Le Puits de Soleil : Restauration.
Page 1 sur 1
Le Puits de Soleil : Restauration.
- Avant-propos : Le récit suivant aborde le passé de la famille Sunstolen et plus particulièrement de la dirigeante, Nera, lors de la restauration du Puits de Soleil. Je considère que ce ne sont pas vingt-cinq héros, qui, à eux seuls, sont parvenus à défaire toutes les expériences de Kael'thas au Plateau, mais bel et bien des centaines de soldats, menés par lesdits héros. J'ai tenté au mieux d'offrir à cet évènement un second souffle. Bonne lecture. -
Prologue.
Ce qui n'était qu'une rumeur était à présent véritable, l'annonce désormais officielle : Le prince déchu avait répandu sa démence sur l'île de Quel'danas. Tout de suite, une résistance s'était formée sous le nom de l'Opération Soleil Brisé, en référence aux espoirs conviés fut un temps à Kael'thas, ces derniers se transformant vite en cauchemars.
L'appel aux armes fut lancé dans la terrible Horde tout comme dans la respectable Alliance. Ce mage de sang était devenu bien trop fou, trop puissant, pour que l'on place ses terrifiants projets à un rang secondaire. Il était à présent la menace numéro une.
Chapitre I.
L'Aînée fut bien vite alertée, et ordonna à l'ensemble de sa maison de se réunir au domaine.
Tous étaient présents. Son bras droit mais aussi frère, Vlen Sunstolen, était en tête de l'armée formée. Il s'agenouilla face à la matriarche, et tous les autres suivirent le mouvement.
Elle leur fit signe de se relever, et annonça la triste nouvelle dans un ton résonnant.
« Mes frères, mes sœurs, le Prince s'est emparé de Quel'danas et du Puits de Soleil. L'heure est grave, et la Nation a besoin de chacun d'entre nous ! »
Elle fit une pause, observant quelques têtes. Une partie des soldats semblait furieuse. Furieux contre de chien de Kael'thas, qui en plus d'avoir trahi son ancienne patrie à mainte reprises, se voyait aujourd'hui la menacer.
« La menace est prioritaire. Aussi, l'ensemble de la Horde et de l'Alliance vont à présent investir notre île afin de défaire le traître ! » Son regard était empli d'une haine sans précédent. Tout comme ses semblables, le Prince représentait à une époque le renouveau de son peuple. Ce dernier s'était égaré en chemin d'une façon impardonnable, et Nera avait la rancune tenace.
Un soldat dans les rangs s'exclama : « Nous battre aux côtés de l'Alliance ?! Inconcevable ! » Vlen se retourna à moitié, localisant l'effronté et leva mollement sa main vers lui. Le soldat fut prit soudainement d'une migraine atroce, se tenant la tête en hurlant une seconde avant de respirer comme un bovin, serrant les dents à se les briser. Il tomba finalement à genoux, posant lourdement ses paumes contre le sol.
L’Instructeur jeta un regard convaincu vers la matriarche. « Continuez, ma sœur. »
Nera hocha imperceptiblement la tête. Elle était entourée de deux bannières gigantesques. À sa gauche siégeait l’emblème de la nation Sin'dorei, prônant d'une couleur or sur un fond vermillon ; à sa droite s'étendait fièrement le symbole des Sunstolen : Un sombre phénix aux veines de lave formant un flamboyant « S » grâce à ses ailes. Derrière lui, un soleil aveuglant semblant intouchable et brûlant ; l'ensemble sur un fond embrasé.
Fière et droite, l'Aînée s'intégrait parfaitement à ces deux étendards ; elle-même vêtue d'une armure prestigieuse accordée aux fils de la nation les plus loyaux.
Dans son dos se présentait le digne bâtiment, situé au sommet d'une colline. En haut de l'escalier menant à l'entrée principale, elle surplombait l'ensemble ; représentant avec exactitude la hiérarchie pyramidale de la maison.
Elle observa lentement ses suivants, en commençant par la droite. Le Chevalier-Maître Sedan Thelryn se tenait respectueusement, avec une pointe d'arrogance propre aux Chevaliers de sang. Juste derrière elle se tenaient ses subordonnés. Tous trois portaient l'armure noire et rouge propre à l'institution de la Dame Liadrin. À la fin se présentaient une centaine de soldats lourdement armés.Tous portaient l'uniforme ; un bouclier thalassien bien plus imposant que les classiques, et une éminente lame.
Elle détourna les yeux, pour tomber sur frère préféré, Vlen. Celui-ci se tenait mieux que quiconque, mélangeant avec aisance respect et charisme. Dans sa terrifiante tenue de Corrupteur, il observait fermement sa sœur, lui vouant un respect sans limite, mais aussi une pointe d'admiration. Dans son dos se trouvaient une dizaine de démonistes vêtus de robes à l'image des sorciers Sin'dorei. Tous sans exception portaient un bâton renfermant un cristal servant de réceptacle à l'arcane ; excepté le frère, où un artefact considéré comme légendaire par l'ensemble de la maison siégeait à sa ceinture. Une lame renfermant une quantité astronomique de felmagie, que le talentueux Démoniste à présent Intructeur au sein de la prestigieuse académie de Silvermoon parvenait à contenir.
Ses yeux tombèrent ensuite sur Athial. Cette Ranger-capitaine portait une tenue semblable à celle que le Général Windrunner vêtait avant de rejoindre les non-morts. Cette armure se distinguait cependant de l'originale à de nombreuses reprises. Derrière, une cinquantaine de rangers et de pérégrins se tenaient droits comme des poteaux, formant une suite de clones ; seul leur arc respectif permettait de les distinguer.
