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[Récit] Une voix s'élève dans La Marche de l'Ouest

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Message  Le Grand Épouvantail Dim 23 Aoû 2020, 21:06

Aux pieds des épouvantails et sur les murs des masures fermières, on peut lire sur du papier froissé, jeté là à dessein, une écriture nerveuse qui interpelle le badaud comme il suit :




AMI(E)S !


Honnête homme, j’arrive avec une vigueur vertueuse et des idées pures. Je veux vous faire profiter de cette vertu, et c’est pourquoi je viens à vous. Si vous décidez de me faire confiance, c’est un homme volontaire et décidé à reprendre les rênes de notre destin que vous enverrez reconquérir l’Ouest à vos côtés. Je ne crois pas devoir en dire davantage. Après trente ans de travail de la terre et de spoliation, je vois clairement que ma terre natale est le théâtre du mensonge, de la calomnie, de l’hypocrisie, des malversations, de la trahison, du népotisme, de la concussion, de la fraude et de la nullité de l’Autorité Hurleventoise. L’origine de tous ces mots, ami(e)s, n’allez pas la chercher plus loin : c’est le microbe de la bourgeoisie hurleventoise (et d’ailleurs) et des Défias. Or, on ne parlemente pas avec les microbes, ON LES TUE.
Et c’est ce que je me suis juré de faire en dépit de tous. Certains politiciens, cléricaux, militaires et bandits, vous le savez, ont intérêt à maintenir ce funeste état des choses. Car ce qui ruine le peuple, les fait vivre et les engraisse. Mais ils sont assez gras comme cela, ces hommes néfastes. Écartons-les de nous.

Loin d’être l’apanage de certains, LA MARCHE DE L’OUEST doit être NOTRE TERRE.
Jetons donc sans crainte le cri d’alerte tandis qu’il en est encore temps. Le vaisseau que nous montons est fait du chêne des vieilles forêts de Lordaeron. La sève du sol fertile de la Marche circule dans ses flancs. S’il fait eau, radoubons-le et gardons l’œil ouvert pour ceux qui veulent nous couler. Déposons, sur l’île déserte de l’oubli les nullités ventripotentes qui ont essayé d’entraver notre reconquête régénératrice par la création de Milice et de Brigade qui défendent faussement nos intérêts. Jetons par-dessus bord paperasses, registres, charité hypocrite, et avec les ronds-de-cuir de ces incapables, faisons des bouées de sauvetage. J’ai dit ce que je voulais.

ASSEZ CAUSÉ.
Il faut défricher avant d’ensemencer. Défrichons ! Lorsque nous aurons enlevé jusqu’au dernier brin d’ivraie, nous verrons refleurir nos vergers et nos fermes redevenir prolifiques pour nous assurer des jours prospères où nous n’aurons plus à vivre au crochet du Royaume de Hurlevent !
Ami(e)s, il VOUS FAUT un homme d’action, JE SUIS PRÊT. Rassemblez-vous autour des épouvantails, et PAS DE DÉROBADE. VIVE LA MARCHE DE L’OUEST libre et sans profiteurs !
 




C.H. – Le Grand Épouvantail


Dernière édition par Le Grand Épouvantail le Lun 24 Aoû 2020, 21:07, édité 1 fois (Raison : correction du titre en "Récit")
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Message  Le Grand Épouvantail Lun 24 Aoû 2020, 21:19

Les feuillets agitateurs de la veille n'avaient visiblement pas réussi à tirer de leur lassitude les paysans de La Marche de l'Ouest qui, l'estomac dans les talons étaient bien plus occupés à chercher de quoi remplir la gamelle qu'à nourrir des idées révolutionnaires. Pourtant, on pouvait lire cette note sur du papier déchiré, déposé çà et là, jusque sur le seuil de la caserne de la Garde de la Colline des Sentinelles...

Borgeois, propriétaires, vous n’êtes que des miroirs de lupanars. Vous ne trempez pas, en apparence, dans la boue sanglante, mais nous ne sommes pas si différents. Votre supériorité s’affirme par le crime.
Et est donc Notre Majesté, pour nous autres les purotins, les nécessiteux qui se cassent en deux pour nourrir la Capitale ? sont donc les envoyés de l'Église de la Lumière quand personne n'est là pour attester de leur "charité"? Je VOUS le demande – qu’attendez-vous pour le demander ?

