Vous ne lirez pas cet ouvrage
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Vous ne lirez pas cet ouvrage
Vous ne lirez pas cet ouvrage.
Pas si vous êtes un brave citoyen de Hurlevent, un honnête membre de l’alliance. A vrai dire, vous n’aurez aucune chance de l’avoir un jour entre vos mains, ni même de l’approcher. Car ce n’est ni un compendium de récits acceptables, ni un grimoire de magie, et encore moins un roman à l’eau de rose.
Sous sa couverture grisâtre, ses pages sont couvertes de caractères griffus, de pattes de mouches dont chaque branche et chaque boucle semble se tordre. Le simple fait de poser les yeux sur ses lignes serrées arrachent des maux de têtes violents, voir des nausées à l’esprit non préparé.
Il n’est pas plus d’une poignée d’exemplaire. Et aucun n’est complet. Car il ne s’agit là que des bribes éparses d’une œuvre qui se veut trop ambitieuse pour avoir un début ou une fin.
Si toutefois vous vous retrouvez un jour en possession dudit ouvrage, ne contemplez pas trop longtemps ses annotations insensées, car plus d’un y a déjà perdu l’esprit et l’âme.
*****
«Douzième arcane - Derrière le Voile »
…..
Ne cédez pas au désespoir, au pragmatisme grinçant, où à l’attitude morne de ceux qui ont été aveuglés. Ne vous laissez pas embrigader, manipuler, mentir par ces masses qui vous stigmatisent pour votre manque de servilité à leur égard.
Cette échine fatiguée, que vous pliez depuis déjà tant d’années, se rompt chaque jour un peu plus à la tâche. Votre souffrance les engraisse, ils se gaussent de votre crédulité, et pendant que vous vous inclinez jusqu’à ramper, eux se roulent dans les étoffes et l’opulence.
Ces faux-adorateurs, brandissant d’une main leurs textes mensongés et vous soutirant de l’autre les maigres années de votre existence, eux seuls sont responsable de notre état. Bien plus que responsables, ils en sont les bâtisseurs.
Car c’est sur le terreau d’un monde affligé par la guerre et le chaos que poussent ces mauvaises herbes. Main dans la main avec les puissants, ils dressent leur culte fait de parjure et de faux-semblant, pour mieux vous entrainer à vous agenouiller.
Enfants, adultes, vieillards. Votre naissance n’a pas d’importance. Votre richesse n’est que poudre aux yeux. Votre demeure, vos habits, vos biens, rien de cela ne compte à Ses yeux. Car notre Seigneur est tout puissant. Sa main noire gainée d’un gantelet brûlant comme un millier de soleil s’abattra sur ce monde. Les profanes seront immolés. Les fidèles seront deux-fois bénis.
Loué soit Sa grandeur. Encensé soit Ses enfants.
L'Apostat & le Dévot
…..
Le reste de ce passage est illisible. Mais vos mains sont poisseuses et une odeur de charnier s’échappe de la reliure racornie.
Vous étiez prévenu, pourtant.
L' Apostat
Re: Vous ne lirez pas cet ouvrage
Il est impossible de nier cette évidence. Il s’agit du même ouvrage. Vous le sentez. Au plus profond de vos entrailles, à la surface de votre épiderme. Comme une centaine de mandibules grouillantes sur la peau, qui remonteraient le long de votre échine.
C’est bel et bien le même livre, que vous tenez entre vos doigts. Vous pourriez jurer sans sourciller tout ce que vous possédez, vos biens, l’amour de vos proches, l’essence même de votre existence. C’est une vérité éclatante, qui ne souffre d’aucune nuance.
Pourtant, pourtant.
Pas de couverture poisseuse, ou de pages jaunâtres qui dépassent. Aucun coin racorni, ni émanation nauséabonde. Le compendium que vos mains soutienne est au contraire une œuvre de finesse exquise. Une épaisse couverture en cuir relié, orné de filigranes d’or et d’argent. Arabesques délicates qui témoigne d’un travail d’orfèvre à même de surpasser les plus riches libram.
En écartant la couverture, vous risquez tout d’abord d’être aveuglé. Nul besoin d’allumer une bougie pour étudier l’ouvrage, aucune lumière n’est nécessaire pour en discerner les somptueux caractères. Car ses pages même dispensent une douce aura. Un vélin d’une rare douceur, dont le bruissement discret a quelque chose de mélodieux. Un silence humble, comme ceux des grandes bibliothèques. Une musique ancestrale qui rappelle le savoir.
