Bestialité [A faire vivre]

La créature s'éveilla en sentant le changement de luminosité qui annonçait l'aube. La mine était profonde et il en avait fait le tour, cherchant ses habitants pour se régaler de leur chair mais il était resté près de l'entrée ensuite. Il bailla, ouvrant une large gueule et découvrant des crocs redoutables. Il s'étira ensuite faisant jouer les muscles puissants sous la fourrure. Il était prêt, la chasse pouvait reprendre et peut-être qu'enfin il ferait taire la faim dévorante qui noyait ses pensées.

Il sortit de la grotte et se roula dans la terre pour gommer son odeur de prédateur puis fila vers la rivière aussi discret qu'une ombre. En approchant, il repéra bientôt une proie à un mouvement derrière les buissons. Il la contourna pour être bien face au vent et approcha sans le moindre bruit. Tapi sous un buisson, sa proie ne soupçonnait pas sa présence et ne comprit que trop tard que son destin était joué.

Après avoir satisfait sa faim dévorante, il s'agenouilla au bord de l'eau pour laper un peu de liquide frais. Il vit alors son image, il avait une tête de loup massive et un reflet vers dans les yeux. Il s'arrêta comme si quelque chose n'allait pas, était-ce vraiment lui? Pourquoi soudain avait-il l'impression que ce n'était pas son image qu'il voyait dans son reflet? Pourquoi dans ses pensées, l'image d'une elve venait-elle de naître? Il essayait de saisir ces idées qui lui échappaient quand il perçut un bruit plus loin et effaça sa conscience qui tentait de refaire surface. Ne restait plus alors que le worgen déchaîné qui repartait en chasse.

[HRP]Pour info, la grotte est la mine dans la partie nord d'Elwynn et la rivière est celle qui vient du lac près du camps des bûcherons[/HRP]

Linienya avait passé deux jours à se ronger les sangs, fouillant Elwynn et les abords du bois de Pénombre. Elle avait écouté le vent, elle avait suivit des dizaines de pistes, mais Moon et elle n'avaient pas trouvé trace de son compagnon. Caimbeul... Par les esprits, elle ne supporterait pas de le perdre lui!
C'était le petit matin et elle rentrait chez elle, épuisée. Il faisait froid au camp des bucherons, plus qu'à l'accoutumée, comme une rumeur de peur qui planait dans l'air. Elle sentait les animaux du coin tapis, un prédateur rôdait. Un loup? Elle en doutait, la forêt en était pleine et jamais elle n'avait ressentit cela, même son traquelune grognait sourdement.
Elle encocha une flèche et sortit prudemment du camp, entrant dans la forêt profonde vers la rivière qu'elle entendait couler pas très loin. Tous les sens en éveil, le long frisson de la chasse lui dévalant l'échine, Linienya retrouvait ses instincts de louve, se déplaçant courbé, contournant l'endroid où elle sentait sa proie avec Moon comme toute meute.

Les loups étaient nerveux...Ils n'aimaient pas les hommes, mais cette ne surpassait que de peu celle que leur inspiraient les Bêtes....Les Bêtes, c'étaient ces êtres ni homme ni loup, qui prenaient les dons de chasseur des loups mais chassaient pour des raisons d'hommes : le plaisir, la haine, la colère, mais jamais des besoins naturels et sains.
Aussi les loups avaient-ils hurlé leur désarroi. Et le géant blanc avait répondu. Son pas lent, son épaisse toison le rendant deux fois plus volumineux que les loups locaux, tout en lui inspirait le respect. Si les loups ne s'en prenaient pas aux Bêtes sans être acculés, ils ne s'en prenaient pas non plus au géant de Dun Morogh.
Gami était ce qui se rapproche le plus d'un médiateur entre loups et hommes. Il les comprenait tous, du moins autant qu'un loup peut comprendre un homme, et vis versa.
Les timorés habitants d'Elwynn le menèrent aux endroits où son odeur était nette et encore fraiche.
Même le puissant guerrier à fourrure baissa les oreilles et la queue...l'odeur était puissante, et la Bête tout autant.
La deuxième Bête...C'était cela que les loups craignaient surtout : deux Bêtes mâles, dont un violait le territoire de l'autre.
Gami tourna ses yeux dorés en direction des remparts de la forêt de pierre des hommes. Son chef de meute avait délaissé une piste, la jugeant trop loin, et pas assez menaçante...il allait changer d'avis...

Espèce d'imbécile !
L'elfe émit un grondement sourd et bref, rompant son silence. Elle était aussi discrète que possible, contrairement à son compagnon de voyage, trop jeune, trop sauvage encore...
Ce corbeau allait surement avertir l'être qu'elle suivait.
Elle pressa le pas tout en restant silencieuse, juste un coup de vent, une ombre. D'autres commençaient à suivre la même trace qu'elle, mais ils étaient en retard.
Il changeait déjà sa course, à en juger par les traces brouillées... un rocher, puis les branches, la hauteur.
C'était mauvais pour elle...
Il changeait de direction après ça, et... Rien ?
Zeruëll observait un affleurement rocheux, sans plus aucune trace. C'était impossible, mais les faits étaient là...
Immobile contre un tronc, elle évitait soigneusement de se mettre à découvert, tout en observant les alentours...

Trop longtemps qu'aucune nouvelle de l'étrange couple n'étaient parvenue aux oreilles du couple du manoir Hedson. Non pas qu'ils y aient été très attentifs mais les serviteurs et les ouvriers qui fourmillaient dans la grande demeure pour en relever les murs jour après jour constituaient à eux seuls une mine d'informations, de ragots, brèves de comptoir, racontars et autres inépuisables sources d'inspiration. Et de ces deux acheteurs de sa relique, il n'était plus question.

Ca gênait d'autant plus le démoniste qu'il avait l'intime conviction que ces deux là cachaient d'autres secrets, à commencer par l'existence d'autres reliques identiques qu'il allait devoir identifier par ses propres moyens.

C'est dans cet esprit que le démoniste monta dans la tour, bien des étages au dessus du laboratoire dont il avait extrait l'orbe et son piédestal gravé de runes luisantes. De là, surplombant la plupart des toits de la cité, il entama le rituel qui permettrait d'ancrer le Néant dans la parfaite rotondité du cristal dont l'ambre s'obscurcissait lentement de volutes épaisses, effluves néantiques qui, lentement, se révélaient, se densifiaient ou s'étiolaient à mesure que les mots noirs s'accumulaient et l'emprisonnaient en une myriade de prismes, d'étincelles de cristal dont chaque infime particule entrait en résonnance avec ce grand Rien qui unit tout, cet immense Absolu dont certaines faisaient la qualité essentielle de la Lumière.

Lentement les heures s'écoulaient et la psalmodie inlassablement répétée allait s'arrêter avec la lueur de la dernière bougie dont la lourde senteur rendait étrangement l'esprit plus aiguisé.

°Où sont-ils ?°

Un jaillissement de conscience, autant de parcelles d'identité, bondirent immédiatement dans les recoins de la ville, éclairant de leurs étranges lueurs les ombres épaisses des ruelles, des avenues et des arrières-cours à la recherche de deux formes de vie parfaitement identifiées. Pendant de longs instants elles survolèrent les maisons, pénétrant à l'occasion dans l'une ou l'autre au volet resté entrouvert, parcourant des égouts qu'aucun pas humain n'avait plus fréquenté depuis bien des années. Soigneusement ces étranges formes de vie évitèrent le donjon, la tour de haute-magie et quelques endroits réputés pour être bien protégés au risque de briser le rituel. Le Néant leur donnait vie, une vie aussi fragile qu'un éclat de lune sur une goutte de rosée, au point que la moitié de ces points de conscience furent anéantis au bout d'une dizaine de minutes par des volontés plus fortes que la leur. Le simple désir des amants de rester discrets dans la profondeur d'une porte cochère avait eu raison de deux d'entre elles, attirées par la sensation de ce besoin de discrétion dont les échos traversaient le Néant et les attiraient comme des phares dans la Nuit.

Ils trouvèrent bientôt la femme... loin au delà des remparts de la cité. Et il fallut plus d'une heure pour que des images étranges parviennent au démoniste que le froid de la nuit emportait lentement au sommet de sa tour aux fenêtres ouvertes, tétanisant ses muscles ankylosés, absorbant chaque parcelle de sa volonté de plus en plus distendue. Plus loin, encore plus loin. L'effort devenait intense et chaque minute supplémentaire risquait de détruire le lien de plus en plus infime qui retenait son essence et lui évitait de se diluer dans les immenses effluves de radiance dont l'Orbe qu'il contrôlait se faisait l'écho. Mais il ne pouvait se le permettre. Tant pis pour eux, il trouverait bien un autre moyen.

