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Berce nos âmes [Chance]

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Message  Ludjana Mer 29 Sep 2010, 00:58

[Ceci est la suite de Nous n'irons pas au bal, les origines de ce riant personnage qu'est Chance. Ce sujet est ouvert à tous ceux qui l'ont croisé, cotoyé, qu'ils soient Lames ou non.]

L'échec est le fondement de notre existence de chevalier: Nous sommes morts, c'est donc que nous avons été vaincus. C'est l'aiguillon qui nous pousse à ne pas rester stagnants, c'est ce qui nous différencie du cadavre que nous pouvons redevenir à tout moment, c'est ce que nous représentons, et c'est ce que nous devons dompter, avant de détruire. C'est à nous de faire d'un échec une opportunité et non une faute. Je suis si plein de haine et de rage que je ne peux qu'évoluer. Le fer, le feu. Ce que le vivant ne peut endurer sans périr.

Elle l'a appelé. L'enfant qu'il est se fige, écoute le silence. Est-ce son imagination qui le tourmente ? Le ton n'est pas celui qu'elle a, d'ordinaire. Il était moins suave. Il était moins chaud. Moins autoritaire. Ce n'était pas une pointe chauffée à blanc sous un velours délicat. C'était différent. Ca ne pouvait pas être vrai. Il renfonce son nez dans son vêtement, tournant avec précaution la page de son livre d'image. Il est trop vieux pour ces sottises. Il connait par coeur ces couleurs et ces dessins. Mais il le feuillette encore, avec un soin religieux. Cette même religion qui revient, lorsque la voix le pique. Plus acérée. Elle réclame, elle exige, c'est bien elle. Le livre tombe au sol, une page cornée, et il court vers sa mère.

Je n'ai pas compté les jours, mais il me semble que la moitié d'une année ne s'est pas écoulée depuis que j'ai passé les frontières de Berce-Âme sur le prix d'une simple rumeur. Tout comme il ne me semble pas qu'une année se soit écoulée depuis la mort de mon Roi. De part ma nature, je ne devais rien à personne, et je suis parvenu à forer ma place à même les entrailles des guerres et du rejet. Je suis seul, ce soir, en Berce-Âme. Tout comme nous sommes des milliers. Les Non-Morts qui ont trouvé refuge ici osent autant m'approcher que nos ennemis. Je suis seul, au milieu de la nuée rendue docile. Domptée.

Elle a mal. Elle est souffrante. C'est rare, même si ça le devient moins, à mesure que les moyens, sa santé et sa beauté s'effacent. Le temps se rappelle à elle, et elle n'a su le charmer, lui. Une fièvre, une grippe, elle lui tient la main pour lui demander d'appeler un médecin auprès d'elle. Ca ne dure qu'une seconde, peut être deux, mais elle a de la fragilité et de la tendresse dans le regard. Un éclat vibrant. Cette femme, qui pour lui est une déesse et un démon est allongée, faible et touchante. Il la contemple, une seconde de plus, sans qu'elle ne vienne lui reprocher. Elle est humaine, la plus humaine qu'il n'a jamais vu sa mère l'être ; et il s'en voudra longtemps d'avoir, à cet instant, non pas ressenti plus d'amour, mais un début de mépris. Vite englouti. Vite oublié.

Je file ce souvenir qui n'est pas mien sous mes doigts, alors que je me souviens de la pression de main de Kiera. Là bas, dans les tréfonds des cryptes. A sa façon de réclamer ma présence, ensuite. Après notre défaite.

