Valayann Galathil Telrúnya, dit «Le Sombre»
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Valayann Galathil Telrúnya, dit «Le Sombre»
Second fils de la prêtresse d’Elune Shaëldryn et du druide cénarien Ecthelion, Valayann naquit par une belle nuit de printemps dans une jolie maison-arbre proche de la cité elfe d’Astranaar. Son frère Fëanor fut ravi; depuis le temps qu’il attendait, son vœu de ne plus être fils unique se réalisait enfin.
Les premières décennies des deux enfants à Orneval furent douces et pleines de joie, encore plus à la naissance de leur sœur Alathea. Ils jouaient toujours ensemble, couraient partout et connurent bientôt les moindres recoins de la région par cœur. Parfois, ils allaient même observer les bêtes sauvages en se fondant dans la végétation, ce qui ne manquait pas d’inquiéter leurs parents.
Fëanor suivit les traces de son père en entreprenant une difficile formation de druide. Il était sage, réfléchi et appréciait les transformations en animaux, qu’il utilisait pour faire rire ses cadets. Ce fut bientôt au tour de Valayann de choisir une voie, mais il n’avait pas vraiment d’idée sur ce qu’il avait envie de faire. Comme il appréciait le combat, ses parents l’envoyèrent à la caserne, afin qu’il apprenne le maniement de l’épée et devienne un jour un grand guerrier. Sa sœur marcha dans les pas de sa mère. Comme elle, Alathea était douce, patiente et pleine d’empathie. La formation était très longue et commença par sa nomination en tant que novice d’Elune.
La vie heureuse de la famille continua encore quelques lustres, mais une nuit, alors que l’orage grondait dehors, Valayann, ne trouvant pas le sommeil, sortit sur le balcon pour admirer les éclairs qui zébraient le ciel. Il aperçu du coin de l’œil une silhouette près des fourrés à l’arrière de la maison, mais n’eût pas le loisir d’observer mieux, soudain prit d’un mal de tête aigu qui dura tout au plus une seconde, puis il sombra dans l’inconscience.
Lorsqu’il s’éveilla, il mit un moment avant de réaliser qu’il se trouvait enfermé dans une cellule du poste de garde d’Astranaar. Son crâne le faisait souffrir, il était courbaturé de partout et ses vêtements étaient maculés de sang séché. Le cœur battant la chamade, le jeune elfe appela pour qu’un garde vienne l’informer de la situation. Il dût attendre longtemps avant d’entendre des pas dans les escaliers et de voir venir quatre miliciens escortant la grande prêtresse d’Elune en personne et deux officiantes du temple. Déjà passablement désorienté par sa situation, il fut prit d’angoisse en pensant qu’il était arrivé quelque chose à sa sœur. Il était loin du compte; ce que lui raconta Tyrande Murmevent était bien pire encore.
La prêtresse lui dit que son esprit avait été possédé par un mage haut elfe puissant, qui l’avait utilisé pour assassiner sa famille, atteignant ainsi à la fois le Temple d’Elune et le Cercle Cénarien. Leur maison, située un peu à l’écart, avait été une cible idéale et attirer Valayann dehors pour le plier à sa volonté n’avait pas été difficile. Le mage l’avait ensuite fait s’équiper d’un poignard, s’introduire dans la chambre de ses parents, les tuer sans un bruit et monter faire subir le même sort à son frère aîné. En arrivant dans la chambre d’Alathea, cette dernière s’éveilla et, se fiant à son intuition, jeta un siège au visage de son agresseur, qui ne put l’éviter et tomba au sol sans connaissance. Le mage, son maléfique projet mené à bien, disparut avant l’arrivée de la garde, alertée par les cris et les pleurs de la jeune fille.
Valayann sanglotait, très abattu. La grande prêtresse expliqua qu’elle devait sonder son esprit pour vérifier qu’il était encore sain et l’avertit que la manœuvre serait certainement très douloureuse. Les gardes installèrent le prisonnier terrifié sur un siège à haut dossier équipé d’accoudoirs, nouèrent des cordes elfiques à ses poignets, ses chevilles et à son front, puis se placèrent à distance. Tyrande, soutenue par ses officiantes, approcha sa main de la tête de Valayann, ferma les yeux, se concentra intensément puis psalmodia des mots incompréhensibles. Le jeune elfe ressenti alors une douleur telle qu’il n’avait jamais osé l’imaginer. Il hurla, le corps secoué de spasmes incontrôlables, pendant ce qui lui sembla durer une éternité. Lorsque cette torture cessa, il se sentit anéanti et terriblement las. Un mince filet de sang noir coula de son oreille, que la prêtresse essuya de son fin mouchoir, une ombre d’inquiétude dans le regard. Sans mot dire, elle et ses suivantes s’en allèrent. Les gardes, sincèrement désolés de le traiter ainsi, le détachèrent et l’emmenèrent dans sa cellule.
