[Pause][Alliance - Neutre] La Croisade écarlate

Cela faisait presque trois mois qu'il n'avait vu ces murs. Alors que sa monture s'approchait à bonne allure des remparts du Bastion de l'Espoir cramoisi, Gavius Poing d'acier songeait aux raisons qui l'avaient poussé à entreprendre ce long voyage... Il ne revenait avec aucune réelle solution, si ce n'est un peu d'espoir, et de nombreuses questions sans réponses, tournant autour du fardeau empaqueté soigneusement dans son dos, recouvert de lourdes étoffes de laine brute.
Le bastion n'avait pas changé, en apparence, songeait-t-il, tandis que s'ouvraient lentement les portes massives qui les avaient récemment protégés d'une mort certaine. Mais, il le ressentait au plus profond de son coeur, un mal était à l'oeuvre ici.
A peine eut-il-eu mis pied à terre qu'il fut accueilli par le désormais Grand inquisiteur, Thomas Wolsey, la mine sombre et préoccupée. Celui-ci, passé les salutation d'usage, eut tôt fait de mettre le Grand croisé au fait de la situation désastreuse qui régnait au sein de la forteresse. L'hérésie, une fois de plus, avait repris racine. Dans les sombres couloirs de la caserne, les croisés s'adonnaient à d'ignobles pratiques répugnantes qui n'auraient pas détoné dans le plus sale des bordels de campagne. Les survivants avaient sombré dans le vice et la luxure...
Gavius soupira profondément, une colère sourde au fond des yeux. Il n'avait pas donné sa vie pour que soit ainsi salies les nobles armoiries de leur confrérie sacrée. Alors qu'en Tirisfal, aux portes de l'ennemi, d'autres survivants animés d'une foi exemplaire et menés par le Croisé Goodchilde reconstruisaient avec vaillance le Monastère écarlate. Ceux-ci l'avaient assuré de leur plein soutien.
La discussion se poursuivit dans le bureau du Grand Inquisiteur, et, outre sur l'exposé du mystère soulevé par la découverte du Grand Croisé, les deux hommes se mirent rapidement d'accord sur la nécessité de clore à jamais cette page de leur histoire. Loin de l'ennemi, les croisés avaient perdu leurs valeurs les plus sacrées, ils s'étaient ramollis et pervertis. Un plan fut établi. Les fidèles seraient sauvés, pour les autres... malheur à eux, car de cette vallée qu'il avaient jadis cru bénie ne resteraient que rocs et cendre.
Puisse la Sainte Lumière reconnaître les siens.

Tout était paré, enfin. Tandis que le grand croisé regardait disparaître le navire du capitaine Newgate sur l'horizon, avec à son bord, son précieux chargement. Ses pensées vagabondaient dans de pénibles lieux de conscience. Il s'apprêtait à donner l'ordre qui conduirait à la mort de plus d'une centaine d'hommes, qui, bien que s'étant détournés des enseignements de la Sainte Lumière, n'en restaient ps moins des hommes.
Faldred, l'arcaniste, grommelait à ses cotés quelque chose a propos de délai, ou d'incantations... Gavius n'en avait cure. Son agent personnel, non loin, avait tout préparé, il n'attendait que le signal. Pourquoi cet homme le servait-t-il si aveuglément, au point d'accepter, pour sa seule personne, de tuer tant de gens... Le Grand Croisé aurait bien aimé avoir la réponse. Sa personne valait-elle donc tellement  ?
Il haussa légèrement les épaules, l'heure n'était plus au doute. Dans un murmure «  Pour la croisade, pour Lordaeron  » il donna l'ordre fatidique...
Et l'enfer se déchaîna.
Des explosifs judicieusement placés tout autour de la vallée détonèrent de concert, mettant feu a des réserves de feu grégeois voisines, Des torrents de flammes et de pierre ensevelirent rapidement les bâtiments, et toutes les installations de la vallée. Le Bastion de l'espoir cramoisi n'était plus, toute la vallée n'était qu'un amoncellement de rochers fumants, et seules les cendres serviraient de mémorial à ce qui avait eu lieu ici.
La voix rauque de Faldred le sortit brusquement de sa contemplation. «  Grand croisé  ! Il faut y aller, MAINTENANT  !  » Tandis que le promontoire sur lequel ils se tenaient menaçait ruine, une faible lueur arcanique se dégageait du portail qu'il venait juste de créer... Sans plus de cérémonie, Gavius le traversa.

Le Capitaine Newgate à la barre, peu avant le départ.

Au même moment, ignorant pour la plupart le sort terrible de ceux qui avait été jugés impurs et laissé derrière, l'équipage de capitaine Newgate et ses passagers devisaient.
Le vieux père Dario Venarius priait pour son fils aîné, Aldran, qui avait fait partie des quelques escouades a quitter le Bastion au cours de la semaine passée. Il n'ignorait pas qu'en tant qu'homme de l'Inquisition, il en savait bien plus long que lui sur la situation, mais cela ne contrariait pas le vieil homme, qui s'inquiétait néanmoins pour sa survie.
Au bout de quelques semaines de voyage, il se décida néanmoins a tenter d'interroger le Grand Inquisiteur Wolsey afin d'obtenir quelques minces informations.

Le père Venarius demande audience auprès du Grand Inquisiteur.

Ce fut au cours de leur discussion sur le pont du navire que la vigie annonça les côtes de Tirisfal au loin. Si les yeux du vieil homme ne purent les percevoir que bien plus tard, cela rendit néanmoins l'objet de la discussion caduque. Dario serait bientôt fixé.

Terre ! Hurle la vigie.