Nous avons échoué à vaincre ce que nous avions défié. Ce sang qui stagne dans mes veines, celui de la famille Orlshae, reste lié à cette malédiction, et avec elle ces trois femmes qui la tissent. Vertu, Sagesse, Mémoire. Vertu qui a brandi devant nous ces enfants nées mortelles de ma chair, Mémoire qui s'est jouée de nous sans que nous la débusquions seulement, enfin, Sagesse, qui nous a vaincus vraiment. Et livrés à la première. Dame Kiera, mère des abominations protectrices de Berce-Âme, n'est depuis lors plus en mesure de les diriger. Le Seigneur Semelys, lui, dort ; frôler ces voleuses de songes n'a sans doute pas été pour défaire cette étrange lassitude qui est sienne. C'est à moi qu'il revient de me faire obéir des erres sous la protection du Clan.

Peu ont tenté de me désobéir, une seule a suffit pour l'exemple à vrai dire. Le silence marche à mes côtés alors que je songe. Que je songe à notre avenir, à notre prochaine marche, à ce que signifie le retour des assassins victorieux de celui qui fut mon Roi. Ces rumeurs de reconquête, de purification. Les héros manipulateurs de runes tout comme les malheureux maudits auront tôt fait de ressembler davantage à un vieil ennemi qu'à un mal nécessaire. Nous sommes toujours en guerre. Les festivités et les promesses ne dureront pas autant que nous.

J'ai un sourire, sans doute, à songer combien ma non-vie peut ressembler à un pendant ironique de la vie de celui dont j'agite le corps. J'ai davantage connu les siens que lui. Je sais mieux que lui le tourment et la fierté que représente son nom, qui disparaitra bientôt. Et comme lui, sans que personne ne me le dise ou me le demande, j'ai en charge la tâche lourde qu'est de protéger et de défendre une myriade pour laquelle je ne ressens rien, mais qui n'a trouvé nul autre pour ce faire.

Je songe à profiter de notre retrait des affaires pour feindre une docilité comme je la feins moi-même. Je laisse peu filtrer, aussi, certains songent que je suis placide, quand la paix m'est une totale étrangère. Peut être certains pourraient s'y prendre si je renforçais cet aspect de carapace de notre écrin. Alors que j'examine nos défenses, que j'envisage les machineries à monter, les sentinelles à poster, voire à créer de mes mains pour qu'elles soient adéquates, Chrysaline vient vers moi, tenant la main de Miaë. Miaë, l'un des dons de ces trois femmes ennemies, que nous saurons abattre après en avoir davantage appris. Elle est une goule, mais pas de celles qui sont écervelées, au contraire. Dans son état, la sensibilité d'un être vivant est un aspect que je ne considère pas réellement comme un atout.

Elle a peur, à l'évidence ; c'est une bonne chose. Je m'abaisse, j'ouvre le bras. L'une comme l'autre viennent s'y réfugier, et je les soulève contre moi, avant de reprendre ma marche attentive.


« Père...
_Je t'écoute.
_Où est... Mère ?
_A l'abri.
_Est-ce vrai qu'elle...
_On a voulu porter la main sur elle. La menace est écartée. Châtiée comme il se doit.
_Elle m'avait promis... (Elle m'observe, peinant. Je laisse le silence filer. Qu'elle trouve l'audace ou se taise.) Elle m'avait juré de prendre soin, et de m'éduquer, et...
_Nous nous en chargeons tous. Ne sois pas capricieuse. »

Elle baisse les yeux. Je sens bien sa tristesse, tout comme j'espère sa colère. C'est une enfant morte. Elle se doit d'endurer et de travailler le double d'un autre pour espérer la moitié de sa valeur. La vie mortelle est un cocon idéal pour se changer une fois mûr. Elle n'a pas eu le temps d'arriver à maturité. Et c'est à elle, et à elle seule, d'y faire face.

Je songe à l'espoir que porte ma Dame. Je songe à cet être qui naîtra dans cet état déjà. Il nous faudra le veiller avec attention. Ce présent des dames, comme tout ce qu'elles ont fait, pourra nous servir, nous élever, ou nous abattre. Je veillerai à ses côtés. Et je défendrai tant que j'existerai.