C'est au moment de rappeler à lui l'âme du rituel et de reprendre à son compte l'énergie vitale dont il imprégnait son artefact qu'il remarqua l'étrange créature sur laquelle il ne parvint pas à s'arrêter pour l'étudier plus avant. Dommage, l'égo de la bête avait des reflets dont la qualité rappelait à certains égards celui qu'il cherchait. Hasard ou... ?

Plus loin, encore un peu plus loin... La curiosité rongeait la peur, la diluait pour mieux l'étouffer, l'anéantir, le rendre imprudent. Il s'attarda, tourna lentement autour de cette forme de vie dissonnante. Mais chaque vision était plus fragile, éclatant comme autant de bulles de savon sous l'effet de la présence d'un insecte dont l'aura vitale l'aveuglait, blessante. Il continuait à tourner, faible, curieux, concentré. Qu'est-ce que...

Il se redressa lentement, le dos irradiant d'une sourde douleur, et détacha enfin ses mains de l'orbe. Perplexe et transi de froid, il se hâta de redescendre dans ses appartements pour s'y réchauffer au coin du feu avec une tasse de thé brulante. C'est du moins ce qu'il aurait rêvé de faire mais il avait trop donné, beaucoup trop. L'épuisement était bien plus intense qu'il ne l'avait prévu et il perdit conscience quelque part, noyé dans les brumes de la douleur. Sa compagne le découvrit et le fit immédiatement installer dans leur chambre pour lui procurer des soins immédiats. Mais.. même sa science de prêtresse ne le ramènerait pas en moins de quelques jours.

Pourquoi avait-il risqué ainsi sa vie ?

Une silhouette , tout ce qu'il y a de plus elfique se profilait devant le feu de la cheminée , elle y résidait , stoïque. Fixant sans ciller les flammes qui s'entre-croisaient dans une danse ardente . Traelis semblait dans un étât second , elle était proie a un léger tremblement nerveux , chose plutôt rare chez elle certes , mais ils étaient bien là ,agitant frénétiquement mais de manière peu marquée ses mains le long de son corps.
Sortant peu à peu de sa létargie lorsque trois miliciens de la Sombre-Comté entrèrent dans une cohue qui rompa le silence et les quelques bruits d'entrechoquement de verre que le tavernier essuyait en fixant l'elfe face au feu :

_Hé ! Trelayne ! T'as entendu , les worgens ont encore fait un saccage ! S'écria un des milicien au millieu des railleries de ses deux camarades.
L'Aubergiste agita rapidement la tête pour détacher son regard qu'elle posa sur les trois hommes , troquant son air ahuri contre une mine dépitée.

_C'est souvent qu'il y a des saccages , puis même des meurtres ! Ca... Ca j'leur ai dit pas traîner près des mines là ! Rouspeta l'Aubergiste en activant un peu plus le geste de son chiffon dans le verre qu'elle pose ensuite derrière elle , en saisissant un autre pour répéter la même manoeuvre.

_Hé mais attends ! Il paraît que c'te bestiole elle a tué un peu partout aux alentours de la sombre-comté , en Elwynn puis dans la Marche de l'Ouest même !

Trelayne haussa les épaules comme unique réponse.

_T'façons , on est plus en sécurité nulle part. Lança un autre milicien dans un soupir. J'dirai même que..

Le Garde se retourna lentement au ressenti d'une main qui se posa sur son épaule.

Traelis lui adressa un faible sourire qui marqua un silence pesant , avant de lui demander dans un murmure des plus dérangeant :

_ Loin de moi l'idée de douter de vos compétences et votre efficacité dans ce que vous faites mais..
L'elfe lança un regard éloquant aux deux autres "collègues" du milicien qui restait bouche-bée , buvant chaques mots prononcés par celle-ci qui avait visiblement perdu toute trace de nervosité.

Ne me dites pas que vos renseignements s'arrêtent à ..cela ?

Le Milicien opina vigoureusement , une boule dans la gorge. Chose qui provoqua les regards malicieux et hilares de ses deux autres compagnons.

La Kaldoreï grimaça puis leva les yeux au plafond. Elle tappota légerement l'épaule de l'homme toujours figé avant de tourner les talons.

_ Attendez... Vous sauriez quelque chose qui pourrait nous être utile ? Dirent les deux gardes à l'unisson comme si ils y étaient habitués.

Traelis se figea puis lacha en tournant la tête de coté , n'accordant pas pour autant le moindre regard aux quatre personnes présentes :

_En vérité non car ces choses... car ces choses vous dépasseront.

