Crépuscule d'Acier, passé et présent.

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Message  La Dame Jeu 06 Sep 2012, 20:07

Partez ! Allez vous-en ! a hurlé n°28.
Ses cordes vocales ayant disparu depuis longtemps, emportées par la putréfaction, il n'a réussi qu'à produire un pitoyable gargouillement.
Des vivants ? Ici ? Cela ne pouvait être toléré.
N°28 a lâché le fardeau qu'il traînait jusque-là et s'est jeté sur le worgen qui l'avait invectivé.
D'autres clients pour la Fosse ! Plus de nourritures pour les petits frères ! Peut-être même pourrait-il changer certaines de ses propres composantes organiques.
Des vivants !
Et ils étaient relativement nombreux, des loups, des hommes, des elfes !
N°28 a poussé un autre gargouillement après avoir jeté le premier loup dans la Fosse. Il a senti les petits frères tourner leur attention vers lui, il a senti le parfum frais d'un corps fonctionnel avec eux, il a senti leur faim.
Mais le vivant a jailli de la Fosse comme un diable de sa boîte ! Dépit, dépit, toujours dépit ! Et le noir. Les ténèbres, l'oubli ! Le second worgen a bouché le conduit menant à la Fosse, il a masqué le pauvre soleil que formaient les torches de la crypte à la vue des petits frères, tristes, si tristes alors... !
Alors n°28 a martelé les vivants de ses poings difformes, mais que pouvait-il faire ? Il était ancien, usé. Ce n'était pas son rôle. Il n'était que le vingt-huitième. Et les premiers ? Tous partis ! Même n°2 s'était réveillée et avait quitté le caveau quelques instants auparavant.
Il était le seul Éveillé à être resté garder les secrets de la maîtresse.
Si seulement elle était restée !
N°2 aurait abattu les vivants. Lui, n°28, n'était pas fait pour ! Ils étaient trop nombreux, trop puissants !
Même le feu de la femme se mettait à le mordre, dévorant sa vieille chair blette avec la même joie que celle des petits frères se repaissant d'un corps encore chaud et gorgé de sang.
Oh, il a bien essayé de le chasser, mais les flammes ne faisaient que croître, et lui ne pouvait que décliner !
Dépit, dépit ! Peur. Colère. Oh, haine, brûlante, brûlante !
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Message  La Dame Jeu 20 Sep 2012, 21:40

La douleur martèle notre échine comme autant de clous incandescents rivés à la chair, raclant l'os, s'enfonçant à chaque mouvement jusqu'à donner l'impression que nos sens ainsi amoindris se rythment sur cette infernale pulsation.
Souffrance ! Quitte ce pauvre corps de pièces assemblées, tu n'y as pas ta place. Ta demeure est ailleurs, tu es inhérente et endémique aux corps et aux âmes bien vivants.
Comment peux-tu avoir prise sur nous qui sommes hors du cycle du fait de notre nature même ? Fais demi-tour, rétracte tes griffes, car ici seules règnent la dérision et la déraison, au sein de ce sombre passage qui ne mène qu'au Chaos.
Nous ne sommes pas tes enfants, nous sommes tes maîtres, pauvre bête apprivoisée, servile. Nous t'apportons au monde. Pourquoi mords-tu donc notre main ?
Ces pensées s'agitent et tournoient au cœur de notre âme instable et changeante. La douleur fluctue. Notre nuque se redresse ...
Mais il reste un dérèglement. Nous sommes abîmées. Les griffes de cette druidesse... Nos ténèbres douces, nos parts externes ont réparé notre mécanique, mais il reste une infime imperfection, nous le sentons, comme une dissonance dans une musique censée être parfaite.
Nous restons malgré cela un chef-d’œuvre, une création supérieure, nul ne doit en douter !
Bientôt le savoir sera à nous.
Bientôt nous connaîtrons les Très Anciens aussi bien qu'un homme connaît le corps de sa maîtresse, et nous userons de ce savoir afin de purifier ce monde des parasites qui s'y sont insinués.
Vois-tu, souffrance ? Même dans notre corps fracassé tu n'as de domaine. Mais nous sommes magnanimes. Tu danseras bientôt avec tes sœurs haine, mort, destruction et désolation. Bientôt les corbeaux festoieront avec les vers sur la table putride des têtes fraîches de nos étendards, piquants les yeux toujours aveugles de ceux qui ont cru pouvoir lutter. Ce sera beau !
Mais l'heure actuelle n'est pas à cela. Nous allons nous amuser. Nous allons jouer.
Oui, le manoir ancestral les accueillera dignement et fêtera leur chair glorieusement recyclée, leurs os merveilleusement réassemblés, leurs âmes fragiles, privées de raison, spoliées de l'espoir, mais toujours consciente, offertes en pâture sur l'autel tournoyant de notre délicieuse amie l'agonie !
Qu'importe le désordre. Nous n'avons pas besoin d'elle pour les libérer.
Et que leurs âmes ne comptent pas sur la mort, l'ultime présent, pour les délivrer, car même elle les trahira enfin, elles ne sentiront jamais son haleine, glacée, ne croiseront jamais son regard aveugle, terrible.

