Les blancs murmures
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Les blancs murmures
Ses bottes s'enfonçaient dans la silencieuse poudreuse d'hiver. Sa lame, portée comme le fardeau d'une vie, lui faisait courber l'échine, lui rappelant le poids de cette âpre réalité. La ferraille laissait un sillon derrière la silhouette de fer et de chair. Sa respiration rapide démontrait l'effort qu'il accomplissait. Ses lèvres entrouvertes libéraient dans une buée grasse, la chaleur d'un corps encore chaud. Son genou ploya, faible, et sa fourrure rencontra la neige. Ses traits rabougris, vieux, laissaient pourtant un regard encore vif et cinglant l'espace d'un instant. Il tourna la tête pour narguer son opposante, son casque de plaque contre ses oreilles et son nez, ciselant parfois la peau comme une lame d'un couteau. Sa chevelure hirsute dépassait de tous les côtés, espérant sans doute s'enfuir pour galoper dans son dos ou sur ses larges espauliers.
Puis le second genou accompagna son jumeau. Quand il se plia, ses gantelets s'enfoncèrent jusqu'à trouver la glace cachée sous ce manteau de neige. Ses chicots paradaient quand la douleur déformait son visage.
Vaincu.
Il s'éprit, la raison arrachée de son fourreau, à contempler cette botte nacrée au pied léger, se confondant avec la poudre d'un blanc immaculé.
- C'est ici que les vers vont te dépouiller de ta chair, lentement, lentement, oui, mais sûrement. Tu lui laisses ta place au sein du royaume des échos lointains. Lâche. Tu n'es qu'un lâche.
Elle lui releva le menton le poussant de son pouce, sans douceur, enfonçant sa barbe drue dans sa peau. Puis elle serra sa mâchoire de sa main pourtant si petite, mais grande de hargne. La fatalité s'abattit, le fer glacial vint glisser dans la bouche d'un geste sans tremblements, lui déchirant la langue et lui cassant les dents. De sa gorge remontaient des grumeaux épais et carmins qu'il recrachait et le corps s'enfonça dans la neige tout entier quand la lame fut extirpée.
Elle pencha la tête en arrière, après avoir ôté son casque ailé aussi blanc que le ciel, déployant sa chevelure blonde. Les flocons venaient adoucir son expression auparavant tendue, elle sourit, les yeux clos. Le temps se figea lorsqu'elle entendit les cavalières qui venaient à sa rencontre, fendant la clairière à vive allure. Puis s'arrêtèrent brutalement, comme à l'orée d'un précipice.
- Pas la peine d'aller plus loin, c'est terminé, Var'. Elle préférera ses murmures à tes mots. Le sang à tes soins.
Les cavalières, surtout les deux plus en avant, ordonnèrent aux restantes de faire demi tour au pas lent et silencieux. La bannière blanche portée haut, se heurtait aux vents maintenant violents. Seule face au cadavre, délaissée des autres pour la nuit, elle se mura dans les ombres jusqu'à complètement disparaître.
Les cristaux de jade lâchés par les mains du temps s'éparpillèrent au gré du vent à cet instant, laissant leurs échos depuis, devenir chaque jour un peu plus teintés de folie.
Puis le second genou accompagna son jumeau. Quand il se plia, ses gantelets s'enfoncèrent jusqu'à trouver la glace cachée sous ce manteau de neige. Ses chicots paradaient quand la douleur déformait son visage.
Vaincu.
Il s'éprit, la raison arrachée de son fourreau, à contempler cette botte nacrée au pied léger, se confondant avec la poudre d'un blanc immaculé.
- C'est ici que les vers vont te dépouiller de ta chair, lentement, lentement, oui, mais sûrement. Tu lui laisses ta place au sein du royaume des échos lointains. Lâche. Tu n'es qu'un lâche.
Elle lui releva le menton le poussant de son pouce, sans douceur, enfonçant sa barbe drue dans sa peau. Puis elle serra sa mâchoire de sa main pourtant si petite, mais grande de hargne. La fatalité s'abattit, le fer glacial vint glisser dans la bouche d'un geste sans tremblements, lui déchirant la langue et lui cassant les dents. De sa gorge remontaient des grumeaux épais et carmins qu'il recrachait et le corps s'enfonça dans la neige tout entier quand la lame fut extirpée.