Finalement, elle observa le cadet, Daelh. Il ressemblait à s'y méprendre à un chasseur de primes. Contrairement aux autres, il ne possédait pas d'unité officielle sous sa direction, mais une bande de mercenaires lui obéissant au doigt et à l'œil. Tous payés mensuellement par la maison, ils ne purent refuser de participer.
Toutes les tensions qu'il pouvait y avoir entre les différentes factions de cette maison se dispersèrent aussitôt la nouvelle parvenue. La sécurité de la nation, la patrie, étaient des priorités absolues, et quiconque n'était pas de cet avis ne méritait pas de combattre dans les rangs des Sunstolen. L'Aldor et les Clairvoyants étaient eux-mêmes parvenus à s'allier pour faire face à l'urgence, prouvant que rien n'est impossible en matière de tolérance et de diplomatie.
« Fils du Soleil ! Faites honneur à Quel'thalas. Faites honneur au Seigneur-Régent. Faites honneur aux Sunstolen. Faites-moi honneur. La peur vous est refusée, seule la victoire vous sera accordée ! »
Elle leva le poing, et l'ensemble des présents suivirent le mouvement. Même l'Instructeur s'accorda cette déviance.
Les embarcations étaient prêtes. Toutes les troupes se dirigeaient à présent vers l'île. La présence des nagas, en force dans leur territoire, la mer ; n'impressionnait en aucun cas la maison. Les pérégrins et les rangers firent preuve de leur agilité et de leur précision habituelle, déversant une pluie de flèches et de carreaux vers les assaillants. Les pertes furent minimes.
Ils accostèrent au nord de l'île, forcés de voir que le reste était aux mains des déshérités et des démons. Le pouls s'accélérait en chacun d'eux. Nera toucha le sol la première suivie de sa famille. Un Colonel de l'Opération lui fit signe de faire débarquer ses soldats. La ligne Sunstolen se forma à l'identique que dans le bois des Chants Éternels, à l'exception que Vlen avait à présent rejoint ses démonistes, laissant la place centrale à sa sœur aînée.
Le Colonel, dans une voix grave et tonitruante, débriefa la situation. Il donna les ordres aux troupes et aux membres de la famille, ces derniers responsables de ces premières. Un salut militaire, et voilà que les troupes s'élançaient vers l'Armurerie, le Sanctum Arcanique ayant déjà été conquis auparavant.
Pendant plusieurs jours, la bataille fit rage. Toute la maison Sunstolen était mise à rude épreuve. Les démons étaient impitoyables, et terrassaient petit à petit les troupes. Les pertes n'étaient pas dramatiques. Quasiment l'ensemble des soldats n'avaient rien de néophytes. Ils avaient tous participé aux deux dernières Grandes Guerres, et ne se laissaient pas impressionner par des démons, aussi puissants soient-ils. Ils n'avaient cependant pas le droit à l'erreur, et tous le savaient.
Pendant ce temps, les héros de l'Alliance et de la Horde s'étaient chargés du Prince. La Terrasse des magistères avait vu couler le sang et les larmes. Kael'thas n'était plus.
Les inquiétudes se tournèrent alors vers le Plateau du Puits de Soleil. Kalecgos avait fait part de ce qu'il s'y tramait aux héros de la Terrasse des Magistères, et ces derniers avaient bien vite relayé l'information.
Un nombre incalculable d'individus s'entassèrent devant l'entrée du bâtiment une fois celui-ci accessible. Tous armés, la rage au ventre, mais aussi la peur. Nera était en retrait avec ses troupes, néanmoins prêtes à en découdre. Les entités qu'étaient les héros d'Azeroth étaient en première ligne. Des druides Kal'dorei sur leur resplendissant Sabre-de-givre respectif, des berserkers Orcs sur la selle de leur loups agressifs, et ainsi de suite.
Nera s'apprêta à y aller lorsque l'assaut fut lancé, mais le Colonel qu'elle avait rencontré il y a de cela quelques jours lors de leur arrivée sur l'île la retint par le bras.
« J'ai quelque chose pour vous. »
Elle haussa un sourcil, à moitié mécontente d'être stoppée ainsi dans sa volonté d'honorer sa patrie. Elle ordonna à ses troupes de poursuivre l'assaut ; puis se tourna vers le Colonel en le dévisageant du regard.
« Malgré le drame que représente le départ de votre sœur, sachez bien que je n'ai jamais douté des intentions de votre maison. Vos paternels – paix à leur âme – avaient fois en notre renouveau et je suis forcé de constater qu'ils ont su vous enseigner ces valeurs. Venez avec moi. »
Il la dirigea vers une tente gardée par un Chevalier de sang elfe, un Redresseur de torts Draenei et deux sentinelles arcaniques. « Attendez moi ici, j'en ai pour un court instant. »
Une minute plus tard, l'homme présenta entre ses mains deux poings de Vanir. Ces armes honorifiques ne sont généralement pas accordées à n'importe qui, et Nera en eut le souffle coupé quelques secondes.
« Votre loyauté n'est plus à prouver. Et il est temps que vous soyez récompensée. »
Ces armes de pugilat semblaient presque sorties de l'imagination d'un forgeron aux rêves les plus fous. Forgées dans un métal dont Nera ignorait la nature, elles ne présentaient absolument aucun défaut. Celles-ci étaient colorées à l'image de la nation. Andrinople, ambre et émeraude. Une touche de cyan au centre, certainement pour tirer les enseignements du passé.
