Litanies d'un enfant des étoiles
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Litanies d'un enfant des étoiles
Comme toute chose d’importance, celle-ci avait commencé par un intense et bref éclat de lumière.
Puis ce fut le chaos.
Le vide fut en l’espace d’un battement de cœur, comblé des innombrables reflets prismatiques discernable par l’œil mortel. Des rivières chatoyantes et changeantes se fracassèrent les unes contre les autres, le rouge poussant le bleu, étirant le jaune.
Le vacarme des couleurs s’emballa, filant à vive allure, jusqu’à soudainement s’arrêter. A nouveau, le calme reprenait les rennes, mais cette fois-ci, une présence se tenait là. Sans forme et sans limites, elle était pleine, omniprésente. Et où que l’orphelin pose les yeux, il ne voyait qu’Elle. Son éducation cartésienne était bousculée dans son esprit, lui hurlant l’impossibilité mathématique et physique de ce à quoi il assistait. Aucune loi empirique, quelle que fut son domaine, ne pouvait apporter d’élément de réponse à la conscience qui se tenait devant ses yeux ébahis.
La Chose, l’Être, ou quoi qu’il pouvait s’agir, n’avait ni besoin de bouger pour se mouvoir, ni besoin de respirer pour palpiter. Tout en contradiction, à la fois absolue et relative en tout aspect, son intensité aurait pû réduire en cendre des mondes entiers, et pourtant semblait à peine capable d’éclairer une chandelle.
Bien entendu, la Présence ne parlait pas. Elle ne s’exprimait d’aucune manière convenable, et pourtant, l’orphelin sentait ses mots couler vers lui. Des syllabes d’une perfection divine, reléguant au rang de borborygme les écrits d’idoles païennes. En quelques instants, les plus complexes secrets de ce monde étaient expliqués avec une simplicité enfantine. Les mensonges déliés, balayés d’un souffle.
L’orphelin était tombé à genoux. Son corps était celui d’un jeune mâle de sa race, mais en cet instant, sa forme physique ne tenait plus que du détail abstrait. Nu, ou encore vêtu de sa robe, ses sens étaient occultés par la Présence, dont les formes commençaient à enfin apparaitre à ses yeux.
Pour l’unique fois dans sa longue vie, qui s’étalerait sur des millénaires, Colchis pleura.
Les larmes roulèrent sur sa peau, lorsque la complexité infinie des cristaux de Lumière en suspension s’offrit à son regard. Même le langage élaboré de sa race ne pouvait décrire la perfection que dégageaient chaque angle et chaque roulement des cristaux aux reflets d’or et de jade. Un millier de symétries alternatives se succédait sans jamais rompre un élégant balai qui repoussait les chefs d’œuvres de sa race à l’état de grossièretés malhabiles.
L’Être clairement asexué et intemporel chantait d’un éclat cristallin, et ce bruit qui arrachait à l’orphelin des larmes salés le touchait au plus profond de sa conscience. Elle ne lui apportait pas que le salut, ou la paix, mais bien la Vérité.
Nombreux philosophes d’Argus avançaient depuis des décades que le principe même de vérité était un mensonge, car la vérité n’était jamais que des faits relatés par un individu intrinsèquement incapable de neutralité parfaite. Colchis avait toujours apprécié cette vision des choses, et très tôt dans sa jeunesse, il s’était adjoint aux plus critiques de ses semblables, ceux qu’on pouvait presque qualifier de « rebelles ».
Mais face à cet Être, ses principes s’écroulèrent comme un château de carte. Il sut en cet instant que le simple mot « croire » venait de lui apparaitre sous un jour nouveau. Il n’était plus question de points de vue, d’objectivité, de valeurs et de parole. Il se tenait à genoux, prostré et important, face à Elle. La Vérité. Celle qui Etait depuis le début, et qui Serait jusqu’à la fin de toute chose.
Lorsqu’il tendit une main pour toucher l’Être, il l’accepta en son cœur. Pas seulement sa compassion et sa tempérance, mais tout ce qu’Elle était, tout ce qu’elle représentait. Son âme fondit comme un métal brûlant, avant d’être immédiatement plongé dans un moule nouveau. Non pas un grossier patron en bronze, mais une chose Sainte.
