Jardin de pierre : écrit du Salon, par Marieka Van-Horn
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Jardin de pierre : écrit du Salon, par Marieka Van-Horn
Les principales bibliothèques de l'Alliance auront reçu au matin du septième jour de l'an trente quatre plusieurs exemplaires fraichement imprimés de l'ouvrage "Jardin de pierre". Ce dernier, écrit par Marieka Van-Horn, a été proposé et publié à la Loge du Salon au cours du mois de juin.
Souhaitant partager son écrit, Marieka Van-Horn a sollicité l'aide de ses confrères du Salon pour le plus grand plaisirs des lecteurs invétérés de l'Alliance.
L'emblème du Salon aura été apposé sur chaque version imprimée, permettant aux curieux de se renseigner sur l'organisation éditant certains de ses plus beaux ouvrages.
Souhaitant partager son écrit, Marieka Van-Horn a sollicité l'aide de ses confrères du Salon pour le plus grand plaisirs des lecteurs invétérés de l'Alliance.
L'emblème du Salon aura été apposé sur chaque version imprimée, permettant aux curieux de se renseigner sur l'organisation éditant certains de ses plus beaux ouvrages.
Jardin de pierre
Correspondance entre Nefher'kaan et Kimera.
Par Marieka Van-Horn.
Corrigé et traduit du draeneï par Ione Densilla
1. IntroductionC'est ainsi, par ce fragment extrait d'une lettre écrite en draeneï, que je pénétrais dans le monde oppressant d'une prêtresse des morts, gardienne des âmes, et de sa correspondante, une adepte de magie antique dont les recherches furent sujettes à controverse. Deux esprits draeneï fort peu orthodoxes, ne tenant rien pour acquis, cherchant la vérité hors des sentiers fréquentés et entretenant sur une longue période une surprenante relation épistolaire que nous, humains, peinons à imaginer.
Le plus acharné des ennemis peut avoir l'air inoffensif, une seule étincelle peut détruire une forêt, et le mal le plus abject peut avoir ses racines dans l'être le plus pur.
Surprenante, car le sujet abordé dans cet échange, parfois houleux, de convictions et de savoir, semble être en effet les liens existants entre la Lumière et la nature de la folie originelle. On comprendra aisément que la simple union de ces deux mots ait pu susciter - et susciterait encore aujourd'hui - la plus grande méfiance et provoqué sans nul doute quelques difficultés dans la poursuite de cette recherche.
Je fis la connaissance de Kimera lors d'un diner chez sieur Damian Heisenhorn et, alors que je lui parlais des enseignements de prêtrise qui m'avaient été dispensés dans ma jeunesse - bien que je n'aie jamais été ordonnée - et que je ne lui cachais pas ma fascination pour ce que nous appelons l'Outreterre, ainsi que les nombreux voyages que j'y fit, elle évoqua de manière assez vague et retenue la "surdité" partielle de son peuple face au message des Naarus.
Intriguée et désireuse d'en savoir davantage, je la pressais de continuer et elle finit par m'avouer - le mot n'est pas trop fort, un sentiment de culpabilité flottant autour de nous durant cette conversation - cet échange épistolaire dont il est question ici.
Il serait présomptueux de ma part de prétendre saisir pleinement tous les concepts abordés dans ces lettres. En effet, si l'étude des arcanes est fort bien enseignée au Kirin-Tor, et s'il est admis que les Kaldoreis maîtrisent à merveille la magie d'Elune, nul ne peut rivaliser avec la compréhension globale des puissances magiques que possèdent les Draeneï et leur expérience multi-millénaire en ce domaine.
Rappelons que, pour le peu que nous en sachions, les Eredars n'hésitaient sans doute pas à mêler des forces que nous considérons aujourd'hui antinomiques pour atteindre l'harmonie lors de l'apogée de leur ancien monde.
De même, nous ne pouvons qu'imaginer le lien mystique qui unit les Draeneï avec les Naarus, qu'ils considèrent souvent comme l'incarnation de la Lumière.