Elle les prit en main. Légères comme des plumes, acérées comme des griffes.
« Me les cédez-vous le temps de cette bataille, ou à titre permanent ? »
« Si vous survivez, elles sont à vous. » Il ricana amicalement. Nera sourit.
« Vous me voyez désolé pour... votre sœur. »
Elle grimaça. À cette époque, elle ne vouait pas une haine encore pure et parfaite à Adenn. Chaque fois qu'elle repensait à elle, une tristesse immense qu'elle s'efforçait de cacher s'emparait d'elle. Quelle idiote, quelle idée de les trahir pour rejoindre l'Alliance ?
Le Colonel sortit l'Aînée de sa mélancolie passagère.
« Allez-y, maintenant. »
La concernée prit ses poings de Vanir en mains, faisant quelques mouvements de poignets avec avant de s'élancer sur un pas rythmé vers le Plateau du Puits de Soleil.
Chapitre II.
S'aventurant dans les premiers couloirs, elle fut bien forcée de reconnaître que l'architecture était splendide, plus encore que la capitale. La corruption se montrait tout à fait présente ; certains cristaux noircis. Même les murs semblaient malades, souillés, comme si tout ce mal s'était emparé d'eux, leur donnant un air meurtri. La végétation quant-à-elle mutait. De simples chardons de mana prenaient l'apparence de plantes monstrueuses, prêtes à dévorer les plus téméraires. Tout ceci apportait aux lieux une ambiance lugubre, austère.
Nera avançait lentement. Elle entendait au loin les premières lames qui s'entrechoquaient, les incantations dévastatrices et autres phénomènes magiques. Se faisaient aussi ouïr les cris de sa patrie. Elle devinait que les pertes étaient d'ores-et-déjà lourdes.
Soudainement, un hurlement résonna au loin. Un son inconnu, terrifiant. L'on aurait dit que cette chose s'était totalement perdue, aboyant sa dernière complainte. Les cadavres inondaient le sol, et le sang formait comme une marre infinie sur toute la longueur. Elle se raidit, renfermant son étreinte sur ses pugilats, aux aguets.
Elle accéléra le pas, malgré le danger qui pouvait survenir à tout moment. Elle devait rattraper l'ensemble des troupes.
Les couloirs étaient interminables. Tous se ressemblaient, et Nera commençait à s'inquiéter.
Un bruit se fit entendre derrière elle, ce qui la fit se retourner instinctivement. Des yeux verts, bien plus luminescents que ceux de ses semblables, l'observaient au fond du couloir qu'elle venait d'emprunter. Une silhouette à peine visible, mais dérangeante. Des cornes, plus de deux mètres vingt de haut. Un véritable monstre. La silhouette sortit de l'ombre pour charger Nera. Elle vit alors une elfe, ou ce qui devait en être une. La felmagie s'était emparée d'elle, lui donnant une apparence de démons. L'Aînée se demanda d'ailleurs quelle quantité de mana elle devait ingurgiter quotidiennement afin de ne pas faire une crise, et grimaça brièvement en se souvenant de son dernier manque. Sa vitesse était incroyable, presque irréaliste. À peine Nera était-elle sortie de ses pensées que le cauchemar brandissait sa gigantesque lame à deux mains vers le plafond, prête à l'abattre sur la malheureuse. Elle serra les poings à s'en faire saigner sur ses pugilats et les dressa en parade au dessus de son visage pour éviter le coup fatal.
Une violence inouïe s'échappa de cette parade. Nera fut écrasée au sol, à moitié sonnée. La peur lui prit les tripes. La mutée l’attrapa aussitôt par le cou, commençant à la soulever à une trentaine de centimètres du sol. Elle leva sa main – ou plutôt griffe – gauche devant le visage de la Matriarche et commença à absorber son mana, son essence vitale. Nera gémit un premier temps, puis sentit son âme s'échapper. Elle avait vu la mort à plusieurs reprises, mais cette fois-ci, elle n'avait rien d'appréciable, vraiment. Rien à voir avec une « libération », c'était une mise en abîme. Un cauchemar éveillé.
Le sifflement d'une flèche se fit entendre depuis l'entrée du couloir. Celle-ci se logea dans le flanc de la bête, qui lâcha une râle d'insatisfaction. Elle relâcha son étreinte, et Nera tomba lourdement au sol. La vision floue, les pensées torturées, l'Aînée ne tarda pas à sombrer dans l'inconscience.
L'on connaît tous des réveils difficiles. Migraine, mal de ventre ; tous ces symptômes qui offrent un mauvais départ à une journée. Nera pouvait maintenant dire qu'elle avait vécu le pire.
Les premières secondes furent déstabilisantes. Bouche pâteuse, vision distordue et pensées brouillées. Ses yeux ne parvenaient à s'ouvrir qu'avec un ultime effort. Un chevalier de sang se tenait face à elle, agenouillé tandis qu'elle était appuyée contre le mur. Il l'observait avec une légère inquiétude, mais souriait de temps à autres, sachant qu'il n'aurait pas à faire face à un décès.
Plutôt âgé, le visage endurci par l'expérience et la mine sévère, il inspirait à la fois la crainte et l'amical grand-frère toujours prêt à vous porter secours. Des cheveux longs argentés, tombant jusqu'au milieu du torse.
« Com-... Combien ? » Il haussa un sourcil. La voix de sa protégée était faible, presque incompréhensible.
Elle tendit la main vers lui, effleurant son visage de son gantelet.