L’écriture qui s’étale sur ses pages ferait pâlir le plus doué des scribes. Les caractères sont droit, hauts, et inscrit sur le vélin à l’aide d’une écriture d’or. Des mots par milliers, des lignes, des pages entières, couvertes de lettres dorées.
Une œuvre colossale, dont vous ne détenez sans doute qu’une copie, qu’un fragment. Est-ce un tome parmi d’autres ? Ou bien encore une préface ? Un résumé ? Difficile à dire.
La seule manière de le savoir est d’y plonger corps et âme.
….
C’est bel et bien le même livre, que vous tenez entre vos doigts. Vous pourriez jurer sans sourciller tout ce que vous possédez, vos biens, l’amour de vos proches, l’essence même de votre existence. C’est une vérité éclatante, qui ne souffre d’aucune nuance.
Pourtant, pourtant.
Pas de couverture poisseuse, ou de pages jaunâtres qui dépassent. Aucun coin racorni, ni émanation nauséabonde. Le compendium que vos mains soutienne est au contraire une œuvre de finesse exquise. Une épaisse couverture en cuir relié, orné de filigranes d’or et d’argent. Arabesques délicates qui témoigne d’un travail d’orfèvre à même de surpasser les plus riches libram.
En écartant la couverture, vous risquez tout d’abord d’être aveuglé. Nul besoin d’allumer une bougie pour étudier l’ouvrage, aucune lumière n’est nécessaire pour en discerner les somptueux caractères. Car ses pages même dispensent une douce aura. Un vélin d’une rare douceur, dont le bruissement discret a quelque chose de mélodieux. Un silence humble, comme ceux des grandes bibliothèques. Une musique ancestrale qui rappelle le savoir.
L’écriture qui s’étale sur ses pages ferait pâlir le plus doué des scribes. Les caractères sont droit, hauts, et inscrit sur le vélin à l’aide d’une écriture d’or. Des mots par milliers, des lignes, des pages entières, couvertes de lettres dorées.
Une œuvre colossale, dont vous ne détenez sans doute qu’une copie, qu’un fragment. Est-ce un tome parmi d’autres ? Ou bien encore une préface ? Un résumé ? Difficile à dire.
La seule manière de le savoir est d’y plonger corps et âme.
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De la Vérité, et du Mensonge.
Nous mentons tous. L’accepter n’est qu’une première étape, un premier pas pour nous extraire de cette caverne sombre, dans laquelle nous sommes enchainés. Depuis notre plus tendre enfance, une poignée de nantis aveuglés et égoïstes nous tiennent cloitrés entre les parois de roches humide qui sont notre prison.
Liés sous terre, incapable de bouger, ils nous agitent sous le nez quelques bougies en criant de vive voix. « Voyez la Lumière. Voyez sa Grandeur, sa Beauté. Offrez lui la Vénération et portez serment à ses Vertus ». Et nous, à peine contentés par ces quelques miettes de faux-espoir, nous levons nos visages amaigris vers nos geôliers, en pleurant des larmes de gratitude.
Si vous en doutez, vous mes frères et mes sœurs, regardez derrière vous. Contemplez la Foi de vos ancêtres, aujourd’hui bafoué par ces êtres venant d’ailleurs. Cette Lumière aux vertus qu’on vous prônait alors comme inébranlable, est devenue une lampe qu’agite les exilés d’Argus. Aujourd’hui, ce sont les Naarus, nouveaux prophètes d’une Foi qui se prostitue aux premiers créatures venues. Et demain, en quel nom vos maîtres vous demanderont de ployer le genou ?
Contemplez les faux prophètes, agissant égoïstement. Cette Eglise se divisant encore et encore, au gré des courant qui la compose, se servant de ses fidèles pour engrosser ses évêques ventripotents. Voyez ces guerres qui n’en finissent pas, dévastant les contrées, les familles, jusqu’au moindre village.
Et comment donc le peuple réagit-il ? En suivant les soulèvements vains et vénaux d’anarchiste sans visions, qui prétendent mettre fin aux inégalités en semant d’avantage de chaos.