« Oui, je comprends, Père. Merci. »

Je suis un instant fier de sa réaction, et je songe à cette fillette qui venait m'appeler père elle aussi, réclamer mon soutien et mon aide. J'étais son père, disait-elle, sans considérer vraiment que son père était mort et que c'était un cadavre qu'il y avait devant elle. Une fillette mortelle. Qu'elle soit parvenue à relever ses difficultés ou non, là n'est pas mon devoir. Affaire de vivants.

« Je voulais vous demander, Père... Qu'est-ce que vous avez été, avant de mourir ? Vous m'avez posé beaucoup de questions sur moi, mais...
_La vie mortelle est un socle. Une base. Un brouillon. A mourir et être encore, nous ne sommes pas moins, contrairement à ce que les autres vivants ont pu t'apprendre. D'un fait, nous devenons des possibilités. Nous pouvons ramper comme des vers, ou nous transcender. Nous sommes ceux qui osent marcher vers la perfection, quand bien même nous devons nous dépouiller de tout ce que nous possédions, ou croyions posséder. »

Ses yeux ronds et mornes, d'une couleur disparate -Je n'ai pas régénéré le gauche exactement comme était encore le droit- s'ouvrent et me fixent. Je tâche de lui sourire, son visage s'illumine. J'ai un trop grand pouvoir sur elle. Il me faudra la forcer à s'en corriger.

« Ce que j'ai été est comme ce que tu as pu être. Un terreau anonyme. (Je lui désigne les charniers) Le vivant est asservi à la mort. En soi-même également. Tu devras tout en apprendre, puis t'en défaire, totalement. »

Ses yeux restent brillants, tandis que son sourire fond. Je connais cette lueur d'adoration dans son regard, tout comme je connais la saveur du désespoir qui le sous-tend. Elle finit par laisser retomber son front sur mon plastron, et se recroqueviller. Je devine combien elle est amère de ne plus pouvoir pleurer, combien elle s'imagine se noyer alors dans son propre chagrin, jusqu'à ce qu'elle réalise que, même ceci, elle ne le peut plus. Je sais tout ceci. Et elle doit y faire face seule.

J'en reviens à mes défenses, ma nécessité, mes pas entre les abominations presque immobiles et silencieuses. Alors que je marche, me vient une chanson, et l'écho du rire d'une fillette qui voulait danser à un bal. Chrysaline semble moins renfermée que ces derniers jours, et, alors que Miaë serre ses doigts sur les plaques de mon torse à s'en briser les ongles et que ma voix résonne, elle me sourit. Il y avait longtemps que je n'avais pas chanté.

Berce-Âme tiendra tant que nous aurons notre force et notre honneur. Notre force est celle revenue des tombes, notre honneur est celui souillé maintes fois au champ de ruine. Mais nous sommes. Et nous nous élèverons. Ceux des nôtres qui n'y parviendront pas seront brisés, reforgés, ou détruits. Il n'y a nulle place pour la tiédeur de ce côté-ci de la vie.
Ludjana
Ludjana

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Message  Ludjana Mer 06 Oct 2010, 07:17

Vingt-sept Septembre 30.
Cher journal,

Je me présente puisqu'on ne se connait pas encore, je m'appelle Miaë Orlshae et je viens de fêter mes treize ans. D'après Père, ça ferait vingt ans que j'ai treize ans. Mais il m'a interdit d'écrire à propos du passé ! Donc je ne le ferai pas. Ne t'inquiète pas, Journal ! Je te trouverai un nom et nous serons amis. Tu n'auras que moi et je t'aurais toi, ça sera bien tous les deux, tu verras.



