D'Outre-tombe [Asélryn]
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D'Outre-tombe [Asélryn]
Printemps de l'an 39
Encore un cul-de-sac.
Ils devenaient trop fréquents au goût d’Asélryn mais elle préférait considérer qu’une suite d’échecs ne pouvait que précéder une réussite d’autant plus renversante. Et c’était plutôt bon signe sachant sur quel magot elle espérait mettre la main.
Seuls ses pas sur les pavés troublaient le silence de ce début de soirée sur le bois de la Pénombre, et parfois le vent dans la verdure qui avait déjà pris sa teinte la plus sombre. Elle devait admettre s’être laissée surprendre par la tombée de la nuit en allant questionner les veilleurs de cet avant-poste à l’ouest de Sombre-Comté. Tout comme les précédents, ils n’avaient aucun souvenir de la femme dont elle cherchait des traces dans la région. Mais Asélryn sentait qu’elle ne tarderait pas à trouver une piste, les personnages hauts en couleurs n’étaient pas légion par ici. Mais pour l’heure, elle devait regagner la ville avant qu’une des horreurs locales ne lui tombe dessus en pleine nuit.
Tandis qu’elle repassait dans sa tête d’éventuelles phrases d’accroche pour briser la glace avec les habitants peu loquaces d’une contrée aux superstitions tenaces, un chuintement feutré mit soudainement sa paranoïa en alerte. Veillant à ne pas ralentir, elle prit son temps pour jeter de brefs coups d’œil autour d’elle, qui ne lui apprirent rien. En revanche, elle était maintenant persuadée qu’on la suivait.
Trop de vigilance était rarement quelque chose de nocif, et puis elle savait quelle taille les araignées du coin pouvaient atteindre. Tous ses sens s’accrurent progressivement, la roublarde se trouva vite dans un état d’alerte auquel elle s’était accoutumée, et elle luttait surtout pour rester en apparence aussi naturelle que possible.
Car s’il ne s’agissait pas d’une araignée, il pouvait toujours s’agir d’un furtif. Elle savait mieux que quiconque de quoi un maître des ombres était capable et craignait d’en avoir vexé quelques-uns de trop au fil des années.
Alors que son pied gauche retournait au sol, Asélryn fit une brusque embardée en entendant le sifflement caractéristique d’un projectile acéré. Se retournant du même geste, elle sentit la hachette lui frôler le bras en se retrouvant face au visage familier d’un troll tout vêtu de noir. Familier même malgré le masque qu’il portait, car elle n’était pas prête d’oublier ces yeux luisants d’une insanité dérangeante.
Yentar. Ou le Chien Enragé, pour ceux qu’il avait su terrifier suffisamment pour qu’ils utilisent le surnom stupide qu’il s’était lui-même choisi. Sadique, fou furieux, allumé, Asélryn n’avait pas besoin de chercher longtemps les qualificatifs de ce tueur, un des pires soudards de l’équipage de l’Orgueil d’Azshara. Elle aussi avait été des leurs et leur séparation ne s’était pas faite dans ce que l’on pourrait appeler de bons termes.
« - Aussi loin de la mer, et sur un territoire de l’Alliance qui plus est. T’es toujours aussi cinglé Yentar. »
Elle devina un sourire sous le masque de l’assassin dont la voix grinça.
« - C’est moi qui dois dire ça, ce que t’as fait en partant ça c’était vraiment dingue.
- J’t’en prie, j’ai simplement disparu. C’est quelque chose que j’fais souvent, vraiment.
- T’as pris quelque chose dans le coffre du capitaine. »
Asélryn retint une grimace. Elle s’était en effet servie dans ce coffre avant de tirer sa révérence, mais l’objet en question était si petit qu’une partie d’elle espérait que ça ne se remarquerait pas.
« - Vous avez bien regardé ? C’est qu’y a plein de choses dans ce coffre. Et puis vous pouviez m’envoyer une lettre plutôt qu’une hache dans l’dos.
