De la bave d'une limace au sifflement du serpent...
Page 1 sur 1
De la bave d'une limace au sifflement du serpent...
L’épuisement guette, les métamorphoses successives et l’appréhension croissante ont eut raison d’une bonne partie de mes réserves. Je garde ma forme humaine pour aller chercher Elma chez la nourrice, traversant la Colline aux corbeaux au pas de course.
En périphérie de Sombre comté, j’entends notre fille qui pleure à chaudes larmes. En entrant, je réalise que la nourrice n’a pas pu les rassurer, ni la petite Elma, ni les trois animaux qui trainent habituellement à la maison. Zan la petite oursonne, Tactac le chien de prairie et le dernier venu baptisé « Roland » dont la tête trop grosse bascule régulièrement à cause de son corps encore chétif, tous sont pelotonnés dans un coin en tremblotant.
Elma s’accroche à moi en mode koala, je remercie la nourrice puis nous partons tous vers l’abbaye de Comté du Nord, afin d’aller chercher Lorgan. Nous ne repasserons pas par la maison de Sombre Comté… Il y a encore là bas les traces de bave et de magie noire, ainsi que le corps d’un pauvre chien torturé.
Devant l'école, les enfants s'attroupent pour se dire au revoir. Lorgan est un petit garçon de onze ans révolus, faisant figure d'élève typique, chemisette blanche à épaulette dont un pan est négligemment sorti de son pantalon sombre , cartable sur le dos, ses cheveux châtains forment d’artistiques « mèches rebelles » ni trop longues ni trop courtes, savamment ébouriffées. Il est accompagné d’une cohorte de fillettes qui, forcément, affichent leur surprise en voyant la petite meute débarquer.
Si Zan et Tactac caracolent volontiers vers Lorgan et sa troupe d’admiratrices, Roland semble moins avide de ces petits cris aigus typiquement féminins, restant dans mes jambes. Nous rentrons à Hurlevent, sur le chemin, Lorgan me presse rapidement de questions « Où est Papa ? » « que lui est-il arrivé ? » puis « pourquoi ne se souvient-il plus de nous… on ne peut pas le voir alors ? »
Le garçonnet est difficile à rassurer, Elma refuse de dormir, pleurnichant encore un moment mais de fatigue cette fois. J’accepte finalement de conduire Lorgan jusqu’à la Colline dès le lendemain, afin qu’il puisse appréhender lui-même la situation. Lui promet de ne rien tenter sans mon accord.
Le sommeil tarde à venir tant nous sommes inquiets. Une partie de moi voudrait se trouver près d’Angron, où qu’il soit, l’autre part est consciente qu’il faut prendre soin des enfants et des animaux hétéroclites qui composent la meute du belluaire.
~Je ne suis pas dans la forêt de chênes noirs, l’endroit est plus sombre, l’atmosphère plus étouffante, le lieu est sans doute clos car l’air me semble vicié. Mes pattes glissent un peu sur un sol humide composé de grands rochers arrondis, couvert de mousse et de lichen.
Un halètement rauque et gémissant me parvient et soudain j’accélère, sentant intimement ce lien qui m’attire vers lui. La Bête d’Angron appelle… dans ses expirations saccadées je perçois sa douleur.
Malgré mes griffes, un appui se dérobe, me faisant rouler un peu plus bas. Mon instinct me dit que je suis tout proche bien que l’obscurité m’empêche de percevoir plus que quelques contours vagues.
Un instant le temps semble suspendu, puis tout s’enchaîne, le râle de souffrance, le sifflement rapide, le jet de venin qui visait probablement mes yeux mais maculera l’oreille droite et une partie du pelage. Je m’ébroue pour empêcher le liquide de glisser désagréablement dans le conduit auditif alors que la tête reptilienne jaillit, pour me mordre cette fois.
J’abat ma patte avant dans un saut réflexe, avant que d’autres serpents ne se mettent à attaquer. Certains sont épais et longs, constricteurs, d’autres cherchent à mordre. Je ferme les paupières afin que les jets de poisons ne m’aveuglent pas, usant de l’ouïe et de l’odorat pour guider mes ripostes.
Un nid. Un nid de serpents. Froid et visqueux. Mortels.
La chaleur d’un félin, celle du sang poisseux qui macule bientôt son pelage aussi sombre que ce trou de vipère. Les soubresauts qui l’animent alors que les crocs et les griffes rendent coup pour coup.
La tourmente de l’esprit Loup. Ses plaintes qui font autant écho à sa propre douleur qu’à celle de sa compagne.
Ceux qui m’attaquent sont obligés de relâcher leur étreinte sur Gron-Loup, la lutte se poursuit…~
… et malgré les appels insistants de Lorgan au matin, je ne me réveille pas.
En périphérie de Sombre comté, j’entends notre fille qui pleure à chaudes larmes. En entrant, je réalise que la nourrice n’a pas pu les rassurer, ni la petite Elma, ni les trois animaux qui trainent habituellement à la maison. Zan la petite oursonne, Tactac le chien de prairie et le dernier venu baptisé « Roland » dont la tête trop grosse bascule régulièrement à cause de son corps encore chétif, tous sont pelotonnés dans un coin en tremblotant.