Vingt-neuf Septembre 30.
Cher journal,

Je cherche un joli nom pour toi ! Mais je n'ai que des mauvaises choses qui me viennent à l'idée quand je me mets à essayer d'imaginer. C'est sinistre ici, et j'ai tout le temps mal. Ce n'est plus si dur que ça depuis que Père m'a réparée, mais j'ai tout le temps faim, et tout le temps envie de vomir aussi, et je m'énerve rapidement, et je me sens sale. Je suis toute froide et dure, et parfois même je grince en bougeant. Je me dégoute.
Oh pardon journal, je voulais écrire de jolies choses. Aujourd'hui Père m'a donné des choses à réciter, il m'a dit que ce sont des incantations, pour vérifier quelque chose. Je vais m'y remettre, je n'ai pas envie qu'il se fâche. Je l'ai vu



Premier Octobre 30.
Cher journal,

Je ne t'ai toujours pas trouvé de nom, je suis désolée. J'étais très occupée, puisque Père a beaucoup de projets pour moi. Mais attends que je te présente Berce-Âme déjà ! C'est là où on habite.

J'ai très peur de cet endroit et je ne l'aime pas du tout. Ne le répète à personne, d'ailleurs ne répète jamais la moindre chose que je te confie. Il y a des chevaliers comme Mère, Père et Tantine, et aussi beaucoup de spectres, de choses rafistolées et de gens morts qui bougent quand même. Père m'a dit et je le sais, je suis aussi quelqu'un de mort qui bouge, mais je les déteste quand même. C'est dégoutant. Je ne sais pas si Père le sait, mais en tous cas Mère ne fait plus du tout attention à moi. Elle a fait attention quand je me suis réveillée, mais pas depuis. Je crois que je lui en veux beaucoup, de m'avoir réveillée et forcer à marcher avec des morts et de m'avoir laissée.

Je ne sais pas si j'en veux à Père. Il s'occupe de moi, au moins. Il me dit que je suis une goule, mais une goule très spéciale parce que je ne suis pas stupide. Que je suis beaucoup moins de choses que lui ou ses frères, mais que je veux évoluer et me transcender moi aussi. Ca m'a l'air difficile, et j'ai peur. Je ne parle pas beaucoup aux autres. Je crois qu'ils m'aiment aussi peu que je les aime. Certains me feront payer le fait d'avoir l'attention de Père, je m'en doute. Père est quelqu'un d'important. Mère également, et ils parlent souvent d'elle, alors j'écoute.

Berce-Âme est en guerre, c'est ce qu'ils disent. Je me souviens qu'avant il y avait très peu d'histoires sur des morts qui vivent, mais depuis que je me suis réveillée j'ai l'impression que le monde entier s'est rempli de cadavres. Père me dit d'oublier mes anciens repères. Je ne suis pas très sage, journal ! Ne le répète à personne.



Trois Octobre 30.
Cher journal,

En fait je déteste Père encore plus que tous les autres. Je le déteste, il est méchant, mauvais, je ne l'aime pas. Il me parlait comme on s'est fait l'habitude de parler et il me portait dans ses bras. Cette fois, il n'y avait pas Tantine, et j'ai remarqué qu'il est moins gentil quand Tantine n'est pas là. Tantine je l'aime bien. Elle est toujours douce, même si c'est un chevalier. Elle ne parle pas beaucoup et sourit toujours.

Je te raconte journal. S'il te plait ne le répète à personne ! Père me demandait si je m'étais entrainée aux exercices qu'il m'a demandé de faire, et je les ai fait. Il m'a demandé si je les avais compris, je lui ai dit que je n'avais pas tout saisi. Ce sont des choses très difficiles, et on m'a toujours appris que la magie était une vilaine chose qui ne devrait pas être touchée, mais ça je ne lui ai pas dit. Il m'a dit que c'était important que je prenne la mesure de mon ancien corps dans ses nouvelles limites. Je lui ai dit que j'étais d'accord.

Il s'est arrêté et il m'a demandé pourquoi je faisais ces efforts. Je ne comprenais pas trop la question, mais il me tenait bien et il attendait comme il attend pour me faire comprendre qu'il veut quand même une réponse, alors je lui ai dit que c'était pour lui faire plaisir, et j'ai vite ajouté parce que c'était bien aussi. Il a tourné la tête et j'avais peur, vraiment, très peur. Je t'assure, Journal, ceux qui ont les yeux luisants, les chevaliers, me terrifient. Il m'a demandé à quel point je voulais lui faire plaisir, je n'ai pas répondu parce que j'avais trop peur. C'était la façon de poser la question...

