peu de distance, chose qu’il ne lui accorda pas. Altanil approcha encore pour menacer sa gorge d’une paire de crocs acérés.
Bascule en arrière, pose une main au sol, balaie des griffes au-dessus de toi. Il l’a esquivé. Redresse-toi pendant le peu de répit que tu as gagné, en frappant avec la main qui était à terre, il dévie de ses griffes, enfonce avec l’épaule, frappe encore en diagonale, encore, encore…
Altanil bondit en arrière, incapable de contenir l’assaut furieux et pour la première fois en difficulté. C’est à cet instant qu’un rugissement terrible retentit derrière lui. Towann y vit Keyna, stupéfait, la tigresse plus menaçante qu’elle ne l’avait jamais été. La scène inspira un sourire à l’ermite.
« - Je crois que j’ai vu juste.
- Comment ça ? »
Le vieil homme avait abandonné sa forme bestiale, l’air de ne pas se sentir le moins menacé du monde.
« - Elle a senti ta peur quand tu as cru que j’essaierais de te tuer, elle a accouru. J’ai bien fait de miser sur la profondeur de votre lien, mais je crois que cette expérience va aussi t’être bénéfique.
- Keyna… Ce n’est pas un ennemi. »
Celle-ci sembla se désintéresser de l’ermite mais ce fut pour se montrer menaçante envers lui, approchant d’un pas léger et silencieux que Towann reconnut comme celui fait pour approcher sa proie.
« - Je suis désolé, tu t’es sentie trahie et j’aurais pris ça de la même manière, mais de mon coté je suis toujours celui que tu croyais. Celui qui te guide et qui veille sur toi, ton compagnon de chasse. »
Il allait ajouter qu’il n’oserait plus jamais s’en prendre à elle mais sentit que son seul regard parviendrait à le faire comprendre. Celui de la tigresse était froid, focalisé et lui répondait qu’elle était loin d’être convaincue.
Avec un feulement, elle se détourna finalement pour aller se coucher un peu plus loin.
« - Ça ne pourra qu’aller mieux avec le temps, j’espère.
- Ça te laissera aussi le temps de méditer sur ce que tu viens d’apprendre.
- Ce que je viens d’apprendre ? »
Altanil prit une mine consternée et s’assit en tailleur, rappelant à Towann qu’il n’avait plus besoin de ses griffes et crocs.
« - Le compréhension n’est pas ton point fort… Tu as retrouvé ta compagne, même son votre lien est encore affaibli, mais tu n'as pas remarqué que la fin de notre combat était bien différent. Tu ne t’es pas rendu compte de la force que tu as déployée pour faire ceci ? »
Il montra alors ses bras, d’où suintaient plusieurs entailles.
« - Pourquoi crois-tu que j’aie tenté de porter un coup mortel ? Tu t’imaginais qu’avec ces dizaines de siècles de maîtrise j’avais perdu le contrôle ? Sin’kala n’est plus une menace pour moi sous aucune forme, mais je la respecte toujours comme celle qui me guide et me donne ma force. Ce que je voulais c’était réveiller ta peur, une chose que tu avais l’air d’avoir oubliée.
- La peur ? Je ne l’ai pas oubliée, loin de là…
- Tu as eu peur ces derniers temps ?
- …oui, je…
- Pour les autres ou pour toi-même ? » le coupa Altanil, dont le regard se faisait accusateur.
« - Si j’ai peur pour ma vie ça va me freiner.
- Seulement si tu la laisses prendre le dessus oui, elle peut te figer sur place. Mais si tu ne lui laisses pas t’envahir complètement, tu as le résultat sous les yeux.
- Elle galvanise…
- Exactement. Tu ne dois pas la refouler en te faisant dur comme fer, tu dois lui laisser sa place. C’est l’essence même de l’instinct de survie, une de nos forces. Mais il faut avoir peur des « bonnes » choses.
- Parce qu’il y a de bonnes et de mauvaises peurs ?
- Tu ne pouvais pas le savoir, tu ne cultives que les mauvaises. »
Towann se renfrogna.
« - Déjà, tu as peur de Sin’kala. Ça crève les yeux. Tu crains ce dont elle est capable, ce qu’elle pourrait faire de toi.
- Elle m’a fait perdre les pédales une fois et je n’en garde vraiment pas un bon souvenir. Des Sentinelles ont bien failli m’abattre comme un animal enragé et maintenant que j’ai une famille sur laquelle veiller…
- Encore une mauvaise peur ! Ta tête doit être occupée sur ce que tu fais, pas sur ce qui pourrait arriver. Tu peux t’inquiéter des conséquences mais une fois dans un combat tout ceci n’a plus lieu d’être. Si tu as peur de ce que tu pourrais faire à tes proches tu risques plus de perdre le contrôle s’il leur arrive quelque chose.
- Sans retenue c’est moi qui pourrais leur faire du mal.
- C’est un choix que doivent faire tous les belluaires de Sin’kala. Réussir ce pari, c’est prouver que cette voie est faite pour nous. Sans ça tu ne pourras plus t’améliorer et encore moins gagner Son respect. »
Towann poussa un long soupir qui amusa son maître.
« - Tu es là pour apprendre.