« Pourriez-vous répéter ? » dit-il. Elle fronça les sourcils. Qu'était-il en train de lui dire ? L'heure n'était pas aux devinettes, il y avait urgence, et malgré son corps handicapé, son esprit était bouillonnant, retrouvant petit à petit sa lucidité.
« Combien... de temps ! » Il haussa les sourcils. « Vous avez dormi ? Environ trois heures. Kalecgos a été libéré de son emprise. Nous sommes miraculeusement parvenus à défaire le Seigneur des abîmes Brutallus et le le Dragon squelettique Felmyst. »
Elle écarquilla les yeux. « Je... Quoi ? Pourquoi êtes-vous revenu, en ce cas ? »
Il s'esclaffa un instant avant de reprendre son sérieux. « Vous pensez vraiment que je serai là si j'étais aux côtés de la première ligne ? Non pas que vous n'êtes d'aucun intérêt, mais avouez que vous n'avez rien de prioritaire. »
Elle sourit. « J'en conviens. Merci pour votre soutien, j'ai bien cru y passer. Vous êtes ? »
« Adelienor Lightsong, Chevalier-Champion. » Il fit une brève pause. « La bête s'est enfuie. Certains des nôtres l'ont poursuivi. Ils ont disparu, et comme si cela ne suffisait pas, le monstre est revenu avec plusieurs de ses semblables. Un miracle que vous n'ayez pas été blessée pendant l'affrontement. Ils ont du croire que vous étiez morte. »
Elle pencha la tête sur le côté. En effet, une dizaine de cadavres supplémentaires s'étaient joints à la fosse commune improvisée. Parmi eux, une majorité de soldats, et trois mutés. Elle aperçut au même moment une mèche de cheveux. Elle crut tout d'abord qu'il s'agissait d'une mèche rebelle de son sauveur, mais ces cheveux-ci étaient bien moins brillants, bien moins vivants. Elle leva sa main droite pour saisir une de ses mèches et la fit passer devant ses yeux. Grisâtres. Ces cheveux d'un blond platine étaient à présents comme inertes. Elle écarquilla les yeux et Adelienor ne put s'empêcher de le remarquer.
« Vos cheveux, c'est cela ? Dites vous que c'est une cicatrice de guerre. Maintenant si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais progresser. »
Elle acquiesça mollement, récupéra ses armes au sol puis se releva en chancelant avant de se stabiliser.
À présent accompagnée d'un Chevalier-champion et de ses subordonnés, Nera observait les lieux autrement ; non plus comme une proie à la merci de son environnement, mais plutôt comme une exploratrice qui ne demandait qu'à en découdre. Ils passèrent par le pont, observant avec joie l'armure de Sathrovarr le Corrupteur au sol. Les autres étaient parvenus à défaire un Nathrezim, et cela redonna espoir à tout le monde.
Ils continuèrent leur avancée. De très loin, les cris, les hurlements ; la fureur de la bataille se faisait entendre. Elle observa Adelienor, ce dernier devant elle, menant le groupe. Il semblait implacable, imperturbable ; faisant claquer ses bottines de plaque contre le sol à chacun de ses pas comme pour s'annoncer à l'ennemi. Il n'avait peur de rien.
Leur avancée se poursuivit. L'immense cadavre du Seigneur des Abîmes s'étalait au sol aux côtés de celui du Dragon, à présent inerte de façon définitive. Le sol était complètement souillé. Noir de cendres et d'herbe morte. Cela rappela à tout le monde la Malebrêche.
Ils ne s'attardèrent donc pas sur les lieux, progressant dans l'interminable couloir extérieur, parsemé de salles et de tournants.
Ils tombèrent alors sur Athial et une dizaine de ses rangers ; en train de combattre des diablotins qui venaient probablement de surgir d'un étage supérieur.
Les elfes tenaient bon bien que les adversaires n'étaient pas médiocres. Les flèches fusaient dans une grâce propre à leur race, ne ratant qu'exceptionnellement leur cible. L'un des forestiers reçut alors une incinération ; ces flammes rampantes arpentaient le sol dans des déviations hasardeuses, et ne comptaient pas s'arrêter jusqu'à ce que leur cible soit consumée jusqu'aux os. Une fois aux pieds du malheureux, elles s'agrippèrent à ses jambes pour remonter jusqu'à son crâne ; ne laissant une fois le travail fini qu'une silhouette de cendres qui s'évapora suite à une brise.
Nera et les autres chargèrent. Au même moment, Athial se retrouva plaquée contre un mur pour esquiver une sphère de feu démentielle. Juste au dessus d'elle, à une terrasse, un autre diablotin commença à son tour à invoquer une incinération mortelle. Nera vit le décès s'annoncer, et bondit sur les infrastructures pour intercepter le démon. Les flammes continuaient leur progression infernale jusqu'à sa sœur, et celles-ci se rependirent finalement sur le bras gauche. La sœur laissa son arc tombé en hurlant à la mort. Nera arriva alors sur le côté du diablotin, lui initiant son pugilat dans ce qui semblait être son crâne. L'arme pénétra la créature avec une facilité déconcertante, sa tête se distordant telle de la guimauve avant qu'il ne disparaisse pour se régénérer dans le Néant. Les flammes disparurent, n'ayant à ce moment précis pas encore réduit le bras de sa sœur en miettes. Elle était cependant brûlée au troisième degré, et le Chevalier-Champion s'empressa de venir la soigner pendant que ses hommes terminaient les derniers diablotins.
Les ennuis ne faisaient que commencer.