Le grand Inquisiteur Wolsey fut quand à lui bien en peine de répondre aux diverses questions que les membres de l'équipage osaient parfois, avec une révérence démesurée, lui présenter. Certes, il avait été un des organisateurs des desseins du Grand croisé, mais il ignorait à l'heure actuelle tellement de chose. Quel était l'état exact du Monastère  ? Les escouades envoyées en précurseurs étaient-t-ils tous arrivés  ? Et surtout, par dessus tout, le Grand Croisé avait-t-il déjà atteint le Monastère, comme c'était convenu. Il n'avait guère confiance en ce Faldred et ses passe-passes magiques. L'homme était a moitié fou, et il ne trouvait guère sage de la part du Grand croisé de lui confier sa vie, et pire encore, le destin du précieux fardeau qu'il transportait à présent.
C'est pour cette raison qu'a peine le navire amarré, il réquisitionna le jeune croisé Darick afin de l'escorter en hâte jusqu'au Monastère, laissant le déchargement du navire et la logistique aux officiers présents.

Le Grand Inquisiteur réquisitionne le premier croisé présent.

Tirisfal était dangereuse, mais les fèches du jeune archer eurent facilement raison des quelques créatures pestiférées qui eurent le malheur de leur barrer la route.

Le jeune Darick veille sur la vie du Grand Inquisiteur.

Et rapidement, le Grand Inquisiteur rencontra les premières patrouilles du Monastère qui, lui présentant leurs respects, saluant l'arrivée du dignitaire au sein de leurs murs, avec parfois un soupçon de crainte, cependant, mais le Grand Inquisiteur ne s'en offusqua pas. Pour être efficace, l'Inquisition se devait d'être crainte.

Enfin des visages amicaux...

Les croisés en patrouille l'escortèrent donc jusqu'au Sire Karl Barthel, un paladin agé qui supervisait l'instruction des plus jeunes croisés du groupe de survivants menés par le Commandant Bonenfant, ceux qui avaient entrepris cette rehabilitation ambitieuse.

Karl Barthel accueille le Grand Inquisiteur.

Les nouvelles étaient bonnes, les patrouilles étaient arrivées, dont le Sire Aldran Venarius, qui présenta immédiatement ses respects au Grand inquisiteur, ayant manifestement tout préparé pour sa venue, et celles des autres inquisiteurs. Thomas Wolsey eut un soupir, le vieux Dario serait bientôt rassuré. Mais quelque chose d'autre le préoccupait. Il n'y avait aucun signe de l'arrivée du Grand Croisé.

Le Sire Aldran Venarius au rapport.

Rapidement, une expedition de recherche fut mise en place sous les ordres de Sire Karl Barthel qui, grâce à son expérience et sa connaissance du terrain, espérait le retrouver rapidement, malgré l'absence totale d'informations à son sujet. Accompagné de maître-chien Treadwell et de sa meute de molosse, ainsi que d'une chemise ayant appartenu au Commandant de l'ordre, l'expédition se mit en route.

Les chiens avaient flairé quelque chose, et les croisés suivaient la piste lorsque déboula Faldred, poursuivi par de viles bêtes pestiférées, pestant a propos d'un manque de précision du à la rapidité de l'incantation, avant de repousser ses assaillants par des explosions arcaniques d'énergie magique.

Faldred, sorti de nulle part...

Le magicien fut immédiatement questionné sur le sort du Grand Croisé. Celui-ci répondit avec sa morgue habituelle par de rassurantes nouvelles. Avant de repartir aussitôt, disparaissant par magie.
Bien que faisant pester le Sire Karl Barthel sur le manque de discipline de cet homme, il s'avéra que Faldred avait dit la vérité. Il ne précédait le grand croisé que de quelques minutes, et rapidement celui-ci apparu, portant toujours sanglé dans le dos, enveloppé de linges, son précieux fardeau. Il salua poliment ses sauveteurs, avant d'exiger d'être mené au plus vite au commandant Bonenfant et au Grand Inquisiteur Wolsey.

Le Grand Croisé de retour au Monastère...

Ce dernier l'attendait dans la cathédrale, là où la croisade écarlate fut fondée jadis. Nul ne put savoir le sujet de leur entretien, mais on raconte que la discussion se prolongea jusque tard dans la nuit...

La plupart des croisés tout juste arrivés s'endormirent bien avant, avec dans leur cœur une détermination renforcée par la résurrection de leur foyer qu'ils croyaient perdus. La Renaissance écarlate avait accompli son œuvre, la Croisade était de retour en Tirisfal, et malheur aux fous qui oseraient se mettre en travers de leur chemin.

L'entretien se poursuivra jusque tard dans la nuit...

Un nuage de poussière se formait au loin, sur le chemin du monastère. Soudain, un cri résonna depuis la première tour de guet.

- Qui va là ? Halte ! Restez où vous êtes ! Halte, j’ai dit !

L’air se faisait glacial, les chevaliers, sur leurs montures, se contentaient de ricaner. Les chevaux martelaient le sol nerveusement.
Deux hommes s’avançaient déjà, d’un pas raide, le long du chemin muletier. Ils marchaient l’un derrière l’autre, la tête rentrée dans les épaules et étaient tous deux vêtus du tabard blanc et rouge de la croisade Ecarlate. Plus ils se rapprochaient des chevaliers, plus l’odeur de la mort rôdait autour d’eux.

- Que venez-vous faire ici, Impies ?! Vous n’êtes pas les bienvenus ! Demi-tour !

Le baron garda le silence, tout en baissant son regard glacial dans la direction du garde. Ses hommes commençaient à créer un cercle, ils se faisaient plus nombreux. L’air devenait de plus en plus suffocant.
Will, qui n’avait approché aucun chevalier de la Lame d’Ebène depuis sa naissance, put voir le visage blafard et les yeux vides du Baron Il fit un léger signe du regard à son partenaire avant d’interroger, une nouvelle fois, les morts désormais bien trop nombreux.

- Qu’est-ce que vous faites ?

L’autre laissa échapper un gémissement qui se transforma en un grognement sauvage. Il dégaina sa grande épée d’un mouvement brusque pour l’abattre sur Will d’un large moulinet. Par réflexe, celui-ci leva son arme et para le coup dans un fracas de métal. Un éclat de lumière se refléta sur la lame

- Sonnez l’alarme, Nous sommes attaqués ! hurla-t-il à plein poumons Sonnez l’alarme !