Une séance royale ou le FEU sera mis à la paille de nos épouvantails !

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Message  Le Grand Épouvantail Jeu 27 Aoû 2020, 19:40

L'Aboyeur, conteur des colères et malheurs, tribun des déshérités, harangue depuis peu les fermiers et va-nu-pieds autour des épouvantails qui sont devenus, suite aux appels récents, de véritables points de rencontre où l'on partage son amertume mais aussi ses espoirs. D'abord anonyme et isolé, L'Aboyeur est devenu un personnage collectif lorsque d'autres orateurs spontanés se sont mis à reprendre ses refrains révoltés pour les colporter partout dans La Marche de l'Ouest et même jusqu'au seuil pavé et grandiloquent d'Hurlevent... Voici donc ce que l'on a pu entendre aujourd'hui sous le soleil cramoisi :


Conseils aux valets de pied.

         
" Apaisez-les donc,
             les Ventripotents, les bedonnants,
             Ouvrez-les com' des pétoncles
             pour en fair' couler l'or et l'sang.

             — « Toc toc ! C'est le valet de pied
Puis-je entrer ?
             J'ai là un plat ravissant
             que vous a préparé le marmiton  
             avec force de sanglier et de coulis framboisé ! »

             Un pas pis deux... Faufilez-vous
             dans sa chambre
             et chichement, tordez, tordez
             l'cou du Ventripotent.

             Si v'là qu'a veut s'débattre
vous égratigner
             et vous pincer au sang
Serrez, serrez ! Comme la vis pour tenir l'épouvantail
       su' l'bâton dans les champs.


             Merdre ! Si ça gigote encor'
             Tapez d'dans com' un ballon ,
              pis tirez-lui sa laine
             et toute la fortune d'sa ronde bedain' .


Vérifiez dans les plis d'son fauteuil
Au ca'z'où s'y cacherait un p'tit larfeuille,
Et servez-vous, grippez-lui ses sous,
Car c'est su' vot' dos qu'il les gagne, l'salopiot !

             Choppez-y l'égledon,
             pour y fout' la monnaie,
             et guilleret attendez un p'tit moment,
comme si Môsieur soupait.

             Ah ! Mes chers copains valet
Appliquez donc ces conseils
Si vous v'lez vous l'ver du bon pied
Et viv' sous l'soleil. "


Dernière édition par Le Grand Épouvantail le Ven 28 Aoû 2020, 21:19, édité 1 fois
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Message  Le Grand Épouvantail Ven 28 Aoû 2020, 21:18

Les dents grincent et les estomacs dans les talons gargouillent douloureusement aux pieds des épouvantails. Néanmoins, hormis ces cris de détresse gastrique, on peut entendre ricocher la gouaille des Aboyeurs accompagnés de rires et de hourras aux quatre coins de La Marche. L'ambiance serait presque bon enfant si, au fond des prunelles sèches et rougies par la fatigue et la faim, on ne voyait pas briller une flamme amère, revancharde, prête à tout embraser. Ce soir, quand le jour s'est fait loqueteux et que les fanfans ont fermé les yeux, on s'est réunis pour écouter la nouvelle semonce, adressée à la fortunée Lana Cosvalt. Ses ambitions de reconstruire La Marche de l'Ouest divisent et font jaser les miséreux - à qui cela profitera vraiment ? Construire du neuf pour y mettre des mufles pantouflards et bedonnant, personne ne veut ça, oh non, plutôt crever le bec ouvert. Alors, les Aboyeurs ont saisi l'occasion pour se rappeler au bon souvenir de Madame Cosvalt, et leur indiquer avec une déférence toute ironique combien, malgré les apparences, les Femmes et les Hommes de La Marche ont eux aussi des atavismes de sang bleu.



L'Honnête Homme de l'Ouest.



   

            " Vrai, moi j’ f’rais pas
             d’mal à eun’ volaille,
             l’a pas une dent
             pourquoi lui en vouloir ?

       

          En r’vanche ceux qu’les ont
longues (les dents)
             et qu’tiennent aux z’or
            aux limaces1  brodées
            et à ses décorans2  rutilants ;
j’leur tordrait ben l’cou.

             D’jà d’pis un temps,
             J’songe à faire quéqu’ chose d’pareil ;
             y m’ sonne à l’oreille
             com’ une envie d’assumer plein’ment
ma qualité d’Homme Élégant.

