Funérailles de la Souris.

Scorie Mar 21 Avr 2009, 21:55

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Son corps avait été récupéré à la morgue par deux de ses amis qui avaient désiré garder l’anonymat, ils avaient tardé à venir mais ils étaient finalement venu.

Ils avaient prévu de quoi la transporter, un solide brancard attaché à leur cheval baie, ils avaient remonté doucement les ruelles de la ville, ils venaient du comté de l’or, apparemment, et passaient difficilement inaperçus, ainsi.

Sans doute était ce pour ça qu’ils s’étaient enveloppés dans de longs vêtements noirs, pour au moins qu’on ne les remarque pas trop eux même, en plus.

Une femme de petite taille, somme toute assez fine, cachée derrière ses lunettes rouges et sa capuche, et une homme moustachu, au teint hâlé, du peu qu’on pouvait en voir, également caché sous sa capuche.

Arrivés à la morgue ils ne parlèrent pas beaucoup, se contentant de récupérer le corps de leur amie avec émotion et dignité, ils le disposèrent sur le brancard en douceur, le recouvrèrent d’un grand drap noir, l’enveloppèrent avec soin.

Le jeune femme se chargea d’obtenir tous les papiers nécessaires pour une exhumation ailleurs qu’au cimetière de la ville et pour le transport du corps tandis que son compagnon veillait près du cheval et dés que tout fut en ordre ils reprirent la route.

Ils retraversèrent la ville comme à l’aller, sans un mot, sous les regards inquisiteurs des passants devant ce drôle de cortège qu’ils formaient. Les gardes à la sortie de la ville vérifièrent rapidement leurs papiers, soulevèrent rapidement le drap, frissonnèrent à la vue du visage d’Yzène, figé à jamais dans la mort, ils leur firent signe d’aller rapidement.

Ils la conduirent chez eux, chez les marchombres, cette petite demeure qui était leur refuge à tous quand ils souhaitaient se retrouver au calme seuls ou ensemble..

Là, Ellyatis et Januel, retirèrent leur tenues noires et installèrent un grand drap blanc sur un des grands lits de l’étage avant d’y déposer Yzène. Ils la lavèrent, la parfumèrent, l’habillèrent d’une jolie robe rouge ayant appartenu à Elly, n’ayant rien d’autre à lui mettre. Elly tressa les cheveux d’Yzène de fleurs rouges et jaunes et de fils d’or.

Elly pleura beaucoup, Januel ne pleura pas mais on pouvait deviner cependant sa tristesse malgré tout. Une fois la préparation de la défunte achevée ils se mirent a entonner ensemble les chants rituels marchombres, Elly, assise auprès d’Yzène, sa main posée sur la sienne, gelée, Januel droit et fier devant le lit mortuaire.

Quelques heures plus tard ils partirent à la recherche de Strap en ville. Il fallait l’avertir… Lui et les autres, qu’ils puissent venir lui dire au revoir une dernière fois, cela leur tenait à cœur.

La nouvelle se répandit chez les Marchombres, grâce à Elly et Januel. Strap fut le premier à venir voir Yzène, bien sur. Il était très touché par cette perte, c’était pour lui comme perdre sa propre mère.. Elly le soutint comme elle put, mais ce ne fut pas chose aisée, loin de là…

Après Strap ce fut Pard qui fut autorisé exceptionnellement à venir voir Yzène à la maison. Et là aussi ce fut d’une tristesse sans fin, Pard ne voulant plus quitter le chevet de son ex compagne, cédant presque à la folie...

L’incinération fut finalement décidée par Pard et Strap et organisée en tout petit comité. Seuls les proches d’Yzène furent informés et conviés de sa tenue sur la côte des Tarides, entre Cabestan et Theramore, sur une petite île non loin de celle de la dispute.

Le cortège était partit d’Elwynn, avait lentement parcouru les kilomètres et était finalement parvenu jusque là, où une barque attendait, avec à son bord un lit funéraire composé de bois sec recouvert d’une grande couverture richement tissée, rouge et or, et parsemée de fleurs rouges et jaunes. Yzène serait incinérée en mer. On la déposa avec la plus grande attention à bord de sa dernière embarcation. Elly d’un geste maternel, en sanglotant, vint disposer les bras en croix, les lames reposant sur la poitrine, sur le cœur.

Les Marchombres, pas plus d’une dizaine au total, qui étaient venus, voilés de rouge et d’or, silhouettes fantomatiques méconnaissables sous leurs tenues de deuil traditionnelles, qui étaient restés parfaitement silencieux jusqu’alors se mirent à entonner leurs chants marchombre d’une seule et même voix.

Elly se tourna vers Strap, le moment était venu.

Strap posa doucement la torche enflammée qu’on venait de lui donner au bas de la barque et Armand , Elly et Pard l’aidèrent à pousser la barque pour qu’elle quitte la rive.

Yzène ressemblait à une princesse marchombre, quasiment une matriarche. On était entrain de lui donner les derniers hommages comme on l’aurait fait si s’en avait été une. Sans doute la frustration de n’avoir put offrir une incinération décente à Orène. Après tout Yzène était l’élève d’Orène et Yzène aussi s’était sacrifiée.

Le soleil qui se couchait à l’horizon sur la mer semblait brûler lui même la barque et l’attirer doucement vers lui au fur et à mesure des chants qui résonnaient de la côte.

La barque finit de disparaître au moment où le soleil se noya pour de bon et où le chant prit fin, ne laissant que les larmes à ceux restant sur la côte.

Les larmes mais aussi curieusement une drôle de sensation, comme un tout petit sentiment d’espoir, fragile et précieux, si précieux…

Une dernière brise, venue du large vint faire voler leurs voiles, comme une caresse, on pouvait entendre la voix de la mère, à qui savait entendre, une part d’Yzène y demeurerait, pour toujours, ancrée…

« Equilibre et Liberté.. »