Valayann passa deux jours enfermé là, sans aucune autre visite que celle de l’elfe lui apportant ses repas, qu’il ne mangeait pas. Tournant sans cesse en rond, pleurant, criant, frappant les murs de ses poings ou de ses pieds. Il finit par perdre la notion du temps, dormant d’un sommeil agité lorsque ses pleurs l’avaient par trop épuisé. Puis deux soldats vinrent le chercher pour l’emmener au Temple d’Elune, où le verdict sur son sort serait prononcé. Il entra la tête basse, la mine défaite et les paupières enflées. Il remarqua sa sœur dans la foule amassée tout le long du mur. La pitié que Valayann lut dans ses yeux embrumés de larmes lui fit terriblement mal.
Debout près du puits de lune, encadré par deux miliciennes, l’accusé leva son regard sur Tyrande et les notables d’Astranaar, assis derrière une grande table de pierre. La grande prêtresse se leva et dit d’une voix triste mais claire que l’âme du jeune elfe était irrémédiablement corrompue et qu’il représentait un danger potentiel pour la population. Mais que, suite à la demande d’Alathea, il ne serait pas exécuté, mais banni à jamais des terres elfiques, marqué d’un sceau magique qui l’empêcherait de revenir.
Il fut autorisé à retourner chez lui pour emporter quelques affaires puis on l’escorta à Auberdine pour y prendre le bateau vers les Royaumes de l’Est, terre des humains, des nains et des gnomes. Il n’eût pas le cœur de faire des adieux à sa sœur ni à ses amis et monta dans l’embarcation sans regarder en arrière. La prêtresse lui apposa alors la marque des bannis, qui le brûlerait de l’intérieur s’il venait à repasser les frontières elfiques.
La traversée fut monotone; des vents favorables sur une mer calme les poussèrent rapidement jusqu’au Port de Menethil, à demi caché par la brume humide montant des marais alentours. Après avoir fait promettre aux soldats de veiller sur sa sœur, Valayann leur fit un dernier signe de la main et prit la direction de l’auberge qu’un des marins lui avait indiquée. Il y passa une mauvaise nuit et se présenta le lendemain au fort pour trouver du travail. Il fut reçu par un officier nain, bourru mais sympathique, qui lui indiqua qu’il devait se rendre à Forgefer, la capitale, pour se faire enrôler. Il n’y avait qu’une route pour s’y rendre, mais longue et parsemée de nombreux dangers. L’elfe remercia le nain, retourna à l’auberge pour y acheter quelques provisions et se mit à marcher à travers les marais.
Le climat était très différent de chez lui; il faisait frais et l’humidité ambiante le gelait jusqu’aux os. De surcroît, son périple ne fut pas de tout repos. Il dut se déplacer furtivement pour échapper aux ogres et se sauver à toutes jambes pour ne pas finir déchiqueté par un crocilisque. Le chemin pavé commença à s’élever dans les montagnes par des passages impressionnants creusés dans la roche. Plus il montait, plus il faisait froid et bientôt il vit pour la première fois de la neige. Frigorifié, il enfila plusieurs couches de vêtements, mais ne réussit pourtant pas à se réchauffer. Les nains en garnison au Passage de la Porte Nord le virent passer, tremblant de tous ses membres, et lui offrirent de venir se réchauffer à l’intérieur. Il ne se fit pas prier et fut installé près d’un bon feu où un noiraud, un tablier autour de la taille, lui servit une boisson ambrée, mousseuse et tiède. Pendant qu’il y goûtait, il entendait les soldats rire et parler dans leur langue rocailleuse. Il n’y prêta pas vraiment attention et savoura longuement sa première bière.
Valayann accepta avec gratitude lorsqu’on lui proposa de rester pour la nuit. Il reparti au matin, drapé dans une lourde cape en fourrure d’ours que l’officier de la garnison lui offrit en échange d’un message à porter à Forgefer. C’était une belle journée sans vent, très froide mais ensoleillée. Pour éviter de geler sur place, le jeune elfe se mit à courir. L’air glacé brûlait ses poumons, mais il continua ainsi un long moment, jusqu’à voir les tours de la capitale émerger des montagnes.