- Je sais, une vieille habitude. »
- Tu comprendras que je pourrai terminer mon entraînement plus sereinement une fois qu’il sera mort.
- Mais pour ça tu as besoin de préparation. Sans oublier que tu n’en as pas vraiment fini avec les Frostblade, tu ferais bien de rester sur tes gardes.
- Un problème à la fois…
- C’est une façon de voir les choses. Mais si dans l’immédiat tu cherches à avancer sur la voie de Sin’kala je te suggère de suivre mes conseils.
- Ça va de soi. »
A peine eut-il fini sa phrase que Towann vit une main griffue jaillir subitement vers son visage. Ses réflexes ne furent alors pas suffisants pour lui éviter une entaille près de l’arcade sourcilière droite.
« - Qu’est-ce que tu…
- Je viens de te dire de rester sur tes gardes ! »
L’ermite attaqua de nouveau et cette fois, l’élève l’évita entièrement en roulant en arrière pour se retrouver sur ses pieds. Le coup de griffe suivant fut paré par celles de Towann, fraichement investi par la Bête, qui riposta alors d’une frappe diagonale, forçant son maître à reculer.
« - L’entraînement commence un peu vite.
- Quand tu ne te plains pas de devoir méditer tu te plains de devoir combattre. Il faudrait savoir ce que tu veux. »
Le Stomrunner esquissa un sourire féroce en écho à celui d’Altanil avant que l’affrontement ne reprenne brutalement.
Griffes et crocs scintillèrent, s’entrechoquant pour ne pas laisser l’adversaire porter un coup décisif. Cependant, Towann sentait qu’il était moins fort, moins rapide, moins féroce bien avant que son armure ne lui épargne plusieurs blessures. Lors de leurs affrontements quelques moi plus tôt il avait toujours senti leur différence de niveau, mais il aussi les chances qu’il avait – c’était en saisissant l’une d’elle qu’il avait pu gagner une fois.
Cette fois, il se sentait dépassé sur tous les points. Altanil ne commettait pas la moindre erreur dans ses gestes, rien qui ne lui permettait de porter un coup efficace. La tunique de cuir usée de l’ermite n’avait souffert aucune nouvelle déchirure depuis le début de l’affrontement et après une dizaine de minutes d’échange, Towann commençait à se décourager.
C’est alors que l’aîné chargea à nouveau et fit remonter ses griffes avec une telle force que son adversaire ne parvint pas à les bloquer, ni même à les dévier. Sa garde balayée, il jeta la tête en arrière et réussit à éviter l’attaque, mais la suivante survint plus vite encore et lui laissa une déchirure sur la partie droite de son cou. Mais sans le réflexe salvateur de se décaler au possible sur la gauche Towann fut conscient qu’il l’aurait tué sur le coup.
La donne changeait. Ce qui semblait être un simple entraînement prenait des allures de combat à mort et il était bien placé pour savoir qu’on pouvait difficilement raisonner un belluaire exalté par l’odeur du sang.
Lorsqu’il abattit les griffes de sa main droite sur la tête exposée de son mentor, Towann savait déjà que ce dernier l’éviterait mais le plus urgent pour lui était d’abord de prendre un peu de distance, chose qu’il ne lui accorda pas. Altanil approcha encore pour menacer sa gorge d’une paire de crocs acérés.
Bascule en arrière, pose une main au sol, balaie des griffes au-dessus de toi. Il l’a esquivé. Redresse-toi pendant le peu de répit que tu as gagné, en frappant avec la main qui était à terre, il dévie de ses griffes, enfonce avec l’épaule, frappe encore en diagonale, encore, encore…
Altanil bondit en arrière, incapable de contenir l’assaut furieux et pour la première fois en difficulté. C’est à cet instant qu’un rugissement terrible retentit derrière lui. Towann y vit Keyna, stupéfait, la tigresse plus menaçante qu’elle ne l’avait jamais été. La scène inspira un sourire à l’ermite.
« - Je crois que j’ai vu juste.
- Comment ça ? »
Le vieil homme avait abandonné sa forme bestiale, l’air de ne pas se sentir le moins menacé du monde.
« - Elle a senti ta peur quand tu as cru que j’essaierais de te tuer, elle a accouru. J’ai bien fait de miser sur la profondeur de votre lien, mais je crois que cette expérience va aussi t’être bénéfique.
- Keyna… Ce n’est pas un ennemi. »
Celle-ci sembla se désintéresser de l’ermite mais ce fut pour se montrer menaçante envers lui, approchant d’un pas léger et silencieux que Towann reconnut comme celui fait pour approcher sa proie.
« - Je suis désolé, tu t’es sentie trahie et j’aurais pris ça de la même manière, mais de mon coté je suis toujours celui que tu croyais. Celui qui te guide et qui veille sur toi, ton compagnon de chasse. »
Il allait ajouter qu’il n’oserait plus jamais s’en prendre à elle mais sentit que son seul regard parviendrait à le faire comprendre. Celui de la tigresse était froid, focalisé et lui répondait qu’elle était loin d’être convaincue.
Avec un feulement, elle se détourna finalement pour aller se coucher un peu plus loin.
« - Ça ne pourra qu’aller mieux avec le temps, j’espère.