- C’est plus simple de t’estropier, comme ça tu suis sans rechigner. Le capitaine elle veut te voir.
- J’ai bien peur d’devoir décliner l’invitation.
- T’avais une chance de t’en tirer avec tous tes membres. »
Les mains de Yentar se refermant sur le manche de nouvelles hachettes de lancer furent le signal pour la jeune femme. Dague et sabre au clair, ce dernier vint dévier un des projectiles tandis qu’elle retirait son autre main de la trajectoire du second.
La distance qui la séparait du troll fut aussitôt avalée par le pirate, une nouvelle hache en main plus équilibrée pour le corps-à-corps et probablement empoisonnée. Se contorsionnant pour éviter deux premiers assauts, elle profita d’une ouverture pour gratifier son dos exposé d’un coup de pied, plus pour perturber son équilibre qu’autre chose. C’était le moment parfait pour que son sabre morde la chair, mais sa taillade ne traversa que fumerolles noires.
Derrière moi.
Asélryn changea habilement le sens de tenue de sa dague, tout en portant le coup aveugle au troll surgi de l’ombre de son opposante. Mais avant de pouvoir lui faire face de nouveau, elle sentit une douleur vive déchirer le dos de sa main et en lâcha presque son arme.
Les deux voleurs reprirent leurs distances de concert. La dague avait eu le mérite de prévenir l’assaut de Yentar, en lui laissant une légère entaille au cou. Au grand soulagement de la roublarde, ce n’était pas la hache empoisonnée mais une défense qui avait meurtri sa main. Car naturellement, ce dérangé les aiguisait.
« - Je savais bien que t’allais te battre, le capitaine te veut vivante mais elle a dit qu’au pire ta tête lui ferait déjà plaisir.
- Laisse-moi deviner, on vient d’en arriver au pire ? »
Elle était reconnaissante envers le masque du troll car le sourire qu’il lui offrit pour toute réponse était probablement hideux. Elle regretta cependant de s’être attardée sur ses yeux quand une épaisse fumée engloutit l’assassin et qu’elle sentit une odeur acre lui irriter la gorge. La folie présumée de Yentar s’était bâtie une réputation grâce à divers actes et lubies du troll, à commencer par une auto-intoxication fréquente dans le but de développer une immunité. Selon elles les poisons en question étaient bien trop puissants mais force était d’admettre qu’elle avait sous-estimé ses capacités régénératives. Car oui, cela faisait maintenant quelques mois qu’il empoisonnait ses fumigènes sans subir de contrecoup.
Asélryn recula en pestant, c’était bien évidemment la réaction qu’il attendait d’elle. Elle n’avait plus vraiment le temps de réfléchir cela dit, il fallait que l’affrontement prenne fin au plus tôt.
Il traverse enfin les ombres pour m’attaquer dans le dos, mais je peux aussi jouer à ce jeu-là. Il anticipe mon pas et frappe à l’aveuglette. Il voit son coup passer au-dessus de ma tête tandis que je le contourne. Vive, sa main libre file m’attraper à la gorge.
Les yeux du troll s’écarquillèrent lorsque sa main se referma entièrement. Elle avait traversé les ombres une seconde plus tôt et répéter cet effort était extrêmement exigeant pour le corps. Non, ce n’était pas un nouveau pas de l’ombre car elle se trouvait encore devant lui. Mais ses doigts venaient de traverser la gorge de l’humaine. Comment…
Ses pensées furent coupées court au sens le plus littéral possible par le poignard qui venait de se frayer un chemin vers son cerveau en passant par la nuque. L’arme resta plantée là quand Zentar bascula en avant, laissant une Asélryn tremblante prendre ses distances avec le nuage de poison proche.