Elles ne verront qu'un sourire d'acier.
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Message  La Dame Sam 10 Nov 2012, 12:11

Croisée des chemins.

Désordre, confortablement installée, sur un toit, s'amuse de la tristesse de Souvenir, qui, en contrebas, pleure la trahison d'un homme ...

De l'autre côté d'un océan, Namarra Hendrake tire jusqu'à sa joue l'empennage d'une flèche bleutée. Elle resserre sa prise sur le corps de l'arc, vise avec précision et lâche son trait ...

Meyrne, les mains appuyées contre un mur, lit avec attention une affiche signée d'un chat noir. Les mots inscrits éveillent en elle un écho, une volonté de lutter contre la misère qui l'a poussée à quitter la Marche pour venir en ville ...

Assise sur un balcon ouvragé de Dalaran, Jennesta lève le visage et contemple en silence le ballet des deux lunes et les mouvements des étoiles ...

Dans un sifflement, Sheehy Syluin s'effondre au milieu des hautes herbes du continent sauvage, une flèche plantée dans le bas du dos ...

Fenhris déambule d'un pas furieux dans le Fort du Lion, agacé que sa sœur n'ait pas rallié le Nord comme il était prévu ...

Dawn Syluin tend trois lourds volumes à Reniel Ryan qui s'en saisit et les enveloppe de toile cirée, jetant des regards nerveux autour de lui ...

Quelque part, Kiaulune rôde.
Ailleurs, une frêle silhouette encapuchonnée avance, appuyée sur un simple bâton de pèlerin ...

Ashe, maintenant fossoyeur d'Anstreed, installe ses maigres possessions dans son nouvel habitat, près du cimetière de l'île, se surprenant à goûter cette paix nouvelle ...

Fumant pour apaiser son tourment, Arithon Silverclaw regarde les bateaux aller et venir dans le port de Hurlevent ...

Debout, elle contemple le Nord de Berce-Âmes silencieux. Ils l'ont ramenée mais ne savent rien d'elle, alors qu'elle les connaît. Mais que veut-elle ?

... Tandis que Chronique continue de rédiger ses lettres, sa silhouette voûtée courbée sur un pupitre encombré.
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Message  La Dame Sam 17 Nov 2012, 12:08

Berce-Âmes.

Faux-semblants.

Un vent léger emplissait le lieu de sa résonance, chassant le silence qui alors refluait comme la marée pour se terrer et attendre son heure, sage, patient.
La brise ne portait qu'une légère odeur de brûlé, fugace mais bien présente, alliée à un parfum rance qu'exhalait la terre, encore gorgée d'immondices.
Ce souffle frais venu du Nord faisait grincer les arbres morts, oscillant lentement, abandonnés dans son étreinte.
La lumière solaire peinait à percer le ciel brumeux, baignant tout le lieu d'ombres noires qui ne parvenaient pourtant pas à dissimuler les coulées des moisissures sur les murs à demi écroulés, formant un intéressant contraste avec le tissu épais et encore pur des tentes installées sur un petit promontoire.
L'attention de Berce-Âmes restait centrée sur Berce-Âmes.
Ce lieu aveugle au regard intense vibrait tout entier au rythme des habituels craquements évoquant des branches brisées, des raclements de l'os contre l'os, des grattements étouffés qui de temps en temps s'élèvent là où la terre est bourrelée, comme un cadavre rongé par des vers nécrophages ayant tracé leur route sous la peau.
Nulle sentinelle en ce lieu, il n'en est nul besoin.
Cette attention spectrale, lourde, infaillible, se porte sur tout et tous, et jauge, analyse, soupèse.
Ses yeux inexistants ne se détournent jamais.
De temps à autre, la terre frémit, tressaute. Comme si Berce-Âmes se tendait, se ramassait, prêt à se mettre en chasse et à se débarrasser de ses parasites.
Impression lancinante et glacée d'une attention surnaturelle, tournée vers soi, d'un regard qui voit tout, des secrets de l'âme à l'agencement de l'ossature.
Aucune vie en ce lieu. Seules des coquilles vides. Et le passage du temps.
Lorsque le vent cesse, le silence est de pierre.
Berce-Âmes prend et ne rend jamais. Berce-Âmes attend. Berce-Âmes veille.