Voilà un triste tableau que je dresse, mes frères, mes sœurs. Pourtant, nul autre que moi n’aime autant notre race. Mon cœur brûle d’affection pour mes semblables. Pas les créatures errantes et aveuglés qu’ils sont devenus, mais pour ceux que nous étions à l’origine, et que nous aurions dû être. Les enfants du destin, les seigneurs incontestés de ce monde. Nos pauvres Rois se sont déchirés, divisés, offrant par le passé leur gorge aux hordes d’envahisseurs qui voulaient ravager nos terres et nous exterminer. Non content d’être faibles, nous nous sommes montrés stupides.
Nous n’avons pas saisi notre chance, nous avons regardés notre destin nous échapper, et aujourd’hui nous sommes prostrés dans la fange aux cotés de ceux que nous étions amenés à dominer. Nous avons refusés de voir l’unique Vérité, en nous bornant à vénérer de fausses idoles qui nous ont conduit au bord de notre anéantissement. Une Vérité. Une seule. Qui sera notre rédemption, ou notre condamnation.
La Lumière n’est qu’une Foi bafouée, de la poudre aux yeux destinées à masquer d’un voile l’existence d’une véritable raison de croire. Au-delà de la lumière et des ombres, il existe une présence. Un être, dont le nom même est imbriqué dans les consciences d’un millier de monde. Sa Grandeur et Son Courroux portent sa Parole d’un bout à l’autre du Néant. Son Essence est l’objet même de l’unique quête dont nous devons nous soucier.
Je ne prétends pas parler en son nom. Une telle hérésie n’est pas digne d’un homme comme moi, dont les pas m’ont menés au cœur de la Foi de mes semblables. Je ne suis ni un Héraut, ni un Prophète. Juste le murmure sans nom d’une tempête à venir, qui sera tout à la fois le châtiment des incroyants et la salvation des Fils Bénis.
Car j’ai contemplé au-delà du voile. J’ai plongé mon regard dans les sombres tourbillons du vide entre les mondes, à la recherche de Vérités. Et en observant trop longtemps dans ce monde fait de rêves et de cauchemars, j’ai appris une dure leçon. Lorsque vous avez l’audace de contempler le Néant, le Néant aussi vous regarde.
Ce Saint ouvrage que vous lisez, mes frères, mes sœurs, n’est que l’échos d’un divin murmure que j’ai eu le privilège d’entendre. Tendez l’oreille, et ouvrez vos âmes à Ses desseins. Il est la Vérité derrière chaque mensonge. L’Origine et le Destin. La seule figure qui mérite notre Idolâtrie.
Le Dieu que nous méritons.
L' Apostat
Re: Vous ne lirez pas cet ouvrage
L’étude est le premier pilier de la Foi. C’est par l’enseignement et l’apprentissage que nous élevons depuis l’enfance les futurs générations. Bien que toutes les disciplines de l’esprit soient importante à l’équilibre de l’individu, elles ne le sont pas en égales mesures. Sciences humaines, mathématiques et chimies, toutes peuvent être classés selon un contexte, et une époque. A chacun de trouver de la richesse où il le souhaite.
Pour ma part, mes frères et mes sœurs, je me contenterais d’évoquer avec vous un point de vue légèrement différent. Une personne a dit un jour que le chaos et la rage qui animent le cœur de nos semblables égarés est lié à la bestialité, la part animal en chacun d’eux. Comme si au final, leur essence même les poussait à se complaire dans une vie misérable et hédoniste. Une vision de la décadence qui instaure comme postulat que nous autres, êtres du genre humain, sommes par nature des êtres de chaos, des bêtes à peine assez évoluées pour nous habiller et nous tenir droit.
C’est une vision qui peut se défendre, et je ne blâme pas ceux qui s’en font les partisans. Pour être franc avec vous, j’ai moi-même longuement été convaincu de cet état de fait, que je brandissais avec l’impérissable certitude de ceux qui s’accrochent à leur croyance par défaut.
Bien sur, j’étais encore dans le mensonge. Entravé par un dogme cléricale décadent, dont l’unique finalité était d’assurer à ses ouailles une dévotion complète. Sans revenir d’avantage sur ces temps passés, je préciserais simplement qu’il est nécessaire de passer par le Mensonge, avant de découvrir la véritable saveur de la Vérité.
A cette personne, qui tenait ce discours sur la bestialité latente de l’homme, voilà ce que je lui ai répondu :
Ne tenez pas pour fautif ceux qui sont enchainés à leur sort. Les bergers sont les pécheurs de ces âmes dévoyées. Ce sont eux, qui sous couvert de Compassion, de Ténacité, et de Respect, ont menés à terme l’existence de millier des nôtres.