Elma s’accroche à moi en mode koala, je remercie la nourrice puis nous partons tous vers l’abbaye de Comté du Nord, afin d’aller chercher Lorgan. Nous ne repasserons pas par la maison de Sombre Comté… Il y a encore là bas les traces de bave et de magie noire, ainsi que le corps d’un pauvre chien torturé.
Devant l'école, les enfants s'attroupent pour se dire au revoir. Lorgan est un petit garçon de onze ans révolus, faisant figure d'élève typique, chemisette blanche à épaulette dont un pan est négligemment sorti de son pantalon sombre , cartable sur le dos, ses cheveux châtains forment d’artistiques « mèches rebelles » ni trop longues ni trop courtes, savamment ébouriffées. Il est accompagné d’une cohorte de fillettes qui, forcément, affichent leur surprise en voyant la petite meute débarquer.
Si Zan et Tactac caracolent volontiers vers Lorgan et sa troupe d’admiratrices, Roland semble moins avide de ces petits cris aigus typiquement féminins, restant dans mes jambes. Nous rentrons à Hurlevent, sur le chemin, Lorgan me presse rapidement de questions « Où est Papa ? » « que lui est-il arrivé ? » puis « pourquoi ne se souvient-il plus de nous… on ne peut pas le voir alors ? »
Le garçonnet est difficile à rassurer, Elma refuse de dormir, pleurnichant encore un moment mais de fatigue cette fois. J’accepte finalement de conduire Lorgan jusqu’à la Colline dès le lendemain, afin qu’il puisse appréhender lui-même la situation. Lui promet de ne rien tenter sans mon accord.
Le sommeil tarde à venir tant nous sommes inquiets. Une partie de moi voudrait se trouver près d’Angron, où qu’il soit, l’autre part est consciente qu’il faut prendre soin des enfants et des animaux hétéroclites qui composent la meute du belluaire.
~Je ne suis pas dans la forêt de chênes noirs, l’endroit est plus sombre, l’atmosphère plus étouffante, le lieu est sans doute clos car l’air me semble vicié. Mes pattes glissent un peu sur un sol humide composé de grands rochers arrondis, couvert de mousse et de lichen.
Un halètement rauque et gémissant me parvient et soudain j’accélère, sentant intimement ce lien qui m’attire vers lui. La Bête d’Angron appelle… dans ses expirations saccadées je perçois sa douleur.
Malgré mes griffes, un appui se dérobe, me faisant rouler un peu plus bas. Mon instinct me dit que je suis tout proche bien que l’obscurité m’empêche de percevoir plus que quelques contours vagues.
Un instant le temps semble suspendu, puis tout s’enchaîne, le râle de souffrance, le sifflement rapide, le jet de venin qui visait probablement mes yeux mais maculera l’oreille droite et une partie du pelage. Je m’ébroue pour empêcher le liquide de glisser désagréablement dans le conduit auditif alors que la tête reptilienne jaillit, pour me mordre cette fois.
J’abat ma patte avant dans un saut réflexe, avant que d’autres serpents ne se mettent à attaquer. Certains sont épais et longs, constricteurs, d’autres cherchent à mordre. Je ferme les paupières afin que les jets de poisons ne m’aveuglent pas, usant de l’ouïe et de l’odorat pour guider mes ripostes.
Un nid. Un nid de serpents. Froid et visqueux. Mortels.
La chaleur d’un félin, celle du sang poisseux qui macule bientôt son pelage aussi sombre que ce trou de vipère. Les soubresauts qui l’animent alors que les crocs et les griffes rendent coup pour coup.
La tourmente de l’esprit Loup. Ses plaintes qui font autant écho à sa propre douleur qu’à celle de sa compagne.
Ceux qui m’attaquent sont obligés de relâcher leur étreinte sur Gron-Loup, la lutte se poursuit…~
… et malgré les appels insistants de Lorgan au matin, je ne me réveille pas.
Heliven
Re: De la bave d'une limace au sifflement du serpent...
Il est tard dans la soirée lorsque Lorgan est réveillé par un « hého y’a quelqu’un ? »
Heliven dort en chat, Elma blottie entre ses pattes avant, le flanc du félin forme un oreiller confortable compte tenu de l’absence d’ameublement.
Le garçonnet se frotte les yeux, avant de s’approcher de l’échelle qui mène à la petite cours devant l’écurie.
Deux gardes en contrebas hochent la tête en guise de salut « Lorgan Manus ? »
Lorgan opine en réponse, son regard passant de l’un à l’autre, se demandant s’il a fait quelque chose de mal. Mais il n’a rien à se reprocher… Peut être ont-ils une mauvaise nouvelle ? L’idée de perdre son dernier parent biologique lui met les larmes aux yeux. Sauf qu’il ne pleurera pas, il est presqu’un homme fait à présent, il sera fort, comme un chevalier. Il travaille dur avec Frau Hellenlicht (il avait entendu monsieur Grüber l’appeler ainsi) et avec ses autres professeurs pour ça. Il sera courageux, il ne faut pas pleurer.
« Service de protection civile, tu n’as rien à craindre petit… par contre il va falloir que tu nous aides un peu, d’accord ?»
Lorgan acquiesce à nouveau, mais les mots qui suivent lui échappent un peu. Ce n’est pas lui qu’il faut protéger, c’est son papa. Il est arrivé quelque chose de grave là bas à la maison... assez grave pour que papa les quitte. Le garçonnet se hasarde alors à couper les conseils du garde par une requête « C’est mon papa qu’il faut aider, il s’appelle Angron, il a déjà travaillé à la garde… »
Peut être que les gardes seront plus enclins à aider quelqu’un qui a été des leurs... Sauf que les deux hommes se contentent de le rassurer, sans bouger de leur poste, sans aller aider papa. Ils n’ont même pas parlé dans leur communicateur. Lorgan se rappelle alors avoir vu passer Ceralynde un peu plus tôt. Elle n’a pas grandit depuis leur dernière rencontre, bientôt il la dépassera. Elle est toute petite mais elle mange comme quatre, rapide pour se saisir de la viande dans une assiette, rapide pour donner des taloches aussi. Puis elle a cette petite flamme dans le regard quand elle parle, une fois qu’elle a prit une décision. Il l'aurait bien demandé en mariage une fois qu'il l'aurait dépassé mais ça aurait fait pleurer Juliette, et peut être Emeline aussi. Ceralynde est courageuse, mais bon une fille ne peut pas devenir chevalier. Sauf peut être comme Frau Hellenlicht qui est un cas un peu perturbant quand même.
Après avoir salué les gardes, Lorgan revient près d’Heliven, essayant de classer Ceralynde et Frau Hellenlicht, qui n’entraient ni dans la catégorie princesse, ni dans la catégorie chevalier, et pas vraiment dans la catégorie dragon, quoique des fois…
Sur ces dernières pensées, l’enfant s’endort, bercé par la respiration lente du félidé.
Heliven dort en chat, Elma blottie entre ses pattes avant, le flanc du félin forme un oreiller confortable compte tenu de l’absence d’ameublement.
Le garçonnet se frotte les yeux, avant de s’approcher de l’échelle qui mène à la petite cours devant l’écurie.
Deux gardes en contrebas hochent la tête en guise de salut « Lorgan Manus ? »
Lorgan opine en réponse, son regard passant de l’un à l’autre, se demandant s’il a fait quelque chose de mal. Mais il n’a rien à se reprocher… Peut être ont-ils une mauvaise nouvelle ? L’idée de perdre son dernier parent biologique lui met les larmes aux yeux. Sauf qu’il ne pleurera pas, il est presqu’un homme fait à présent, il sera fort, comme un chevalier. Il travaille dur avec Frau Hellenlicht (il avait entendu monsieur Grüber l’appeler ainsi) et avec ses autres professeurs pour ça. Il sera courageux, il ne faut pas pleurer.
« Service de protection civile, tu n’as rien à craindre petit… par contre il va falloir que tu nous aides un peu, d’accord ?»
Lorgan acquiesce à nouveau, mais les mots qui suivent lui échappent un peu. Ce n’est pas lui qu’il faut protéger, c’est son papa. Il est arrivé quelque chose de grave là bas à la maison... assez grave pour que papa les quitte. Le garçonnet se hasarde alors à couper les conseils du garde par une requête « C’est mon papa qu’il faut aider, il s’appelle Angron, il a déjà travaillé à la garde… »
Peut être que les gardes seront plus enclins à aider quelqu’un qui a été des leurs... Sauf que les deux hommes se contentent de le rassurer, sans bouger de leur poste, sans aller aider papa. Ils n’ont même pas parlé dans leur communicateur. Lorgan se rappelle alors avoir vu passer Ceralynde un peu plus tôt. Elle n’a pas grandit depuis leur dernière rencontre, bientôt il la dépassera. Elle est toute petite mais elle mange comme quatre, rapide pour se saisir de la viande dans une assiette, rapide pour donner des taloches aussi. Puis elle a cette petite flamme dans le regard quand elle parle, une fois qu’elle a prit une décision. Il l'aurait bien demandé en mariage une fois qu'il l'aurait dépassé mais ça aurait fait pleurer Juliette, et peut être Emeline aussi. Ceralynde est courageuse, mais bon une fille ne peut pas devenir chevalier. Sauf peut être comme Frau Hellenlicht qui est un cas un peu perturbant quand même.
Après avoir salué les gardes, Lorgan revient près d’Heliven, essayant de classer Ceralynde et Frau Hellenlicht, qui n’entraient ni dans la catégorie princesse, ni dans la catégorie chevalier, et pas vraiment dans la catégorie dragon, quoique des fois…
Sur ces dernières pensées, l’enfant s’endort, bercé par la respiration lente du félidé.
Heliven
Sujets similaires
» Le sifflement du Serpent
» Myriel Courselune par Alinery.art
» La femme au Serpent
» Loup et Serpent
» Le Serpent, premiere arcane.
» Myriel Courselune par Alinery.art
» La femme au Serpent
» Loup et Serpent
» Le Serpent, premiere arcane.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum