Un goût de sel et de sang.

[Theme Musical]

C'était fini. La barque contenant le corps de la seule qu'il aurait pu aimer voguait à présent, enflammée, sur les flots.

Avec cette barque brûlait l'espoir d'une autre vie...

Lui qui avait l'amour au corps à corps
Pour la seule qu'il aurait gardée
Il a rendu sa barque au port
Sans l'embrasser, sans la toucher
Juste y penser jusqu'à la mort

Pas de signe d'impatience , pas d'inquiétude, pas de changements dans ses habitudes , il savait qu'ils arrivaient en quête de réponses ,et en proie à un désir de vengeance.
Il n'avait fait qu'un vague geste distrait quand le moment des pénitences avaient sonné pour son arme en quête de rédemption et il les avaient laissés se repaitre d'actes barbares, au delà du supportable pour le commun .
" A chaque pourquoi , il n'y a pas de parce que".
Il avait posé son regard violacé sur Taràh, une dernière fois , avant de la recouvrir d'un drap noir , il n'avait pas pu lire de supplications dans ses yeux , il n'avait pas pu serrer une dernière fois la main de sa plus brillante disciple, il n'avait pas non plus entendu de gémissements de douleur insupportables, elle était délicieusement calme et ca lui convenait.
Les pas du Maitre résonnaient dans les longs couloirs pavés de dalles noires de l'imposante bâtisse, il la tenait contre lui.
Délicatement , il la posa dans son linceul, comme une poupée fragile.
D'un mouvement de tête entendu , il ordonna.
Trois formes encapuchonnées opérèrent, le craquement sinistre du cercueil se refermant se fit entendre.
Dans un silence presque religieux , ils sortirent, sous l'escorte des mille valets maudits, une marche funèbre , parfaitement synchronisée.
Ils se penchèrent enfin, laissant la triste embarcation voguer au fil de l'eau , et gagner sa destination.
Ils saluèrent .

L'ile revêtit à nouveau son manteau nuageux teinté de noir et de gris, et à nouveau le vent se leva.
Les paladins damnés reprirent leurs postes, éparpillés dans la longue montée qui menait au Manoir.
Pas un, n'a osé levé les yeux vers les fenêtres du Maitre , pas un mot n'a été prononcé.
Juste un bruit de tempête , qui brisait ce silence religieux.

Jusqu'à ce que la lourde porte métallique grince à nouveau , laissant s'échapper une forme massive suivie d'une chaise , il dévala la pente en vitesse, un filet de bave aux lèvres, il agita son bras libre, l'autre tenant fermement sa chaise, il avait aperçu le bateau.

"Ffffffffffffffff .. fffifille !!! "

Il fourra sa main dans sa poche , serrant l'épaisse mèche de cheveux roux.

AVERTISSEMENT HRP : Les types de la Citadelle Noire ne faisant pas vraiment dans la danse classique et le macramé, je me permet d'avertir le lecteur sensible qui jette un oeil ici de le récupérer, déja parce qu'un oeil c'est dégueulasse, mais surtout parce qu'il risque d'y avoir, selon le déroulement des évènements, un minimum d'hémoglobine et de terreur psychologique.

Ils avaient finalement percés l'illusion qui empêchait le bateau de s'approcher de l'île. En arrêtant d'avancer et en immobilisant totalement le bateau, c'est l'île qui s'était mise à avancer vers eux. Après s'être reposé pendant quelques heures, un bruit, et les cris des marins, indiquaient qu'ils étaient enfin arrivé sur l'île maudite, repaire des membres de la Citadelle Noire.

Les membres les mieux armés et les mieux entraînés de l'équipage accostèrent, laissant les marins se charger de la surveillance du bateau.

Ils observèrent ensuite le triste paysage qui se présentait à eux.

Malonay bavait toujours, portant le filet de cheveux roux de Cymbeline à ses lèvres, l'embrassant tantôt , le mâchouillant parfois .

L'épais brouillard était maintenant dissipé, et le vent tombé. Pas de visières abattues, pas d'armes dégainées, les paladins damnés malgré l'accostage ne firent pas un geste.

Les membres de l'équipage furent saisis : un peu partout , des corps empalés , se tortillant encore au bout de leurs pics , transpercés de part en part, laissant échapper des râles et des supplications. Des pendus aussi, le corps cambré , les traits crispés, tentant en vain de se libérer de leur étreinte mortelle. Des corps embourbés dans le sol noir et boueux les tripes à l'air et de sinistres corbeaux leur picorant le ventre et les yeux. Des âmes troublées , errant de-ci de là , se lamentant.
Des cris, des pleurs, des appels à l'aide incessants et par milliers dans la tête de l'équipage et ce sinistre spectacle devant eux.

La folie, une peur irrépressible, le cœur au bord des lèvres ... Tout ceci les guettait et s'amplifiait d'avantage.