- Ça te laissera aussi le temps de méditer sur ce que tu viens d’apprendre.
- Ce que je viens d’apprendre ? »
Altanil prit une mine consternée et s’assit en tailleur, rappelant à Towann qu’il n’avait plus besoin de ses griffes et crocs.
« - Le compréhension n’est pas ton point fort… Tu as retrouvé ta compagne, même son votre lien est encore affaibli, mais tu n'as pas remarqué que la fin de notre combat était bien différent. Tu ne t’es pas rendu compte de la force que tu as déployée pour faire ceci ? »
Il montra alors ses bras, d’où suintaient plusieurs entailles.
« - Pourquoi crois-tu que j’aie tenté de porter un coup mortel ? Tu t’imaginais qu’avec ces dizaines de siècles de maîtrise j’avais perdu le contrôle ? Sin’kala n’est plus une menace pour moi sous aucune forme, mais je la respecte toujours comme celle qui me guide et me donne ma force. Ce que je voulais c’était réveiller ta peur, une chose que tu avais l’air d’avoir oubliée.
- La peur ? Je ne l’ai pas oubliée, loin de là…
- Tu as eu peur ces derniers temps ?
- …oui, je…
- Pour les autres ou pour toi-même ? » le coupa Altanil, dont le regard se faisait accusateur.
« - Si j’ai peur pour ma vie ça va me freiner.
- Seulement si tu la laisses prendre le dessus oui, elle peut te figer sur place. Mais si tu ne lui laisses pas t’envahir complètement, tu as le résultat sous les yeux.
- Elle galvanise…
- Exactement. Tu ne dois pas la refouler en te faisant dur comme fer, tu dois lui laisser sa place. C’est l’essence même de l’instinct de survie, une de nos forces. Mais il faut avoir peur des « bonnes » choses.
- Parce qu’il y a de bonnes et de mauvaises peurs ?
- Tu ne pouvais pas le savoir, tu ne cultives que les mauvaises. »
Towann se renfrogna.
« - Déjà, tu as peur de Sin’kala. Ça crève les yeux. Tu crains ce dont elle est capable, ce qu’elle pourrait faire de toi.
- Elle m’a fait perdre les pédales une fois et je n’en garde vraiment pas un bon souvenir. Des Sentinelles ont bien failli m’abattre comme un animal enragé et maintenant que j’ai une famille sur laquelle veiller…
- Encore une mauvaise peur ! Ta tête doit être occupée sur ce que tu fais, pas sur ce qui pourrait arriver. Tu peux t’inquiéter des conséquences mais une fois dans un combat tout ceci n’a plus lieu d’être. Si tu as peur de ce que tu pourrais faire à tes proches tu risques plus de perdre le contrôle s’il leur arrive quelque chose.
- Sans retenue c’est moi qui pourrais leur faire du mal.
- C’est un choix que doivent faire tous les belluaires de Sin’kala. Réussir ce pari, c’est prouver que cette voie est faite pour nous. Sans ça tu ne pourras plus t’améliorer et encore moins gagner Son respect. »
Towann poussa un long soupir qui amusa son maître.
« - Tu es là pour apprendre.
- Je sais, une vieille habitude. »
Asélryn / Towann
Re: L'ermite de Féralas [Towann]
« - Reste concentré. »
Facile à dire…
Un épais bandeau noué autour des yeux, Towann était tendu comme la corde d’un arc. Les attaques d’Altanil n’allaient pas tarder à venir et ne pas pouvoir le voir ne l’aurait pas tant gêné si les déplacement de ce dernier n’étaient pas aussi silencieux. Il n’avait pour se défendre que son odorat et son instinct, ce qui n’était pas du luxe étant donné la vitesse de frappe de son mentor.
Reniflant lentement, il perçut soudain l’odeur de son adversaire qu’il pensa arriver par derrière, mais avant qu’il n’ait pu réagir la pointe du bâton qu’utilisait Altanil pour cet exercice lui heurta violemment la tempe.
« - C’est vicieux comme attaque !
- Tu dois être en mesure de te défendre, surtout si ton ennemi cherche à te désorienter ! »
Quelques secondes plus tard, Towann envoya sa main bloquer le bâton qu’il sentait venir à sa gauche. Mais ce dernier le faucha derrière les genoux et le fit tomber à quatre pattes.
« - On peut déterminer le niveau de l’attaque rien qu’avec son flair ?
- Non, mais la perception du danger est le sixième sens de la Bête, celui que tu as désespérément besoin de développer. »
Il se redressa, reniflant encore, et attendit l’assaut suivant. Peut-être pouvait-il affiner son ouïe et finalement entendre son mentor approcher.
L’idée lui parut idiote après un coup de bâton surprise dans les côtes.
Prenant son mal en patience, il patienta, concentré, jusqu’au prochain coup. Puis sans pouvoir se l’expliquer il sut.
D’un geste vif il referma sa poigne sur l’extrémité du bâton qui venait de nouveau à la rencontre de sa tempe.
« - Beaucoup mieux. »
Il relâcha l’arme de son maître pour attendre l’attaque suivante. Towann se retourna brusquement mais sa main ne rencontra que le vide à l’instant où une douleur sourde se fit sentir au bas de son dos.
