Marà : Bribes
Page 1 sur 1
Marà : Bribes
Après de longues hésitations, je me décide à poster ça ici. Ce sont des bribes de la vie de mon personnage, parfois dans le présent, parfois dans son passé... je les écris sans ordre chronologique défini et c'est donc parfois un peu décousu, mais je préfère mettre des mots sur des scènes qui m'inspirent et sur les idées qui me viennent plutôt que de me forcer à tout faire dans l'ordre.
Si je poste ça ici c'est principalement pour avoir des critiques, et pas forcément positives. Lâchez-vous, n'ayez pas peur de m'offusquer, chaque détail négatif que vous relevez est un pas en avant pour moi
-------------------
Elle était assise sur un banc de Lune d'Argent, son calepin dans une main, sa plume dans l'autre, et subissait ce qu'elle apparentait a une véritable torture. Écrire ses cours... il en avait de bonnes, Elradias. Comme si elle était douée pour l'écriture. Pfff.
Maudissant intérieurement la moitié de la création, elle ratura - encore - une ligne, et mordilla le bout de sa plume d'un air concentré. Devant elle se tenait le bazar et les citoyens de Lune d'Argent passaient indifféremment, vaquant à leurs occupations. Elle n'y prêtait aucune attention. Il voulait un texte, il allait l'avoir... et tant pis si elle devait y passer la semaine. Elle relut les quelques lignes qu'elle avait écrites et ratura à nouveau un mot, rageusement, mais ce fut le moment que choisit sa plume pour faire des siennes et se mettre à couler. L'encre jaillit, constellant son visage de petits points noirs. Elle jura.
Elle était occupée se débarbouiller dans l'eau de la fontaine quand elle frissonna soudain. En quelques secondes l'air était devenu plus froid, presque glacial. L’elfe se figea. Elle connaissait cette sensation, et soudain ses souvenirs lui revinrent comme une baffe en plein visage. Elle se retourna d'un bond.
Mais déjà la température remontait. Dans la foule qui parcourait le bazar, elle distingua une silhouette sombre et encapuchonnée qui s'éloignait.
"Hey !"
Elle se redressa et se mit à courir en direction de l'apparition.
"Attendez !"
La silhouette se retourna, sa capuche glissant quelque peu, et comme dans un rêve Marà discerna un visage elfique aux traits durs, aux lèvres fines, aux yeux d'un bleu polaire. Ses longs cheveux châtains étaient retenus par un bijou rouge sang, orné d'un symbole qu'elle aurait reconnu entre mille bien qu'elle ne l'ait vu qu'une fois.
L'apparition croisa son regard, tout comme lors de leur dernière rencontre. Mais cette fois-ci elle fit demi tour, et le temps d'un battement de cœur, elle avait disparu dans la foule.
Un battement de cœur, ce fut ce qu'il fallut à Marà pour reprendre ses esprits. Elle s'élança à la poursuite de la femme, abandonnant ses feuilles raturées sur le banc. Mais elle eut beau chercher tant et plus, rien a faire. Il n'y avait aucune trace de la chevalier de la mort.
Si je poste ça ici c'est principalement pour avoir des critiques, et pas forcément positives. Lâchez-vous, n'ayez pas peur de m'offusquer, chaque détail négatif que vous relevez est un pas en avant pour moi
-------------------
Elle était assise sur un banc de Lune d'Argent, son calepin dans une main, sa plume dans l'autre, et subissait ce qu'elle apparentait a une véritable torture. Écrire ses cours... il en avait de bonnes, Elradias. Comme si elle était douée pour l'écriture. Pfff.
Maudissant intérieurement la moitié de la création, elle ratura - encore - une ligne, et mordilla le bout de sa plume d'un air concentré. Devant elle se tenait le bazar et les citoyens de Lune d'Argent passaient indifféremment, vaquant à leurs occupations. Elle n'y prêtait aucune attention. Il voulait un texte, il allait l'avoir... et tant pis si elle devait y passer la semaine. Elle relut les quelques lignes qu'elle avait écrites et ratura à nouveau un mot, rageusement, mais ce fut le moment que choisit sa plume pour faire des siennes et se mettre à couler. L'encre jaillit, constellant son visage de petits points noirs. Elle jura.
Elle était occupée se débarbouiller dans l'eau de la fontaine quand elle frissonna soudain. En quelques secondes l'air était devenu plus froid, presque glacial. L’elfe se figea. Elle connaissait cette sensation, et soudain ses souvenirs lui revinrent comme une baffe en plein visage. Elle se retourna d'un bond.
Mais déjà la température remontait. Dans la foule qui parcourait le bazar, elle distingua une silhouette sombre et encapuchonnée qui s'éloignait.
"Hey !"
Elle se redressa et se mit à courir en direction de l'apparition.
"Attendez !"
La silhouette se retourna, sa capuche glissant quelque peu, et comme dans un rêve Marà discerna un visage elfique aux traits durs, aux lèvres fines, aux yeux d'un bleu polaire. Ses longs cheveux châtains étaient retenus par un bijou rouge sang, orné d'un symbole qu'elle aurait reconnu entre mille bien qu'elle ne l'ait vu qu'une fois.
L'apparition croisa son regard, tout comme lors de leur dernière rencontre. Mais cette fois-ci elle fit demi tour, et le temps d'un battement de cœur, elle avait disparu dans la foule.