Malonay frappait dans ses mains comme un gamin ravi d'un spectacle de marionnettes, ils allaient tomber comme des mouches , pas préparés.

Il rangea ses cheveux roux , bien à leur place , dans sa poche , se saisit de sa chaise, et remonta, tranquillement vers la demeure.

Cheena commençait serieusement à se demander si elle aurait un jour l'occasion de participer à une soirée complètement débile où elle ne passerait son temps qu'à se tordre de rire en racontant n'importe quoi. En tout cas, c'était mal parti.

Premièrement, Khassim faisait la tronche. Ca avait le don de la mettre en rogne, il n'avait pas à faire ce qu'il avait fait à Tarah. Elle qui avait épuisé toute son énergie dans un sort désespéré pour la sauver... Hé bien non, non, une vie comme celle qui attendait Tarah ne valait visiblement pas la peine d'être vécue, non, ils ne voulaient pas laisser une chance à la médecine de l'aider, non... elle mourrait dans la Lumière et puis c'est tout... S'il lui était resté une once de poigne après ce sacrifice inutile, elle aurait collé un de ces pains à Khassim... Mais d'un autre côté, s'il lui était resté une once de quoique ce soit, elle n'aurait pas laissé ces abrutis jeter la jeune fille à la mort et se serait occupé d'elle... Mais enfin c'était trop tard, et elle était définitivement convaincue qu'ils n'avaient fait ça que pour donner un côté mélodramatique à la situation, histoire de pleurer un peu, vous savez.

Deuxièmement, Cheena n'avait aucune envie de remettre les pieds sur cette île, à la base. Mais bon. Elle ne pouvait pas laisser Cymbeline aller au casse-pipe sans essayer d'être plus blessée qu'elle, sinon, où iraient les honneurs ? Déjà qu'elle avait eu droit à des attentions supplémentaires à cause de sa cécité. Fallait pas pousser, non. Enfin, c'était certainement ce que Cymbeline penserait une fois qu'elle se serait jetée au devant du danger une ou deux fois pour la protéger. Vraiment, fallait-il que Cheena soit complètement idiote pour encore participer à des trucs pareils...?

Troisièmement, la décoration avait un brin changé depuis la dernière fois. C'était déjà pas joli à voir à la base, mais Orson avait ajouté une belle couche de morbide à l'île, et, comme elle était dans l'incapacité de décider si ces choses étaient réelles ou non, elle ne pouvait pas non plus envoyer des sorts de Lumière à tout va, histoire d'apaiser les malheureux. De toutes manières, vu son état... et vu l'île... et qu'en proie à la morosité, elle n'avait plus envie de rien faire... bref.

Quatrièmement, Malonay était là. Malonay... A la base, elle était venue ici pour aider Khassim à trouver une solution pour la cécité de Cymbeline. Miraculeusement, cette dernière avait recouvré la vue lorsque Tarah était morte. Autant le dire, Tarah était donc responsable de la malédiction, au choix, ou s'était sacrifiée pour Cymbeline. Connaissant la proximité des demoiselles par rapport à Khassim, Cheena penchait serieusement pour la première solution. Et donc... il ne lui restait plus de raison de mettre les pieds là... Scheena n'était pas ici. Elle n'aurait pas encore l'occasion de lui faire la peau.
Mais Malonay s'était rappelé à son bon souvenir.

Cheena avait toujours ressenti une profonde tendresse pour ceux qu'elle pensait pouvoir aider. Malonay en faisait sans aucun doute partie... elle ne cessait de s'imaginer ce que pourrait devenir le pauvre homme une fois son frère vaincu. Il pourrait s'intêgrer à la société... suivre des séances de medecine afin de l'aider à recouvrer un esprit sain... elle savait qu'il avait bon fond. Le seul problème qu'elle voyait, c'était qu'elle était une femme... et qu'être une femme, en soi, ce n'etait pas bon pour l'equilibre mental de Malonay. Toujours était-il qu'il faudrait d'abord que Khassim ne l'etripe pas. Elle se demandait d'ailleurs si ce crétin était capable de comprendre que Malonay n'était aucunement responsable de ses actes, s'il concevait le concept de "débilité".

Tout ça pour dire que Cheena n'ouvrait pas la bouche, était de vraiment mauvaise humeur en plus de sa -relative- faiblesse, et suivait Khassim comme s'il l'emmenait faire les courses (chose qu'elle detestait vraiment, notez).

Le fait de poser le pied sur un sol ferme et donc l'arrêt des remous provoca une belle nausée à Fachtna, une de plus, et ce n'est pas le spectacle acceuillant qui entourait les matelots en herbe qui allait arranger les choses.