Prologue.
Ce qui n'était qu'une rumeur était à présent véritable, l'annonce désormais officielle : Le prince déchu avait répandu sa démence sur l'île de Quel'danas. Tout de suite, une résistance s'était formée sous le nom de l'Opération Soleil Brisé, en référence aux espoirs conviés fut un temps à Kael'thas, ces derniers se transformant vite en cauchemars.
L'appel aux armes fut lancé dans la terrible Horde tout comme dans la respectable Alliance. Ce mage de sang était devenu bien trop fou, trop puissant, pour que l'on place ses terrifiants projets à un rang secondaire. Il était à présent la menace numéro une.
Chapitre I.
L'Aînée fut bien vite alertée, et ordonna à l'ensemble de sa maison de se réunir au domaine.
Tous étaient présents. Son bras droit mais aussi frère, Vlen Sunstolen, était en tête de l'armée formée. Il s'agenouilla face à la matriarche, et tous les autres suivirent le mouvement.
Elle leur fit signe de se relever, et annonça la triste nouvelle dans un ton résonnant.
« Mes frères, mes sœurs, le Prince s'est emparé de Quel'danas et du Puits de Soleil. L'heure est grave, et la Nation a besoin de chacun d'entre nous ! »
Elle fit une pause, observant quelques têtes. Une partie des soldats semblait furieuse. Furieux contre de chien de Kael'thas, qui en plus d'avoir trahi son ancienne patrie à mainte reprises, se voyait aujourd'hui la menacer.
« La menace est prioritaire. Aussi, l'ensemble de la Horde et de l'Alliance vont à présent investir notre île afin de défaire le traître ! » Son regard était empli d'une haine sans précédent. Tout comme ses semblables, le Prince représentait à une époque le renouveau de son peuple. Ce dernier s'était égaré en chemin d'une façon impardonnable, et Nera avait la rancune tenace.
Un soldat dans les rangs s'exclama : « Nous battre aux côtés de l'Alliance ?! Inconcevable ! » Vlen se retourna à moitié, localisant l'effronté et leva mollement sa main vers lui. Le soldat fut prit soudainement d'une migraine atroce, se tenant la tête en hurlant une seconde avant de respirer comme un bovin, serrant les dents à se les briser. Il tomba finalement à genoux, posant lourdement ses paumes contre le sol.
L’Instructeur jeta un regard convaincu vers la matriarche. « Continuez, ma sœur. »
Nera hocha imperceptiblement la tête. Elle était entourée de deux bannières gigantesques. À sa gauche siégeait l’emblème de la nation Sin'dorei, prônant d'une couleur or sur un fond vermillon ; à sa droite s'étendait fièrement le symbole des Sunstolen : Un sombre phénix aux veines de lave formant un flamboyant « S » grâce à ses ailes. Derrière lui, un soleil aveuglant semblant intouchable et brûlant ; l'ensemble sur un fond embrasé.
Fière et droite, l'Aînée s'intégrait parfaitement à ces deux étendards ; elle-même vêtue d'une armure prestigieuse accordée aux fils de la nation les plus loyaux.
Dans son dos se présentait le digne bâtiment, situé au sommet d'une colline. En haut de l'escalier menant à l'entrée principale, elle surplombait l'ensemble ; représentant avec exactitude la hiérarchie pyramidale de la maison.
Elle observa lentement ses suivants, en commençant par la droite. Le Chevalier-Maître Sedan Thelryn se tenait respectueusement, avec une pointe d'arrogance propre aux Chevaliers de sang. Juste derrière elle se tenaient ses subordonnés. Tous trois portaient l'armure noire et rouge propre à l'institution de la Dame Liadrin. À la fin se présentaient une centaine de soldats lourdement armés.Tous portaient l'uniforme ; un bouclier thalassien bien plus imposant que les classiques, et une éminente lame.
Elle détourna les yeux, pour tomber sur frère préféré, Vlen. Celui-ci se tenait mieux que quiconque, mélangeant avec aisance respect et charisme. Dans sa terrifiante tenue de Corrupteur, il observait fermement sa sœur, lui vouant un respect sans limite, mais aussi une pointe d'admiration. Dans son dos se trouvaient une dizaine de démonistes vêtus de robes à l'image des sorciers Sin'dorei. Tous sans exception portaient un bâton renfermant un cristal servant de réceptacle à l'arcane ; excepté le frère, où un artefact considéré comme légendaire par l'ensemble de la maison siégeait à sa ceinture. Une lame renfermant une quantité astronomique de felmagie, que le talentueux Démoniste à présent Intructeur au sein de la prestigieuse académie de Silvermoon parvenait à contenir.
Ses yeux tombèrent ensuite sur Athial. Cette Ranger-capitaine portait une tenue semblable à celle que le Général Windrunner vêtait avant de rejoindre les non-morts. Cette armure se distinguait cependant de l'originale à de nombreuses reprises. Derrière, une cinquantaine de rangers et de pérégrins se tenaient droits comme des poteaux, formant une suite de clones ; seul leur arc respectif permettait de les distinguer.
Finalement, elle observa le cadet, Daelh. Il ressemblait à s'y méprendre à un chasseur de primes. Contrairement aux autres, il ne possédait pas d'unité officielle sous sa direction, mais une bande de mercenaires lui obéissant au doigt et à l'œil. Tous payés mensuellement par la maison, ils ne purent refuser de participer.
Toutes les tensions qu'il pouvait y avoir entre les différentes factions de cette maison se dispersèrent aussitôt la nouvelle parvenue. La sécurité de la nation, la patrie, étaient des priorités absolues, et quiconque n'était pas de cet avis ne méritait pas de combattre dans les rangs des Sunstolen. L'Aldor et les Clairvoyants étaient eux-mêmes parvenus à s'allier pour faire face à l'urgence, prouvant que rien n'est impossible en matière de tolérance et de diplomatie.
« Fils du Soleil ! Faites honneur à Quel'thalas. Faites honneur au Seigneur-Régent. Faites honneur aux Sunstolen. Faites-moi honneur. La peur vous est refusée, seule la victoire vous sera accordée ! »
Elle leva le poing, et l'ensemble des présents suivirent le mouvement. Même l'Instructeur s'accorda cette déviance.
Les embarcations étaient prêtes. Toutes les troupes se dirigeaient à présent vers l'île. La présence des nagas, en force dans leur territoire, la mer ; n'impressionnait en aucun cas la maison. Les pérégrins et les rangers firent preuve de leur agilité et de leur précision habituelle, déversant une pluie de flèches et de carreaux vers les assaillants. Les pertes furent minimes.
Ils accostèrent au nord de l'île, forcés de voir que le reste était aux mains des déshérités et des démons. Le pouls s'accélérait en chacun d'eux. Nera toucha le sol la première suivie de sa famille. Un Colonel de l'Opération lui fit signe de faire débarquer ses soldats. La ligne Sunstolen se forma à l'identique que dans le bois des Chants Éternels, à l'exception que Vlen avait à présent rejoint ses démonistes, laissant la place centrale à sa sœur aînée.
Le Colonel, dans une voix grave et tonitruante, débriefa la situation. Il donna les ordres aux troupes et aux membres de la famille, ces derniers responsables de ces premières. Un salut militaire, et voilà que les troupes s'élançaient vers l'Armurerie, le Sanctum Arcanique ayant déjà été conquis auparavant.
Pendant plusieurs jours, la bataille fit rage. Toute la maison Sunstolen était mise à rude épreuve. Les démons étaient impitoyables, et terrassaient petit à petit les troupes. Les pertes n'étaient pas dramatiques. Quasiment l'ensemble des soldats n'avaient rien de néophytes. Ils avaient tous participé aux deux dernières Grandes Guerres, et ne se laissaient pas impressionner par des démons, aussi puissants soient-ils. Ils n'avaient cependant pas le droit à l'erreur, et tous le savaient.
Pendant ce temps, les héros de l'Alliance et de la Horde s'étaient chargés du Prince. La Terrasse des magistères avait vu couler le sang et les larmes. Kael'thas n'était plus.
Les inquiétudes se tournèrent alors vers le Plateau du Puits de Soleil. Kalecgos avait fait part de ce qu'il s'y tramait aux héros de la Terrasse des Magistères, et ces derniers avaient bien vite relayé l'information.
Un nombre incalculable d'individus s'entassèrent devant l'entrée du bâtiment une fois celui-ci accessible. Tous armés, la rage au ventre, mais aussi la peur. Nera était en retrait avec ses troupes, néanmoins prêtes à en découdre. Les entités qu'étaient les héros d'Azeroth étaient en première ligne. Des druides Kal'dorei sur leur resplendissant Sabre-de-givre respectif, des berserkers Orcs sur la selle de leur loups agressifs, et ainsi de suite.
Nera s'apprêta à y aller lorsque l'assaut fut lancé, mais le Colonel qu'elle avait rencontré il y a de cela quelques jours lors de leur arrivée sur l'île la retint par le bras.
« J'ai quelque chose pour vous. »
Elle haussa un sourcil, à moitié mécontente d'être stoppée ainsi dans sa volonté d'honorer sa patrie. Elle ordonna à ses troupes de poursuivre l'assaut ; puis se tourna vers le Colonel en le dévisageant du regard.
« Malgré le drame que représente le départ de votre sœur, sachez bien que je n'ai jamais douté des intentions de votre maison. Vos paternels – paix à leur âme – avaient fois en notre renouveau et je suis forcé de constater qu'ils ont su vous enseigner ces valeurs. Venez avec moi. »
Il la dirigea vers une tente gardée par un Chevalier de sang elfe, un Redresseur de torts Draenei et deux sentinelles arcaniques. « Attendez moi ici, j'en ai pour un court instant. »
Une minute plus tard, l'homme présenta entre ses mains deux poings de Vanir. Ces armes honorifiques ne sont généralement pas accordées à n'importe qui, et Nera en eut le souffle coupé quelques secondes.
« Votre loyauté n'est plus à prouver. Et il est temps que vous soyez récompensée. »
Ces armes de pugilat semblaient presque sorties de l'imagination d'un forgeron aux rêves les plus fous. Forgées dans un métal dont Nera ignorait la nature, elles ne présentaient absolument aucun défaut. Celles-ci étaient colorées à l'image de la nation. Andrinople, ambre et émeraude. Une touche de cyan au centre, certainement pour tirer les enseignements du passé.
Elle les prit en main. Légères comme des plumes, acérées comme des griffes.
« Me les cédez-vous le temps de cette bataille, ou à titre permanent ? »
« Si vous survivez, elles sont à vous. » Il ricana amicalement. Nera sourit.
« Vous me voyez désolé pour... votre sœur. »
Elle grimaça. À cette époque, elle ne vouait pas une haine encore pure et parfaite à Adenn. Chaque fois qu'elle repensait à elle, une tristesse immense qu'elle s'efforçait de cacher s'emparait d'elle. Quelle idiote, quelle idée de les trahir pour rejoindre l'Alliance ?