Les directions étaient très bien indiquées et c’est sans encombre qu’il parvint devant l’immense porte de la ville où il entra, le nez en l’air, émerveillé par l’architecture naine. Il se rendit dans le quartier militaire pour transmettre le courrier et demander à s’enrôler. Le responsable le remercia et lui fit comprendre que l’armée était au complet, mais que peut-être allait-il trouver ce qu’il cherchait à Hurlevent, la cité des humains.
Suivant les indications du nain, Valayann pris le tram des profondeurs pour se rendre à la capitale humaine, non sans une certaine appréhension et en se bouchant les oreilles pour atténuer le vacarme assourdissant de ce moyen de transport très étrange. Il ne fut pas mécontent de sortir à l’air libre, surtout que la température était beaucoup plus agréable ici. Il plia sa cape et se rendit au Donjon, où il comptait enfin trouver du travail.
Après avoir demandé son chemin, alors qu’il marchait tranquillement dans les rues de la ville, un tout jeune homme s’empara de sa maigre bourse et filait aussi vite que le vent. L’elfe, plus rapide et plus agile, finit par le rattraper et le plaqua au sol, son poignard sous la gorge. Le voleur le supplia de l’épargner et que, si Valayann le voulait, il pourrait le faire entrer dans sa guilde, qui cherchait toujours des gens doués comme lui. Un peu surpris, l’elfe récupéra sa bourse et demanda des précisions au garçon. Ce dernier lui avoua qu’il le suivait depuis un moment et avait entendu qu’il cherchait de quoi s’occuper. Le voyant à l’œuvre à la course et si habile à manier la dague, il ferait certainement un bon voleur.
L’elfe réfléchi un instant et finit par accepter, se disant que l’armée n’était finalement pas vraiment ce qu’il cherchait. Il était devenu, par la force des choses, très solitaire depuis qu’il avait quitté Orneval et se voyait mal intégrer une garnison. Il suivit donc son premier compagnon, un jeune humain répondant au nom de Rick la Guigne. Il apprit que tous les voleurs et assassins avaient un surnom, qui leur était donné après une période d’essai. Celui du garçon lui venait de sa malchance chronique, l’elfe avait pu s’en apercevoir tout à l’heure, lorsqu’il avait essayé de lui subtilisé son argent, sans grand succès. Malgré cela, il était devenu la mascotte d’une guilde très puissante.
Le quartier général de la Main Noire était situé dans les sous-sols du Cochon Siffleur, une auberge dans la vieille ville de Hurlevent. Nul besoin de mot de passe pour y entrer, le tenancier de l’établissement connaissait tout le monde. De plus, il était très physionomiste et avait une excellente mémoire des visages et des noms. Rick lui présenta son protégé et ils descendirent des escaliers jusqu’à une grande salle, comble en ce début de soirée. Chacun venait y prendre ses ordres ou discuter avant de s’atteler à sa tâche. Lorsque Valayann entra, toutes les conversations se turent et des visages de toutes races se tournèrent presque d’un seul mouvement vers le nouveau venu. L’elfe était gêné et son cœur cognait dans sa poitrine, mais il essaya de n’en rien montrer et de rester calme, ce qui fit sourire quelques vieux briscards, à qui rien n’échappait.
Ils passèrent entre les tables et se dirigèrent vers une porte au le fond de la salle. Le jeune garçon frappa deux coup, entra et referma derrière l’elfe. Il fit un salut respectueux à un homme de taille moyenne, vêtu d’une belle armure de cuir noir. Ses cheveux étaient grisonnants, son visage plutôt bien dessiné avec des traits assez durs. Rick présenta Valayann à son maître, Balthazar Harrington, qui jaugea en une seconde l’elfe d’un regard acéré de son œil unique, l’autre étant caché par un bandeau de soie. Il expliqua d’une voix grave à sa nouvelle recrue les modalités de son engagement et les risques liés à ce métier. Ce dernier accepta les conditions et fut invité à retourner dans la grande salle, afin de se mesurer à un autre voleur pour s’assurer qu’il avait les qualités requises pour sa future occupation.