Non. Berce-Âmes n'est qu'une vieille ville enclavée, abandonnée, sombrant lentement dans la ruine et l'oubli. Un lieu certes angoissant, mais ...
Berce-Âmes veille. Déraison est satisfaite.
Leurs yeux sont partout.
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Message  La Dame Sam 09 Mar 2013, 12:20

Bois de la Pénombre, il y a quelques jours.

Le jour se levait à peine et quelques rayons de soleil parvinrent à s'infiltrer entre les arbres avant que le voile de ténèbres ne les étouffe, imposant sa nuit sur le Bois.
Les abords du manoir étaient comme à leur habitude, paisibles, silencieux. Peut-être trop silencieux. Quelque chose à l'aura ombreuse clairement perceptible observait depuis les branches, dissimulé dans l'ombre.
Désordre.
Elle tordit son cou selon un angle improbable afin de disposer d'une meilleure vue sur le manoir. Le bâtiment était aux deux tiers en ruine, calciné, aussi son attention se porta-t-elle sur la seule aile qui avait été reconstruite.
Un sourire dément étira ses lèvres lorsqu'elle vit Souvenir en sortir, et elle se ramassa sur sa branche, la main sur la garde de l'épée qui pendait à sa taille, une simple lame droite de bon acier. Elle allait pouvoir s'amuser.
Quand sa cible fut suffisamment proche, Désordre fondit sur elle, tirant sa lame pour l'abattre dans le même mouvement.
Le tranchant ne rencontra que le sol, Souvenir s'étant décalée dans un réflexe, comme alertée par un sixième sens. Loin d'en être dépitée, Désordre se redressa et repoussa les mèches rouges et blanches de son visage. Les occasions lui manquaient de s'amuser, ces temps-ci. Elle allait pouvoir jouer avec la proie de la Dame avant de se mettre en chasse.
"Coucou !"
Elle lança son épée dans un revers que les dagues de Souvenir bloquèrent. Celles-ci écartèrent la lame plus longue pour permettre à la jeune femme de frapper du pied.
Hilare, Désordre avait esquivé en suivant sa lame qu'elle dégagea rapidement. L'air badin comme si elle savait que sa propre existence n'était pas en jeu, elle considéra son adversaire du regard.
"Toi ! C'est la Dame qui t'envoie finir le travail, n'est-ce pas ?"
Perdant son sourire, Désordre agita l'index. Sa voix se répercuta autour d'elles par une résonance étrange.
"Je n'agis que pour moi-même, jeune fille !"
Elle releva sa lame, para un coup de dague, en esquiva un autre.
"Mais la Dame..."
Virevoltant, elle passa à l'attaque, tout aussi agile que Souvenir qui parvenait à esquiver sa lame. Pour l'instant.
"...serait ravie que..."
Changeant de main, Désordre lâcha un bref éclat de rire incontrôlable et se mit à utiliser des passes dignes d'un noble gilnéen, perturbant son adversaire suffisamment pour strier son abdomen d'une blessure peu profonde. Elle fondit ensuite vers l'avant, appuyant son épée sur les dagues croisées de Souvenir, se fendant d'un sourire.
"... je lui livre une telle proie."
Souvenir la repoussa, et faisant tournoyer ses lames parvint à lui arracher son épée.
Désordre, désarmée, recula de quelques pas et applaudit bruyamment en souriant exagérément.
"Bien joué ! C'était une belle passe, je me suis bien amusée."
Joignant les mains sous son menton, elle regarda Souvenir la pointer de sa propre épée.
"Je te la laisse. Quelque chose me susurre que tu en auras besoin pour ne pas égarer ton âme."
Et elle disparut dans l'ombre.