Le Colonel sortit l'Aînée de sa mélancolie passagère.
« Allez-y, maintenant. »
La concernée prit ses poings de Vanir en mains, faisant quelques mouvements de poignets avec avant de s'élancer sur un pas rythmé vers le Plateau du Puits de Soleil.
Chapitre II.
S'aventurant dans les premiers couloirs, elle fut bien forcée de reconnaître que l'architecture était splendide, plus encore que la capitale. La corruption se montrait tout à fait présente ; certains cristaux noircis. Même les murs semblaient malades, souillés, comme si tout ce mal s'était emparé d'eux, leur donnant un air meurtri. La végétation quant-à-elle mutait. De simples chardons de mana prenaient l'apparence de plantes monstrueuses, prêtes à dévorer les plus téméraires. Tout ceci apportait aux lieux une ambiance lugubre, austère.
Nera avançait lentement. Elle entendait au loin les premières lames qui s'entrechoquaient, les incantations dévastatrices et autres phénomènes magiques. Se faisaient aussi ouïr les cris de sa patrie. Elle devinait que les pertes étaient d'ores-et-déjà lourdes.
Soudainement, un hurlement résonna au loin. Un son inconnu, terrifiant. L'on aurait dit que cette chose s'était totalement perdue, aboyant sa dernière complainte. Les cadavres inondaient le sol, et le sang formait comme une marre infinie sur toute la longueur. Elle se raidit, renfermant son étreinte sur ses pugilats, aux aguets.
Elle accéléra le pas, malgré le danger qui pouvait survenir à tout moment. Elle devait rattraper l'ensemble des troupes.
Les couloirs étaient interminables. Tous se ressemblaient, et Nera commençait à s'inquiéter.
Un bruit se fit entendre derrière elle, ce qui la fit se retourner instinctivement. Des yeux verts, bien plus luminescents que ceux de ses semblables, l'observaient au fond du couloir qu'elle venait d'emprunter. Une silhouette à peine visible, mais dérangeante. Des cornes, plus de deux mètres vingt de haut. Un véritable monstre. La silhouette sortit de l'ombre pour charger Nera. Elle vit alors une elfe, ou ce qui devait en être une. La felmagie s'était emparée d'elle, lui donnant une apparence de démons. L'Aînée se demanda d'ailleurs quelle quantité de mana elle devait ingurgiter quotidiennement afin de ne pas faire une crise, et grimaça brièvement en se souvenant de son dernier manque. Sa vitesse était incroyable, presque irréaliste. À peine Nera était-elle sortie de ses pensées que le cauchemar brandissait sa gigantesque lame à deux mains vers le plafond, prête à l'abattre sur la malheureuse. Elle serra les poings à s'en faire saigner sur ses pugilats et les dressa en parade au dessus de son visage pour éviter le coup fatal.
Une violence inouïe s'échappa de cette parade. Nera fut écrasée au sol, à moitié sonnée. La peur lui prit les tripes. La mutée l’attrapa aussitôt par le cou, commençant à la soulever à une trentaine de centimètres du sol. Elle leva sa main – ou plutôt griffe – gauche devant le visage de la Matriarche et commença à absorber son mana, son essence vitale. Nera gémit un premier temps, puis sentit son âme s'échapper. Elle avait vu la mort à plusieurs reprises, mais cette fois-ci, elle n'avait rien d'appréciable, vraiment. Rien à voir avec une « libération », c'était une mise en abîme. Un cauchemar éveillé.
Le sifflement d'une flèche se fit entendre depuis l'entrée du couloir. Celle-ci se logea dans le flanc de la bête, qui lâcha une râle d'insatisfaction. Elle relâcha son étreinte, et Nera tomba lourdement au sol. La vision floue, les pensées torturées, l'Aînée ne tarda pas à sombrer dans l'inconscience.
L'on connaît tous des réveils difficiles. Migraine, mal de ventre ; tous ces symptômes qui offrent un mauvais départ à une journée. Nera pouvait maintenant dire qu'elle avait vécu le pire.
Les premières secondes furent déstabilisantes. Bouche pâteuse, vision distordue et pensées brouillées. Ses yeux ne parvenaient à s'ouvrir qu'avec un ultime effort. Un chevalier de sang se tenait face à elle, agenouillé tandis qu'elle était appuyée contre le mur. Il l'observait avec une légère inquiétude, mais souriait de temps à autres, sachant qu'il n'aurait pas à faire face à un décès.
Plutôt âgé, le visage endurci par l'expérience et la mine sévère, il inspirait à la fois la crainte et l'amical grand-frère toujours prêt à vous porter secours. Des cheveux longs argentés, tombant jusqu'au milieu du torse.
« Com-... Combien ? » Il haussa un sourcil. La voix de sa protégée était faible, presque incompréhensible.
Elle tendit la main vers lui, effleurant son visage de son gantelet.
« Pourriez-vous répéter ? » dit-il. Elle fronça les sourcils. Qu'était-il en train de lui dire ? L'heure n'était pas aux devinettes, il y avait urgence, et malgré son corps handicapé, son esprit était bouillonnant, retrouvant petit à petit sa lucidité.