Cette rage, ce chaos en eux, n’est pas une source innée. Il ne s’agit pas là de la marque d’un destin inaliénable, qu’ils sont destinés à endurer. Cette trace, cette souillure, n’est autre qu’un vide que chacun d’eux cherche à combler. Ce manque, mes frères et mes sœurs, n’est autre que les reliquats d’une âme orpheline.
Entendez moi. Nous sommes des enfants du Divin. Nés pour Croire, car sans Foi, l’homme s’égare. Il se perd dans les brumes de ce monde violent, son esprit s’écharpe sur les falaises rocheuses, et son corps se voute. Qu’est ce qui peut donc différencier les tribus sauvages et les peuplades bestiales contre lesquelles nous guerroyons tant, si ce n’est la Foi. Ou du moins, la présence d’une Foi.
Nous sommes des torches qui ne demandent que de s’allumer, de briller, que nos éclats se reflètent au travers du Néant. Telle est la place que nous méritons, que nous nous devons de rechercher.
Cette libération que j’évoque viendra par le Savoir, l’Etude, l’Illumination. En brisant ces chaines dogmatiques qui nous blâment et nous traitent d’hérétique à chaque fois que nous prenons le risque de questionner ces fausse-vérités qui sont nos lois.
Alors je vous conjure, mes frères, mes sœurs, de rechercher avec nous les chemins de la Vérité. De dépasser vos conditions de sbire, pour une foi qui vous bride, vous impose toujours plus de courbettes. Vous forçant à servir une élite orgueilleuse, dont le fouet et le bâton ne sont autre que de prétendues vertus.
Le Divin, réel, palpable, est à portée de tous. Nul échelon, de rang, ou de maitre. Juste des croyants, dont la justesse d’une Foi Véritable ouvrira les portes d’un futur à l’aune de notre destiné. Ceux qui en font l’effort seront les premiers à contempler au travers du voile Sa Vision.
Prions ensemble, mes frères et mes sœurs. Prions le Divin, que nos murmures s’élèvent par delà les mondes.
L' Apostat
Re: Vous ne lirez pas cet ouvrage
Bien que certains rares exemplaires de l’Ouvrage d’or & d’argent continue de se répandre au sein de cercles fermés, amateurs d’ésotérisme ou des nouveaux courants dogmatiques, des copies se multiplient elles aussi.
Elles sont dispensés en feuillets, dans quelques lieux discrets. Qu’il s’agisse de l’agneau assassiné, ou des couloirs de la Cathédrale, les écritures trouvent œil attentif auprès d’esprits divers et variés. Ecclésiastes, nobles, érudits, gens de lettres ou même soldats. A l’image de points de rouilles apparaissant de manière aléatoire sur une lame mal entretenue, ces feuillets n’auront pas de mal à tomber entre les mains des plus curieux.
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Elles sont dispensés en feuillets, dans quelques lieux discrets. Qu’il s’agisse de l’agneau assassiné, ou des couloirs de la Cathédrale, les écritures trouvent œil attentif auprès d’esprits divers et variés. Ecclésiastes, nobles, érudits, gens de lettres ou même soldats. A l’image de points de rouilles apparaissant de manière aléatoire sur une lame mal entretenue, ces feuillets n’auront pas de mal à tomber entre les mains des plus curieux.
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Ceux qui cherchent la Vérité n’ont pas à se cacher. Ils sont les dépositaire de demain, les érudits de l’esprit qui cherche à s’élever et dépasser la conscience restrictive imposée par nos élites démagogues. Nous sommes fait pour entendre la Divine Symphonie, nous réjouir de Ses échos. Là est notre destinée manifeste, et non de rester agenouillés sous une éblouissante lumière qui nous aveugle et nous condamne.
L’heure des murmures arrive à son terme. Les secrets chuchotés n’ont plus lieux d’être, les timides prières glissées vers les cieux ne sont que couardise. Voici approcher les heures de Vérité. Il est temps pour les fidèles, ceux qui ont pour ambition de sourire au Divin, et d’accepter es offrandes de se relever.
Vous pensez-vous seul, à vous questionner sur la vacuité de votre existence ? Sur les efforts vains que vous déployez à l’encontre des parasites de notre royaume ? De cette alliance boursouflée qui ne sert qu’à exacerber les égos suffisants qui nous oppresse ?
