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[Journal du front] Nos poings levés

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Message  Zal'Nash/Jinzüa Jeu 02 Mai 2013, 22:49

1er jour du cinquième cycle de l'an 33

Aube,


Le sang, la sueur et les larmes...Jamais je n'oublierai ce voyage pour Kalimdor, alors que nous embarquions sur les frégates sans bannières de la grande insurrection, sur les côtes silencieuses de Gilnéas. Quinze jours de voyages se profilaient à l'horizon, et déjà l'odeur écoeurante du sel sur les grèves sèches, nous écœurait. Soixante soldats, armés et équipés dans la mesure du possible, animés par la seule volonté de combattre la tyrannie d'Hurlenfer, embarquaient sur les quelques navires mis à disposition. Vingt-trois heure : nous levions l'ancre, partant vers l'ouest incertain, afin de rejoindre les sables brûlant des Tarides, et rallier les maigres troupes qui s'évertuaient à crever pitoyablement sur le front. Nous partions pour le sang, pour les maigres quantités d'espoir que nous continuions d'entretenir, pour la possibilité d'arracher quelques unes des vies fidèlement dévouées à Garrosh.


Il était maigre, l'espoir. Un pâle spectre qui errait ici et là, dans les yeux ternes d'un matelot, ou dans quelques paroles épuisées échangées entre deux soldats. Je ne pouvais sentir que la lourde atmosphère que nourrissait l'attente, l'incertitude et aussi, la déception. Déception, car c'était sans doute la seule chose que nous avions tiré de la guerre en Gilnéas. Des semaines passées sous la pluie battante, à combattre les loups qui se terraient dans les caveaux et les ombres d'une ruelle, sans jamais comprendre vers quelle fin, nous amenait cette guerre d'usure. Des semaines passées dans la boue, à contempler les cieux malheureux, et à observer les brumes du soir, d'où jaillissaient quelque fois, un macabre corbeau. Nous n'avions rien trouvé en Gilnéas, sinon la mort de quelques uns des nôtres face aux horde réprouvées, dont la défaite ne semblait pas nous rapprocher du triomphe sur Garrosh, sinon de l'éloignement de notre lutte originelle. C'était deux semaines perdues dans la nuit, une poignées de nos chances de réussites s'étant évanouies dans les ténèbres de la côte lordaeronaise.


Je haïssais cela. Perdre du temps, pour des idées, des principes prônées par le clan, qui nous avaient mené dans une impasse, plutôt que vers une débouchée sur les chemins du triomphe. Plus que les autre soldats, je tirais de mon temps passé dans la lande gilnéenne, une amertume cinglante, passablement irrité par le comportement d'Orshan, le nouveau tenant du titre de Mok'Resh. L'usage de son nouveau pouvoir pour me mettre en cage n'était qu'une infime partie de l'amalgame détestable que j'avais pu voir évoluer au sein du noyau directeur du clan. Orshan entendait diriger les noirsangs selon sa vision de la horde, et ses principes fondateurs du monde. Rejet des réprouvés et des races plus arrivistes de la Horde, disqualification des cultures étrangères au chamanisme, refus du changement...Au delà d'être détestable dans son positionnement, Orshan ne semblait pas comprendre que ses idées, plutôt que de rendre possible le soulèvement, étaient une sclérose. Une paralysie totale, empêchant toute action. La résistance n'aura pas lieu sans que l'on accepte toute forme d'aide, de soutien, fut-il proposé par les alliés les plus inattendus...ou les plus détesté.


J'ai vu les légions orques de la Horde, se déverser en un essaim ravageur, des portes titanesques d'Orgrimmar. J'ai vu le pouvoir inimaginable de la Horde, dans les débarquement insensés ayant eut lieu en Pandarie. Garrosh a provoqué une frénésie meurtrière, qui a fait bouillir de fierté et de rage, les cœurs de dizaines de milliers d'orcs. Il a façonné une Horde à son image : guerrière, préparée, rusée, disciplinée, et loyale face à tout les obstacles. Il a apporté aux peuples fidèles, la capacité de croire en une nation capable d'incendier toutes les contrées d'Azeroth, et de soumettre le monde en un seul geste de la main...Les autres peuples...eh bien, ils ont servi d'exemple. Des races devenues vermines, pourchassées, discriminées, et bientôt, exterminés. Je le sais, car, si j'avais été à la place de Garrosh, aucun de mes gestes n'aurait été différent. La Horde, face au cataclysme, était faible. Il fallait réaffirmer son existence; prouver sa valeur au monde; montrer qu'elle avait le pouvoir, de façonner l'histoire, pour le meilleur comme pour le pire. Comment aurait-il pu agir autrement ? Sans ce pouvoir, ou du moins, cette illusion de pouvoir, les peuples de la bannières cramoisies, auraient été balayés par leur éternelle némésis. Notre monde est une jungle. A défaut d'être faible, la Horde devait paraitre forte.


Quelle cruelle ironie, de constater que, Garrosh, dans toute sa bonne conscience, avait provoqué sa perte, et celle de la Horde, en s'asseyant sur le trône de chef de guerre, ce beau jour d'été, après le départ de Thrall. Avant même qu'il ne donne son premier ordre, l'histoire était écrite. Car, face aux circonstances, Garrosh ne pouvait pas agir autrement. Et face à ses agissements, qui chaque jour grandissaient en ampleur et en audace, certains n'avaient d'autre choix, que de s'insurger. Certains se rebellaient contre la discrimination. D'autre contre cette progressive approche du monstrueux et du déshonnorable dans les décisions militaires. D'autres enfin, se retournaient contre le chef de guerre, leur colère attisée par sa progressive ascension vers le monarchisme, et le durcissement de ses opinions, de ses propos, de ses actions. Il n'avait pas le choix; et nous, non plus, n'avions pas le choix.


Je crois en un monde, où toute chose créée résulte uniquement de l'opposition d'une force et d'une contre-force. C'est du conflit, du génial affrontement des idées, des alliances et des races, que naît le changement, le progrès. Bien que je parvenais parfaitement à comprendre les actes du chef de guerre, j'en étais venu à un point où la rage dans mon coeur n'écoutait non plus ma raison, ou ma connaissance des faits, mais le seul désir de résister, de détruire, de combattre, d'opposer. C'était le feu noir de la haine, mais aussi les graines insidieuse de la folie, qui avaient semées en moi, le rejet de l'oppression, et l'écrasement de nos libertés déjà infimes, alors que Garrosh raffermissait sa poigne sur le contrôle de la Horde. La purge du clan, avait été un heurt en pleine poitrine, aiguisant mes aspirations carnassières, et me rangeant de facto dans le camp rebelle. Le sang de mes frères avait coulé, et persécutés, avaient été exilés au bout du monde. Comment pouvais-je agir autrement ? L'impact qu'ont les actes d'autrui sur nous, est bien plus fort que toutes les philosophies ou raisons du monde. Mon rôle dans l'histoire du monde était dès lors déterminé, poussé inévitablement dans le camp de la haine révoltée par le flot de mes sentiments.


Et c'était cela, plus que tout, que je pouvais ressentir, à bord de notre navire. La haine, la résolution aveugle devant laquelle la raison cédait le pas. Je pouvais entendre dans ce lourd silence, le hurlement de fureur de tout un peuple tirant rageusement sur ses chaînes, et levant le poing vers son geôlier. Je pouvais admirer dans ces regards, le feu inextinguible de la fureur, qui ne s'éteindrait pas avant d'avoir immolé chaque zélotes de l'adversaire, et enflammé des cités entières. Je pouvais sentir, dans ces souffles réguliers, l'ardeur du gladiateur, qui ne s'écroulerait pas dans le sable, avant d'avoir pourfendu un millier de ses ennemis, et un millier d'autre encore...


C'était pour cela que nous partions en Kalimdor. Pas pour de si vastes et pompeuses ambitions que la victoire; mais pour la guerre en elle même. Une guerre qui nous arracherait nos vies, mais aussi celles des séides d'en face. C'était un jeu, où nous avions perdu d'avance, et où le seul objectif, consistait à laisser derrière nous, le plus de flammes, le plus de sang et le plus de douleur possible. Nous partions dans une guerre, où chaque ennemi tué était une victoire. Et dans cette folie meurtrière, qui faisait bouillir le sang coulant dans nos veine, nous trouvions une extraordinaire beauté.


Nous étions les anges de l'apocalypse, partis sur les rivages brûlant, sans avoir rien à perdre et tout à prendre, assassinant, brûlant, décimant, envahissant, résistant. Et, dans cette frénésie destructrice dont nous ne tirerons que des cendres, des larmes et des morts, nous n'avions aucune intention d'arracher quoique ce soit d'autre, sinon de la fierté.


Et c'est de cette fierté, que pouvait naître l'espoir. L'espoir que la grandeur d'une minorité pouvait défaire le plus grand des empires. L'espoir que nos poings levés feraient reculer les porteurs du fouet.


L'espoir que nous, insurgés, pouvions changer la vie.


Dernière édition par Zal'Nash/Jinzüa le Jeu 02 Mai 2013, 23:04, édité 3 fois
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Message  Grise Franz Jeu 02 Mai 2013, 22:54

Superbe.
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Message  Zal'Nash/Jinzüa Ven 03 Mai 2013, 19:55

Troisième jour du cinquième cycle,

Crépuscule,


[Journal du front] Nos poings levés 1347649089-wallpaper-1744683-3de7bee

On raconte qu'alors qu'il regardait le ciel étoilé un soir d'hiver, Saka'jin des Zandalars aperçut parmi les lignes du firmament, des rayons de lumière diffuse qui embrassaient la voûte céleste, et semblaient danser avec les astres. Il les appela "aurore polaire", charmé par ces arabesques colorées, qui lui évoquaient les traces d'un serpent. Par la suite, d'autres y virent des manifestations d'Ulatek ou d'Hethiss, les saints loas, ou même une bénédiction. Alors que j'observe les astres, ce soir, je ne vois que l'ombre, qui s'épaissit alors que tombe la ténèbres, les dernières lueurs étouffant derrière les brumes lugubres rôdant au dessus des flots noirs. Alors que les navires progressent inlassablement sur l'océan paisible, je ne vois aucune lumière, capable de percer la nuit. Où êtes vous, étoiles adorées, qui guident mes pas, mes gestes et mon coeur ? Où êtes vous, dans le vide le plus sombre, et dans le monde le plus obscure ?

Aujourd'hui, nos vaisseaux ont croisé quelques radeaux de fortunes, sur lesquels jonchaient des corps inconscient. Festin impuissant sur la grande mer et sous l'infâme soleil, ils avaient été assaillis par les mouettes, lentement dévorés par chaque coup de bec. Les habits déchirés, la peau à vif, et la silhouette amorphe, ils étaient tristes à voir. J'ai ordonné au barreur de bifurquer vers tribord, afin que l'on puisse récupérer les pauvre hères. Après avoir bataillé avec les oiseaux et leur appétit vorace, nous somme parvenus à poser les cinq rescapés sur le pont. Des humains; trois d'entre eux avaient succombé entre temps, sous les assauts carnassier des mouettes. Les deux autres étaient en sale état, mais ils vivraient. Vreth a voulu les pendre au mât, grimaçant de colère en réalisant qu'il venait d'arracher des peaux roses aux griffes de l'océan. J'ai refusé, le menaçant de lui faire endurer les pires calvaires s'il touchait à un cheveux de la tête de ces êtres. Ils n'avaient ni arme, ni bannière. Il y avait cette femelle, aux cheveux dorés, dont les yeux étaient emplis d'effroi et de douleur. Sans doutes étions nous effrayant pour ces pauvres gens; mais il y avait plus que cela. La peur de la mort en elle même; la peur nourrie par les jours de faim et d'errance sur l'océan sous l'ardent soleil. Et il y avait ce mâle; l'air plus dur, mais tout aussi frappé par la faim, l'abandon de l'espoir et l'attente de la mort.

En dépit des protestations de certains, j'ai donné aux deux malheureux de quoi les rassasier quelque peu. C'était peu de chose; une tranche de viande séchée, peut être. Ni plus ni moins que ce que nous avions pour nous même. Puis, alors qu'ils se portaient un peu mieux, et qu'ils se cachaient dans un coin d'ombre, collés l'un contre l'autre, les genoux repliés sous leur menton, Hagosh, un des taurens de l'équipage, leur a posé quelques questions en commun, afin d'apprendre leur histoire. Ils s'appelaient Caliban et Hélène, rescapés d'un petit navire commerçant qui avait chaviré alors qu'il essayait de fuir Lordaeron. Des frégates réprouvées avaient pilonnées les flancs de la nef, la condamnant elle et son équipage, aux abysses hurlantes. Ils étaient seuls survivants, ces deux jeunes humains grelotant, pas tant de froid que de peur, trempés et portant des haillons. Pris entre les feux de la flotte de Fossoyeuse, ils avaient survécu aux enfers. Eux qui n'étaient que de simples gens, n'ayant jamais rien demandé plus de la vie, qu'un bout de terre, un brin de chance, et un peu de paix, pour vivre convenablement. C'était effroyable, vraiment, que de constater l'impact de la guerre, non pas sur les hommes et femmes partis au front, mais sur tout ceux restés derrières, près du foyer, et qui enduraient tout de même les affres de la violence. La faim, la peur, le doute. Sans doute avaient-ils souffert plus que je n'avais souffert, moi qui vivait la guerre comme on goûte au frisson de la chasse.

De par mon sang, mon peuple et mon histoire, je haïssais les hommes. Ces hommes qui avaient incendiés nos jungles et nos forêts, massacré nos guerriers et piller nos villages. Ces hommes qui avaient fait courber l'échine à nos grands empires, et fait tomber à genoux Zul'Jin. Ces hommes qui avaient tué nos femmes, nos fils et nos filles, devant les yeux horrifiés de leur mari, et pères...Je les haïssais avec une rage démente, ne voyant en eux que les bouchers d'Arathi perpétuant encore et encore, le massacre de ma propre chair; de mon propre sang. Je voyait en eux, un énième Trollmort, prêt à brandir sa hache pour égorger une fois encore, quelques uns des miens. Je voyais en eux, la vermine s'étant acoquiné avec les elfes, pour nous précipiter vers l'extinction...et l'oubli. Pourtant, alors que mes yeux brûlaient de haine, aveuglés par des siècles d'héritage transmis du père au fils, je réalisai peu à peu, que si ces êtres apeurés se recroquevillant sur le pont de mon navire étaient bien des humains, ils n'étaient pas ces hommes qui avaient saignés aux quatre veines mes chers aïeux. Qu'étaient-ils, réellement, sinon des poussières dans la large fabrique du monde, insignifiante et inoffensives, cherchant simplement une place dans un univers déchiré par la guerre ? Qui étaient-ils, sinon les victimes de la toute-puissante haine régissant les inconscients mortels de ce monde ? Qui étaient-ils, sinon les agneaux victimes de la barbarie du loup ? Qui étaient-ils, sinon le distant reflet de ceux que je cherchais à protéger en partant en guerre ? Qui étaient-ils, sinon une figure familière, aux traits différents, mais en proie aux même maux ?

Touché par cette réalisation, j'ai décidé de leur laisser une place parmi nous, défendant quiconque de s'en prendre à eux quelque soient les circonstances. Certains ont grogné, d'autre ont secoué la tête d'un air méprisant. D'autre encore, se sont murés dans le silence, gardant pour eux même les sentiments ressentis. La plupart ne comprenait pas. Moi même, je ne comprenais pas. Mais pouvais-je décemment être leur bourreau, alors que tout ce qu'ils avaient cherché en s'aventurant sur ces flots, c'était l'espoir d'une échappée vers un havre de paix ? Pouvais-je sincèrement les faire tuer pour le simple fait d'être des hommes, et non des orcs ? Pouvais-je, de bon coeur, les condamner à la mort, alors qu'ils avaient pris la mer, en quête de l'espoir comme nous ? N'étions nous pas tous, en fin de compte, sur ce grand océan, à la recherche d'une lumière, d'un souffle de vie, et d'un battement de coeur ? Qui étions nous, sinon les même êtres quoique légèrement différent, regardant vers l'horizon, des rêves plein la tête ? Ces humains n'étaient rien d'autre que Vreth, ce va-t-en guerre grincheux cherchant à venger ses fils, ou Hagosh, ce partisan zélé de Sabot-de-Sang; il n'étaient rien d'autre que moi, parti reconquérir la dignité et la fierté de vivre, aux mains avides de Garrosh. Ils étaient nous : insurgés, sur les flots de l'attente pour le temps du soulèvement.

Nos histoires respectives, par moment, semblent tracées par l'héritage de nos pères, et la culture de nos peuples. Notre sentier, parfois, semble construit par ceux nous ayant précédés. Et quelque fois, alors que nous foulons les longues plages, la forme de nos pieds est gravé dans le sable, loin devant nous. Mais sommes nous vraiment déterminés ? Sommes-nous contraints d'accepter les édifices du passé, et de vivre dans leurs ombres ? Aujourd'hui, je regarde ces deux humains aux visages si familiers; ils sont mâle et femelle, et au delà de la peur, et de la faim qui déjà s'évanouissaient, je pouvais voir l'amour. Ces deux êtres si familiers, n'étaient-ils pas ceux, que je pourfendais hier et que je tuais avec une ferveur assassine ? Qui suis-je, pour avoir tué tant de vies innocentes, sinon un boucher ignorant sa condition d'esclave de la mémoire et du passé ?

Ce soir, je regarde la nuit, et tente de dévisager la brume. Ce soir, je lance un regard au vide; et il ne me renvoie rien. Mais je ne puis me décourager. Tout comme nous, insurgés, ne pouvons baisser les bras maintenant. Je comprend peu à peu, que la révolte ne peut être menée par des orcs, des taurens, des trolls et des elfes secoués par la haine - elle doit être menée par des gens avec une foie toute puissante - aux frontières de la folie - en l'espoir. Ces hommes comme Vreth, Hagosh et moi; ou comme Caliban et Hélène. Ce n'est pas aux peuple opprimés de la Horde, qu'appartient ce soulèvement mais aux peuples de tout un monde, acculés par la guerre, agacés par le joug de la terreur et de la loi martiale.

Il y a quelques mois, j'écrivais à mon aîné, en post scriptum "A la guerre, je ne vois que deux types de gens. L'ennemi, et le frère. Celui qui rejète mon idée, est mon ennemi; celui qui crache sur ma fierté, est mon ennemi; celui qui s'oppose à mes actes, est mon ennemi. Ainsi, de tout les hommes qui peuplent les champs de bataille, j'ai plus d'ennemi qu'il n'y a de guerriers adverses. J'ai beaucoup d'alliés, mais peu de frères. Le frère ne peut être défini que par une condition; le frère m'approuve, m'épaule, me soutient et me défend; le frère lève sa hache quand je lève la mienne, et vient se ranger sur ma droite...Le frère est près de moi, dans la bataille, comme dans le débat, dans la ripaille, comme dans le trépas. Enfin, lui qui se battra à mes côtés, sera mon frère."

En me remémorant ces phrases, je ne pouvais que constater à quel point j'avais ignoré la possibilité de trouver en ces humains si ardemment victimes de l'âpre morsure de la guerre, des amis, des frères, dans ma lutte pour l'espoir, et contre l'oppression. Maintenant, je comprenais que la Horde ne devait pas être l'union des peuples pro-orcs ou l'alliance des peuples chamanisant, mais l'amalgame indestructible qui unissait tout ceux qui croyaient fermement en l'espoir d'un monde libre...

En cette pensée, je scrutais de nouveau les ténèbres. Et là, dans un éclair de lumière, je vis l'aurore, le fin tracé verdâtre qui zébrait doucement le ciel, et se tortillait tel un serpent m'indiquant le chemin.

Je le suivrai.
Zal'Nash/Jinzüa
Zal'Nash/Jinzüa


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Message  Zal'Nash/Jinzüa Ven 10 Mai 2013, 12:23

Cinquième jour du cinquième cycle de l'an 33,

Matin
,

[Journal du front] Nos poings levés Pirate10
Hier, flammes et sang sur la grande mer. Alors que notre vaisseau était en bonne route pour les côtes de Kalimdor, un navire portant le drapeau or et bleu scinda les flots et fila vers notre position. La vigie a beuglé un ordre; ou peut être était-ce seulement un cri d'effroi. La journée s'était déroulée paisiblement, et le soleil avait coulé à l'horizon, un seul rayon de lumière faisant encore faiblement chatoyer l'océan. La nuit était là, et les feus de la guerre aussi. Une petite moitié de l'équipage s'était assoupie, la plupart s'affalant dans les hamacs que nous avions confectionnés avec quelques vieux filets de pêches, d'autre s'étalant à même le pont du navire, posant lâchement leur corps engourdi sur le bois humide. J'étais sur la proue, à scruter l'horizon, perdu dans les méandres de mon imaginaire, mon pouce et mon index effectuant un monotone aller-retour le long du fil de ma hache. "Qui sommes-nous" pensais-je, "Qui sommes nous, sinon quelques gouttes dans un vaste océan ?". A ce stade du voyage, j'en étais venu à me questionner sur la nature même de notre contribution à la révolte, et sur l'utilité de nos quelques bras. Certes, nous serions un symbole de soulèvement, d'indignation...Mais une fois nos carcasses affalées dans la crasse, et nos os blanchis au soleil, d'autres se lèveront-ils pour récupérer notre flambeau ?