De longs mois ont été nécessaires pour retrouver ces lettres. Certaines ont été gracieusement prêtées par la bibliothèque de Shattrath, d'autres font partie des archives privées de Kimera, quelques-unes semblent hélas perdues à jamais, mais toutes sont publiées ici avec l'accord de leurs auteurs respectifs.
2. Auchindoun, 7e jour des Cendres, Draenor jaadaï 10.
La première lettre que Kimera, adepte de magie antique et vivant volontairement retirée non loin de ce que les peuplades orques d'alors appelait Oshu'gun, "la Montagne aux Esprits", adressa à Nefher'kaan, prêtresse des morts oeuvrant dans les profondeurs souterraines de la cité-tombeau d'Auchindoun, est manquante. La réponse de Nefher'kaan commence par un fragment de poème aujourd'hui oublié.
Le système de datation - jaadaï, que l'on peut traduire par ère, ou époque - était principalement utilisé par les lettrés et comptait les années depuis la référence jointe. Il semble que les dates écrites dans ce système apparemment simple soient majorées ou minorées suivant l'importance de l'événement de référence, rendant la transcription en commun assez délicate, d'autant plus que les années sur Draenor étaient à l'époque découpées à 6 en 7 périodes, suivant l'alignement de certains astres majeurs.
Ceci étant, les premiers échanges peuvent être datés sans trop d'erreur de plus de deux cents ans, dans une région nommée Talador.
A Kimera,
"Ils disent que la mer est froide,
mais la mer contient le sang le plus chaud de tous,
et le plus sauvage,
le plus pressant."
Ma soeur, dans votre précédente lettre, vous citez, pour justifier votre demande et motiver ma décision, le proverbe bien connu au temple :
"Le plus acharné des ennemis peut avoir l'air inoffensif, une seule étincelle peut détruire une forêt, et le mal le plus abject peut avoir ses racines dans l'être le plus pur."
Même si je suis en accord avec ces quelques lignes, il ne m'est pas possible, ou souhaitable, d'accéder positivement à votre requête me demandant d'user de ma prétendue influence afin de changer la perception de l'exarque [1] Maladaar [2] de votre personne et de vos recherches.
Je connais peu les raisons précises qui poussent tant de nos frères et soeurs à vous tourner ainsi le dos, mais j'ai tout de même eu connaissance des grandes lignes. Vous comprendrez alors que recevoir de votre part une telle demande pour vous permettre d'accéder aux abords du sarcophage le plus sacré de la nécropole m'ait quelque peu effrayée.
Je rejoins dans les louanges ceux qui vous portent de l'estime pour votre courage, votre abnégation à combattre la corruption au risque de sacrifier votre propre vie, mais je suis prise de malaise comme tous ceux qui vous imaginent approcher des restes de D'ore. [3]
Avec mes regrets,
Nefher'kaan.
2. Karabor, 11e jour du Renouveau, Draenor jaadaï 10.
A noter que la réponse de Kimera ne vint pas des environs d'Oshu'gun où elle était sensée résider, mais de Karabor, le centre religieux le plus important de Draenor.
A Nefher'kaan,
Je pressentais la nature de votre réponse.
Il n'empêche que je sois déçue, et plus encore que vous laissiez flotter vos décisions au gré du jugement des autres, mais c'est ainsi et je l'accepte.
J'aimerais tout de même clarifier un point essentiel, peut-être le pivot de nos relations. Jamais je n'ai remis en cause, ni ne remettrai, la sagesse naaru, pas même ma foi en la vérité de la Lumière. Non, je prétends par contre que nous sommes sourds à la totalité, à l'intégralité du message qu'ils nous livrent.
Ce n'est pas un combat entre l'Ombre et la Lumière, c'est une danse.
Kimera.
3. Auchindoun, 20e jour des Cendres, Draenor jaadaï 208.
Presque deux siècles s'écoulent avant que Nefher'kaan ne reprenne la correspondance et rompe ce que certains Draeneï nomment le Grand silence.