Un battement de cœur, ce fut ce qu'il fallut à Marà pour reprendre ses esprits. Elle s'élança à la poursuite de la femme, abandonnant ses feuilles raturées sur le banc. Mais elle eut beau chercher tant et plus, rien a faire. Il n'y avait aucune trace de la chevalier de la mort.
Dernière édition par Marà le Lun 31 Mai 2010, 13:55, édité 2 fois
Marà
Re: Marà : Bribes
et soudain ses souvenirs lui revinrent comme une baffe en plein visage...
Le fracas était impressionnant. Boucliers et épées s’entrechoquant, hurlements, grognements des goules et d’autres créatures répugnantes qu’elle savait à peine nommer. Les cris, aussi : gémissements de douleur, rugissements victorieux pour un ennemi abattu…
« Pour le bien, et pour la Milice Grise ! »
La voix claire de Valerian portait loin sur le champ de bataille et l’entendre retentir lui redonna courage. Elle se redressa et repartit au combat de plus belle, rugissant avec force. Ses lames, si vives que dans la mêlée on les distinguait à peine, tranchaient os et chairs pourries avec régularité. Mais l’armée du Fléau était bien plus vaste que la leur.
Autour d’elle l’herbe se teintait progressivement de rouge. Leur sang, celui de ses frères d’armes : les goules ne saignent pas. Elle avait douloureusement conscience du fait que chaque goutte écarlate qui colorait la plaine appartenait à un de leurs hommes, à quelqu’un qu’elle avait connu, à un ami. Si seulement les renforts se décidaient à arriver…
Au loin, sur sa gauche, elle distingua une forme sombre. La cavalière fixait le champ de bataille de ses yeux glacés, totalement immobile. C’était elle, comprit la capitaine, qui dirigeait l’assaut. Ayant achevé la goule qui lui barrait le passage, elle entreprit une lente progression en direction de la chevalier de la mort, perçant les rangs ennemis. S’il fallait mourir aujourd’hui, autant le faire en beauté, en emportant avec elle cette chienne du roi-liche qui les toisait du haut de sa monture.
La femme chevalier l’avait vue arriver et l’attendait de pied ferme. Les dagues frappèrent l’épée runique dont l’aura bleutée glaça la capitaine jusqu’au os. Elle roula sur le coté pour se désengager mais son adversaire la suivit, frappant de taille. Esquivant de justesse, elle bondit à son tour, parant d’une main tandis que l’autre montait chercher la gorge. L’espace d’un instant elle cru qu’elle l’avait touchée, et elle eut tout loisir de contempler le visage de son ennemie dont la capuche sombre avait glissé. Une elfe brune, à peine plus grande qu’elle. La haine et la colère déformaient ses traits durs, d’une étrange beauté malgré des yeux de glace. Un joyau rouge sang retenait sa chevelure.
Puis la chienne du fléau la repoussa, avec une force qu’elle n’aurait jamais soupçonnée chez quelqu’un d’aussi frêle. Les échanges reprirent. Parade, feinte, attaque… la femme chevalier se battait bien, parant chaque coup avec une célérité implacable. Marà combattait avec la fougue et l’énergie du désespoir, et pourtant peu à peu elle perdait un terrain. Pas après pas, son adversaire la faisait reculer et elle avait beau être rapide, esquivant d’un bond les coups de l’énorme épée runique, elle commençait à s’épuiser alors que la chevalier restait imperturbable. Un coup finit par l’atteindre, lui entaillant durement le bras. Elle fit un pas en arrière et le coup suivant, manquant de la décapiter, lui ouvrit la joue de la ligne de la mâchoire jusqu'à la pommette.
Elle hurla de douleur tandis que le sang chaud commençait à couler le long de son cou. Parer l’attaque suivante la fit tomber à la renverse. Elle roula sur le coté, tenant de se relever, mais un coup de pied de la chevalier de la mort la fit mordre à nouveau la poussière. Les yeux écarquillés, elle vit l’arme de son adversaire descendre vers elle, trop vite, trop fort pour qu’elle puisse l’esquiver.
Un hurlement clair, et qui portait loin. Alors qu’elle se préparait à sa propre mort, Valerian, sorti de nulle part, chargea la chevalier et l’envoya au sol. Celle-ci parvint cependant à se rétablir, repoussant son assaillant, et le combat commença. Le regard vitreux déjà voilé de rouge, Mara tenta de se redresser, mais elle perdait trop de sang et elle le savait. Les blessures infligées par sa dernière adversaire étaient loin d’être les premières qu’elle récoltait au cours de cette bataille. Son visage tailladé lui donnait l’impression de n’être plus qu’une plaie sanglante et le liquide rouge imprégnait ses cheveux, ses vêtements, sa bouche…
L’énorme épée à deux mains de Valerian parait avec force les coups de l’arme runique, mais pourtant Marà sentit que lui aussi perdait du terrain. Chacun de ses coups se faisait peu à peu moins puissant, chaque parade moins assurée que la précédente. Prenant appui sur un tronc derrière elle, l'elfe ramassa l’une de ses dagues et se releva lentement. Elle avait à peine la force de tenir son arme et son regard suivait difficilement le combat. La chienne du roi-liche lui tournait le dos, pourtant, et elle su que c’était la son unique chance. Valerian allait mourir, elle n’avait pas le droit à l’échec. Elle s’élança.