La tête de l’autre garde roula à ses pieds. Will avait compris, il ne s’en sortirait pas vivant. Le baron abattit une nouvelle fois son épée de toutes ses forces et, d’un seul coup, trancha le bras et la cuisse gauche de Will. L’éclaireur vacilla.  Le baron lui expédia un coup de pied en pleine tête, qui le sépara de ses membres coupés et l’envoya, sanguinolent, rouler au sol, sur le dos.

Le baron et ses sbires reprirent le chemin menant vers le bâtiment, laissant ses goules se régaler des deux hommes.
De loin en loin, ils pouvaient entendre les sentinelles reprendre le cri du garde, puis le son des cloches. Un éclaireur arriva auprès du grand inquisiteur qui avertit aussitôt le grand croisé, hélas bien trop loin du monastère. Tous comprirent que le baron avait attendu cette opportunité, la division des troupes, pour mettre son plan machiavélique en action, mais les hommes de la sainte lumière étaient loin d’être de simple soldats. Les chevaliers eurent bien du mal à pénétrer l’enceinte du monastère.

Hélas,  quelques hommes réussirent à passer le barrage de ces vaillants soldats…
Des murmures s’élevèrent dans le cloître. Syneria vit la peur et la superstition se peindre sur les visages, la défaite s’installer dans le cœur des soldats qui l’entouraient. Même les quelques officiers présents semblaient ébranlés lorsque les chevaliers repartirent par leur portail maudit avec leur butin. L’ennemi venait de leur porter un coup de maitre en menant cette attaque. Quant à la manière dont il s’était servi de ses hommes comme des marionnettes sacrificielles, la mise en scène avait été spectaculaire.  Le baron avait réussi à tuer le vaillant commandant Bonenfant et avait emporté le corps de la grande inquisitrice Blanchetête en trophée pour ses sombres projets.

Attaque à l'entrée du Monastère, l'alerte vient d'être donné, trop tard hélas.

Le grand inquisiteur donne les ordres aux soldats.

Tous combattirent avec force ...

Foi...

Et détermination....


Mais hélas, ces maudit chevaliers réussirent à passer la protection, non sans mal, ils réussirent à quitter le monastère avec leur butin.

[Auteur du post: Margaux Balmet]

L'information avait filtré depuis des mois au sein du haut commandement.

Les agents écarlates n'avaient pas ménagé leur peine, et ce qui n'était au départ qu'une rumeur devint rapidement certain. Dame Sombreval avait été en mesure de confirmer au Grand Croisé ce que chacun redoutait depuis les terribles attaques subies tour à tour par le Monastère et la Chapelle de l'espoir de Lumière, le Fléau allait frapper à nouveau.
Leur cible donnait froid dans le dos : La Main de Tyr, jadis Bastion de la Croisade écarlate et aujourd'hui sous le contrôle de la Croisade d'Argent, était menacée. La garnison maintenue sur place par la Croisade d'Argent était en effectif très réduit, du fait de leur implication actuelle au cotés de cette alliance contre-nature de paladins qu'ils avaient eu l'outrecuidance de nommer Main d'Argent...
Mais ce n'étaient pas les argentés qui inquiétaient le seigneur Gavius, mais la nombre colossal de héros de la Croisade écarlate qui reposaient dans la ville, en particulier un de ses fondateurs les plus célèbres, le Grand Général Abbendis, dont la fille avait par la suite mené l'assaut écarlate en Norfendre...

La décision fut prise très rapidement, au diable les argentés, le Grand croisé ne pouvait tolérer que le repos de l'un de leurs plus grands héros ne soit profané. Là était leur cible, il en était certain. De plus, cela pouvait, en jouant finement, permettre à la Croisade écarlate de reprendre la Main de Tyr dans la foulée, peut être même sans le moindre combat.

Une troupe de plusieurs centaines d'hommes fut mise sur pieds. Malgré l'enjeu crucial de l'opération, une troupe conséquente fut laissée pour défendre le Monastère écarlate. L'attaque traîtresse subie par ses frères restés en base arrière alors qu'il combattait la Légion Ardente aux îles brisées avec le gros des forces écarlates restait profondément ancrée dans les mémoires, et Gavius Poing d'Acier avait juré que jamais il ne permettrait à cette situation de se reproduire.

Traversant les terres jadis si belles de Lordaeron à la tête de centaines d'hommes et de femmes d'une ferveur exemplaire, le Grand croisé jeta un regard en arrière et se prit à rêver. Les bannières rouges et or claquaient au vent et, pour peu, on aurait pu croire au retour d'une époque glorieuse depuis longtemps révolue.

Le Capitaine Vaillame, commandant des troupes, se porta à son niveau.

Seigneur Gavius, nous devons faire une halte, les hommes doivent se reposer, et se préparer au combat.

Le Grand croisé autorisa la halte d'un signe de tête.

Non-loin de leur objectif, l'armée arrêta sa glorieuse progression et monta un camp sommaire.

Chacun en profita pour dormir quelques heures, vérifier une dernière fois son équipement, et, bien trop vite du goût de certain, le rassemblement fut sonné. Les éclaireurs assuraient avoir vu des Griffons squelettes fondre sur la Main de Tyr, l'un d'eux parlait même du Baron Von Tarkin.

Rassemblement des troupes

Le Grand croisé pesta alors que les troupes se rassemblaient. Il n'avait pas anticipé la manœuvre, il comptait entrer dans la ville avant l'arrivée du Fléau, en jouant sur le danger imminent pour que les Argentés acceptent son aide. Il avait à cet effet dépêche un agent afin de les prévenir, il y a a peine quelques heures, afin qu'ils soient plus enclin à leur permettre l'accès à la ville, sans avoir le temps d'appeler des renforts...
Il espérait toujours reprendre la Main de Tyr pour la Croisade écarlate, et son plan pour pénétrer dans la ville sans résistance allait à vau-l'eau. Qu'importe, il fallait agir.