Il n'a pas attendu cette fois avant de continuer, et il m'a demandé si j'avais mal, souvent, rien que du fait d'exister. J'ai répondu que oui, parce que c'est vrai. J'ai voulu lui expliquer comme je t'avais expliqué à toi, mais il m'a demandé avant si je voulais que ça s'arrête. J'ai répondu oui, et je n'aurais jamais du ! Tu verras Journal pourquoi il est si mauvais, parce que n'importe qui aurait dit oui aussi.

Il m'a agrippée par les vêtements et m'a soulevée. Sauf qu'on était au dessus de la falaise et que j'ai vu tout le vide qu'il y avait en bas. J'ai crié, j'ai crié fort, mais personne n'est venu m'aider, juste d'autres qui sont venus regarder. Et Père m'a dit que si je voulais que tout s'arrête, qu'il y avait un moyen très simple, et qu'il me le présentait. Et qu'il y avait un moyen beaucoup plus difficile, et qu'il m'avait déjà présenté avant. Que la différence n'était que mon existence et que ça n'importait qu'à moi. Et que j'avais intérêt à être assidue dans le second pour ne pas qu'il choisisse à ma place. Il m'a aussi dit qu'il fallait que j'arrête de bouger sinon ma robe allait céder, et qu'il suffisait que je lui dise de lâcher si je voulais que tout s'arrête.

Tu vois Journal ! N'importe qui aurait crié ou bougé ! Je l'ai supplié de ne pas me lâcher et de me poser par terre, je lui ai dit que je ferai tout ce qu'il voulait, et il m'a répondu que je ne comprenais pas mon intérêt, que ce n'était pas ce que lui voulait mais la force de ma détermination à exister, et j'aurais tellement voulu pouvoir pleurer ou trouver quelqu'un pour m'aider ou le pousser lui en bas de la falaise !

Ca a duré tellement longtemps ! J'ai pu réussir à me calmer mais c'était tellement effrayant ! Ca a une telle hauteur, et je sentais même le vide qui me grignotait les pieds à force. Il m'a demandé si je voulais exister, à force que je me taise, j'ai répondu que oui, il m'a demandé si je ferai tout pour exister et m'améliorer, je lui ai dit que oui, il m'a fait promettre et m'a reposée par terre. Je tremblais et il y en avait beaucoup qui me regardaient, et Père a dit que ça devait servir d'exemple pour tous, et ces hypocrites ont dit oui. Je les déteste, je les déteste, je les déteste tous !


Six Octobre 30.
Cher journal,

Je regrette ce que j'ai écrit, mais je ne voudrais pas t'arracher des pages alors que tu n'as même pas de nom. J'espère juste que personne ne te trouvera.

Père est venu me voir cette nuit alors que je travaillais à réciter et à tenir une épée. Il m'a demandé ce que je faisais avec une lame, je lui ai dit que c'était parce qu'il y avait la guerre (je ne lui ai surtout pas dit que je voulais lui faire plaisir, j'ai bien compris) il m'a demandé de la lui donner. Je n'ai pas voulu, même si je n'ai rien dit, il s'est penché et m'a dit qu'il fallait mériter les armes, et qu'avant de défendre il fallait comprendre et respecter. Que le respect était la première chose à apprendre. Ca m'a rappelé