Le Grand silence semble être une ancienne coutume, peu utilisée, sauf par quelques érudits attachés au passé. Une personne frappée par le grand silence devient quasiment invisible et inaudible pour le ou les Draeneï qui l'ont érigé entre eux et cette personne. Cela s'apparente à un exil sans exil.
On peut, par déduction des événements cités dans cette lettre, la dater de l'année 190 de l'exil en Draenor, et aussi de la première année du génocide.
Il peut être utile de rappeler que Karabar succomba entièrement à la corruption en l'an 199 et que seuls quelques rares survivants purent échapper aux massacres. Kimera parvint à rejoindre Telredor, accompagnée d'un petit groupe d'orphelins.
Rappelons également que l'année 208 vit l'éclatement de Draenor, et ce fut cette année que Nefher'kaan sortit de son silence.
A Kimera,
Rompre le Silence est un moment d'une délicatesse extrême. Après toutes ces années, je peux à nouveau vous voir.
La situation ici à Auchindoun tend à prouver que vous ayez eu raison. Mes amis, mes frères et soeurs Auchenaïs semblent êtres victimes d'un mal indicible. Leurs paroles, ainsi que leurs actes, renient le serment que nous avons tous prononcé, et j'ignore si je suis moi aussi atteinte de la même corruption.
Le doute me ronge, obscurcit mes pensées et, dans mes pires cauchemars, lorsqu'enfin je trouve un semblant de repos, terrifiée dans l'étreinte glacée de ma couche, je m'imagine commettre des actes odieux et impies.
J'ai semble-t-il été épargnée les premiers temps car mon travail m'appelait souvent à extérieur du mausolée, mais je ne sais combien de temps encore je vais garder ma lucidité, quand bien même je n'aurais pas été aveuglée tout ce temps.
Je tenais à vous faire part de mes regrets, Kimera, ainsi que de ma grande honte.
Vous pourriez avoir raison.
Nefher'kaan.
Les ruines de la nécropole d'Auchindoun.
4. Telredor, 35e jour du Renouveau, Draenor jaadaï 209.
Après donc avoir été littéralement accusée de poursuivre des idées malsaines, Kimera ne semble aucunement en tenir rigueur à Nefher'kaan. Il est vrai que, selon les plus anciens mythes et les profondes croyances, le destin des Draeneï serait de pardonner.
Respectée Nefher'kaan,
Je peux enfin vous entendre ma soeur et, quand cette lettre vous parviendra, je me serai déjà mise en route avec quelques amis pour vous rejoindre.
L'attente sera dans doute longue, trop peut-être. Je vous demande instamment de ne prendre aucun risque, de vous trouver un abri et de vous y cacher. Préservez votre vie, je vous en conjure !
Je vous demande également de noter tout ce que vous voyez ou croyez voir, comprendre ou croyez comprendre de la démence qui semble s'emparer de vos frères et soeurs Auchenaïs. Ainsi, si vous veniez à succomber, que les Naarus nous viennent en aide, il resterait une trace, un témoignage qui pourrait se révéler précieux pour notre futur, car oui, je reste persuadée que nous avons encore un futur, si sombre puisse-t-il paraître aujourd'hui.
Autre chose, j'ai vu des Orcs parler aux nuages, à l'eau, aux pierres et au feu. Les Orcs sont primitifs et ont des croyances de primitifs, pourquoi parlent-ils soudainement aux morts ?
Ne désespérez pas, Nefher'kaan, nous sommes en route.
Kimera.
5. Auchindoun, Draenor jaadaï 209.
Nous reproduisons ici quelques notes de Nefher'kaan, alors que celle-ci est s'est réfugiée non loin d'Auchindoun et tente de survivre à la corruption qui s'abat sur le sanctuaire durant la période des Feux. Ces notes - davantage apparentées à un journal - lui ont sans doute procuré quelque réconfort, lui évitant peut-être de succomber à la folie.
15e jour des feux.18e jour des feux.