C’est alors que son corps la trahit. Ses jambes trop faibles se dérobèrent sous elle et elle trébucha, tombant à nouveau. Tout ce qu’elle vit fut le sang qui jaillissait tandis qu’avec un hurlement Valerian s’écroulait lui aussi, l’abdomen ensanglanté et le bras tranché avec une netteté effroyable. Elle cria à son tour, dégainant ses dagues de lancer, mais la chevalier fut plus rapide. Elle se retourna vers la capitaine, son aura glacée grandissant tandis qu’elle tendait la main. Un trait de lumière violacé en jaillit et Marà sentit sa gorge se serrer jusqu'à l’étouffement. Elle lutta, se débattit pour chercher de l’air, en vain. Elle fut propulsée vers son adversaire, qui l’attendait lame en avant. Un froid terrible s’empara de tout son corps alors que l’épée runique s’enfonçait dans la chair de son ventre…
Au loin, une trompette retentit mais elle ne l’entendit qu’a peine. La chevalier de la mort dégagea son arme et une fois encore le corps de la capitaine percuta durement le sol poussiéreux du champ de bataille. Au nord le bruit se faisait plus fort, et il lui semblait entendre des clameurs. En un dernier effort, elle tourna la tête et regarda Valerian, étendu comme elle un peu plus loin, dans une marre de sang. Il lui rendit son regard et il lui sembla voir ses lèvres s’étirer en un mince sourire, mais déjà l’éclat des yeux du général faiblissait. Leur lumière vira progressivement au gris, et il la contemplait toujours lorsque l’ultime éclat disparut, remplacé par le regard vide de la mort. Les clameurs venant du champ de bataille redoublèrent, et le son clair des trompettes de Lune d’Argent résonna à nouveau. Mara ferma les yeux et se laissa emporter dans les ténèbres.
Le fracas était impressionnant. Boucliers et épées s’entrechoquant, hurlements, grognements des goules et d’autres créatures répugnantes qu’elle savait à peine nommer. Les cris, aussi : gémissements de douleur, rugissements victorieux pour un ennemi abattu…
« Pour le bien, et pour la Milice Grise ! »
La voix claire de Valerian portait loin sur le champ de bataille et l’entendre retentir lui redonna courage. Elle se redressa et repartit au combat de plus belle, rugissant avec force. Ses lames, si vives que dans la mêlée on les distinguait à peine, tranchaient os et chairs pourries avec régularité. Mais l’armée du Fléau était bien plus vaste que la leur.
Autour d’elle l’herbe se teintait progressivement de rouge. Leur sang, celui de ses frères d’armes : les goules ne saignent pas. Elle avait douloureusement conscience du fait que chaque goutte écarlate qui colorait la plaine appartenait à un de leurs hommes, à quelqu’un qu’elle avait connu, à un ami. Si seulement les renforts se décidaient à arriver…
Au loin, sur sa gauche, elle distingua une forme sombre. La cavalière fixait le champ de bataille de ses yeux glacés, totalement immobile. C’était elle, comprit la capitaine, qui dirigeait l’assaut. Ayant achevé la goule qui lui barrait le passage, elle entreprit une lente progression en direction de la chevalier de la mort, perçant les rangs ennemis. S’il fallait mourir aujourd’hui, autant le faire en beauté, en emportant avec elle cette chienne du roi-liche qui les toisait du haut de sa monture.
La femme chevalier l’avait vue arriver et l’attendait de pied ferme. Les dagues frappèrent l’épée runique dont l’aura bleutée glaça la capitaine jusqu’au os. Elle roula sur le coté pour se désengager mais son adversaire la suivit, frappant de taille. Esquivant de justesse, elle bondit à son tour, parant d’une main tandis que l’autre montait chercher la gorge. L’espace d’un instant elle cru qu’elle l’avait touchée, et elle eut tout loisir de contempler le visage de son ennemie dont la capuche sombre avait glissé. Une elfe brune, à peine plus grande qu’elle. La haine et la colère déformaient ses traits durs, d’une étrange beauté malgré des yeux de glace. Un joyau rouge sang retenait sa chevelure.
Puis la chienne du fléau la repoussa, avec une force qu’elle n’aurait jamais soupçonnée chez quelqu’un d’aussi frêle. Les échanges reprirent. Parade, feinte, attaque… la femme chevalier se battait bien, parant chaque coup avec une célérité implacable. Marà combattait avec la fougue et l’énergie du désespoir, et pourtant peu à peu elle perdait un terrain. Pas après pas, son adversaire la faisait reculer et elle avait beau être rapide, esquivant d’un bond les coups de l’énorme épée runique, elle commençait à s’épuiser alors que la chevalier restait imperturbable. Un coup finit par l’atteindre, lui entaillant durement le bras. Elle fit un pas en arrière et le coup suivant, manquant de la décapiter, lui ouvrit la joue de la ligne de la mâchoire jusqu'à la pommette.
Elle hurla de douleur tandis que le sang chaud commençait à couler le long de son cou. Parer l’attaque suivante la fit tomber à la renverse. Elle roula sur le coté, tenant de se relever, mais un coup de pied de la chevalier de la mort la fit mordre à nouveau la poussière. Les yeux écarquillés, elle vit l’arme de son adversaire descendre vers elle, trop vite, trop fort pour qu’elle puisse l’esquiver.