Je lui ai dit que je voulais comprendre et savoir et il m'a prise dans ses bras. Même si j'ai eu peur quand il s'est approché de la falaise j'ai fait attention à ne pas bouger et à bien écouter le moindre de ses mots. Il m'a parlé du dehors et des vivants, de la guerre, du Fléau, du Roi et de ce que tout ça allait donner. Il m'a dit que les vivants me détruiraient sans que je puisse dire quoique ce soit, et que c'était pareil pour tous ceux qui étaient ici. Et que c'était pour ça qu'il fallait que tout le monde fasse très attention à rester fidèle au Clan, que tout le monde fasse toujours de son mieux, pour survivre et même atteindre d'autres stades de non-vie. Il a dit que nous étions comme des sortes de chenilles, les chevaliers des chrysalides et qu'il y avait autre chose ensuite, quelque chose de mieux. Je l'écris pour bien y penser.

Je ne sais pas si c'est vrai mais je n'ai pas vraiment le choix. Je l'ai vu attaquer une femme à cornes, il y a encore une éclaboussure sur le sol. En plus, il a pris l'épée, et il sait maintenant, alors je n'arriverai pas

Plus j'y réfléchis, moins j'en ai envie, d'ailleurs. Personne n'est venu me chercher à part eux, et personne ne fait attention à moi à part eux. Même si je déteste Berce-âme, c'est chez moi. Je retourne travailler. Je trouve que ne pas avoir à dormir est très pratique ! Même si je me demande ce que ça faisait de dormir, j'ai un peu oublié. Je te parlerai bientôt des chevaliers du Clan. J'en ai rencontré beaucoup et il faut que je fasse attention à ce qu'ils sont s'ils sont la prochaine étape pour moi comme le dit Père. Je ne sais pas du tout comment m'y prendre pour évoluer mais il faut bien que j'essaie.


Dernière édition par Ludjana le Mar 23 Nov 2010, 13:50, édité 1 fois
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Message  Tousansons Mer 13 Oct 2010, 09:44

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Dernière édition par Tousansons le Dim 03 Fév 2013, 15:36, édité 1 fois
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Message  Ludjana Mar 23 Nov 2010, 14:04


« Paix, mon coeur, paix; Devant la monstruosité des Hommes, ne deviens pas l'antre d'animaux furieux; Oppose à la médisance la douceur; A l'imbécilité la patience. A ne regarder que les fautes de tes compagnons, Tu trébucheras sur les mêmes pierres qu'eux. »

Je n'aurais pas pensé revenir dans cette cité. Et quand bien même c'était la première fois que j'y posais pied depuis ma renaissance, j'ai été assailli de tant de souvenirs que je n'ai pu qu'avoir cette impression crasse de revivre. Revivre des instants passés vécus par un autre, revivre des tourments et des bonheurs auxquels j'étais tout à fait étranger, mais dont j'étais témoin, revivre simplement, enfin. La sensation fugace d'un battement de coeur m'a pris, même, alors que j'interrompais mon pas devant la Cathédrale.

La première fois qu'il en avait franchi la porte, il était si ivre qu'il ne savait pas véritablement quel seuil il franchissait. Il y était entré par errance, attiré par la lumière, celle avec une minuscule, par les bruissements, par l'impression de sécurité relative. Il ne voulait qu'un instant de paix après ces moments de trouble, où il avait bu pour retrouver comment étreindre sans déglutir, serrer sans griffer, supporter sans repousser. On l'avait laissé se rouler en boule sur un banc, on lui avait glissé une couverture qu'il retrouva à son réveil, et on l'avait considéré avec bienveillance, quand bien même on lui avait interdit de jamais franchir de nouveau ces portes dans un état aussi indigne. Il avait juré.

Je suis resté à la regarder, cette Cathédrale, sous une pluie battante qui ne faisait que forcir, et forcir encore. Ces souvenirs s'ébattaient autour de moi comme des papillons, et j'ai renoncé à les chasser. Devant moi, quelques personnes, prêtres, paladins, protégés. Quelques uns m'ont regardé, pas un ne m'a chassé, pas un n'a fait un geste, ni n'a lâché un mot. Un éclair a zébré le ciel en même temps que la terre a tremblé, un garde a crié quelque chose que le vent a perdu. J'ai détourné le regard et repris la marche. Je n'étais pas venu pour m'abandonner à quelque faiblesse ou nostalgie propre aux êtres attachés à leur carcasse. Quand bien même j'y trouvais un écho trop profond pour ne pas me troubler.