Les troupes furent rapidement sur pied, et, après un rapide discours, l'armée s'élança une fois de plus, vers la ville maintenant toute proche.

Les troupes parées au départ

Sur la route, une troupe de cavaliers les suivait ; "argentés" fit rapidement remonter l'arrière-garde. Les troupes de la Main de le rédemption, sous le commandement des capitaines Colnes et Leonem, arrivaient en renfort. Le court préavis leur avait apparemment suffi.

Les argentés suivent l'arrière garde de près

"Continuez à avancer" Commanda le Capitaine Vaillame suite à un signe du Grand croisé. Ils n'étaient pas venu jusqu'ici pour rien, et Gavius avait déjà eu a faire à ces argentés, sans s'affranchir des incroyables hérésies disséminées par leur ordre, ils avaient au moins l'avantage d'être pragmatiques et de ne pas nier les problèmes, contrairement à tant de leurs frères.

Franchir les portes fut bien plus aisé que prévu. La Garnison de la Main de Tyr, en effectif très réduit, était littéralement débordée par l'attaque, et acceptèrent immédiatement, bien que non sans réticence, que l'armée écarlate pénètre dans la ville, à la condition qu'ils ne tuent que les morts-vivants, ce que le Grand croisé assura.

La croisade écarlate dans la ville, suivie peu de temps plus tard des troupes de la Main de la Rédemption

Une fois dans la ville, le problème était plus épineux, après quelques exactions dispersées, nul n'était capable de dire où le fléau se terrait. L'ambiance de panique était palpable, rappelant a chaque croisé de bien sombres souvenirs. Le Capitaine Vaillame dispersa rapidement ses escouades qui fouillèrent méthodiquement la ville, puis les ruines de l'enclaves écarlate.

Les troupes écarlates fouillent la ville

Le Grand croisé prit quand à lui contact avec l'unité argentée venue en renfort. Bien vite, les croisés d'argents se joignirent à la fouille de la cité. Gavius Poing d'acier, quand à lui, rassembla ses hommes les plus fidèles et se plaça avec eux en protection de la tombe du Grand Général. Libérant Brûlaube de son reliquaire, la grande lame frémit d'énergie sacrée entre ses mains. "Qu'ils viennent", pensa-t-il.

La fouille se révéla rapidement fructueuse. Les chevaliers de la mort du Baron Von Tarkin avaient pris position dans la crypte du cimetière de ce qui avait jadis été la Nouvelle-Avalon. L'alerte fut passée, et rapidement la troupe écarlate se rassembla autour du mausolée, rejoint presque immédiatement par l'escouade argentée. Le Grand croisé quand à lui ne bougea pas, il connaissait trop bien le principe de diversion...

Le fléau était là, depuis le début...

Le combat s'engagea rapidement, tandis que les guerriers de la Main de la Rédemption engagèrent bravement les impies qui tenaient le cimetière, un groupe d'écarlates profita de la diversion pour se ruer dans la crypte, bien déterminés à interrompre la profanation.

L'escouade écarlate se fraye un chemin vers les entrailles de la crypte

Si la situation en surface fut rapidement maîtrisée, malgré les créatures impies relevées par les terribles guerriers du fléau, la situation dans les boyaux de la crypte s'enlisa d'autant. Bloqués dans la progression par des couloirs tortueux, les croisés écarlates ne pouvaient progresser que deux de front, au coude à coude, et étaient bloqués par des vagues de morts-vivants qui semblaient inépuisables...

Bloqués par des nuées de morts-vivants, les croisés peinent à progresser.

Nul ne pouvait leur venir en aide, de par la configuration des lieux, et les croisés ne durent leur salut qu'a leur foi exemplaire qui leur permis d'abattre méthodiquement, non sans essuyer de lourdes blessures.
C'est éreintés qu'ils parvinrent à la chambre intérieure, où se trouvait le Baron von Tarkin et plusieurs de ses sbires impies. Ils avaient manifestement relevé et exfiltré quelqu'un, comme le prouvait le sarcophage renversé et brisé, mais cela ne leur suffisait pas, c'est donc poussés par leur foi que les croisés s'engagèrent dans cette bataille perdue d'avance.

La bataille s'engage...

Mais la lumière, cette fois, ne les abandonna pas, et des renforts, tant écarlates qu'argentés, ayant terminé de nettoyer la surface vinrent en nombre leur porter soutien, submergeant littéralement les chevaliers de la mort sous le nombre. Si le Baron parvint une fois de plus à s'enfuir, nombre de ses sbires tombèrent sous la vindicte des croisés.

Les vainqueurs se retrouvèrent rapidement à l'extérieur afin de se débarrasser des cadavres de leurs ennemis vaincus, et de s'occuper de leurs blessés et de leurs morts.

Le bilan d'après bataille...

La tension du combat retombée et la situation stabilisée, les alliés de circonstance se firent face, dans un silence tendu. Malgré ce qu'on dit, l'ennemi de son ennemi n'est pas nécessairement un ami, et un lourd contentieux persistait entre les deux ordres. Le Grand croisé, ayant rejoint ses troupes suite à l'annonce de la victoire, joua le tout pour le tout et annonça qu'il allait maintenir ses troupes en garnison dans la ville afin de la protéger de toute tentative de représailles. Un silence tendu s'en suivit.
Le malaise ne dura pas longtemps, cependant. Le capitaine de la Main de la Rédemption, conscient d'avoir bien d'autres missions que de protéger indéfiniment la ville, accepta la proposition avant de se retirer avec ses troupes.



Très rapidement, le Grand croisé donna ses instructions. Le Capitaine Vaillame établit, avec l'ensemble des troupes valides un dispositif de protection de la cité, tandis que les écarlates établissaient garnison dans la ville.
Plus de cinq ans après, la Croisade écarlate était de retour à la Main de Tyr.

La Croisade écarlate établit garnison dans la Main de Tyr.