Un hurlement clair, et qui portait loin. Alors qu’elle se préparait à sa propre mort, Valerian, sorti de nulle part, chargea la chevalier et l’envoya au sol. Celle-ci parvint cependant à se rétablir, repoussant son assaillant, et le combat commença. Le regard vitreux déjà voilé de rouge, Mara tenta de se redresser, mais elle perdait trop de sang et elle le savait. Les blessures infligées par sa dernière adversaire étaient loin d’être les premières qu’elle récoltait au cours de cette bataille. Son visage tailladé lui donnait l’impression de n’être plus qu’une plaie sanglante et le liquide rouge imprégnait ses cheveux, ses vêtements, sa bouche…
L’énorme épée à deux mains de Valerian parait avec force les coups de l’arme runique, mais pourtant Marà sentit que lui aussi perdait du terrain. Chacun de ses coups se faisait peu à peu moins puissant, chaque parade moins assurée que la précédente. Prenant appui sur un tronc derrière elle, l'elfe ramassa l’une de ses dagues et se releva lentement. Elle avait à peine la force de tenir son arme et son regard suivait difficilement le combat. La chienne du roi-liche lui tournait le dos, pourtant, et elle su que c’était la son unique chance. Valerian allait mourir, elle n’avait pas le droit à l’échec. Elle s’élança.
C’est alors que son corps la trahit. Ses jambes trop faibles se dérobèrent sous elle et elle trébucha, tombant à nouveau. Tout ce qu’elle vit fut le sang qui jaillissait tandis qu’avec un hurlement Valerian s’écroulait lui aussi, l’abdomen ensanglanté et le bras tranché avec une netteté effroyable. Elle cria à son tour, dégainant ses dagues de lancer, mais la chevalier fut plus rapide. Elle se retourna vers la capitaine, son aura glacée grandissant tandis qu’elle tendait la main. Un trait de lumière violacé en jaillit et Marà sentit sa gorge se serrer jusqu'à l’étouffement. Elle lutta, se débattit pour chercher de l’air, en vain. Elle fut propulsée vers son adversaire, qui l’attendait lame en avant. Un froid terrible s’empara de tout son corps alors que l’épée runique s’enfonçait dans la chair de son ventre…
Au loin, une trompette retentit mais elle ne l’entendit qu’a peine. La chevalier de la mort dégagea son arme et une fois encore le corps de la capitaine percuta durement le sol poussiéreux du champ de bataille. Au nord le bruit se faisait plus fort, et il lui semblait entendre des clameurs. En un dernier effort, elle tourna la tête et regarda Valerian, étendu comme elle un peu plus loin, dans une marre de sang. Il lui rendit son regard et il lui sembla voir ses lèvres s’étirer en un mince sourire, mais déjà l’éclat des yeux du général faiblissait. Leur lumière vira progressivement au gris, et il la contemplait toujours lorsque l’ultime éclat disparut, remplacé par le regard vide de la mort. Les clameurs venant du champ de bataille redoublèrent, et le son clair des trompettes de Lune d’Argent résonna à nouveau. Mara ferma les yeux et se laissa emporter dans les ténèbres.
Dernière édition par Marà le Lun 31 Mai 2010, 13:56, édité 1 fois
Marà
Re: Marà : Bribes
L’elfe leva les yeux vers la fenêtre et constata avec surprise que la lune était déjà basse. Elle repoussa d’une main les feuilles qui jonchaient le bureau et secoua la tête. Cela suffisait pour ce soir, le reste des comptes de l’Académie pourrait bien attendre un peu. Elle se leva, souffla la chandelle et quitta le bureau du directeur.
Son bureau. Elle aurait beaucoup de mal a l’envisager comme ça, réalisa-t-elle tandis qu’elle avançait en silence en direction des dortoirs. Elle n’avait pas touché a la décoration et continuait de s’y sentir une étrangère. Ce qui n’était peut-être pas une mauvaise chose, de toute façon, Elradias finirait peut-être par revenir…
Elle pris garde de ne pas faire craquer le parquet en pénétrant dans le bâtiment, et se glissa jusqu'à son lit. Elle écarta le lourd rideau de fabrication taurène qui lui procurait un peu d’intimité, et s’assit sur ses draps, contre le mur, avant d’allumer une petite lampe à huile.
La gestion des comptes de l’académie la fatiguait plus que ses entraînements quotidiens, et elle était extrêmement lasse. Elle ôta son armure, la rangeant soigneusement pièce après pièce, puis elle tira de sa table de nuit un peigne d’ivoire et un petit miroir tout simple. Elle entreprit de démêler ses cheveux décolorés par le soleil.
Elle faisait rarement attention à son image, et les coups d’oeil qu’elle jetait au miroir étaient purement pragmatiques. Elle connaissait suffisamment ses traits pour ne pas éprouver le besoin de se contempler.
Elle n’avait jamais été d’une beauté particulièrement époustouflante, mais autrefois elle avait eu un certain charme. Ses traits quoique réguliers n’étaient pas particulièrement remarquables, cependant son expression volontaire et le feu du défi qui allumait son regard lui conféraient un magnétisme indéniable.
C’était avant, cela dit. Aujourd’hui la première chose qui attirait l’œil était sa balafre, large et rougeâtre, gâchant l’harmonie de ses traits pourtant fins. Son expression elle aussi n’était plus la même. La flamme qui l’habitait avait disparu, remplacée par un masque impassible de calme, des sourires de façade, un regard grave.