Il fut encore frappé au cou, aux côtes et sur le dessus du crâne avant de parvenir à saisir de nouveau le bâton alors qu’il tentait de lui faucher les jambes.
« - Tu commences à saisir. Veux-tu faire une pause ?
- Non. »
Ne pouvant deviner le sourire de l’ermite, il reprit sa concentration. Au fil de ses allées et venues, Altanil avait laissé son odeur flotter dans les environs et il devenait difficile de s’en servir pour le sentir approcher. Mais Towann commençait à percevoir le sifflement d’air provoqué par son arme, ce qui lui avait permis de stopper le dernier assaut.
Le suivant vint d’ailleurs le frapper en plein visage et lui arracha un grognement.
« - Ton adversaire visera là où ça peut te faire mal.
- Je n’ai rien dit, un pingouin a essayé de m’arracher les yeux il y a peu…
- Je ne doute pas qu’il devait être redoutable. »
Towann fronça un sourcil, n’ayant pas entendu la moindre pointe d’ironie dans la voix de son maître, et reçut un nouveau coup dans le bas du dos. Mais seulement une paire de secondes plus tard, il saisit instinctivement la pointe du bâton qui filait vers son plexus.
« - Bien vu.
- J’LES AI TROUVES !! C’EST LES ELFES QU’ONT TOUT CASSE DANS L’CAMP !! V’NEZ LES CHOPER BANDE DE MOLLASSONS !!
- Ne me dis surtout pas que…
- Retire ton bandeau. »
Towann regretta presque de retrouver la vue. Au-delà du ruisseau, à une bonne trentaine de mètres, un ogre habillé de fourrure pointait une hallebarde dans leur direction et plusieurs de ses congénères arrivaient hors des broussailles.
« - ALLEZ, ALLEZ !!! Y SONT BONS POUR LA MARMITE CETTE FOIS !! »
Une bonne quinzaine d’ogres était déjà arrivée et d’autres semblaient les rejoindre. Grognant, Towann tira deux grenades à manche de sa sacoche.
« - S’ils sont venus chercher les ennuis j’ai quelques cadeaux pour eux…
- Non Towann, reste en arrière.
- Tu te moques de moi ? Ils sont trop nombreux pour toi ! »
Sans l’écouter, Altanil fit quelques pas en direction des ogres.
« - ECRASEZ CELUI-LA !! ON LES F’RA EN BOUILLIE !
- Tu es sur mon territoire, ogre ! »
Un temps d’incompréhension parcourut les rangs des ogres, puis celui qui semblait être le pisteur reprit la parole.
« - TERRITOIRE OU PAS TERRITOIRE TOI DEJA MORT !!
- Je ne le répèterai pas, faites demi-tour maintenant.
- ATTRAPEZ-LE, J’VAIS L’ETRIPER MOI-MÊME ! »
Alors que les brutes allaient charger, Altanil se courba en prenant sa forme bestiale et poussa un rugissement terrifiant. On ne pouvait l’assimiler à un être humanoïde, c’était là le rugissement d’un alpha qui défendait sa terre, un maître prédateur.
Les ogres se figèrent dans leur assaut, une telle férocité faisait réfléchir même les moins malins.
C’est alors qu’un autre rugissement répondit, celui d’un ours qui surgit des broussailles derrière les ogres et bondit sur un trainard.
Towann était lui-même impressionné. Il n’avait jamais demandé à Altanil s’il avait un compagnon et n’imaginait pas qu’il se serait tourné vers ce genre de bête.
Mais soudain ce fut un grand loup blanc qui le dépassa pour charger à son tour les ogres, qui avaient alors affaire à l’ours, rejoint par deux de ses congénères. Puis deux faucons piquèrent à travers les feuillages pour s’abattre sur les assaillants, suivis par une chimère imposante.
Stupéfait, Towann assista au spectacle d’une véritable meute qui mettait les ogres en pièces, composée de toutes les bêtes sauvages des environs qui avaient entendu le rugissement - l’appel - d’Altanil. Ce dernier se trouvait parmi elles est ne se laissait pas voler sa part du carnage alors que le pisteur ogre beuglait des ordres paniqués au milieu de la cohue.
Après seulement une minute, plus aucun ogre ne respirait. Chaque bête sauvage retourna dans les profondeurs de la forêt sans faire attention aux autres, tandis que le belluaire revenait couvert de sang vers son élève. De nouveau, il ressemblait à un vieil elfe comme les autres et affichait un petit sourire face à la mine déconfite de Towann.
« - Dans leur camp tu m’as montré de quoi tu étais capable avec des explosions. Je pense qu’il était temps que tu voies de quoi un belluaire confirmé est capable.
- Toutes ces bêtes…
- Toutes sauvages, mais toutes liées à Sin’kala. Tu comprends maintenant à quel point notre savoir est précieux ?
- Je serais capable d’une chose pareille ? »
Altanil rit.
« - Sans doute, mais il te reste beaucoup de choses à apprendre avant de le pouvoir. Ça pourrait prendre des mois comme des années.
- Je vois, alors on peut continuer. »
Sur ces mots, Towann replaça le bandeau sur ses yeux. Altanil ramassa son bâton, satisfait d’avoir apporté une nouvelle motivation à son élève, et porta un coup sournois.
