Nouvelles du Nord.

Cheena passa devant une des affiches, et eclata de rire en s'imaginant le Roi de Hurlevent descendu expressement du donjon pour coller le feu à de telles affiches, son visage plein de cicatrice tordu par la haine...

Quand on lui rapporta la nouvelle au sein de l'auberge de Menethil, le barde des Tisseurs de Paix éclata d'un rire joyeux. Voici qui égayait une journée qui s'était annoncée froide et grise mais finalement chargée de cette bonne nouvelle.

- "Alors comme ça ces fous se sont fait fiche dehors sans semonce ! Hahahahaha !! Enfin... je ris mais c'est triste de voir de jeunes soldats prometteurs se faire embrigader par des esprits malades. Comment ne peuvent-ils pas réaliser la contradiction profonde qu'il y a entre leurs actes et les vertus de la Lumière ? Ce n'est plus de la conviction, c'est du délire digne de ces enfants qui se prennent pour des héros pendant les récréations le temps de se construire une personnalité adulte. Si ça pouvait faire réfléchir la frange la moins atteinte de ces doux écervelés... ça aura au moins servi à quelque chose. En tous cas... d'autres que les plus coupables auront encore payé le prix du sang et ça... c'est vraiment regrettable. Le pire c'est que ça n'éveille même pas la conscience des autres. Ils sont vraiment atteints."

Le Primat, ou ses petites mains, pourraient toujours crier à la victoire à coups d'affiches et d'annonces qui se voulaient fracassantes : ça devenait tellement énorme que personne n'y croyait plus. A force de faire les malins, il devenait évident que la Mortelle Onction n'avait de cesse de remuer du vent, préférant les paroles et comportements blasphématoires à une franche et saine action, comme, par exemple, de défendre la cathédrale ou même la cité de Hurlevent. Etonnamment ces jours là - à de rares exceptions près - on ne les avait pas vu pointer le bout de leur nez. Il faut dire aussi qu'il n'y avait rien à y gagner... si l'on exceptait l'immense satisfaction d'avoir sauvé la vie de son prochain, ce qui n'avait rien d'une préoccupation immédiate dans leurs esprits malades. Enfin... au moins désormais fournissaient-ils l'occasion de franches rigolades dans les cercles informés de leurs revendications de désastre, ce qui était un maigre bénéfice dont il fallait bien se contenter. Au final, s'il n'y avait pas eu ces pertes, ça devenait assez amusant d'imaginer la prochaine façon dont ils tâcheraient de masquer l'évidence de leurs débâcles et insuccès successifs. Sans doute faudrait-il ouvrir des paris ?

"La position de ces pseudos grands défenseurs de la Lumière devient de plus en plus intenable et illisible. Si seulement leur Primat pouvait finir ses jours sous la main d'un plus fou que lui encore... Ca nous arrangerait plutôt si leurs actions brouillonnes ne menaçaient pas l'essor d'une coopération entre toutes les forces vives d'Azeroth. On dit que Putress travaille d'un commun accord avec les Naarus et que les Réprouvés accepteraient de faire bénéficier l'Alliance de leurs travaux en matière de lutte contre la pestilence. J'espère que les actes malheureux de cette poignée de troublions n'iront pas contrarier ces initiatives positives. Benedictus va avoir du mal à justifier de rester encore silencieux longtemps s'il veut conserver sa place avant que Laurana le vire de là avec perte et fracas. Mais bon... il ira se recycler auprès de ses petits protégés probablement."

Deux nécropoles tombées plus tard, Le mercenaire de la Baie-du-butin, prennait une demie journée de repos bien méritée. Après tout ce sang, ces coups, ces nuits blanches à ferailler avec le Fléau, il avait besoin d'une pause.

A la taverne de la Baie, fumant un de ses cigares préférés, Qadjaar prennait connaissance, via la presse gobeline des nouvelles du monde.

Une voix familière lui fit lever les yeux de sa lecture.

"- Yo mon fwèwe ! Alows, on diwait qu'ça cause des gars qui ont loué tes sewvices ! Et puis ça weveile les langues des pacifistes héhé"

Ce sourire amusé dansant sur son visage, ses défenses dont les pointes etaient encapuchonnées d'un embout de metal doré, et cette impressionante quantité de colliers, gris-gris et bagues en materiaux précieux ne pouvaient appartenir qu'à cet autre agent du Cartel : Bling'Bling le Troll.