Elle pencha la tête en arrière, après avoir ôté son casque ailé aussi blanc que le ciel, déployant sa chevelure blonde. Les flocons venaient adoucir son expression auparavant tendue, elle sourit, les yeux clos. Le temps se figea lorsqu'elle entendit les cavalières qui venaient à sa rencontre, fendant la clairière à vive allure. Puis s'arrêtèrent brutalement, comme à l'orée d'un précipice.
- Pas la peine d'aller plus loin, c'est terminé, Var'. Elle préférera ses murmures à tes mots. Le sang à tes soins.
Les cavalières, surtout les deux plus en avant, ordonnèrent aux restantes de faire demi tour au pas lent et silencieux. La bannière blanche portée haut, se heurtait aux vents maintenant violents. Seule face au cadavre, délaissée des autres pour la nuit, elle se mura dans les ombres jusqu'à complètement disparaître.
Les cristaux de jade lâchés par les mains du temps s'éparpillèrent au gré du vent à cet instant, laissant leurs échos depuis, devenir chaque jour un peu plus teintés de folie.
Echos lointains
Re: Les blancs murmures
Elle trônait sur sa chaise vétuste, les jambes écartées en totale désinvolture. Avachie, le poing écrasant sa joue face à une feu rougeoyant, son regard s'assombrit soudain même devant la chaude lumière. Les lèvres plissées, l'esprit fermé, le coude sur le rebord, elle pianotait sur son casque posé de sa main libre. Le jeune homme à ses pieds, lui, semblait se hâter de peur de se faire houspiller. Il démontait l'armure pièce par pièce, non sans trembler. Un geste déplacé et il se prenait son gantelet en argent en plein crâne. Elle ne mouftait pas un mot, une narine se levait parfois, et ses inspirations étaient fortes et bruyantes. Elle finit par se relever, il lui ôta sa cape maintenant froissée, ses monstres de métal protégeant ses épaules, et enfin son plastron.
La salle était en pierre, ronde, avec une cheminée sommaire. Alors que son écuyer ramassait soigneusement son armure, elle déployait un corps petit et fluet, presque frêle. Sa longue chevelure blonde couvrait son dos, ondulant légèrement par moment. Son corps était recouvert de bandages, compressant ses muscles, sa taille, sa poitrine et ses cuisses. Elle posa l'avant bras contre la cheminée, scrutant le foyer, alors que son écuyer venait la couvrir d'une peau d'ours blanc. Elle regarda les flammes danser, toujours aussi irritée, ses phalanges saignaient, la peau encore à vif. Lorsque la porte s'ouvrit, elle ne fut pas surprise d'entendre ces pas lourds mais familiers. Une voix perçante se fit aussitôt entendre, couvrant à peine les crépitements tellement elle était douce, et basse.
- Tu n'y pouvais rien. C'est bien que tu sois revenue. Var' a bien cru que tu fuirais tes responsabilités.
- Va préparer mes épées pour demain. Je n'ai pas envie de bavasser, surtout si c'est pour me parler des sentiments des autres.
- Et voilà tu fuis encore la discussion, je suis clémente, mais "les autres", comme tu dis, risquent de perdre patience face à ton comportement. Surtout si tu vois le silence comme seule solution.
- Es-tu sourde? Quand j'ordonne, tu exécutes.
- Cinq jours, c'était excessif. De toute façon, toute ton âme baigne dans l'excès. Je te préviens parce que je suis encore celle qui reste le lien le plus fort entre toi et la Harde, mais je pourrais ne plus te faire confiance.
- Il est évident que tu es ces rênes entre la cavalière et les juments : Inutile quand la cavalière a de la voix, ridicule quand trop facile à déchirer.
- Ou plutôt les rênes d'une cavalière qui voudrait être le vilain étalon sauvage à courir vers la prairie.... alors que la prairie est en feu?
"Mes armes" pesta la plus petite, les mâchoires serrées voulant apparemment écourter la discussion. Son poignet n'aurait quitté cette cheminée pour rien au monde, quitte à se brûler. La peau de bête la recouvrait pour lui donner cette sauvagerie sans doute familière, et cachait aussi son corps bandé, fragile, et peut-être meurtri.