Elle le savait parfaitement, mais ne s’en inquiétait pas plus que cela. Ses cheveux démêlés, elle reposa le peigne et le miroir, se glissa sous le drap et éteignit la lampe.
Son bureau. Elle aurait beaucoup de mal a l’envisager comme ça, réalisa-t-elle tandis qu’elle avançait en silence en direction des dortoirs. Elle n’avait pas touché a la décoration et continuait de s’y sentir une étrangère. Ce qui n’était peut-être pas une mauvaise chose, de toute façon, Elradias finirait peut-être par revenir…
Elle pris garde de ne pas faire craquer le parquet en pénétrant dans le bâtiment, et se glissa jusqu'à son lit. Elle écarta le lourd rideau de fabrication taurène qui lui procurait un peu d’intimité, et s’assit sur ses draps, contre le mur, avant d’allumer une petite lampe à huile.
La gestion des comptes de l’académie la fatiguait plus que ses entraînements quotidiens, et elle était extrêmement lasse. Elle ôta son armure, la rangeant soigneusement pièce après pièce, puis elle tira de sa table de nuit un peigne d’ivoire et un petit miroir tout simple. Elle entreprit de démêler ses cheveux décolorés par le soleil.
Elle faisait rarement attention à son image, et les coups d’oeil qu’elle jetait au miroir étaient purement pragmatiques. Elle connaissait suffisamment ses traits pour ne pas éprouver le besoin de se contempler.
Elle n’avait jamais été d’une beauté particulièrement époustouflante, mais autrefois elle avait eu un certain charme. Ses traits quoique réguliers n’étaient pas particulièrement remarquables, cependant son expression volontaire et le feu du défi qui allumait son regard lui conféraient un magnétisme indéniable.
C’était avant, cela dit. Aujourd’hui la première chose qui attirait l’œil était sa balafre, large et rougeâtre, gâchant l’harmonie de ses traits pourtant fins. Son expression elle aussi n’était plus la même. La flamme qui l’habitait avait disparu, remplacée par un masque impassible de calme, des sourires de façade, un regard grave.
Elle le savait parfaitement, mais ne s’en inquiétait pas plus que cela. Ses cheveux démêlés, elle reposa le peigne et le miroir, se glissa sous le drap et éteignit la lampe.
Marà
Re: Marà : Bribes
La musique avait une qualité indéfinissable, envoûtante, obsédante. Elle la portait presque, tandis qu’elle valsait dans les bras de Valerian entre les feux du campement de la milice. Violon elfique, tambours trolls, chants taurens graves et profonds. De plus en plus forts, de plus en plus vite dans l’étreinte a la fois ferme et douce de son partenaire, tandis que le décor s’effaçait autour d’eux jusqu'à ce qu’ils évoluent dans une douce lumière blanche. Elle s’éloigna de quelques pas pour mieux tourbillonner, les yeux à demi fermés, mais quelque chose de glissant et de poisseux sous ses pieds nus la fit s’arrêter net.
Un liquide rouge sombre maculant le sol. Effarée, elle marqua un temps d’arrêt et son regard se posa sur ses mains. C’était du sang, comprit-elle, un sang épais qui coulait de ses paumes et gouttait jusqu’au sol, formant une mare à ses pieds.
Elle releva la tête, cherchant le secours de Valerian, mais lui aussi était environné de sang, qui jaillissait de son bras coupé. Ses yeux avaient pris la teinte grise et terne de la mort dans son visage émacié, et il la fixait d’un air accusateur.
« Tu m’as abandonné. »
Le sang n’en finissait plus de couler, et elle pataugeait maintenant dans plusieurs centimètres du liquide écarlate qui montait dangereusement. Elle n’en recula pas moins de quelques pas, secouant la tête en signe de dénégation. Elle voulu protester, mais sa gorge contractée ne produisit aucun son.
« Je suis venu te sauver, et tu m’as abandonné. Regarde ce que tu m’a fais. »
Il se tourna totalement vers elle, et elle pu voir l’autre plaie qui lui déchirait l’abdomen. Elle aussi saignait abondamment.
Elle recula encore, le sang lui arrivant maintenant à la taille. Valerian lui semblait évoluer dessus sans effort, comme si la masse liquide se solidifiait sous lui.
Ou gelait.
Elle le regarda a nouveau, et ses yeux n’étaient plus gris, mais d’un bleu de glace et de mort. Le sang atteignit le torse de l’elfe, puis son cou. Puis Valerian se mit à rire, son beau visage déformé par un affreux rictus, tandis que Marà luttait en vain contre la noyade, le sang commençant à la submerger. Elle bu la tasse, recracha une gorgée au goût métallique tout en tâchant de se maintenir a la surface. Valerian s’approcha d’elle, riant toujours, et appuya sa botte sur sa tête d’un coup ferme. Elle coula en se débattant.
…
De l’air, enfin. Elle aspira à grandes goulées et mit quelques secondes a comprendre pourquoi elle ne se noyait plus. Les bruits rassurants de la nuit des Tarides, la respiration des autres dormeurs, les ronflements de Jinzoul…
Un frisson la parcourut. Remontant la couverture jusqu'à son nez, elle se pelotonna en position fœtale, cherchant vainement à chasser les images persistantes de son cauchemar. Ce n’est qu’une heure avant l’aube qu’elle parvint finalement à retrouver le sommeil.
