Du sang sur les pavés.
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Du sang sur les pavés.
[Retranscription des événements liés à l'émeute, du point de vue de Crywen.]
Hurlevent, début de soirée.
C'était un crépuscule on ne peut plus ordinaire. Une froide journée d'automne qui touchait à sa fin, l'astre solaire déclinant petit à petit dans une révérence obséquieuse afin de laisser place à la Lune-Mère.
Les commerçants défaisaient leurs étals, rentraient les produits exposés à l'extérieur de leurs locaux. Ci et là on entendait le frottement d'une latte de bois contre du cuir, le claquement habile d'une paire de ciseaux. Les artisans mettaient un point final à leurs ouvrages respectifs, consciencieux qu'ils étaient de conserver réputation et clientèle en honorant leurs commandes au plus vite.
Crywen esquissa un demi-sourire. Le petit vent qui écumait les rues de la ville était certes presque glacial, mais non moins agréable pour elle et sa température corporelle particulière.
Elle leva la tête en direction de la lune, d'ailleurs presque pleine. Ses lèvres ne s'en étirèrent que plus. Encore quelques heures, une ou deux tout au plus, et elle pourrait l'avoir, sa promenade au clair de lune. Viendrait-il?
Tout en marchant, tout en songeant, la jeune fille glissa une main distraite dans ses cheveux pour ramener une mèche virevoltante derrière son oreille.
Viendrait-il? Peut-être serait il trop las? Ou...éreinté? Elle-même ne semblait pas au mieux de sa forme, à en juger de par ses grimaces lorsqu'elle remuait un peu trop vite l'un de ses membres. Mais cela ne l'empêchait pas outre mesure de se mouvoir. Elle était seulement moins...habile. Plus lente aussi.
Ses yeux d'ébène s'attardèrent le temps d'un instant sur une femme et son enfant de sept ou huit ans. Leur ressemblance était telle qu'il était impossible de douter de leur parenté. Ce gamin, sous sa tignasse de jais, était le miroir de sa mère. Et sûrement la fierté de son père. Tableau attendrissant à souhait que de le voir babiller joyeusement mais ce n'était pas ce qui avait poussé la jeune fille à leur accorder de l'intérêt.
À dire vrai, ce qui avait piqué la curiosité de Crywen était plutôt ce qui émanait d'eux deux. Ils marchaient vite, surtout la femme qui elle, avait les traits tirés et dont les narines semblaient s'agiter plus ou moins discrètement, plus ou moins rapidement. On aurait dit un limier aux aguets.
Leurs regards se croisèrent, et l'espace d'une seconde elles se jaugèrent mutuellement. Puis la mère de famille pressa de nouveau le pas, après une inclinaison presque imperceptible de la tête en direction de mademoiselle K. qui la suivit des yeux.
"Enfants bénis." pensa cette dernière avant de reprendre ses réflexions là où elle les avait laissées.
La jeune fille pinça les lèvres et laissa sa main droite glisser sur les rebords de pierre des canaux. De toute évidence quelque chose la dérangeait bien qu'elle eut été incapable de dire quoi. C'était comme si...l'atmosphère même de la capitale avait changé. Était devenue lourde, pesante.
Tentant de passer outre cette impression, Crywen secoua légèrement la tête mais accéléra l'allure, mue par une sorte d'instinct de préservation. Instinct qui lui fit grandement défaut et qu'elle fut tentée de maudire lorsqu'au détour d'une rue un peu moins éclairée que les autres mais qu'elle avait l'habitude d'emprunter, elle se sentit agrippée, violemment tirée.
Une main calleuse et grossière se plaqua sur sa bouche et ses narines, tandis qu'une autre la repoussait rudement dans un renfoncement, la projetant ainsi contre un mur.
Les yeux écarquillés, Crywen ne chercha pas tout de suite à se débattre. Et encore moins par la suite, lorsque l'homme -car c'en était un, masqué de surcroît- la menaça à l'aide d'un tesson de bouteille.
"Ferme-la ta gueule, sinon je te bute!"
Clair et précis.
Déglutissant difficilement, elle ne pouvait que tenter de conserver un semblant de sang-froid. Que pouvait-il lui vouloir ? Elle ne pût s'empêcher de se dire que ça y est, elle payait la contrepartie du bonheur qui était sien depuis quelques semaines maintenant. Cette nouvelle famille. Cet inconditionnel amour.