« Combien... de temps ! » Il haussa les sourcils. « Vous avez dormi ? Environ trois heures. Kalecgos a été libéré de son emprise. Nous sommes miraculeusement parvenus à défaire le Seigneur des abîmes Brutallus et le le Dragon squelettique Felmyst. »
Elle écarquilla les yeux. « Je... Quoi ? Pourquoi êtes-vous revenu, en ce cas ? »
Il s'esclaffa un instant avant de reprendre son sérieux. « Vous pensez vraiment que je serai là si j'étais aux côtés de la première ligne ? Non pas que vous n'êtes d'aucun intérêt, mais avouez que vous n'avez rien de prioritaire. »
Elle sourit. « J'en conviens. Merci pour votre soutien, j'ai bien cru y passer. Vous êtes ? »
« Adelienor Lightsong, Chevalier-Champion. » Il fit une brève pause. « La bête s'est enfuie. Certains des nôtres l'ont poursuivi. Ils ont disparu, et comme si cela ne suffisait pas, le monstre est revenu avec plusieurs de ses semblables. Un miracle que vous n'ayez pas été blessée pendant l'affrontement. Ils ont du croire que vous étiez morte. »
Elle pencha la tête sur le côté. En effet, une dizaine de cadavres supplémentaires s'étaient joints à la fosse commune improvisée. Parmi eux, une majorité de soldats, et trois mutés. Elle aperçut au même moment une mèche de cheveux. Elle crut tout d'abord qu'il s'agissait d'une mèche rebelle de son sauveur, mais ces cheveux-ci étaient bien moins brillants, bien moins vivants. Elle leva sa main droite pour saisir une de ses mèches et la fit passer devant ses yeux. Grisâtres. Ces cheveux d'un blond platine étaient à présents comme inertes. Elle écarquilla les yeux et Adelienor ne put s'empêcher de le remarquer.
« Vos cheveux, c'est cela ? Dites vous que c'est une cicatrice de guerre. Maintenant si vous n'y voyez pas d'inconvénient, j'aimerais progresser. »
Elle acquiesça mollement, récupéra ses armes au sol puis se releva en chancelant avant de se stabiliser.
À présent accompagnée d'un Chevalier-champion et de ses subordonnés, Nera observait les lieux autrement ; non plus comme une proie à la merci de son environnement, mais plutôt comme une exploratrice qui ne demandait qu'à en découdre. Ils passèrent par le pont, observant avec joie l'armure de Sathrovarr le Corrupteur au sol. Les autres étaient parvenus à défaire un Nathrezim, et cela redonna espoir à tout le monde.
Ils continuèrent leur avancée. De très loin, les cris, les hurlements ; la fureur de la bataille se faisait entendre. Elle observa Adelienor, ce dernier devant elle, menant le groupe. Il semblait implacable, imperturbable ; faisant claquer ses bottines de plaque contre le sol à chacun de ses pas comme pour s'annoncer à l'ennemi. Il n'avait peur de rien.
Leur avancée se poursuivit. L'immense cadavre du Seigneur des Abîmes s'étalait au sol aux côtés de celui du Dragon, à présent inerte de façon définitive. Le sol était complètement souillé. Noir de cendres et d'herbe morte. Cela rappela à tout le monde la Malebrêche.
Ils ne s'attardèrent donc pas sur les lieux, progressant dans l'interminable couloir extérieur, parsemé de salles et de tournants.
Ils tombèrent alors sur Athial et une dizaine de ses rangers ; en train de combattre des diablotins qui venaient probablement de surgir d'un étage supérieur.
Les elfes tenaient bon bien que les adversaires n'étaient pas médiocres. Les flèches fusaient dans une grâce propre à leur race, ne ratant qu'exceptionnellement leur cible. L'un des forestiers reçut alors une incinération ; ces flammes rampantes arpentaient le sol dans des déviations hasardeuses, et ne comptaient pas s'arrêter jusqu'à ce que leur cible soit consumée jusqu'aux os. Une fois aux pieds du malheureux, elles s'agrippèrent à ses jambes pour remonter jusqu'à son crâne ; ne laissant une fois le travail fini qu'une silhouette de cendres qui s'évapora suite à une brise.
Nera et les autres chargèrent. Au même moment, Athial se retrouva plaquée contre un mur pour esquiver une sphère de feu démentielle. Juste au dessus d'elle, à une terrasse, un autre diablotin commença à son tour à invoquer une incinération mortelle. Nera vit le décès s'annoncer, et bondit sur les infrastructures pour intercepter le démon. Les flammes continuaient leur progression infernale jusqu'à sa sœur, et celles-ci se rependirent finalement sur le bras gauche. La sœur laissa son arc tombé en hurlant à la mort. Nera arriva alors sur le côté du diablotin, lui initiant son pugilat dans ce qui semblait être son crâne. L'arme pénétra la créature avec une facilité déconcertante, sa tête se distordant telle de la guimauve avant qu'il ne disparaisse pour se régénérer dans le Néant. Les flammes disparurent, n'ayant à ce moment précis pas encore réduit le bras de sa sœur en miettes. Elle était cependant brûlée au troisième degré, et le Chevalier-Champion s'empressa de venir la soigner pendant que ses hommes terminaient les derniers diablotins.
Les ennuis ne faisaient que commencer.
Dernière édition par Athial Sunstolen le Mar 04 Déc 2012, 19:55, édité 12 fois
Srem
Sujets similaires
» [Les Dérives du Lore] La Bataille du Puits de Soleil
» Stan Grisbois, d'un carnet et Fourre-tout.
» Sous le soleil de midi
» Un coucher de soleil à Hurlevent
» Dernière heure de soleil.
» Stan Grisbois, d'un carnet et Fourre-tout.
» Sous le soleil de midi
» Un coucher de soleil à Hurlevent
» Dernière heure de soleil.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum