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Pierres du passé

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Message  Angron Manus Lun 31 Déc 2012, 12:15

Le sifflement caractéristique rappela brusquement l’homme à la réalité, qui leva à temps son bouclier pour que la flèche se fige dans son écu.



« Qu’aucun ne cède ! Pour la Lumière ! »



Reprenant en cœur le cri d’encouragement, la ligne de front s’élança à la rencontre de la marée non-morte, opposant aux orbites creuses les regards furieux des troupes alliées. La marée bleu et blanche ne freina pas sa course malgré la pluie de flèche et de sortilège, fauchant les leurs par dizaines. A la pointe de l’assaut, l’homme hurlait de plus belle, les traits de son visage déformés par la rage au ventre. Il fut l’un des premiers à entrer en contact avec la légion impie, son bouclier fracassant le corps chétif d’un squelette réanimé. Frappant de taille et d’estoc, il pourfendait le moindre opposant, déchiquetant les carcasses morts-vivantes avec aisance, danseur de mort au cœur du ballet macabre.

La bataille allait en fureur croissante, gavant la terre autrefois fertile de Lordaeron d’un sang épais, celui du frère combattant le frère, le fils affrontant le père, dans une grotesque ébauche de conflit fratricide.

A l’arrière des rangs nauséabonds, les vils nécromants incantaient leurs sinistres blasphème à la face d’un soleil blafard, en partie masqué par les nuages verdâtres. L’air lui-même succombait à la corruption des mages-sombre, dont les pouvoirs animaient frénétiquement la masse guerrière nécrotique.


Face à cette marée odieuse, ne se dressait que quelques centaines de combattants épuisés, muent non pas par le désespoir, mais par la rage de vaincre, le courage des plus vaillants. Pour la plupart soldats ou milicien du royaume déclinant, épaulés par les mages elfiques dont les pouvoirs contenaient à peine ceux de leurs homologues décrépit. A l’arrière de leurs phalanges, les machines de guerre naines tonnaient, envoyant parmi les rangs des goules des obus dont les détonations assourdissantes secouaient la terre elle-même.


C’était la une de ses tristes batailles de cette guerre improbable, ou chaque brave tombé était relevé l’instant d’après pour prendre les armes contre ses anciens frères. Ne pouvant que gagner du temps, les armées des vivants affrontaient les légions du fléau, guidé par quelques paladins. Flambeaux de Lumière dans les ténèbres, les guerriers saints irradiaient la Juste Colère, repoussant par leur seule présence les plus immondes sortilèges. Mais bien peu nombreux, à chacun qui tombaient finalement, c’était un triste coup qui faisait chanceler la coalition vivante.



L’homme au bouclier n’était pas l’un de ses élus de la Lumière, il n’avait avec lui que sa lame et ses tripes, rivalisant avec les champions du fléau dans l’art de l’escrime. Son jeune âge n’entravait en rien son charisme naturel, guidant hommes et nains dans une charge irrépressible, son tabard au Lion rugissant tachée du sang épais des non-morts.



A ses cotés se trouvait un autre combattant, clairement son ainée, vêtu d’une armure de plate complète aux tons de nuit, ténébreux chevalier de la fraternité du loup noir. Les deux hommes semblaient mener un concours, à qui trancherait le plus de tête. La bataille tournait à la mêlée généralisée, laissant toute trace d’ordre et de discipline s’évaporer, remplacée par la fureur de vaincre. La hargne et la volonté des vivants, opposée à la froide résolution des non-morts silencieux.



Eidolon fendait les lignes putrides avec un objectif défini, pointant sa lame effilée vers la forme d’un nécromant, drapé de longues robes sombres. Mais de ceux qui le suivait ne restait qu’une poignée, détachée du gros des forces, le petit groupe se retrouva rapidement encerclé par les mains crochus, les dards barbelés et les épieux rongés par la rouille.

Mêlant fougue et vaillance, l’épéiste et ses frères d’armes plongèrent plus en avant dans la horde noirâtre, découpant sur leur chemin les cadavres ambulants, qui malgré leur nombre n’avaient pas la moindre chance d’égaler les soldats aguerris. La violente charge attira l’attention du mage noir, qui pointant son bâton noueux vers le groupe, invoqua ses occultes pouvoirs en blasphémant quelques sombres incantations.



Un éclat illumina les rangs chaotiques, avant qu’une explosion de puissance réduisit en cendre une dizaine de soldats vivants, et autant de leurs équivalents non morts. Le visage roussi par la déflagration, Eidolon mit quelques instants à reprendre ses esprits. Ce fut la main du chevalier au loup noir qui le redressa, le forçant à avancer pour ne pas laisser au nécromant le temps de réitérer son sortilège. Profitant de la brèche créée par l’éclair de pouvoir, les quelques héros s’élancèrent, réduisant en charpie les quelques gardes du corps de l’acolyte en robe, qui à défaut d’un sort, leur cracha au visage quelques insultes du fond de gorge, avant que le poing ganté du jeune capitaine ne lui écrase la trachée. Au même instant, les cadavres ambulants qui refermaient lentement le cercle sur eux s’écroulèrent comme des pantins aux fils coupés. Privés de leur maitre proche, les combattant du fléau semblèrent frappés d’aphasie, se mettant pour certains à errer, d’autres s’entre dévorant avec ferveur.



Se redressant, Eidolon observa les survivants pousser des cris de victoire, levant leurs armes vers le ciel, comme pour prendre le soleil en témoin de leur succès, frappant les lames sur les boucliers, tapant le sol de leurs bottes de fer. Le jeune guerrier d’Hurlevent afficha un sourire satisfait, et se tourna vers le massif guerrier à l’aigle d’ébène ; lui présentant son bras en signe de respect. Le chevalier lui serra l’avant bras, la fatigue visible dans ses gestes. Les deux hommes se sourirent, accordant le crédit à leurs actes par ce geste symbolique.







Les réjouissances ne durèrent que quelques heures, jusqu'à ce qu’un messager apporte la terrible nouvelle qui brisa le moral de l’armée. Le régicide le plus immonde qui soit, celui du fils même, faisant voler en éclat la lignée des Menethils. A peine le murmure de cette traitrise se rependit dans les rangs, que le jeune capitaine et ses hommes chevauchèrent vers Dalaran, le cœur brûlant du désir de vengeance.
Angron Manus
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