Je revois cette dernière fois, ce dernier jour où j'en ai franchi le parvis, avec les bénédictions et les prières. Je me souviens avoir eu la certitude que c'était la dernière fois que je le faisais. Je n'en étais pas triste. Seulement persuadé. J'ai dis adieu aux murs, adieu aux portes, adieu aux visages, adieu à la vie. Ca n'était pas triste. C'était simplement nécessaire. J'avais oublié ce moment. J'en ai tellement oublié.

Je suis passé devant la demeure où la Dame Orlshae avait habité. Elle a été mise à mal par les secousses, j'ignore si c'est un mal ou un bien; je crois même que je ne devrais y prendre vraiment garde. Personne de ce sang n'y vit encore, la chose devra me suffire. J'ai repris ma marche, et c'est au port, finalement, que je trouvais Kédirah, que j'étais venue chercher.

Berce-âme est en guerre et elle n'y est pas. Sans raison, sans gloire, sans combat. Je suis venu pour savoir, comprendre, avant de devoir trancher. Je n'ignore aucune des tensions au sein du Clan, aucune. Et de la même manière que je bâtis serviteurs et fortifications pour protéger, je me dois de veiller aux scories et aux pièces usées qui menacent notre structure. C'est là mon devoir de chevalier. Elle n'a que peu répondu, ou mal. Je ferai ce que je dois. Ma lame est empressée de boire, et la couleur du sang lui importe peu. Quant à ma main, elle ne laissera aucune faiblesse parmi les nôtres. J'espère seulement qu'un chevalier saura se reprendre avant d'être défait.

Le chaos, dans cette cité, ces cris de peur ou de désespoir m'ont évoqué ce temps
où je combattais pour eux, où le Fléau était une menace si terriblement organisée qu'elle avait fondu dans le coeur même des villes. Et ils semblaient avoir déjà oublié, tout autant que moi. Ces hurlements, cette terreur qui étreint lorsqu'on sait ses propres terres, ses forteresses qui devraient être sûres mises à mal. Cette sensation de fer froid qui traverse la poitrine. Douleur incongrue, pourtant trop véritable. J'ai bien scellé mon heaume, pour ne pas qu'on reconnaisse les traits de mon visage.

Les rumeurs sont vraies, les villes des vivants sont attaquées par des élémentaires. Du moins, c'est ce qu'ils doivent être, n'en ayant jamais croisé avant ce soir-là, je ne puis me fier qu'à leurs dires. Le premier m'a surpris, le second ne m'a guère posé de problème. Lorsqu'on sait où frapper, comment appuyer la lame sur les bracelets, comment en faire sauter l'attache, la chose devient aisée. Mécanique. Ce qui m'a davantage saisi, ce n'était pas de voir ces gardes faiblir sous ces coups glacés, mais plutôt de croiser quelques héros connus, venus là comme en parade, sans venir seulement prêter main forte à la jeunesse enrôlée qui s'apprête à mourir à leurs pieds. On ne laisse pas plus faible que soi assurer sa protection. C'est une question d'honneur.
Et de respect . Et de compassion. J'ignore si l'être à qui j'ai sauvé l'existence était un homme ou une femme sous son armure et son tabard. Je n'ai pas regardé, pas plus que je ne me suis arrêté. J'aurais préféré qu'il perde connaissance, pour ne pas m'encombrer de son regard. Peu importe.