Les voyant sortir et sachant ce qui allait se passer, les hommes se levèrent pour aménager un espace au centre de la pièce, en repoussant les tables et les bancs contre les murs. D’un signe de tête du maître, un elfe à la peau violette se détacha du groupe et vint se placer au centre. Valayann posa ses affaires sur un banc, prit une profonde inspiration et rejoignit son adversaire. Ils se saluèrent, se mirent en position et disparurent pratiquement en même temps. N’ayant pas une très bonne technique, le novice se fit surprendre par l’autre elfe, qui lui fit un croche-pied et l’envoya s’étaler par terre sous les rires de l’assemblée. En lançant rapidement ses pieds en l’air, Valayann réussi à se relever très vite. Le combat reprit et dura un bon moment, jusqu’à ce que le voleur confirmé désarme son adversaire et lui taillade le bras. Les applaudissement fusèrent et le jeune elfe sut, après un bref coup d’œil à Balthazar, qu’il avait passé l’épreuve. Rick lui donna une tape dans le dos puis l’emmena dans une petite chambre pour se faire soigner. Un nain au regard malicieux se chargea de le panser, non sans faire des compliments sur le beau combat qu’il avait livré. Le garçon lui proposa un bon repas, accompagné d’une bonne bière naine. Lorsque presque tous les hommes furent partis, il lui indiqua un grand dortoir où il pourrait se reposer. L’elfe ne se fit pas prier; la journée avait été forte en émotions et son voyage l’avait éreinté. Il remarqua en défaisant son sac que les quartiers des voleurs s’étendaient bien plus loin que les fondations de l’auberge au-dessus d’eux.
L’elfe passa une très bonne nuit et dormit encore une partie du jour, tant il était exténué. Rick vint le réveiller en fin d’après-midi et, après un bon repas, ils se mirent en route pour une visite de la ville et quelques chapardages de bourses, exercice auquel l’elfe se distingua. Un bon nombre de nuits à ce rythme et le nouveau venu fut convoqué pour la décision finale à son sujet. Tout le monde était réuni dans la grande salle et le maître annonça que Valayann le Sombre faisait désormais partie des leurs. Un tonnerre d’applaudissements salua cette décision, les chopes s’entrechoquèrent et l’on emmena l’elfe se faire tatouer le signe de sa nouvelle appartenance sur l’avant-bras gauche. Il passa les années suivantes à perfectionner ses techniques et devint bientôt un excellent élément pour sa guilde, de plus en plus en assurant le rôle d’assassin…
Les premières décennies des deux enfants à Orneval furent douces et pleines de joie, encore plus à la naissance de leur sœur Alathea. Ils jouaient toujours ensemble, couraient partout et connurent bientôt les moindres recoins de la région par cœur. Parfois, ils allaient même observer les bêtes sauvages en se fondant dans la végétation, ce qui ne manquait pas d’inquiéter leurs parents.
Fëanor suivit les traces de son père en entreprenant une difficile formation de druide. Il était sage, réfléchi et appréciait les transformations en animaux, qu’il utilisait pour faire rire ses cadets. Ce fut bientôt au tour de Valayann de choisir une voie, mais il n’avait pas vraiment d’idée sur ce qu’il avait envie de faire. Comme il appréciait le combat, ses parents l’envoyèrent à la caserne, afin qu’il apprenne le maniement de l’épée et devienne un jour un grand guerrier. Sa sœur marcha dans les pas de sa mère. Comme elle, Alathea était douce, patiente et pleine d’empathie. La formation était très longue et commença par sa nomination en tant que novice d’Elune.
La vie heureuse de la famille continua encore quelques lustres, mais une nuit, alors que l’orage grondait dehors, Valayann, ne trouvant pas le sommeil, sortit sur le balcon pour admirer les éclairs qui zébraient le ciel. Il aperçu du coin de l’œil une silhouette près des fourrés à l’arrière de la maison, mais n’eût pas le loisir d’observer mieux, soudain prit d’un mal de tête aigu qui dura tout au plus une seconde, puis il sombra dans l’inconscience.
Lorsqu’il s’éveilla, il mit un moment avant de réaliser qu’il se trouvait enfermé dans une cellule du poste de garde d’Astranaar. Son crâne le faisait souffrir, il était courbaturé de partout et ses vêtements étaient maculés de sang séché. Le cœur battant la chamade, le jeune elfe appela pour qu’un garde vienne l’informer de la situation. Il dût attendre longtemps avant d’entendre des pas dans les escaliers et de voir venir quatre miliciens escortant la grande prêtresse d’Elune en personne et deux officiantes du temple. Déjà passablement désorienté par sa situation, il fut prit d’angoisse en pensant qu’il était arrivé quelque chose à sa sœur. Il était loin du compte; ce que lui raconta Tyrande Murmevent était bien pire encore.