Un liquide rouge sombre maculant le sol. Effarée, elle marqua un temps d’arrêt et son regard se posa sur ses mains. C’était du sang, comprit-elle, un sang épais qui coulait de ses paumes et gouttait jusqu’au sol, formant une mare à ses pieds.
Elle releva la tête, cherchant le secours de Valerian, mais lui aussi était environné de sang, qui jaillissait de son bras coupé. Ses yeux avaient pris la teinte grise et terne de la mort dans son visage émacié, et il la fixait d’un air accusateur.
« Tu m’as abandonné. »
Le sang n’en finissait plus de couler, et elle pataugeait maintenant dans plusieurs centimètres du liquide écarlate qui montait dangereusement. Elle n’en recula pas moins de quelques pas, secouant la tête en signe de dénégation. Elle voulu protester, mais sa gorge contractée ne produisit aucun son.
« Je suis venu te sauver, et tu m’as abandonné. Regarde ce que tu m’a fais. »
Il se tourna totalement vers elle, et elle pu voir l’autre plaie qui lui déchirait l’abdomen. Elle aussi saignait abondamment.
Elle recula encore, le sang lui arrivant maintenant à la taille. Valerian lui semblait évoluer dessus sans effort, comme si la masse liquide se solidifiait sous lui.
Ou gelait.
Elle le regarda a nouveau, et ses yeux n’étaient plus gris, mais d’un bleu de glace et de mort. Le sang atteignit le torse de l’elfe, puis son cou. Puis Valerian se mit à rire, son beau visage déformé par un affreux rictus, tandis que Marà luttait en vain contre la noyade, le sang commençant à la submerger. Elle bu la tasse, recracha une gorgée au goût métallique tout en tâchant de se maintenir a la surface. Valerian s’approcha d’elle, riant toujours, et appuya sa botte sur sa tête d’un coup ferme. Elle coula en se débattant.
…
De l’air, enfin. Elle aspira à grandes goulées et mit quelques secondes a comprendre pourquoi elle ne se noyait plus. Les bruits rassurants de la nuit des Tarides, la respiration des autres dormeurs, les ronflements de Jinzoul…
Un frisson la parcourut. Remontant la couverture jusqu'à son nez, elle se pelotonna en position fœtale, cherchant vainement à chasser les images persistantes de son cauchemar. Ce n’est qu’une heure avant l’aube qu’elle parvint finalement à retrouver le sommeil.
Marà
Re: Marà : Bribes
Encore un cauchemar. Ils étaient de plus en plus réguliers. Elle se tourna et se retourna dans ses draps, tout en sachant pertinemment qu’elle ne se rendormirait pas avant plusieurs heures. Elle finit par écarter la tenture et quitter son lit, marchant sans bruit jusqu'à la porte du dortoir.
La nuit était fraîche, et elle frissonna dans la brise nocturne qui transperçait le lin fin de ses vêtements. Pieds nus, elle escalada la colline d’en face et s’installa au sommet, face a la lune qui s’abîmait lentement dans la mer. A l’est, le ciel blêmissait déjà. Tout n’était que silence.
Dans son rêve, cette fois, elle avait entendu un enfant pleurer. Elle ferma les yeux et porta la main a son ventre, sentant sous ses doigts la fine cicatrice blanche qui le traversait de part en part. Cette blessure-là avait été mieux soignée, mieux traitée que celle de sa joue, et la marque s’était peu a peu estompée jusqu'à devenir ce fin liseré clair et discret. La douleur qui transperçait son cœur, elle, n’avait pas faibli.
Lorsque le premier rayon du soleil surgit de derrière les montagnes, il trouva au sommet de la butte un écho, une perle liquide dans laquelle refléter sa gloire et sa lumière. Une larme, unique et solitaire, glissait sur la joue de Marà.
La nuit était fraîche, et elle frissonna dans la brise nocturne qui transperçait le lin fin de ses vêtements. Pieds nus, elle escalada la colline d’en face et s’installa au sommet, face a la lune qui s’abîmait lentement dans la mer. A l’est, le ciel blêmissait déjà. Tout n’était que silence.
Dans son rêve, cette fois, elle avait entendu un enfant pleurer. Elle ferma les yeux et porta la main a son ventre, sentant sous ses doigts la fine cicatrice blanche qui le traversait de part en part. Cette blessure-là avait été mieux soignée, mieux traitée que celle de sa joue, et la marque s’était peu a peu estompée jusqu'à devenir ce fin liseré clair et discret. La douleur qui transperçait son cœur, elle, n’avait pas faibli.
Lorsque le premier rayon du soleil surgit de derrière les montagnes, il trouva au sommet de la butte un écho, une perle liquide dans laquelle refléter sa gloire et sa lumière. Une larme, unique et solitaire, glissait sur la joue de Marà.
Marà
Re: Marà : Bribes
Elle ferma les yeux et porta la main à son ventre…
«Tu es sûre de toi, Shayat ? Vraiment ? »
La taurène lui sourit d’un air bienveillant et lui tapota l'épaule.
« Il est rare qu’une druidesse se trompe sur ce genre de questions, Marà. »
L’elfe rouvrit les yeux avec un sourire incertain. Sur son visage qu’aucune cicatrice ne marquait encore, le bonheur se disputait à l’inquiétude.
« - Mais… qu’est-ce que je vais en faire ? fut tout ce qu’elle parvint à dire.