"- Ah vieux frère ! Ca fait plaisir d'te revoir après....tout ça..." Les souvenirs des amis morts pendant la peste étaient encore vivaces et les deux hommes, par un accord tacite, firent immédiatement trente cinq secondes de silence (une minute, c'était trop long, et le temps, c'est de l'argent).
Le Troll reprit bientôt la parole :

- "Tu sais, fwangin, les espwits ils m'ont pas prévenu de ça, hein, sinan j'tauwais pwév'nu pouw suw !
- Bah...la petite scène à Hillsbrad pour leur faire croire à notre arrivée par Arathi n'avait pas vraiment marché. Mais tant pis, hein, c'tait juste un essai loupé. Y'en a plein d'autres en reserve, retorqua le mercenaire humain à la peau sombre. Ceci dit, y'a un truc qui m'amuse : c'monde est plein de contradictions. T'sais pourquoi ?"

Le Troll sortit de son sac un crane d'humanoide couvert d'une multitude d'étranges glyphes et symboles cabalistiques bizarres. La moitié devait etre des signes vaudou, un quart des prières aux esprits, et pour le dernier quart, Qadjaar soupsonnait le troll d'y avait gravé avec son écriture illisible la liste des courses qu'il ne devait pas oublier d'acheter au marchand de fournitures générales.
Observant le crane avec une mine inspirée, il secoua bientôt la tête, en rangeant le fétiche dans son sac :

"Nan, mon fwèwe. Les esprits, y savent pas du tout d'quoi tu pawles. Alows tu peux expliquer à Bling'Bling, et il leur diwa."

"Bah c'simple. Les Rédempteurs refusent de défendre les champs d'Hillsbrad où les réprouvés vont chercher leur sujets d'experience tous les jours, parmi la population humaine, sans compter les massacres gratuits des fermiers. C'est pas dans leur terres, tu vois, eux; c'juste Southshore.
Par contre quant il s'agit de défendre une ville réprouvée, le gars Idrid et son équipage, ils sont les premiers à s'mettre sur le pied d'guerre. A croire que Tarren c'une annexe de la ville, par contre.
Les filles ont parlé à la population et c'vraiment pas jojo c'qu'y s'passe. Sans compter qu'les champs sont ceux qui doivent fournir en matière premières et en légumes la région. Ca va finir par d'venir difficile pour les locaux. C'ci dit, l'gars, il s'en fout pas mal, il passe la moitié d'sa vie à Stormwind.
A coté d'ça, il dit qu'le Roi de Stormwind a rien à lui dire, mais que si on l'cherche, on s'prendra les troupes de l'Alliance, et donc de ce même roi, qui n'a rien à lui dire."

- "Ha wi, d'ce point d'vue là, y'en a pas mal des contwadictions, commenta le Troll. Mais t'sais, mon fwèwe, y'a pas longtemps, on a fait envoyer une caisse de feuillerêves à fumer dans ces wégions là, ça a p't'twe un lien !"

- "Ca expliquerait tout ! dit Qadjaar avec un sourire amusé. Ou alors le gars, il défend Tarren, parce qu'il est encore sous les ordres du Roi qu'est à Lordaeron. Ou d'sa reine actuelle ?...Plus serieusement tout ça n'a aucun sens. Un peu comme les pacifistes qui racontent qu'ils n'ont pas vu Mortelle Onction s'battre contre le Fléau, quand une grosse partie des gars de l'ordre ont recemment été couverts d'honneur et d'récompenses par l'Aube d'argent. Ces fichus Flatulants devraient retourner pacifier leur buissons d'Elwynn plutot que d'causer d'trucs qu'ils ignorent.

- Wé, "Le Pacifisme, c'est nul" (1). Enfin, tout ça, c'plus si impowtant. La vwai question que s'pose une de mes femmes : Y-a-ty l'mawiage ou Ya-t-y-pas l'mawiage ? Les espwits ils...

Les deux hommes marquérent un temps de repos, et rièrent tous les deux de bon coeur. En ces temps durs, il faisait bon de rire un peu.

- Allez viens, j'te paye un verre, espèce de vieux charlatan ! dit Qadjaar en souriant et en envoyant une tape amicale dans le dos du troll. Et si "les esprits" t'ont pas renseigné, j'te parlerai p'tetre de leur Portière-en-Chef, qui laisse passer personne, mais qui laisse les créatures du fléau cogner les passants, tant qu'les maccabs essaient pas d'passer sa fichue porte !"