Je ne dors plus. Je ne veux plus dormir.
Même ainsi, les cauchemars envahissent mon esprit, s'accrochant au moindre instant de faiblesse ou de doute.
Je me suis terrée dans un trou d'animal, à quelques distances de la nécropole. Je sais que mon état, déjà lamentable, va encore se détériorer, mais j'espère pouvoir tenir assez longtemps pour écrire si je parviens à me nourrir de racines et de larves.
Je pense à des épisodes heureux de mon enfance pour repousser les terribles visions qui m'assaillent continuellement.20ème jour des feux.
J'ai vu des Orcs et des Draeneï se battre, encore et encore, jusqu'à l'épuisement complet. J'ai assisté, immobile et lâche, à l'agonie de bien des nôtres.
Plusieurs fois, j'ai voulu sortir de ma cachette pour soulager un frère ou une soeur, ou même pour abréger des souffrances, mais à chaque fois que j'ai tenté d'utiliser mes capacités, j'ai senti ma raison vaciller sous les assauts d'une chose si noire que j'en suis restée paralysée de terreur un long moment, recroquevillée et tremblante dans la niche qui pourrait bien devenir ma tombe.[non daté]
Je ne veux pas sombrer dans la folie, je ne veux pas être la proie de ce vide incommensurable qui semble recouvrir le monde.
Parfois, la nuit, les étoiles s'éteignent et disparaissent. Quand elles réapparaissent enfin, elles semblent moins brillantes, comme voilées.
D'ignobles murmures se font pressant, alors que je suis seule.
Parfois aussi, je crois voir des morts, d'anciennes connaissances, errants aux abords de la nécropole. Ils sont de plus en plus nombreux chaque jour, bien qu'il n'y ait plus vraiment de jour, la nécropole baignant maintenant dans une perpétuelle lueur blafarde, malsaine, sous un soleil gris et agonisant.[non daté]
Une chose sombre envahit notre monde, elle étreint mon coeur et mon esprit et je sais qu'il n'y a nul endroit pour s'échapper.
Aucun abri, rien ni personne ne peut se croire épargné par ce mal !
La chose sombre m'envahit, elle cogne dans ma tête, elle veut entrer.
Je prie, je pleure, je crie et menace, puis implore tous les dieux d'ici et d'ailleurs.[non daté]
Nefher'kaan, je suis Nefher'kaan, prêtresse des morts du 5e Cercle.
Mes parents m'ont élevée, je dois m'en souvenir !
Toutes les prières que l'on m'a apprises m'échappent et je ne suis plus capable que de réciter quelques comptines pour repousser les ténèbres.[non daté]
L'horreur est là, toute proche.
La terre tremble comme sous des coups gigantesques et s'ouvre sous mes sabots. Ma tombe se referme sur moi.
Un jour, j'ai été heureuse, je le sais bien.35e jour des feux ?
Depuis hier, la pression sur mon esprit semble se relâcher et des pans entiers de ma vie me reviennent.
Est-ce un ultime répit, comme le relâchement du mourant qui, juste avant de partir, semble un instant s'abandonner à une ineffable douceur ? Ou bien, au contraire, le voile de corruption s'est-il retiré ?
J'ai réussi à me dégager de la terre qui m'avait ensevelie. Dehors, tout n'est que poussière et cendres, la nécropole est brisée.
Je ne rêve pas, mes pensées m'appartiennent à nouveau et les morts qui arpentent inlassablement les ruines sont réels, j'en suis convaincue.36e jour des feux
Bien que très faible, j'ai pu faire quelque pas mais je n'ai pas osé trop m'approcher de ce qui reste de la nécropole. Des troupes d'Orcs stationnent encore non loin et j'ai pu apercevoir quelques patrouilles harassées. Tous mes frères et soeurs sont morts, leurs ossements recouvrent la terre.
La grisaille recouvre le monde, comme avalé. Le chaos nous a une fois de plus rattrapés.
D'après mes observations, et bien que le soleil soit encore extrêmement pâle, je pense être au 35e jour. Le sang que j'ai sur moi, et sous mes ongles, est le mien. Gloire en soit rendue aux Naarus, j'ai craint un moment avoir commis des atrocités.
Seuls restent la foule de morts qui marchent sans but.
J'ai exploré la partie visible des ruines, sans oser entrer dans les salles souterraines. Plus rien ne vit, sauf moi. Pourquoi suis-je encore vivante ? Et surtout, que s'est-il passé ?
Est-ce l'influence du changement de cycle de vie de D'ore ? Ou bien est-ce un mal plus vaste et plus puissant ?
Kimera, j'ai tant besoin de vous...
L'entrée nord, encore intacte, du mausolée.
6. Shattrath, 5e jour du Voyage, Draenor jaadaï 210.
Kimera nous raconta très récemment comment le groupe de sauvetage qu'elle mena n'atteignit pas les faubourgs de la cité mortuaire à temps. Ils remarquèrent la niche creusée dans la terre vide, fouillèrent les décombres de la nécropole, mais ne trouvèrent pas Nefher'kaan.
Elle fut recueillie quelques jours plus tard par des réfugiés, hagarde, déshydratée, affamée et portant de multiples blessures, et fut emmenée à Telhamat pour y être soignée.
Ce n'est que plusieurs mois après qu'elle reçut une dernière lettre de la prêtresse.
A Kimera,
Ma soeur, j'ai appris de vos nouvelles par les moines de Telhamat qui m'ont recueillie.
Pardonnez-moi si je n'ai pas pu vous attendre, ne sachant même pas si vous veniez. Je ne comprends pas toujours pas comment j'ai pu échapper à la démence qui s'est abattue sur nous. Peut-être suis-je morte un moment.
Vous trouverez le journal complet que j'ai tenu lors des terribles événements d'Auchindoun. Je ne l'ai encore montré à personne car certaines pages pourraient perturber, voire révolter, les plus orthodoxes ou les plus rigides d'entre nous et le moment ne sied pas de bouleverser les esprits.
Sans doute pensera-t-on que ces notes ne sont que les délires d'un esprit malade, rongé par le doute et la folie. Peut-être en effet ne sont-elles que ça, mais je connais vos recherches et je partage vos interrogations. Après ce que j'ai vécu, je sais maintenant que vous aviez raison et je regrette sincèrement de ne pas vous avoir davantage aidée dans vos recherches quand l'ordre régnait et que j'avais quelques pouvoirs.
Les Orcs sont arrivés en nombre et ont forcés nos défenses sans compter leurs pertes, puis j'ai entendu les murmures lancinants, et ensuite le cauchemar nous a saisis dans une étreinte abjecte. Les voix sont devenues plus pressantes, et les morts sont apparus. Ils marchaient et apparaissaient aux vivants, les entraînant dans la démence, je l'ai vu, Kimera.
Je sais que Maladaar, le sage, n'est plus que l'ombre de celui qu'il fut et que tous, là-bas, ont sombré, même nos frères Auchenaïs, gardiens de nos défunts. Je sais que ce monde se meurt, en proie à la corruption la plus noire.
Lorsque les Orcs ont attaqué nos frères sans raison, je n'ai pu m'empêcher de penser à vos travaux, ceux-là même qui vous avaient valu l'opprobre de vos pairs. Avons-nous réellement subi à Auchindoun l'influence du changement de cycle de vie de D'ore ? Ou bien est-ce un mal plus vaste, plus puissant, le même qui frappe les Orcs qui sont restés aux côtés de K'ure et de ce qu'ils appellent Oshu'gun ?
Aux heures les plus sombres de mon calvaire, terrée dans un trou de poussière et ensevelie sous les ossements, lorsque je sentais ma raison s'effilocher comme des lambeaux de brumes, ne sachant plus si j'étais morte, ou si au contraire j'étais la dernière Draeneï vivante en ce monde, j'ai réalisé à quel point le dogme est incomplet et impuissant à expliquer les épreuves que nous traversons.