La brune soupira, tournant ses talons de métal. Elle quitta la pièce, désabusée, la bête était bien trop apeurée pour l'heure. Elle se résolut à descendre les escaliers d'une tour endormie, elle regarda la forge, les lames encore ensanglantées, puis abandonna cette idée pour le moment. Elle sortit pour admirer les flocons de neige qui tombaient lentement, elle leva le nez vers le ciel noir, alors que le sol était blanc, contraste saisissant. Alors recouverte de gros flocons laineux sur sa chevelure brune, elle avança jusqu'à une petite butte plus loin. Elle ne voyait plus à dix mètres, la nuit la possédait et la tempête arrivait avec son vent venu du nord. Elle vagabonda un instant sur la colline, la tête baissée mais en direction de petites lumières lointaines de ce qui semblait être une ville. Elle n'osa plus redresser la tête, sans se sentir coupable mais chuchota.
- Adieu, adieu?
Un écho lointain lui répondit dans une brise à glacer le sang : "Oui, tu peux lui dire adieu."
La salle était en pierre, ronde, avec une cheminée sommaire. Alors que son écuyer ramassait soigneusement son armure, elle déployait un corps petit et fluet, presque frêle. Sa longue chevelure blonde couvrait son dos, ondulant légèrement par moment. Son corps était recouvert de bandages, compressant ses muscles, sa taille, sa poitrine et ses cuisses. Elle posa l'avant bras contre la cheminée, scrutant le foyer, alors que son écuyer venait la couvrir d'une peau d'ours blanc. Elle regarda les flammes danser, toujours aussi irritée, ses phalanges saignaient, la peau encore à vif. Lorsque la porte s'ouvrit, elle ne fut pas surprise d'entendre ces pas lourds mais familiers. Une voix perçante se fit aussitôt entendre, couvrant à peine les crépitements tellement elle était douce, et basse.
- Tu n'y pouvais rien. C'est bien que tu sois revenue. Var' a bien cru que tu fuirais tes responsabilités.
- Va préparer mes épées pour demain. Je n'ai pas envie de bavasser, surtout si c'est pour me parler des sentiments des autres.
- Et voilà tu fuis encore la discussion, je suis clémente, mais "les autres", comme tu dis, risquent de perdre patience face à ton comportement. Surtout si tu vois le silence comme seule solution.
- Es-tu sourde? Quand j'ordonne, tu exécutes.
- Cinq jours, c'était excessif. De toute façon, toute ton âme baigne dans l'excès. Je te préviens parce que je suis encore celle qui reste le lien le plus fort entre toi et la Harde, mais je pourrais ne plus te faire confiance.
- Il est évident que tu es ces rênes entre la cavalière et les juments : Inutile quand la cavalière a de la voix, ridicule quand trop facile à déchirer.
- Ou plutôt les rênes d'une cavalière qui voudrait être le vilain étalon sauvage à courir vers la prairie.... alors que la prairie est en feu?
"Mes armes" pesta la plus petite, les mâchoires serrées voulant apparemment écourter la discussion. Son poignet n'aurait quitté cette cheminée pour rien au monde, quitte à se brûler. La peau de bête la recouvrait pour lui donner cette sauvagerie sans doute familière, et cachait aussi son corps bandé, fragile, et peut-être meurtri.
La brune soupira, tournant ses talons de métal. Elle quitta la pièce, désabusée, la bête était bien trop apeurée pour l'heure. Elle se résolut à descendre les escaliers d'une tour endormie, elle regarda la forge, les lames encore ensanglantées, puis abandonna cette idée pour le moment. Elle sortit pour admirer les flocons de neige qui tombaient lentement, elle leva le nez vers le ciel noir, alors que le sol était blanc, contraste saisissant. Alors recouverte de gros flocons laineux sur sa chevelure brune, elle avança jusqu'à une petite butte plus loin. Elle ne voyait plus à dix mètres, la nuit la possédait et la tempête arrivait avec son vent venu du nord. Elle vagabonda un instant sur la colline, la tête baissée mais en direction de petites lumières lointaines de ce qui semblait être une ville. Elle n'osa plus redresser la tête, sans se sentir coupable mais chuchota.
- Adieu, adieu?
Un écho lointain lui répondit dans une brise à glacer le sang : "Oui, tu peux lui dire adieu."
Echos lointains
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