             
             Pass’qu’j’étouffe copain !
             j’ suis dingue, j’ suis louftingue,
             j’aim’rais qu’un jour
             ce soit chacun son tour.

             Qu’il y vienne dans mes poches
l’oseille
             quand l’matin j’me réveille,
             les garçons d’ mon poil
les z’Honnêtes Hommes, les macaires
             y leur faut du pèze
             du trèfle3  – bref d’quoi s’mettre à l’aise,

             car c’est pas malin
             d’rester les mains dans l’grain,
pour l’donner aux bedonnants,
             quand qu’on a l’ ventr’ vide.

Aimant, joyeux, travailleur et courageux      
L’Déshérité c’est l’modèle laborieux
de l’homme distingué
à qui qu’on a coupé les
ailes… "


1, chemise
2, bijoux
3, argent


Dernière édition par Le Grand Épouvantail le Sam 29 Aoû 2020, 12:30, édité 1 fois (Raison : rajout des notes en bas de page)
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Message  Le Grand Épouvantail Sam 29 Aoû 2020, 12:26

Dès l’aube, un malabar tirait une charrette à bras débordante de potirons. Il s’égosillait avec une telle force qu’il ferait casser sa pipe à tout cardiaque qui se respecte. Cependant, sa bonhommie faisait oublier cette voix féroce : ce géant noueux et débonnaire avait l’air d’un chêne bienveillant sous lequel on aime siester quand la chaleur devient écrasante. Outre sa cargaison orangée, le bougre avait accroché sur sa charrette des feuillets, qui semblaient des fanions, où l’on pouvait lire en caractères d’imprimeries encore frais : LE SOC, la feuille hebdomadaire du Pauvre – Prix libre. Flâneurs curieux et amateurs de feuille de chou ne tardèrent pas à se laisser tenter. L’un d’eux m’a d’ailleurs donné à lire cette feuille autour d’un pinot noir au déjeuner :


LE SOC, la feuille hebdomadaire du Pauvre.





Par votre serviteur, Le Grand Épouvantail.









J’entends s’élever la charité partout dans les rues de la Capitale – philanthropes, ecclésiastes, entrepreneurs de bonheur public, chacun a ses raisons pour aider La Marche de l’Ouest à se relever. Mais ce chant sonne à mon oreille comme celui d’un coq enroué. Ces élans de bonté ont de quoi assommer les pauvres. C’est en tout cas l’effet qu’ils m’ont fait.

Vous m’avez compris – je veux vous parler des beaux discours, ceux qui se prévalent de rendre le petit peuple heureux, sage et riche, en quelques mois ; alors même que cela fait des années que notre misère nous ronge la chair. J’ai avalé, sans pouvoir les digérer, toutes les élucubrations planifiant un renouveau, j’ai écouté ceux qui conseillent à tous les pauvres de se faire esclaves volontaires… Vous ne trouverez pas surprenant que je fusse alors dans un état proche de la nausée ou de la dysenterie. Amis, nous ne sommes pas du grain à moudre – nous sommes des rois détrônés – les Déshérités.

Je m’adresse ici aux veinards, aux opulents, aux nantis – bref, au gratin doré à point qui désire aider La Marche de l’Ouest : je suis un Redresseur de torts, je sais qu’il n’y a pas d’innocents. Ni vous, ni moi ne pouvons trouver un parfum suffisamment fort pour changer notre puanteur morale en odeur de sainteté. Ainsi, si vous venez à nous – ne croyez pas nous leurrer, nous traînons tous dans la même boue seulement, vous, vous pouvez vous laver. Tentez une fois encore de venir avec vos semblants de bonnes intentions et je ne pourrais retenir mes copains des champs de brandir leurs fourches et leurs maillets. Ils veulent du sang pour toutes les larmes qui ont coulées et ne souffriront pas plus longtemps les paroles hypocrites. Assez de cette guerre permanente, la seule qui jamais ne cesse, contre les rejetons, les délaissés du Royaume de Hurlevent qui n’ont rien demandé que de vivre dignement. A – SS – EZ.  Vous souhaitez nous aider ? Donnez-nous la PAIX et le PAIN. Dès lors, nous vous donneront le FRUIT DE NOS GRAINS. On ne veut plus d’une charité qui étrangle notre liberté et nous maintient dans un état de sevrage – et de servage injuste. A ce jour, les sauveurs n’ont fait pour nous que creuser les fosses où nous jeter. Votre or ne nous nourrit pas – votre nourriture ne nous émancipe pas. Ne décidez plus pour nous – décidez avec nous, sinon nous considérerons que vous êtes contre nous.