Au cœur d’Argus, la rumeur des êtres du néant qui venaient à eux enflait déjà depuis des mois. Balivernes, faits avérés, pour la première fois la société Draenei se trouvait diviser. Un croisement des chemins que nombre d’entre eux se refusaient à croire, tout simplement car un tel choix leur semblait d’une telle responsabilité que la Peur prenait le pas sur la Raison. Colchis lui-même ne savait alors guère qu’en penser. Il ne pouvait y avoir que parts d’ombres dans ces histoires, nuances de gris dont il était incapable de discerner le vrai du faux. Le terme de « Démon » n’avait été employé que par quelques individus minoritaires aux discours craintifs et frileux. Tandis que d’autres exposaient là la voix naturelle du peuple Draenei, de la prochaine étape de leur destinée manifeste.
Si entendre parler de ces choses n’avait pas réussi à convaincre l’orphelin, d’un côté ou de l’autre, l’apparition de l’Être lui fit comprendre un fait dont la profondeur semait en lui une terreur sans nom.
S’il existait des êtres de cette pureté, de cette perfection manifeste, de cette grandeur immaculée, alors leurs opposés seraient le fléau de leur civilisation.
Son visage couvert de larmes contemplait l’Apparition, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire. Jamais il ne s’était senti si faible, et pourtant la joie infinie de Sa présence venait de marquer l’âme du jeune mâle, comme un fer rouge sur sa peau bleuté. C’est au fond de son être, puisant dans tout son courage, qu’il parvint à remettre un semblant d’idée. Les larmes de félicité furent remplacées par des larmes de tristesse lorsque l’Être disparu lentement, laissant Colchis dans la salle vide. Le froid de la solitude prit la place de la chaleur de sa Présence, et ses pleurs mêlant souffrance et espoir finirent par se tarir. Il retrouva la vue, l’ouïe, le toucher, le goût, et enfin la parole. Et ses premiers mots furent plus qu’une promesse, bien plus qu’un serment.
« Loués soient leurs Noms »
Puis ce fut le chaos.
Le vide fut en l’espace d’un battement de cœur, comblé des innombrables reflets prismatiques discernable par l’œil mortel. Des rivières chatoyantes et changeantes se fracassèrent les unes contre les autres, le rouge poussant le bleu, étirant le jaune.
Le vacarme des couleurs s’emballa, filant à vive allure, jusqu’à soudainement s’arrêter. A nouveau, le calme reprenait les rennes, mais cette fois-ci, une présence se tenait là. Sans forme et sans limites, elle était pleine, omniprésente. Et où que l’orphelin pose les yeux, il ne voyait qu’Elle. Son éducation cartésienne était bousculée dans son esprit, lui hurlant l’impossibilité mathématique et physique de ce à quoi il assistait. Aucune loi empirique, quelle que fut son domaine, ne pouvait apporter d’élément de réponse à la conscience qui se tenait devant ses yeux ébahis.
La Chose, l’Être, ou quoi qu’il pouvait s’agir, n’avait ni besoin de bouger pour se mouvoir, ni besoin de respirer pour palpiter. Tout en contradiction, à la fois absolue et relative en tout aspect, son intensité aurait pû réduire en cendre des mondes entiers, et pourtant semblait à peine capable d’éclairer une chandelle.
Bien entendu, la Présence ne parlait pas. Elle ne s’exprimait d’aucune manière convenable, et pourtant, l’orphelin sentait ses mots couler vers lui. Des syllabes d’une perfection divine, reléguant au rang de borborygme les écrits d’idoles païennes. En quelques instants, les plus complexes secrets de ce monde étaient expliqués avec une simplicité enfantine. Les mensonges déliés, balayés d’un souffle.
L’orphelin était tombé à genoux. Son corps était celui d’un jeune mâle de sa race, mais en cet instant, sa forme physique ne tenait plus que du détail abstrait. Nu, ou encore vêtu de sa robe, ses sens étaient occultés par la Présence, dont les formes commençaient à enfin apparaitre à ses yeux.