Finalement la soirée se finit bien.
"Vivement qu'les bateaux pour Norfendre soient prêts à partir..." pensa, blasé, le mercenaire.


(1) "Le Pacifisme c'est nul", est une célèbre phrase attribuée au populaire penseur gobelin Stanley Fizlebing. Celle-ci aurait été prononcée quand Fizglebing essayait en vain d'écouler un stock de munitions en thorium, auprès d'un avant-poste de l'Alliance, visité recemment par une bande de jolies kaldoreis pacifistes.

- Commandant! Ça ne peut plus durer! Je vais me retrouver sur la paille moi!! éructa-t-il, les poings sur le bureau.

Ériane achevait la délicate pliure d'un avion en papier, les deux pieds sur le meuble, confortablement enfoncée dans le fauteuil en cuir.
- Calmez-vous, mon vieux, et expliquez-moi ça sans hurler, vous voulez bien?
- Il se passe qu'ils me volent mon gagne-pain! Voilà ce qu'il se passe! Ça fait trois bons mois que plus personne ne m'a donné des nouvelles à colporter, et à ce train-là, demain, je me fait Defias!
- Goodman, bon sang! Cessez de me hurler dans les oreilles! C'est tout de même pas de ma faute si ils choisissent de déclamer avec des affichettes plutôt que de passer par vos services... Je ne sais pas moi, peut-être qu'il est temps de vous reconvertir?
- Me.. me reconvertir?? fît-il rouge de colère. J'ose espérer que vous ne pensez pas sérieusement ce que vous dites?!
- Lumière! Mais j'en sais rien moi! Je disais ça comme ça..
- Ouais ben gardez-le pour vous!
- Vous êtes juste venu pour me crier ça, ou bien vous avez une vraie bonne raison de me déranger dans mes rapports du matin?
Goodman regarda avec fureur l'avion qu'elle terminait à l'instant, une réplique exacte du Briggles T4, le dernier-né des ateliers de Brikabrok. Il tapa plus qu'il ne déposa une affiche, décollée assez sauvagement de son support, sur le bureau.
- Non! Je fais un vrai travail, moi! Je vous apporte les nouvelles, moi! Et je suis crieur public, alors je crie si je veux!
Ériane soupira, posa son pliage et se redressa sur son siège.
Elle se saisit de l'affiche et la lut en silence, devant un Goodman plus que courroucé.
- Mouais... Décidement, ils ne changeront pas de si tôt. Au moins le Sénéchal a t'il pu leur opposer une résistance, cette fois.
Bon, Goodman, voilà ce qu'on fait. Vous prenez une plume, des affiches, et..
- Commandant!!!
- Ca va.. ca va.. je plaisantais... Allez plutôt porter le message .. de vive voix - insista-t'elle - suivant à la Cathédrale. Essayez de le remettre en personne.
Ce faisant, elle prit une note encore vierge, et y inscrivit le message qui devait être remis, espérant qu'il arrive à bonne destination.

Du Commandant Ériane Finduiläs, Officier supérieur de la Garde de Hurlevent, au XIXème Primat de la Mortelle Onction, le Seigneur Olectros.

Primat,
Je sollicite par la présente et derechef, une entrevue officieuse, afin de débattre de la situation actuelle et de trouver j'en suis bien sûre, les moyens de la clarifier.

Je vous prie de me faire savoir au plus vite, de quelques façons que ce soit, vos disponibilités pour ce faire.

Très cordialement, et dans l'attente de vous lire,
Cmdt. Ériane Finduiläs.

Elle tendit la missive à Goodman avec un sourire agréable.
- Merci Commandant. J'apprécie votre effort... fît-il, ironique, en étudiant la taille du message à transmettre.
- Oh hé, Goodman, pas de persiflage avec moi, voulez-vous? Allez, filez faire votre métier.

Une fois le crieur public parti, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre dont la vue dominait les toits du vieux quartier.
- Le Roi serait bien avisés d'envoyer ces furieux conquérir le Norfendre. Peut-être lui en toucherais-je un mot prochainement... marmonna-t'elle au pigeon qui la regardait du mur tout proche..

