[Alliance - Neutre] La Croisade écarlate

Les ombres s'allongent une fois de plus sur les terres du nord…
Non loin de là s'élevaient encore les cris et gémissements s'échappant du champ de bataille de l'île de Fenris, au milieu du lac, le capitaine écarlate Aldran de Valnord laissa courir son regard sur les quelques dizaines d'hommes qu'il avait réussi à sauver du désastre. Ils avaient bien piteuse allure, leur équipement portant encore les stigmates de l'affrontement récent. La plupart avaient perdu leur arme, ou des parties de leur armure en traversant Lordamere, et une bonne moitié étaient blessés, à divers degrés.
Tous cependant dardaient vers le jeune capitaine un regard empli d'espoir. C'est cet espoir, cette foi profonde, qui donnait à ce dernier la force de poursuivre, envers et contre tous les désastres qu'avaient pu subir les croisés écarlates au cours des années.
Il était impensable qu'ils restent là, il fallait donc agir, immédiatement.
Aldran lança quelques ordres à ses gradés. Il fallait se cacher dans les montagnes pour panser leurs blessures et se regrouper, ensuite… la Lumière y pourvoirait, pria-il de tout son cœur.

Parant aux nécessités les plus urgentes, le capitaine confia au sergent Camille Aldémir la mission cruciale de partir en quête de nourriture afin d'assurer l'avenir à court terme du groupe. Deux croisés parmi les rares encore valides furent placés sous ses ordres. La petite escouade, usant de déguisements de fortune pour parer à toute rencontre inopportune, parvint à fouiller avec succès des ruines proches, ainsi qu'a abattre plusieurs bêtes épargnées par la peste. La réussite de l'expédition permit aux survivants de disposer d'une semaine environ de vivres

Un mystérieux soutien ayant laissé entrevoir un don conséquent de ravitaillement, ainsi que d'énigmatiques promesses, décida le capitaine à l'envoi d'une escouade afin de vérifier ses dires. Quelle ne fut pas la surprise des croisés de découvrir l'intégralité du matériel promis dans un clos alteran isolé, qui semblait à première vue bien plus accueillant que leur campement précédent, mais également, aux cotés de Dorian, contact de leur mystérieux bienfaiteur, Gavius Poing d'acier en personne, ancien dirigeant d'une faction des restes écarlates réputé disparu depuis de nombreuses années... Enhardis par ce retour inespéré, les croisés décidèrent de se regrouper dans ce refuge tout trouvé.

Amis de la croisade écarlate, mes frères !

Par la grâce de la sainte Lumière, me revoilà parmi vous.

J'ai eu vent avec une grande tristesse des nombreux revers essuyés par notre confrérie sacrée au cours de mon exil forcé, mais sachez que jamais la flamme écarlate ne s'éteindra dans mon cœur, comme je sais qu'il en est dans les vôtres.

Je constate également que rien n'a changé. Les dirigeants de Hurlevent sont toujours aussi prompts à la trahison et à la compromission avec les ennemis de l'humanité, à l'image de leur roi qui a osé transformer notre princesse bien aimée en pantin funèbre. Les démons et les odieux morts-vivants qui arpentent chaque jour leurs rues en sont la preuve. Malgré un sursaut d'honneur, ils ont une fois de plus abandonné le Nord aux griffes de ces abominations.

Mais l'espoir perdure néanmoins, chaque croisé survivant amenant son étincelle à la flamme, nous avons d'ores et déjà commencé à rassembler les survivants du massacre de Fenris. Si la Lumière nous prête sa force, nous serons bientôt en mesure de reprendre pied sur nos terres, et de lutter une fois de plus contre les horreurs impies qui souillent notre royaume.

Aussi j'en appelle solennellement à chaque patriote de Lordaeron en mesure de se joindre à notre combat dans le nord, venez à notre rencontre, afin que tous ensemble nous puissions lutter pour la purification de notre patrie. En outre, tout soutien matériel que vous saurez nous faire parvenir participera également à ce grand dessein.

Puisse la sainte Lumière éclairer votre cœur. Pour Lordaeron !