Cette cité m'a agacé de ses perditions, de sa médiocrité,
de tout ce qu'elle me rappelle et je ne dois me laisser divertir de mes devoirs. J'avais encore une poignée de détails à régler, une poupée à trouver peut être pour ma fille, et m'en revenir à Berce-Âme. Certain, cette fois, véritablement certain de ne plus rien avoir en commun avec ces vivants. Plus d'attaches. Plus de valeurs. Seulement de la poussière qui sera chassée avec le temps. Et le temps n'est pas clément.

Berce-Âme est ma seule et unique patrie. Je la protègerai, la servirai, périrai sans doute pour elle. Mais non en esclave. En chevalier.





Vingt Novembre 30.
Cher journal,

Désolée de t'avoir laissé si longtemps ! J'ai tant de choses à te raconter.
Nous avons fini de fortifier les souterrains ! Je suis bien satisfaite de voir que tout tient, et que la terre ne menace plus de s'effondrer sur nous. Père a réparé la paume que je m'étais arrachée pendant l'accident avec la grosse abomination quand on montait les charpentes, il m'a dit qu'il était un peu fier de moi. Vrai que j'ai fait de gros efforts, des vrais, pour m'intégrer.

J'avoue, Journal, que c'est surtout par peur -Ne le répète pas. Mais depuis que le monde tremble, depuis qu'il y a ces mouvements autour de la cité, depuis que j'ai vu Père blessé, je crois que j'ai pris conscience que si je ne suis pas ici, je disparais. C'est vrai. J'ai vu mon visage dans un miroir et j'aurais bien aimé pleurer. Je suis tellement laide avec toutes ces marques. Père m'a demandé de choisir d'ailleurs, entre redevenir belle comme j'étais, ou devenir utile. Je n'ai pas mis longtemps à lui répondre, parce que je sais bien ce qu'il préfèrerait. C'est pour ça que j'ai mis du temps à écrire à nouveau : Les griffes qu'il m'a posées ne sont pas très pratiques pour tenir des petites choses. Mais je suis habituée maintenant.

Père m'a dit que je pourrais être belle quand j'aurai progressé. Que les vivants me trouveront laide toujours, quoiqu'il arrive, mais qu'à force de m'élever et de comprendre, de connaître ma chair et l'art impie, je pourrais être esthétique comme les architectures les plus raffinées, et durables tout autant. Je ne sais pas si j'ai trop envie d'être une bâtisse, mais c'est toujours bien mieux qu'un tas de viande qui moisit. Je me suis trouvée des vers d'ailleurs. C'est horrible, tu te rends compte ? Des vers. Ca a fait plein de petits trous en haut de ma cuisse, et ils sont sortis à force que j'appuie. J'ai crié et les autres se sont moqués. Même s'ils se moquent moins depuis qu'ils m'ont vue me blesser au travail et continuer quand même. L'abomination n'a pas été gentille, mais je crois surtout qu'elle est tout à fait abrutie.

C'est pour ça que je suis précieuse pour Papa. Il faut que je devienne intelligente. Et que j'apprenne toujours plus. Comme ça, je n'aurais plus à lui demander de m'enlever les vers. C'est dégoutant.



Vingt-trois Novembre 30.
Cher journal,

Une poupée ! J'ai une poupée rien que pour moi ! Blonde comme moi, avec des jolis yeux bleus. Quel beau cadeau ! Et Père a dit que je pouvais m'entrainer à la réanimer si je voulais. Il m'apprend, il dit que j'ai réussi mes premiers exercices. Ce que je peux être contente, si tu savais !

En fait, c'est une tête de poupée en porcelaine, avec les bras, cousus sur des morceaux du dernier assaut. Bon, c'est un peu sale dit comme ça, mais au moins, si j'échoue en m'entrainant, ça ne la cassera pas et je ne gâcherai pas les composants de Père. Il m'a dit de faire attention, parce que le magasin où il a pu la prendre allait fermer et ne rouvrirait pas puisqu'il allait être détruit. Je m'en moque bien: Je vais faire le plus attention du monde ! Je vais commencer tout de suite. A très bientôt !
Ludjana
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