La jeune femme frissonna de dégoût quand l'homme libéra ses lèvres du contact rugueux de la paume de sa main. Elle se contenta pourtant de le laisser faire pour le moment, le toisant du regard tandis qu'il s'en donnait à cœur joie, faisant glisser son arme improvisée le long de sa poitrine, par dessus sa tunique.
La main libre de son agresseur vint se poser sur l'un de ses flancs, déclenchant à l'intérieur d'elle une réaction en chaîne. Ce flanc. Ces flancs. Ils étaient si souvent pris d'assaut par de tendres caresses dernièrement. Mais...pas de cette main-là, sûrement pas de cette main la. Jamais de cette main-ci.
Crywen céda alors au grondement sourd qui faisait vibrer jusqu'au plus profond de son être. Plaquant à son tour ses deux mains sur le torse de l'homme qui, la croyant trop sous le choc pour réagir se laissa surprendre, elle mît toutes ses faibles forces dans une poussée rude afin de rétablir un périmètre de bienséance entre eux deux.
L'homme au visage masqué tituba un instant, cillant. Un instant seulement mais qui fut de trop. La jeune fille ouvrait déjà la bouche pour pousser un cri strident de détresse, les deux mains toujours tendues devant elle au cas où il tenterait de revenir à la charge.
Cet appel à l'aide attira fort heureusement l'attention de deux patrouilleurs qui semblaient pourtant déjà forts agités et sur le qui-vive. Le bruit sourd des armures lourdes secouées par un pas de course suffit à décourager l'agresseur qui préféra prendre ses jambes à son cou.
Après une brève question d'usage pour savoir si elle avait été blessée, Crywen les regarda s'élancer à la poursuite du voyou, lui ordonnant de s'arrêter au nom du Roy et s'il ne voulait pas risquer d'être abattu sans sommation.
La jeune fille ne pût s'empêcher de ressentir une vague de soulagement tout en détachant son dos du mur de pierre. Elle repris son souffle, inspirant profondément et regardant ses propres mains, tremblantes. En état de choc.
Elle avait besoin de retrouver un endroit familier, des visages qu'elle avait appris à connaître par cœur à force de les apercevoir. Il lui fallait un endroit de quiétude où elle se sentirait en sécurité, le temps de se remettre de ses émotions.
Il lui fallait gagner la Cathédrale au plus vite.
Son cœur aurait pourtant du l'alerter de par ses battements frénétiques et implacables. Quelque chose ne tournait pas rond. Mais Crywen K. l'ignora tout simplement, mettant cela sur le compte d'un léger traumatisme.
Après tout, cette agression n'était sans doute qu'un acte isolé parmi tant d'autres qui survenaient souvent en ville, surtout lorsque la luminosité s'amenuisait.
Ce n'était pas comme si elle allait au devant d'une débandade et d'un déferlement de violence sans précédent qui laisserait chaque citoyen meurtri et choqué, selon le degré de leur courage, de leur expérience ou simplement...de leur inconscience.
(À suivre...)
Hurlevent, début de soirée.
C'était un crépuscule on ne peut plus ordinaire. Une froide journée d'automne qui touchait à sa fin, l'astre solaire déclinant petit à petit dans une révérence obséquieuse afin de laisser place à la Lune-Mère.
Les commerçants défaisaient leurs étals, rentraient les produits exposés à l'extérieur de leurs locaux. Ci et là on entendait le frottement d'une latte de bois contre du cuir, le claquement habile d'une paire de ciseaux. Les artisans mettaient un point final à leurs ouvrages respectifs, consciencieux qu'ils étaient de conserver réputation et clientèle en honorant leurs commandes au plus vite.
Crywen esquissa un demi-sourire. Le petit vent qui écumait les rues de la ville était certes presque glacial, mais non moins agréable pour elle et sa température corporelle particulière.
Elle leva la tête en direction de la lune, d'ailleurs presque pleine. Ses lèvres ne s'en étirèrent que plus. Encore quelques heures, une ou deux tout au plus, et elle pourrait l'avoir, sa promenade au clair de lune. Viendrait-il?
Tout en marchant, tout en songeant, la jeune fille glissa une main distraite dans ses cheveux pour ramener une mèche virevoltante derrière son oreille.
Viendrait-il? Peut-être serait il trop las? Ou...éreinté? Elle-même ne semblait pas au mieux de sa forme, à en juger de par ses grimaces lorsqu'elle remuait un peu trop vite l'un de ses membres. Mais cela ne l'empêchait pas outre mesure de se mouvoir. Elle était seulement moins...habile. Plus lente aussi.