- Eh, tu as le temps d’y penser, ne t’en fais pas. Il n’a que quelques semaines. D’ici a ce que tu sois incapable de bouger, les choses auront évolué. Rien ne t’oblige a arrêter le combat maintenant. »
L’elfe sourit plus largement. Shayat et elle faisaient partie de la Milice Grise depuis plusieurs années, et elles se comprenaient bien. Abandonner le combat n’était pas envisageable pour le moment, pas alors que l’offensive du Roi-liche sur Azeroth s’intensifiait.
« Tu as raison… Et puis il faut que j’en parle à Val’. »
Elle remercia chaleureusement la taurène et quitta la tente. Le camp était calme. Cela faisait quelques jours déjà qu’ils étaient établis à Brise-Clémente et la routine commençait à s’installer, malgré les escarmouches fréquentes avec les morts-vivants. Valerian et ses hommes étaient arrivés en renforts lorsque l’on avait commencé à signaler un regain d’activité dans la Malebrèche. Les goules arrivaient par petits contingents, mais avec l’aide de la Milice la garnison locale n’avait eu aucune peine à les repousser jusqu'à présent.
Marà réalisait peu a peu ce qui lui arrivait, et un bonheur immense la submergea. Peu importaient tout à coup la guerre, le Fléau, les batailles. Elle portait un enfant. L’enfant de Val. Sereine, heureuse, elle se dirigea vers la tente qu’elle partageait avec le général.
« Alerte ! Alerte ! »
L’alarme retentit soudain dans tout le campement.
« Le Fléau ! Une armée ! Ils se dirigent par ici ! »
Les hommes se mirent à courir, s’équipant, ramassant leurs armes. Marà les imita et héla la sentinelle qui avait crié, demandant un rapport.
« Une troupe du Fléau, Capitaine ! Bien plus grande que tout ce que vous avons vu jusqu’ici. Une chevalier de la mort est à leur tête ! »
«Tu es sûre de toi, Shayat ? Vraiment ? »
La taurène lui sourit d’un air bienveillant et lui tapota l'épaule.
« Il est rare qu’une druidesse se trompe sur ce genre de questions, Marà. »
L’elfe rouvrit les yeux avec un sourire incertain. Sur son visage qu’aucune cicatrice ne marquait encore, le bonheur se disputait à l’inquiétude.
« - Mais… qu’est-ce que je vais en faire ? fut tout ce qu’elle parvint à dire.
- Eh, tu as le temps d’y penser, ne t’en fais pas. Il n’a que quelques semaines. D’ici a ce que tu sois incapable de bouger, les choses auront évolué. Rien ne t’oblige a arrêter le combat maintenant. »
L’elfe sourit plus largement. Shayat et elle faisaient partie de la Milice Grise depuis plusieurs années, et elles se comprenaient bien. Abandonner le combat n’était pas envisageable pour le moment, pas alors que l’offensive du Roi-liche sur Azeroth s’intensifiait.
« Tu as raison… Et puis il faut que j’en parle à Val’. »
Elle remercia chaleureusement la taurène et quitta la tente. Le camp était calme. Cela faisait quelques jours déjà qu’ils étaient établis à Brise-Clémente et la routine commençait à s’installer, malgré les escarmouches fréquentes avec les morts-vivants. Valerian et ses hommes étaient arrivés en renforts lorsque l’on avait commencé à signaler un regain d’activité dans la Malebrèche. Les goules arrivaient par petits contingents, mais avec l’aide de la Milice la garnison locale n’avait eu aucune peine à les repousser jusqu'à présent.
Marà réalisait peu a peu ce qui lui arrivait, et un bonheur immense la submergea. Peu importaient tout à coup la guerre, le Fléau, les batailles. Elle portait un enfant. L’enfant de Val. Sereine, heureuse, elle se dirigea vers la tente qu’elle partageait avec le général.
« Alerte ! Alerte ! »
L’alarme retentit soudain dans tout le campement.
« Le Fléau ! Une armée ! Ils se dirigent par ici ! »
Les hommes se mirent à courir, s’équipant, ramassant leurs armes. Marà les imita et héla la sentinelle qui avait crié, demandant un rapport.
« Une troupe du Fléau, Capitaine ! Bien plus grande que tout ce que vous avons vu jusqu’ici. Une chevalier de la mort est à leur tête ! »
Marà
Re: Marà : Bribes
Je me souviens…
Je me souviens de cette soirée, lorsque le frère de Valerian était passé nous voir et que spontanément, nous avions décidé de faire une fête. C’était une nuit d’été, une nuit sans lune, et on avait allumé partout dans le campement de grands feux de joie. Quelques tonneaux de junglevigne avaient été mis en perce, Jin’zoul était en train de battre Tharek à plate couture à un concours de boisson… Les rires fusaient autour des foyers, couvrant le crépitement des braises tandis que les flammèches montaient vers les étoiles.
Sae’ja avait commencé à battre sur un bouclier un tempo troll, rapide et entraînant. Taviel avait immédiatement couru chercher son violon, et l’instrument elfique s’était mêlé aux percussions, cherchant d’abord le ton, puis courrant sur le rythme avec grâce, l’enrichissant d’une mélodie complexe et envoûtante. Cette même mélodie que j’entends encore parfois dans mes rêves.