Gavius Poing d'acier

Suite au retour de Gavius Poing d'acier, un appel circula dans les royaumes parmi les soutiens restants de l'ordre écarlate. Ainsi, de nombreux volontaires commencèrent a affluer vers le refuge, de profils divers, certains ne manquant pas d'attiser la suspicion des croisés. En parallèle, le gros du groupe de réfugiés menés par leur capitaine, après plusieurs jours d'une marche éreintante au vu de leur état, parvint également dans le clos isolé. S'ils se félicitaient de pouvoir enfin disposer de condition de vie décentes, les discussions que menaient en parallèle les gradés semblaient claires, il était impossible de demeurer ici très longtemps...

Le retour d'une très vieille amie de Gavius fit grand bruit parmi le groupe de survivants. Nathalie Langrain, avec laquelle le paladin avait jadis co-dirigé une forteresse isolée dans les montagnes, le bastion de l'espoir cramoisi parut ce jour au refuge. Si cette réapparition semblait inespérée, elle eut également un effet direct sur l'état des survivants éreintés, en effet, la prêtresse faisant appel à son lien à la Lumière, soigna de nombreux blessés, accélérant grandement la disparition des stigmates de la bataille passée.

L'appel de Gavius s'avéra finalement rencontrer un certain écho en Hurlevent, alors que les arrivées se faisaient plus nombreuses. Tandis que d'autres survivants du massacre de Fenris rejoignaient le petit groupe, des visiteurs plus éclectiques venaient également apporter leur soutien au groupe de croisés. Ces humains natifs du sud et fervents fidèles de la Lumière vinrent proposer leur bras pour défendre les idéaux de la croisade, sans toutefois formellement faire vœu d'allégeance à la cause. S'il fut décidé qu'au vu de la situation, l'on pouvait se permettre d'être plus permissif, la présence parmi les croisés de ces invités qui, en d'autre temps, auraient été attaqués à vue, ne manqua pas de propager des suspicions parmi les survivants...

         

Le groupe de survivants ayant commencé a se remettre, le Capitaine Aldran de Valnord décida que l'heure était venu de penser à l'avenir. Il missionna donc le sergent Camille Aldemir et son escouade pour partir vers le sud afin de reconnaitre l'Ile de la purification, afin de déterminer si celle-ci pouvait accueillir un camp en vue de préparer la suite de leur retour dans le Nord. Lors du trajet, l'escouade fut attaquée par une pisteuse réprouvée et ses familiers arachnoïdes à la recherche des survivants de Fenris, et ceux-ci ne durent leur salut qu'a l'arrivée opportune d'un de leurs alliés du sud, Valérius des Carmines, dont l'aide fut cruciale pour venir à bout de la non-morte.
Aidés par la monture de leur allié, les croisés parvinrent enfin sur l'île, pour y découvrir Daelor, un inquisiteur écarlate reclus en ces lieux, moyennement disposé a leur faire confiance jusqu'à la mention du nom de Gavius, dont le vieil hermite avait longtemps prophétisé le retour.
La présence de cet allié inopiné apportait cependant son lot de complications, mais il fut néanmoins décidé d'établir un camp pour les croisés sur l'île, tandis que les alliés de circonstance resteraient dans le refuge précédent. Pour l'instant...

         

Tandis qu'au sud, les croisés se préparaient à s'installer sur l'île de la purification, une mission des plus secrètes prenait la direction du nord. Dorian, ainsi qu'un allié inattendu, revêtant des tenues de membres de l'alliance, tentèrent de profiter de la trêve entre les deux factions pour s'infiltrer sur le territoires des réprouvés, atteindre le monastère écarlate, et découvrir dans quel état se trouvait l'ancien bastion de l'ordre. Malgré la réussite du subterfuge, le voyage ne fut pas de tout repos, et les deux compagnons parvinrent a grand peine à atteindre le monastère pour découvrir que celui-ci était hanté par les spectres de leurs frères jadis tués dans l'attaque menée par les chevaliers impies d'Archerus. Parvenant à grand peine à échapper à ces âmes rendues folles par la corruption, ils se replièrent sur le refuge, porteurs de ces sombres nouvelles.