Hurlevent, il y a quelques jours.

"Meyrne."
"Qui es-tu ?"
"Namarra Hendrake. Gardienne de la Maison du même nom. Ta cousine."
Meyrne a plissé les yeux.
"Dawn m'a dit de me méfier de toi. Il dit que tu as essayé de me tuer plusieurs fois."
"Il se trompe", a menti Namarra, "ce n'était pas moi. Non. Je suis venue te trouver pour te rendre ta vraie place."
"Que veux-tu dire ?"
"Je veux dire, gamine, que tu es la comtesse Hendrake."
"Impossible, je ne..."
"Je n'ai pas le temps de t'expliquer maintenant. Tu vas venir avec moi et tenir le rôle. A moins que tu ne préfères vivre dans la rue ?"
Meyrne hésitait. C'était une chance inespérée. C'était comme dans les contes. Et l'accent de vérité dans la voix de Namarra, son regard franc l'incitaient à lui faire confiance. Mais qu'en aurait pensé Dawn ?
"D'accord. Je viens."
Namarra a sourit froidement.
"Parfait." Avec cette gamine, je relèverai la Maison Hendrake. Je lui offrirais sa vengeance. Nous n'oublions pas, nous ne pardonnons pas.
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Message  La Dame Dim 10 Mar 2013, 10:26

Ailleurs, il y a quelques jours.

La haute canopée filtrait la lumière de la lune blanche, découpant au sol de curieux motifs mouvants, lui offrant sous la voûte feuillue une douce couleur verte d'une qualité particulière. Par la fenêtre aux carreaux ouverts, elle venait baigner quelques vieux objets oubliés sur le rebord, tristement poussiéreux. Une théière vide dont le ventre béait comme la gueule ouverte d'un antique monstre marin, un bol fendu, isolé, ultime trace d'une ancienne existence aujourd'hui laissée de côté. Un léger courant d'air faisait claquer les rideaux déchirés, d'un blanc passé et taché de moisissure, vers l'extérieur inondé de l'éclat lunaire.
La vieille bâtisse donne cette impression d'abandon, de regret pour les temps passés et cette gloire qui fut sienne à l'époque des rois et du sommeil des morts. Ancienne tour à demi-écroulée et déjà en lutte pour son peu d'intégrité contre une nature sauvage s'agrippant à ses flancs de pierre qu'elle cherche à disloquer par ses vrilles, simple fragment d'un tout plus vaste déjà enfoui hors des mémoires, la bâtisse se dresse encore orgueilleusement entre deux arbres alignés. Seuls demeurent le rez-de-chaussée et le premier étage; celui-ci étant encore couvert du plancher du second, partagé entre les pierres écroulées, l'humidité et le lierre envahissant. La fenêtre ouverte y donne, et la réverbération de la lumière y révèle un mobilier frustre dans une pièce circulaire et désordonnée. Sol et meubles, tout est recouvert de parchemins éparpillés sans ordre ni distinction, certains vierges, d'autres couverts de croquis et de schéma à la précision variable ou d'une écriture rapide et resserrée qui court le long des pages.
Quant aux murs sur lesquels la mousse et les plantes grimpantes ont déjà donné l'assaut, s'insinuant entre les blocs mal joints, ils sont en grande partie occupés par des rayonnages supportant nombre de volumes de tailles diverses, solidement reliés, leurs noms dorés gravés dans la tranche luisant doucement. Ils apparaissent méticuleusement rangés et classés, traités avec un soin presque psychotique.
Et juste devant la fenêtre, un petit bureau bancal et pourtant solide. Un crâne humain patiné par l'usage y cale une pile de parchemins fraîchement remplis, autour de laquelle sautille et croasse un corbeau au plumage immaculé. Comme un commensal habilité à la critique, il distille son léger babillage autour de la créature qui, assise à la table, écrit sans cesse, la main serrée sur la plume d'oie volant sur le parchemin lisse comme un oiseau au-dessus d'une mer étale.
Mince silhouette dont la chevelure blanche, rêche comme celle d'une vieille femme, couvre les épaules et court le long du dos, l'être se tient voûté sur son travail, les omoplates saillantes. C'est un visage asexué que la lune baigne, et une silhouette parfaitement androgyne. Un léger galbe de la poitrine et des hanches laisse planer le doute sur le genre de la créature, pourtant fine comme un jeune garçon. Sa main osseuse tient la plume avec une fermeté que d'autres emploieraient pour manier épée et bouclier, et son regard ne dévie pas de sa ligne. Le lieu lui est parfaitement connu, et autour de son antre de blancheur, le silence règne en maître, à peine souligné par les crissements de la plume et les commentaires de l'oiseau.
Puis, la tranquille quiétude ambiante vole en éclats. Un second corbeau blanc, dépenaillé, se pose en croassant frénétiquement aux côtés de son frère. Une ombre couvre la lune, suivie d'un éclat d'acier.
Chronique esquive dans un réflexe impressionnant, renversant son siège en arrière, et, alors que plumes et parchemins volent, retombant sur les flaques d'encre renversée, Désordre vient s'accroupir sur la table de travail, le visage fendu par son démentiel sourire. Levant la main, elle jette quelques feuilles froissées vers Chronique.
"Je suis venue chercher la suite de l'histoire."
L'autre s'est remis debout, calmement, impassible.
"Depuis quand les interceptes-tu ?"
"Oh. Quelques semaines, quelques mois tout au plus."
"Ces lettres ne t'étaient pas destinées."
"J'ai cru le comprendre."
Désordre ramène sa lame devant elle sans cesser de sourire à Chronique.
"Tu te cachais bien, mais maintenant c'est terminé. La main de la Dame se referme."
Elle se lance contre Chronique, frappant de tout côté, avec une vivacité folle ponctuée d'éclats de rire dissonants. Chronique ne peut qu'esquiver, reculant de plus en plus, incapable de rendre les coups.
Puis Désordre feinte de sa lame pour frapper du poing en plein visage, projetant son adversaire à terre et laissant flotter un parfum d'Ombre dans l'air.
Alors que le calme revient, Désordre lâche un bref gloussement et parcourt la salle, raflant au passage quelques feuilles qu'elle range soigneusement dans une sacoche.
Au milieu des parchemins couvrant le sol, Chronique reste prostré, laissant de temps à autre échapper un gémissement.
Perdant son sourire, Désordre le contemple en silence.
Regard sans âme.
Qui se détourne ensuite.
"Allez. N°10 va piéger Passage et il serait dommage de rater ça."
La Dame
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Message  La Dame Lun 20 Mai 2013, 11:51