Elle avait du mal à croire qu’elle avait réussi. Elle était parvenue à animer son ombre pour tenir l’attention du troll au sol pendant qu’elle était en réalité en train de bondir au-dessus de lui pour porter le coup fatal. La jeune femme n’était jusqu’alors même pas certaine que c’était possible, pourtant les Ombres arrivaient encore à la surprendre. Était-ce un des fameux secrets qui lui avaient été autrefois promis par Velenskins ?
Asélryn se mit de petites claques sur les joues. Le poison devait la faire divaguer, elle avait quelque chose de bien plus important à faire que s’interroger sur de vieux souvenirs. Elle craignait fort que sa mission pour Shylzana ne doive attendre, car il semblait maintenant clair que le capitaine de l’Orgueil d’Azshara la voulait morte ou vive.
Encore un cul-de-sac.
Ils devenaient trop fréquents au goût d’Asélryn mais elle préférait considérer qu’une suite d’échecs ne pouvait que précéder une réussite d’autant plus renversante. Et c’était plutôt bon signe sachant sur quel magot elle espérait mettre la main.
Seuls ses pas sur les pavés troublaient le silence de ce début de soirée sur le bois de la Pénombre, et parfois le vent dans la verdure qui avait déjà pris sa teinte la plus sombre. Elle devait admettre s’être laissée surprendre par la tombée de la nuit en allant questionner les veilleurs de cet avant-poste à l’ouest de Sombre-Comté. Tout comme les précédents, ils n’avaient aucun souvenir de la femme dont elle cherchait des traces dans la région. Mais Asélryn sentait qu’elle ne tarderait pas à trouver une piste, les personnages hauts en couleurs n’étaient pas légion par ici. Mais pour l’heure, elle devait regagner la ville avant qu’une des horreurs locales ne lui tombe dessus en pleine nuit.
Tandis qu’elle repassait dans sa tête d’éventuelles phrases d’accroche pour briser la glace avec les habitants peu loquaces d’une contrée aux superstitions tenaces, un chuintement feutré mit soudainement sa paranoïa en alerte. Veillant à ne pas ralentir, elle prit son temps pour jeter de brefs coups d’œil autour d’elle, qui ne lui apprirent rien. En revanche, elle était maintenant persuadée qu’on la suivait.
Trop de vigilance était rarement quelque chose de nocif, et puis elle savait quelle taille les araignées du coin pouvaient atteindre. Tous ses sens s’accrurent progressivement, la roublarde se trouva vite dans un état d’alerte auquel elle s’était accoutumée, et elle luttait surtout pour rester en apparence aussi naturelle que possible.
Car s’il ne s’agissait pas d’une araignée, il pouvait toujours s’agir d’un furtif. Elle savait mieux que quiconque de quoi un maître des ombres était capable et craignait d’en avoir vexé quelques-uns de trop au fil des années.
Alors que son pied gauche retournait au sol, Asélryn fit une brusque embardée en entendant le sifflement caractéristique d’un projectile acéré. Se retournant du même geste, elle sentit la hachette lui frôler le bras en se retrouvant face au visage familier d’un troll tout vêtu de noir. Familier même malgré le masque qu’il portait, car elle n’était pas prête d’oublier ces yeux luisants d’une insanité dérangeante.
Yentar. Ou le Chien Enragé, pour ceux qu’il avait su terrifier suffisamment pour qu’ils utilisent le surnom stupide qu’il s’était lui-même choisi. Sadique, fou furieux, allumé, Asélryn n’avait pas besoin de chercher longtemps les qualificatifs de ce tueur, un des pires soudards de l’équipage de l’Orgueil d’Azshara. Elle aussi avait été des leurs et leur séparation ne s’était pas faite dans ce que l’on pourrait appeler de bons termes.
« - Aussi loin de la mer, et sur un territoire de l’Alliance qui plus est. T’es toujours aussi cinglé Yentar. »
Elle devina un sourire sous le masque de l’assassin dont la voix grinça.
« - C’est moi qui dois dire ça, ce que t’as fait en partant ça c’était vraiment dingue.