Facile à dire…
Un épais bandeau noué autour des yeux, Towann était tendu comme la corde d’un arc. Les attaques d’Altanil n’allaient pas tarder à venir et ne pas pouvoir le voir ne l’aurait pas tant gêné si les déplacement de ce dernier n’étaient pas aussi silencieux. Il n’avait pour se défendre que son odorat et son instinct, ce qui n’était pas du luxe étant donné la vitesse de frappe de son mentor.
Reniflant lentement, il perçut soudain l’odeur de son adversaire qu’il pensa arriver par derrière, mais avant qu’il n’ait pu réagir la pointe du bâton qu’utilisait Altanil pour cet exercice lui heurta violemment la tempe.
« - C’est vicieux comme attaque !
- Tu dois être en mesure de te défendre, surtout si ton ennemi cherche à te désorienter ! »
Quelques secondes plus tard, Towann envoya sa main bloquer le bâton qu’il sentait venir à sa gauche. Mais ce dernier le faucha derrière les genoux et le fit tomber à quatre pattes.
« - On peut déterminer le niveau de l’attaque rien qu’avec son flair ?
- Non, mais la perception du danger est le sixième sens de la Bête, celui que tu as désespérément besoin de développer. »
Il se redressa, reniflant encore, et attendit l’assaut suivant. Peut-être pouvait-il affiner son ouïe et finalement entendre son mentor approcher.
L’idée lui parut idiote après un coup de bâton surprise dans les côtes.
Prenant son mal en patience, il patienta, concentré, jusqu’au prochain coup. Puis sans pouvoir se l’expliquer il sut.
D’un geste vif il referma sa poigne sur l’extrémité du bâton qui venait de nouveau à la rencontre de sa tempe.
« - Beaucoup mieux. »
Il relâcha l’arme de son maître pour attendre l’attaque suivante. Towann se retourna brusquement mais sa main ne rencontra que le vide à l’instant où une douleur sourde se fit sentir au bas de son dos.
Il fut encore frappé au cou, aux côtes et sur le dessus du crâne avant de parvenir à saisir de nouveau le bâton alors qu’il tentait de lui faucher les jambes.
« - Tu commences à saisir. Veux-tu faire une pause ?
- Non. »
Ne pouvant deviner le sourire de l’ermite, il reprit sa concentration. Au fil de ses allées et venues, Altanil avait laissé son odeur flotter dans les environs et il devenait difficile de s’en servir pour le sentir approcher. Mais Towann commençait à percevoir le sifflement d’air provoqué par son arme, ce qui lui avait permis de stopper le dernier assaut.
Le suivant vint d’ailleurs le frapper en plein visage et lui arracha un grognement.
« - Ton adversaire visera là où ça peut te faire mal.
- Je n’ai rien dit, un pingouin a essayé de m’arracher les yeux il y a peu…
- Je ne doute pas qu’il devait être redoutable. »
Towann fronça un sourcil, n’ayant pas entendu la moindre pointe d’ironie dans la voix de son maître, et reçut un nouveau coup dans le bas du dos. Mais seulement une paire de secondes plus tard, il saisit instinctivement la pointe du bâton qui filait vers son plexus.
« - Bien vu.
- J’LES AI TROUVES !! C’EST LES ELFES QU’ONT TOUT CASSE DANS L’CAMP !! V’NEZ LES CHOPER BANDE DE MOLLASSONS !!
- Ne me dis surtout pas que…
- Retire ton bandeau. »
Towann regretta presque de retrouver la vue. Au-delà du ruisseau, à une bonne trentaine de mètres, un ogre habillé de fourrure pointait une hallebarde dans leur direction et plusieurs de ses congénères arrivaient hors des broussailles.
« - ALLEZ, ALLEZ !!! Y SONT BONS POUR LA MARMITE CETTE FOIS !! »
Une bonne quinzaine d’ogres était déjà arrivée et d’autres semblaient les rejoindre. Grognant, Towann tira deux grenades à manche de sa sacoche.
« - S’ils sont venus chercher les ennuis j’ai quelques cadeaux pour eux…
- Non Towann, reste en arrière.
- Tu te moques de moi ? Ils sont trop nombreux pour toi ! »
Sans l’écouter, Altanil fit quelques pas en direction des ogres.
« - ECRASEZ CELUI-LA !! ON LES F’RA EN BOUILLIE !
- Tu es sur mon territoire, ogre ! »
Un temps d’incompréhension parcourut les rangs des ogres, puis celui qui semblait être le pisteur reprit la parole.
« - TERRITOIRE OU PAS TERRITOIRE TOI DEJA MORT !!
- Je ne le répèterai pas, faites demi-tour maintenant.
- ATTRAPEZ-LE, J’VAIS L’ETRIPER MOI-MÊME ! »
Alors que les brutes allaient charger, Altanil se courba en prenant sa forme bestiale et poussa un rugissement terrifiant. On ne pouvait l’assimiler à un être humanoïde, c’était là le rugissement d’un alpha qui défendait sa terre, un maître prédateur.
Les ogres se figèrent dans leur assaut, une telle férocité faisait réfléchir même les moins malins.