Le cri m'avait sortit de ma rêverie, et bientôt j'étais au coeur de la masse grondante de l'équipage, arme au poing alors que le vaisseau de l'Alliance s'approchait. Nous étions des insurgés; pas des fêlons ayant vendu leur peau aux chiens d'en face. En cela, nous étions pris entre deux feus - celui de la Horde, esclavagiste faisant claquer le fouet, et celui de l'Alliance, némésis de toujours, crachant sur nos ombres et montrant les crocs en apercevant nos silhouettes sans doute monstrueuses dans le regard simpliste et abruti d'un homme. Vreth dégainait déjà sa lame, organisant les troupes pour l'abordage en beuglant quelques ordres à droite à gauche. L'espace d'un instant, j'accordai une pensée aux deux humains, recroquevillés dans les ombres, qui nous regardaient avec un mélange d'épouvante et de langueur, voyant en ce vaisseau de l'Alliance une chance de salut. Ils changeraient vite d'avis. Vreth hurla un ordre, et Ordo fit virer le navire de bord, afin qu'il vienne percuter de plein fouet le flanc du vaisseau ennemi. Le choc fut brutal, et certains soldats s'étalèrent contre le pont. L'instant d'après, Vreth beuglait toute sa rage et bondissait sur le pont d'en face, l'équipage à sa suite. J'emboîtais le pas aux plus bellicistes, arrivant sur le pont avec ma hache en main, et un inextinguible désir carnassier en tête. J'avais faim - pas tant de chair et de sang, que de violence. Si la réputation des trolls avait été largement déformée pour ce qui était de leur appétit carnivore, elle était plutôt fidèle à la réalité quand il fallait décrire notre comportement, notre désir. Des barbares, comme qui dirait. Des êtres motivés par une soif abominable de brutalité, de violence. Quelque part, cela me permettait de me sentir plus vivant. Cela me permettait d'affirmer mon existence, d'imposer mon pouvoir sur le réel. Les cris, la douleur, les regards effarés et le craquement des os qui se brisent. J'en avais des frissons de plaisir.

Comprendre la monstruosité qui rampait dans mes veines n'avait aucunement entravé celle ci, bien au contraire. A force de constater que nous autres trolls, appréciions la nourriture et les plaisirs de la chair, mais que ce que nous aimions plus que tout était le meurtre, le massacre et la guerre, il était aisé de réorienter les priorité, afin de vivre en complète euphorie. Nous étions des barbares entièrement assumés, des monstres nés dans le sang et la turbulence, des bêtes affamées. Ainsi, il semble inutile d'expliquer ou même de décrire trop largement l'abordage du vaisseau de l'Alliance. Très vite, celui ci fut débordé par notre essaim dévoreur. Du haut de mon trône d'abominables victoires et de corps en charpies, j'observais Vreth et Ordo déchirer les mariniers impuissants, tandis que notre équipage s'affairait à embraser le navire. C'était si simple; sans doute étaient-ils trop peu nombreux; ou peut-être incapables de rivaliser avec l'étendue de la sauvagerie déchaînée par notre quête de révolte. Nous étions persuadés de mourir dans quelques jours, au débarquement...ou dans une semaine, peut être un mois. Qu'avions-nous à perdre ? Tout était à prendre - à commencer par la vie de la racaille ennemie, qui s'aventurait imprudemment dans notre cruel filet.