La prêtresse lui dit que son esprit avait été possédé par un mage haut elfe puissant, qui l’avait utilisé pour assassiner sa famille, atteignant ainsi à la fois le Temple d’Elune et le Cercle Cénarien. Leur maison, située un peu à l’écart, avait été une cible idéale et attirer Valayann dehors pour le plier à sa volonté n’avait pas été difficile. Le mage l’avait ensuite fait s’équiper d’un poignard, s’introduire dans la chambre de ses parents, les tuer sans un bruit et monter faire subir le même sort à son frère aîné. En arrivant dans la chambre d’Alathea, cette dernière s’éveilla et, se fiant à son intuition, jeta un siège au visage de son agresseur, qui ne put l’éviter et tomba au sol sans connaissance. Le mage, son maléfique projet mené à bien, disparut avant l’arrivée de la garde, alertée par les cris et les pleurs de la jeune fille.
Valayann sanglotait, très abattu. La grande prêtresse expliqua qu’elle devait sonder son esprit pour vérifier qu’il était encore sain et l’avertit que la manœuvre serait certainement très douloureuse. Les gardes installèrent le prisonnier terrifié sur un siège à haut dossier équipé d’accoudoirs, nouèrent des cordes elfiques à ses poignets, ses chevilles et à son front, puis se placèrent à distance. Tyrande, soutenue par ses officiantes, approcha sa main de la tête de Valayann, ferma les yeux, se concentra intensément puis psalmodia des mots incompréhensibles. Le jeune elfe ressenti alors une douleur telle qu’il n’avait jamais osé l’imaginer. Il hurla, le corps secoué de spasmes incontrôlables, pendant ce qui lui sembla durer une éternité. Lorsque cette torture cessa, il se sentit anéanti et terriblement las. Un mince filet de sang noir coula de son oreille, que la prêtresse essuya de son fin mouchoir, une ombre d’inquiétude dans le regard. Sans mot dire, elle et ses suivantes s’en allèrent. Les gardes, sincèrement désolés de le traiter ainsi, le détachèrent et l’emmenèrent dans sa cellule.
Valayann passa deux jours enfermé là, sans aucune autre visite que celle de l’elfe lui apportant ses repas, qu’il ne mangeait pas. Tournant sans cesse en rond, pleurant, criant, frappant les murs de ses poings ou de ses pieds. Il finit par perdre la notion du temps, dormant d’un sommeil agité lorsque ses pleurs l’avaient par trop épuisé. Puis deux soldats vinrent le chercher pour l’emmener au Temple d’Elune, où le verdict sur son sort serait prononcé. Il entra la tête basse, la mine défaite et les paupières enflées. Il remarqua sa sœur dans la foule amassée tout le long du mur. La pitié que Valayann lut dans ses yeux embrumés de larmes lui fit terriblement mal.
Debout près du puits de lune, encadré par deux miliciennes, l’accusé leva son regard sur Tyrande et les notables d’Astranaar, assis derrière une grande table de pierre. La grande prêtresse se leva et dit d’une voix triste mais claire que l’âme du jeune elfe était irrémédiablement corrompue et qu’il représentait un danger potentiel pour la population. Mais que, suite à la demande d’Alathea, il ne serait pas exécuté, mais banni à jamais des terres elfiques, marqué d’un sceau magique qui l’empêcherait de revenir.
Il fut autorisé à retourner chez lui pour emporter quelques affaires puis on l’escorta à Auberdine pour y prendre le bateau vers les Royaumes de l’Est, terre des humains, des nains et des gnomes. Il n’eût pas le cœur de faire des adieux à sa sœur ni à ses amis et monta dans l’embarcation sans regarder en arrière. La prêtresse lui apposa alors la marque des bannis, qui le brûlerait de l’intérieur s’il venait à repasser les frontières elfiques.
