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Message  Nathan Eonath Hodgkin Ven 27 Mai 2011, 18:09

Rivages d'Orneval, an 31, mois 5, jour 15.


C'est pour toi que j'écris, Olivia.
Même si je sais que tu ne me liras probablement jamais. J'en ai simplement besoin, je crois.

Voilà presque six mois que notre monde s'est effondré. Six mois. J'ai l'impression que cela s'est passé il y a une poignée d'éternités, pourtant ; six mois, c'est ridiculement peu. Je ne te conterai pas les tragédies survenues en Gilneas, parce que tu les connais aussi bien que moi - et parce que ce ne sont pas des choses que je puisse, pour le moment, me permettre de coucher aussi facilement sur le papier.

Toi et moi n'avons jamais vraiment eu de foyer. C'est vrai. J'ignore ce que tu en penses, et ce que tu as ressenti lorsque c'est arrivé (me le diras-tu ?), mais connaître la perte de la terre sur laquelle toi et moi avons grandi me fut un coup porté à l'âme. Je me souviens encore du cahot du bateau, et de la mer secouant ses flancs. J'ai le goût de l'écume sur les lèvres et la vision, en moi gravée, des rivages sur lesquels - je le sais - jamais plus mes pieds ne se poseront.

Las, j'aimerais ne plus l'évoquer pour le moment. J'ai trop de mal, et trop de peine.

Me conteras-tu où tu t'en es allée ?

Tu n'étais pas parmi les réfugiés lorsque, choqués et grelottants, nous avons touché les terres elfiques. Le peuple Kaldorei a été bon avec nous. Nous n'avions plus rien : eux nous ont rassurés, nourris, logés. Ils n'étaient pas compatissants à proprement parler - ce sont des gens si fiers, et si distants - mais nous avons pu en apprendre d'avantage sur le mal qui nous frappait, et dans quelle force du fond des âges il puisait ses racines. J'ai suivi de nombreux enseignements, là-bas. Par dessus tout, l'on m'a aidé à affiner mon art, à soigner plus efficacement, et à approcher plus aisément l'énergie d'Elune - la déesse qu'ils vénèrent. Crois-le ou non, mais il m'arrive encore de la prier en plus de la Sainte Lumière et de la remercier pour ses bienfaits. Je sais ce que tu dirais ; je sais que tu te moquerais gentiment de ma ferveur. Mais cela m'apaise, sais-tu, et je crois bien que j'y trouve un certain réconfort.

Sache-le. J'ai profité de ce répit, aussi court, aussi triste fût-il, mais jamais je n'ai renoncé à chercher ta trace.

Tu n'étais pas à Hyjal non plus lorsque l'urgence nous a dépêchés auprès de l'Arbre-Monde.
Tu n'étais pas parmi les blessés que j'ai patiemment pansés, et je n'ai pas vu tes yeux briller de cette foudre qui t'était coutumière face aux horreurs qui secouaient la terre. Sur quels drames tes prunelles se sont-elles posées ? A quelle cause as-tu, fière et volontaire, prêté ton bras ?

Tu n'étais pas de cette caravane que nous autres, harassés et perdus, avons escortée dans les sables d'Uldum. J'ai vu s'entrechoquer des lames brillantes sous un soleil non moins brillant, mais dans leurs cris je n'ai pas entendu ton cri. Je me suis reposé auprès d'oasis dont l'étang faisait une flaque de feu liquide, baignant le nadir miroitant ; et je t'imaginais là, pieds nus dans l'eau et la poussière que tu aurais indifférement fait voler à grands éclats.

Tu n'étais pas dans les Hautes-Terres quand l'ombre, une nouvelle fois, a fendillé le sol.
Mais je n'ai pas vu ton ombre dans le grand froissement des ailes des drakes ; et toutes les mains que j'ai saisies, pour les tirer hors des flammes, me rappelaient la tienne.

Mais tu n'y étais pas.
Ici, ailleurs et là non plus, tu n'y étais pas.


J'ai contemplé, en rêve, les bords du gouffre au-dessus duquel le monde oscille. Je crois que j'en ai trop vu (et toi ?).
Mes épaules craquent de fatigue, je vais essayer de me reposer.

Demain, j'irai en Hurlevent.
J'espère pouvoir t'y trouver.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Sam 28 Mai 2011, 20:45

Etang d'Olivia, an 31, mois 5, jour 21.



Olivia,

Me voilà dans la capitale, comme je l'avais annoncé. Cette ville te plairait, je crois. C'est un tumulte qui n'en finit pas, les gens se pressent et se croisent, de l'enfant au vieillard et du mendiant jusqu'au héros ; ils s'agitent, se bousculent dans l'ombre des tours griffées par la venue du Grand Ennemi. C'est une ville-refuge, on y croise toute sorte d'exilés venus des quatre coins de l'Alliance. Elle est si vaste, et si différente de notre chère Gilneas, que je m'y suis perdu, moi aussi.

J'ai tout de même réussi à ce qu'on m'indique le quartier général de la Garde, et je m'y suis rendu pour prendre des renseignements au sujet d'autres éventuels réfugiés gilnéens. On m'a poliment redirigé vers le Donjon. Je me suis senti bête, c'était évident qu'il m'aurait fallu me rendre là-bas en premier lieu ; j'y ai trouvé une petite aumônerie, des patriotes, des regards amicaux, et de savoir le bon Lord Greymane aux côtés du Roi Wrynn m'a bizarrement réchauffé le coeur. On m'a accueilli avec gentillesse, et une dame inconnue, pâle et digne comme une veuve, m'a même serré fraternellement contre elle. J'ai eu confirmation de ce que j'avais deviné en sillonnant la ville, il n'existe pas d'enclave gilnéenne en Hurlevent comme c'est le cas à Darnassus. On m'a toutefois autorisé à parcourir le registre des réfugiés venus s'enregistrer ; j'ai cherché ton nom sans le trouver, mais connaissant tes habitudes, cela ne me surprend pas tellement. Tu as toujours été étrangère aux procédures et à la paperasse administrative.

Je ne me suis pas attardé auprès de ces gens, même si c'était bon de les voir. Au lieu de cela, j'ai beaucoup marché dans la capitale pour essayer de me faire à sa structure et à son peuple. C'est comme cela que j'ai appris qu'il existait, aux limites nord de Hurlevent, un petit étang qui portait ton nom. Je sais que c'est stupide, mais l'espoir a gonflé mon coeur et je m'y suis rendu.

A défaut de toi, j'y ai trouvé une enfant. Une petite Draenei, innocente et enjouée. Tu as entendu parler des Draenei ? Ce sont des créatures vraiment étranges, plus encore que les Kaldorei. Si différentes, si vieilles. Malgré toute la dévotion qu'ils paraissent entretenir vis à vis de la Sainte Lumière, je n'arrive pas à me défaire d'une méfiance persistante à leur endroit. Tu sais, ils ressemblent beaucoup à ces créatures du Mal dont on nous avait parlé, au cours de l'enseignement des prêtres. Ah... Mais tu ne devais pas écouter. Tu n'écoutais jamais, après tout.

J'y ai aussi trouvé une compatriote, une ancienne sorcière des moissons. Sa compagnie me plaît même si elle me rend bien nostalgique, et puis - outre l'aumônerie du Donjon - c'est sans doute l'une des seules gilnéennes véritablement dignes que j'aie pu croiser en Hurlevent.

Ils sont devenus fous, tu sais. Leur manque de dignité me navre, m'effraie. J'en vois courir à quatre pattes comme des animaux, là, en pleine rue, et d'autres affichant avec un naturel indécent la malédiction qui les frappe. Ils me font penser à ces ours apprivoisés auxquels on mettait de petits chapeaux pour faire rire les dames. C'est à la fois ridicule et triste.

Tu n'aimais pas quand je faisais des sermons, alors je ne vais pas m'attarder dessus d'avantage.

L'étang à ton nom est un bel endroit, tu sais. Je pense que j'y reviendrai souvent. C'est calme, peu de gens s'y arrêtent sinon pour pêcher, de temps en temps. Il me suffit de plisser les yeux à demi et j'ai presque l'impression de nous revoir, enfants, accroupis dans l'ombre des saules et nous chuchotant des histoires sur le Grand Extérieur.

Il ne faut pas que je m'attarde. Pas que je me laisse aller.
Je vais essayer de trouver du travail.



Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Dim 29 Mai 2011, 12:06

Aumônerie de Hurlevent, an 31, mois 5, jour 27.



Olivia,

J'aide des gens. Je suis fait pour ça après tout, et l'aide est toujours bienvenue en Hurlevent comme ailleurs. De fait, j'ai croisé quelques êtres dont j'aimerais te parler, en quelques mots.

Il y a d'abord eu cette jeune fille, la quinzaine environ, maigre et agressive comme un chat de gouttière. Elle cachait son rire dans ses paumes alors que je priais dans la Cathédrale, elle m'a suivi ensuite, à petits pas, jusqu'à ce que je l'interpelle. J'avais un peu peur qu'elle s'enfuie mais - que ce fût par orgueil ou volonté de me défier - elle n'en fit rien et nous avons parlé, un peu. Elle te ressemblait sur certains points. Altière, meurtrie, assoiffée de liberté ; mais en plus acerbe, en plus cynique, alors que toi tu rayonnais. C'était étrange de l'entendre s'exprimer. Elle avait la verve un peu hautaine et pédante, catégorique, qu'on ne rencontre le plus souvent que sur la langue des bourgeois ; mais bourgeoise elle n'était point, ou alors peut-être uniquement par le sang. Nous avons parlé de chaînes, de choix, d'animaux en cage. Je crois que je ne la reverrai plus, maintenant. Et c'est dommage car - comme tous les chats de gouttière - elle avait beau faire le gros dos, il n'en reste pas moins qu'elle désirait la caresse.

C'est une ville de perdus, te disais-je précédemment. La majorité des gens ici ont l'air perdus ou en colère. Il m'a fallu inciter une jeune femme à se nourrir tandis qu'elle était prête, apparemment, à se laisser mourir de faim faute d'argent pour se payer de quoi manger. L'aumônerie de la Cathédrale est pourtant toujours prête à sustenter les plus pauvres, surtout par les temps qui courent. Vaille que vaille, je lui ai fait promettre de revenir chercher de la nourriture ici si elle se trouvait de nouveau dans le besoin, mais je doute qu'elle le fera. Peut-être s'est-elle de nouveau effondrée quelque part, dans l'ombre d'une rue, abandonnée par le peu de forces qui lui restaient.

Triste époque.

D'autres, pour subvenir à leurs besoins - ou pour répondre à d'autres envies, moins avouables - recourent à la violence. J'ai ainsi été témoin de l'assaut d'une taverne par deux personnes, un homme et une femme (elle, je l'avais déjà croisée ; peu loquace, mais pas un mauvais fond, je pense). Pris par l'urgence, j'ai agi à l'impulsion pour aider à vaincre l'assaillant masculin. Il était cruellement blessé. Tu me connais : il m'aurait été intolérable de le laisser dans cet état. Alors, malgré la réprobation évidente d'une jeune femme que les membres de la Garde appelaient Major, je l'ai soigné. A deux reprises. A deux reprises mes mains ont palpé ses plaies, et le souffle d'Elune a glissé de moi jusqu'à lui. Je me suis épuisé ce soir-là, je crois bien, mais je reste persuadé d'avoir bien agi.

Tout n'est pas sombre, sais-tu.
Ces gens ne sont pas tous des désespérés ou des fous.

Je te conterai quelques mots de cet aimable trio rencontré par hasard, en quête de soins que j'ai prodigués (encore). Des guerriers aux couleurs du Lion aussi affables que déterminés. Je les ai trouvés impressionnants. Ils revenaient du Norfendre, où la mort-qui-marche vit ses derniers sursauts. L'évoquer me rend toujours très en colère.

L'une de ces personnes était gilnéenne, Svhenja me semble-t-il. Va savoir pourquoi, mais j'ai eu du mal à leur avouer que j'étais gilnéen, moi aussi. Peut-être par peur d'être assimilé à toutes ces bêtes indignes qui courent dans les rues de Hurlevent. C'était stupide, mais ils me font tellement honte ! Nous avons parlé de sa malédiction, elle et moi, car elle semblait avoir un peu de mal à la gérer. Je crois avoir réussi à l'aider, même juste un peu.

Je me demande comment tu la gères, toi.

Il me faudra évoquer, enfin, cet homme que la Garde appelle Fen'. Il fait partie de ces rares personnes auprès desquelles, je pense, tu te serais sentie en sécurité ; j'espère de tout mon coeur que quelqu'un de semblable a pu te prendre sous son aile, t'aimer et te protéger.

Fen' n'a pas l'air perdu ni en colère, lui. Il a l'air triste. Tellement triste.
Et il est le seul, également, à avoir refusé mes soins.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Dim 29 Mai 2011, 13:45

Etang d'Olivia, an 31, mois 5, jour 29.


Olivia,

Tu me manques, tu me manques tellement.

Seul le temps vient à bout de certaines blessures, mais celle que tu as laissée est encore si vive que je ne peux m'empêcher d'y perdre le regard. Pourquoi t'es-tu enfuie ? Si tu m'avais laissé du temps, j'aurais réussi à te garder près de moi. Qu'est-ce qu'il me reste, maintenant ? Je ne peux pas me contenter du souvenir de ton sourire et de tes mains. Je veux pouvoir te serrer contre moi, encore, et te pardonner tous tes caprices au nom de ce qui nous lie.

Je veux retrouver notre enfance commune, et ces instants éternels où je tenais ton visage entre mes mains.
Je veux retrouver le parfum de bois verni qui hantait nos cachettes.
Je veux retrouver ton rire dans la pénombre, et ta silhouette envolée.
Je veux retrouver l'odeur de la pluie dans nos cheveux quand, complices et transis, nous cherchions un peu de chaleur au détour d'une rue. Et répéter encore ces défis idiots que nous nous lancions tour à tour. Retrouver l'arbre grinçant dans l'antique Forêt Noire, et la froideur terrible des pierres du Mur sous ma paume. Retrouver les secrets de l'innocence, quand nous peuplions de chimères le Grand Extérieur.

Grandir encore à tes côtés.

Je me souviens si nettement de ce qui m'a étreint lorsque tu es devenue femme, et lorsque je me suis aperçu que je pouvais t'aimer différemment. De ce qui est né du lien qui jusqu'ici nous vouait l'un à l'autre, malgré nos caractères tout à fait dissemblables. Toi l'exubérante, toi la combative, toi que je devais sans cesse apaiser et raisonner. Toi, vive, vivante.

Tu n'en faisais qu'à ta tête, toujours, et tu revenais ensuite à moi, espiègle, encore marquée des forfaits accomplis. Je pansais tes plaies alors et toi, tu auscultais mon silence. Ta mine moqueuse m'agaçait : fort de ma raison je te grondais, souvent. Tu attendais que j'avance mon discours et mes arguments puis, innocente et perfide, tu me posais cette terrible question : "tu m'aimes ?" , qui coupait court à toutes mes remontrances. Qu'importait la raison alors, puisque je t'avais.

J'aimais cette manière que tu avais de rentrer à l'improviste, lorsque la nuit était tombée, et de me surprendre d'un chuchotement à mon oreille. "Eho, Nath', la tête dans les étoiles." Et tu posais ta tête contre ma poitrine, et tu te blottissais avec une douceur que tu n'offrais qu'à moi.
J'aimais quand tu te serrais contre moi comme si plus rien d'autre n'avait d'importance, et j'aimais savoir que j'étais le seul à connaître tes instants d'abandon.

Tu me disais que je ne souriais pas assez, pas assez souvent.
Maintenant, tu sais, je souris. Beaucoup. A beaucoup de gens.

Tu étais celle contre qui je me mettais le plus en colère, mais notre complicité me faisait rire aux éclats.
Maintenant, tu vois, je ne crie plus.
Mais je ne ris plus, non plus.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Lun 30 Mai 2011, 17:07

Auberge de la Rose Dorée, an 31, mois 5, jour 30.



Olivia,

Les matines ont sonné et je n'ai toujours pas dormi, parce que je suis en colère, très en colère. Comment peut-on seulement envisager de tolérer de telles horreurs ? Comment peut-on bafouer à ce point les principes de la Sainte Lumière et ceux d'Elune réunis ?

Mais, attends, je vais tenter de te raconter. La journée avait bien commencé pourtant. Je m'étais laissé prendre au jeu du vol et, enfermé dans ma gangue de plumes, j'allais de courant en courant, de visage en visage, arrêtant parfois mon attention sur une personne ou une autre. Veiller depuis les hauteurs, j'aime beaucoup ça ; sans parler de cette ivresse immense qui m'étreint chaque fois que je peux faire vrombir mes rémiges. Je m'étais fixé, un moment, sur une jeune femme après être resté dans les alentours de la Caserne (c'est si vivant, si plaisant à contempler, comprends-tu). Elle avait le cheveu noir comme l'était le tien, la mine fatiguée, inquiète et farouche. Il m'a plu de lui tenir compagnie jusqu'à ce que se joigne à nous Fendrel, tu sais ? Celui qui paraît triste. Tous deux ont fait assaut d'épuisement, à qui tombera le premier ; je me suis senti forcé d'intervenir et de me montrer tel que j'étais. Fort heureusement, ils n'ont pas l'air de l'avoir mal pris. Cela m'aurait embêté : je crois que je les aime bien, tous les deux.

Puis il a fallu que ce mort-vivant s'en mêle. Un regard sur cette engeance hideuse m'a suffi pour que la juste fureur de la Déesse me prenne. Je l'ai attaqué, bien sûr, car c'était dans l'ordre des choses. Tu aurais fait de même, n'est-ce pas ? Imagine donc ma stupeur quand Fendrel et Heliven (c'est ainsi qu'elle s'appelle, je l'ai entendu) ont plongé dans le canal pour l'aider après mon attaque. J'en suis resté pétrifié. Ils auraient pu se noyer que je n'aurais pas bougé, je crois : rien que cette idée m'horrifie. Pourquoi partir à la rescousse de ce qui ne vit pas ? De ce qui ne devrait pas même exister ? De ce qui est une offense à la terre que cela foule et à l'air que cela souille de sa simple présence ?

Tolérés, m'a dit Fendrel. Les gens de cette sorte, ici, en Hurlevent, sont tolérés. Les monstres qui ont ravagé nos terres, broyé notre peuple. Tolérés.

Je n'ai pu qu'encaisser la nouvelle - comme j'ai encaissé la riposte du mort-vivant. Il m'a brûlé la poitrine avec sa magie méprisable. Je me suis soigné, tu penses bien ; mais la brûlure demeure. Plus forte à l'âme qu'en la chair elle-même. Tu imagines, si j'avais du répondre de mon acte devant la Justice hurleventoise ? Je ne sais pas si je l'aurais supporté.

Et figure-toi qu'il est revenu à la charge ! Deux fois, dans la soirée. A me narguer, me provoquer. Il sait, bien sûr, ce que je risque si je l'attaque une nouvelle fois ; mais je crois qu'il le désire, au fond. Que cela le ferait jubiler. Il s'imagine également que j'irais jusqu'à m'abaisser à utiliser la Malédiction pour le vaincre, mais j'ai encore ma dignité, moi, et je ne suis pas une bête sauvage. Non. Si je devais vraiment perdre le contrôle, ce serait pour abattre sur lui la juste fureur d'Elune.

Oh, Olivia. Et si toi aussi, tu avais cédé à ce mal ? Non... Je ne veux même pas y penser.

Heureusement qu'une autre rencontre, un peu plus tard, m'a mis du baume au coeur. C'est bien la première fois que je vois quelqu'un, en Hurlevent, demander des excuses pour s'être emporté contre quelqu'un qui le méritait. "Cette ville rend fou", m'a-t-elle dit (Ely). "Elle change les gens." C'est peut-être vrai. Peut-être que dans quelques jours je me mettrai moi aussi à courir à quatre pattes. Qui sait ?

Mieux vaut que je change d'air. Trouver de nouveaux "meilleurs lieux", dans ce monde si vaste que je commence tout juste à découvrir. Croire au sourire d'Ely, à la douceur de ses conseils. Au tintement de son or (qui m'aura permis de m'offrir une chambre confortable cette nuit. Grâce lui soit rendue). Strangleronce, pour la mer et le soleil. J'irai un ou deux jours, peut-être moins, peut-être d'avantage ; et nous verrons bien. Nous verrons.

Je me sens si seul.
Nathan Eonath Hodgkin
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Message  Nathan Eonath Hodgkin Mer 08 Juin 2011, 17:41

Baie-du-Butin, an 31, mois 5, jour 31.


Olivia,

Ces deux jours en Strangleronce furent riches en enseignements. Moi qui espérais un peu de paix cependant, j'ai vite été convoqué dans la Septentrionale afin d'aider à la prise en charge de nombreux blessés. Quel idiot ; vouloir du répit alors que le monde tremble sur ses bases depuis des mois. J'aimerais que tu sois là parfois, et que tu me secoues afin que je retrouve le sens des priorités. Il m'arrive encore que ceci me fasse défaut.

J'ai donc fait ce que j'ai pu, glanant de ci de là quelques informations sur la nature des troubles. Il semblait qu'une tribu puissante de Trolls - les Gurubashis - ait été à l'origine de phénomènes désastreux dans la région. Je m'en veux d'être resté trop longtemps à l'écart du Cercle ; sans cela, j'aurais sans doute pu en être averti plus tôt, et aider de manière plus efficace. Il y avait de nombreux empoisonnés à traiter, et des soldats blessés revenant de Zul'Gurub. J'admire la courage de ceux qui partent ainsi au front, inlassablement, quelle que soit la cause à défendre. Ils ont un courage et une ténacité tout à fait remarquables.

Les soirs, j'ai tenu compagnie à Elysandre et Fendrel - comme c'était, à l'origine, le but de ma venue en ces terres (A ce propos, tu n'aimerais pas Strangleronce, je crois ; c'est bariolé, chaud, joli à l'oeil certes - si les structures gobelines ne venaient pas manger le rivage de leur acier rouillé - mais bien trop lumineux, trop différent de notre chère Gilnéas). Sache que je suis heureux de les avoir rencontrés, et heureux, vraiment, de ce qui a pu se tisser entre nous trois pendant ces quelques heures passées ensemble. Elysandre est un petit soleil (et c'est ainsi qu'elle se définit elle-même, en un sens) ; elle rayonne, et voudrait tout inonder de sa clarté. Elle mérite sa joie. Elle me réconforte sans en avoir l'air, et sans s'en rendre compte. J'avais le sourire en l'écoutant confier son envie de voyage, et en savourant ses efforts pour remonter le moral du vieux Fendrel.

Celui-là m'intrigue. Je parlais de vieil arbre en ce qui le concernait, mais je me trompais : il est plutôt serpent, plutôt couleuvre. A sans cesse louvoyer autour des obstacles. A éviter les questions d'un sourire et d'un bon mot, d'un "je vais bien" implicite quand ses mains tremblent pourtant de fatigue et de lassitude. J'ai cette pulsion en le voyant, celle qui me dit, regarde : voilà quelqu'un qui a besoin qu'on l'aide et le protège. Mais il refuse. Bien sûr. Et il refusera sans doute encore longtemps avant que sa carapace ne se fendille, et avant qu'il ne consente à livrer un peu de ce passé qu'il tait.

J'ai juré à Elysandre : je veillerai. Tu en aurais fait de même, j'en suis convaincu.
Nathan Eonath Hodgkin
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Message  Nathan Eonath Hodgkin Mer 08 Juin 2011, 17:55

Nordrassil, an 31, mois 6, jour 1.



Olivia,

Je suis reparti à Hyjal pour la journée, afin de reprendre pied dans l'avancée de la lutte - comme je te l'évoquais dans ma lettre précédente. L'accablement suite à la défaite de la Mère-de-toute-vie a été chassé chez les Gardiens, plus ou moins, et c'est de nouveau l'effort de guerre qui prime, paraît-il. Elaria y était, j'ai brièvement croisé son visage de rapace. Elle fait toujours semblant de m'ignorer. Je pense que c'est mieux, après tout ce qu'il s'est passé. C'est sûrement bien mieux ainsi, oui.

Si l'offensive est concentrée dans les Hautes-Terres, nul ne refuse un peu d'aide en Hyjal ; le Crépuscule tient encore quelques campements solides et des escarmouches ont régulièrement lieu. J'ai été dépêché auprès du sanctuaire du Père-Loup (à croire qu'ils se sentent obligés d'envoyer tous les gilnéens là-bas, malgré mon allégeance à la Serre). Ce fut court, mais éprouvant. Nous avons subi un petit raid éclair, et une jeune fille (presque une enfant) m'a frappé au côté avec un poignard alors que je voulais l'aider. Le degré de fanatisme et de désespoir de ces gens est fascinant, autant qu'effrayant. Je reste toutefois persuadé qu'il existe, chez certains, un espoir de rédemption. La Lumière ne nous apprend-elle pas à tendre la main vers ceux qui se sont égarés ?

La plaie est refermée, bien qu'elle me lance encore un peu, parfois. Ce genre de choses arrive sans cesse, et ne devraient plus me toucher (c'est ce que d'autres m'ont dit). J'entends bien que c'est la loi de la guerre, ça ne m'oblige pas à en accepter tous les travers.

J'ai tué l'enfant, cela dit.

Tout à l'heure a lieu ce qu'on m'a nommé comme étant la "Veillée des Contes", en Forgefer. Un rassemblement de conteurs volontaires à ce que j'ai compris, régulier - une fois à chaque début de mois. Je pense déjà savoir quelle sorte d'histoires je vais entendre, mais j'ai tout de même envie d'aller voir. Je te promets de retenir les contes qui m'auront le plus donné de plaisir à les écouter : ainsi, quand tu seras de retour, je pourrais à mon tour te les réciter de vive voix. Qu'en dis-tu ?


Tu me manques.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Mer 08 Juin 2011, 17:57

Du pignon de tes toits battus par mille pluies,
Aux champs agités sous l'orage qui tonne ;
Sous des cieux fracassés où la lune reluit
Tu étais belle, ma Gilnéas, comme une soirée d'automne.

Dans le rire de tes fils, dans leurs jeux, dans leurs cris,
Dans ces boudoirs secrets où devisent les femmes,
Dans l'oeil du père, de l'enfant, comme de l'amant épris,
Tu étais fière, ma Gilnéas : jadis vibrait ta flamme.

Pour la terre et le sang, qu'il fût versé ou non,
Lorsque les vents insolents gonflaient tes étendards,
Pour la paix de ton peuple, pour ta gloire et ton nom,
Tu étais brave, ma Gilnéas, qu'où porte le regard.

Silence. Des navires ravagés ont quitté tes rivages,
Et la brume - la brume amie - ne festonne plus les chaumières.
Chagrin. Sur le pont, nombreux, les tiens : muets et sans tapage.
Ils rêvent à voix basse pour se souvenir d'hier.

Et si les rires sont brisés maintenant, et si la nuit nous broie,
Entends : du fond de ces ténèbres auxquelles nul ne s'arrache,
La clameur de tes fils, vivante, s'élève - afin que chacun sache
Que tu brûles encore, ô Gilnéas, et tout ton peuple avec toi.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Mer 08 Juin 2011, 20:23

Etang d'Olivia, an 31, mois 6, jour 5.



Olivia,

Il a parlé, enfin. Ce fut long, laborieux, difficile - mais j'ai pour cela la meilleure de toutes mes armes : la patience. Je l'ai gentiment incité, je l'ai veillé, écouté, bousculé (un peu, quelques fois). Et il a parlé.

Je savais déjà que j'avais remporté une petite victoire après ces quelques mots que nous avions échangés dans la caserne. Oui : tu te souviens, la blessure que j'ai reçue en Hyjal ? Soignée en urgence, j'avais omis de vérifier que la plaie était propre - un petit morceau de fer avait du rester dedans, et me faisait cruellement souffrir. Mais j'ai tant l'habitude d'ignorer la douleur, de la taire pour que l'essence qui me parcourt s'harmonise quoi que je fasse, qu'il m'a fallu un certain moment avant de m'en rendre compte.

J'aurais pu laisser ainsi. J'ai déjà connu plus grave, et m'en suis relevé. Ouvrir les plaies n'est pas mon fort, je suis fait pour les refermer. Mais la torpeur me prenait, abrasive, brouillant ma raison ; je m'en suis remis à Fendrel pour qu'il me l'ôte, cette épine de ferraille coincée dans ma viande. C'était plus symbolique que réellement vital. C'était prêter le flanc, et l'inviter à abaisser - à son tour - quelques défenses.

Ca a fonctionné. A force de patience, de silence et de demi-mots, il a confié ce qui le rongeait. En partie cependant, je sais qu'il y a certainement bien d'autres zones d'ombre à explorer ; mais je sais, maintenant, de quoi il s'accuse, et sur quoi il pleure derrière ses sourires. Je sais, même si j'avais deviné. En partie. Cela n'en rend pas l'aveu moins douloureux.

Nul ne peut l'aider. Nul autre que lui ne peut marcher sur ce chemin, et nul ne peut le pousser dans un sens ou dans l'autre. Il me l'a dit : nombreuses elles sont ces mains qui le tentent, à baller mollement devant ses yeux. Mais la mienne n'y sera pas. A ce sujet, à ce sujet précis, je le laisserai seul et ne l'aiderai pas.

Ne rien forcer, ne rien contraindre. Rien ne peut aller contre la volonté du Cycle.

Et pourtant. Il est un quelque chose caché loin à l'intérieur de cette carcasse de vieil homme, quelque chose sur quoi il ne peut lui-même mettre de mots. J'ai fouillé, du bout des doigts, et cela m'a mordu les phalanges. J'ignore encore ce que c'est, mais je trouverai : cela, quoi qu'il en soit, n'a pas sa place dans l'esprit d'un mortel. Bien que je pense, toujours, que tout soit lié : l'aveu, la honte, le crime, le châtiment ; mais si telle est sa punition, sa malédiction, alors il ne la mérite pas. Pas comme ça.

Je trouverai de l'aide. Auprès d'Heliven, de Veldrin peut-être. J'interrogerai le Rêve s'il le faut (n'est-ce pas le meilleur moyen ?) et je rendrai sa pureté au Cycle. La paix de l'esprit viendra alors d'elle-même ; l'un doit toujours précéder l'autre, et si je ne peux agir quant à ce qui ronge son âme, au moins puis-je tenter de le faire sur ce qui dévore son corps.

Tu me connais, à ne jamais lâcher prise. C'était déjà la même chose, lorsqu'ensemble nous nous occupions de ces enfants sans nom qui nous rappelaient notre propre statut. Les Perdus, les Oubliés, ceux qui vivent de petites rapines, d'entraide et de charité. Il fallait les apprivoiser - pour certains - et s'armer de courage, de ténacité. Tu avais le don de les mettre en confiance, si familière, si franche ; tu leur ouvrais toujours les bras. Moi, j'observais, jusqu'à cerner ce qui n'allait pas et, à ma manière, j'avançais des solutions, des consolations. Nous n'avions pas notre pareil pour venir à bout du plus rétif des orphelins.

Je pense souvent à eux. Erwann et sa brusquerie que tu trouvais touchante, sa manière de se hérisser et de bondir dès qu'un sujet lui tenait à coeur. La douceur de Léanore, ce sourire douloureux qu'elle offrait au vide de temps en temps. Luayne et sa rudesse agressive, Luayne aux regards noirs qui savaient parfois se fondre en cette espèce de douceur qui n'appartenait qu'à elle. Violyn, ma petite Violyn, que j'aimais tant. Violyn qui s'accrochait à toi, à nous, de toute la force de ses bras d'enfant et qui riait, riait, riait...

Combien d'autres noms, combien d'autres visages ? Beaucoup ne reparaîtront plus. Il y a ces stèles, sur lesquelles on grave des souvenirs pour se rappeler qu'un jour, un ami, un parent, un être cher a existé, a ri, a aimé. Peut-être devrais-je demander à faire graver des noms sur l'une d'elles, quand j'en aurai le courage.

Mais ne compte pas à ce que j'aille graver le tien.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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Message  Nathan Eonath Hodgkin Mer 08 Juin 2011, 21:07

Etang d'Olivia, an 31, mois 6, jour 6.



Olivia,


Quelque chose ne va pas. Elle te ressemble, beaucoup trop. Je me surprends à te guetter au détour d'un regard, d'une expression et c'est toi, parfois, dans le sourire, dans la joue froncée, dans certains gestes, certaines attitudes. Elle te ressemble, c'est vrai, mais ce n'est pas toi. Ce ne peut être toi. Ce ne peut être mon Olivia.

Parce que si c'est toi, bien toi, imagines-tu ce que cela signifie ? D'avoir compté tous ces jours en la frôlant, en te frôlant, sans avoir pu te reconnaître jusqu'alors - est-ce seulement possible, dis-moi ? Mais tu as peut-être changé, changé à ce point, oui ; nous avons tous changé, j'ai changé moi aussi. Je ne sais pas si tu me reconnaîtrais. Depuis que le monde s'est effondré, mes repères basculent. J'ai besoin d'être utile, occupé à soigner les autres pour ne plus penser car, lorsque je me surprends à réfléchir, le gouffre me fait dangereusement de l'oeil. Là, juste sous mes pieds.

Qu'est-ce que je dois faire, Olivia ? Qu'est-ce que je peux faire ? Je reconnais le tracé de ton visage quand j'effleure le sien du bout des doigts. Et c'est toi, dans l'arc des lèvres, et dans la ligne du menton, et c'est toi aussi, dans ce petit retrait imperceptible, involontaire, qui te prenait lorsque je me risquais à caresser ton front. Et ce n'est pas toi pourtant, car tu étais moins farouche. Moins sombre, moins étrangement neutre. Moins sauvage. Ou peut-être que si ?

Est-ce que j'ai oublié ? Est-ce que mes souvenirs se sont à ce point morcelés que je ne puisse chasser le doute, quand elle se tient devant moi ? C'est peut-être une soeur. Tu n'as jamais dit si tu avais une soeur. Tu ne parlais pas de ta famille, jamais. Il y avait cet accord entre nous, que je n'ai jamais brisé. Aurais-je du ?

Et maintenant, j'ai peur. J'ai peur de me tromper, à force de chercher ton fantôme en chaque femme que je croise. Peur de forcer ton image, par égoïsme, sur une inconnue qui n'a qu'une toile vierge pour passé. Peur de la forcer à être toi, et de me fourvoyer. Qu'arriverait-il alors, si tu refaisais réellement surface ?

J'essaie, je tâte, je tente. C'est une vieille chanson surprise au coin des lèvres, c'est un geste familier. C'est autant d'amarres que je jette en espérant qu'elle les rattrape, que tu les rattrapes. Et tout me trouble. Et je ne vois plus mon chemin.

Car si c'est toi, je ne sais que penser. Elle a oublié, elle ne sait pas, elle ne se sait pas (aurais-tu pu oublier, toi ?). Elle cherche des racines et des piliers, des fondations pour un nouveau foyer, des fanaux sur une nouvelle route ; et ce ne sont pas les miens, ce ne sont plus les miens. Elle se dit étang, et ce n'est plus mon visage qui s'y reflète. Là encore, puis-je me permettre d'être égoïste pour garder auprès de moi l'image de la seule femme que j'aie jamais pu aimer ? Le permettrais-tu, Olivia ?

Je vais prendre le temps. Respirer, réfléchir. Le temps éclaire le Cycle, il me faut le temps. D'autres vieilles inquiétudes ont refait surface, surtout après l'énergie qu'il m'a fallu dépenser ce soir pour les soigner tous. Je marche entre deux mondes, mais la frontière est fragile.

Doute est un adversaire tenace. Je me pensais capable d'assez de sérénité pour le chasser, mais je n'en suis plus si sûr, désormais.


Nathan Eonath Hodgkin
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Message  Nathan Eonath Hodgkin Mer 08 Juin 2011, 21:21

Etang d'Olivia, an 31, mois 6, jour 7.


Olivia,


Je ne croyais pas si bien dire, hier. Sache qu'il m'a retrouvé. C'est peut-être l'excès de soins. C'est peut-être ce que j'ai confié à Fendrel, sur ce qu'il s'est passé, ce soir-là. Cela peut être tant et tant de choses.

Il est revenu. Il a ri, il a frappé, il a dit qu'il m'attendrait. Il a dit que je saurai où le trouver.
Et je le sais, en effet.

J'ai pris le temps de laisser deux souvenirs. Un pour Elysandre, et un pour Heliven. Elle-toi. Ne me demande pas pourquoi je l'ai fait, il me semble que c'était simplement dans l'ordre des choses. Personne d'autre qu'elle ne pourrait mieux garder ce que je lui ai confié, si je ne reviens pas.

Je pars, il n'y a pas le temps d'écrire plus.
J'espère juste que ce n'est pas un adieu.
Nathan Eonath Hodgkin
Nathan Eonath Hodgkin


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