Bientôt, nous étions retournés à bord de notre navire, qui filait paisiblement vers l'ouest, alors que dans son sillage cramoisi, chavirait une ombre dévorée par les flammes. Pas de quartiers; pas de survivants. En nous voyant revenir sur le pont, les lames et les armures tachées de sang, et un sourire tordus aux lèvres, les deux humains avaient eut une expression d'horreur. Ils s'y feraient. La guerre était infâme - nous aussi, qui n'étions en fin de compte que les pions façonnés par les règles du jeu. Survivre. Vaincre. Survivre. Voilà les règles de ce petit manège infernal dans lequel nous sommes forcés de nous imposer. Quel autre choix avons nous ? La défaite ? C'est inacceptable. Ainsi piégés, nous ne sommes rien d'autre que des animaux ne respectant aucun autre joug que celui de la faim, et aucune autre loi que celle du plus fort. C'est malheureux à dire. Mais c'est vrai. Horriblement vrai.

Alors que je me laissais aller contre une caisse de fourniture posée sur le pont, je laissai mon regard se promener sur ces orcs, trolls, taurens, réprouvés et elfes qui pansaient leurs blessures et entamaient quelques jeux de cartes, ou beuverie généralisée. Ils chantaient et dansaient en choeur, animés par une joie innocente faisant fi des troubles se profilant à l'horizon. En cela, je trouvait un certain réconfort. Ces hommes savaient que la mort leur ouvrait les bras, et que bientôt, ils seraient nombreux à l'embrasser. Pourtant, ils continuaient de vivre et de se battre, avec une rage inébranlable, une volonté indestructible, et une passion inextinguible. Ils courraient vers l'abîme sans jamais tressaillir, sans jamais hésiter. Et lorsque la faucheuse leur souriait, ils lui souriaient de plus belle. Qu'importait la défaite - elle était inévitable. Seul comptait la lutte, le combat que nous devions porter le plus loin et le plus longtemps possible. Nous étions des guerriers nés pour mourir, prêt à arracher un à un les membres de la Horde, en dépit de l'anéantissement. La révolte sera belle, et à travers nous, elle vivra.

Je comprend que nous ne sommes que des gouttes dans un vaste océan. Mais cela signifie-t-il que nous sommes incapable de renverser la tendance, et de briser la convention ? Cela signifie-t-il que nous sommes incapables de soulever des marées et distiller la révolte ? Cela signifie-t-il que notre brave révolte est vouée à l'échec ?

Non. Car après tout, qu'est-ce qu'un océan, sinon une infinité de gouttes ? Qu'est-ce qu'un océan, sinon une large étendue prête à basculer dès qu'une poignée d'insurgés aura semé l'agitation et le trouble ? Qu'est-ce qu'un océan, sinon une masse informe et passive, attendant les quelques vagues et les quelques vents, qui déclencheront la tempête ?

Nous sommes ces vagues - ces lames de fond invisibles et turbulentes, qui se perdent parmi une onde infinie. Ces grognements dans l'abysse, qui passent inaperçus. Mais nous sommes forts. Nous sommes grands. Et bientôt, nous frapperons au coeur de la Horde, au coeur de la mer. Et de l'abysse, nous surgirons, éclatant la surface.

Et nous libérerons la rage d'un millier d'êtres - d'un millier de goutte - et d'un millier d'autre encore. Et ensemble, dans le sang, dans la sacrifice et dans la mort, nous apporterons la révolte. La grande révolte.

Et ainsi, nous changerons le monde, l'histoire et la vie.
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Message  Tortoka/Djigzyx Mer 15 Mai 2013, 03:44

Tandis que résonnaient les cris de fureur de ses camarades partis pour la curée, seul restait en arrière un troll aux cheveux noués en nombreuses tresses vertes, son regard à peine lucide rivé sur les flots en contrebas du navire. En cet instant où plus personne ne se posait de question, se contentant d'agir vite et bien dans la bataille, le troll cogitait lentement au bord de l'embarcation, le rythme de ses pensées animé tout autant qu'il était ralenti par l'inhalation régulière de feuillerêve. Et ce fil de réflexion qu'il suivait lentement, afin de ne pas le perdre, se résumait ainsi : De toutes les magnifiques et habiles créatures à peupler les fonds marins, pourquoi était-ce le Phoque qui avait répondu à l'appel de Gonk, au moment de venir en aide à ceux qu'on appelait les "druides" Sombrelances ?

D'accord, on l'appelait en fait le Lion de Mer, mais la créature ne dégageait pas l'aura de puissance et d'assurance d'un lion des Tarides. Il n'avait pas la grâce féline, pas la férocité du prédateur. Alors pourquoi lui ? Les yeux mi-clos fouillèrent mollement l'abysse noire sous lui, à la recherche d'une réponse.

Pourquoi pas un dauphin ? Ces créatures filaient avec célérité sous les eaux, bondissaient avec agilité entre les vagues. Elles avaient l'esprit aiguisé et étaient connues pour être naturellement généreuses et solidaires. Ils étaient les esprits marins les plus à même de venir en aide à un peuple dans le besoin.
Pourquoi pas un requin ? Ils étaient des prédateurs craints et respectés aux quatre coins du globe. Pourquoi un globe aurait-il des coins ? Le druide mit cette question dans un coin de son esprit embrumé où elle ne tarda pas à disparaitre. Les requins étaient eux aussi agiles et rapides et partageaient avec les trolls ce même attrait pour le sang, cette faim tenace qui les tiraillait et les poussait en avant, alimentée par le désir viscéral de survivre et de vaincre.

Mais non, c'était le Phoque qui était venu les aider en leurs heures les plus sombres. Ni le dauphin, ni le requin, ni même l'ingénieux crabe-ermite. Le Phoque et c'était tout. Fallait-il lui être reconnaissant malgré sa nature si peu glorieuse ? Sans doute...

Le courant de ses pensées fut interrompu lorsque le troll se rendit compte qu'il faisait anormalement jour en cette nuit. Tournant la tête, il dut plisser les yeux pour se protéger de la vive lumière du navire incendié qui s'éloignait doucement d'eux, à moins que ce ne fut l'inverse. L'équipage était revenu de son carnage, glorieux et rassasié. Puis un caquètement strident se fit entendre sous lui, dans l'eau, comme l'imitation d'un rire. En tournant à nouveau son regard vers les flots, le troll mit un peu de temps avant d'apercevoir les quelques dauphins qui présentaient leur tête au large sourire à la surface. Tressautant dans les flots, ils semblaient attendre, vouloir s'enquérir de quelque chose.


"Nan les mecs, pas besoin d'aide ici. Par contre vous avez du boulot là-bas." dit le Sombrelance à l'adresse des animaux, en désignant le bateau en flammes. S'ils ne comprirent pas un mot de ce qu'il avait dit, les dauphins n'en laissèrent rien paraître, et après un moment à flirter avec la coque de l'embarcation des insurgés, ils disparurent sous l'eau pour ne plus reparaitre.

Abandonnant ensuite sa contemplation, le troll alla porter assistance à ses camarades, faisant ainsi taire tous les reproches sur son absence durant l'abordage. Il fallait bien qu'il n'y en ait qui sauvent des vies au lieu de les prendre. Il le savait, c'était l'Harmonie à laquelle il tenait tant. Après ça, il retomba dans sa transe méditative, toujours au bord du navire, mais cette fois à l'opposé de son précédent perchoir. Encore une histoire d'Harmonie sans doute. Et en observant bien les flots, il put voir des ailerons émerger à la surface.


"Nan les mecs... Rien à manger ici, dit-il à l'adresse des prédateurs attirés par le sang. Allez plutôt voir là-bas, vrai festin garanti." ajouta-t-il en désignant au loin le lieu où le bâtiment ennemi avait coulé. Les requins n'avaient sans doute pas entendu, et encore moins compris ce qu'il disait. Pourtant, après quelques instants passés à rôder autour du navire, ils plongèrent pour fondre sur l'épave, à la recherche de leur pitance. Une fois le dernier aileron disparu à sa vue, le troll retourna à ses pensées brumeuses, toutes de métaphores et de visions d'Harmonie.

Lorsqu'on vint plus tard s'enquérir de ce qu'il faisait, il répondit simplement :
"Ha meec... Chuis tellement plus un dauphin qu'un phoque !"
Nul doute que ses camarades n'avaient pas compris un traître mot de cette étrange déclaration. Et après un moment à regarder le troll d'un air mi-étonné, mi-affligé, ils retournèrent vaquer à leurs affaires, laissant seul le fumeur de feuillerêve.

Tortoka/Djigzyx
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