Vous voulez regagner notre confiance ? Venez donc sans garde et sans épée, rompre le pain noir à nos tables encrassées. Là, nous discuterons sans heurt. Le cas contraire, je ne pourrais retenir l’embrasement de notre malheur.

Le Grand Épouvantail
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Message  Le Grand Épouvantail Dim 30 Aoû 2020, 19:52

Le Grand Épouvantail avait-il suggéré à ses canailles de ne plus montrer les crocs avant qu’une rencontre ait lieu entre lui et la noblesse hurleventoise ou l’Aboyeur n’avait, en ce soir de brume, pas le cœur à clabauder d’un ton persifleur ? Quoiqu’il en soit, point d’incitation à brandir les fourches. La déclamation se mêlait plutôt aux sanglots des marmots et à l’écho des hurlements de coyotes…


Fugacité


" L’paysage dégorge ed’not’ misère
des folies guerrières
des mers d’gens qui
d’viennent des mares d’sang…

L’espérance aveugle
ç’n’a plus cours d’nos jours
tout change en un r’gard :

La vache qui beugle
accouche d’un veau – hourrah !
l’instant d’après en couche
elle meurt – et patatras…

J’m’en va vous dir’ quéqu’ chose
qu’vous rendra p’têt morose, mais j’ose :
n’ayez donc pas la frousse
on crèvera tous, dans la brousse
ou l’plumard, tôt ou tard.

Jouons à la bagarre
si ça vous chante,
rentrons-nous dans l’lard
(ç’pas qu’ça m’enchante),

Mais sachez qu’vous êtes
(vous les t’jours preumiers)
les perdant’z’annoncés.

Pour les Pas-de-Chance
ça fait pas un pli, l’équation est simple
même eun’ bête l’aurait compris.

Vous avez toute eun’ vie
d’faveurs ed’ richesses à perdre,

Et nous toute la mort
avec son confort à gagner ;

Passqu’au terme du Grand Combat
d’la Pauvreté, gn’y’aura qu’le va-nu-pieds
qu’aura enfin l’privilège d’dire à la Faim
– j’t’ai eu, v’là ma fin. "
Le Grand Épouvantail
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Message  Le Grand Épouvantail Mar 01 Sep 2020, 20:55

Alors que celui qui se fait appelé Le Grand Épouvantail, chef de file autoproclamé de la fronde à La Marche de l’Ouest, tente depuis quelques jours de négocier et jouer la tempérance avec la noblesse hurleventoise pour en tirer tous les avantages – une autre mouvance émerge autour des paroles enflammées de l’Aboyeur. Son discours cru, provocateur, est aussi bien plus fédérateur. Autour des épouvantails, la bataille des orateurs est lancée – les partisans de la négociation et les enragés. Pour autant, on ne peut distinguer clairement deux partis. Discordance ou double-jeu ? Est-ce là un stratagème du Grand Épouvantail ? Battre le chaud et le froid pour obtenir plus qu’il n’en revendique ? La harangue du soir laisse songeur…


POUDRE AUX YEUX



" Maintenant – taisez-vous
j’ai la gorge traversée d’un cri
à déplumer vos mensonges parés d’ciel ;

– J’suis l’unique chanteur d’ce siècle
l’Aboyeur aux boyaux qui grondent
pu’z’encor’ que l’cœur !

L’Rien m’appartient autant qu’à Toi
copain – donc l’infini est tien !

L’vide couronne ma têt’
j’suis Roi, comm’ toi
d’mes tracas et d’mes exploits

Dont l’pus grand c’est ben c’lui
d’êt’ en vie à chaque minute
où l’on m’en r’fuse l’droit.