C’est alors qu’un autre rugissement répondit, celui d’un ours qui surgit des broussailles derrière les ogres et bondit sur un trainard.
Towann était lui-même impressionné. Il n’avait jamais demandé à Altanil s’il avait un compagnon et n’imaginait pas qu’il se serait tourné vers ce genre de bête.
Mais soudain ce fut un grand loup blanc qui le dépassa pour charger à son tour les ogres, qui avaient alors affaire à l’ours, rejoint par deux de ses congénères. Puis deux faucons piquèrent à travers les feuillages pour s’abattre sur les assaillants, suivis par une chimère imposante.
Stupéfait, Towann assista au spectacle d’une véritable meute qui mettait les ogres en pièces, composée de toutes les bêtes sauvages des environs qui avaient entendu le rugissement - l’appel - d’Altanil. Ce dernier se trouvait parmi elles est ne se laissait pas voler sa part du carnage alors que le pisteur ogre beuglait des ordres paniqués au milieu de la cohue.
Après seulement une minute, plus aucun ogre ne respirait. Chaque bête sauvage retourna dans les profondeurs de la forêt sans faire attention aux autres, tandis que le belluaire revenait couvert de sang vers son élève. De nouveau, il ressemblait à un vieil elfe comme les autres et affichait un petit sourire face à la mine déconfite de Towann.
« - Dans leur camp tu m’as montré de quoi tu étais capable avec des explosions. Je pense qu’il était temps que tu voies de quoi un belluaire confirmé est capable.
- Toutes ces bêtes…
- Toutes sauvages, mais toutes liées à Sin’kala. Tu comprends maintenant à quel point notre savoir est précieux ?
- Je serais capable d’une chose pareille ? »
Altanil rit.
« - Sans doute, mais il te reste beaucoup de choses à apprendre avant de le pouvoir. Ça pourrait prendre des mois comme des années.
- Je vois, alors on peut continuer. »
Sur ces mots, Towann replaça le bandeau sur ses yeux. Altanil ramassa son bâton, satisfait d’avoir apporté une nouvelle motivation à son élève, et porta un coup sournois.
Asélryn / Towann
Re: L'ermite de Féralas [Towann]
Il ne pleut pas si souvent que ça en Féralas, mais lorsque c’est le cas la forêt entière devient une véritable éponge. En à peine quelques heures le sol devient marécageux, la chaleur ambiante garde l’humidité en suspension et les feuilles trempées des hauts arbres continuent de diffuser une agaçante bruine durant les éclaircies. Les quelques bêtes sauvages de sortie doivent l’endurer et se montrent facilement irritables, tout cela sans parler des terribles nuées de moustiques qui n’épargnent aucun être de sang chaud.
C’est dans cet enfer tropical que Towann progressait d’un pas régulier, monotone mais inexorable. Il n’avait pas accordé un regard à Keyna depuis longtemps déjà mais il la savait quelques pas derrière lui, vigilante. Il avançait d’une démarche rigidifiée par l’épuisement mais la colère qui lui brûlait les entrailles depuis plusieurs jours était un carburant puissant. Il se refusait à faire une pause ou à soigner ses blessures pour ne pas perdre de temps – il en avait déjà bien trop perdu.
Mais ni les brûlures causées par le pantin, ni ses griffures et coups de lame, ni ses muscles endoloris, ni la flèche plantée dans son épaule et encore moins la fatigue accumulée n’était une raison valable pour prendre son temps. Par négligence et arrogance il était retourné à Hurlevent dans l’espoir qu’Ethiel Frostblade vienne le défier alors qu’il était seul, et le poids de cette erreur faisait croitre sa rage de jour en jour. Un elfe mort-vivant était venu à lui mais pas le bon, celui-là avait pour seul but de le tenir loin de Céralynde assez longtemps pour qu’un autre Towann parte avec elle.
Il avait beaucoup trop de sosies en ce moment…
Le pied du belluaire s’enfonça dans une flaque et l’elfe se retrouva soudain avec de l’eau au-dessus du genou, l’autre devant toucher terre pour qu’il conserve l’équilibre. Il s’extirpa du piège en pestant et reprit un rythme plus rapide encore, en ignorant la douleur dans chacun de ses muscles. Il sentait la désapprobation de Keyna pour son attitude mais avec le temps sa propre rage se transmettait à la tigresse qui le suivrait de toute façon jusqu’au bout.
Le belluaire agrippa une branche basse pour se maintenir alors que son chemin se faisait irrégulier et pentu. Mais au même moment le bois mouillé lui glissa entre les doigts et la boue sous ses pieds se déroba pour lui infliger une chute de trois bons mètres sur la pente glissante.
C’est allongé dans la boue que Towann sentit pour la première fois depuis son départ que son corps approchait ses limites. Il voulut rester étalé là et récupérer ne serait-ce qu’un petit peu, mais à l’arrivée de Keyna il chassa ses pensées négatives et se força à se relever. La bête le fixait calmement et l’elfe y lut des questions, des inquiétudes.