         

L'installation sur l'île de la purification avait ouvert de nouvelles possibilités aux croisés survivants, mais les nouvelles en provenance du Nord ne manquèrent pas de soulever leur lot d'inquiétude et d'espoir. S'ils voulaient un jour apporter la paix aux âmes de leurs frères maudits, ils devaient avant tout être capable de les blesser. A cet effet, un petit groupe de croisés, guidés par Gavius en personne se mit donc en quête du métal rare jadis connu sous le nom de sancteforge. La mine proche, bien que tenue par les réprouvés, était en effet jadis connue pour en extraire une belle quantité parmi ses filons de fer. Après avoir triomphé des réprouvés et de leurs sinistres araignées d'élevages, les croisés passèrent la mine ai peigne fin, parvenant a ramener une belle quantité de minerai. Dès leur retour, le seigneur Gavius, qui avait jadis appris l'art de forger ce minerai sacré se mit sans attendre au travail.

Alors que le marteau résonnait jour et nuit sur l'île, les patrouilles repérèrent une embarcation s'approchant. Un croisé, manifestement guidé par quelque vision, tentait de rejoindre leur combat. S'il paraissait quelque peu atteint par ces années de solitude, il n'en demeurait pas moins un combattant capable, et la situation était bien trop critique pour se priver de bras. La soirée fut l'occasion pour le capitaine Aldran de révéler aux croisés les visions du seigneur Gavius sur l'avenir, et l'une d'elle impliquait la récupération d'une ancienne relique aux mains de l’Église de Hurlevent.

   

S'introduire au cœur de Hurlevent afin de mettre la main sur une relique aux mains de l’Église... C'est dans une tenue des plus ordinaires que les deux Valerius se retrouvèrent sur les quais de la capitale, l'un arrivant en bateau de Stromgarde, là ou l'autre avait rejoint la cité par ses propres moyens. L'infiltration se révéla sans encombre, dans le flot de badauds, nos deux croisés passaient largement inaperçus malgré les sautes d'humeur compréhensibles du vieux croisé. La recherche s'avéra plus ardue, il semblait en effet que l'Eglise avait détruit l'épée Sacrifice quelques années auparavant, sans spécifier ce qu'il était advenu des fragments. Il fut cependant révélé que le père Venarius, un prêtre de l’Église dont le père avait jadis péri au service de Gavius Poing d'acier avait conservé ceux-ci, les remettant de bonne grâce aux croisés, en mémoire de son père. Chargé de ce précieux fardeau, ce fut le juste qui s'envola bon gré, mal gré, en direction de l'île de la purification. Le seigneur Gavius, toujours occupé à la forge le reçut, lui donnant un aperçu de la quête qu'il venait d'entamer en récupérant ces fragments, et lui remettant la première épée de Sancteforge forgée par ses soins avec le minerai précédemment récupéré : Pâle Justicière.

         

Lors de l'installation des croisés sur l'île de la purification, quelques hommes furent laissés au clos de Montclar afin de maintenir une base arrière. Au cours d'une de leurs patrouilles ils remarquèrent une fusée de détresse caractéristique alors qu'aucuns de leurs hommes n'étaient présents. Rapidement renforcés d'une escouade, ils se portèrent au secours de ceux qui se révélèrent être d'autres survivants du massacre de Fenris. Après une rude bataille contre une troupe de réprouvés les ayant manifestement retrouvés, ils se joignirent à la cause tandis que la décision fut rapidement prise d'abandonner le clos de Montclar.

   

   

Seule une orbe de piété pouvait rendre sa Lumière à Sacrifice... C'est cette conclusion terrible qui poussa Gavius Poing d'acier à mener une troupe de croisés dans un long et perilleux périble à bord de frèles esquifs à travers la gorge de Thandol, jusqu'aux plages de la Nouvelle-Avalon. C'est en effet sur ces terres maudites qu'un héros de jadis, Théodric le pur, avait été enterré avec son précieux trésor, avant que sa tombe ne soit profanée par le Fléau. Se frayant un passage jusqu'à la tombe parmi les morts-vivants épars, les croisés parvinrent à apporter le repos éternel à l'âme du pur et des autres relevés qu'ils rencontrèrent, s'en assurant définitivement par la crémation de leurs dépouilles, puis s'en repartirent porteurs de l'orbe sacrée.