Elle quitta sur cette phrase l'auberge , un "Non mais elle nous prend pour qui elle" entendu au loin provoque chez Traelis un léger sourire d'amusement. L'elfe leva les yeux sur le ciel nocturne de la Sombre-Comté. Perdant peu à peu son sourire , elle leva sa main devant ses yeux.. Elle tremblait.

Voici des heures qu'elle veillait son diable de démoniste. Des heures à lui administrer soins, conforts. Il récupérait lentement. Les pierres chaudes maintenaient une chaleur confortable dans l'immense lit.

Elle n'avait pas été dupes, ses propres ombres étaient puissantes. Des années d'experiences doublee d'un souvenir lors de son séjour dans le Clan Ours Noirs les avaient aiguisées. Dans sa sagesse, car bon ombre de ses semblables verraient cela comme de la sorcelerie, elle evitait dans abuser. Mais pas cette fois. La situation était telle qu'elle sentait leur propre vie en danger. Aussi tapie dans un recoin, un ombre indiscrete avait veillé sur la scène.

Décidemment le jeune couple qui leur avait rendu visite voici quelques temps avait l'art de se retrouver dans des situations bien inconfortable. Mais son attention fut attiree par une autre creature sombre. Creature était bien le mot, un worgen? un loup? ou ... ou quoi. Elle finirait bien par se debusquer. Meme sa propre louve rechignait à quitter le manoir, restant sagement au coin du feu.

Les loups devenaient bruyants la nuit, hurlant à l'unisson, sans différence de meute, pour se rassurer mutuellement.
Jusqu'à ce qu'un hurlement plus puissant, plus grave résonne dans la forêt d'Elwynn,faisant taire les loups et les incitant à se tapir dans leur tanière. Un hurlement de défi :" Montres toi et affrontes moi pour ce territoire, ou fuis". Le hurlement plein de rage et de force d'un mâle sachant son rival dans les parages ; un hurlement portant loin dans les profondeurs de la forêt nocturne.

Les oreilles plaquées sur le crâne et ses yeux dorés plissés, mimique mi canine mi humaine, le worgen sombre à reflets d'émeraude humait l'air. L'intrus ne pouvait pas ne pas avoir entendu mais la réponse se faisait attendre.

"Tu prends un risque à t'annoncer ainsi. Tu as plus de chance d'attirer les chasseurs de sorcière que cette anguille."
La Bête jette un oeil en arrière, vers la silhouette délicate perdue dans l'ombre. Il n'avait pas tord...le défi avait été lancé, il était temps de déguerpir.
Un bruit de verre brisé lui indiqua toute l'urgence de la fuite. Maudite soit cette crevette et ses fioles contenant des produits à donner la migraine à n'importe qui doté d'un nez digne de ce nom. Mi courant mi galopant, le worgen tout en muscle et en puissance prit la fuite, avant de sentir les effluves entêtantes que son ami avait libérées pour empêcher la piste par l'odeur. Et nul ne pouvait pister le Loup quand il ne désirait pas être pisté.

"EN AVVAAAANNNTT !! MAAARRRCHHEEE !"

La troupe ennarmurée et enrubannée de bleu sortait alors de Hurlevent, le pas cadencé.
Elle avait fait grands bruits en Ville pour montrer aux citoyens appeurés que la Garde du Roi veillait encore et toujours. Le commandant Hellenlicht avait meme promis les deux doigts sur le Codex de la Lumiere, devant la foule curieuse et multicolore des marchands, d'exterminer dans sa bauge cette bete immonde et d'exposer sa tete tranchée au lieu meme ou il fit le serment.

"Finduilas, prenez l'avant garde, faites campement au Val d'est; au coucher du jour, vous lacherez les limiers. Nous resterons au Comté-de-l'Or, si vous remarquez quelque chose ou avez besoin d'hommes, faites cavaler Galdros jusqu'a nous, la route semble encore sure."

Ils se saluerent et elle mena son escadre en bon ordre.
On pouvait entendre de loin ces hommes avancer sur le Pavé du Roi vers l'est, melange entrecoupé d'hennissements et de cliquetis, et toujours la voix rassurante de ce major si cher, exhortant aux coeurs de ses soldats le courage par un de ces procédés habiles que seuls les grands officiers connaissent.

"Commandant, quels sont les ordres ?"
"Nous resterons ici, Vellen, faites dresser le camp la ou la foire prend habituellement ses quartiers.
La battue est ouverte, assurez vous que les soldats aient tous un arc, une lance et quelques traits.
Et puis tenez les par la discipline, un ecart, une desertion, et c'est la pendaison sur la place royale, faites passer le mot."