- J’t’en prie, j’ai simplement disparu. C’est quelque chose que j’fais souvent, vraiment.
- T’as pris quelque chose dans le coffre du capitaine. »
Asélryn retint une grimace. Elle s’était en effet servie dans ce coffre avant de tirer sa révérence, mais l’objet en question était si petit qu’une partie d’elle espérait que ça ne se remarquerait pas.
« - Vous avez bien regardé ? C’est qu’y a plein de choses dans ce coffre. Et puis vous pouviez m’envoyer une lettre plutôt qu’une hache dans l’dos.
- C’est plus simple de t’estropier, comme ça tu suis sans rechigner. Le capitaine elle veut te voir.
- J’ai bien peur d’devoir décliner l’invitation.
- T’avais une chance de t’en tirer avec tous tes membres. »
Les mains de Yentar se refermant sur le manche de nouvelles hachettes de lancer furent le signal pour la jeune femme. Dague et sabre au clair, ce dernier vint dévier un des projectiles tandis qu’elle retirait son autre main de la trajectoire du second.
La distance qui la séparait du troll fut aussitôt avalée par le pirate, une nouvelle hache en main plus équilibrée pour le corps-à-corps et probablement empoisonnée. Se contorsionnant pour éviter deux premiers assauts, elle profita d’une ouverture pour gratifier son dos exposé d’un coup de pied, plus pour perturber son équilibre qu’autre chose. C’était le moment parfait pour que son sabre morde la chair, mais sa taillade ne traversa que fumerolles noires.
Derrière moi.
Asélryn changea habilement le sens de tenue de sa dague, tout en portant le coup aveugle au troll surgi de l’ombre de son opposante. Mais avant de pouvoir lui faire face de nouveau, elle sentit une douleur vive déchirer le dos de sa main et en lâcha presque son arme.
Les deux voleurs reprirent leurs distances de concert. La dague avait eu le mérite de prévenir l’assaut de Yentar, en lui laissant une légère entaille au cou. Au grand soulagement de la roublarde, ce n’était pas la hache empoisonnée mais une défense qui avait meurtri sa main. Car naturellement, ce dérangé les aiguisait.
« - Je savais bien que t’allais te battre, le capitaine te veut vivante mais elle a dit qu’au pire ta tête lui ferait déjà plaisir.
- Laisse-moi deviner, on vient d’en arriver au pire ? »
Elle était reconnaissante envers le masque du troll car le sourire qu’il lui offrit pour toute réponse était probablement hideux. Elle regretta cependant de s’être attardée sur ses yeux quand une épaisse fumée engloutit l’assassin et qu’elle sentit une odeur acre lui irriter la gorge. La folie présumée de Yentar s’était bâtie une réputation grâce à divers actes et lubies du troll, à commencer par une auto-intoxication fréquente dans le but de développer une immunité. Selon elles les poisons en question étaient bien trop puissants mais force était d’admettre qu’elle avait sous-estimé ses capacités régénératives. Car oui, cela faisait maintenant quelques mois qu’il empoisonnait ses fumigènes sans subir de contrecoup.
Asélryn recula en pestant, c’était bien évidemment la réaction qu’il attendait d’elle. Elle n’avait plus vraiment le temps de réfléchir cela dit, il fallait que l’affrontement prenne fin au plus tôt.
Il traverse enfin les ombres pour m’attaquer dans le dos, mais je peux aussi jouer à ce jeu-là. Il anticipe mon pas et frappe à l’aveuglette. Il voit son coup passer au-dessus de ma tête tandis que je le contourne. Vive, sa main libre file m’attraper à la gorge.
Les yeux du troll s’écarquillèrent lorsque sa main se referma entièrement. Elle avait traversé les ombres une seconde plus tôt et répéter cet effort était extrêmement exigeant pour le corps. Non, ce n’était pas un nouveau pas de l’ombre car elle se trouvait encore devant lui. Mais ses doigts venaient de traverser la gorge de l’humaine. Comment…
Ses pensées furent coupées court au sens le plus littéral possible par le poignard qui venait de se frayer un chemin vers son cerveau en passant par la nuque. L’arme resta plantée là quand Zentar bascula en avant, laissant une Asélryn tremblante prendre ses distances avec le nuage de poison proche.