« - Quand on l’aura récupérée… On ne se reposera pas avant de l’avoir trouvée ! »
Keyna inclina la tête, prête à le suivre de nouveau, mais une silhouette assombrie par la pluie dévala soudain la pente par laquelle il était arrivé – avec un dérapage clairement plus contrôlé. Towann attrapa instinctivement la crosse de son fusil de sa main valide, laissant son bras gauche pendre mollement le long de son buste, mais l’inconnu s’avança et fut vite visible.
« - Je croyais que tu en avais pour quelque temps avant de revenir Towann.
- Altanil ?! Comment est-ce que… Tu arrives à pister quelqu’un sous cette pluie ?
- Le pistage ne se résume pas par l’odeur, et puis à te croire intraçable tu laisses beaucoup d’indices derrière toi. Mais tu es blessé ? »
Towann grinça des dents. Il était heureux de revoir son maître mais il ne lui ferait que perdre du temps, ce qu’il tenait à éviter depuis son départ. Il haussa le ton pour être bien entendu sous la pluie devenue un véritable déluge.
« - Mes blessures attendront, je dois arriver le plus vite possible aux ruines shen’dralar, loin au sud de ta tanière. Si tu peux m’y mener rapidement j’aurai encore une dette envers toi.
- Qu’est-ce qui te presse tant ?
- Céralynde est là-bas seule avec nos ennemis.
- Ah ! C’est donc ça, tu sais pertinemment que tu dois t’y rendre immédiatement et que tous tes autres problèmes trouveront une solution après ça.
- Oui, je…
- Idiot! »
Towann s’interrompit, coupé par le brusque changement de ton de son mentor.
« - Tu vas encore te jeter à corps perdu dans un combat, tu n’as aucune certitude de ce que tu vas y trouver et tu y vas seul ! Et je ne parle pas de ton état lamentable, tu tiens à peine debout !
- Mon état est largement suffisant pour écraser ces rats ! »
Altanil amorça son geste avant que son élève n’ait fini sa phrase. Il saisit fermement le bois de la flèche qui dépassait encore légèrement de l’épaulière à tête d’ours et le tordit sans pitié.
La douleur qui foudroya Towann le força à poser un genou dans la boue avec un cri de souffrance. Il sentit se rouvrir complètement la plaie qui avait commencé à s’infecter autour de la flèche.
« - Arrête de te croire invincible ! Tu crois qu’être fort et échapper à la mort fait de toi quelqu’un d’exceptionnel ? Est-ce que tu sais ce qui va se passer si je te laisse partir là-bas dans ton état ? Tu le sais très bien et je veux que tu l’admettes !
- Lâche-moi…
- Dis-le ! »
Il grogna entre ses dents tandis que son maître exerçait une nouvelle torsion sur la flèche. Mais plus que la douleur physique, c’était la blessure pour son orgueil qui le tiraillait avec le plus de force. Encore et toujours, son arrogance le poussait à ignorer ses faiblesses, à refuser l’aide qu’on lui proposait, à rechercher le combat alors même qu’il sentait ses limites proches.
Sa façon d’agir était stupide et Altanil lui assénait cette leçon avec plus de violence qu’aucune autre.
« - …me faire tuer…
- Tu as dit quelque chose ?
- Je vais me faire tu… »
C’est cet instant précis que choisit l’ermite pour poser son autre main sur l’épaulière et arracher sèchement la flèche qui l’avait traversée pour se ficher dans la chair.
« - …EEEEER !!! Bon sang Altanil !!
- Lève-toi si tu es si fort ! Ma tanière n’est pas loin, tu vas soigner tes blessures là-bas en attendant que la pluie cesse. Et n’essaie pas de me fausser compagnie en douce, je te rattraperais avant que tu n’aies parcouru un quart du chemin. »
Towann vit son maître tourner les talons et se mettre en marche. Il n’allait pas plus le contrarier puisque tous deux savaient pertinemment qu’il avait raison. Avant de partir à sa suite, il tourna le regard vers Keyna.
La tigresse l’observait avec dans le regard ce qui ressemblait à de l’amusement et lui arracha un soupir agacé.
Fausse sœur…
C’est dans cet enfer tropical que Towann progressait d’un pas régulier, monotone mais inexorable. Il n’avait pas accordé un regard à Keyna depuis longtemps déjà mais il la savait quelques pas derrière lui, vigilante. Il avançait d’une démarche rigidifiée par l’épuisement mais la colère qui lui brûlait les entrailles depuis plusieurs jours était un carburant puissant. Il se refusait à faire une pause ou à soigner ses blessures pour ne pas perdre de temps – il en avait déjà bien trop perdu.
Mais ni les brûlures causées par le pantin, ni ses griffures et coups de lame, ni ses muscles endoloris, ni la flèche plantée dans son épaule et encore moins la fatigue accumulée n’était une raison valable pour prendre son temps. Par négligence et arrogance il était retourné à Hurlevent dans l’espoir qu’Ethiel Frostblade vienne le défier alors qu’il était seul, et le poids de cette erreur faisait croitre sa rage de jour en jour. Un elfe mort-vivant était venu à lui mais pas le bon, celui-là avait pour seul but de le tenir loin de Céralynde assez longtemps pour qu’un autre Towann parte avec elle.