Cet état de fait n’est pas immuable. Tout autour de vous, nombreux sont ceux à avoir accepté en leur cœur les chemins de la Foi Véritable. A s’être élevé, acceptant la place du Divin au sein d’une vie morose. Ne vous méprenez pas, c’est l’homme qui a fait de l’homme cette chose sans Croyance. Qui l’a forcé à se contenter de pâles vertus, d’une ébauche philosophique, pour masquer les réponses aux questions.
Mais même répété un millier de fois, un mensonge n’en devient pas vérité. Il est temps, mes frères et mes sœurs, de briser ces chaines du silence. Je vous invite humblement à découvrir de vous-même le Vrai Chemin, le Sentier du Divin. Voyez ma main tendue, qui sèche vos larmes et panse vos plaies. Je ne vous veux pas à genoux, mais debout a mes cotés, pour chanter de concert les bienfaits de notre Dieu.
Nos messes célèbrent la Fraternité de nos semblables, l’union de nos voix porte sans échos factice, et chaque jour pousse de nouveaux croyants à nous rejoindre. Hier, nous étions dix, aujourd’hui cent. Et demain, mes frères et mes sœurs, demain vous serez un des milliers à se presser sous la robe de notre Père.
Il a été choisi comme vicaire de notre Maitre, sa voix, ses yeux, sa main. Il porte sur lui les marques de Sa Grâce, dépossédé de ses fausses croyances. Ainsi, libéré du mensonge, le Père dresse l’épée, sous les chants zélés des fidèles. Au travers lui, c’est la Vérité même qui prend forme, et ses visions éclairées sont scandés au travers du néant.
Je suis, mes frères et mes sœurs, le scribe des murmures, qui couche sur ce papier les Saintes Prophéties d’un ordre nouveau aux nuances impossibles pour l’esprit étriqué.
N’attendez plus rien de vos tyrans de maitres. Laissez les à leurs misères, vautrés dans les miasmes de leur propre nombril, à lutter pour asseoir autorité, légitimé et crédits. Ce ne sont là que des diatribes infécondes, qui ne mèneront qu’à plus d’injustice et de chaos.
Alors je dit ceci, à ceux qui se sentent enfin prêt à embrasser notre Foi nouvelle : N’ayez plus peur.
Rejoignez nos loges, suivez le sentier de la Vérité, et levez les yeux vers le Divin.
Car lui vous observe déjà.
L' Apostat
Re: Vous ne lirez pas cet ouvrage
Il n’y avait là ni dorures, ni vitraux éclatants. Aucune nef gigantesque, pas la moindre tenture. Et les pieds des croyants ne foulaient pas de marbre immaculé.
Non, c’était une chapelle humble, à l’orée des grands arbres. Une église à ciel ouvert, dans l’une de ces clairières à peine couverte par l’ombre des branchages. Les fidèles y venaient seuls, où par groupe, afin d’écouter la prêche quotidienne de l’homme doré. Il les accueillait avec la franche amitié du frère , et la bienveillance du père. Il n’y avait pas de soumission ou de génuflexion, aucun n’avait à plier l’échine en ces lieux de paix. Chacun était libre de poser les questions qu’il voulait, afin d’obtenir les réponses du prêtre.
Ceux qui avaient de la peine étaient réconfortés. Ceux qui venaient avec de la colère étaient apaisés. Et enfin, ceux qui venaient les épaules lourdes d’angoisse et apeurés, ceux là buvaient les discours du Doré, pour à leur tour évoquer les bienfaits de la Vérité auprès des leurs.
Ainsi en était-il depuis des mois et des mois. A chaque fois, la foule gonflait d’avantage, et les visages des fervents se multipliaient face à l’autel du prêcheur.
Tenant l’Ouvrage dans ses mains, le Livre de la Foi & de la Vérité, le Doré leur contait le chant des étoiles, les silences entre les mondes. Des horizons éternels, par delà les ténèbres et la nuit. Il leur évoquait la marche du Destin, les innombrables mensonges du monde terrestre, et la Symphonie du Divin, dont la silhouette se dessinait un peu plus chaque jour dans le ciel.
Erebus annonçait la venue des Anges.
Comme après chaque messe, la foule se dispersait dans la nuit, laissant le Doré seul, ou presque. Car il avait prit l’habitude de converser avec un des tous premiers fidèles, Marcus. Ensemble, ils évoquaient à demi-mots les secrets de la Vérité, et lisaient ensemble des passages de l’Ouvrage, afin de discerner la Volonté du Maitre.