Elle avait du mal à croire qu’elle avait réussi. Elle était parvenue à animer son ombre pour tenir l’attention du troll au sol pendant qu’elle était en réalité en train de bondir au-dessus de lui pour porter le coup fatal. La jeune femme n’était jusqu’alors même pas certaine que c’était possible, pourtant les Ombres arrivaient encore à la surprendre. Était-ce un des fameux secrets qui lui avaient été autrefois promis par Velenskins ?
Asélryn se mit de petites claques sur les joues. Le poison devait la faire divaguer, elle avait quelque chose de bien plus important à faire que s’interroger sur de vieux souvenirs. Elle craignait fort que sa mission pour Shylzana ne doive attendre, car il semblait maintenant clair que le capitaine de l’Orgueil d’Azshara la voulait morte ou vive.
Asélryn / Towann
Re: D'Outre-tombe [Asélryn]
Hiver de l’an 37
Un mouvement se répercutant le long du mât sortit Asélryn d’une réflexion nonchalante. Il lui arrivait de relever la vigie pour un temps, faisant passer cela pour un service alors que prendre un peu d’altitude pour remettre de l’ordre dans ses pensées était surtout une vieille habitude dont elle ne savait se défaire. Et elle en avait particulièrement besoin ces temps-ci, bien que le coucher de soleil se fut finalement avéré être un bon prétexte pour se vider la tête et cesser un peu de se tourmenter avec les conséquences des conséquences de ses hypothétiques prochaines décisions. Se joindre à l’équipage de l’Orgueil d’Azshara avait indéniablement été une riche idée financière mais cela commençait à se faire au prix de cheveux blancs.
Elle esquissa un léger sourire en coin lorsque le grimpeur arriva enfin à hauteur de son nid. Le rouquin était une des dernières recrues de l’Orgueil, un orphelin qui avait enchaîné les mésaventures avant d’être repéré par le capitaine. Et elle avait définitivement l’œil pour repérer les talents.
La vigie laissait tout juste la place pour deux personnes, Asélryn l’observa prendre place face à elle sans un mot. Elle savait bien qu’il avait des questions à lui poser, sa mine inquiète le trahissait.
« - On m’a dit que tu allais partir. »
La jeune femme poussa un bref soupir, elle avait anticipé de devoir expliquer ça au gamin auquel elle avait commencé à s’attacher.
« - On t’a pas menti Klein, j’ai eu d’longues discussions avec le capitaine à ce sujet et je crois qu’ça vaut mieux pour tout le monde. Surtout pour moi en fait.
- J’espérais que tu continuerais à m’apprendre des trucs... »
Elle prit enfin le temps de le regarder dans les yeux. Le destin avait été cruel de faire tomber Klein dans les filets de l’Orgueil d’Azshara. Il n’avait personne d’autre que l’équipage et il ne faisait nul doute qu’il aurait bien plus de mal qu’elle à s’en dépêtrer pour un jour suivre sa propre voie. Et ce garçon avait beaucoup de potentiel, autant en tant que personne qu’en tant que maître des Ombres. Elle avait pris un peu de temps pour le former et n’était pas sûre d’avoir déjà été témoin de pareil talent.
« - Tu vas t’en sortir, pour être honnête j’étais pas capable de la moitié de c’que tu sais faire quand j’avais ton âge. »
Klein ne cacha pas sa surprise à ce commentaire. Peut-être avait-elle été avare en compliments jusqu’ici.