AVIS A LA POPULATION

Le temps a fait son oeuvre sur la Croisade, et cette dernière change. Désormais au centre de ce qui semble être un nouveau grand pouvoir en Lordaeron, rassemblant au sein d'une Alliance du Nord, les nations de Kul Tiras, Stromgarde, et Alterac, la Croisade écarlate a atteint un nouvel Âge d'Or.
Le Grand Croisé Poing d'Acier continue sa lutte acharnée contre le Fléau Mort-vivant à Stratholme, empêchant les damnés de se déverser sur la terre de Lordaeron. Il donna le commandement du Haut-Conseil à son plus proche ami, le Grand Inquisiteur Thomas Wolsey, alors que le Haut-Conseil changea aussi... L'Archevêque Smith dirige le Clergé Cramoisi et gouverne le Monastère, l'Amiral Bullock dirige la glorieuse Flotte écarlate, le Maître Espion dirige les Ombres, l'Archimage Stenford est à la tête de l'Oeil Cramoisi et le Grand Général Modle dirige le bras Armé de la Croisade.

Ces personnalités, nouvelles ou expérimentés, semblent concrétiser chaque jour un peu plus le rêve écarlate. On le remarque notamment par la présence désormais d'une tête de pont écarlate à la Nouvelle-Âtreval, par le Protectorat conservé de la Main de Tyr, par la création de l'Alliance du Nord et l'accroissement de l'influence écarlate dans le Nord, voire tout Azeroth.

La Guerre contre le Fléau et les Réprouvés connaît un nouvel accroissement, et rien ne semble plus en mesure d'arrêter la Glorieuse conquête écarlate, et la restauration prochaine du Royaume de Lordaeron. Croisés, aux Armes !

Gloire au Clergé Cramoisi ! Nous administrons depuis longtemps maintenant les Terres du Nord de Lordaeron et de tous les autres emplacements écarlates à travers le monde, et notre foi élimine les faux et mauvais cultes qui offensent la Lumière !
Dans le Nord, nous combattons toutes formes de non-vies, et toutes ont déjà prouvées à de nombreuses reprises qu'on ne pouvait leur faire confiance :

- Les Chevaliers de la Mort ont attaqués le Monastère écarlate et la Chapelle de l'Espoir de la Lumière, et ont massacrés une grande partie de tout ce qui y vivait.

- Le Fléau a détruit Lordaeron et tout ce que nous avions, nous devons nous faire un devoir suprême de les exterminer.

- Les Réprouvés attaquent tout sur leur passage, ils ne sont que l'une des formes du Fléau malgré leur déni. Ils attaquent ainsi même la Croisade d'Argent, alors qu'ils étaient censés honorer un traité d'Alliance contre la Légion.

Contre ces menaces, la Croisade écarlate et moi, Amann Smith, je vous demande à vous, tous les pieux du monde entier, vous qui désirez défendre la Lumière, rejoignez le Clergé cramoisi.
Nous vous supplions de défendre la Terre qui autrefois était le plus grand foyer de l'Humanité, qui pouvait se permettre d'accueillir en son sein ceux qui même n'en étaient digne, et d'être le coeur des connaissances du Monde.
Que tout ceux qui sont révoltés de voir la piété disparaître de l'Humanité, révoltez vous ! Rejoignez la Croisade écarlate ! Que le Clergé vous accueille ! Que la prêtrise soit votre voie !

Nous créerons le futur du Nord !
Pour la Croisade écarlate !
Pour Lordaeron !
Pour la Lumière !

Archevêque Amann Smith

[Sceau du Clergé Cramoisi]

L'appel du Nord

L'ordre n'était qu'a peine parvenu aux gradés que la rumeur enflait déjà parmi les rangs des croisés, après des mois d'une âpre lutte contre les morts vivants au cœur de la ville maudite de Stratholme, le Grand-croisé avait mis fin à son isolement et rassemblait les troupes et la flotte à la Main de Tyr.

Leur destination était claire : les terres gelées de Norfendre. Quel était l'objectif précis, nul ne le savait en réalité... pour l'heure, mais les plus folles rumeurs circulaient.

Quel qu'il soit, celui-ci devait être d'importance, car seules des garnisons minimales resteraient derrière pour garder les bastions de la croisade. Même Stratholme, point d’intérêt stratégique crucial aux yeux du Seigneur Gavius, ne restait protégé que par un petit contingent de la légion cramoisie, le reste ayant d'ores et déjà rejoint la Main de Tyr pour préparer le départ.

Le soleil d’automne approchait de son zénith, plus chaud qu’à l’accoutumée, dans le ciel immaculé du port de la Main de Tyr, Valamar Feldmann transpirait à grosses gouttes sous son armure sombre.
De temps à autres, il jetait un rapide regard à son escouade, vérifiant les alignements.

Malgré l’intense chaleur, il ne pouvait pas ne pas ressentir son cœur s’emplir de fierté. Après tant d’années de lutte, contempler ainsi les troupes rassemblées et les bannières écarlates claquer au vent semblait comme une petite victoire pour le vieux Stromgardien, comme une preuve éclatante que l’humanité se relevait, quelle que soit l’épreuve.

Et pourtant, une petite voix au fond de son esprit lui criait de ne pas fanfaronner. Il connaissait bien cette voix, c’était son vieux sens de guerrier, forgé à travers les batailles dont il était jusque-là, par la grâce de la Lumière, ou la chance, sorti vivant.

Le temps commençait à être long, et Valamar pouvait observer chez ses hommes les premiers signes de l’impatience, ou de l’ennui. Immobiles sous le soleil brûlant, certains ne tarderaient pas à se sentir mal. Les troupes avaient été convoquées car le Grand Croisé avait lancé un rassemblement général pour une grande expédition, on en ignorait encore le but, mais les plus folles rumeurs circulaient. Ce dont le sergent était presque sûr, c’est qu’elle serait à destination du Norfendre, mais au-delà, il préférait ne pas écouter les racontars.