Le bras bloqué dans un dispositif fait de ce qui pourrait s'apparenter a des ceintures et quelques boucles d'acier pour tenir le tout, Dellina se trainait lentement sans trop chercher a reflechir dans les vertes contrées de Nagrand, son habituelle vieille armure couverte de sang seché était entassée dans un sac pendant a la selle de son Talbuk, l'elfe regarda autour d'elle , admirant le paysage que tout le monde semblait dénigrer... Bah ,se dit-elle, le pec' lambda en a rien à cirer de l'outreterre.

Un roué a la démarche lente se tenant sur une canne lui fit signe devant le pont d'accès à Telaar, son sourrire édenté effaça alors l'amertume du regard de l'elfe qui lui rendit l'expression comme elle le pouvait, les grand sourires et la joie de vivre n'etait pas son fort après tout, elle bomba le torse tant bien que mal puis fit son salut habituel , le poing frappé sur le torse par deux fois avant de lever l'index et le majeur en "V", ce que l'ancêtre lui rendit en lançant avec style :

-Hey c'est la p'tite cousine qui reviens, t'as fait peter les décorations dis donc, tu rutile comme un bordel gamine !

-Ouai ... on m'a couvert de ces sappes quand on a repoussé un paquet de nécropoles du fléau... c'est pas trop désagréable a porter, moi qui craignait que la jupette ça m'embourbe en fait ça passe impec...

Aussi sereine qu'elle pouvait paraître, l'elfe avait du mal a refreiner le plaisir vulgaire qu'elle avait éprouvé dans ces combats, tant de sang , tant de morts, tant de violence et de frénésie , s'en etait trop, elle revenait de ce qui pourrait être un mélange entre l'enfer et le paradis sensoriel, même si ça avait causé des degats qu'elle pensait soignés depuis un moment :

-T'as repris une torgnolle dans les paluches ? tu porte le truc que je t'ai fait l'an dernier après auchindoun ...

-On peux rien te cacher l'ancêtre, j'ai trop tirer sur la corde mon bras me refait un mal de chien , j'veux pas que ça recommence alors j'ai remis ton truc

-Bah tant mieux, mais j'te previens, tu viens pas ici pour flemmarder, t'as une bonne semaine de forge devant toi, les gars on senti que t'etait plus là, quelques ogres ont cru qu'ils pouvvaient être plus malins que les autres et ils ont décidé de charger pendant ton absence, et comme tu peux pas te bastonner comme ça , bah tu va trimer c'est moi qui te le dis...

-Ca fait plaisir d'être de retour... la p'tite vehny est rentrée ?

-Nah tu pense, elle continue de hanter les capitales a la recherche de son homme

-J'ai peur de savoir ou il est, et vu que j'ai faillit y passer, j'crois qu'il va falloir préparer une tombe pour lui.

Dellina savait bien qu'en ces periodes ou même de puissants combattants ont fini transformés en goules, les jeunes Telaari qui pris d'un souffle héroique se lançaient dans l'aventure vers Azeroth finissaient trop souvent en cadavre ambulant dans les maleterres, le ciel bleu de nagrand restait pur, aucune créatures du roi liche n'avait mis le pied ici , seule Shattrah avait subit des assaut de ces saletées de goules et l'elfe en y pensant se racla la gorge et crachat par terre en ronchonnant.

-T'es là pour combien de temps gamine ?

-P'tet longtemps, j'ai bien peur de ne plus pouvoir me bastonner avant un bail, ça m'é couté cher, et si je continue j'pourrais plus soulever un caillou avec ce bras là dans peu de temps ... J'vais me recoller un bouclier là, ça sera plus facile pour me bastonner si je m'y prends a une seule main. Si on m'cherche j'serais a la forge, tes gars vont avoir besoin de réparer leur matos

Comme à son habitude matinale, Saarh se repose peinard sur la terrasse de l'Aldor, son café (enfin, les quelques gouttes de café diluées dans le rhum brun) à la main. Laissant trainer son regard, une affiche d'apparence plus très fraiche retient son attention....

- gni ? et forcément, pas de jumelles sous le coude...

Se dirigeant tant bien que mal vers l'affiche, Il parvient enfin à portée de lecture de cette dernière...

- Mais y sont vraiment couillons ceux là.....ça fait des semaines qu'on se fait bouffer le cul par des goules et autres saloperies, mais non ! On profite que tout le monde soit sur les dents pour faire des gamineries à Undercity !