Ses yeux d'ébène s'attardèrent le temps d'un instant sur une femme et son enfant de sept ou huit ans. Leur ressemblance était telle qu'il était impossible de douter de leur parenté. Ce gamin, sous sa tignasse de jais, était le miroir de sa mère. Et sûrement la fierté de son père. Tableau attendrissant à souhait que de le voir babiller joyeusement mais ce n'était pas ce qui avait poussé la jeune fille à leur accorder de l'intérêt.
À dire vrai, ce qui avait piqué la curiosité de Crywen était plutôt ce qui émanait d'eux deux. Ils marchaient vite, surtout la femme qui elle, avait les traits tirés et dont les narines semblaient s'agiter plus ou moins discrètement, plus ou moins rapidement. On aurait dit un limier aux aguets.
Leurs regards se croisèrent, et l'espace d'une seconde elles se jaugèrent mutuellement. Puis la mère de famille pressa de nouveau le pas, après une inclinaison presque imperceptible de la tête en direction de mademoiselle K. qui la suivit des yeux.
"Enfants bénis." pensa cette dernière avant de reprendre ses réflexions là où elle les avait laissées.
La jeune fille pinça les lèvres et laissa sa main droite glisser sur les rebords de pierre des canaux. De toute évidence quelque chose la dérangeait bien qu'elle eut été incapable de dire quoi. C'était comme si...l'atmosphère même de la capitale avait changé. Était devenue lourde, pesante.
Tentant de passer outre cette impression, Crywen secoua légèrement la tête mais accéléra l'allure, mue par une sorte d'instinct de préservation. Instinct qui lui fit grandement défaut et qu'elle fut tentée de maudire lorsqu'au détour d'une rue un peu moins éclairée que les autres mais qu'elle avait l'habitude d'emprunter, elle se sentit agrippée, violemment tirée.
Une main calleuse et grossière se plaqua sur sa bouche et ses narines, tandis qu'une autre la repoussait rudement dans un renfoncement, la projetant ainsi contre un mur.
Les yeux écarquillés, Crywen ne chercha pas tout de suite à se débattre. Et encore moins par la suite, lorsque l'homme -car c'en était un, masqué de surcroît- la menaça à l'aide d'un tesson de bouteille.
"Ferme-la ta gueule, sinon je te bute!"
Clair et précis.
Déglutissant difficilement, elle ne pouvait que tenter de conserver un semblant de sang-froid. Que pouvait-il lui vouloir ? Elle ne pût s'empêcher de se dire que ça y est, elle payait la contrepartie du bonheur qui était sien depuis quelques semaines maintenant. Cette nouvelle famille. Cet inconditionnel amour.
La jeune femme frissonna de dégoût quand l'homme libéra ses lèvres du contact rugueux de la paume de sa main. Elle se contenta pourtant de le laisser faire pour le moment, le toisant du regard tandis qu'il s'en donnait à cœur joie, faisant glisser son arme improvisée le long de sa poitrine, par dessus sa tunique.
La main libre de son agresseur vint se poser sur l'un de ses flancs, déclenchant à l'intérieur d'elle une réaction en chaîne. Ce flanc. Ces flancs. Ils étaient si souvent pris d'assaut par de tendres caresses dernièrement. Mais...pas de cette main-là, sûrement pas de cette main la. Jamais de cette main-ci.
Crywen céda alors au grondement sourd qui faisait vibrer jusqu'au plus profond de son être. Plaquant à son tour ses deux mains sur le torse de l'homme qui, la croyant trop sous le choc pour réagir se laissa surprendre, elle mît toutes ses faibles forces dans une poussée rude afin de rétablir un périmètre de bienséance entre eux deux.
L'homme au visage masqué tituba un instant, cillant. Un instant seulement mais qui fut de trop. La jeune fille ouvrait déjà la bouche pour pousser un cri strident de détresse, les deux mains toujours tendues devant elle au cas où il tenterait de revenir à la charge.
Cet appel à l'aide attira fort heureusement l'attention de deux patrouilleurs qui semblaient pourtant déjà forts agités et sur le qui-vive. Le bruit sourd des armures lourdes secouées par un pas de course suffit à décourager l'agresseur qui préféra prendre ses jambes à son cou.
Après une brève question d'usage pour savoir si elle avait été blessée, Crywen les regarda s'élancer à la poursuite du voyou, lui ordonnant de s'arrêter au nom du Roy et s'il ne voulait pas risquer d'être abattu sans sommation.