Quoi qu’il en soit, le commandant suprême était en retard, cela ne faisait aucun doute, et son intuition lui susurrait plus fort que jamais que quelque chose de dramatiquement crucial était en train de se jouer…

Grognant, le vétéran hocha imperceptiblement la tête ; il resterait là quoi qu’il en soit, le reste n’était pas entre ses mains.

Barek laissa échapper un juron en pénétrant dans la crypte humide, en réalité, il avait toujours détesté ces saloperies de Morts-vivants. Serait-ce que le fait de sacrifier aujourd’hui tout ce qui avait jadis été sa raison de vivre lui était douloureux ?

Alors que ses yeux s’habituaient progressivement à la pénombre de la salle, ceux-ci s’attardèrent sur le personnage qui lui faisait face. Peau livide, yeux glacés, une lourde armure ornée de crânes, au moins, le non-mort assumait les clichés, songea l’assassin.

Le chevalier de la mort l’accueillit avec quelques mots, auxquels Barek ne fit même pas attention, jamais un ordre n’avait été pour lui aussi difficile à réaliser. Et d’abord, depuis quand se pliait-t-il aux ordres ? Un dernier pas pour être libre ? Mon cul ! Quoi qu’il en soit, il serait toujours le pigeon de quelqu’un.

L’assassin secoua doucement la tête, et jeta un parchemin au Chevalier qui dardait sur lui son regard glacial.

« Soyez pas en retard ! »

Il ne resta pas pour contempler le sourire malsain qui s’étalait sur le visage du non-mort, quittant rapidement la crypte.

De retour au grand jour, seul, Barek chassa ses pensées morbides, avant de conclure, les yeux fixant l’horizon, comme cherchant une silhouette qu’il ne discernait pas.

« Je suis navré, mais nos destins se séparent ici. »

Repliant sa cape autour de lui, il se mit en route, marmonnant…

« De retour au charbon, Alexander »

L’attente était insoutenable.
Sire Aldran Venarius, homme de main de l’Inquisition écarlate, pouvait sentir la tension palpable parmi les membres de l’état-major présents.

Cela faisait plusieurs heures désormais que les hommes attendaient, et que le Grand Croisé aurait dû arriver. La route depuis Stratholme était certes dangereuse, mais le paladin ne doutait pas que le Seigneur Gavius pouvait sans mal se sortir d’une embuscade, a fortiori s’il était armé de Brûlaube, l’arme sacrée qu’il portait.

Mais dans ce cas, où était-t-il ?

Aldran n’était pas, à son grand regret, suffisamment influent pour avoir accès aux discussions qu’échangeaient les membres du Haut Conseil de la croisade, mais des années passées dans l’ombre des inquisiteurs l’aidaient sans peine à en deviner la teneur.

Ils ne savaient pas non plus, et se concertaient sur la marche à suivre, Aldran pouvait lire l’ambition sur le visage de certains, l’inquiétude sur d’autres. Quoi qu’il survienne, le paladin se jura que cette fois, il ne laisserait pas passer sa chance.

Tellement de morts…

Les images défilaient en boucle dans la tête du jeune paladin, sans interruption depuis maintenant plusieurs heures. Il avait été plusieurs fois blessé, sans doute ces mêmes blessures étaient-t-elles en train de s’infecter, peut-être serait-t-il mort-vivant lui-même d’ici peu. Plus rien n’avait d’importance.

Son armure était éventrée en plusieurs endroits, et c’est à se demander comment il avait réussi à traverser le Pestebois, mais une seule mission lui importait désormais, il devait témoigner de ce qu’il avait vu…

C’est à peine s’il se rendit compte des gardes qui l’interceptaient à l’entrée de la ville, Reynald ne comprenait rien à leurs bafouillements, l’un d’eux sembla toutefois reconnaître son uniforme, il fut emmené, c’était donc cela, la Main de Tyr ? La fièvre devait faire effet, il y avait déjà été plusieurs fois, du moins il le croyait…

« Stratholme est perdue… Avons été trahis… »

A bout de forces, le jeune légionnaire jeta ces quelques paroles aux personnes devant lesquelles il venait d’être amené, il ne les discernait pas bien, sa vision se troublait dramatiquement, mais ils semblaient importants.

La nouvelle sembla provoquer un certain remue-ménage, à moins que ses yeux malades ne dansent d’eux-mêmes. Il parvint à discerner quelques mots.

« Le Grand croisé ? Où est le Seigneur Gavius ? »

Reynald n’avait pas la réponse.

« Mené… escouade… Dans les rues… N’est pas sorti… Que moi… »

« Est-t-il mort ? Vous l’avez vu mourir ? »

Reynald secoua la tête, laissant échapper un vomissement écarlate.

« Pas vu… sais pas… Personne d’autre… sorti… »

« Qui a trahi ? D’où venait l’attaque ? »

Le jeune homme sentit son emprise sur son corps se relâcher, tandis qu’il s’affaissait lentement. Il aurait juré que les hommes qui l’encadraient discutaient de son sort, tandis que ses interlocuteurs hurlaient d’autres questions qu’il ne comprenait plus et auxquelles il n’avait plus la force de répondre, tout cela était sans importance, bientôt, il serait mort…

Le soleil était sur le point des disparaitre derrière les sommets… Valamar et ses hommes avaient attendu toute l’après-midi, rassemblés, alignés, et les malaises devenaient difficiles à compter. Lui-même avait arrêté de réprimander son escouade pour les bavardages intempestifs et autres mouvements parasites.

Enfin, un officiel parut du haut de la tour autour de laquelle ils s’étaient rassemblés. Ce n’était pas le Seigneur Gavius, il en était certain, mais il s’avançait néanmoins pour leur parler. Valamar avertit ses hommes d’un ordre sec, afin qu’ils reprennent leur formation millimétrée, ce qui fut fait en quelques secondes.

Le discours qui s’en suivit fut éloquent, mais ne manqua pas de semer le doute et la terreur dans le cœur des hommes.

Le Grand croisé avait disparu, trahi, dit-t-on, par certains agents ennemis infiltrés au cœur même de la Croisade. Chaque homme avait pour ordre de demeurer à la Main de Tyr, et de se présenter à son supérieur immédiat, en attendant que l’Inquisition démasque les traîtres.

Valamar jeta un coup d’œil à ses hommes. Nul d’entre eux n’avait trahi, il en était certain, et cette histoire d’enquête à grande échelle ne lui disait rien qui vaille. Quoi qu’il en soit, son Capitaine fit rompre les rangs, et tous rejoignirent la caserne.

L’ambiance était délétère, pour tous ces hommes qui se préparaient au combat, chaque unité regardant l’autre avec méfiance. Valamar doutait du bien-fondé de la décision prise. Pour lui, il eut fallu lancer l’expédition malgré tout, et un nouveau leader naturel aurait émergé des combats, mais bien évidemment, il le savait, cela n’était pas du goût de tous leurs dirigeants, plus enclins aux tractations du bureau qu’à montrer leur nez sur les champs de bataille.

Alors que ses hommes dormaient déjà, il observait d’un ait distrait la bagarre de deux soldats s’étant mutuellement accusés d’être des traîtres, réprimés brutalement par leur propre sergent.

Plus que jamais, la petite voix au fond de lui disait que demain serait une journée cruciale.

Encore restait-t-il à savoir comment.

Valamar s’endormit peu après, tandis que de sombres cauchemars venaient hanter ses rêves…

Le Chaos.

Karendra d’Orwald n’aurait pu décrire autrement la fièvre qui s’emparait présentement de la Croisade écarlate.

Il était somme toute assez compliqué d’obtenir des nouvelles précises, mais il semblait bien que ce qu’elle avait toujours redouté ait fini par se produire. Le Grand croisé avait disparu, et plusieurs Haut-dignitaires tentaient de prendre le contrôle de l’ordre dans une guerre de succession fratricide.

La Main de Tyr semblait au cœur de cette lutte, et nombreux étaient ceux qui avaient quitté précipitamment le Monastère pour se joindre à l’une ou l’autre des factions en présence. L’Archevêque Smith lui-même avait rapidement disparu, du sang maculant son bureau.

La vieille abbesse était perdue, et pour l’heure, elle demeurerait ici. Rien ne prouvait que le Grand croisé fût mort, après tout, et c’est autour de cet espoir qu’elle fédèrerait ceux qui, comme elle, refusaient de se laisser aller à leur soif d’ambition.

Le Monastère avait toujours été le cœur de la Croisade, là où les croisés avaient survécus, y revenant inlassablement après chacun des drames qui avaient secoué l’Ordre à travers les années, et c’est ici que l’Ordre traverserait une fois de plus la tourmente, elle en était persuadée, jusqu’à que le Grand croisé revienne les sauver de cette folie.

Debout sous le porche, Karendra d’Orwald sentit ses jambes faiblir, alors qu’une des dernières escouades s’éloignait pour gagner la Main de Tyr. Ils n’étaient pas très nombreux à rester, puisse la Sainte Lumière les protéger.

S’agenouillant là où elle était, elle implora la Lumière.

Son vieil instinct ne l’avait jamais trompé, même lorsqu’il détestait ce qu’il lui sussurait. Cela faisait maintenant plusieurs jours que la cité était déchirée par ce qu’on pourrait qualifier de guerre de succession de la croisade.

L’Unité de façade affichée au début avait rapidement volé en éclats face aux ambitions personnelles. Chacun y allait de sa vision pour la Croisade, taxant invariablement les autres de traîtres, d’impies. Valamar n’avait pas réellement suivi qui avait été à l’origine de la querelle, ni quelles étaient toutes les factions, il se battait, comme toujours, aux ordres de son capitaine, lequel n’avait pas tenu bon de l’en informer.

La seule différence étant qu’il se battait désormais contre ses propres frères. On l’avait assuré que ceux qui se faisaient désormais appeler « le convent cramoisi », une association putative de prêtres et de mages écarlates, avaient trahi les Seigneur Gavius, orchestrant sa chute. Quoi qu’il en soit, ils attaquaient a vue avec leurs troupes, transformant la cité en un véritable champ de bataille.

Valamar savait qu’on avait dû dire la même chose à ses adversaires, ainsi qu’à ceux qui les soutenaient, sous l’égide d’une autre micro-faction, cela n’avait pas le moindre sens à ses yeux.

Il avait déjà perdu deux hommes de son escouade, calcinés par les flammes d’un pyromancien, et, pour la première fois depuis des années, il songeait à la désertion.

Il n’eut pas le temps d’y songer très longtemps, des cris se mirent à résonner dans la cité.

« Argentés ! Ils attaquent ».

Valamar aurait dû s’en douter, la population civile de la cité avait été prise en otage dans ces pitoyables luttes de pouvoir, et les écarlates semblaient avoir oublié que leur emprise sur la cité demeurait faible. Valamar n’avait pas le moindre doute sur la capacité des troupes argentées à prendre le dessus rapidement sur les écarlates divisés, mais il ne s’imaginait pas une issue si rapide.

Tout fut fini en quelques heures, tandis que les troupes débarquaient dans la ville, des escouades portées par des hippogriphes tombaient du ciel, coupant toute chance de repli. Nombreux furent ceux qui trouvèrent la mort rapidement, luttant jusqu’au bout pour l’honneur.
Valamar pouvait lire la détermination dans le regard de ses hommes, ils feraient ce qu’il leur dirait, cette fois, il ne pouvait plus se réfugier derrière des ordres, ce choix lui incombait totalement.

Le sergent jaugea le regard du groupe d’argentés qui leur faisait face. Il comprenait largement l’intervention, la cité avait basculé dans le chaos.
Alors que plus loin, la bannière argentée s’élevait sur la ville, il inspira un grand coup.

« Jetez vos armes »

Ses hommes, surpris, s’exécutèrent. C’était la première fois que Valamar Feldmann se rendait à l’ennemi, et pourtant, il n’en éprouvait qu’une vague honte.
Tandis que ses hommes et lui-même, prisonniers, étaient emmenés par les croisés d’argent, le Sergent se laissa aller à une pensée qui lui eut valu la pendaison jadis, sans le moindre doute.

Tout est finalement pour le mieux…

Tout est blanc, une paix profonde.

L’homme secoua doucement la tête… Il était nu, était-ce réellement son corps, il n’en était pas certain. Etait-ce cela, la mort ?

Une présence apaisante se fit ressentir autour de lui, il la connaissait, depuis maintenant plus d’une année, du moins il le croyait.

L’esprit n’était plus triste, Gavius n’aurait jamais cru le ressentir aussi heureux. Seul à témoigner d’un monde mort, son devoir de mémoire avait fini par lui peser, et rien ne semblait plus délicieux à ses yeux que de sombrer enfin dans le néant.

Un pincement au cœur, il sentit la présence s’estomper progressivement, tout comme la réalité qui l’entourait.

Puis tout fut noir.

« Ces chiens d’infidèles, ces abjects traîtres argentés ! »

Se frayant un chemin à travers les montagnes, par lesquelles il s’était enfui à la chute de la ville, le paladin n’en revenait pas.

Toute sa vie était en train de s’effondrer, alors qu’il avait cru voir la Croisade écarlate se relever une bonne fois pour toutes, et avait tout sacrifié pour gravir les échelons, tout était en train de voler aux quatre vents. Et tout cela, par la faute de ces maudits argentés impies, qui avaient pris la ville alors que l’Inquisition et ses alliés étaient en train de remporter la lutte sanglante qui avait suivi la disparition du commandant suprême.

Qu’importe, ce n’était pas la première fois qu’Aldran subissait des revers, il allait rallier le Monastère, quelques maigres troupes étaient demeurées là-bas, ils n’avaient aucun besoin de Gavius Poing d’Acier pour éradiquer cette racaille mort-vivante.

Peut-être même pourrait-t-il reformer la croisade à son image, après tout, la Lumière avait abandonné leurs dirigeants. Le Grand Croisé, le Haut Conseil, même les inquisiteurs, peut-être. Ceux-là même qui avaient toujours été un frein à son ambition.

Le triste sire esquissa un sourire mauvais.

Grand croisé Venarius, cela sonne bien, après tout.

Il s’arrêta un instant en haut d’une falaise, pour contempler les terres désolées des maleterres, l’humanité viendrait purifier ces terres, un jour, certainement sous sa guidance…

Un poignard.

Aldran Venarius ne sut jamais d’où venait la douleur fulgurante qui le saisit entre les omoplates, tandis que son corps basculait dans le vide.
Alors qu’il chutait, il crut discerner le visage de son père le contemplant avec sévérité un instant, avant que son corps ne se brise sur les rochers.

La vieille abbesse déambulait vigoureusement dans le cloitre écarlate, transformé pour l’occasion afin d’accueillir les blessés qui affluaient de l’est. Suite aux conflits internes qui avaient déchiré la Croisade écarlate après la disparition du Grand Croisé, voyant ses hauts dignitaires s’affronter dans de sanglantes querelles, elle avait été forcée de prendre les choses en main.

Sans commandement direct, du clergé ou d’ailleurs, la vieille femme avait utilisé son influence pour réorganiser le Monastère afin d’accueillir les fidèles n’ayant pas tourné le dos à la Croisade en ces temps troublés. Ils étaient peu en comparaison d’il y a quelques mois, mais bien assez pour surcharger les prêtres écarlates du lieu saint, et leurs capacités de guérison.

La Croisade avait beaucoup perdu, la Main de Tyr, le Bastion de Stratholme… Elle pensait avec effroi aux croisés de la Nouvelle-Âtreval, sur les terres gelées du Norfendre, qui étaient désormais coupés de tout lien et de tout soutien. Peut-être étaient-t-ils déjà morts.

Mais toutefois, Karendra d’Orwald ne perdait pas espoir. Elle sentait la foi brûlante des croisés tout autour d’elle, et, au fond de son cœur, elle savait que le Grand croisé reviendrait, le temps de soigner leurs blessés, et ils enverraient une expédition à sa recherche.

Les voies de la Lumière sont parfois impénétrables. Elle était certaine que tout cela était une sorte d’épreuve de foi, que leurs dirigeants avaient lamentablement échoué, mais certains, comme elle, avaient prouvé qu’ils étaient dignes de la guidance du Seigneur Gavius.  Aussi, elle mettrait un point d’honneur à défendre et préserver le dernier bastion survivant de la Flamme écarlate pour qu’il soit prêt à accueillir leur Seigneur, lorsque la Lumière le leur ramènerait.

S’asseyant un instant, la vieille dame se prit à sourire.

« Nous sommes toujours en vie. Et la Lumière habite toujours ce lieu. Lordaeron renaitra. »

Le jeune archer était en patrouille, une fois de plus. Il avait cru comprendre que des évènements importants avaient eu lieu récemment. Beaucoup de grands chefs avaient disparus, encore. Darick regrettait surtout pour le Grand croisé, aussi étrange que cela puisse paraître, Gavius Poing d’Acier l’avait jadis sauvé après l’attaque du Monastère, quand il n’était alors que Lieutenant.

Certains disaient qu’il était mort, mais l’Abbesse disait qu’il fallait garder espoir, qu’il reviendrait pour les sauver. Darick écoutait ce que disait Karendra d’Orwald, c’était une vielle dame très sainte, et il ne faisait aucun doute qu’elle savait beaucoup mieux que les autres toutes ces choses.

Darick se fit réprimander par son sergent, alors qu’il était perdu dans ses pensées. Il s’empressa de reprendre ses secteurs de surveillance, attentif.

Qu’importe, la Croisade écarlate anéantira les méchants, et chassera le mal de ces terres marmonna-t-il, se rassurant instantanément.