Pour l’unique fois dans sa longue vie, qui s’étalerait sur des millénaires, Colchis pleura.
Les larmes roulèrent sur sa peau, lorsque la complexité infinie des cristaux de Lumière en suspension s’offrit à son regard. Même le langage élaboré de sa race ne pouvait décrire la perfection que dégageaient chaque angle et chaque roulement des cristaux aux reflets d’or et de jade. Un millier de symétries alternatives se succédait sans jamais rompre un élégant balai qui repoussait les chefs d’œuvres de sa race à l’état de grossièretés malhabiles.
L’Être clairement asexué et intemporel chantait d’un éclat cristallin, et ce bruit qui arrachait à l’orphelin des larmes salés le touchait au plus profond de sa conscience. Elle ne lui apportait pas que le salut, ou la paix, mais bien la Vérité.
Nombreux philosophes d’Argus avançaient depuis des décades que le principe même de vérité était un mensonge, car la vérité n’était jamais que des faits relatés par un individu intrinsèquement incapable de neutralité parfaite. Colchis avait toujours apprécié cette vision des choses, et très tôt dans sa jeunesse, il s’était adjoint aux plus critiques de ses semblables, ceux qu’on pouvait presque qualifier de « rebelles ».
Mais face à cet Être, ses principes s’écroulèrent comme un château de carte. Il sut en cet instant que le simple mot « croire » venait de lui apparaitre sous un jour nouveau. Il n’était plus question de points de vue, d’objectivité, de valeurs et de parole. Il se tenait à genoux, prostré et important, face à Elle. La Vérité. Celle qui Etait depuis le début, et qui Serait jusqu’à la fin de toute chose.
Lorsqu’il tendit une main pour toucher l’Être, il l’accepta en son cœur. Pas seulement sa compassion et sa tempérance, mais tout ce qu’Elle était, tout ce qu’elle représentait. Son âme fondit comme un métal brûlant, avant d’être immédiatement plongé dans un moule nouveau. Non pas un grossier patron en bronze, mais une chose Sainte.
Au cœur d’Argus, la rumeur des êtres du néant qui venaient à eux enflait déjà depuis des mois. Balivernes, faits avérés, pour la première fois la société Draenei se trouvait diviser. Un croisement des chemins que nombre d’entre eux se refusaient à croire, tout simplement car un tel choix leur semblait d’une telle responsabilité que la Peur prenait le pas sur la Raison. Colchis lui-même ne savait alors guère qu’en penser. Il ne pouvait y avoir que parts d’ombres dans ces histoires, nuances de gris dont il était incapable de discerner le vrai du faux. Le terme de « Démon » n’avait été employé que par quelques individus minoritaires aux discours craintifs et frileux. Tandis que d’autres exposaient là la voix naturelle du peuple Draenei, de la prochaine étape de leur destinée manifeste.
Si entendre parler de ces choses n’avait pas réussi à convaincre l’orphelin, d’un côté ou de l’autre, l’apparition de l’Être lui fit comprendre un fait dont la profondeur semait en lui une terreur sans nom.
S’il existait des êtres de cette pureté, de cette perfection manifeste, de cette grandeur immaculée, alors leurs opposés seraient le fléau de leur civilisation.
Son visage couvert de larmes contemplait l’Apparition, ne sachant ni quoi dire, ni quoi faire. Jamais il ne s’était senti si faible, et pourtant la joie infinie de Sa présence venait de marquer l’âme du jeune mâle, comme un fer rouge sur sa peau bleuté. C’est au fond de son être, puisant dans tout son courage, qu’il parvint à remettre un semblant d’idée. Les larmes de félicité furent remplacées par des larmes de tristesse lorsque l’Être disparu lentement, laissant Colchis dans la salle vide. Le froid de la solitude prit la place de la chaleur de sa Présence, et ses pleurs mêlant souffrance et espoir finirent par se tarir. Il retrouva la vue, l’ouïe, le toucher, le goût, et enfin la parole. Et ses premiers mots furent plus qu’une promesse, bien plus qu’un serment.
« Loués soient leurs Noms »
Colchis
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