La jeune fille ne pût s'empêcher de ressentir une vague de soulagement tout en détachant son dos du mur de pierre. Elle repris son souffle, inspirant profondément et regardant ses propres mains, tremblantes. En état de choc.
Elle avait besoin de retrouver un endroit familier, des visages qu'elle avait appris à connaître par cœur à force de les apercevoir. Il lui fallait un endroit de quiétude où elle se sentirait en sécurité, le temps de se remettre de ses émotions.
Il lui fallait gagner la Cathédrale au plus vite.
Son cœur aurait pourtant du l'alerter de par ses battements frénétiques et implacables. Quelque chose ne tournait pas rond. Mais Crywen K. l'ignora tout simplement, mettant cela sur le compte d'un léger traumatisme.
Après tout, cette agression n'était sans doute qu'un acte isolé parmi tant d'autres qui survenaient souvent en ville, surtout lorsque la luminosité s'amenuisait.
Ce n'était pas comme si elle allait au devant d'une débandade et d'un déferlement de violence sans précédent qui laisserait chaque citoyen meurtri et choqué, selon le degré de leur courage, de leur expérience ou simplement...de leur inconscience.
(À suivre...)
Crywen K.
Re: Du sang sur les pavés.
Elle avançait, blême et choquée, toujours fortement impressionnée de l'agression dont elle venait d'être victime. Cet homme avait-il finalement été attrapé? Crywen n'en savait rien, et elle ne le saurait jamais.
Tout ce qui lui importait à présent était de trouver un endroit connu et rassurant.
La jeune fille évoluait à petites enjambées mal assurées, ne levant presque pas les yeux pour regarder devant et autour d'elle. Non, apeurée et...étrangement honteuse de s'être laissée surprendre si facilement, elle contemplait la pointe de ses bottes de cuir usé.
Tout cela n'avait duré que quelques minutes tout au plus mais il lui semblait que le ciel s'était déjà grandement obscurci. L'hiver approchait irrémédiablement, avec ses rues verglacées et ses flocons de neige. Ce soleil trompeur qui baignerait la chambre du manoir avant de paraître bien moqueur lorsqu'elle constaterait, à l'extérieur, que ce n'était qu'un moyen fallacieux de l'attirer au dehors pour se délecter de ses frissons continus et de ses petites dents s'entrechoquant.
Un grand fracas lui fit cependant bien vite redresser la tête pour en déterminer l'origine. Elle vit passer sur la rive opposée des canaux, une unité montée de gardes aux sourcils froncés et aux mâchoires serrées. Certains avaient déjà la main sur le pommeau de leur épée. Les autres talonnaient vigoureusement leurs montures, plissant les yeux sous la gifle glacée que leur infligeait le vent dont l'impact était d'autant plus fort que la vitesse de leurs chevaux était déraisonnable. Surtout en pleine ville.
Leur passage soulevait autant de nuages de poussière que de cris indignés, jaillissant de la gorge des citoyens qui devaient bondir pour éviter de se prendre un coup de sabot malheureux. Les forces armées du Roy ignorèrent tout bonnement l'un et l'autre, fonçant à bride abattue en direction du quartier des mages.
"Mais qu'est-ce qui ne va pas ce soir...?" se questionna Crywen, échangeant regards interrogateurs et haussements d'épaules avec les badauds, tout aussi surpris qu'elle. Puis chacun repris son chemin.
Depuis quelques mois qu'elle foulait le sol de la capitale, si la jeune fille avait appris une chose, c'était bien qu'il était passablement inutile de se poser trop de questions. Elle avait, en quelques simples semaines, été témoin de plus d'événements étranges et totalement improbables que dans l'intégralité de sa toute jeune vie. Et son petit doigt lui disait que ce n'était pas fini.
(À suivre...)
Tout ce qui lui importait à présent était de trouver un endroit connu et rassurant.
La jeune fille évoluait à petites enjambées mal assurées, ne levant presque pas les yeux pour regarder devant et autour d'elle. Non, apeurée et...étrangement honteuse de s'être laissée surprendre si facilement, elle contemplait la pointe de ses bottes de cuir usé.
Tout cela n'avait duré que quelques minutes tout au plus mais il lui semblait que le ciel s'était déjà grandement obscurci. L'hiver approchait irrémédiablement, avec ses rues verglacées et ses flocons de neige. Ce soleil trompeur qui baignerait la chambre du manoir avant de paraître bien moqueur lorsqu'elle constaterait, à l'extérieur, que ce n'était qu'un moyen fallacieux de l'attirer au dehors pour se délecter de ses frissons continus et de ses petites dents s'entrechoquant.