« - C’est juste que j’ai eu un bon professeur, je…
- Par contre en terme de flatterie il faut vraiment que tu t’améliores. Apprends à mentir ! Et pour c’que ça change, moi aussi j’ai eu de bons professeurs. Au pluriel. Tu vas continuer à apprendre, surtout là où tu t’y attendras pas. »
Détournant le regard, Klein ne répliqua pas et se laissa distraire par l’horizon. Il n’allait cependant pas tarder à revenir à la charge, elle en était sûre. Aussi Asélryn décida de prendre les devants.
« - J’ai plusieurs raisons de quitter l’Orgueil. J’ai beaucoup d’projets et presque autant de désaccords avec le capitaine. C’est quelque chose qu’elle valorisait, tu sais qu’elle est du genre à prendre toutes les opinions en compte. »
Elle marqua une pause, Klein hocha légèrement la tête sans à nouveau croiser son regard.
« - Et bien sûr il y a ces histoires sur sa règle d’or. Je comprends qu’éliminer les témoins soit pratique dans beaucoup de cas, le capitaine est pas arrivée où elle est en faisant dans le sentimental. J’ai tué des gens qui le méritaient pas forcément, sous ses ordres ou même avant… et je veux arrêter des frais. Ça la fait rire d’ailleurs, elle dit que je suis la seule pirate à avoir gardé une conscience.
- Ça a pas duré longtemps, mais le capitaine a accepté d’épargner certaines personnes après que tu lui en aie parlé. Peut-être que je devrais... »
Asélryn se leva subitement et se pencha sur lui en pointant un doigt inquisiteur pour s’assurer d’avoir toute son attention.
« - Fais pas ça, tu m’entends ? Pour l’heure obéis-lui sans réfléchir. »
Klein leva les mains, bouche bée, mais elle ne lui laissa pas le temps de répondre.
« - Elle ne fléchira plus à c’sujet, je peux t’le garantir. Prends pas le risque de te la mettre à dos, tu sais qu’elle est dangereuse et pour elle, tu l’es aussi. Avant d’risquer de la froisser, tu dois gagner sa confiance, c’est compris ?
- ...et comment je saurai que j’ai gagné sa confiance ?
- Aucune idée, ce sera à toi de l’observer et essayer d’la comprendre. Ce s’ra pas facile mais t’en es capable, reste juste sur tes gardes d’accord ? Fais juste… pas l’erreur de te croire plus malin qu’elle. »
Alors que Klein acquiesçait doucement, Asélryn se sentit un peu coupable d’oser lui dire une chose pareille. Car après tout, elle avait en ce moment même la ferme intention de rouler le capitaine dans la farine.
« - J’suis sûre que c’est qu’un au revoir, d’ici là fais gaffe à toi. »
Un mouvement se répercutant le long du mât sortit Asélryn d’une réflexion nonchalante. Il lui arrivait de relever la vigie pour un temps, faisant passer cela pour un service alors que prendre un peu d’altitude pour remettre de l’ordre dans ses pensées était surtout une vieille habitude dont elle ne savait se défaire. Et elle en avait particulièrement besoin ces temps-ci, bien que le coucher de soleil se fut finalement avéré être un bon prétexte pour se vider la tête et cesser un peu de se tourmenter avec les conséquences des conséquences de ses hypothétiques prochaines décisions. Se joindre à l’équipage de l’Orgueil d’Azshara avait indéniablement été une riche idée financière mais cela commençait à se faire au prix de cheveux blancs.
Elle esquissa un léger sourire en coin lorsque le grimpeur arriva enfin à hauteur de son nid. Le rouquin était une des dernières recrues de l’Orgueil, un orphelin qui avait enchaîné les mésaventures avant d’être repéré par le capitaine. Et elle avait définitivement l’œil pour repérer les talents.
La vigie laissait tout juste la place pour deux personnes, Asélryn l’observa prendre place face à elle sans un mot. Elle savait bien qu’il avait des questions à lui poser, sa mine inquiète le trahissait.
« - On m’a dit que tu allais partir. »
La jeune femme poussa un bref soupir, elle avait anticipé de devoir expliquer ça au gamin auquel elle avait commencé à s’attacher.
« - On t’a pas menti Klein, j’ai eu d’longues discussions avec le capitaine à ce sujet et je crois qu’ça vaut mieux pour tout le monde. Surtout pour moi en fait.
- J’espérais que tu continuerais à m’apprendre des trucs... »
Elle prit enfin le temps de le regarder dans les yeux. Le destin avait été cruel de faire tomber Klein dans les filets de l’Orgueil d’Azshara. Il n’avait personne d’autre que l’équipage et il ne faisait nul doute qu’il aurait bien plus de mal qu’elle à s’en dépêtrer pour un jour suivre sa propre voie. Et ce garçon avait beaucoup de potentiel, autant en tant que personne qu’en tant que maître des Ombres. Elle avait pris un peu de temps pour le former et n’était pas sûre d’avoir déjà été témoin de pareil talent.
« - Tu vas t’en sortir, pour être honnête j’étais pas capable de la moitié de c’que tu sais faire quand j’avais ton âge. »
Klein ne cacha pas sa surprise à ce commentaire. Peut-être avait-elle été avare en compliments jusqu’ici.
« - C’est juste que j’ai eu un bon professeur, je…
- Par contre en terme de flatterie il faut vraiment que tu t’améliores. Apprends à mentir ! Et pour c’que ça change, moi aussi j’ai eu de bons professeurs. Au pluriel. Tu vas continuer à apprendre, surtout là où tu t’y attendras pas. »
Détournant le regard, Klein ne répliqua pas et se laissa distraire par l’horizon. Il n’allait cependant pas tarder à revenir à la charge, elle en était sûre. Aussi Asélryn décida de prendre les devants.
« - J’ai plusieurs raisons de quitter l’Orgueil. J’ai beaucoup d’projets et presque autant de désaccords avec le capitaine. C’est quelque chose qu’elle valorisait, tu sais qu’elle est du genre à prendre toutes les opinions en compte. »
Elle marqua une pause, Klein hocha légèrement la tête sans à nouveau croiser son regard.
« - Et bien sûr il y a ces histoires sur sa règle d’or. Je comprends qu’éliminer les témoins soit pratique dans beaucoup de cas, le capitaine est pas arrivée où elle est en faisant dans le sentimental. J’ai tué des gens qui le méritaient pas forcément, sous ses ordres ou même avant… et je veux arrêter des frais. Ça la fait rire d’ailleurs, elle dit que je suis la seule pirate à avoir gardé une conscience.
- Ça a pas duré longtemps, mais le capitaine a accepté d’épargner certaines personnes après que tu lui en aie parlé. Peut-être que je devrais... »
Asélryn se leva subitement et se pencha sur lui en pointant un doigt inquisiteur pour s’assurer d’avoir toute son attention.
« - Fais pas ça, tu m’entends ? Pour l’heure obéis-lui sans réfléchir. »
Klein leva les mains, bouche bée, mais elle ne lui laissa pas le temps de répondre.
« - Elle ne fléchira plus à c’sujet, je peux t’le garantir. Prends pas le risque de te la mettre à dos, tu sais qu’elle est dangereuse et pour elle, tu l’es aussi. Avant d’risquer de la froisser, tu dois gagner sa confiance, c’est compris ?
- ...et comment je saurai que j’ai gagné sa confiance ?
- Aucune idée, ce sera à toi de l’observer et essayer d’la comprendre. Ce s’ra pas facile mais t’en es capable, reste juste sur tes gardes d’accord ? Fais juste… pas l’erreur de te croire plus malin qu’elle. »
Alors que Klein acquiesçait doucement, Asélryn se sentit un peu coupable d’oser lui dire une chose pareille. Car après tout, elle avait en ce moment même la ferme intention de rouler le capitaine dans la farine.
« - J’suis sûre que c’est qu’un au revoir, d’ici là fais gaffe à toi. »
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