La traversée fut monotone; des vents favorables sur une mer calme les poussèrent rapidement jusqu’au Port de Menethil, à demi caché par la brume humide montant des marais alentours. Après avoir fait promettre aux soldats de veiller sur sa sœur, Valayann leur fit un dernier signe de la main et prit la direction de l’auberge qu’un des marins lui avait indiquée. Il y passa une mauvaise nuit et se présenta le lendemain au fort pour trouver du travail. Il fut reçu par un officier nain, bourru mais sympathique, qui lui indiqua qu’il devait se rendre à Forgefer, la capitale, pour se faire enrôler. Il n’y avait qu’une route pour s’y rendre, mais longue et parsemée de nombreux dangers. L’elfe remercia le nain, retourna à l’auberge pour y acheter quelques provisions et se mit à marcher à travers les marais.
Le climat était très différent de chez lui; il faisait frais et l’humidité ambiante le gelait jusqu’aux os. De surcroît, son périple ne fut pas de tout repos. Il dut se déplacer furtivement pour échapper aux ogres et se sauver à toutes jambes pour ne pas finir déchiqueté par un crocilisque. Le chemin pavé commença à s’élever dans les montagnes par des passages impressionnants creusés dans la roche. Plus il montait, plus il faisait froid et bientôt il vit pour la première fois de la neige. Frigorifié, il enfila plusieurs couches de vêtements, mais ne réussit pourtant pas à se réchauffer. Les nains en garnison au Passage de la Porte Nord le virent passer, tremblant de tous ses membres, et lui offrirent de venir se réchauffer à l’intérieur. Il ne se fit pas prier et fut installé près d’un bon feu où un noiraud, un tablier autour de la taille, lui servit une boisson ambrée, mousseuse et tiède. Pendant qu’il y goûtait, il entendait les soldats rire et parler dans leur langue rocailleuse. Il n’y prêta pas vraiment attention et savoura longuement sa première bière.
Valayann accepta avec gratitude lorsqu’on lui proposa de rester pour la nuit. Il reparti au matin, drapé dans une lourde cape en fourrure d’ours que l’officier de la garnison lui offrit en échange d’un message à porter à Forgefer. C’était une belle journée sans vent, très froide mais ensoleillée. Pour éviter de geler sur place, le jeune elfe se mit à courir. L’air glacé brûlait ses poumons, mais il continua ainsi un long moment, jusqu’à voir les tours de la capitale émerger des montagnes.
Les directions étaient très bien indiquées et c’est sans encombre qu’il parvint devant l’immense porte de la ville où il entra, le nez en l’air, émerveillé par l’architecture naine. Il se rendit dans le quartier militaire pour transmettre le courrier et demander à s’enrôler. Le responsable le remercia et lui fit comprendre que l’armée était au complet, mais que peut-être allait-il trouver ce qu’il cherchait à Hurlevent, la cité des humains.
Suivant les indications du nain, Valayann pris le tram des profondeurs pour se rendre à la capitale humaine, non sans une certaine appréhension et en se bouchant les oreilles pour atténuer le vacarme assourdissant de ce moyen de transport très étrange. Il ne fut pas mécontent de sortir à l’air libre, surtout que la température était beaucoup plus agréable ici. Il plia sa cape et se rendit au Donjon, où il comptait enfin trouver du travail.
Après avoir demandé son chemin, alors qu’il marchait tranquillement dans les rues de la ville, un tout jeune homme s’empara de sa maigre bourse et filait aussi vite que le vent. L’elfe, plus rapide et plus agile, finit par le rattraper et le plaqua au sol, son poignard sous la gorge. Le voleur le supplia de l’épargner et que, si Valayann le voulait, il pourrait le faire entrer dans sa guilde, qui cherchait toujours des gens doués comme lui. Un peu surpris, l’elfe récupéra sa bourse et demanda des précisions au garçon. Ce dernier lui avoua qu’il le suivait depuis un moment et avait entendu qu’il cherchait de quoi s’occuper. Le voyant à l’œuvre à la course et si habile à manier la dague, il ferait certainement un bon voleur.
L’elfe réfléchi un instant et finit par accepter, se disant que l’armée n’était finalement pas vraiment ce qu’il cherchait. Il était devenu, par la force des choses, très solitaire depuis qu’il avait quitté Orneval et se voyait mal intégrer une garnison. Il suivit donc son premier compagnon, un jeune humain répondant au nom de Rick la Guigne. Il apprit que tous les voleurs et assassins avaient un surnom, qui leur était donné après une période d’essai. Celui du garçon lui venait de sa malchance chronique, l’elfe avait pu s’en apercevoir tout à l’heure, lorsqu’il avait essayé de lui subtilisé son argent, sans grand succès. Malgré cela, il était devenu la mascotte d’une guilde très puissante.
Le quartier général de la Main Noire était situé dans les sous-sols du Cochon Siffleur, une auberge dans la vieille ville de Hurlevent. Nul besoin de mot de passe pour y entrer, le tenancier de l’établissement connaissait tout le monde. De plus, il était très physionomiste et avait une excellente mémoire des visages et des noms. Rick lui présenta son protégé et ils descendirent des escaliers jusqu’à une grande salle, comble en ce début de soirée. Chacun venait y prendre ses ordres ou discuter avant de s’atteler à sa tâche. Lorsque Valayann entra, toutes les conversations se turent et des visages de toutes races se tournèrent presque d’un seul mouvement vers le nouveau venu. L’elfe était gêné et son cœur cognait dans sa poitrine, mais il essaya de n’en rien montrer et de rester calme, ce qui fit sourire quelques vieux briscards, à qui rien n’échappait.
Ils passèrent entre les tables et se dirigèrent vers une porte au le fond de la salle. Le jeune garçon frappa deux coup, entra et referma derrière l’elfe. Il fit un salut respectueux à un homme de taille moyenne, vêtu d’une belle armure de cuir noir. Ses cheveux étaient grisonnants, son visage plutôt bien dessiné avec des traits assez durs. Rick présenta Valayann à son maître, Balthazar Harrington, qui jaugea en une seconde l’elfe d’un regard acéré de son œil unique, l’autre étant caché par un bandeau de soie. Il expliqua d’une voix grave à sa nouvelle recrue les modalités de son engagement et les risques liés à ce métier. Ce dernier accepta les conditions et fut invité à retourner dans la grande salle, afin de se mesurer à un autre voleur pour s’assurer qu’il avait les qualités requises pour sa future occupation.
Les voyant sortir et sachant ce qui allait se passer, les hommes se levèrent pour aménager un espace au centre de la pièce, en repoussant les tables et les bancs contre les murs. D’un signe de tête du maître, un elfe à la peau violette se détacha du groupe et vint se placer au centre. Valayann posa ses affaires sur un banc, prit une profonde inspiration et rejoignit son adversaire. Ils se saluèrent, se mirent en position et disparurent pratiquement en même temps. N’ayant pas une très bonne technique, le novice se fit surprendre par l’autre elfe, qui lui fit un croche-pied et l’envoya s’étaler par terre sous les rires de l’assemblée. En lançant rapidement ses pieds en l’air, Valayann réussi à se relever très vite. Le combat reprit et dura un bon moment, jusqu’à ce que le voleur confirmé désarme son adversaire et lui taillade le bras. Les applaudissement fusèrent et le jeune elfe sut, après un bref coup d’œil à Balthazar, qu’il avait passé l’épreuve. Rick lui donna une tape dans le dos puis l’emmena dans une petite chambre pour se faire soigner. Un nain au regard malicieux se chargea de le panser, non sans faire des compliments sur le beau combat qu’il avait livré. Le garçon lui proposa un bon repas, accompagné d’une bonne bière naine. Lorsque presque tous les hommes furent partis, il lui indiqua un grand dortoir où il pourrait se reposer. L’elfe ne se fit pas prier; la journée avait été forte en émotions et son voyage l’avait éreinté. Il remarqua en défaisant son sac que les quartiers des voleurs s’étendaient bien plus loin que les fondations de l’auberge au-dessus d’eux.
L’elfe passa une très bonne nuit et dormit encore une partie du jour, tant il était exténué. Rick vint le réveiller en fin d’après-midi et, après un bon repas, ils se mirent en route pour une visite de la ville et quelques chapardages de bourses, exercice auquel l’elfe se distingua. Un bon nombre de nuits à ce rythme et le nouveau venu fut convoqué pour la décision finale à son sujet. Tout le monde était réuni dans la grande salle et le maître annonça que Valayann le Sombre faisait désormais partie des leurs. Un tonnerre d’applaudissements salua cette décision, les chopes s’entrechoquèrent et l’on emmena l’elfe se faire tatouer le signe de sa nouvelle appartenance sur l’avant-bras gauche. Il passa les années suivantes à perfectionner ses techniques et devint bientôt un excellent élément pour sa guilde, de plus en plus en assurant le rôle d’assassin…
Valayann
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