Il avait beaucoup trop de sosies en ce moment…
Le pied du belluaire s’enfonça dans une flaque et l’elfe se retrouva soudain avec de l’eau au-dessus du genou, l’autre devant toucher terre pour qu’il conserve l’équilibre. Il s’extirpa du piège en pestant et reprit un rythme plus rapide encore, en ignorant la douleur dans chacun de ses muscles. Il sentait la désapprobation de Keyna pour son attitude mais avec le temps sa propre rage se transmettait à la tigresse qui le suivrait de toute façon jusqu’au bout.
Le belluaire agrippa une branche basse pour se maintenir alors que son chemin se faisait irrégulier et pentu. Mais au même moment le bois mouillé lui glissa entre les doigts et la boue sous ses pieds se déroba pour lui infliger une chute de trois bons mètres sur la pente glissante.
C’est allongé dans la boue que Towann sentit pour la première fois depuis son départ que son corps approchait ses limites. Il voulut rester étalé là et récupérer ne serait-ce qu’un petit peu, mais à l’arrivée de Keyna il chassa ses pensées négatives et se força à se relever. La bête le fixait calmement et l’elfe y lut des questions, des inquiétudes.
« - Quand on l’aura récupérée… On ne se reposera pas avant de l’avoir trouvée ! »
Keyna inclina la tête, prête à le suivre de nouveau, mais une silhouette assombrie par la pluie dévala soudain la pente par laquelle il était arrivé – avec un dérapage clairement plus contrôlé. Towann attrapa instinctivement la crosse de son fusil de sa main valide, laissant son bras gauche pendre mollement le long de son buste, mais l’inconnu s’avança et fut vite visible.
« - Je croyais que tu en avais pour quelque temps avant de revenir Towann.
- Altanil ?! Comment est-ce que… Tu arrives à pister quelqu’un sous cette pluie ?
- Le pistage ne se résume pas par l’odeur, et puis à te croire intraçable tu laisses beaucoup d’indices derrière toi. Mais tu es blessé ? »
Towann grinça des dents. Il était heureux de revoir son maître mais il ne lui ferait que perdre du temps, ce qu’il tenait à éviter depuis son départ. Il haussa le ton pour être bien entendu sous la pluie devenue un véritable déluge.
« - Mes blessures attendront, je dois arriver le plus vite possible aux ruines shen’dralar, loin au sud de ta tanière. Si tu peux m’y mener rapidement j’aurai encore une dette envers toi.
- Qu’est-ce qui te presse tant ?
- Céralynde est là-bas seule avec nos ennemis.
- Ah ! C’est donc ça, tu sais pertinemment que tu dois t’y rendre immédiatement et que tous tes autres problèmes trouveront une solution après ça.
- Oui, je…
- Idiot! »
Towann s’interrompit, coupé par le brusque changement de ton de son mentor.
« - Tu vas encore te jeter à corps perdu dans un combat, tu n’as aucune certitude de ce que tu vas y trouver et tu y vas seul ! Et je ne parle pas de ton état lamentable, tu tiens à peine debout !
- Mon état est largement suffisant pour écraser ces rats ! »
Altanil amorça son geste avant que son élève n’ait fini sa phrase. Il saisit fermement le bois de la flèche qui dépassait encore légèrement de l’épaulière à tête d’ours et le tordit sans pitié.
La douleur qui foudroya Towann le força à poser un genou dans la boue avec un cri de souffrance. Il sentit se rouvrir complètement la plaie qui avait commencé à s’infecter autour de la flèche.
« - Arrête de te croire invincible ! Tu crois qu’être fort et échapper à la mort fait de toi quelqu’un d’exceptionnel ? Est-ce que tu sais ce qui va se passer si je te laisse partir là-bas dans ton état ? Tu le sais très bien et je veux que tu l’admettes !
- Lâche-moi…
- Dis-le ! »
Il grogna entre ses dents tandis que son maître exerçait une nouvelle torsion sur la flèche. Mais plus que la douleur physique, c’était la blessure pour son orgueil qui le tiraillait avec le plus de force. Encore et toujours, son arrogance le poussait à ignorer ses faiblesses, à refuser l’aide qu’on lui proposait, à rechercher le combat alors même qu’il sentait ses limites proches.
Sa façon d’agir était stupide et Altanil lui assénait cette leçon avec plus de violence qu’aucune autre.
« - …me faire tuer…
- Tu as dit quelque chose ?
- Je vais me faire tu… »
C’est cet instant précis que choisit l’ermite pour poser son autre main sur l’épaulière et arracher sèchement la flèche qui l’avait traversée pour se ficher dans la chair.
« - …EEEEER !!! Bon sang Altanil !!
- Lève-toi si tu es si fort ! Ma tanière n’est pas loin, tu vas soigner tes blessures là-bas en attendant que la pluie cesse. Et n’essaie pas de me fausser compagnie en douce, je te rattraperais avant que tu n’aies parcouru un quart du chemin. »
Towann vit son maître tourner les talons et se mettre en marche. Il n’allait pas plus le contrarier puisque tous deux savaient pertinemment qu’il avait raison. Avant de partir à sa suite, il tourna le regard vers Keyna.
La tigresse l’observait avec dans le regard ce qui ressemblait à de l’amusement et lui arracha un soupir agacé.
Fausse sœur…
Asélryn / Towann
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