   

L'appel de la croisade continuait de faire écho dans les cœurs des justes. Soigneusement et discrètement relayé par des soutiens jusqu'au cœur des royaumes humains, de nombreux prétendants prennent la route des contreforts de Hautebrande. Tandis qu'au Nord même, la nouvelle du retour de Gavius Poing d'acier commence à se rependre parmi certains survivants de la croisade écarlate, rejoignant également la cause. Une elfe, relique de l'époque depuis longtemps révolue ou la croisade disposait d'une unité de forestiers, un repris de justice en quête de rédemption, une patriote fervente de Lordaeron, une croisée survivante de bien des malheurs, un ancien paladin d'argent. Voilà l'équipage abordant l'île de la Purification. Un groupe des plus disparates ne manquant d'ailleurs pas de soulever de nombreuses suspicions parmi les croisés les plus puritains.

   

L'heure était venue. C'est avec la plus grande discrétion qu'une petite troupe de croisés prit avec Gavius Poing d'acier le chemin de Forgefer. Seule la grande forge des nains était en effet à la hauteur de la tâche que représentait la renaissance de Sacrifice. Pourtant, alors que le groupe progressait a travers le passage de Dun Algaz, une troupe d'assassins tomba brusquement sur la petite troupe. Si les croisés parvinrent à triompher, certains reconnurent une vieille ennemie, envoyée par Barek, assassin et traitre parmi les traitres. La présence de ces assaillants ne signifiait qu'une chose. Qu'un traitre se trouvait sur l'île. Mais ces considérations si terribles soient elles, devraient attendre. Comme attendu, les nains testèrent le talent de Gavius avant de le laisser accéder à la forge, mais grâce aux ressources des croisés, cette épreuve fut un succès. Le grand ouvrage put alors débuter, dans lequel le paladin mit toute son âme, laissant son dessein s'accomplir. Des fragments de Sacrifice était née une nouvelle arme. Un lourd marteau de sancteforge dont les bénédictions ouvriraient la voie de cette être nouvelle : Lumière du Sacrifice.

La nuit semblait tout aussi paisible qu'à l'accoutumance, le léger clapotis des vagues venait mourir sur les grèves de l'île et seuls quelques rares éveillés venaient en interrompre la lente mélodie. Le jeune capitaine, les yeux sur l'horizon, laissait ses pensées défiler. La situation était clairement en train de lui échapper.

Certes, les expéditions menées par le croisé qui se faisait appeler le juste avaient été couronnées de succès, mais le zèle dont il semblait faire preuve au quotidien était en train de créer un schisme parmi ses troupes, en fanatisant une part et rebutant les autres. A l'exception notable de ceux qu'il avait menés depuis les rives de Lordamere, il ne saurait bientot plus a qui se fier.
Le seigneur Gavius ne l'aidait d'ailleurs pas outre mesure avec ce problème, s'étant muré dans le silence depuis son retour de Forgefer. Si un navire était bien la pour les emmener jusqu'au monastère, l'objectif semblait désormais s'éloigner de jour en jour...

Perdu dans le flot de ses pensées, cest à peine s'il remarqua tout d'abord la frèle embarcation qui fendait l'eau à quelques centaines de mètres en direction de l'île.

La bannière écarlate portée par l'homme qui s'y trouvait aurait du le rassurer, mais leurs barques se trouvaient toutes sur la berge, soigneusement alignées. Peut être un nouveau survivant venu rejoindre la cause. Il arrivait pour sur au pire moment...
Dans un haussement d'épaules imperceptible, Aldran de Valnord se porta au devant du visiteur...

"La lumière te pardonne mon frère".

Dorian murmura quelques mots en retirant sa dague de la gorge tranchée de l'assassin qu'il venait d'abattre.
C'était le troisième en deux jours. Mais la lumière était avec lui, et qu'importe le nombre d'agents que Barek enverrait après lui, ils subiraient le même sort.

Alors qu'il s’affairait rapidement à dissimuler le corps, ses pensées se portèrent sur ce qui lui échappait. Que cherchait Barek avec ses assassins. Celui qui avait jadis été l'agent personnel de Gavius, puis précipité sa chute... celui qui avait été son premier mentor avant d'assassiner l'amour de sa vie.

Dorian avait cessé de le haïr, mais il ne ferait pas l'erreur de le sous estimer. Et son but actuel lui échappait plus que jamais.  Il avait d'abord cru qu'il tentait de supprimer le seigneur Gavius, mais son ancien agent aujourd'hui débusqué, infiltré alors sur l'île avait eu des centaines d'occasion d'agir... et désormais les assassins étaient à ses trousses.

Etait-ce une vengeance ? Ou simplement la punition traditionnelle de Ravenhold pour un déserteur... mais pourquoi maintenant ?