« Je crois qu'on en tient un beau là, dit il en s'avançant vers un corp. Ce qui me fascine le plus chez les gens qui s'amusent à étaler fièrement leur folie meurtrière c'est que ... c'est totalement inutile voir contre productif! En tout cas aucun d'entre eux ne m'a encore résisté »

Et il enfila son armure magique, s'éloignant un instant du groupe pour lancer quelques incantations désagréables et revenant, l'air plus sérieux et débarrassé de sa nausée, il ne semblait plus très seul désormais en effet: On pouvait si on avait beaucoup de chance, aperçevoir quelque fois une paire d'yeux d'un bleu à peine brillant cligner tantôt à sa droite, gauche ou derrière lui.

« Je suis pret, dit il aux autres! »

Cymbelîne était étrangement calme.

Khassim avait passé deux jours à s'entrainer et n'avait au mieux prononcé qu'une dizaine de mots.
Elle revoyait à présent...elle savait que ce n'était pas un hasard. La question était de savoir "Pourquoi?" Y avait il un rapport avec Tarah? Ou alors Khassim qui simplement en contenant sa colère avait il réussit une quelconque épreuve? A moins que ce ne soit l'appel à la Lumière qui ne pouvant rien pour Tarah s'était tournée vers elle? Il y avait encore une autre hypothèse...Orson avait peut etre annulé son propre sort pour l'induire en erreur et la pousser à commettre une faute. Peut etre même avait on cru qu'elle n'aurait aucune raison de fouler le sol de l'ile maudite à présent qu'elle avait retrouvé ce qu'elle avait perdu, indifférente au sort des autres. Mais Cymbelîne adorait faire exactement le contraire de ce qu'on s'attendait d'elle et la vengeance avait un goût exquis lorsqu'on le déguste froid et dans tous les cas, elle voulait une réponse à ce "Pourquoi?".

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Viktoronan n'avait pas exécute l'ordre de mettre fin aux souffrances de Cheena, exténuée suite à son petit passe passe de Lumière...il n'avait pas obéit, peu importe que l'ordre eut été sérieux ou pas...et cela était fâcheux....cela voulait dire qu'il savait réfléchir. Fâcheux, oui très fâcheux...d'autant plus que ça aurait détendu l'atmosphère de voir Cheena jetée à l'eau. En soi ce n'était pas qu'un de ses hommes savait réfléchir qui lui posait problème, c'était que celui là justement possédait la force de cinq à six hommes à lui tout seul et parlait à sa masse comme si elle était sa maitresse...mieux valait qu'il obéisse au doigt et à l'oeil...pas qu'il se mette à "réfléchir". Et comme ce n'était assez, il avait passé son temps près de Cheena à lui parler de sa belle masse, comme un ami confiant à un autre ses secrets d'amour.

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Elle en avait, la capitaine...Cymbelîne fut agréablement surprise de voir avec quel poigne elle tenait ses hommes...elle l'avait même fait sourire lorsqu'elle ordonna à son compagnon qui voulait rejoindre l'ile à la nage qu'il "était pas question qu'il aille là bas et que son joli p'tit cul resterait sur l'rafiot!" C'était vrai que ce dernier avait un "beau petit cul" bien que Khassim n'avait rien à lui envier....elle soupira lourdement...se rendant compte à quel point Teovan lui manquait.

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Le spectacle que leur offrait l'île était ce à quoi plus où moins elle s'attendait de trouver...illusions là aussi? Peut être....ce fils de chien maitrisait son art à tel point qu'elle ne serait étonnée qu'il sache rendre réel les gémissements, des lamentations des mourants qui leur parvenaient...et tout aussi réel les odeurs de chairs brûlées ou en décomposition, l'odeur du sang...au point que l'odeur vous envahissait la bouche et vous donnait la nausée avant même d'avoir mis pied à terre.
Peut importe, réalité ou illusion elle avancerait dagues en main... elle avait une affaire à régler avec un espèce de petit con de fétichiste.

Un spectacle de désolation s'offrait à Khassim. Il avait déja vu ce genre de spectacle, autrefois. Parfois même de son propre fait. S'ils pensaient pouvoir impressionner quelqu'un ici, c'était raté.

Il s'avanca de quelques mètres, impérieux et farouche, son regard vert toujours aussi glacé.

"Bonsoir. C'est ici, le thé dansant ? Je suis un peu déçu par le décorum, j'aurai imaginé ça plus chic et moins sanglant."

Son père tout craché. Il avait hérité de sa tendance à faire dans le sarcasme dans les pires situations.

"Si quelqu'un parmis cet équipage désire attendre dans le bateau, qu'il y rentre maintenant. Il n'y aura pas d'autres occasions de nous retourner, une fois que nous aurons avancé plus avant. Gardez votre esprit aussi affûté que votre lame. Préparez vous à tout, et surtout au pire. N'oubliez pas qu'un mental fort vous protègera d'une grande partie de ce qu'ils pourraient faire. Traquez les détails qui vous aideront à confondre les illusions.

En route, messieurs-dames."

Il désangla sa hache, et pris les devants, marchant prudemment en direction du manoir.