Un grand fracas lui fit cependant bien vite redresser la tête pour en déterminer l'origine. Elle vit passer sur la rive opposée des canaux, une unité montée de gardes aux sourcils froncés et aux mâchoires serrées. Certains avaient déjà la main sur le pommeau de leur épée. Les autres talonnaient vigoureusement leurs montures, plissant les yeux sous la gifle glacée que leur infligeait le vent dont l'impact était d'autant plus fort que la vitesse de leurs chevaux était déraisonnable. Surtout en pleine ville.
Leur passage soulevait autant de nuages de poussière que de cris indignés, jaillissant de la gorge des citoyens qui devaient bondir pour éviter de se prendre un coup de sabot malheureux. Les forces armées du Roy ignorèrent tout bonnement l'un et l'autre, fonçant à bride abattue en direction du quartier des mages.
"Mais qu'est-ce qui ne va pas ce soir...?" se questionna Crywen, échangeant regards interrogateurs et haussements d'épaules avec les badauds, tout aussi surpris qu'elle. Puis chacun repris son chemin.
Depuis quelques mois qu'elle foulait le sol de la capitale, si la jeune fille avait appris une chose, c'était bien qu'il était passablement inutile de se poser trop de questions. Elle avait, en quelques simples semaines, été témoin de plus d'événements étranges et totalement improbables que dans l'intégralité de sa toute jeune vie. Et son petit doigt lui disait que ce n'était pas fini.
(À suivre...)
Crywen K.
Re: Du sang sur les pavés.
"Factionnaires! Tirez dans le tas!"
Un grand brouhaha de panique s'éleva aux alentours de la prison. Les pavés des rues étaient défoncés, des coulées de sang erraient ci et là au gré des sillons de ce sol imparfait.
Les oreilles de Crywen bourdonnaient. Comment s'était-elle trouvée là au juste? Au milieu de ce chaos? Elle n'en etait elle-même pas totalement certaine mais une chose était sûre...lorsque dans la mêlée, quelqu'un hurla "À TERRE!", elle s'exécuta sans réfléchir.
Son ventre et ses coudes heurtèrent brutalement les pavés, sa peau s'écorcha et elle se mordit la langue. Les larmes aux yeux, elle plaqua ses deux mains sur sa tête, regardant désespérément du coin de l'œil tout ce qui l'entourait.
Elle ne pensait qu'à une chose: trouver un moyen de se sortir de là, et vite. Les balles sifflaient juste au dessus d'elle, accentuant cette terrifiante impression d'être prise au piège.
Tout autour d'elle, des cris, des mêlées brouillonnes et des fuites éperdues, en vain quelque fois. Certains insurgés, car elle avait commencé a comprendre ce qui se tramait, gisaient au sol, soit menottés soit morts.
Des civils malchanceux qui, tout comme elle, s'étaient retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, se faisaient piétiner sans vergogne.
Un tableau de guerre en plein milieu de la Cité Capitale...puis, les tirs cessèrent.
La jeune fille redressa les épaules, puis, plus lentement, la tête. Autour d'elle, les personnes allongées en faisaient de même si leur état le leur permettait.
La plupart des émeutiers avaient perdu la vie lors de cette fusillade, et alors qu'elle se relevait lentement, Crywen aperçut l'homme qui avait ordonné d'ouvrir le feu.
Malgré la fumée qui lui brûlait les poumons, lui irritait les yeux, elle parvint à distinguer ses traits, vaguement, et à le reconnaître.
C'était le garde qui, quelques minutes avant, lui avait enjoint de quitter les lieux au plus vite. Au milieu de la mêlée, il avait pris le temps de se poster bien en face d'elle et de la pousser à fuir. Elle aurait dû l'écouter mais...la jeune fille avait malgré elle été fascinée par cette scène de chaos.
Oui...c'était bien lui, reconnaissable entre tous. Avait-on déjà vu un garde aussi blond du reste? Cela ajoutait sans conteste un certain charme innocent à son autorité naturelle, et nul doute que si un jour Crywen se retrouvait en geôles, elle espérait secrètement qu'il lui rendrait visite de temps à autres.
Maintenant que les choses s'étaient un petit peu calmées, que les insurgés s'étaient dispersés et étaient à présent poursuivis sans relâche, la jeune fille fit volte-face, s'apprêtant à quitter le parvis de la Prison. Bien trop dangereux finalement.
Miss K. n'eut le temps de ne faire que quelques pas avant qu'une douleur fulgurante ne lui traverse la joue. Elle poussa un petit cri de surprise mêlé de souffrance, mais personne n'y fit attention. Et pour cause, les échauffourées reprenaient de plus belle encore.
Une main posée sur sa joue, elle leva les yeux en direction des toits avoisinants, car cela ne faisait aucun doute que l'attaque avait surgit de là, par un tireur embusqué en hauteur. Tremblante à la vue du sang qui ornait tristement ses doigts, elle alla se réfugier derrière quelques caisses à moitié détruites.
Ridicule abri de fortune, qui ne duperait pas grand monde longtemps, si jamais les choses venaient à empirer...
(À suivre...)
Un grand brouhaha de panique s'éleva aux alentours de la prison. Les pavés des rues étaient défoncés, des coulées de sang erraient ci et là au gré des sillons de ce sol imparfait.
Les oreilles de Crywen bourdonnaient. Comment s'était-elle trouvée là au juste? Au milieu de ce chaos? Elle n'en etait elle-même pas totalement certaine mais une chose était sûre...lorsque dans la mêlée, quelqu'un hurla "À TERRE!", elle s'exécuta sans réfléchir.
Son ventre et ses coudes heurtèrent brutalement les pavés, sa peau s'écorcha et elle se mordit la langue. Les larmes aux yeux, elle plaqua ses deux mains sur sa tête, regardant désespérément du coin de l'œil tout ce qui l'entourait.
Elle ne pensait qu'à une chose: trouver un moyen de se sortir de là, et vite. Les balles sifflaient juste au dessus d'elle, accentuant cette terrifiante impression d'être prise au piège.
Tout autour d'elle, des cris, des mêlées brouillonnes et des fuites éperdues, en vain quelque fois. Certains insurgés, car elle avait commencé a comprendre ce qui se tramait, gisaient au sol, soit menottés soit morts.
Des civils malchanceux qui, tout comme elle, s'étaient retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment, se faisaient piétiner sans vergogne.
Un tableau de guerre en plein milieu de la Cité Capitale...puis, les tirs cessèrent.
La jeune fille redressa les épaules, puis, plus lentement, la tête. Autour d'elle, les personnes allongées en faisaient de même si leur état le leur permettait.
La plupart des émeutiers avaient perdu la vie lors de cette fusillade, et alors qu'elle se relevait lentement, Crywen aperçut l'homme qui avait ordonné d'ouvrir le feu.
Malgré la fumée qui lui brûlait les poumons, lui irritait les yeux, elle parvint à distinguer ses traits, vaguement, et à le reconnaître.
C'était le garde qui, quelques minutes avant, lui avait enjoint de quitter les lieux au plus vite. Au milieu de la mêlée, il avait pris le temps de se poster bien en face d'elle et de la pousser à fuir. Elle aurait dû l'écouter mais...la jeune fille avait malgré elle été fascinée par cette scène de chaos.
Oui...c'était bien lui, reconnaissable entre tous. Avait-on déjà vu un garde aussi blond du reste? Cela ajoutait sans conteste un certain charme innocent à son autorité naturelle, et nul doute que si un jour Crywen se retrouvait en geôles, elle espérait secrètement qu'il lui rendrait visite de temps à autres.
Maintenant que les choses s'étaient un petit peu calmées, que les insurgés s'étaient dispersés et étaient à présent poursuivis sans relâche, la jeune fille fit volte-face, s'apprêtant à quitter le parvis de la Prison. Bien trop dangereux finalement.
Miss K. n'eut le temps de ne faire que quelques pas avant qu'une douleur fulgurante ne lui traverse la joue. Elle poussa un petit cri de surprise mêlé de souffrance, mais personne n'y fit attention. Et pour cause, les échauffourées reprenaient de plus belle encore.
Une main posée sur sa joue, elle leva les yeux en direction des toits avoisinants, car cela ne faisait aucun doute que l'attaque avait surgit de là, par un tireur embusqué en hauteur. Tremblante à la vue du sang qui ornait tristement ses doigts, elle alla se réfugier derrière quelques caisses à moitié détruites.
Ridicule abri de fortune, qui ne duperait pas grand monde longtemps, si jamais les choses venaient à empirer...
(À suivre...)
Crywen K.
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