Face à l’autel en pierre, ils discutaient calmement. Les deux hommes étaient vêtus de la même toge brunâtre, élimé. Mais là où le visage de Marcus évoquait un bloc de pierre taillé grossièrement, avec sa mâchoire carrée et son front plat, Erebus, lui, brillait de milles feux.
Par-dessus son facies chaleureux, et son sourire paternel, d’innombrables runes et verbes étaient tatoués sur sa peau, à l’encre dorée. Des centaines, des milliers de caractères cunéiformes s’étalaient sur son épiderme, depuis le sommet de son crâne imberbe, jusqu’à disparaitre au niveau de sa gorge derrière le tissu. Pour reprendre a ses poignets, jusque sur chacun de ses doigts. Pas un centimètre de peau n’était épargnés de ses gravures zélées, comme autant de prières gravées à même sa chair, dont chacune reflétait la lueur des bougies.
Le premier trouble vint de la nuit elle-même. Un signe fugace, à peine un craquement. Comme si les ténèbres s’étaient misent à se mouvoir d’elle-même entre les arbres.
Ce fut suffisant pour que les deux hommes tournent leur attention vers l’origine du bruit, plongeant leurs regards vers le noir le plus complet. Il y avait quelque chose, là, juste devant eux. A quelques mètres seulement. Et pourtant, même en y mettant toute leur volonté, il était impossible de discerner la moindre ….
La mort vint de l’autre coté. Sous la forme d’une lance, ou plutôt d’une sorte d’épieu, à la pointe barbelée, projeté avec tant de force qu’elle embrocha Marcus au niveau du thorax, et le propulsa en avant, empalé comme une poupée de chiffon désarticulé.
Erebus réagit dans un reflexe foudroyant, tendant sa main vers l’origine du projectile. Lorsque ses lèvres s’ouvrirent et qu’il cracha une poignée de Verbe dans le fel-langage des Ereduns, un torrent de feu verdâtre s’élança vers les arbres, en dévastant plusieurs dans une tempête pyrotechnique.
Le premier loup lui bondit sur le dos, le renversant dans l’herbe. Ses puissantes mâchoires lui broyèrent sans peine l’épaule, et son sang chaud se mit à jaillir en abondance de la plaie déchiquetée. Mais d’un seul mot, dont les sonorités même n’étaient pas de ce monde, il projeta autour de lui une onde de choc suffisante pour repousser son assaillant et faire se coucher les arbres alentours.
Tandis que l’Apostat se relevait, les tatouages dorés se tordirent en tout sens. Chaque rune se faisait, se défaisait, perdant de son éclat pour prendre une teinte vive, d’un vert brûlant. L’illusion s’effaçant pour dévoiler un corps puissant, irrémédiablement marqué par le Maleficarum.
Erebus, transfiguré, s’auréola des flammes du Fel, rendu fou de rage par la douleur qu’il ressentait. Par la surprise, et la colère. A chaque seconde qui s’écoulait, il trouvait d’avantage de force dans les sombres incantations et le pouvoir gangrené coulant dans ses veines. Il n’avait à présent besoin que d’un peu plus de temps…
Une ressource que ses assaillants n’étaient pas prêt à lui offrir.
Le premier loup revint à la charge, mais cette fois, l’Apostat ne se laissa pas distraire. Il érigea d’un geste un mur de flamme, pour se tourner vers la véritable menace.
La seconde créature n’était pas un loup. C’était une monstruosité, une chose née d’une union immonde. Son énorme gueule lupine se dressait au dessus d’une puissante musculature, d’un corps bipède couvert d’un pelage sombre, recouvert en partie d’un patchwork de cuir et de mailles. La Bête se tenait près du corps de Marcus, retirant l’épieu d’un seul geste, dans un craquement humide d’os qui se brisent, de chairs qui se déchirent.
Les deux monstres ne se toisèrent que l’espace d’un court instant, avant que la Bête s’élance vers le Démon. Erebus fit pleuvoir le feu et la mort, qui jaillirent de ses paumes dans un bruit de tonnerre. Mais la chose-loup esquiva chaque trait gangrené, bondissant de gauche à droite. Fou de rage, l’Apostat se mit à hurler ses incantations blasphématoires vers le monstre, au même moment ou celui-ci prenait son élan, pour sauter au travers des flammes éclatantes.