J’n’ai pas d’nom
on m’la pris,
mais j’ai l’regard trop
plein des décadences qui
fuient à travers les plaines
de l’Ouest la nuit…

Assez d’négoce ! Place à l’action !
qu’ma parole détonne comm’ un meillon
d’coups d’canon ! Mes sœurs, mes frères
l’est temps d’faire d’cette terre eun’ poudrière ! "
Le Grand Épouvantail
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Message  Le Grand Épouvantail Mer 02 Sep 2020, 20:55

Le nouveau numéro du SOC, une fois encore brinquebalé dans une charrette à bras, s’adresse cette semaine aux Mères, non seulement de La Marche de l’Ouest mais de tout le Royaume de Hurlevent. L’invitation est claire : la paix vaut mieux pour leurs enfants qu’un énième combat, fratricide qui plus est. Démagogie ou tentative d’adoucir le coup de semonce tiré la veille par l’Aboyeur ?


LE SOC, la feuille hebdomadaire du Pauvre.




Par votre serviteur, Le Grand Épouvantail.




Mères du Royaume de Hurlevent et de La Marche de l’Ouest : à vous toutes les mères, j’envoie ce message parce que vous êtes le véritable trône de ce Royaume. Vous qui bercez les enfants d’aujourd’hui – les hommes de demain, vous qui perdez vos fils alors qu’ils accomplissent leur devoir au nom de l’Alliance, de la Lumière et de l’Honneur, vous enfin dont les larmes sont la rédemption de TOUS. Je vous témoigne ma sincère dévotion en même temps que cet avertissement : ne laissez pas s’introduire dans leur cœur et leur esprit les mensonges, l’appât du gain et la souillure du pouvoir tyrannique distillés par des êtres dévoyés. Mères, ne permettez pas à cette catastrophe de perdurer – vous avez déjà assez pleurées avec une tendresse infinie les enfants que l’on vous a volé, que l’on a sacrifié… Le devoir est une chose – l’enlèvement en est une autre. Empêchez, de toutes vos forces, quiconque voudra par haine ou méchanceté, retournez vos enfants les uns contre les autres. Combattez ceux qui les incitent à détruire leurs semblables au nom d’obscurs desseins. Ces gens là, ces froids spectateurs de notre malheur organisé, ont tout à gagner – et vous tout à perdre. Celui qui vous envoie ce message, est un orphelin, il a manqué d’une mère – et il sait ce que cela représente de vivre avec un être cher qui nous a été arraché. Je sais que, comme moi, vous pouvez faire beaucoup pour l’entente et la paix. Aidez-moi dans cette tâche. Aidons-nous pour que les sourires et les éclats de rires effacent la noirceur des visages et des cœurs de nos enfants, des femmes, des hommes et que tous ensemble rendent prospère ce Royaume qui est le nôtre.
Le Grand Épouvantail
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Message  Le Grand Épouvantail Jeu 10 Sep 2020, 11:57

La guerre à la surenchère n'avait pas cessé. Pire les braises étaient devenues flammes. Littéralement. Depuis la dernière feuille conciliatrice du Grand Épouvantail, on peut régulièrement voir brûler des bottes de paille, le soir venu, dans les plaines arides de l'Ouest. L'appel aux mères du Royaume est apparu comme une preuve de faiblesse pour les uns, un acte de traîtrise pour les autres — ceux qui se disaient "fidèles" au Premier Appel, le plus virulent, du Grand Épouvantail. De toute évidence, le filou avait bluffé pour attirer l'attention, faire une entrée fracassante dans l'unique but de s'asseoir à la table des négociations. Tous ne l'avaient pas compris. Le sang promis était réclamé. De plus en plus fort. Et les paroles belliqueuses de l'Aboyeur n'y étaient  pas pour rien. Ce dernier n'avait pas tardé à tirer profit de la situation en fustigeant toute attitude compatissante. Ainsi, le doute s'était mué en réticence, et la réticence en violence.



Alors que Le Grand Épouvantail écrivait le nouveau numéro du SOC au fond de sa masure, un bonhomme noueux vint tambouriner à sa porte. Les amateurs auront reconnu le malabar qui marchande ses potirons une fois par semaine à Hurlevent. En sueur, haletant, rouge comme du mauvais raisin de table, le bougre déballa en toute hâte son message :  

"Eh...Eh là l'Épouvantail, faut qu'tu t'tailles et fissa ! Les gars de l'Aboyeur z'en ont après ta pomme ! Y veulent t'écorcher vif et te planter l'têt' au myeu d'un champ, comme l'z'épouvantails... (reprend son souffle) Pis...Pis z'ont dit qu'z'allaient ben' s'bidonner quand c'est qu'tu t'feras becter par les corbacs...Z'ont dit qu't'étais un traître à la cause !"