Ramène-nous.
La voix se faisait insistante, tantôt enjôleuse, tantôt impérieuse; martelant parfois son esprit de ses injonctions, ou les lui soufflant à l'oreille comme une amante le ferait de ses mots doux.
Ramène-nous.
Il l'ignora. Traînant son long manteau à la couleur passée, usé et par endroits déchiré, il inspectait la chapelle à demi-effondrée.
Ramène-nous !
Cette fois, la voix se fait plus pressante, laissant planer courroux et menaces dans son intonation.
S'agenouillant dans un craquement d'articulations fatiguées, il ramassa un bras encore enserré de l'armure de cuir bleuté. Et laissa échapper un gloussement.
Repoussant d'autres décombres, il dégagea le reste du corps. Éventré de haut en bas, la déchirure révélait organes et rouages imbriqués. Immobiles. La putréfaction avait déjà commencé son œuvre.
Ramène-nous.
Suave, mielleuse, la voix lui contait maintenant mille promesses. Conciliante. Cajoleuse. Désespérée.
"Ma pauvre Passage. Dans quel état t'es-tu mise..."
Sa voix à lui était grave, rocailleuse. Son absence totale d'émotion fit taire les récriminations de Passage.
Il la saisit par le menton pour l'attirer à lui, contemplant ses yeux vides.
"Ne m'importune plus", lui intima-t-il. "J'ai du travail. Trouve plutôt le repos."
Il déposa les membres, le corps de Passage, chacune de ses pièces, au creux de son manteau dont il noua les bords pour le hisser péniblement sur son dos.
La voix n'était plus qu'un murmure distant, suppliant, refusant de rejoindre enfin le Néant, étouffant.
Agacé, il agita la main autour de lui, comme pour chasser un insecte importun.
"Trouve plutôt le repos."
La voix se tut. Sans espoir.
La Dame
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