Les dernières syllabes ne prirent jamais leur envol. La lance barbelée déchira la peau, la chair, et les os, traversant le ventre du paladin déchu, pour s’enfoncer dans le sol, derrière lui. Embroché de part en part, Erebus sentit son emprise sur le néant s’échapper en même temps que la chaleur de son corps. La Bête le dominait de toute sa taille, le fixant de son regard ambré. Sa gueule bardée de crocs, à quelques centimètres de son visage, laissant échapper un grondement féroce.
Les dernières forces du Croyant ne lui servirent pas à demander pitié, ou injurier son meurtrier. Au lieu de cela, il se mit à prier, du sang coulant de sa bouche déformée.
« Béni soit le Martyr. Car il est celui qui voit… »
La patte griffue du worgen empoigna la gorge du Doré, écrasant sa trachée dans un craquement lugubre.
Privé de sa parole, l’apôtre leva la main , l’index tendu vers le ciel nocturne chargé de nuages. La Bête leva les yeux, alors qu’un orage se mit à gronder au loin. La voute céleste, invisible à leurs regards, éclaira les cieux d’une faible lueur verdatre, à peine perceptible.
Quand le monstre reporta son attention sur sa proie, celle-ci était déjà morte.
Il avait vécu sous un millier de noms, un millier de visages. Ajax, le paladin. Sigismund, le pénitent. Erebus, l’apôtre.
Ce soir, il mourrait anonyme, en prophète.
Non, c’était une chapelle humble, à l’orée des grands arbres. Une église à ciel ouvert, dans l’une de ces clairières à peine couverte par l’ombre des branchages. Les fidèles y venaient seuls, où par groupe, afin d’écouter la prêche quotidienne de l’homme doré. Il les accueillait avec la franche amitié du frère , et la bienveillance du père. Il n’y avait pas de soumission ou de génuflexion, aucun n’avait à plier l’échine en ces lieux de paix. Chacun était libre de poser les questions qu’il voulait, afin d’obtenir les réponses du prêtre.
Ceux qui avaient de la peine étaient réconfortés. Ceux qui venaient avec de la colère étaient apaisés. Et enfin, ceux qui venaient les épaules lourdes d’angoisse et apeurés, ceux là buvaient les discours du Doré, pour à leur tour évoquer les bienfaits de la Vérité auprès des leurs.
Ainsi en était-il depuis des mois et des mois. A chaque fois, la foule gonflait d’avantage, et les visages des fervents se multipliaient face à l’autel du prêcheur.
Tenant l’Ouvrage dans ses mains, le Livre de la Foi & de la Vérité, le Doré leur contait le chant des étoiles, les silences entre les mondes. Des horizons éternels, par delà les ténèbres et la nuit. Il leur évoquait la marche du Destin, les innombrables mensonges du monde terrestre, et la Symphonie du Divin, dont la silhouette se dessinait un peu plus chaque jour dans le ciel.
Erebus annonçait la venue des Anges.
Comme après chaque messe, la foule se dispersait dans la nuit, laissant le Doré seul, ou presque. Car il avait prit l’habitude de converser avec un des tous premiers fidèles, Marcus. Ensemble, ils évoquaient à demi-mots les secrets de la Vérité, et lisaient ensemble des passages de l’Ouvrage, afin de discerner la Volonté du Maitre.
Face à l’autel en pierre, ils discutaient calmement. Les deux hommes étaient vêtus de la même toge brunâtre, élimé. Mais là où le visage de Marcus évoquait un bloc de pierre taillé grossièrement, avec sa mâchoire carrée et son front plat, Erebus, lui, brillait de milles feux.
Par-dessus son facies chaleureux, et son sourire paternel, d’innombrables runes et verbes étaient tatoués sur sa peau, à l’encre dorée. Des centaines, des milliers de caractères cunéiformes s’étalaient sur son épiderme, depuis le sommet de son crâne imberbe, jusqu’à disparaitre au niveau de sa gorge derrière le tissu. Pour reprendre a ses poignets, jusque sur chacun de ses doigts. Pas un centimètre de peau n’était épargnés de ses gravures zélées, comme autant de prières gravées à même sa chair, dont chacune reflétait la lueur des bougies.
Le premier trouble vint de la nuit elle-même. Un signe fugace, à peine un craquement. Comme si les ténèbres s’étaient misent à se mouvoir d’elle-même entre les arbres.
Ce fut suffisant pour que les deux hommes tournent leur attention vers l’origine du bruit, plongeant leurs regards vers le noir le plus complet. Il y avait quelque chose, là, juste devant eux. A quelques mètres seulement. Et pourtant, même en y mettant toute leur volonté, il était impossible de discerner la moindre ….