Le Grand Épouvantail renonça à finir l'écriture de son papier et le refourgua au messager avec ces instructions :

"Imprime et distribue ce que j'ai écrit, tu entends? IM-PRI-ME et DIS-TRI-BUE. Les informations sont incomplètes mais cela suffira pour que les gens comprennent que celui qui se fait passer pour le tribun du peuple n'est qu'un imposteur issu de..."

Une rumeur grandissait à un kilomètre seulement, un tapage de vive colère remuait la terre et les quelques clôtures qui protégeaient encore les champs...La chasse à l'homme avait commencée. Là-dessus, l'Épouvantail qui n'était plus qu'épouvante pris les rares pièces dorées qu'il avait en sa possession, une besace ainsi qu'une dague, et parti en toute hâte en direction de Strangleronce, selon les dires des traînards. Le gaillard simplet avait quant à lui filoché du côté de Hurlevent. Tout à coup la voix grondante de l'Aboyeur en chef retentit. Son cri lupin redoublait les aboiements faméliques de ses partisans. On eût dit une véritable meute de coyotes. Cette foule écumante, qui se déversait sur la glèbe desséchée et inféconde, était un brûlot où se bousculaient des visages aux traits tirés, des flambées de jacques bigarrées, des épaules rabougries où pesaient des baluchons –  bref un cortège dont la fureur était fascinante et l'élan formidablement chaotique. D'ailleurs, tout cela cheminait dans un désordre si impétueux, que des pauvres diables étaient happés malgré eux dans cette marmite humaine qui en ébullition... Un long rugissement, étrangement animal, poussé par l'Aboyeur donna une impulsion surnaturelle à ses zélateurs. On n'entendait plus que les sourds piétinements accompagner l'éclat des cris.
Les badauds las des émeutes et les vieillards se contentaient d'observer - les enfants eux, admiraient ce sublime tapage. Ils entrèrent dans la masure du Grand Épouvantail où ils ne trouvèrent qu’un bureau tâché d’encre, un âtre plein de livres et un grabat de paille. L'un d'eux, un fermier à moustache rousse, une lueur graveleuse dans le seul œil qui lui restait, se mit à pisser, tout gaillard, sur le lit. D'autres, moins audacieux, se précipitèrent sur les biens sans valeur pour les enfouir sous leur liquette déchirée.


"Foutez-y l'feu mes coyotes ! L'incendie f'ra arder nos aboiements j'squ'à Hurlevent !", ordonna l'Aboyeur.

Tous furent pris de cette gaieté incendiaire que l'on connaît lorsque l'on allume son premier feu – ce sentiment d'être le maître d'un élément insaisissable, de tenir entre ses mains, un avenir incertain matérialisé par une flamme... Et tous, moins par haine du Grand Épouvantail que pour revendiquer leur liberté, jetèrent fagots, bouts de bois jusqu'à la plus insignifiante des brindilles comme pour dire "j'en suis". On dansait, on se cajolait, on se félicitait de cet incendie qui trouvait son écho dans les conflagrations du soleil et l'explosion des passions populaires. Un gamin tout guilleret, le feu aux joues, la cendre perlant sur ses mèches d'un blond fade, trouva le souffle nécessaire pour dégager de son corps rachitique, dont la poitrine se soulevait avec difficulté sous la chaleur écrasante, le refrain qui suit :

"Porquoi on n’a guère l’droit qu’ed’casser
sa pipe et pas la croûte ? À moins d’aller
en guerre, s’faire crever l’bide

Servir sa Majesté qu’nous promet
qu’l’salaire du sang peut remplir
l’ventre vide ;

Ben sûr, et après ? On n’peut oublier
le lourd tribut collé à nos s’melles de chair
qui foulent le’z’aboiements d’outre-tombe.

L’est fatigué l’trimardeur d’parcourir
en vain ce monde, sans y trouver aut’ chose
qu’des bêtes immondes…

C’est la moisson du mond’
qui commence ven par là copain
ent’ donc dans la danse ;

On va faucher not’ Pitance
conquérir la Paix
et récolter not’ Prospérité."


Sans le savoir, il venait de donner la raison d'être et plus encore, le cap de cette révolte : Pitance, Paix et Prospérité, les trois piliers de ce que l'on appela bientôt l'Insurrection des Coyotes...  
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