Je suis maintenant convaincue par vos hypothèses selon lesquelles la folie qui frappe les vivants serait liée aux changements de cycle de D'ore et K'ure, comment la puissance de leurs esprits, de leurs êtres tout entiers, nous touchent lorsque, tels des dormeurs au sommeil lourd, ils se retournent ou soupirent dans leur éternité.
J'ai maintenant réalisé à quel point la Lumière ne peut exister sans l'Ombre, et que plus une lumière est forte, plus dense est l'ombre. Equilibre du monde et cycles éternels... Après ce que j'ai vu là-bas, en ces jours maudits, je sais, grâce à vous, que nous sommes sourds à l'intégralité du message que nous livrent les Naarus, que nous n'en comprenons qu'une partie, que ce que nous ne percevons pas nous affecte profondément et pourrait même nous détruire.
Vous aviez raison Kimera, ce n'est pas un combat entre l'Ombre et la Lumière, c'est une danse qu'il nous faut apprendre.
Nefher'kaan.
7. Epilogue
D'après divers recoupements et certains silences de Kimera, nous pouvons penser que le journal de Nefher'kaan reproduit ici est loin d'être complet et que les parties les plus sensibles, sans doute jugées blasphématoires, en ont été retirées.
De même, Kimera n'a pas souhaité développer ses travaux auxquelles Nefher'kaan fait référence dans sa dernière lettre et nous ne pouvons qu'imaginer les conclusions originales ou révolutionnaires des recherches issues de ces deux esprits hors du commun, entièrement tournés vers l'étude des rites les plus sacrés du peuple draeneï.
Bien que nul n'ai émis de réserves lorsque nous avons entrepris de publier cette correspondance, il ne nous a pas été possible de déterminer si les théories de Kimera, renforcées par les visions de Nefher'kaan, ont été prises au sérieux et étudiées par les érudits et les ecclésiastes draeneï, ou si, au contraire, l'ensemble de ses écrits ont été considérés comme les égarements d'un esprit rebelle et mis à l'index.
Quoi qu'il en soit, la hardiesse des propositions de Kimera témoigne de la vivacité de la pensée draeneï, et on ne peut que rêver aux possibilités qui s'offriraient si elles se révélaient exactes. Certaines de ces nouvelles voies d'étude font également frémir. On peine à imaginer ce que serait notre monde si, par exemple, une meilleure compréhension des Naarus menait à la renaissance des Eredars.Hurlevent, printemps 34.-------------------------------------------------Remerciements
Hormis bien évidemment Nefher'kaan et Kimera, les auteures tiennent à remercier :
- Révéré Yaadin, responsable du département Mythes et Religion à la bibliothèque de Shattrath.
- Ishii, guide au Bastion Allérien, qui a su nous faire découvrir les cryptes d'Auchindoun sans réveiller les âmes des défunts.
Sauf indications contraires, les gnomographies sont d'Ambre, les droits en sont réservés suivant le code de la propriété intellectuelle définie par l'Alliance.-------------------------------------------------Les auteures
Marieka Van-Horn
Erudite, résidant à Hurlevent.
Ione Densilla
Kaldoreï retirée à Darnassus, gardienne de la Maison Palantír, lettrée et traductrice.
----------------------------------------------------------------------------------------
[1]. Titre honorifique autrefois utilisé signifiant littéralement "celui qui a lu [étudié] les textes sacrés."
(toutes les notes de bas de page sont de la traductrice.)
[2]. Ancien dépositaire et Intendant des Auchenaïs - les gardiens d'Auchindoun, dévoués à la protection et au souvenir des défunts - et connu pour sa bonté et sa sagesse.
[3]. Naaru ayant changé de cycle de vie lorsque le vaisseau Genedar s'écrasa sur Draenor. C'est l'un des Naarus les plus important pour le peuple draeneï et c'est également le premier à reposer dans les profondeurs d'Auchindoun.
Septimus Kromann
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