La mort vint de l’autre coté. Sous la forme d’une lance, ou plutôt d’une sorte d’épieu, à la pointe barbelée, projeté avec tant de force qu’elle embrocha Marcus au niveau du thorax, et le propulsa en avant, empalé comme une poupée de chiffon désarticulé.
Erebus réagit dans un reflexe foudroyant, tendant sa main vers l’origine du projectile. Lorsque ses lèvres s’ouvrirent et qu’il cracha une poignée de Verbe dans le fel-langage des Ereduns, un torrent de feu verdâtre s’élança vers les arbres, en dévastant plusieurs dans une tempête pyrotechnique.
Le premier loup lui bondit sur le dos, le renversant dans l’herbe. Ses puissantes mâchoires lui broyèrent sans peine l’épaule, et son sang chaud se mit à jaillir en abondance de la plaie déchiquetée. Mais d’un seul mot, dont les sonorités même n’étaient pas de ce monde, il projeta autour de lui une onde de choc suffisante pour repousser son assaillant et faire se coucher les arbres alentours.
Tandis que l’Apostat se relevait, les tatouages dorés se tordirent en tout sens. Chaque rune se faisait, se défaisait, perdant de son éclat pour prendre une teinte vive, d’un vert brûlant. L’illusion s’effaçant pour dévoiler un corps puissant, irrémédiablement marqué par le Maleficarum.
Erebus, transfiguré, s’auréola des flammes du Fel, rendu fou de rage par la douleur qu’il ressentait. Par la surprise, et la colère. A chaque seconde qui s’écoulait, il trouvait d’avantage de force dans les sombres incantations et le pouvoir gangrené coulant dans ses veines. Il n’avait à présent besoin que d’un peu plus de temps…
Une ressource que ses assaillants n’étaient pas prêt à lui offrir.
Le premier loup revint à la charge, mais cette fois, l’Apostat ne se laissa pas distraire. Il érigea d’un geste un mur de flamme, pour se tourner vers la véritable menace.
La seconde créature n’était pas un loup. C’était une monstruosité, une chose née d’une union immonde. Son énorme gueule lupine se dressait au dessus d’une puissante musculature, d’un corps bipède couvert d’un pelage sombre, recouvert en partie d’un patchwork de cuir et de mailles. La Bête se tenait près du corps de Marcus, retirant l’épieu d’un seul geste, dans un craquement humide d’os qui se brisent, de chairs qui se déchirent.
Les deux monstres ne se toisèrent que l’espace d’un court instant, avant que la Bête s’élance vers le Démon. Erebus fit pleuvoir le feu et la mort, qui jaillirent de ses paumes dans un bruit de tonnerre. Mais la chose-loup esquiva chaque trait gangrené, bondissant de gauche à droite. Fou de rage, l’Apostat se mit à hurler ses incantations blasphématoires vers le monstre, au même moment ou celui-ci prenait son élan, pour sauter au travers des flammes éclatantes.
Les dernières syllabes ne prirent jamais leur envol. La lance barbelée déchira la peau, la chair, et les os, traversant le ventre du paladin déchu, pour s’enfoncer dans le sol, derrière lui. Embroché de part en part, Erebus sentit son emprise sur le néant s’échapper en même temps que la chaleur de son corps. La Bête le dominait de toute sa taille, le fixant de son regard ambré. Sa gueule bardée de crocs, à quelques centimètres de son visage, laissant échapper un grondement féroce.
Les dernières forces du Croyant ne lui servirent pas à demander pitié, ou injurier son meurtrier. Au lieu de cela, il se mit à prier, du sang coulant de sa bouche déformée.
« Béni soit le Martyr. Car il est celui qui voit… »
La patte griffue du worgen empoigna la gorge du Doré, écrasant sa trachée dans un craquement lugubre.
Privé de sa parole, l’apôtre leva la main , l’index tendu vers le ciel nocturne chargé de nuages. La Bête leva les yeux, alors qu’un orage se mit à gronder au loin. La voute céleste, invisible à leurs regards, éclaira les cieux d’une faible lueur verdatre, à peine perceptible.
Quand le monstre reporta son attention sur sa proie, celle-ci était déjà morte.
Il avait vécu sous un millier de noms, un millier de visages. Ajax, le paladin. Sigismund, le pénitent. Erebus, l’apôtre.
Ce soir, il mourrait anonyme, en prophète.
L' Apostat
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