Il sourit, puis, accompagné de deux gardes, il se dirigea vers la taverne de la Fierté du Lion pour requisitionner une chambre et deux dependances.

La détonation se répercuta d'arbre en arbre comme un écho. Les feuilles tremblaient, les oiseaux s'envolaient et Linienya se tassa comme une louve à l'affut. L'instant d'après elle courait avec Moon à ses côtés, silencieuse elle avalait les distances rapidement grâce à ses longues jambes.
Prudemment tapie, elle observa un instant le Nain qui se tenait contre un tronc. Lui aussi l'avait repérée, elle n'avait pas pris de précaution spéciale, tant sa hâte avait été grande. Dans le langage secret de la chasse il lui signifia qu'il n'allait pas mourir sur l'instant, qu'elle pouvait continuer la traque de la bête. Alors, sans plus attendre, elle fila, suivant les traces de sang, l'odeur, avec toujours cet étrange frisson qui courait le long de son échine.

Sa course ralentit alors qu'elle arrivait en vu de la mine. Un silence de mort pesait tout autour, pas un chant d'oiseau, pas un crissement, pas un souffle. Linienya raffermit sa prise sur son arc, elle en avait mal aux jointures tellement elle serait fort. Quelque chose n'allait pas, et ce n'était pas le fait qu'elle savait traquer quelque chose de puissant, tout son instinct lui criait de ranger ses armes mais pourtant elle sentait le danger se rapprocher à chaque pas qu'elle faisait.
Sur le sol il y avait de plus en plus de sang, du sang noircit par une blessure grave. La bête devait être gravement blessée, sûrement au foie vu la couleur et l'odeur particulière. Prudente, elle se fit encore plus silencieuse car blessées, les proies étaient toujours plus dangereuses. L'ombre de la mine la rattrapa vite et elle mit un certain temps à se retrouver dans le clair obscur qui régnait dans l'entrée...

Non! Ce n'était pas possible... Ce ne pouvait pas être son loup, il avait réglé ce problème il y a un moment déjà! Pourtant... ce regard, ces yeux.. Caimbeul..
Elle relacha la tension de son arc et en un geste très lent, le posa sur le sol. Si c'était bien son amour, elle ne voulait pas risquer de le blesser plus qu'il ne l'était déjà, tant pis si lui pour le moment, grondait d'agressivité.
"Caimbeul... mon loup..."
Sa voix était aussi douce que possible, apaisante, aimante...

- "Loin à l'intérieur ?"
- "Non maître, près de l'entrée au moment où je l'ai laissé pour revenir vers vous. Mais son aura se dilue rapidement. Il semble blessé."
- "Est-ce que d'autres l'ont remarqué ?"
- "Au moins celui ou celle qui l'a blessé car ça n'est pas un accident."
- "Rien d'autre ? Tu n'as rien remarqué ?"
- "Non maître, mais la Bête est puissante, bien plus que toutes les autres alentour. Les animaux le sentent et s'écartent de son chemin."
- "Oui... il ne serait pas étonnant que quelques chasseurs avisés l'aient repéré aussi. Retourne sur place et reviens vers moi quand tu remarqueras du nouveau."

Dans un bruit de freinage d'urgence et de tôle froissée assorti d'une violente odeur de carburation, le démon disparut à la vue, se laissant dériver sur les flux du Néant jusqu'à retrouver l'écho de la Bête qu'il traquait pour le compte de son maître. Le démoniste plissa les yeux, s'assura que le démon ne s'était pas attardé dans l'éther proche, et alors seulement s'autorisa à sortir du pentacle de confinement en fronçant le nez, agressé par l'odeur évoquée par son serviteur facétieux qui ne rêvait que par les motocycles dont il avait examiné récemment quelques modèles.

Quelques pas amenèrent l'homme devant un lourd coffre de métal dont il effleura la serrure. Un cliquetis à peine perceptible signala l'ouverture et il se pencha pour extraire un paquet enroulé dans des étoffes précieuses. Les pans écartés révélèrent l'arme gravée de runes profondes. Il ferma ses doigts sur la poignée.

A ce moment la , on entendait retentir dans la foret, s'approchant:

"Waou ! waff!! waff! waooouuufff !"
"Ils sont par la !!!"
"Allez bons chiens!"
"Waouuuuhhh ! wafff !!!"
"On y arrive !"

Et il sortit des buissons sept hommes en tabard bleu et trois chiens, lances, traits et crocs affutés.
Marteau Hardi, grand lieutenant de la Garde, le fusil chargé, pointait la bestiole, et son regard de naine, farouche veneuse , qui essayait de transperser le sien:

"C'est quoi ca! un simple loup!"

Elle baissa la bouche de son canon et regarda l'elve.

Vous avez quoi vous ? en pleine foret avec la bete qui court en ce moment ! GARDEEESS!! on s'est gouré ! ramenons cette petite dame au Comté de l'or, et motus, pas un mot au Commandant.
Et achevez ce loup, il me viendrait la larme a l'oeil"

Et fit un petit geste de sa brusquerie caracteristique, geste qui signifiait qu'elle ne compris pas pourquoi la piste devait mener a un loup chetif plutot qu'a un Worgen sauvage.

Linienya gronda. Le contraste entre son armure bien entretenue et son allure sauvageonne et animale était saisissant.
"Touchez le et je vous tue tous l'un après l'autre.."
Sa voix était lourde de menace et elle se plaça devant le loup pour faire barrière de son corps. S'il le fallait, elle donnerait sa vie sans hésiter pour lui. Elle s'était accroupie, prête à bondir sur son arc ou sur un des soldats. Elle ne voulait pas vraiment leur faire de mal, mais elle ne les laisserait pas obéir à l'ordre de leur supérieur. Si seulement Lianrhyn était là!

Elle sentait le souffle de son loup bien faible derrière elle, l'inquiétude étreignait son coeur la faisait trembler sur ses pieds.
"Aénor! Aénor je l'ai trouvé! Aide moi Aénor, il est blessé!"
Elle venait de pousser un cri de désespoir sur le fil des tisseurs de paix, espérant que quelqu'un l'entendrait. Toujours à l'affut, elle ne bougeait pas d'un pouce, se contentant de regarder les soldats pour voir ce qu'ils feraient.

Le lieutenant leva sa petite main gantelée pour imposer un arret a ses gardes.

"Vous, vous etes une extravagante ma parole! ne vous metez pas dans cet état. Si c'est votre familier, fallait le dire! on va le rammener au Camp pour le faire soigner, ca va comme ca ? allez suivez nous."

Elle attendait qu'elle se leve du milieu pour pouvoir transporter le loup bléssé, mais dans son petit oeil espiegle et rusé, on pouvait voir que la naine soupconnait qu'il se tramait quelque chose, que ce loup n'etait pas un loup, car si tel etait le cas, pourquoi les limiers les auraient-ils mené ici, une erreur ? et la reaction démesurée de l'elve donnait a cette scene un air masqué pour cacher sous le fard une vérité bien compromettante. Marteau Hardi ne savait plus trop quoi penser sinon de les faire venir au Comté de l'Or pour que l'histoire soit mise au clair.

L'elfe s'était levée. Elle aurait préféré autre chose mais n'avait pas vraiment le choix, la blessure de son loup était trop importante pour tergiverser et attendre un autre secours. Alors elle laissa faire, regardant les soldats soulever Caimbeul, avec l'air inquiet, surveillant chacun de leur geste. Elle resta à côté tout au long du chemin, Moon sur ses talons, grognant à chaque fois qu'un faux pas était fait et qu'ils manquaient de faire tomber l'animal blessé.
Ils arrivèrent ainsi à la Fierté, Comté de l'Or était en effervescence, visiblement elle n'vait pas été seule à la chasse. Sur le chemin elle les avait mené au nain qui avait perdu connaissance. Tant mieux, il ne pourrait pas dire de suite ce qu'il avait vu. Des yeux elle cherchait un elfe, espérant appercevoir Lianrhyn. Lui seul pourrait les aider à sortir de ce gueppier.

"Caporal Miellepuits, le Commandant est-il disponnible ?" dit Marteau Hardi.
"Non, mon lieutenant, il a recu une nouvelle urgente, Lorran est mort, le Donjon l'a fait solliciter."

Elle pensa que l'absence du commandant etait une aubaine pour une fois, car son caractere entier et assez rude aurait mené a une situation desastreuse.

" Garde Kandhar, allez chercher Do'lisharr, j'ai quelque chose a lui montrer."

Le lieutenant fixa alors l'elve, se fit aimable et assura par mille mots gentils que son loup serait soigner de la facon la meilleure que le permettait la science et ajouta :

"Il faudrait que vous restiez a disposition du Commandant, a la lecture de mon rapport, il aura surement a vous parler, pour l'instant, assoyez vous pres du feu, j'ai fait querir un collegue lieutenant."