Quoi qu'il en soit, sa mission était couronnée de succès. Il avait pris contact avec cette poche de résistants écarlates du Nord de Tirisfal dont l'existence était jusque là hypothétique au mieux.
Leur dirigeante, Karendra d'Orwald la jeune, acceptait de servir de base avancée aux troupes du Seigneur Gavius avant d'attaquer le monastère. A la condition qu'ils ne mettent pas en péril le hameau de fermes qui subsistait là depuis des années en dépit de tout.

Dorian avait promis, et avait même laissé l'elfe derrière lui.

Les croisés avaient beau se méfier d'Eilith Aubetoile du fait de ses oreilles pointues, sa soif de vengeance à l'encontre des morts vivants n'avait d’égal que son habileté à l'arc, et Dorian n'avait aucun doute sur le fait qu'elle supprimerait rapidement toute menace se rapprochant trop près du précieux hameau.

Terminant sa besogne, il rabattit sa cape sur ses épaules, marmonnant pour lui même, à l'intention de son ancien mentor.

"Essaie de m'envoyer un mort-vivant la prochaine fois, il m'en coûte de gâcher autant de vies humaines..."

Le capitaine Aldran de Valnord n'avait rassemblé que ses hommes les plus fidèles...

Laissant courir son regard sur l'assemblée présente, le jeune Reynald se fit rapidement la réflexion. Ils n'étaient qu'une vingtaine, guère d'avantage. Tous ceux qui avaient survécus au massacre de Fenris, à l’exception notable de Darick, mais c'était sans doute plus sage, ce brave imbécile ne savait guère tenir sa langue...

Le visage fermé, les croisés attendaient les mots de leur capitaine. Lentement, celui-ci pris la parole.

"Hier, j'ai reçu la visite d'un messager des forces de l'inquisitrice Beausson. Ils ont également survécu au massacre de l'île de Fenris et se sont installés sur les terres abandonnées de Gilneas. Il m'a transmis l'ordre de me présenter, moi et mes hommes en Gilneas, afin de recevoir nos prochaines instructions. Ils semble que l'alliance ait décidé d'attaquer leurs positions... Il va sans dire que les brebis égarées qui nous accompagnent ne sont pas les bienvenues."

Reynald retint son souffle tandis qu'Aldran de Valnord laissa un temps de pause.

"Nous allons donc obéir. Ce soir, nous prendrons les barques dont nous avons besoin, et nous rejoindrons la côte de Gilneas, puis nous continuerons a pied. Nous devrions être dans la cité demain."

Reynald ne comprenait pas, il osa donc :

"Mais, mon capitaine, et le seigneur Gavius..."

"Est d'accord avec ma décision, Owens. Il suivra quand à lui sa propre voie."

Reynald baissa la tête. Ils n'avaient plus de questions, il ne restait plus qu'à agir...

Alors qu'il rangeait à la hâte la forge de fortune qu'il avait installée sur l'île de Purification, ne conservant que son marteau et quelques outils, Gavius Poing d'Acier soupira. Ce n'était pas ce qu'il avait espéré. Pourquoi la Lumière l'avait-t-elle ramenée de son exil forcé jusque parmi les siens pour que tout s’effritte à nouveau. Serai-ce une nouvelle épreuve ?

Le souvenir récent du visage fermé du jeune capitaine de Valnord lui annoncant la mission qu'il avait reçue effleura son esprit. Il y a quelques jours, Gavius avait abondé dans son sens, en aucun cas, il n'aurait pu décemment tenter de le retenir.

L'accompagner eut été tout aussi hasardeux. Il ne connaissait pas cette inquisitrice Beausson, et qui sait ce que cette femme avait entendu à son sujet.

En outre, il était persuadé que la croisade n'avait rien à faire en Gilneas. Cette terre n'était pas la leur, et tenter de la conserver ne pourrait mener qu'a une issue funeste.

Mais il n'allait pas les abandonner pour autant.

Dans la pénombre de l'aube, et chargé des affaires sélectionnées, il se dirigea vers la grève, sans prêter trop d'attention aux évènements qui se déroulaient sur l'île. De nombreux croisés étaient en mission afin d'explorer la piste d’éventuels survivants, mais il ne connaissait que trop bien la tournure que semblait prendre les évènements sous la conduite du croisé Valerius.

Qu'importe, qu'il dispose de ses fidèles comme ils l'entendent.

Arrivé à l'embarcadère, ceux qu'il avait choisis pour l'accompagner étaient bien là : La prêtresse, Nathalie Langrain, ainsi que le navire qu'elle avait réussi à obtenir initialement pour atteindre le Monastère.
Le moine Aymeric, le jeune Darick, et quelques autres.

Sans un regard en arrière, Gavius monta sur le pont. Rapidement, l'équipage largua les amarres, et la brise matinale vint fouetter une fois de plus le visage du paladin.

Puisse la Sainte Lumière nous sourire.

"Pour la croisade ! Tenez bon !"

La bataille ne s’annonçait pas bien.
Tout en combattant, Aldran jeta un coup d'œil autour de lui, tandis que ses hommes tombaient.

Malgré leurs efforts, ses hommes ne parvenaient guère à retenir l'assaut déchainé des forces de l'alliance. Stationnés sur le cour de Grisetète, ils avaient été submergés par les troupes sorties soudainement d'une des bâtisses. Et maintenant, la défaite était proche.
Mais il restait un espoir, si tant est qu'ils parviennent à quitter la ville.

Le capitaine chercha du regard le jeune Reynald Owens. Il était parmi les rares à qui il avait confié les détails du plan établi, si les choses devaient tourner mal.

Perdu dans ses pensées, cette inattention lui couta plus qu'il ne l'avait envisagé.

"AHHHHHH !"

Les griffes du féroce worgen a qui il faisait face se plantèrent soudainement dans ses chairs, et son sang chaud se répansdit, invisible, sur son armure cramoisie.

"CAPITAINE !"

Owens était là, se portant à son secours avec une escouade, et se débarrassant rapidement de son adversaire.

Mais il était trop tard.

"OWENS ! Prends mon épée... Commande les hommes... Amène les jusqu'au bateau..."

Le sang gargouillait déjà dans sa gorge, et sa vision se brouillait.

"On va vous sauver , vous allez venir avec nous capitaine !"

"Obeis ! "

Dans un dernier effort, Aldran de Valnord tendit son épée au jeune croisé, puis sombra progressivement, a peine perçut-t-il l'ordre de repli...

Puis tout fut noir.

Le vieil inquisiteur se réveilla aux aurores, accablé par des visions de carnage qui l'avaient hanté pendant la nuit.

Ainsi, ils étaient partis. L'un après l'autre, tout ceux qui avaient fait de l'île de purification leur sanctuaire avaient suivi le fil de leur destin. Sans savoir comment, le don de prémonition de Daelor lui sussurait qu'ils étaient exactement là ou ils devaient être.

Daelor avait refusé d'accompagner le seigneur Gavius. Il avait donc pu être témoin de la folie qui s'était emparée des quelques uns qui s'étaient attardés ici.

Ce jeune Valerius s'était mis dans l'idée de purifier les rangs déjà clairsemés par le départ pour Gilneas. Cela ne semblait pas la meilleure des idées, rationnellement, mais au delà de ça, Daelor savait. Il savait que ceux qui étaient restés derrière avant abandonné leur destin. Ils avaient eux mêmes tranché leur fil.

Puis, ils avaient fini par partir, eux aussi. Alors que l'île retrouvait son calme habituel, Daelor s'attarda un instant sur le monceau de cadavres que les survivants de la purge avaient laissés derrière eux.

Leur rendre les derniers hommages serait long, mais désormais, il avait tout le temps.

"Plus vite !"

Reynald jeta un coup d'œil par dessus son épaule à la troupe qui le suivait. Il ne les connaissait pas tous, mais qu'importe, il était le seul à pouvoir les sauver.

"On irait plus vite si on ne transportait pas ce macchabée, Reynald !"

Owens serra instinctivement la garde de l'épée du défunt capitaine, encore maculée de son sang. Il avait insisté pour emmener le corps d'Aldran de Valnord, même s'il était très certainement déjà mort, mais il n'était pas temps de s'en expliquer.

"Tait-toi et avance, croisé ! Il ne faudra pas longtemps avant que l'alliance nous donne la chasse."

La route abandonnée qui menait jadis au village de Havre-du-soir serpentait à travers les montagnes depuis les portes de la cité qu'ils avaient quittée il y a quelques heures à peine.

"Où on va, il n'y a rien par là, ce putain de village est englouti. Plus personne ne vas ici !"

C'est exactement ce que Reynald cherchait. Restait à espérer que le seigneur Gavius ait tenu sa promesse.

C'était long ! Cela faisait des jours que Darick surveillait cette falaise.

Le seigneur Gavius avait dit que des croisés allaient arriver, et que c'est pour ça qu'ils étaient au milieu de ce vilage englouti. Le capitaine du navire n'était pas content, il disait que c'était dangereux.

Darick s'en fichait, mais il s'ennuyait, quand soudain...

Des silhouettes, non loin. Il y avait Reynald et beaucoup d'autres croisés, des blessés, et même un mort, qui montaient à présent sur le navire.

Darick n'eut pas le temps de le saluer que déjà le navire s'éloignait des eaux dangereuses. Rangeant son arc, il entendit...

"CAP AU NORD !"

"Il va falloir arrêter avec cette obsession."

Barek fixa sans ciller la figure encapuchonnée qui lui faisait face. Il ne savait pas qui exactement lui faisait face, mais son insigne était clair, c'était son supérieur.

"Les écarlates ont été défaits à Gilnéas, ce n'est plus une menace, pour l'instant, je ne vois pas pourquoi nous devrions encore y consacrer des ressources."

Barek fulmina intérieurement.

"Gavius Poing d'Acier à survécu, lui et ses hommes se sont réfugiés non-loin de la ferme des Solliden, en Tirisfal. Et le déserteur Erik de Montclar, ou Dorian, comme il se fait appeler désormais, est toujours parmi eux et bien en vie ! Allez-vous laisser ce gamin nous cracher au visage de cette façon ?"

La réponse ne tarda pas.

"Il est certes de tradition que nous abattions les déserteurs, cependant, nous avons largement dépassé le nombre de vies sacrifiables pour régler cette affaire. Quand à Gavius Poing d'Acier, qu'il aille donc s'écraser sur les fantômes qui hantent le Monastère. Et quand bien même il réussirait sa folle entreprise, ce ne serait que le début de ses ennuis."

Barek attrapa au vol le parchemin que lui lança son interlocuteur, avant de le parcourir des yeux, un sourire mauvais au visage.

"Vous voyez, il est temps pour vous de vous consacrer à une autre tâche, avec, je l'espère pour vous, plus de succès que sur celle là."

Barek soupira. De toute façon il n'avait guère le choix. Et selon toute vraisemblance, les ultimes balbutiements de la croisade écarlate devraient très bientôt, et d'eux mêmes, retrouver le silence.

Cela faisait quelques semaines à peine que les croisés survivants avaient débarqués à la palissade écarlate. Occupés à panser leurs blessures, ils ne s'attendaient pas à la visite de ce vieil ami. L’accueillant parmi eux, ils prirent le temps d'étudier leurs options. Bénéficiant de l'hospitalité de Karendra d'Orwald la jeune à la condition qu'ils ne mettent pas le hameau proche en danger, leurs actions s'en trouvaient limitées. Toutefois, ironiquement, le monastère était plus proche que jamais. Gavius Poing d'Acier parviendra-t-il, en dépit de ces revers, a accomplir sa quête ?

Les blessures reçues en Gilneas pouvaient bien guérir, mais seul un retour au monastère écarlate, lieu sacré s'il en est ou la croisade fut jadis fondée, pourrait embraser à nouveau la flamme vacillant dans leurs cœurs. Le bastion de l'ordre gisait brisé, profané, et les âmes sans repos de leurs frères tombés aspiraient au repos. Depuis des mois l'opération se préparait en secret, et la défaite de Gilneas n'avait fait que retarder cette échéance salvatrice. Un dernier obstacle se dressait toutefois entre les croisés et leur folle quête. Les moulins d'Agamand, bastion notoire du Fléau se tenait sur leur route. Une expédition fut donc dépêchée, sous le commandement de dame Nathalie Langrain, afin d'assurer le passage pour l’expédition à venir. Les vaillants croisés parvinrent à réduire en cendres de nombreux morts-vivants, à investir la crypte profanée du lieu maudit, et à y conduire un rituel permettant, pour un temps, d'empêcher la terre profanée de vomir ces sinistres abominations sans âmes. La voie était libre, mais le temps était compté !