Certaines choses n’ont pas changé, et déjà à l’époque, je prisais assez peu les robes et les atours de dame. Mais il en fallait plus pour décourager Valerian. Il me fit lever, et sans me laisser le temps de protester, noua d’autorité autour de ma taille une couverture légère qui traînait dans un coin. Il me tira avec lui en riant, me faisant tournoyer entre les feux dans ma jupe improvisée.
Je n’avais pas dansé depuis mes quatorze ans, et à l’époque je n’étais pas une très bonne élève. Les rares pas que j’avais retenus autrefois m’étaient totalement sortis de la tête depuis longtemps. Mais il était impossible de mal danser dans les bras de Valerian.
Il ne m’accompagnait pas, il me portait presque, me faisant tourbillonner entre ses bras et me soulevant comme si je ne pesais rien. Il me guida sur les premières mesures, attendis que je trouve le rythme, puis nous nous laissâmes porter par la musique. Ca ne ressemblait a rien de ce que j’avais pu entendre jusque la, et je n’ai plus jamais rien entendu de pareil. Pas totalement un rythme troll, pas totalement non plus une valse thalassienne… Quand Shayat se mit à chanter, sa voix grave scandant d’obscures paroles en taurahe pour accompagner les musiciens, je renonçais définitivement a tenter d’identifier les harmonies et me contentais d’apprécier la beauté de ce qu’ils créaient ensemble.
Valerian et moi tournoyions entre les feux de joie, et je sentais sa main, douce mais ferme, dans mon dos. Il souriait en me regardant, et ses yeux brillaient de cet éclat de joie pure qui les éclairait parfois, et pour lequel j’aurais donné mon âme. Nous dansions comme si nous avions fait cela toute notre vie, comme si nous étions faits pour ces instants. Ma jupe de fortune volait autour de mes jambes sans réellement me gêner. Je me souviens de sa couleur, je me souviens de l’herbe humide sous mes pieds nus, je me rappelle chaque détail. Les autres se sont levés, et presque tout le campement nous a rejoint sur cette piste de danse improvisée. Je me souviens de leurs rires.
Puisse-t-on m’accorder de m’en souvenir toujours.
Je me souviens de cette soirée, lorsque le frère de Valerian était passé nous voir et que spontanément, nous avions décidé de faire une fête. C’était une nuit d’été, une nuit sans lune, et on avait allumé partout dans le campement de grands feux de joie. Quelques tonneaux de junglevigne avaient été mis en perce, Jin’zoul était en train de battre Tharek à plate couture à un concours de boisson… Les rires fusaient autour des foyers, couvrant le crépitement des braises tandis que les flammèches montaient vers les étoiles.
Sae’ja avait commencé à battre sur un bouclier un tempo troll, rapide et entraînant. Taviel avait immédiatement couru chercher son violon, et l’instrument elfique s’était mêlé aux percussions, cherchant d’abord le ton, puis courrant sur le rythme avec grâce, l’enrichissant d’une mélodie complexe et envoûtante. Cette même mélodie que j’entends encore parfois dans mes rêves.
Certaines choses n’ont pas changé, et déjà à l’époque, je prisais assez peu les robes et les atours de dame. Mais il en fallait plus pour décourager Valerian. Il me fit lever, et sans me laisser le temps de protester, noua d’autorité autour de ma taille une couverture légère qui traînait dans un coin. Il me tira avec lui en riant, me faisant tournoyer entre les feux dans ma jupe improvisée.
Je n’avais pas dansé depuis mes quatorze ans, et à l’époque je n’étais pas une très bonne élève. Les rares pas que j’avais retenus autrefois m’étaient totalement sortis de la tête depuis longtemps. Mais il était impossible de mal danser dans les bras de Valerian.
Il ne m’accompagnait pas, il me portait presque, me faisant tourbillonner entre ses bras et me soulevant comme si je ne pesais rien. Il me guida sur les premières mesures, attendis que je trouve le rythme, puis nous nous laissâmes porter par la musique. Ca ne ressemblait a rien de ce que j’avais pu entendre jusque la, et je n’ai plus jamais rien entendu de pareil. Pas totalement un rythme troll, pas totalement non plus une valse thalassienne… Quand Shayat se mit à chanter, sa voix grave scandant d’obscures paroles en taurahe pour accompagner les musiciens, je renonçais définitivement a tenter d’identifier les harmonies et me contentais d’apprécier la beauté de ce qu’ils créaient ensemble.
Valerian et moi tournoyions entre les feux de joie, et je sentais sa main, douce mais ferme, dans mon dos. Il souriait en me regardant, et ses yeux brillaient de cet éclat de joie pure qui les éclairait parfois, et pour lequel j’aurais donné mon âme. Nous dansions comme si nous avions fait cela toute notre vie, comme si nous étions faits pour ces instants. Ma jupe de fortune volait autour de mes jambes sans réellement me gêner. Je me souviens de sa couleur, je me souviens de l’herbe humide sous mes pieds nus, je me rappelle chaque détail. Les autres se sont levés, et presque tout le campement nous a rejoint sur cette piste de danse improvisée. Je me souviens de leurs rires.
Puisse-t-on m’accorder de m’en souvenir toujours.
Marà
Sujets similaires
» Bribes de vie
» Bribes.
» [Max Fletcher] Bribes de vie
» Bribes de vie d'une échouée
» Mémoire - Bribes
» Bribes.
» [Max Fletcher] Bribes de vie
» Bribes de vie d'une échouée
» Mémoire - Bribes
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum