Une petite fille nommée Kyriël

Une petite fille humaine de six ans se promène, seule, à travers les rues de Hurlevent. Sa robe est sale, il lui manque une chaussure, sa peau blanche porcelaine est cachée sous une couche de crasse inimaginable et ses cheveux noir de geai ressemblent à une botte de foin. Une lettre tachée de sang brinqueballe à sa ceinture. Parfois elle utilise sa magie pour créer la seule chose qu’elle sait faire : un bouclier de lumière. Elle joue et saute un peu partout, sans se soucier du temps qui passe…

Elle arrive devant la cathédrale et s’intéresse à la queue d’un cheval qui se balance sous son nez. La petite humaine essaye d’attraper la touffe de poils en éclatant de son habituel rire cristallin mais l’animal lui assène un coup de pied dans le thorax. Elle valdingue à deux mètres aux pieds des marches, le souffle coupé. Sa jolie bouille ronde se crispe, ses grands yeux bleus s’arrondissent et de grosses larmes coulent sur ses joues…. Elle pleure en appelant sa maman, mais personne ne répond. Les soldats passent, les gens discutent mais ne remarquent pas cette petite fille perdue au milieu de ce monde d’adultes. Terrorisée, fatiguée, elle hoquète et continue de pleurer sans pouvoir se relever.

Soudain, un chevalier s’agenouille et lui sourit. Un nain, vient le rejoindre. Tous deux la consolent et s’interrogent sur l’accident. Le nain la guérit par la magie. Comme à son habitude, elle pose des questions sur tout ce qu’elle voit. Le nain et le chevalier lui répondent patiemment. Ils lui demandent son nom.

« Kyriël » dit-elle de sa voix toute mignonne.

Ils s’inquiètent de savoir où se trouvent ses parents.

« Ma Maman, elle est là-haut ! » répond-elle en montrant le ciel.

Ils la questionnent sur son père.

« Je sais pas » dit Kyriël en haussant les épaules.

« C’est quoi ton nom ? » demande la petite fille curieuse au chevalier.

Le chevalier lui dit s’appeler Andüriel.
Il l’a prend dans ses bras et touché par l’enfant, décide de s’en occuper.

Andüriel trouve la lettre et la lit puis il donne à manger à la petite fille, la lave et lui achète une robe. Il veille sur Kyriël toute la nuit.

Le lendemain matin, la petite fille se réveille, perturbée par le lieu inconnu, elle regarde la chambre toute ensommeillée. Elle saute du lit, s’habille à la va vite et met ses gros nœuds rouge de travers pour faire ses couettes. La porte est entrebâillée. Kyriël descend et voit Andüriel discuter avec le tavernier. Elle veut se précipiter vers lui mais elle aperçoit un gros tigre à la porte de l’auberge. La petite fille est attirée à l’extérieur et suit l’animal en l’observant avec de grands yeux, puis elle suit une femme cachée sous un masque et aux habits très étrange, puis dévie et poursuit un papillon miroitant. Elle arrive devant une fontaine et joue avec l’eau et crie de bonheur :

« C’est rigolo ! »

Kyriël passera la journée à déambuler à travers Hurlevent, passant d’une découverte à une autre. La nuit venant, la petite fille se retrouve à nouveau devant la cathédrale. Elle remarque un homme et intriguée par ses habits, lui demande :

« Tu es une fille ? »

L’homme lui sourit et lui explique qu’il est prêtre et qu’il porte une aube. Il la questionne sur ses parents. Kyriël répond à nouveau que sa maman est au ciel. Il parait touché et lui demande son nom. Elle lui répond en sautant sur le trottoir, tout sourire. Le prêtre lui précise s’appeler Aeredril. Mais son devoir l’appelle et pendant son travail, Il la confie aux mains d’une femme.

Kyriël est très intéressée par ses jolies bagues qui brillent. La femme discute gentiment avec la petite fille, lui demande de l’appeler Celi et lui explique qu’elle est paladine de la Lumière.

Une fois revenu, plus tard dans la soirée, Aeredril la prend dans ses bras et la berce. Kyriël, toute en confiance, s’endort sur son épaule pendant qu’il discute avec les gens. Le prêtre la confie pour la nuit à un couple d’amis, regrettant de ne pouvoir la garder avec lui.

Dans son sommeil, la petite fille revit la mort de sa mère qu’elle ne comprend pas et pense aux mots d’Aeredril : la Lumière, la Foi…

Elle se souvient du petit tatouage magique que sa maman lui avait fais à l'arri-re du bras droit, juste avant l’attaque des "méchants messieurs de l'extérieur".

« C’est quoi ? » avait demandé Kyriël

« C’est pour que ta famille puisse te retrouver si tu te perds » lui avait répondu sa maman, la voix tremblante et les yeux plein d’inquiétude.

Kyriël avait trouvé ça « rigolo » , un aigle à deux têtes…

Kyriël se lève toute échevelée. Elle baille et se frotte les yeux. Pendant la journée, une ritournelle que sa maman lui avait apprise, lui revient.
La petite fille chantonne cette comptine de sa voix cristalline en accompagnant Andüriel dans les rues d’Hurlevent.
Elle mime les rimes avec ses mains…

Aigle, aigle, vole dans le noir *fait des battements d’ailes*
Caches toi dans le brouillard *cache son visage derrière ses petites mains*
Les méchants t’écorcheront *Imite un mort-vivant*
Si tu ne trouves pas ta maison *Fait le toit d’une maison sur sa tête*
La grandeur de ta famille *Se redresse en faisant une mine sérieuse*
Ne te voit pas tomber en vrille *Tombe a genoux*
Dans le grand lac du Comté * Fais des vagues avec sa main*
Tu vas bientôt te noyer *lève la tête et fait des glouglous*

Aigle, Aigle, vole dans le noir * Se relève et répète les mêmes gestes*
Caches toi dans le brouillard

La magie te sauvera *Fais des mouvements amples ave ses bras*
De la mort des Réprouvés *refait le mort-vivant*
Et l’amour t’envoutera *Met ses mains sur son cœur*
Par une beauté inespérée *Caresse les joues de son visage*
Reste auprès de celle *S’entoure de ses bras*
Qui te donnera Kyriël *Se pointe du doigt en faisant un grand sourire*

Aigle, Aigle, vole dans le noir *Répète les gestes du début*
Caches toi dans le brouillard

Part un matin dans les nuages *Lève la tête et remue ses couettes*
Pour protéger les marécages *Fait comme si elle portait une épe*
Ne reviens jamais du combat *Met ses mains en prière et baisse la tête*
Qui la prendra dans ses bras ? *Met ses bras comme si elle berçait un bébé*
Maman est loin des Aigles Noires *Fait des battements d’ailes*
Mais les deux têtes devraient te voir.
*Lève les deux bras au ciel montrant ainsi le petit tatouage de l’aigle à 2 têtes caché sous son bras droit à qui le verrait*

Kyriël sautait partout.
Elle avait entendue parler d'une soirée à Forgefer où des gens racontaient des contes. Cette idée lui plaisait beaucoup et peut-être que elle-même pourrait réciter son poème ?

Elle avait hâte d'être à ce soir !